On s'était dit rendez-vous dans deux ans. Même jour, même lieu et quasiment même pommes. Alors que nous les avions laissés en plein milieu d'une fête foraine déglinguée, nous croisons les membres de Dusk of Delusion en plein milieu des travées de la Première Guerre Mondiale pour évoquer ce nouveau concept album "Watch Your 6" narrant les histoires dans l'Histoire de la Grande Guerre...
On s’était rencontrés au même endroit pour il y a quasiment deux ans jour pour jour pour la promo de "(F)unfair". Que s’est-il passé pour Dusk of Delusion pendant deux ans sachant que le but avoué de ce projet était de tourner ?
Benoît Guillot : On a tourné pendant deux ans. On a eu la chance de visiter plusieurs scènes partout en France. Et l’évènement marquant a été de faire la première partie de Mass Hysteria à Nancy.
Matthieu Morand : On a fait 45 dates pour défendre l’album, ce qui est honorable pour un groupe local…
Natan Gengenbacher : … qui sort son premier album !
Et comment expliquez-vous cette réussite finalement ?
Matthieu : Il n’y pas de secret : Benoît fait un gros travail de
booking et on a également pu tisser des liens avec certaines personnes, certains groupes qui nous permettent d’échanger quelques dates de temps en temps…
Concernant vos concerts, on a celui de Thionville qui avait été interrompu par un adjoint au maire qui ne supportait pas votre musique. Comment avez-vous vécu cet événement, quelles leçons tirez-vous de genre de mésaventure ?
Benoît : Il n’y a pas de leçon à tirer ! Comme à la fin de chaque concert, on a simplement posté un publication Facebook pour remercier les personnes d’être venues. Dans le cas présent, on a publié pour s’excuser de ne pas avoir pu jouer jusqu’au bout. Ce n’était pas véhément, ni de faire le buzz… Mais très rapidement, on a constaté que quelque chose se passait. Et finalement, on a profité de ce buzz…
Natan : … notamment dans les médias locaux…
Benoît : … qui en ont effectivement beaucoup parlé. On s’est servi de ce buzz non pas pour se faire victimiser mais tout simplement…
Matthieu : … parce que ce n’est pas normal que ça se passe ainsi !
Pourquoi un tel manque soutien de la part des élus et du monde politique en général, alors que certaines autres musiques le sont beaucoup plus ?
Matthieu : C’est inhérent à la France ! Je ne veux pas forcément faire la pleureuse mais la France est le parent pauvre du metal. Ce n’est pas ainsi dans des pays limitrophes comme l’Italie, la Finlande, l’Allemagne… Pendant des centaines d’années, on a eu d’excellents compositeurs de musique classique en France, aujourd’hui, il n’y a plus rien !
Natan : Si, Aya Nakamura…
Benoît : Le problème est un peu plus profond. Certes le rock et le metal sont un peu plus touchés par ce genre de choses mais on va se réjouir que la tournée de Koba LaD par exemple a été annulée à cause de ses propos homophobes. Bref, même si elle est parfois deux vitesses, il y a une justice pour tout le monde.
Pour revenir à Thionville, c’est un épiphénomène absurde parce qu’un agent de la mairie a outrepassé ses fonctions. D’ailleurs, on a rencontré le maire par la suite qui nous a présenté ses excuses et il nous a fait des propositions pour contrecarrer la chose. C’est un épiphénomène auquel on ne pense plus, même si ça a été dur sur le moment.
On vous avait laissé sur le thème des fêtes foraines et vous revenez avec "Watch Your 6" qui évoque la guerre. Est-ce un hommage aux disparus, un devoir de mémoire pour les jeunes générations ?
Benoît : C’est très intéressant comme question…
Natan : Très bonne question…
Ce sera la seule…
Matthieu : (Rires) !
Natan : Ce n’est peut-être pas le but premier mais si ça peut intéresser des gens pour apprendre l’Histoire, c’est un plus !
Benoît : La question est bonne sachant que tu as les deux réponses comprises.
Je ne me suis pas dit que cet album allait être un devoir de mémoire.
Je me suis dit qu’on avait un fil rouge qui allait nous permettre de
développer notre concept.

Mais quand vous vous êtes lancés dans la composition de l’album, aviez-vous cela en tête ?
Benoît : Pas du tout !
Matthieu : Non, je ne me suis pas dit que cet album allait être un devoir de mémoire. Je me suis dit qu’on avait un fil rouge qui allait nous permettre de développer notre concept.
Benoît : Quand le concept est né le 22 avril 2018 précisément dans un bar à Pigalle. Quand le concept est né, nous avions surtout une volonté de recherche historique parce que je suis professeur d’Histoire et en tant que Lorrain dont le paysage est marqué par cette période, ce sont des questions qui m’intéressent. C’est dont l’intérêt historique qui a été le premier facteur !
Il semblerait que vous -et plus particulièrement Benoît qui est prof d’histoire- soyez passionnés par ce type de sujet, pourquoi ne pas avoir développé de tels thèmes historiques dès le premier album ?
Natan : Il y en a un malgré tout sur le premier album…
Benoît : Il est plus en fond sur le premier album.
Mais pour ce thème de la Première Guerre Mondiale, outre le fait qu’on a fêté le centenaire récemment, j’y ai un intérêt personnel parce que je suis arrivé en Lorraine depuis maintenant dix ans. A l’époque, je ne connaissais rien de ce conflit et des marques qu’il avait laissé en Lorraine. En tant que passionné d’Histoire, je me suis intéressé et petit à petit, j’ai commencé à construire ma réflexion et ma connaissance sur ce sujet et j’ai eu envie d’en parler : c’est vraiment très personnel !
L’album semble dire que la Grande Guerre, c’est avant tout des petites histoires, des moments personnels. Est-ce c’est cette somme de petites histoires qui fait l’Histoire ?
Natan : C’est beau !
Matthieu : Je pense que c’est tout à fait ça ! A la fois, on ne voulait pas parler de la guerre mais elle s’évoque au travers de tranches de vie.
Ces histoires racontent comment le quidam moyen a traversé ce conflit à travers les émotions qu’il ressent.
Derrière la guerre désincarnée vue des états-majors, il y a des souffrances individuelles et des êtres bouleversés : vous semblez vouloir donner un visage aux anonymes de la guerre, est-ce que c’était votre intention ?
Benoît : Les études historiques sont très importantes mais elles sont beaucoup concentrées sur les batailles.
Natan : Pour le commun des mortels, ce sont des chiffres et on occulte tout l’aspect émotionnel !
Benoît : Exactement ! Quand je prépare mon cours d’Histoire, je donne des chiffres, je parle des grandes batailles… Dans cet album, nous voulions raconter des histoires d’hommes et de femmes qui n’ont pas forcément existé…
Natan : … mais qui auraient pu…
Benoît : Ces histoires racontent comment le quidam moyen a traversé ce conflit à travers les émotions qu’il ressent.
Natan : Cette guerre était totalement aveugle et déshumanisée…
Mais l’Histoire se répète et nos informations déversent à longueur de journée des guerres également aveugles et déshumanisées à des milliers de kilomètres d’ici… Quand je parlais de devoir de mémoire au travers de cet album, c’est afin de lancer une alerte pour éviter que l’Histoire se répète justement…
Benoît : Au risque d’être un tout petit peu caustique, ce qui m’embête dans le terme "devoir de mémoire", c’est que ça a tendance à renvoyer à l’image du monument au morts du village. Ce monument ne comporte uniquement que les noms des soldats morts. Nous voulions raconter autre chose, une autre histoire…
En clair, devoir de mémoire dans le sens où tu l’entends dans ta question, je suis totalement d’accord avec toi mais pas celui qui renvoie uniquement aux noms marqués sur les monuments aux morts !
A ce titre, chaque chanson est marquée par un sentiment particulier. Comment se fait le lien entre ses sentiments et les faits historiques comme les pièces d’un puzzle ?
Matthieu : Par rapport aux thématiques en elles-mêmes, je crois que Benoît s’est demandé ce que nous pouvions développer sur les sentiments de l’amour, de la colère… et mettre en relation avec des faits historiques. Pour le thème du courage par exemple, Benoît a choisi de parler des femmes qui restaient à l’arrière, qui s’occupaient des cultures et remplaçaient les hommes dans les usines… : même si ces femmes n’avaient pas d’autre choix, la notion de courage dans ces cas précis est réelle !
Benoît : La composition a suivi le thème qu’on avait choisi dès le début puisque le concept était arrivé très tôt. Nous avions quinze ou vingt potentiels thèmes/ émotions à traiter et à partir de là, nous avons composé sur la base de nos envies mais en se donnant des critères. Matthieu m’envoyait des chansons et en fonction de ce que j’entendais comme instrumentations, je voyais bien raconter tel ou tel sentiment… et ensuite, on écrit les paroles, les mélodies…
On continuera à faire des concept album parce que c’était vraiment l’essence du groupe à son début !
Après le concept développé sur "(F)Unfair", on se demande si Dusk Of Delusion est un groupe à concept albums et si c’est le cas, ne craignez-vous pas que ça vous ferme certaines portes et vous réserve ainsi à un public de connaisseurs ?
Natan : J’ai plutôt l’impression que ça nous ouvre des portes de faire un concept album : après le but est de trouver notre niche !
Benoît : Si ça nous ferme des portes : tant pis ! Quand Matthieu et Julien ont créé le groupe, c’était vraiment une condition : on voulait raconter des choses en composant des concept albums. Même si on se retrouve avec uniquement deux personnes à nos concerts et trois ventes d’albums : ce n’est pas grave, on continuera à faire des concept albums ! On continuera à faire des concept albums parce que c’était vraiment l’essence du groupe à son début !
Natan : Et c’est joli quand la communication est faite autour d’un seul sujet : il y a une cohérence !
Matthieu : Tu sais, que ce soit avec AkromA ou Elvaron, je pars du principe que les gens ont envie d’aller au fond des choses ! Je me dis que je m’adresse à un public qui a envie de plus que juste consommer de la musique !
Que ce soit avec AkromA ou Elvaron, je pars du principe que les gens ont
envie d’aller au fond des choses ! Je me dis que je m’adresse à un
public qui a envie de plus que juste consommer de la musique !

Mais sachant que Dusk of Delusion est étiqueté groupe de néo metal -même si c’est encore une fois surprenant de notre point de vue-, est-ce que faire des concept albums colle au style qu’on a voulu vous coller ?
Matthieu : Non ! C’est clair que je ne connais pas de groupes de néo qui ont fait des concept albums…
Natan : On fait notre sauce, on ne souhaite pas forcément se coller d’étiquette !
Matthieu : Quoi qu’il en soit, même si nos albums sont conceptuels, nos chansons peuvent se suffire à elles-mêmes dans un live. On rôde actuellement notre set avec nos nouveaux morceaux et ces derniers se marient bien avec ce qu’on faisait avant.
Benoît : Il n’y pas de concept en live…
Matthieu : On a une esthétique musicale qui reste ouverte, parlante et indépendante de la globalité du disque.
Benoît : Et pour revenir à la touche néo, elle se retrouve surtout sur le live parce que dans le live, on va avoir une énergie qui provient des groupes de metal à la Korn, Slipknot où tu as envie de sauter partout… Le concept est transposé sur la scène mais la scène est un endroit où on a envie de s’amuser et c’est compliqué de s’amuser avec un thème aussi complexe que la Première Guerre Mondiale, mais on va réussir parce qu’on a envie de faire sauter les gens, on a envie de bouger, on a envie de vivre le live et c’est là que le néo metal intervient. Mais pour conclure sur ce point, l’étiquette néo metal nous correspond de moins en moins et on est de plus en plus en train de se donner une étiquette de metal moderne.
L’étiquette fourre-tout par essence…
Natan : (Rires) C’est vrai que le mieux est de ne pas se coller d’étiquette !
L’album peut évoquer les productions de Ayreon (particulièrement “The Human Equation”) ou chaque chanson exprime un sentiment particulier, est-ce que c’était une inspiration et une volonté de votre part ?
Matthieu : Pas Ayreon en particulier mais j’ai une vraie culture prog, c’est indéniable et ça transparaît dans tout ce que j’écris. L’aspect prog j’ai surtout voulu l’aborder sur la chanson ‘Verdun’…
On y vient. On parle de progressif et on se demande si on est au contact d’un album de metal progressif comme pourrait le laisser penser la longue chanson pleine de variations ‘Verdun’ et les multiples variations en général…
Matthieu : Quand on a attaqué l’écriture de l’album, j’ai dit qu’il fallait qu’on monte d’un cran ! Nous sommes tous des musiciens avec des capacités techniques qui sont au-delà de ce que nous avions pu proposer sur le premier album…
Mais ne craignez-vous que certains qui ont apprécié le côté néo du groupe soient effrayés par un titre prog comme ‘Verdun’ ?
Benoît : Eh bien effrayons-les (Rires) ! On parlait d’étiquette juste avant : c’est dommage de rester cantonné à une étiquette ! Oui, nous sommes sur une énergie très néo mais nous avons également du prog, du heavy, du thrash… On a beaucoup d’influences et on aime les faire transparaître parce que nous faisons la musique qu’on aime et qu’on écoute avant tout et même si ça ne correspond à aucune étiquette !
Matthieu : Je pense que celui qui a aimé "(F)Unfair" se retrouvera quand même dans les titres de "Watch Your 6".
"(F)Unfair" reste vraiment un très bon album mais l’avantage de "Watch Your 6" est qu’il n’est pas un premier album et donc, il y a
cette prise de risque qui va apporter encore des choses
Votre précédent album "(F)unfair" avait été bien accueilli, même si à notre sens, il manquait d’une petite étincelle. Tu parlais tout à l’heure de monter d’un cran, est-ce qu’avec les émotions que véhiculent cet album, pensez-vous avoir trouvé cette étincelle ?
Natan : Pouvons-nous nous prononcer à ce sujet ? (Sourire)
Matthieu : Je ne sais pas, c’est très subjectif. Je pense que le cahier des charges a été atteint dans le sens où il y a de la prise de risque, nous ne nous sommes pas enfermés dans la facilité en faisant un truc qu’on savait déjà faire…
Benoît : C’est très important ce que vient de dire Matthieu. "(F)Unfair" reste vraiment un très bon album mais l’avantage de "Watch Your 6" est qu’il n’est pas un premier album et donc, il y a cette prise de risque qui va apporter encore des choses. A mon avis, "Watch Your 6" est un "(F)Unfair" plus (Sourire) !
“Watch Your 6” est un terme militaire. En quoi avec cet album on doit surveiller nos arrières ? Est-ce que c’est parce que vous allez surgir d’où on ne vous attend pas ?
Benoît : C’est beau, je n’y avais pas pensé !
Natan : Moi non plus…
Benoît : Elles sont vraiment bien tes questions : j’adore !
Matthieu : Non mais Music Waves, c’est des dingos, il va nous retourner l’esprit (Rires) !
Benoît : Effectivement, quand on a réfléchi au titre, j’y voyais plutôt le fait que le mal ne vient pas forcément d’où on pense qu’il va venir. C’est beaucoup plus terre à terre ! On a également essayé de montrer que la Première Mondiale, c’est : "Les Français sont les gentils et les Allemands, les méchants !". J’espère qu’on a réussi à montrer que les Allemands ont également dénombré des morts de leurs côtés, ils étaient également tristes, il y avait de la violence dans leur camp… et que les Français étaient aussi des salauds, on le voit avec le Poilu de la Marne pour le clip de ‘Letters to C’ mais on se rappellera que les Français ont inventé une baïonnette -la Rosalie- qui était prévue pour faire des blessures tellement profondes qu’elles ne peuvent pas être recousues…
En résumé, l’idée de "Watch Your 6" est que le mal peut venir de n’importe où !
On a évoqué vos influences larges et pas cantonnées au simple néo avec du prog et presque du thrash parfois. Est-ce que c’était une volonté de les étendre et quand vous disiez monter d’un cran, cela devait-il nécessairement passer par un enrichissement de styles ?
Matthieu : Passer un cap passait par le fait que nous n’avons pas vraiment de barrière. Si je veux coller un riff qui sonne heavy, je le ferai. Si on veut faire de la twin guitar à la Maiden, on le fera. Si on veut faire du thrash, on le fera. Si on veut faire du blast -bon, il n’y en a pas- mais on le fera… Tout c’est décidé ainsi, j’ai écrit ce qui me venait en faisant en sorte de me demander si ça servait la chanson…
Les solos sont nombreux, avec de longues chansons et des orchestrations, est-ce que vous n’avez pas peur de perdre l’efficacité et la puissance que l’on ressentait sur l’album précédent ?
Natan : Tu vas nous le fâcher (Rires) !
Matthieu : J’ai une vraie passion pour le solo de guitare…
Ces vingt dernières années, dans certains styles, le solo de guitare a perdu ses lettres de noblesse !
… ça s’entend !
Matthieu : (Rires) ! Quand j’étais gosse et que j’écoutais de la musique, le solo de guitare avait toujours une importance assez marquée que ce soit Maiden, Metallica… et je trouve que ces vingt dernières années, dans certains styles, le solo de guitare a perdu ses lettres de noblesse ! C’est dommage ! Ça a fait l’objet de débats au sein du groupe : solo ou pas solo…
Benoît : Finalement, c’est solo (Rires) !
Il n’y a pas de leader dans le groupe…
Benoît : Non mais quand même (Rires) ! Non mais le débat était que nous avions peur de perdre de la puissance par les solos et de perdre tous ces moments dans le néo qui te permettent de sauter partout, de faire des pogos…
Vous allez donc réagencer ces morceaux, ces solos pour la scène je suppose ?
Benoît : Tu supposes parfaitement ! En fait, on a déjà testé en live et des solos passent très bien et notamment lors d’un concert avec Mass Hysteria, on a monté un immense wall of death pendant le solo…
Matthieu : Et peut-être allons-nous ramener le solo au cœur de la musique ?
La violence de l’album qui est réelle va servir la dynamique du live.
Même si nous avions cette crainte, néanmoins cet album est plus presque sombre et plus violent que “(F)unfair”, tout en étant moins lourd, comment expliquez-vous ce paradoxe ? Est-ce le thème et les émotions dégagées qui expliquent cela ?
Benoît : Je ne suis pas forcément bien placé pour répondre mais personnellement, je ne le trouve pas plus sombre. Plus violent, oui mais dans une violence dynamique qui du coup, sert la musique en live. Je pense que la violence de l’album qui est réelle va servir la dynamique du live.
"(F)Unfair" était un album très, très sombre au travers les thèmes abordés. A mon avis, ce qui joue sur cette couleur qu’on donne à l’album, c’est que les paroles de "Watch Your 6" donnent peut-être plus envie de les lire que celles de "(F)Unfair" et on se rend ainsi moins compte que "(F)Unfair" était un album très sombre dans ses paroles…
Matthieu : Franchement, je n’avais pas du tout cette analyse. C’est fou ! C’est vachement cool d’avoir ces échanges. Je n’ai pas l’analyse de me dire que le côté sombre va venir de la lecture des paroles.
Benoît : Les paroles participent à la couleur de l’album…
Et c’est tout l’intérêt d’un concept album, Monsieur Morand
Matthieu : (Rires)
Benoît : Tu sais Matthieu, à partir du moment où on lui laisse faire ses onze solos, il est content (Rires) !
Matthieu : Non mais on est tellement dedans qu’on n’a pas ce recul et c’est ce qui est intéressant dans ce type d’interview.
Cet album dans sa structure fait penser à “Sept” d'Akroma, où chaque piste était dédiée à un pếché capital. Est-ce que vous vous êtes rendu compte de ce parallèle ?
Matthieu : Non, je n’y avais pas pensé : je suis désolé (Rires) ! Mais c’est vrai que maintenant que tu me le dis… Depuis que je fais de la musique, j’ai toujours fait des albums conceptuels avec des thématiques diverses, des manières diverses d’aborder le concept… mais c’est intéressant !
Benoît : C’est plus facile d’écrire un concept album où chaque chanson parle d’un thème mais sans qu’il y ait forcément de raccord musical avec le reste de l’album. C’est en train de germer dans nos têtes pour un éventuel futur troisième album avec énormément de conditionnel parce que nous n’en sommes pas du tout à ce stade mais nous souhaiterions aller plus loin en écrivant une histoire, mais du coup, cela signifie que toutes les chansons ont une continuité musicale et toutes les paroles ont une continuité lyrique… c’est beaucoup plus difficile car tu as énormément plus de contraintes. On verra si on arrive à faire ça pour le troisième album en tous cas, on tendrait vers ça…
Matthieu : Sur "Sept" d’AkromA, il y a une continuité temporelle dans les titres qui ne peuvent pas forcément être interchangés alors que sur ce concept album, il n’y pas de temporalité.
Benoît : On n’en a pas forcément parlé mais l’ordre des chansons a avant tout été choisi sur un critère musical pour faire en sorte que les tempi et les tonalités soient différentes d’un morceau à l’autre : on n’a pas du tout respecté d’ordre chronologique.
Vous avez donc construit cet album comme une set-list d’un concert ?
Benoît : Tout à fait ! L’ordre chronologique n’est pas respecté sauf pour la première chanson qui commence l’histoire et l’album mais la dernière chanson peut être datée à n’importe quel moment de la guerre…
Cet album peut s’apparenter à un devoir de mémoire mais aussi à de la transmission… et j’ai cette envie de transmission !
Le lien avec Akroma encore. Le thème de la guerre ne l’avez-vous pas pris suite au succès d’Akroma qui a fait l’objet d’un exposé en cours de musique et donc que Dusk of Delusion fait l’objet d’un exposé en cours d’histoire ?
Matthieu : (Rires) Pourquoi pas ? Je trouve ça bien : c’est cool !
Benoît : Personnellement, j’adorerais ! Je le dis à mes élèves : ils ont 20/20 directement s’ils font un exposé sur Dusk of Delusion !
Matthieu : Si ça peut donner des envies, des vocations... Je trouve ça génial et c’est également très gratifiant par rapport à mon travail de composition de se dire qu’il y a quelqu’un de suffisamment intéressé qui a réussi à faire passer une musique super extrême dans son cours… Donc si ça peut donner des vocations pour faire des exposés d’Histoire en partant de "Watch Your 6", ce serait génial !
Benoît : D’ailleurs, la boucle est bouclée puisqu’une des premières questions était de savoir si cet album était un devoir de mémoire, donc oui, cet album peut s’apparenter à un devoir de mémoire mais aussi à de la transmission… et j’ai cette envie de transmission !
Belle conclusion. Merci.
Benoît : Merci à toi.
Matthieu : Merci, c’est toujours aussi passionnant !
Merci à ThibautK pour sa contribution...