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TITRE:

NASHVILLE PUSSY (19 JUIN 2019)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HARD ROCK



Après près de 25 ans de carrière, les incroyables Américains de Nashville Pussy sont de retour avec un nouvel album !
DARIALYS - 17.07.2019 -
11 photo(s) - (0) commentaire(s)

Créé en 1996, Nashville Pussy est devenu en l'espace de deux décennies, l'un des leaders de la scène hard rock US. Le quatuor sort cette année son nouvel album, "Pleased To Eat You". Lumière sur Blaine et Ruyter, le couple de hard rockeurs américains, venu nous présenter leur nouvelle création.




Nous aimons commencer nos interviews sur Music Waves par la question suivante : quelle est la question que l'on t'a posée trop souvent ?

Blaine Cartwright : "Comment avez-vous commencé le groupe ?", alors que la réponse est dans les biographies qu'on envoie aux journalistes. Ça montre que les gens ne préparent pas les interviews, ou qu'ils ont la flemme.

Cette question se comprend quand on la pose à des jeunes groupes, mais dans le cas de Nashville, ça ne semble effectivement pas cohérent !

Blaine : La réponse est partout ! Merci de m'avoir demandé avant ! Des fois on nous demande de raconter des histoires incroyables que l'on a vécues en tournées. J'ai toujours la même histoire, quand nous avions fait la première partie de Slayer. Quelqu'un avait vomi dans un verre et nous l'avait envoyé dessus. Ça en avait mis partout. Mais quand on me demande de raconter des choses folles, je n'ai pas envie d'attirer des ennuis aux personnes ! (Rires). Et en plus, je n'ai pas vraiment de réponse !


Si j'étais en tournée et que Ruyter était à la maison, ce serait difficile



Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, vous êtes un groupe de hard rock créé à la fin des années 90 avec une discographie riche de 7 albums. Ce groupe est notamment formé de toi et de ta femme, Ruyter (Suys, ndlr). Comment gérez-vous l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle ? N'est-ce pas difficile ?

Blaine : Si, ça l'est, mais ce serait encore plus difficile d'être séparé d'elle, qu'on ne joue pas dans le même groupe. Si j'étais en tournée et que Ruyter était à la maison, ce serait difficile.


Donc c'est plus simple d'être dans le même groupe ?

Blaine : Oui. On vit les mêmes choses. On aime se remémorer des choses qu'on a vécues en commun, mais si je devais lui raconter ces histoires en rentrant à la maison sans qu'elle les ait vécues, elle ne saurait pas de quoi je parle.


Ta vie professionnelle n'interfère pas trop dans ta vie privée ? As-tu toujours une vie privée ?

Blaine : Oui, autant que possible ! Je comprends ta question, mais ça n'a jamais été très dur en réalité. On partage beaucoup de choses en commun.


D'un autre côté, n'est-ce pas difficile pour les deux autres membres du groupe de travailler avec un couple ? Est-ce que cela expliquerait le fait que Nashville Pussy ait changé de membres plusieurs fois ?

Blaine : Je trouve que les femmes quittent les groupes plus facilement que les hommes. Je crois qu'elles se lassent plus vite que les hommes de monter dans le van, de faire toujours les mêmes choses. Quand tu rejoins Nashville Pussy en tant que membre, tu es rapidement une rock star en quelque sorte. Au début, tu es excité, puis tu joues les mêmes chansons encore et encore, et tu ne gagnes pas tant d'argent que ça. Je ne me plains pas, mais les femmes ont une sorte d'horloge interne qui leur dit de se marier, d'avoir des enfants, etc. Ça nous est arrivé. Certaines femmes ont quitté le groupe. Ce n'est pas que ça se passait mal, mais elles aspiraient à autre chose. On s'entend toujours avec tout le monde, mais les autres ne sont pas vraiment parties prenantes en termes de composition.

 

Si je me retrouve dans un endroit où il n'y a rien à faire, je suis capable de jouer de la guitare toute la nuit

Justement, comment fonctionnez-vous dans le groupe en termes d'écriture ? Est-ce que vous travaillez ensemble avec Ruyter ?

Blaine : J'écris beaucoup de choses seul, puis je lui montre. J'enregistre des démos avec mon chant. J'enregistre des idées et je les envoie à tout le monde. C'est plus facile aujourd'hui ! A l'époque, j'avais mon enregistreur cassette, où chaque cassette avait 45 minutes par face, et il fallait retrouver le morceau sur la cassette ! Cette partie est plus facile maintenant. J'écris beaucoup tout seul. Si je me retrouve dans un endroit où il n'y a rien à faire, je suis capable de jouer de la guitare toute la nuit.


Bonnie (Buitrago, ndlr), a rejoint le groupe en 2011 en tant que bassiste. Cela n'a-t-il pas été difficile pour elle de passer après Corey Parks et Karen Cuda qui avaient de vraies personnalités ?

Blaine : Elle a aussi une personnalité assez forte ! Ce n'est jamais facile de remplacer quelqu'un car les gens peuvent avoir des attentes très hautes. Elle s'en sort tout de même très bien !


J'aime travailler avec les femmes. Je m'entends mieux avec elles qu'avec les hommes en général



Les bassistes ont toujours été des femmes. Pourquoi cela ? Est-ce pour que le groupe ait un côté sexy ?

Blaine : Ça a commencé comme ça pour cette raison, oui. Ça a plu à tout le monde, alors on n'a pas voulu changer la recette. J'aime travailler avec les femmes. Je m'entends mieux avec elles qu'avec les hommes en général.


A l'image d'AC/DC, certaines personnes disent que vous jouez les mêmes choses depuis vos débuts. Même si ce n'est pas le cas, est-ce que tu considères que vous avez évolué au cours de vos 20 années de carrière ?

Blaine : Quand on a commencé, on faisait de la musique punk dans l'esprit de The Ramones. Je jouais les solos courts tandis que Ruyter jouait les solos longs. A partir du quatrième album, j'ai apprécié le fait de poser ma guitare et de me contenter de chanter simplement. Pour quelqu'un qui n'aime pas le rock'n'roll, ce qu'on fait maintenant doit ressembler à nos débuts. Mais si tu connais le rock'n'roll et si tu nous connais, on n'a plus rien à voir maintenant. Ma voix est bien meilleure maintenant. Les chansons sont toujours bonnes, les paroles aussi, mais on s'est améliorés. Certains pensent qu'AC/DC n'a pas évolué. C'est vrai, d'une certaine manière, mais si tu compares 'Baby Please Don't Go' (reprise de Big Joe Williams qui figure sur leur premier album, "High Voltage", ndlr) à 'Highway To Hell', ça n'a rien à voir. Ils se sont vraiment améliorés avec le temps.


Peut-on dire que vous avez créé un son reconnaissable parmi tous les artistes ? Quand les gens disent qu'AC/DC n'a jamais changé, ça veut dire qu'ils ont une identité qui leur est propre ! Ils ont leur son. Si on vous reproche ça, ça veut sûrement dire que vous avez créé votre son et vous pouvez en être fiers !

Blaine : Quand The Ramones existait encore, avant qu'ils ne splittent, les gens disaient qu'ils faisaient toujours la même chose, ils considéraient ce groupe pour acquis. Mais quand ils ont disparu, les gens disaient : "Oh non, les Ramones n'existent plus !". Certains se plaignent. On lit des chroniques, de magazines mainstream en général, qui racontent qu'on fait toujours la même chose. Ce n'est pas tout à fait vrai ! Mais pour eux, c'est le cas. On pourrait vouloir changer, mais si tu écoutes Motörhead, The Ramones, AC/DC, John Lee Hooker, ils ont un style ! Personne dans les années 70 ne s'est dit que John Lee Hooker devrait faire un album de disco, ou un album de reggae ! John Lee Hooker, c'est John Lee Hooker ! Parfois, c'est excellent, parfois c'est juste bien, parfois c'est peut-être pas terrible ! Tous les albums de The Ramones et d'AC/DC sont bons ! Certains ont juste plus d'énergie que d'autres, ou un son plus brut, plus agressif.


Justement, en parlant d'agressivité, depuis l'album "Up The Dosage" (paru en 2014, ndlr), votre musique est plus heavy. Tu es d'accord avec ça ?

Blaine : Ça vient de notre batteur, de sa manière de jouer. On s'est demandé comment utiliser son approche car c'était un nouveau batteur. C'est comme ça qu'on a eu un son plus heavy. Il y a des morceaux comme 'Babe I'm Gonna Leave You' de Led Zeppelin ou 'Diamonds And Rust' de Judas Priest qui ont des paroles délicates, mais à l'inverse, la musique est heavy. On avait envie de faire quelque chose comme ça. J'ai un ami qui est venu chez moi avec sa guitare et il a chanté une chanson de Steeve Earle (guitariste de country américain, ndlr). Quand il a joué cette chanson, il n'y avait que lui et moi, ça m'a captivé ! Je l'ai enregistrée, je l'ai envoyée aux autres du groupe. Je me suis dit qu'il fallait partir de ça et en faire quelque chose de plus heavy. J'ai dit aux autres de jouer ce qu'ils voulaient tant que c'était heavy ! Ça a très bien marché ! Je ne sais pas si Steeve Earle a écouté cette chanson !


Sur cet album, vous jouez trois reprises bien choisies, et très bien interprétés. Pourquoi jouez-vous des reprises dans cet album ?

Blaine : 'Woke Up This Morning' était à la base une chanson bonus pour le Japon ou un autre pays. Et puis Greg Martin, le guitariste de Kentucky Headhunters est venu jouer de la guitare sur ce morceau. Ça ne devait être qu'un B-side ou un bonus, mais il a joué ce morceau, et c'est à ce moment-là qu'on s'est dit que ce morceau ne devait pas être un simple bonus. J'étais assez fier du résultat. Donc ceux qui disent qu'on fait toujours la même chose, je dis non ! (Rires). C'est varié ! On reprend des chansons d'autres artistes et on se les appropriées. J'étais très content des lignes de chant sur ce titre car les voix dans Nazareth (le groupe qui a écrit le morceau 'Woke Up This Morning, ndlr) sont folles. Elles sont très hautes, et j'ai réussi ! J'ai fait de mon mieux, et je pense que je n'étais vraiment pas loin du tout !



(Ruyter Suys fait son apparition)

Ruyter Suys : Bonjour !





Bonjour ! "Pleased To Eat You" (le nom de leur dernier album paru en 2018, ndlr) sonne comme un véritable album de Nashville Pussy. C'est frais ! On y retrouve une grande variété d'instruments : de l'harmonica, de la guitare slide, de l'orgue Hammond… C'était le but, d'avoir cette variété ?

Blaine : Non !

Ruyter : Pour l'harmonica, j'ai rencontré quelqu'un en faisant mes courses par accident !

Blaine : J'avais un harmonica, on n'arrêtait pas de le remixer. J'avais un ami qui devait en jouer sur cet album, mais ça ne s'est pas fait.

Ruyter : J'étais en vacances, et j'étais dans une épicerie. A côté, il y avait quelqu'un qui jouait du piano, dans un magasin de pianos. J'ai été à sa rencontre. On a commencé à parler. Il s'avère qu'il jouait pour Bernie Marsden qui était dans Whitesnake. Il m'a dit qu'il adorerait jouer sur une chanson de Nashville Pussy et je lui ai dit qu'on avait quelque chose pour lui.


Sur cet album, la production est signée Daniel Rey, qui a déjà travaillé avec vous sur l'album "Get Some" paru en 2005. Pourquoi avoir travaillé avec lui à nouveau ? Car il a travaillé avec The Ramones et The Misfits ? Ou bien peut-être pour avoir un son plus sale ?

Blaine : Daniel est super ! C'est un très bon arrangeur et il est aussi guitariste. Il a joué de la guitare sur l'album quand on dormait ! (Rires). David Barrick, lui, a enregistré l'album, c'est lui qui a travaillé notre son. C'était une combinaison parfaite !

Ruyter : On a eu envie de travailler avec les deux à la fois.

Blaine : On avait déjà fait 2 albums avec Daniel à l'époque.

Ruyter : Il a fait du très bon travail, et David aussi. Ils arrivaient tôt au studio et partaient tard. Tout le monde s'est bien entendu.

 

On joue de manière différente tous les deux, mais dans tous les cas, on est comme un train en marche



Au début de l'interview, je te demandais Blaine comment vous gériez le mélange entre vie privée et vie professionnelle avec Ruyter. Mais en vous parlant, cela me semble maintenant évident que vous gérez cela au mieux. Il y a une connexion entre vous.

Ruyter : Quand tu nous écoutes jouer ensemble, tu ne peux pas vraiment dire qui joue quelle partie. Je peux jouer comme lui, et il peut jouer comme moi. On joue de manière différente tous les deux, mais dans tous les cas, on est comme un train en marche.


Ruyter, tu es une femme guitariste, c'est relativement rare dans ce milieu. Est-ce que ça n'a pas été difficile pour toi d'être prise au sérieux ?

Ruyter : Jamais.

 

J'ai grandi en conduisant un tracteur, pas en portant des robes

 

Est-ce que tu penses que tu fais partie des précurseurs à ce niveau-là, ce qui rend la tâche plus facile aux femmes qui voudraient être guitaristes dans un groupe de rock ?

Ruyter : J'espère que je contribue à rendre les choses plus faciles pour que les gens fassent du rock. Il y a des tonnes de femmes qui jouent de la guitare. Mais ce qui compte, c'est d'être bon. De nombreux hommes m'ont beaucoup déçue sur scène. J'ai grandi au Canada dans une famille hippie visionnaire. On m'a donné un prénom relativement neutre, volontairement. J'ai grandi en conduisant un tracteur, pas en portant des robes. On n'a pas voulu me freiner à ce niveau-là parce que j'étais une fille. Quand j'ai eu envie de jouer de la guitare, j'en ai joué.


Après une carrière de 20 ans, vous considérez-vous plus matures, ou pensez-vous avoir gardé votre folie de l'époque ?

Ruyter : (Rires) Non, on n'est pas plus matures ! C'est juste qu'on a beaucoup pratiqué, on est un peu plus las, ou plus expérimentés !





Alors quel est le secret de votre énergie ?

Blaine : C'est comme si on était pris dans des montagnes russes ! Dès que tu commences à jouer sur scène, il faut y aller ! Je me donne à fond !
 

Après avoir tourné en France l'an dernier, vous revenez cette année ! L'artwork d'"Up The Dosage" a été réalisé par un Français. Vous avez aussi réalisé un DVD live en 2003, "Keep On Fuckin' in Paris'. Avez-vous un rapport particulier avec la France ?

Blaine : Oui, bien sûr.


Et comment expliquez-vous cela ?

Ruyter : Explique-nous, toi ! On ne sait pas pourquoi nous-mêmes !

Blaine : On est déjà passé trois fois sur Canal +.

Ruyter : Les Français semblent apprécier la musique américaine.


Lenny (Kilmister, ancien chanteur légendaire de Motörhead, ndlr) a dit que vous étiez l'un des meilleurs groupes de rock au monde. Est-ce que vous pensez que ça vous a aidés à devenir plus populaires ?

Blaine : Je ne sais pas. Il y a des bluesmen et des jazzmen qui sont populaires aussi !


Maintenant que vous êtes plus connus, avez-vous plus de ressources, pour faire sortir cet album ou pour en faire la promo par exemple ?

Ruyer : Le label nous aide. Ils sont réglo avec nous et ils s'en sortent bien.





Pour finir, on a commencé cette interview en vous demandant quelle avait été la question que l'on vous avait posée trop souvent. Au contraire, quelle serait la question que vous aimeriez que je vous pose ?

Blaine : "Quel a été ton premier concert ?". C'était Kiss, en 1976 !


Merci beaucoup !

Les deux : Merci !


Merci à Childeric Thor pour sa contribution...



Plus d'informations sur http://www.nashvillepussy.com/
 
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