Toute première fois pour Split Brain qui a l'occasion de la sortie de leur tout premier album se lançait dans l'exercice de la journée promotionnelle entammée avec Music Waves...
Nous aimons commencer nos interviews par cette question : quelle est la question qu’on vous a trop posée ?
Aco : Tu peux nous laisser faire quelques interviews avant et nous te répondrons ensuite (Rires) ?
Nous nous sommes organisés dans notre travail alors que nous ne l’étions pas auparavant.
Le groupe a un peu plus de 10 ans et a proposé trois EPs jusqu’à présent à intervalles régulièrs mais avec un délai certain entre les sorties. Comment expliquez-vous cela, vous aimez prendre le temps de peaufiner vos compos ? Cela peut expliquer le fait que votre premier album ne sorte que maintenant ?
Nico : Nous avons commencé le groupe en étant assez jeunes, nous étions encore au lycée et Fred n’était pas encore dans le groupe. Nous avons toujours considéré le groupe comme un hobby et nous avons toujours eu une méthode de travail assez lente, c’est-à-dire que nous prenons notre temps pour faire nos compos. A l’époque nous répétions encore chez les parents d’Aco et ce n’était pas simple.
Mais pour l’album, ça a changé parce que nous avons eu beaucoup moins de temps pour le composer. Nous avons donc dû changer de méthode de travail ces derniers temps.
Aco : Nous nous sommes organisés dans notre travail alors que nous ne l’étions pas auparavant. On nous a mis un ultimatum et un projet à faire, nous avons donc dû tenir les délais. Nous y sommes arrivés et nous en sommes très contents.
Nico : Mais effectivement, nous n’avions pas cette contrainte de délai auparavant.
On peut donc dire que le groupe s’est "professionnalisé" avec cet album ?
Nico : On peut le dire !
Peut-on également en déduire qu’à l’avenir, vous allez proposer des sorties plus régulières ?
Nico : Si nous continuons à ce rythme, oui !
Aco : C’est clairement la volonté ! D’ailleurs, nous avons décidé de garder pour la suite des évènements les méthodes de travail que nous avons modifié pour la sortie de l’album. Nous serons donc plus actifs !
Dans un milieu moderne musical où tout va très vite et où on est rapidement acclamés et rapidement oubliés vous n’avez jamais eu peur de rater le coche et de devoir ainsi quasiment reprendre tout à zéro à chaque sortie ?
Fred : Nous allons tout faire pour essayer de garder un rythme de sortie convenable. Après, comme tout le monde, nous avons tous une vie de famille…
Aco : Après, une des caractéristiques du groupe qui peut être perçue comme un défaut est que nous n’avons pas de prétention particulière sur une quantité de vues à faire, de concerts à faire, de renommé à atteindre… nous faisons notre musique avant tout pour nous et notre
fanbase qui va rester la même. Si ça touche d’autres personnes, nous serons super contents !
Certes, mais avec cette sortie et la promo que vous faîtes aujourd’hui montre que Split Brain change clairement de division.
Rémi : Il est clair que le but est de continuer dans l’optique de sortir des albums ou des EPs plus rapprochés les uns des autres.
Aco : Mais il y a le travail sur support mais il y a surtout les concerts…
Rémi : La méthodologie qui a été appliquée pour "Discours Idyllique" et la rigueur du travail que nous nous sommes imposée ont bien été intégrées par le groupe. On continuera donc et on ne lâchera rien ! On l’intègre également dans nos préparations aux lives –pas tant que nous n’étions pas préparés avant mais nous nous donnions le temps…- nous sommes désormais beaucoup plus rigoureux, plus organisés et le but est d’être plus actifs et productifs, que ce soit en concert ou pour les enregistrements.
Votre style est très varié et les influences nombreuses, ceci peut expliquer que vous mettiez du temps à proposer des disques ? Comment se déroule la composition, c’est collectif et vous devez faire fusionner les idées pour bien les mettre en ordre ?
Fred : L’album a été composé en 3 mois. C’est Nico qui a écrit 90% de la musique au niveau des guitares. Nous n’avons rien jeté ou très peu car c’était très bien : nous avons tous directement adhéré ! Au niveau des textes et du chant, ça s’est fait un peu plus sur le tard mais de la même façon, nous avons tous directement adhéré ! Alors, nous avions une sorte de pression parce que nous avions un délai à respecter pour l’entrée en studio et finalement, c’était bien d’avoir un objectif daté.
Depuis le début de l’interview, vous me tenez un discours idyllique…
Fred : (Rires) On peut le voir ainsi !
Nico : On ne peut pas dire le contraire. En revanche, je tiens à nuancer ce que vient de dire Fred, je ne compose pas 90% mais je propose la base des morceaux. Tout le monde modifie ses parties et cela influence la structure des titres. Ça peut paraître idyllique mais c’est vrai qu’il n’y a jamais de conflit !
On a posé la question d’entrée sur les influences car l’écoute de l’album confirme votre côté touche à tout, il y a du death metal, une pincée d’alternatif, du death mélodique et ce chant en français souvent très rugueux vous rapproche un peu de la scène française métallique et alternative. Comment expliquez-vous une telle diversité, nous pensions que cela venait de toutes vos personnalités mélangées au sein du groupe or il semblerait que les idées viennent principalement d’une personne ?
Nico : J’ai beaucoup d’influences qui sont assez variées. Je compose certains morceaux assez "rentre-dedans" et d’autres plus posés parce que j’ai plusieurs influences et je joue beaucoup de choses. J’aime avoir des choses assez variées dont on ne lasse pas trop.
Et quand ça arrive en répétition, quand nous jouons les choses, on peut avoir bouclé une chanson et se dire qu’il manque quelque chose et là, un autre membre va dire qu’on a joué tel riff qui était sympa et qui s’adapterait parfaitement avec le titre en question.
Considérez-vous également que cette diversité est votre force principale ?
Rémi : Si c’est perçu comme une force, nous sommes preneurs mais c’est vrai que quand on parle de groupes "touche-à-tout", on entend souvent dire que ce sont des groupes qui n’ont pas de style, qui ne sont pas trouvés… Nous ne pensons pas que ce soit le cas !
Si on déroute, c’est tant mieux !
Justement vous n’avez pas peur parfois de dérouter les auditeurs qui aiment parquer les groupes dans des cases bien précises ?
Rémi : Si on déroute, c’est tant mieux ! Cela voudra dire que nous avons été écoutés dans un premier temps et que nous avons marqué les esprits ! C’est d’autant mieux que quand on regarde le paysage metal, on aime bien classer et mettre dans des cases même si il y a toujours 2 ou 3 OVNI. Et si on devait nous demander le style dans lequel nous œuvrons, nous aurions tendance à répondre "metal mélodique" !
Aco : Quand nous composons quelque chose qui n’est pas dans notre case : si ce n’est pas le bon style mais que ça rend bien quand même, c’est ce que c’est le bon style !
Si ce n’est pas le bon style mais que ça rend bien quand même, c’est ce que c’est le bon style !
A propos de style, ce que nous faisons ressortir en priorité c’est une face death mélodique qui évoque Soilwork et Dark Tranquillity en écoutant ‘Caste Aveugle’, ‘Machine Infaillible’ ou ‘La Valeur d’un Homme’. Les riffs et soli semblent droit venir de cette scène suédoise, c’est une influence certaine pour toi Nicolas ?
Nico : Pourquoi pas ? J’ai écouté Dark Tranquillity pendant très longtemps, ce n’est plus une de mes influences aujourd’hui mais c’est clair que cette scène mélodeath suédoise nous inspire sans le vouloir parce que c’est une musique qui nous touche beaucoup !
Rémi : Je dirais que le tronc commun de tous les membres est le death mélodique suédois que nous avons tous écouté : In Flames, Dark Tranquillity, At the Gates… C’est la seule base commune que nous aurions musicalement !
Cette scène mélodeath suédoise nous inspire sans le vouloir
Niveau death vous proposez aussi des passages qui cartonnent méchamment, le death à la Cannibal Corpse, Deicide certains passages sur ‘Discours Idyllique’ et ‘Violence Gratuite’ sont selon nous assez proches de ces formations. Etes-vous d’accord ?
Nico : C’est toujours étonnant d’entendre cela mais nous prenons cela comme des compliments…
Rémi : C’est clair parce que tu nous compares à des pointures.
Nico : Mais c’est vrai que c’est toujours intéressant d’avoir ces retours. Par exemple sur l’EP précédent la sortie cet album « Orpheline », il était écrit que nous sonnions très punk et que la voix de Rémi faisait penser à celle de Hreidmarr d’Anorexia Nervosa alors que ce n’était pas du tout le but… mais c’est très intéressant d’avoir ce type de ressenti.
Fred : Après nous connaissons tous les groupes qui ont été cités, ils nous ont donc influencés forcément et obligatoirement !
Au-delà des paroles, il y a une volonté musicale de variété pour donner du relief aux morceaux.
Ce qui surprend c’est votre volonté d’éviter qu’un titre ne soit teinté d’une seule influence, dans ‘Caste Aveugle’ par exemple on retrouve une partie en chant plus clair au détour d’un break mélodique, il en va de même dans ‘Critique Sceptique’ et ‘Violence Gratuite’. Il y a dans ces passages une part de pop aérienne et alternative, quel est l’idée derrière ces mélanges et ces changements de rythme, cela sert à appuyer le propos des paroles exprimés ?
Rémi : Complétement ! Cela permet d’appuyer le propos. Quand on chante en clair, on comprend plus facilement les paroles. En changeant, en variant, je pense qu’on capte plus facilement l’attention à l’inverse de choses plus linéaires. Au-delà des paroles, il y a une volonté musicale de variété pour donner du relief aux morceaux.
Aco : Quand on compose un riff percutant, violent dans le style metal incisif, on l’aime bien mais on a envie qu’il soit bien amené. On fait donc très attention à ce que nous apportons avant et après ce riff. Si c’est une pièce maîtresse violente du morceau, il faut qu’avant ce soit calme pour que ce soit encore plus percutant !
Quand le chant se fait plus accessible on sent une certaine force, une nervosité comme si un message important passait, c’était l’idée ?
Rémi : Déjà merci pour ces compliments. Mais oui, complétement parce que faire du chant guttural -je ne vais pas dire que tout le monde sait faire mais presque- et je ne voulais pas tomber dans du chant guttural, gueulé du début à la fin. Du coup, je pense que le message, l’intensité passent mieux avec un chant plus écorché.
Ton chant nous a impressionné, growl, chant clair, il se fait grave et souvent il se fait incantatoire, on a pensé à Misanthrope plus d’une fois, c’est une influence ?
Rémi : Honnêtement, je ne connais pas Misanthrope mais Nico et Fred connaissent bien…
Aco : Mais Nico et Fred ne sont pas chanteurs (Rires) !
Rémi : … et ils m’ont dit que c’était vachement bien !
Nico : C’est vrai que musicalement, ça a joué un petit peu.
Pour aller plus loin dans cette comparaison, on la situe aussi au niveau des textes, comme si la bande de SAS de Misanthrope pondait des textes contemporains, on retrouve la même force d’âme et le même désespoir à fleur de peau ?
Rémi : C’est encore un compliment car les textes de Misanthrope sont hyper bien foutus.
"Discours Idyllique" est un titre ironique [...] il y a clairement beaucoup de choses qui ne vont pas dans notre société
On parle de désespoir qu’on ressent fortement dans les thèmes et au travers du titre de la pochette : était-ce le message que vous vouliez véhiculer ?
Rémi : Complétement ! "Discours Idyllique" est un titre ironique. Dans la vie, nous sommes plutôt des gens optimistes et joyeux mais il y a clairement beaucoup de choses qui ne vont pas dans notre société et le fait de pouvoir en parler, les crier, les chuchoter permet de faire un certain contrepoids…
Dans ces conditions, avons-nous à faire à un concept album ? Il donne l’impression de traiter de la déchéance de l’espère humaine au travers de la faille des dirigeants de chaque nation ?
Rémi : Il y a de ça mais l’album n’a clairement pas été pensé, ni composé comme un concept album, maintenant il y a une volonté d’avoir une cohérence dans les textes et dans l’ensemble de l’album mais il n’y a pas d’histoire réellement. En revanche, il y a un fil rouge et si pour certains, cela évoque un concept album : c’est un compliment mais ce n’était pas la volonté. Nous avons développé les thèmes habituels de Split Brain.
Et quel est le lien avec cette superbe pochette qui interpelle forcément, elle retranscrit bien vos messages : il y a un mélange dedans de force, de destruction avec un côté mystique, elle est la porte d’entrée idéale dans l’univers du disque ?
Rémi : Nous avons travaillé avec Batt alias Batt Art qui est également batteur de Monolyth. Nous travaillons avec Batt depuis la sortie de notre EP "Orpheline" et nous avions la volonté d’avoir une continuité visuelle avec notre précédent EP et effectivement, le visuel de "Orpheline" était beaucoup plus sombre et mélancolique et nous voulions un visuel qui représente le calme avant la tempête comme sur les paroles de ‘Violence Gratuite’. Nous avons donné carte blanche à Batt en lui parlant de nos textes et c’est lui qui a fait son œuvre…
Fred : … dont nous sommes très contents !
Aco : Batt est assez réceptif à notre musique pour pouvoir la mettre en image de façon quasi-parfaite !
Le chant en français est à l’honneur, pourquoi avoir totalement abandonné l’anglais ?
Rémi : A la base, il y avait une alternance anglais/ français dans Split Brain mais nous avons eu quelques retours plutôt négatifs sur le chant en anglais notamment sur l’accent…
Il y avait clairement une volonté de partir dans du chant en français
Mais c’est le lot de tous les groupes français…
Rémi : C’est vrai ! C’est parti de ces retours négatifs mais il y avait clairement une volonté de partir dans du chant en français parce que par rapport à ce que nous nous sommes déjà dit : le message est beaucoup plus perceptible et on touche les gens d’une façon différente. Et vu les retours que nous avons eu sur le chant en anglais, cela nous a conforté dans l’idée de partir sur du chant 100% français ce qui est pour moi beaucoup plus difficile parce que c’est plus compliqué de faire sonner un texte en français qu’en anglais. Mais au final, je suis très content de partir sur français parce que c’est plus valorisant !
Fred : On a essayé de tout travailler aussi bien le visuel, la musique, les textes… afin que ça touche tout de suite un maximum de personnes !
Nico : Et pour revenir au français, je pense qu’il y a des mots qui marquent plus : certaines métaphores, certains mots dans les textes de Rémi ressortent parce qu’on ne les emploie pas tous les jours et ça peut peut-être marquer le public…
Aco : On arrive plus à peser plus précisément la valeur d’un mot quand c’est dans notre langue maternelle.
Fred : En anglais, le chant est plus un instrument de musique supplémentaire, nous n’avons pas voulu que le chant soit un simple instrument mais le parfait véhicule des paroles.
En utilisant le français, vous suivez une tradition finalement, vous sentez-vous proches des groupes chantant en français comme Lofofora, No One Is Innocent ou Mass Hysteria voire The Arrs qui a arrêté récemment qui font également passer des messages dans leurs textes ? Et pensez-vous qu’il y a une place à se faire dans cette niche du metal chanté en français ?
Rémi : Certainement ! Il n’y a qu’à voir le succès de Mass Hysteria qui a littéralement explosé ces dernières années. Mass Hysteria est le premier groupe que j’ai écouté qui chantait en français et sur le coup, ça m’a surpris car on se rend compte que le français sonne très bien ! On aime ou pas le chant de Mouss mais personnellement je suis fan à 300% que ce soit de ses textes ou sa manière de chanter. Après, il y a effectivement dans tous ces groupes qui chantent en français, un petit côté contestataire, critique qui est peut-être plus marqué : est-ce spécifique au français ? Je pense qu’il y a un lien entre ce côté contestataire et la langue : tous les groupes que tu as pu citer et même No One - qui est plus dans le rock pêchu.
Qu’attendez-vous de cet album avec le soutien d’un label comme Juste une trace et la force de promo d’Ellie Promotion ?
Aco : La mise en place d’un gouvernement mondial pour que la Terre soit enfin en paix (Rires) !
Rémi : Clairement, nous souhaitons défendre l’album sur scène. On pouvait le faire avant mais aujourd’hui, on espère le faire sur des scènes plus conséquentes.
Avez-vous des dates à annoncer ou en cours ?
Rémi : Fred qui est plus en charge de toute la partie
booking a envoyé pas mal de demandes. Pour l’instant, on va jouer au Zicophonies le 18 mai avec en tête d’affiche Le Bal des Enragés. Pour la suite, nous sommes en train de
booker et de trouver des plans.
Fred : Tout se lancera plus rapidement à partir du moment où l’album sera sorti. Nous avons également eu un contact pour le tremplin Rétro C’est Trop. Nous n’avons pas pu le faire cette année pour des raisons de calendriers mais c’est un festival qui accueille notamment Tears for Fears, Les Négresses Vertes… on n’est pas du tout dans le metal…
Nico : … même si il y a eu ZZ Top l’an dernier…
Fred : C’est un gros festival !
Et comment expliquez-vous qu’on vous ait contactés ?
Fred : Peut-être notre côté "touche-à-tout"…
Aco : … Nous sommes le groupe qui va rendre le metal populaire (Rires) ! Sans prétention aucune…
Nous avons commencé par la question qu'on vous a trop souvent posée, quelle serait celle que vous aimeriez que je vous pose ?
Aco : Vaste sujet !
Rémi : C’est une bonne question à laquelle nous n’avons pas pensé !
Ce que je vous propose c’est d’y réfléchir et nous commencerons notre prochaine interview par cette question…
Aco : Mais ce sera peut-être devenu la question chiante (Rires) !
C'est vai dans ces conditions vu que c’est la fin de l’interview, je peux poser la question honteuse : plutôt split ou caleçon ?
Rémi : (Rires) En ce qui me concerne plutôt boxer !
Aco : Pour ma part, je ne porte rien depuis quelque temps (Rires) !
Merci
Split Brain : Merci à toi !
Merci à Noise pour sa contribution...