Le marathon continue. Après deux journées bien remplies nous sommes de retour au Manège Fonck de Liège pour le final du
Golden Age Rock Festival. La deuxième journée était placée sous le signe du hard rock vintage, la troisième s’annonce plus heavy avec pas mal de noms rares et un final qui s’annonce survolté avec une légende de la scène métallique.
Les festivités débutent avec Irish Coffee. Originaire d’Alost le groupe avait fait parler de lui au tout début des années 70 avec un hard teinté de blues très chaleureux avant de se séparer suite à la disparition de leur clavier Paul Lambert en 1974. De retour depuis 2002 avec William Souffreau fidèle au poste, le groupe est attendu par les fans pour un joli plongeon dans le passé. Avec ‘Tobacco Fields’ le combo envoie du groove d’entrée,chant éraillé vieilli au bourbon et musique hard blues prenante : une mise en bouche sympathique. Derrière avec ‘Crazy Old Town’ on retrouve un titre plus hard efficace avec un bon solo faisant taper du pied. ‘No Good For Nothing’ et ‘Dark Clouds’ confirment cette montée en puissance avec un William parfait au chant. Ces titres ravissent un public sous le charme. Certes il est encore clairsemé en ce début de journée mais les gens présents savourent ce bon moment. La suite va être toute aussi appréciable. ‘The Beginning Of The End’ est un gros moment de blues rock tout en feeling puis ‘Down Down Down’ remue son monde avec un bon ton hard rock classique. Autour de ces titres les deux parties de ‘The Show’ ont été remarquables de classe. Enfin avec ‘Child’ ou Masterpiece’ le groupe confirme sa forme avec une force musicale tirée des 70’s. Il reste un rappel et la belle version du ‘Helter Skelter’ des Beatles fait son effet et conclut le concert en beauté. Irish Coffee a donné un concert de belle tenue et a lancé la journée de fort belle manière.


Il est encore tôt pour une légende telle que Pat McManus mais les fans sont bien là et la salle est à présent bien remplie. De plus comme le rappelle le présentateur le guitariste irlandais va baser son concert sur ses grands moments avec Mama’s Boys. Et ça démarre fort avec ‘Last Thing At Night’; extraite de ‘Growing Up The Hard Way’, la chanson nous rappelle à quel point le groupe était une pointure en matière de hard classieux. Pat brille avec un feeling énorme et un toucher inégalé avec un petit côté blues. Extrait de "Turn it Up" sorti en 1983 ‘Gentleman Rogues’ est une claque hard heavy qui envoie du lourd avec un chant éraillé parfait et un solo de feu. Avec ‘Running From The Wreckage’ on retrouve un extrait de la carrière solo de Pat. Et on ne peut qu’apprécier la chaleur taillée dans le meilleur d’un pur hard irlandais. Avec ‘Blacklisted’ puis ‘Runaways Dreams’ Pat et sa bande reviennent sur le répertoire de Mama’s Boys et le plaisir reste le même à l’écoute de ces titres taillés dans un hard chaleureux et dotés de refrains efficaces. Il y a aussi une belle classe musicale, avec finesse dans chaque riff et soli. A la fin de la deuxième, Pat sort son violon pour un ‘Shuffle’ dansant. Ce titre traditionnel irlandais est d’une chaleur impressionnante balançant droit dans un vieux pub. Pat prend la parole et se souvient du concert donné en Belgique avec Scorpions en 1984, évoquant de jolis souvenirs aux plus anciens présents. Derrière ‘Belfast City Blues’ fait un carton, le titre extrait de "Plug It In" de 1982 dégouline de feeling avec toujours un ton hard irlandais. Le concert est déjà une réussite totale et son final va être dantesque. ‘Straight Forward, No Looking Back’ est un gros moment de hard teinté de heavy. ‘Mama Don’t Do It’ permet à Pat de briller avec des parties de guitare endiablées. Après la reprise brulante du ‘All Along Away The Watchtower’ de Dylan, Pat rend un hommage émouvant à Gary Moore et dégaine un ‘Belfast Boy’ teinté de blues qui a donné le frisson. ‘Needle In The Groove’ achève un formidable concert avec un ton brulant et une virtuosité toujours présente. Pat McManus a proposé une prestation remarquable. Ce concert exceptionnel restera à n’en point douter dans les mémoires, il a fait revivre l’esprit de Mama’s Boys avec une classe rare.


Niveau émotion le niveau va monter d’un cran avec l’arrivée de Rudy Lenners. Avec la formation Pictured Life with Friends, le batteur est à Liège pour un concert spécial, il a choisi de ranger ses baguettes et propose un concert avec nombre d’invités. Il a joué dans Scorpions mais a aussi participé à plusieurs groupes. Pour cette occasion notre ami présentateur va se placer derrière la batterie pour présenter chaque formation afin de guider les gens. La première c’est Steelover avec qui il a joué dans les années 80 et qu’il a réactivé en 2016. Sur deux titres, ‘Forever’ et ‘Rock Bottle’, on retrouve un bon hard bien gras avec un chant allant loin dans les aigus et une belle force heavy. Sur la deuxième on aura pu savourer un excellent solo et l’excellent jeu puissant de Rudy. La suite c’est Besty Ball qui a œuvré à la même époque. Deux titres sont au programme et ‘I Can’t Forget Her’ et ‘Restless Night’ nous permettent de savourer un hard plus blues porté par un chant éraillé parfait. Ensuite nous retrouvons Such A Noise qu’il a rejoint au début des années 90 avec un hard teinté de blues et de psyché pas loin d’un Hendrix. Avec ‘Sweet Jane’ ou ‘Come On’ on apprécie le feeling chaleureux et cette belle classe technique. Le public apprécie ce retour dans le passé, on sent que Rudy apprécie l’accueil, il y a un joli côté émotionnel dans tout cela. Plus encore quand sa fille l’accompagnera à la batterie lorsqu'il enchaine avec Substitute. Avec son groupe de reprises des Who avec Alain Pire à la guitare il propose ‘In Can See For Miles’ et ‘My Generation’. Ces deux classiques font leur effet dans un parfait état d’esprit à la fois frais et sympathique. Le final approche et voit le retour de Steelover. Toujours aussi heavy, la formation fait un sacré carton et plus encore avec le medley consacré à Scorpions, le moment phare du concert, très attendu. Se présentant comme "les venimeux" les musiciens balancent ‘Top Of The Bill’, ‘Speedy’s Coming’, ‘Pictured Life’ et ‘In Trance’ pour le plus grand bonheur des spectateurs. Ce retour sur sa période Scorpions, entre 1975 et 1977, fait un joli carton. Le final de ce long concert, le plus long du week-end, sera un immense bœuf sur le ‘Rockin’ In The Free World’ de Dylan. Tous les musiciens sont là avec en plus Pat MacManus pour un moment de communion très chaleureux. Rudy Lenners a conclu de belle manière une carrière riche, son petit mot final avec sa fille aura mis le frisson a plus d’un. Ce concert restera comme un joli souvenir pour tous.


Avec Heavy Pettin’ le festival frappe autre un joli coup. La formation écossaise avait marqué les années 80 avec un heavy mélodique dans l’esprit de la NWHOBM et deux albums brulants et des concerts marquants dont Reading en 1983. Disparue à la fin de la décennie elle fait son retour depuis 2017 pour le plus grand bonheur des nostalgiques amateurs de ce son puissant et accrocheur. Après une intro typique des années 80 le groupe balance une belle charge heavy avec ‘Victims Of The Night’. Cet extrait du premier album référence ‘Lettin Loose’ est une splendide charge de heavy metal avec un riff énorme, une batterie bien en avant et un chant haut perché typique de l’époque. Premier single du groupe paru en 1982, ‘Roll The Dice’ confirme la belle santé des revenants. C’est une bombe de heavy old school avec un rythme soutenu et un chant toujours aussi bon. Avant ‘Love Times Love’ Steve Hayman s’adresse au public pour le faire bouger puis le titre est une nouvelle claque très rythmée. ‘Break It Down’ est une rareté parue sur une compilation de 2007 mais elle fait son effet avec un excellent refrain avec chœurs et un riff brûlant. ‘Rock Me’ est marquant avec sa montée en puissance et un autre bon refrain. ‘Shout It Out’ est un concentré de heavy metal tandis que ‘Sole Survivor’ ravit son monde avec un côté accrocheur pas loin d’un Def Leppard. Le final va être tout aussi excellent : ‘In And Out Love’, ‘Rock Ain’t Dead ou ‘Hell Is Beautiful’ nous rappellent à quel point le groupe était bon et on comprend qu’il ait marqué une génération. Sur ‘Throw A Party’ le public est mis à contribution dans un bel esprit de fraternité pour un moment sympathique. Heavy Pettin’ a montré qu’il n’était pas qu’un souvenir en balançant un concert frais et énergique. On ignore quelle sera la suite, mais en attendant chacun a savouré le moment présent avec appétit.


Avec 220 Volt le festival accueille un autre nom qui a illuminé la scène hard metal des années 80 avant de disparaitre lui aussi au tournant des années 90. Il est de retour depuis 2002 et a même signé un nouvel album en 2014. Les anciens se souviennent que les Suédois proposaient un hard costaud et mélodique et qu’ils avaient été vus comme un concurrent sérieux à Europe. Ce concert est donc un bel évènement pour les amateurs et le public est bien présent. Pour ce set le groupe ne va pas se reposer sur ses lauriers. Il va proposer des titres récents dont son dernier single en date et revient sur ses débuts avec juste deux extraits de ‘Power Games’ sorti en 1984. Malgré tout la prestation va être de qualité. D’entrée avec ‘System Overload’ ça dépote sec. Le titre est dynamique et mélodique, le chant grave le fait bien et on savoure un bon petit solo. Ce bon début est confirmé avec ‘The Harder They Come’ dans la même tendance heavy rock mélodique avec un côté accrocheur efficace. ‘One Good Reason’ se fait plus blues avec un bon refrain avec chœurs. L’accueil est sympathique et l’ambiance excellente. Avec ‘Fair Enough’ on retrouve le dernier single en date du groupe. C’est un bon titre de hard mélodique typique du son des années 80 avec un timbre voilé et un riff efficace. ‘Dog Eat Dog’ confirme ce côté qui dépote mais en sachant garder la mélodie au centre du propos. Le refrain est excellent et permet de savourer le chant grave d’un Goran Nykstorm à l’aise dans la formation. Arrivé récemment il s’est déjà fait sa place dans le groupe. Avec ‘Love Is All You Need’ on retrouve la ballade crapuleuse par excellence qui joue bien sur le côté émotionnel. ‘I’m On Fire’ relance la machine de belle manière avec un côté pêchu sympathique. La fin approche, après ‘Eye To Eye’ et ‘Waliking In Starlight’, deux autres morceaux efficaces, le groupe revient sur les années 80 avec ‘Firefall’ et ‘Heavy Christmas’. Ils achèvent le concert en beauté avec une belle pêche heavy par des soli de feu et des refrains simples et efficaces. 220 Volt a proposé un concert de qualité, le groupe semble bien décidé à ne pas lâcher l’affaire et on ne peut que saluer sa ténacité au service du hard mélodique.

La journée est déjà une réussite et ce n’est pas fini. Il reste deux gros morceaux, le premier c’est Angel découvert par Gene Simmons au milieu des années 70. Le groupe était la face lumineuse face à la face sombre représentée par Kiss avec des musiciens habillés en blanc. Après divers péripéties dans les années 80, le groupe a fait un retour avec Punky Meadows et Frank DiMino en 2018. Angel, c’était la face hard sophistiqué et progressif face au hard basique de Kiss. L’idée de retrouver le groupe pour la première fois en Belgique est stimiulante et les fans sont là. Le plongeon dans le passé est au rendez-vous dès l’intro cinématographique. L’arrivée des musiciens en blanc le fait bien, certes les rides sont présentes et on sent le poids du temps, mais le charme agit avec ‘On The Rocks’. Il y a ce côté old school avec la voix qui porte, le clavier et une belle partie instrumentale. Après ce bon début ‘Mirrors’ confirme avec un ton plus rock’n’roll et la voix parfaite de DiMino puissante et mélodique. Le concert est lancé et avec ‘Can You Feel It’ le groupe enfonce le clou et monte en puissance. Le titre est une décharge de hard rock qui ravit le public. Il répond parfaitement au petit jeu sur les "yeah" et ‘Wild And Hot’ fait son effet avec ce côté hard à l’ancienne qui fait taper du pied. Avec ‘The Fortune’ on retrouve un joli moment de bravoure. Le clavier donne le côté prog 70’s puis le gros démarrage hard rock fait son effet avec le toucher parfait de Punky à la guitare. Il y a le côté progressif pompeux marqueur d’une époque mais tout cela est efficace. Après ce grand moment qui a donné le frisson, ‘Don’t Leave Me Lonely’ est dans ce ton à l’ancienne avec un charme fou. La fin approche déjà... ce final va être royal, il y a d’abord ‘Feelin’ Right’ qui fait son effet avec un côté hard rock et des passages instrumentaux de haute volée, à la guitare comme au clavier. ‘Rock & Rollers’ et ‘Tower’ achèvent cette prestation brûlante avec le même ton hard teinté de progressif dans un pur esprit 70’s. Angel effectue un retour brillant. Au-delà de l’aspect un peu kitsch des musiciens il y a la musique et celle-ci est toujours aussi plaisante. On guettera avec curiosité le futur album du groupe.


Après ce joli plongeon dans le temps il reste le final et celui-ci va être énorme. Il fallait quelqu’un de la trempe de Dee Snider, véritable showman, pour finir le festival en apothéose. L’ex-chanteur de Twisted Sister a toujours la foi et continue sa route sans se lasser pour porter la bonne parole heavy metal. Dans une chaleur intense le public attend avec impatience de recevoir une bonne leçon de musique. L’intro sur le ‘Exciter’ de Judas Priest est parfaite pour faire monter l’ambiance. Quand Dee débarque sur ‘Tomorrow’s No Concern’ c’est la raclée, le titre est une pure décharge de heavy metal. Ce début en force en colle plus d’un au mur et est parfait pour mettre dans l’ambiance. Derrière le premier morceau emprunté à Twisted Sister, ‘The Beast’, est une autre décharge qui fait mal. Snider est pleine forme et ne fait clairement pas son âge. L’homme a toujours cette voix impressionnante de force et se remue comme un jeune homme. A ses côtés ses compères ne sont pas de simples figurants et font le taf avec précision. Avec ‘You Can’t Stop Rock’n’Roll’, Dee balance une déclaration d’amour au rock et confirme qu’il est loin d’être usé. L’accueil est enthousiaste et en grand professionnel, comme un politique Dee a le mot pour se mettre le public dans la poche en un rien de temps. Après ce début en fanfare le rythme ne faiblit pas. Issu de "For The Love Of Metal" ‘American Made’ est une grosse baffe de heavy plus moderne d’une sacrée efficacité.


La suite va remettre à l’honneur le répertoire de Twisted Sister, ce que tout le monde attend il faut bien l’avouer. Il y a d’abord ‘Under The Blade’ Dee Snider, un parfait classique du heavy mtal qui n’a pas vieilli d’un poil et qui fait son effet avec son refrain imparable. ‘The Kids Are Back’ est aussi efficace tandis que ‘We’re Not Gonna Take It’ rencontre le même succès quelque soit l’endroit où il est joué. Le carton est total avec son refrain repris en boucle et impossible à oublier. La dernière partie s’engage avec ‘Become The Storm’, lui aussi issu de l’album de Dee et dans une chaleur étouffante le titre fait le même tabac avec son côté heavy. La suite est impeccable avec l’énorme ‘Burn In Hell’, le titre reste une bombe qui monte savamment en puissance pour mieux tout exploser sur son passage sur un refrain d’une rare intensité. Après un ‘The Price’ tout aussi bouillant, ‘I Wanna Rock’ retentit et confirme son côté hymne absolu avec cet autre refrain repris avec un plaisir total par un public bouillant. Le medley final composé de ‘Real Wild Child’, ‘I’m A Rocker’ et ‘Rock’n’Roll’ est un immense moment que Dee prend plaisir à faire durer pour le plus grand bonheur des fans. Le concert s’achève en beauté mais le groupe revient rapidement pour un rappel intense avec ‘For The Love Of Metal’. Cette déclaration d’amour au heavy metal est idéale pour achever le concert. Dee Snider a fait honneur à son statut avec un set bien mené et a ravi le public même si on aurait aimé qu’il soit un peu plus fourni. Les présents auront savouré la chance de le voir de si près surtout en ayant appris depuis qu’il faisait une pause dans ses activités musicales.

Ceci achève pour nous un festival très réussi d’un bout à l’autre, parfaitement géré et organisé par une très sympathique bande. Le Golden Age Rock Festival est bien né et on lui souhaite une belle et longue vie.