La journée de vendredi a été riche en intensité mais celle de ce samedi 13 Avril s’annonce aussi excitante. Le Betiz Fest va même afficher complet et la salle sera blindée comme rarement elle l’a été. Tout commence avant l’ouverture des portes, et vers 16h alors que la file d’attente est déjà conséquente l’orchestre
Mortal Combo va divertir tout le monde avec des reprises à la sauce fanfare de standards rock et metal. Cette idée est sympathique et lance bien la journée, d’ailleurs nous les retrouverons plusieurs fois dans la salle à fendre la foule avec un état d’esprit frais et accessible.
Ce sont les français de Virgil qui prennent la scène d’assaut peu de temps après l’ouverture des portes. D’ailleurs le court délai entre le début de concert et l’ouverture a sans doute privé pas mal de gens d’une partie du concert de manière fort dommageable. Le groupe a récemment gagné le tremplin du festival et il va faire honneur à cette chance. Il œuvre dans un deathcore percutant teinté de black metal et d’entrée avec ‘Nameless’ il donne une bonne baffe. Marius hurle comme un damné avec un ton black d’une sacrée intensité. Le mélange entre son old school et moderne est parfait et prend à la gorge. ‘Sanctuary’ qui suit est tout aussi brutal. Marius s’arrache les cordes vocales et cette violence maitrisée chopée un public qui arrive doucement et qui semble à la fois attentif et séduit. Marius va le chercher de belle manière et remercie le festival. Puis précédé par des airs d’orgues ‘Down’ enfonce le clou férocement avec un mix parfait des styles. Le public tape dans les mains à la demande du chanteur et l’ambiance monte d’un cran avec ‘The Gaze’. La force de ce black teinté de core provoque un premier circle pit et on apprécie une belle respiration avec des passages à fleur de peau. Le contraste avec le chant brutal est saisissant et prend aux tripes. Le dernier titre est aussi intense et conclut un concert d’une rare férocité. Virgil a proposé une jolie démonstration de force avec un mélange parfait de styles extrêmes. Il a fait son effet et son premier album, "Divina Infernum", disponible sur Ulule en précommande, sera très attendu.
L’intensité ne pas descendre avec Oddism. Les compères de Virgil vont faire planer sur le Palais un vent de folie avec un mathcore intense droit dans l’esprit de Meshuggah. La demi-heure impartie au groupe va être d’une rare intensité avec peu d’occasions de souffler. D’entrée les musiciens prennent le public à la gorge, la technique est implacable et impressionnante et le chant hurlé ajoute à cette démonstration de force brute. Il faut encaisser un tel déluge technique mais l’expérience le mérite tant on a l’impression de pénétrer une autre dimension. La chanson suivante est aussi percutante, ce chant à l’arraché est impressionnant et glace le sang. L’alliance avec la musique est parfaite et on ne peut qu’être admiratif devant tant de maitrise, cela semble même facile tant la fluidité est au rendez-vous. Face à ses compères Gio montre un sacré charisme, l’accueil est excellent avec un public qui apprécie la démonstration. Le tempo ne ralentit pas et l’emprise se fait encore plus forte, dans ce titre on apprécie un break qui permet de souffler un peu avant que le rythme ne reparte de plus belle. La fin approche déjà et pour cette dernière chanson Gio plonge dans la foule pour chanter et provoquer un joli circle-pit. L’effet est garanti et fait monter l’ambiance d’un cran dans une fosse garnie qui aime ce côté communion avec le groupe. Oddism a frappé un joli coup avec ce concert brûlant et montré que la technique pure et dure pouvait être séduisante. Le public a apprécié cette belle leçon taillée dans le meilleur du genre.
Le style va radicalement changer avec l’arrivée des Sticky Boys. Loin de la technicité, les Parisiens œuvrent depuis 2008 dans un rock’n’roll direct et teinté de punk frais et généreux. Le trio a balancé en 2017 ‘Calling The Devil’, un troisième opus brûlant confirmant sa classe et sa fougue. Chacun attend une leçon de la part du trio et d’entrée ils mettent le feu avec force. On pense à Motörhead, aux Ramones et l’envie de taper du pied est déjà là. Ce joli concentré d’énergie fait son effet, le chant d’Alex est gras est savoureux et ce rythme simple est d’une rare efficacité. Aux côtés d’Alex Tom et JB tissent une rythmique de feu et les chœurs donnent un côté punk agréable. Ce premier jet est apprécié, on sent le groupe ravi d’être là. Il enchaine avec un ‘Bang That Head’ brut de décoffrage qui fait du bien avec effet en pleine tronche. Le public est chaud et se remue bien. Derrière ‘Fat Boy Charlie’ fait un carton avec un pur côté rock’n’roll frais tandis que ‘Girls In The City’ marque avec son côté punk. Le concert est une réussite et la communion entre le groupe et son public fait plaisir à voir tant on ressent un côté chaleureux et sincère. Par la suite ‘The Game Is Over’ et ‘Good Morning Sunshine’ sont jouissives, taillées dans le meilleur d’un hard rock direct et brûlant. Le concert s’achève avec une reprise du classique des Beach Boys, ‘Surfin’ U.S.A.’ à la sauce punk pour un effet percutant. Sticky Boys a offert au Betiz Fest une prestation énergique taillée dans le meilleur du genre et a mis le feu à la salle avec une classe folle. La journée continue de belle manière dans un Palais plein et prêt à vibrer encore plus.
Avec l’arrivée de Pogo Car Crash Control elle va avoir l’occasion de le faire avec encore plus de force. Ce jeune quatuor français existant depuis 2011 est la sensation du moment et monte en puissance fortement depuis la sortie de "Déprime Hostile". Sa réputation le précède et le public se masse devant la scène. Le groupe est difficile à décrire tant sa musique n’a ni barrière ni frontières. Pour le résumer il allie la force d’un heavy teinté d’alternatif à du punk rock sauvage, le tout dans l’esprit d’un Nirvana de début de carrière qui bousculait les codes. De plus en chantant en français le groupe apporte à ses chansons une force supplémentaire avec un côté barré. Barré c’est le terme idéal pour décrire la furie sur scène. Les musiciens sont intenables et sautent partout, et au chant Olivier hurle comme un damné avec un côté dangereux comme on n’en voit plus tellement. Cet audacieux mélange de garage, de rock et de metal fait son effet et dans la fosse entre walls of death et circle pits l’ambiance est chaude. Niveau titres le groupe enquille les perles comme ‘Hypothèse Mort’, ‘Consensuel’ et s’affirme comme un Ovni digne d’un croisement entre Slayer et Mr Bungle. Au détour d’un titre Simon ira balader sa guitare dans le public, ce qui a pour effet de mettre le feu dans une fosse déchainée. Le concert s’achève dans la folie la plus totale avec le très délicat ‘Crève’ encore plus délirant et brutal que les autres titres. Pogo Car Crash Control a fait souffler un vent de renouveau sur le Palais des Grottes. Il a rencontré un succès important auprès d’un public heureux de cette prestation si intense.
Après cet ouragan on retrouve des habitués avec Bukowski. Le groupe parisien vient à Cambrai pour la troisième fois et avec son heavy stoner il a mis le feu à chaque passage. Depuis "On The Rocks" en 2015 et la tournée qui a suivi, le groupe s’est fait discret et est quasiment reparti de zéro. Il a recruté un nouveau guitariste et a sorti son cinquième album, "Strangers", après une campagne de financement. Ce retour a été gagnant, le disque retrouvant la force des débuts. Il nous reste à vérifier la forme scénique de l’ensemble, et en un claquement de doigts après une intro parfaite pour faire grimper l’ambiance la réponse est là. Bukowski a retrouvé le feu sacré avec une cohésion parfaite. Avec ‘Keep Your Head On’ il fait un carton. Le son est parfait, le ton gras et lourd du titre fait son effet et colle une baffe à un public très nombreux devant la scène. La suite est tout aussi prenante, le groupe balance du lourd avec un Mathieu déchainé avec un ton rocailleux comme on aime. Ce retour en force est salué de manière unanime et la vision de la fosse à genoux à la demande du chanteur restera comme un grand moment. Avec ‘White Line’, ‘Mater Dolorosa’ ou ‘Brothers Forever’ le groupe confirme son excellente forme. Christian et Mathieu balancent des riffs en fusion taillés dans le meilleur d’un stoner rock couillu et forment un duo très complémentaire. Dans la fosse c’est a guerre avec un joli wall of death qui fait son effet. En fin de concert ‘Easy Target’ est l’occasion d’un clin d’œil sympathique au mouvement ‘Me Too’. Avec ce concert Bukowski a frappé un grand coup et a montré qu’il était de retour pour de bon. Avec une pêche d’enfer il a donné un des grands concerts du week-end avec ce côté sympa et frais qu’on aime.
La journée est bien entamée et a proposé de sacrés concerts. La salle est pleine et prête à accueillir les têtes d’affiches. En attirant In Flames, le Betiz Fest a frappé un joli coup. Affichant quasiment 30 ans de carrière, les Suédois sont un monstre respecté de la scène métallique et les voir à Cambrai tient de l’irréel. Le groupe a eu un parcours riche et varié, depuis le death mélodique des débuts jusqu’à un son récent plus alternatif et rock. Ce parcours a pu diviser les fans mais In Flames demeure une machine de guerre bien huilée qui sait tenir une scène. De plus le récent "I, The Mask" l’a vu revenir avec bonheur à un son plus métallique. Tout cela annonce un concert exceptionnel prêt à rentrer dans les annales du festival. Pour cette tournée il est à noter que le groupe a fait appel à l’ex Megadeth, Chris Broderick pour tenir la guitare aux côtés de Björn Gelotte en remplacement de Niclas Engelin. Ce qui impressionne avant le début c’est la rampe de lumières qui donne l’impression que la scène a été agrandie. Quand l’intro retentit chacun retient son souffle, celle-ci en impose et annonce du lourd. Derrière avec ‘Voices’, extraite du nouvel album, les hostilités démarrent de la meilleure des manières. Le son est excellent, fort et clair, Anders Friden est en pleine forme, il chante juste et retrouve son ton plus rude. A ses côtés les musiciens tissent un bel ensemble avec des soli costauds réjouissants. Le groupe va baser le concert sur sa carrière récente, pas moins de 10 titres proviennent des trois derniers albums. Mais cela ne va pas gâcher la fête tant le groupe va mettre une incroyable énergie à chaque instant.
‘Everything’s Gone’ enchaine et enfonce le clou. In Flames lui donne une couleur heavy avec une puissance de feu énorme. Le public apprécie la leçon d’un ténor qui a retrouvé la hargne. Avec ‘Pinball Map’ le groupe fait un retour vers l’excellent "Clayman", souvenir d’une autre époque. Ce grand titre de death mélodique n’a pas pris une ride avec un chant parfait et un solo de feu. Ce début heavy est confirmé avec ‘Where The Dead Ships Dwell’ qui montre un groupe à la force de frappe énorme avec toujours un son puissant métallique. Le petit nouveau ‘Call My Name’ met le feu à la fosse, puissant il bénéficie d’une belle accélération et confirme le regain de forme du groupe. Anders remercie le public et semble heureux d’un un tel accueil. Plus mélodiques ‘Monsters In The Ballroom’ et ‘All For Me’ fonctionnent avec une force certaine au rendez-vous. Ce côté accrocheur des Suédois est efficace et confirme sa capacité à plaire au plus grand nombre. ‘(This Is Our) House’ enchaine, cet extrait du nouvel album prenant une bel ampleur en live. Ce cri de guerre en faveur de la planète possède un joli caractère fédérateur et gagne un côté plus heavy que sur disque. ‘Deep Inside’, également extraite du nouvel album, enchaine et séduit avec un bon mix entre puissance et mélodie. Elle présente un riff costaud qui se marie au chant clair maitrisé d’Anders. ‘Here Until Forever’ est représentative de ce In Flames qui flirte avec l’alternatif mais avec ce son énorme la chanson passe bien. Dans ce même esprit accrocheur ‘The Chosen Pessimist’ enchaîne et rencontre un joli succès. Anders est à fond avec un joli côté voilé et l’accélération du titre fait plaisir aux amateurs d’un son plus heavy.
La dernière partie du concert s’engage sans que l’on n’ait vu le temps passer. In Flames fait un joli carton et confirme son statut de grand groupe de scène. Avec ‘Leeches’ il repart vers l’excellent "Come Clarity" et ce retour à un son costaud est bien apprécié avec un excellent solo. Très rare vestige du passé et des débuts, ‘Colony’ enchaine et ravit les amateurs de death mélodique. Le titre déboite toujours avec un belle force de frappe qui renvoie vingt ans en arrière. Plus récent ‘The Truth’ permet au groupe de montrer qu’il aime varier les plaisirs : e titre accrocheur teinté d’électro fait son effet. Le final s’engage avec un dernier extrait du dernier album, ‘I Am Above’ ; particulièrement heavy il confirme lui aussi que le groupe a retrouvé un chemin proche du son death mélodique. Dans cet esprit ‘Cloud Connected’ nous renvoie ensuite avec bonheur vers "Reroute To Remain". Doté d’un refrain parfait, le titre reste un classique du genre qui met le feu à une fosse qui apprécie ce récital. Enfin ‘The End’ achève le concert de belle manière avec de nouveau ce mix entre metal et rock alternatif. In Flames s’est imposé avec classe. Il n’était pas tête d’affiche mais a donné un concert parfait d’un bout à l’autre et a fait honneur à son rang. Il a ravi les fans et a sans doute même convaincu quelques indécis de s’intéresser à lui. Ce faisant il met une belle pression à la très attendue vedette du soir.
Car la vedette de la soirée c’est Mass Hysteria. La formation française a le vent en poupe et a logiquement l’honneur de conclure le festival. La bande de Mouss affiche plus de 20 ans de carrière et présente une santé de jeune homme depuis la sortie de "Matière Noire" en 2015, qui lui a permis de relancer sa carrière avec une nouvelle horde de fans. Depuis le groupe tourne sans relâche et a confirmé sa forme avec "Maniac" courant 2018. Le groupe est très attendu pour son retour à Cambrai trois ans après y avoir mis le feu. La foule est dense et massée devant les barrières et prête à prendre une leçon taillée dans le meilleur d’un metal industriel teintée d’alternatif avec un chant en français fort et revendicatif. Logiquement le concert va mettre l’accent sur les deux derniers-nés avec pas moins de 11 titres joués sur les 16 au programme. L’intro fait monter l’ambiance avec un côté lugubre dans l’esprit du ton des albums récents. Puis le début avec ‘Reprendre Mes Esprits’ fait un carton. Martial et porté par un riff énorme de force le titre en impose. ‘Notre Complot’ enchaine et est tout aussi percutante, particulièrement puissante elle flirte avec le thrash et Mouss déchainé harangue la foule avec le sourire histoire de voir si la forme est toujours là. ‘Vae Soli!’ fait tout aussi mal avec son côté industriel puissant et un refrain en forme d’hymne très efficace.
Après ce début en fanfare Mass Hysteria va faire un tour dans son glorieux passé en balançant trois missiles toujours aussi efficaces. Avec son petit côté alternatif teinté d’électro, ‘Une Somme de Détails’ défouraille toujours et met le feu à la fosse. ‘Positif à Bloc’ reste un classique qui ne vieillit pas avec un riff énorme et un chant d’une rare intensité qui prend aux tripes. Enfin ‘World On Fire’ est une sacrée claque en forme d’hymne contre la haine qui fait du bien en ces temps troublés. Derrière Mouss prend la parole et rend un bel hommage au Betiz Fest et à ses bénévoles. Derrière le groupe va enchainer quatre nouveaux titres, preuve de sa confiance dans son nouvel album. Le public va lui donner raison et va acclamer tout cela avec force. il y a d’abord ‘Chaman Acide’, martiale et brutale elle est comme un uppercut en pleine tronche. ‘Se Bruler Doucement’ prend la suite, l’impact sur le public est énorme, la force du titre et son refrain imparables prenant aux tripes. Avant ‘Nerf de Bœuf’ Mouss fait monter des enfants sur scène dans un état d’esprit très sympathique, il va aussi meubler le temps que Christophe règle quelques soucis avec sa guitare. Puis le titre servi par un riff énorme met le feu et lance un énorme circle pit dans une fosse en fusion. Enfin ‘Derrière La Foudre’ confirme la force du groupe dans ce registre martial qui colle au mur et bastonne sévèrement tout le monde.
La dernière ligne droite s’engage, hommage de Mass Hysteria aux victimes du terrorisme ‘L’Enfer des Dieux’ est d’une rare force d’âme, la chanson prend aux tripes avec un côté industriel intense. ‘Plus que du Metal’ est une chanson récente mais elle a déjà tout d’un hymne tant elle déclenche une furie totale dans la fosse avec circles pits et un joli wall of death brutal. ‘Chiens de la Casse’ provoque le même bordel, plus parlé que chanté ce titre teinté lui aussi d’indus augmente la température d’un bon cran. Il est déjà temps pour le groupe de se retirer mais il revient vite pour des rappels que l’on attend bouillants. La première salve est un dernier extrait du nouvel album : ‘Aromes Complexes’, doté d’un message fort, voit la fosse se mettre à genoux et exploser de belle manière dans un tourbillon. Il est temps ensuite d’aborder les classiques. Certes le groupe en a mis pas mal de côté mais on ne peut que souligner sa volonté de mettre en avant son nouveau matériel. Les deux extraits de "Contraddiction" vont achever leur monde en beauté. Toujours aussi brûlante, ‘Contraddiction’ fait jumper tout le monde de belle manière puis le final sur ‘Furia’ est d’une sacrée force. Le titre est dédié par Mouss à Patrick Roy, le député maire de Denain fervent défenseur de la cause métallique. Puis il fait bien mal aux gencives avec son refrain intense et hurlé par la foule à pleins poumons. Le concert a été bouillant, un peu court peut-être pour une tête d’affiche tant on en aurait bien repris quelques titres de plus comme sur les autres dates de la tournée. Cela étant Mass Hysteria a été à la hauteur de sa réputation scénique et a fait plaisir à ses fans.
Ceci achève un week-end bien rempli, cette édition du Betiz Fest a été une nouvelle réussite avec une affluence record et grâce à ses bénévoles dévoués sans qui rien ne serait possible. Nos remerciements vont vers eux et les organisateurs et on souhaite rendez-vous à tout ce joli monde pour encore de nombreuses éditions. Je remercie également chaleureusement Tom pour m'avoir aidé en me fournissant les photos des concerts des jours, sans lui rien n'aurait été possible.