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Devils Rock For An Angel est une belle aventure initiée en 2015 par Didier et Ann pour lutter contre le cancer, notamment chez les enfants, et ainsi rendre hommage à Céleste trop tôt disparue. Pour cette cinquième édition toujours organisée dans la salle communale de Zillebeke, pas loin de Courtrai en Belgique, on retrouve 9 formations avec une belle variété de genres.
Cette longue journée commence en début d’après midi avec la venue de Primal Creation. Le public est déjà au rendez-vous pour accueillir une formation qui a vu le jour en 2007 et a sorti son premier album en 2017. Elle parcourt pas mal les routes et vient d’avoir l’honneur de jouer au Wacken Open Air. Disposant d’une demi-heure le groupe belge ne va pas perdre de temps et foncer dans le tas. Après une bonne intro le ton est donné avec ‘The Mockracy’, délivrant un thrash percutant porté par la voix d’un Koen au ton évoquant Testament et avec quelques accélérations à la Kreator. Le son est bon, le groupe est en forme et ce bon début se confirme avec le diptyque formé par ‘Vote Clown – Await The Trap’ et ‘Vote Clown – A Lost Cause’, faisant toute la force d'un thrash qui remue le public et montrant la maturité des musiciens. Avant ‘Good Riddance’, Koen a un mot sympa pour les organisateurs et la cause du jour, puis le titre fait un joli carton. ‘Emperor’ et ‘Retain The Fight’ achèvent en beauté cette prestation avec un ton thrash moderne. Primal Creation a lancé les hostilités avec efficacité. Il propose un excellent mix entre classicisme et modernité et a montré qu’il avait les cartes pour faire un carton à large échelle.
Après ce bon début nous retrouvons une jeune formation belge, Oceans Burning, qui a vu le jour en 2018. Depuis elle ne perd pas de temps avec de nombreuses dates et un premier album à venir. Elle évolue dans un death mélodique teinté de thrash dans l’esprit d’un At The Gates avec une pointe de thrash pour un résultat incisif. Avec ‘This Mortal Coil’ on nage dans le meilleur du genre avec une bonne puissance de frappe et une place laissée à la mélodie avec un Jadran au timbre de voix agressif efficace. Après ce bon début le groupe confirme avec son premier single ‘Where Dreams Bleed’. Précédé d’une intro douce, le titre enfonce le clou avec un excellent chant grave, du growl et des riffs acérés. ‘From The Depths’ est porté par un excellent riff à la fois rapide et mélodique et fait un carton avec en prime un excellent solo. Le concert file vite et ravit un public qui apprécie cette prestation énergique. ‘The Burning Horizon’ est une autre baffe avec un esprit death de Göteborg, un gros rythme et batterie qui ne fait pas de quartier. ‘Dying Son(g)’ puis ‘Summer’s End’ déboitent tout autant et achèvent en beauté une prestation que l’aurait bien vu durer plus longtemps. Oceans Burning a montré qu’il était un bel espoir pour la scène belge. Il fait revivre l’esprit des années 90 avec une classe certaine.
Anywnn est bien connu des amateurs de death metal symphonique. Les Bruxellois ont une belle armée de fans et tournent pas mal. Ce concert du Devils Rocks est néanmoins différent des autres : Vincent vient récemment de quitter le groupe après 10 ans de bons et loyaux services. Pour ce concert le groupe a fait appel à Kelly Thans qui officie dans Pandora’s Key pour le chant growl. La chanteuse a eu à peine 10 jours pour apprendre le répertoire mais cela ne va jamais se sentir ; au contraire la cohésion affichée sera remarquable, donnant l’impression qu’elle officie dans le groupe depuis des années. Ce concert est aussi l’occasion de lancer des nouvelles chansons devant un public qui remplit bien la salle. Tout débute avec une intro cinématographique épique, puis les hostilités sont lancées avec une première nouveauté. Le ton monte doucement en puissance puis le titre s'envole avec une belle place faite au clavier, des chœurs puis avec l’arrivée de Kelly très à l’aise en registre brutal. Sa collègue Eline amène une douceur angélique remarquable, le duo prend d’entrée et le titre ravit son monde avec sa belle variété de ton. La suite avec ‘Unfolded’ puis ‘Clockwork In The Past’ est aussi réussie. Ces nouvelles chansons sont dynamiques et puissantes, portées par un duo en parfaite symbiose. Il y a du Epica pour ce mix entre force de frappe teintée de death et mélodie accrocheuse. ‘Keratin’ est un joli retour au passé avec une facette symphonique et Kelly au top. ‘No Bullet Recycled’ et ‘For The Life Of Me’ sont aussi des nouveautés prometteuses. Il y a un côté folk par le clavier, une facette majestueuse et des chants en parfaite harmonie, Eline brillant avec un ton doux sachant se faire mordant. Après la reprise du ‘Now I Lay Thee Down’ de Machine Head qui fait toujours son effet, le concert s’achève avec le classique ‘Sword And Blood’. Symphonique et puissant il en impose avec un growl impressionnant de force. Il est aussi l’occasion pour le groupe de jouer avec son public avec bonne humeur. Anywnn a réussi son pari haut la main ; ce line-up a été très efficace et on attend désormais la suite avec impatience tant le nouveau matériel sonne bien.
Après ce très bon moment, place à Vanaheim. La formation néerlandaise a vu le jour en 2015 et propose un pagan folk inspiré de la mythologie nordique dans l’esprit de Finntroll. Le groupe débarque maquillé et dispose d’un joli décor. Il va proposer des titres longs qui installent une ambiance dans laquelle on se plonge avec plaisir. Le public est d’ailleurs bien présent pour assister à cette fête pagan. D’entrée ‘From The Dark Lands’ lance efficacement le concert. Le titre est très dynamique et on sent déjà le vent du nord qui souffle. Le voyage se fait épique et puissant par un growl costaud. L’ensemble envoie du lourd avec une force d’âme certaine, le tout dans l’esprit d’un Amorphis. Ce début enchante tout le monde et le speech appelant à la fraternité autour de la lutte contre le cancer fait l’unanimité. Portée par un début folk, ‘Daughter Of The Dawn’ est une superbe chanson entrainante et rythmée avec une belle force et des mélodies impeccables. Le chant folk est fameux et chacun se laisse entrainer dans ce joli voyage. La suite avec ‘Domovoi’ puis ‘Bound Between Times’ est réjouissante. On retrouve de jolis passages acoustiques, une facette metal au travers de riffs bien acérés et un côté dansant réjouissant. Le chant teinté de growl est très efficace et ajoute à la puissance de l’ensemble. Le dernier titre, ‘The Dwarven Chant’ est une fin remarquable. Elle entraine le public au plus profond de la mythologie du nord avec un côté frais et dansant mixé à une belle puissance métallique dans un pur esprit pagan folk. Vanaheim a donné un chouette concert apprécié par le public, et montré que dans le genre il avait les armes pour se faire un nom.
Avec Beyond The Labyrinth nous retrouvons un groupe qui a pas mal vécu depuis ses débuts en 1996. La formation belge a sorti 4 albums et des singles et vient récemment de proposer un EP, "Brand New Strart". Elle a aussi connu pas mal de changements de line-up avec à la barre depuis le début le guitariste Geert Fieuw. Cet EP porte bien son nom car il voit le groupe retrouver un chanteur avec Filip Lemmens, bien connu des fans depuis son passage dans Fireforce, après un album avec plusieurs vocalistes. Le groupe évolue dans un heavy metal mélodique teinté de hard rock 70’s. Le public est au rendez-vous et l’intro met dans l’ambiance avec une douce montée en puissance et un joli côté épique et symphonique. Puis ‘Fear’s The Killer’ entame fort, porté par un riff costaud et le chant toujours aussi puissant de Filip, avec un côté heavy 70’s sympathique dans l’esprit d’UFO ou de Uriah Heep. Derrière avec ‘Brand New Start’ le groupe propose un extrait de son nouvel EP. Soutenu par l’orgue Hammond et des chœurs efficaces, il est un autre bon moment de heavy old school avec un chant mélodique et puissant. Le concert est très bien lancé et chacun dans le public apprécie ce joli côté vintage. Derrière ‘Wings’ est une claque avec un côté mélancolique très 70’s. puis ‘In Flander Fields’, extraite du premier album et reprise sur l’EP, fait son effet avec un bon côté progressif à la Fates Warning et un excellent refrain. La dernière ligne droite est entamée. ‘Beyond The Labyrinth’, dans le même esprit heavy à l’ancienne avec un clavier toujours à l’honneur, cartonne. Et ‘Carry On’, plus accrocheuse et teintée de FM, est excellente et confirme la belle cohésion de ce nouveau line-up. La reprise du 'Highway Star' de Deep Purple achève le concert en beauté dans un bel esprit de communion avec le public. Beyond The Labyrinth nouvelle formule a été convaincant et a fait des heureux parmi les amateurs de ce son heavy classique. Le groupe est parfaitement relancé, il faudra suivre la suite de ses aventures de près.
En attirant Xaon, le festival a réussi un joli coup. Avec leur death symphonique et orchestral, les Suisses sont une des révélations de ces dernières années. Récemment avec Septicflesh ils avaient scotché leur monde avec un sens énorme de l’emphase et de la mélodie porté par un chanteur haut en charisme. Le groupe est très attendu avec un mélange de curiosité et d’envie. D’entrée avec ‘Mobius’ il démarre en trombe. Ceux qui connaissent le groupe retrouvent avec plaisir ce riche univers et les néophytes sont collés au mur. Le chant teinté de clair et de growl emporte loin tandis que la musique entraine dans un tourbillon d’émotions. Elle aussi extraite du nouvel album ‘Carillon’ prend aux tripes. La combinaison entre death et symphonique est parfaite, et le chant clair est d’une force rare. On prend une décharge de puissance en pleine tronche et cela ne va pas faiblir avec ‘Solipsis’. Le départ avec le growl est énorme, Rob balance une sacrée intensité puis le côté épique du titre impressionne avec une énorme force d’âme. Après ce trio de nouveauté le groupe revient à son premier album avec ‘On The Nature Of Flights’ et ‘Khadath Al Khold’. Le résultat est toujours aussi dantesque, le chant clair donne encore le frisson et la musique est remarquable avec une force mélodique prenante et une puissance orchestrale qui colle au mur. Sûr de la force de son nouvel album, le groupe en balance quatre nouveaux extraits. De ‘Cipher’ à ‘Beast’ en passant ‘Eros’ et ‘Monolith’ il confirme sa forme éclatante pour un death symphonique d’une rare classe. Il termine avec un énorme ‘Zarathustra’ tout aussi fort et prenant. Xaon a forcé le respect avec un concert brulant qui a fait passer le public dans un impressionnant tunnel émotionnel. Au vu de la file d’attente à son stand on peut affirmer qu’il a été une révélation. S’il continue sur cette voie, le groupe suisse semble promis à un avenir radieux.
Après ce formidable moment de grâce, le rock’n’roll est à l’honneur avec Crossplane. Partout où ils passent et notamment récemment au HRB de Givenchy en Gohelle, les Allemands mettent le feu avec un hard rock héritier de l’esprit de Motörhead. Précédé d’un simple We Are Crossplane, le titre ‘Bring The Fire’ lance idéalement les hostilités devant un public bien chaud. Il est un hymne au rock porté par un chant teinté de bourbon avec un rythme simple et direct. La suite avec ‘Brave New World’ est brûlante. Court et nerveux, le titre est une déflagration porté par un excellent refrain. Après un bon speech en forme de déclaration d’amour au rock, le concert continue de plus belle avec ‘In My Veins’, ‘Take It Ofr Leave It’ et ‘I Will Be King’. Le groupe y confirme son excellente forme et balance la sauce avec un dynamisme qui fait plaisir à voir. L’ambiance est chaleureuse, droit dans l'esprit rock cher à Lemmy. La suite est toute aussi délicieuse, le feeling et la sympathie que dégagent le groupe emportent l’adhésion dans le public. Avec en vrac ‘Real Life’, ‘Demons’ ou encore ‘Easy Lay’, il fait un carton avec une énergie folle. Le public scande le nom du groupe à pleins poumons et lui fait un triomphe mérité. En fin de prestation ‘Balls’ et ‘Dance With The Devil’ font le même effet avec toujours un chant houblonné, des riffs diaboliquement simples et des soli de feu. Crossplane a donné une belle claque avec un concert taillé dans le meilleur d’un hard rock vintage sans chichis. Il a confirmé qu’il était un sacré bon client pour prendre la relève des grands anciens du genre.
La journée est bien avancée et a proposé de jolies prestations mais il reste deux gros morceaux pour l’achever. Le premier c’est Hexa Mera, une formation bruxelloise qui a vu le jour en 2010 et qui a su se faire un nom avec un death mélodique teinté de thrash. Au travers de prestations brûlantes, le groupe s’est taillé une jolie réputation et chacun s’attend à le voir mettre le feu. Après une intro sombre teintée d’indus le groupe lance les hostilités avec ‘Divide Et Impera’. Le growl de Yannick est impressionnant et le rythme de la chanson l’est tout autant. On se prend une tarte en pleine tronche avec un côté death guttural efficace. Après ce début en fanfare le groupe ne ralentit pas le tempo et balance avec ‘Anthropic Principle’ un nouveau missile. Il y a toujours le côté rentre-dedans mais mixé avec un côté groovy. Cela se confirme avec ‘Empyrean’, plus moderne dans son approche, très efficace et toujours servi par un growl costaud. Cette bonne dose d’agressivité se confirme avec ‘Inhuman’ et ‘Dare To Know’ taillés dans le meilleur d’un metalcore hargneux ne tombant pas dans les travers mielleux du genre. Le public apprécie la leçon. Le groupe fait excellente impression et ne ralentit pas le tempo avec ‘Archetype Of Hate’ puis ‘Inhale Chaos’ qui sont aussi percutantes. La prestation approche de son terme et le trio final va être chaud-bouillant. ‘Dead Inside’est une autre baffe tandis que ‘Anger Rising’ voit Yannick haranguer le public pour l’inciter à se remuer fortement. Ce titre est d’un bel impact tout comme le final avec ‘Human Entropy’, retrouvant un ton death particulièrement costaud qui ne fait guère de quartier. Hexa Mera a fait bonne impression : même s’il n’invente rien de neuf en matière de metalcore il manie la poudre avec efficacité. Il proposé un concert nerveux et a montré qu’il méritait sa place en haut de l’affiche.
La tête d’affiche du festival devait être Messenger. Mais suite à l’annulation de leur venue fin août, les organisateurs ont du trouver une solution de remplacement. Celle-ci se nomme Lord Volture et arrive des Pays-Bas. La formation a vu le jour en 2010 et a déjà pas mal bourlingué et a en ouvrant pour Y&T, Diamond Head ou Firewind avec aussi plusieurs tournées un peu partout en Europe. Avec son heavy metal inspiré par Iron Maiden et Iced Earth il est le client idéal pour finir la journée de la meilleure des manières. Après une intro typique en forme de calme avant la tempête, le groupe lance son concert avec ‘Beast Of Thunder’. Le titre fait un tabac avec un côté speed mélodique irrésistible servi par la voix haut perchée de David Marcelis. Aux guitares le duo formé par Paul et Leon est tout aussi efficace dans la tradition des duos heavy, et balance riffs et soli acérés. ‘Where The Enemy Sleep’ enchaine et est une autre bombe avec un refrain impeccable et une mélodie imparable. Après un speech sympa le groupe enfonce le clou avec ‘Minutes To Madness’. Porté par un riff de mammouth, le titre se rapproche d’un heavy à la Priest avec un chant plus grave efficace. ‘Omerta’ est un autre bon moment qui nous fait nager dans un pur heavy 80’s. ‘The Pugilist’ est tout aussi costaud avec un excellent travail mélodique. Derrière David a un mot sympa pour les organisateurs puis ‘Taiga’ ravit le public avec un ton rapide sympathique. ‘Wendigo’ est porté par un excellent riff et des soli de feux et fait son effet. L’annonce faite que les gains du merchandising du groupe iront à l’association fait l’unanimité puis la dernière ligne droite s’annonce. Avec ‘Will To Power’ puis ‘Time Will Tell’ le groupe confirme son aisance pour un heavy à la fois puissant et mélodique et fait un carton. Après un puissant ‘Line ‘Em Up’ le concert s’achève avec ‘Hearts Of Steel’. Ces deux titres particulièrement enragés montrent la face power d’un groupe qui sait faire parler la poudre. Lord Volture a été à la hauteur de son statut de tête d’affiche. Le groupe a montré qu’il était un solide client en matière de heavy metal et qu’il mériterait de connaitre un succès plus large.
Ce concert achève en beauté le Devils Rock For An Angel ; cette édition a été excellente à tout les points de vue avec des concerts de grande qualité au service d’une noble cause. Il nous reste à remercier Ann, Didier et leur équipe de bénévoles pour leur travail si important et leur donner rendez-vous rapidement pour de nouvelles aventures métalliques.