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TITRE:

PETOSAURE (07 FEVRIER 2020)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POP



L'actualite de Petosaure est riche, après la sortie récente de l'Ep "Le Musc", voici que débarque l'envoutant single 'Dagga'... Music Waves vous met au parfum : Petosaure est de retour et vous allez le sentir passer !
STRUCK - 25.03.2020 -
6 photo(s) - (1) commentaire(s)

Alors que nous l'avions laissé plein d'espoirs, "Le Musc" marque le retour d'un Petosaure plus sombre et désenchanté... Mais à l'image de son univers d'une richesse infinie et non content d'alimenter son actualité de cet Ep évènement, Petosaure continue de nous régaler en nous offrant le sublime single 'Dagga' qui confirme son retour sur le devant de la scène...





Petosaure est enfin de retour en 2019 avec un EP, on aurait pu croire le projet en hibernation alors que ce n’est pas le cas, que s’est-il passé dans l’intervalle pour toi entre l’album et l’EP ?

Petosaure : Il s’est passé plein de choses : des histoires d’amour et plein de concerts, on a profité du premier album pour faire plein de concerts et beaucoup de compositions par la suite...


A propos de concerts, est-ce que ce premier album vous a permis d’atteindre les objectifs que vous vous étiez fixés ?

Petosaure : La chance qu’on a eu avec le premier album, c’est qu’il nous a propulsé assez vite quelque part, je veux dire qu’il nous a rendu visible assez rapidement : on a rencontré des gens avec qui travailler, avec qui booker des dates… et c’était tout ce que nous espérions !
Et puis on s’est également fait connaître, mine de rien : les labels connaissent le nom de Petosaure, ils nous ont vu passer… Le nom a circulé un peu partout grâce à Music Waves, grâce à plein de médias… qui nous ont aidés parce que notre musique plaît avant tout aux médias et aux gens qui s’intéressent à la musique plus qu’au grand public (Sourire) !


Petosaure plaît et on marche avec des gens qui fantasment sur le fait qu’on puisse encore aujourd’hui écouter une musique comme la nôtre.




Est-ce que justement vous n’êtes pas trop dans une niche ?

Petosaure : Ce n’est pas une niche, c’est une question d’époque ! A une époque, les gens ne se posaient pas la question de savoir s’ils allaient écouter de la musique pour le plaisir plutôt que de l’écouter en fond sonore ! Aujourd’hui, on ne pose plus la question : est-ce que quelqu’un va écouter un album en entier aujourd’hui ? Les gens s’orientent vers les playlists. Mais est-ce que de la même façon, les gens se contentent de lire un chapitre d’un bouquin ? Nous sommes dans une période de consommation où on ne réfléchit pas longtemps à ce qu’on fait, ça va très, très vite et on abandonne quelque chose qu’on a commencé avant même d’avoir fini le début du commencement (Sourire)…
Petosaure plaît et on marche avec des gens qui fantasment sur le fait qu’on puisse encore aujourd’hui écouter une musique comme la nôtre. Est-ce la réalité dans ce monde consumériste ?

Mais tout change. Les gens commencent à rechercher de l’humain dans leur relation, on perd un peu de force sur les réseaux sociaux pour gagner en humain.
Mais je n’en veux pas à des personnes comme Aya Nakamura, elle est là pour prendre sa thune. Le problème que la musique aujourd’hui génère tellement de thune dans certains milieux professionnels que les gens ne sont pas là pour faire de la musique mais prendre leur thune et se casser. Je peux le comprendre mais comme nous n’avons pas du tout cette approche... Nous ne sommes pas carriéristes dans la musique mais nous aimerions bien pouvoir travailler notre musique jusqu’à aboutir à des chefs d’œuvre - chefs d’œuvre nous n’en avons pas encore fait, c’est le travail de toute une vie- mais pour ça, il faut des fonds. Et pour avoir des fonds, il faut que les gens écoutent la musique et la partagent.


Nous ne sommes pas censés nous remettre en question dans un projet comme Petosaure, projet qui est complétement pur et dénué de toute intention de commercialisation…


Dans la précédente interview, on a évoqué la recherche de maisons de disques, de concerts et tu disais être très optimiste à l’époque, étais-tu trop naïf ?

Petosaure : J’ai dit ça ? J’étais effectivement très optimiste (Rires) ! En fait, on a couru après les professionnels pendant un an et on se rend compte qu’ils sont complétement cons. On s’est avoir une bonne dizaine de fois l’année dernière : il y a eu de la dépression, beaucoup de colère et de remise en question… Et c’est un gros problème parce que nous ne sommes pas censés nous remettre en question dans un projet comme Petosaure, projet qui est complétement pur et dénué de toute intention de commercialisation… Et aujourd’hui, nous sommes en train de nous rendre compte qu’on a pris goût à une course au professionnel qui n’a aucun sens parce que de toutes façons, les gens de ce milieu aujourd’hui ont des couilles plus petites que des raisins secs et n’auront jamais le courage de signer un groupe ! Les retours que nous avons sont : « Vous êtes trop pop pour nous ! » ou « Vous êtes trop sophistiqués pour nous ! »…


Justement, tu expliquais ton amour pour Bashung et Biolay dont le projet se rapproche (mais pas seulement), on aurait pu croire les maisons de disques concurrentes de Biolay (qui rencontre un beau succès tant critique que public) venir te faire les yeux doux ?

Petosaure : Ca ne les intéresse pas, nous avons eu une réponse du type : « Votre musique n’est pas synchronisable sur une pub ! »… Il faut vraiment être très con pour pouvoir répondre un truc pareil à quelqu’un qui fait de la musique avec son cœur !

Le Malin : Aujourd’hui, la musique est une manne. Ce sont les droits Sacem et les synchronisations pub qui rapportent le plus d’argent aujourd’hui vu que le streaming hormis les rappeurs où le stream est intéressant…


Et tu parles de synchronisation, il était hors de question de faire des concessions pour bénéficier une signature ?

Petosaure : On y a réfléchi parce qu’on a eu envie de se montrer. Nous sommes soutenus par plein de gens mais ce n’est pas suffisant pour continuer dans la durée avec un projet aussi coûteux. On n’a pas envie de délivrer un produit de mauvaise qualité : on se fait chier pour que ce soit léché du début à la fin dans l’univers, l’instrumentation, les paroles, les clips… Tous les efforts qu’on fournit sont gigantesques ! Ca va à l'encontre de faire des concessions !


Je pense que la musique qu’on va produire par la suite sera différente, elle sera composée avec une énergie différente.



Comme votre discours le prouve, tout autour de Petosaure baigne dans l’art le plus absolu : la musique, les textes poétiques, la cover sublime de l’EP, les clips, l’image... ne risquez-vous de vous enfermer dans un personnage en étant aussi jusqu’au-boutistes ?

Petosaure : Je ne pense pas du tout parce que le principe est que ce sont les humeurs qui guident la musique. Cet EP est sombre et il est passif / agressif parce que c’était une année un peu sombre, passive et agressive pour moi. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, je suis très heureux et je retrouve le goût de la musique. Je ne veux plus du tout courir après des professionnels, j’attends qu’ils viennent nous chercher si un jour, ils ont la bonne idée de vouloir produire de la bonne musique.

Je pense que la musique qu’on va produire par la suite sera différente, elle sera composée avec une énergie différente. Il n’y a pas d’enfermement dans un personnage : on était dans un trou ! Et quand on est dans un trou, on ne peut qu’en remonter !


Plutôt que de se rendre triste dans une course à la popularité, on a compris qu’il fallait chérir ce noyau de gens qui nous écoutent




En clair, tu nous expliques que cet EP est cathartique…

Petosaure : Parfaitement ! Il l’est pour tout le monde : on a tous mangé violemment cette année !
Et quand on produit ce type de morceaux et quand on est dans cette spirale qui dure plusieurs mois : tout le monde s’en mange plein la gueule ! Je ne suis pas le seul à avoir vécu ce sentiment : ça a créé des névroses, du stress, de la colère pour tout le monde et une incompréhension entre nous qu’on ne comprenait même pas parce qu’elle n’avait pas lieu d’être… C’était l’année de la souffrance mais on a tout fait au maximum ! Mais concrètement, on ne va pas ralentir parce qu’on a tellement de choses à sortir par la suite que ça ne voudrait rien dire de ralentir : on va y aller à la cool et les gens viendront nous chercher d'eux-mêmes parce qu'on sera les plus cools...

Le Malin : La conclusion qu’on en a tiré c’est qu’il fallait lâcher du lest ! Il faut qu’on tire profit de tout ça parce qu’on en est arrivé à une réunion de crise où on remettait tout en question et notamment faire de la musique de manière générale ! La conclusion est qu’il faut continuer à faire ce qu’on fait mais arriver à se détacher ! Quand tu es dans un groupe - que ce soit Petosaure ou un autre -, tu as une ambition de vouloir plaire à un maximum de gens et toujours gagner de plus en plus de fans via une meilleure structure, un label… on était dans cet état d’esprit mais on avait oublié que ce qui soutenait un projet comme Petosaure, c’était le public même restreint qu’on a… et on avait tendance à prendre cela comme acquis ! Et aujourd’hui, plutôt que de se rendre triste dans une course à la popularité, on a compris qu’il fallait chérir ce noyau de gens qui nous écoutent et ça, c’est du concret !


Faut-il en conclure que vous avez pêché par excès d’ambition rapide ?

Krispy Krust : Certainement !

Petosaure : Il y a de ça mais quand on commence un projet comme Petosaure qui est généreux, on se dit qu’on va passer les premières étapes sans trop de difficultés ce qui nous inspire le sentiment d’aller beaucoup plus loin, beaucoup plus vite. Mais c’est faux ! Il se trouve qu’il y a un palier à passer et ensuite, une espèce de bac à sable. Et pour en sortir il faut être le fils de quelqu’un de connu ou avoir quelqu’un de ta famille dans la production musicale ou être capable de courber l’échine en allant faire du réseautage dans des soirées de merde. Soirée où tu dois serrer la main de mecs qui n’en ont rien à foutre de toi et vont placer toute leur promo dans leur discussion sans s’intéresser un seul moment à ce que toi tu peux proposer concrètement…
C’est vraiment compliqué de sortir de ce bac à sable et on n’a vraiment pas envie que tu en sortes...


Vous aviez sorti un album "Le Fantôme et l’Enfant", aujourd’hui un EP avec "Le Musc". Pourquoi sortir seulement un EP ? Histoire de clore un chapitre reflet de votre histoire difficile ou une nouvelle stratégie musicale qui consisterait à ne sortir que des EPs qui sont plus dans l’air du temps ?

Petosaure : Le prochain album est déjà enregistré, mixé… On a tout même les clips du prochain album…

Le Malin : Idéalement, le projet était de le sortir avant l’EP. Ça s’est éternisé parce que nous étions dans la course de vouloir le sortir sur un label et pouvoir faire les choses en grand…


Cet EP est donc une nouvelle carte de visite pour attirer l’attention. A cet égard, avez-vous eu des retours ?

Petosaure : On a eu beaucoup plus de retours que la première fois !


Et comment expliquez-vous cela ?

Petosaure : Parce qu’il y a eu un travail de fond plus sérieux, plus réfléchi… Tout a été sorti avec un calendrier très précis. On a travaillé avec Regards Coupables pour la sortie d’un clip, c’est un vieil ami que je connais depuis 12 ans. On avait misé sur une vraie stratégie de sortie de l’EP et on a fait ça correctement.


Vous nous expliquiez que "Le Fantôme et l’Enfant" était un album spontané bourré de défauts, pour "Le Musc" avez-vous cherché à gommer ces défauts qui pouvaient faire le charme de l’album, quittes à être moins spontané et plus réfléchi ?

Petosaure : Non, je ne pense pas ! Autant le premier album avec la thématique de l’enfance au centre de l’écriture avec toute la naïveté que ça comporte, autant sur cet EP, on est passé à l’âge adulte et c’est peut-être la raison pour laquelle on ressent peut-être moins de spontanéité mais il est plus mélancolique, plus noir, plus sombre et plus réaliste aussi sur plein d’aspects…


C’est important d’inspirer des choses aux gens !




Petosaure est donc passé à l’âge adulte avec un EP plus mature mais mélancolique aussi comme tu le disais exprimant presque des regrets, est-ce un sentiment que tu partages ?

Petosaure : Clairement ! Cet EP dit clairement que c’est terrible de grandir en se disant que le monde est magnifique, le monde est extraordinaire, dans lequel on peut tout faire et en fait, à l’âge adulte, tu te rends compte que le monde est régi par des putes. On n’a pas sa place dans ce monde quand on a du cœur et quand on a envie de faire les choses avec honnêteté ! Quand on fait de la musique honnêtement, on n’a pas sa place dans le monde actuel.
Je ne dis pas que la musique d’accompagnement -c’est-à-dire la musique qu’on n’écoute pas- ne devrait pas exister, je dis juste qu’il devrait y avoir un peu plus de diversification du propos juste pour montrer aux gens qu’on ne les prend pas pour des cons ! Sans paraître prétentieux, je pense qu’on peut les proposer quelque chose qui leur permet d’avoir plusieurs écoutes dans lesquelles ils découvrent à chaque fois de nouvelles choses et de comprendre que nous parlons de choses qui leur ressemblent sans qu’ils osent le dire… et finalement, ça leur plait de révéler leur sentiment, leur émotion et d’être écorché et dire que je suis déçu, en colère et que je n’ai pas envie d’être comme les autres…
C’est important d’inspirer des choses aux gens ! Si c’est juste les accompagner pour que la vie soit plus facile et qu’ils se posent moins de questions, ça vend certes mais c’est inutile !

Le Malin : S’il y avait une vraie diversité, ça ne me dérangerait pas qu’il y ait des chanteuses qui parlent de Pookie. Ca ne me dérange pas du moment qu’il y ait un spectre global ! Et on en revient au consumérisme avec les playlists avec les gens qui vont commencer à écouter un titre et passer à un autre… Ce n’est pas à notre image : la musique de Petosaure est une musique d’initiés qui prennent encore le temps d’écouter les chansons !

Petosaure : Et je pense que c’est tout dans leur intérêt de ne pas diffuser de la musique comme la nôtre parce que je pense que les gens reprendraient goût à écouter des choses un peu plus construites et ça les ferait bien chier de perdre les bonnes oies à gaver qu’ils ont réussi à trouver. On se rend compte que les gens sont capables de faire cet effort de s’ouvrir. Je pense que les gens sont intelligents.
Aujourd’hui, nous sommes dans un milieu et dans un système où nous avons perdu sur trois niveaux très importants :
- les labels n’ont pas envie de sortir des trucs plus complexes qui ne leur feraient pas gagner plus d’argent mais qui leur feraient au contraire perdre du temps,
- les groupes n’ont pas envie d’écrire des choses plus complexes ça leur demanderait non seulement de se poser la question de savoir s’ils doivent réfléchir quand ils composent -en clair, devraient-ils écrire des choses ou continuer de laisser des compositeurs vendus bosser pour eux ?-,
- le public n’a pas du tout envie de faire l’effort d’écouter un truc compliqué parce que ça leur ferait se poser trop de questions et il n’a pas le temps aujourd’hui de se poser des questions.

Aujourd’hui, on ne parle pas à une niche mais à des gens curieux. Les gens curieux ne sont pas une niche, ils sont partout !
Petosaure parle à des gens curieux, des musiciens ou des amateurs de musique… et je considère que ce sont les gens les plus engagés et là-dessus, on a peut-être une chance de gagner au bouche-à-oreille…


Concrètement dans les textes de cet EP, il y a beaucoup de références à la littérature : le vampyre (‘Dracula’), Don Quichotte (‘Don Quixote’), le titre même de l’EP peut être vu comme une référence au livre "Le Parfum" de Patrick Süskind, tu cites le personnage de la Grenouille dans ‘Vampyre’)…

Petosaure : Nous n’en sommes pas loin et même dans l’imagerie, nous n’en sommes pas loin…


.. est-ce que la littérature est quelque chose qui nourrit l’inspiration de Petosaure ?

Petosaure : Parfaitement, mais je vais être très décevant en te disant que je n’ai jamais lu de livre (Rires) mais jusqu’à présent, les gens sont plutôt satisfaits des paroles écrites : c’était plutôt en bon français et il y a de la poésie. Je me demande si je ne vais pas continuer à ne pas lire de livre. Ca me permet de ne pas être pompeux dans l’écriture. Ce n’est pas une écriture inaccessible. Il y a quelque chose de soutenu, il y a une recherche de poésie mais ça reste très abordable dans la compréhension de ce qui est dit même si ça reste parfois très imagé et donc un peu abstrait.


Petosaure était un personnage candide plein d’espoir et Petosaure est devenu un personnage sombre de déception et de colère.


‘Vampyre’ semble raconter un Dracula extrêmement triste qui pleure son Elisabeth (NdStruck : lorsque Dracula est parti combattre dans l'Ordre du Dragon, Elisabeth a entendu de fausses informations sur sa mort et s'est suicidé. C'est sa damnation qui a poussé Dracula à rejeter Dieu et à utiliser les pouvoirs des ténèbres pour se relever en tant que vampire), on en a parlé mais ce désespoir semble coller aux basques de Petosaure qui est au fond un personnage triste et obligatoirement noir et sombre ?

Petosaure : Petosaure était un personnage candide plein d’espoir et Petosaure est devenu un personnage sombre de déception et de colère. La dernière chanson de l’EP, qui s’intitule ‘Les Catacombes’ rappelle que c’est quand on est dans l’endroit le plus sombre qu’on voit le mieux la lumière. La fin de l’EP marque une ouverture lumineuse…


Tout à fait, ‘Les Catacombes’ qui conclut l’album raconte l’histoire d’un homme qui a perdu confiance en lui ou est déçu par un monde qu’il ne comprend pas, par un amour déçu, perdu et qui remonte la pente libérée de ses chaînes et qui finalement se recentre sur lui, on a l’impression que cette histoire est symbolique et personnelle pour l’homme qui se cache derrière Petosaure ?

Petosaure : Parfaitement ! C’est mon histoire. Ca ne se voit pas et ça ne s’entend peut-être pas tout le temps mais tout ce qui est écrit dans Petosaure est vrai, on n’est pas dans du fantastique ! Même si les termes sont dans la fantaisie, Petosaure parle beaucoup de mes confrères, ça parle beaucoup de l’aventure qu’on vit ensemble, ça parle beaucoup de l’amour que je leur porte, ça parle beaucoup de la force et de l’espoir qu’ils me donnent… S’il y a bien quelque chose qu’on découvre avec la musique, c’est cette fraternité qui n’existe nulle part ailleurs. Il y a une confiance entre nous qui est énorme.


Les albums qui sont importants pour moi sont ceux qui ont changé ma vie et j’ai envie de changer la vie des gens !




A ce titre, tu as toujours été entouré de fidèles… Est-ce important pour toi cet esprit de famille pour tenir le coup ?

Petosaure : Parfaitement ! Je pense pouvoir le dire sans aucune difficulté, on est tous très sensibles et très à l’écoute les uns par rapport aux autres : on sait quand quelque chose ne va pas et on se pose les questions. Très sincèrement, Petosaure est un projet qui a pour vocation à la base d’être une espèce d’arche de Noé dans laquelle on va essayer de se faire plaisir pendant très longtemps ensemble et peut-être que ça va nous emmener quelque part et ça va nous mettre bien pour la suite. Autant j’aurais pu en profiter tout seul et ça aurait été tellement plus facile sur plein d’aspects -même si sur d’autres ça aurait été impossible sans le talent de mes confrères, je ne pourrais pas aller bien loin scéniquement parlant pour commencer- mais ce n’est pas le but de ces projets. Le but est d’en faire profiter les gens qui montent ce projet, qui l’accompagnent et le suivent… Le but de Petosaure est de pousser la recherche de la musique et d’offrir aux gens quelque chose qui sera toujours plus riche, plus puissant avec le temps parce que plus on a de force, plus on a d’amour autour de nous, plus on va pouvoir donner quelque chose qui dépasse l’entendement. Et je pense très sincèrement que si on nous en donne la possibilité, il y a un moment où on pourra composer des chefs-d’œuvre et on pourra composer des musiques magnifiques qui transcenderont les gens. Les albums qui sont importants pour moi sont ceux qui ont changé ma vie et j’ai envie de changer la vie des gens parce que la musique est faite pour ça !

Krispy Krust : J’ai joué dans plusieurs groupes mais c’est toujours mieux quand je le fais avec Le Malin et Petosaure, il y a vraiment une connexion : ce n’est pas juste « on fait un groupe ensemble », c’est vraiment quelque chose qu’on partage !
Quand tu parlais de famille, Le Malin et moi avons commencé la musique au même moment, Petosaure, on s’est connu un peu plus tard… on a un lien qui dépasse le simple fait de faire des répétitions et composer de la musique ensemble…

Petosaure : Surtout que nous sommes différents sur plein de choses ! Mais ce qui est assez dingue, c’est qu’il y a une espèce de lien un peu absurde qui nous unit avec une force rare qu’on retrouve dans les couples, dans l’amour, dans la famille en fait…


On a beaucoup parlé musique et textes mais il y a également les clips qui accompagnent ses chansons sont sublimes (comme les précédents), ils sont indissociables de Petosaure : ‘Don Quixote’ (réalisé par Regards Coupables) très BD en noir et blanc, ou ‘Vampyre’ (Julien Loup Patoue), l’image est quelque chose que vous cultivez au travers ce ces vidéos ?

Petosaure : On veut tout contrôler ! L’idée est de créer tout l’univers autour parce qu’on veut que le public ait le paysage, le décor, les couleurs, la tonalité, l’intention, les émotions… et on veut le guider dans un monde qui va le soulever et l’emmener loin de chez lui. C’est parce qu’on a connu l’enfermement à un certain niveau qu’aujourd’hui, on aime ce genre de musique. C’est parce qu’on a connu la frustration et le fait d’être restreint dans nos actes et nos mouvements à un moment qu’on a un besoin de liberté et d’offrir cette liberté aux gens.


Mais finalement, avec tout ce que vous avez traversé -ces déceptions personnelles ou liées au groupe-, avez-vous eu des moments de doute entre l’album et l’EP et qu’est-ce vous a fait tenir : ce lien quasi-familial qui vous réunit ensemble et si vous n’étiez pas présents les uns pour les autres vous auriez claqué la porte ?

Le Malin : Tu as tout dit ! S’il n’y avait pas ça, tout serait terminé depuis bien longtemps !


L’essentiel c’est ce lien fraternel qui vous lie et finalement peu importe le reste ?

Le Malin : Oui, mais c’est dur : comme je le disais tout à l’heure, il faut se détacher. Quand on a fait cette réunion de crise, on s’est dit qu’il fallait arriver à se détacher de tout sinon tu prends tout en frontal car ce que tu encaisses est super dur !


Ce détachement est un état d'esprit à avoir mais en changeant ce dernier, cela ne risque pas d'impacter votre musique ?

Petosaure : Bien sûr !


Vous disiez être sensibles, ça se ressent dans votre musique et dans cette interview… mais cette sensibilité qui vous fait prendre les choses de façon frontale et finalement la richesse de votre musique…


Le Malin : C’est important parce que Petosaure est fait dans l’optique de professionnalisation pour que ce ne soit pas juste un super passe-temps mais quelque chose qui nous permette de vivre décemment sans devenir des rock stars pour autant.


Et si ça devait ne jamais arriver ?

Le Malin : Je ne peux pas répondre pour mes confrères mais je me pose la question plutôt en me demandant à quel moment vais-je arrêter ? Tant que j’ai envie, je continue. Tant que j’ai la passion, un peu d’envie et des choses intéressantes à proposer, je continuerai à le faire… je m’arrêterai quand je n’aurai plus rien à dire !


Mais vous êtes jeunes, est-ce que le jour où vous aurez une famille, vous aurez les moyens financiers et en temps à accorder à Petosaure ?

Petosaure : Les moyens, ça se trouve. Il y a plein de moyens illégaux (Sourire), il y a beaucoup de revente de drogues avec Petosaure (Rires) !
Mais pour être franc, c’est comme si on avait une carte aux trésors dont on connaît l’emplacement mais il est à deux cents kilomètres mais ça fait chier de faire ces deux cents kilomètres à pied. A l’inverse, ce serait con de ne pas faire ces deux cents kilomètres…


Mais tu sais où est le trésor ?

Petosaure : On sait parfaitement où est le trésor, il est au bout du travail, il est au bout d’années d’acharnement… La réalité est qu’il vaut mieux avoir cette idée de professionnalisation et que ça marche…


Sans se donner de délai pour y arriver ?

Petosaure : Non ! C’est tellement naturel chez nous de faire de la musique, c’est tellement vital qu’on ne peut pas dire qu’on va arrêter parce qu’on en a marre. Ce qui va se passer, c’est que deux semaines plus tard, on se chante quelque chose dans sa tête et c’est reparti…
Ce n’est pas une drogue, c’est juste que c’est un automatisme… On s’est rendu compte qu’il y avait très peu de choses aussi libératrices dans nos vies et quand je serai très vieux, tout pourri, je serai bien content d’écouter nos albums, de me rappeler de toutes les périodes que j’ai vécues, de me rappeler de mes amis et l’époque où nous avons fait toutes ces choses…


On vous sait très proche du metal, pourquoi ne pas intégrer cet aspect dans ta musique ?

Petosaure : Parce que je pense qu’on assez de moyens pour lâcher de la violence à l’extérieur -on le fait très, très bien, c’est très agressif quand ça se passe- mais on a besoin d’autre chose quand on retrouve Petosaure, on a besoin de calme et de douceur. Petosaure est un peu le jardin d’hiver alors que d’autres projets, nous sommes plus proches du centre du volcan (Sourire)…


On peut voir Petosaure comme une espèce de conte audio ! On veut créer des univers libérateurs pour les gens !




Et finalement après avoir longuement évoqué vos désillusions, qu’attendez-vous de cet EP ?

Petosaure : Les attentes pour cet EP ? Nous faire voir par plus de monde, continuer d’inspirer les gens parce que mine de rien, on a de très, très bons retours de personnes notamment de personnes enfermées en hôpital ou de gens malades… Comme je le disais, notre musique touche des personnes restreintes dans leur mouvement et dans leur exploration et qui recherchent des projets qui les emmènent : on peut voir Petosaure comme une espèce de conte audio ! On veut créer des univers libérateurs pour les gens !


Vous disiez que le prochain album était déjà composé, quel en sera sa couleur ?

Le Malin : Il est très coloré !

Petosaure : Il est multicolore !


Quadricolore comme le disait un grand philosophe danseur sur M6…

Petosaure : Belle référence (Rires) ! Non, non, il sera beaucoup plus que quadricolore ! Il y a de tout dans le prochain album : il y a du pur bonheur, de la candeur…


… donc moins sombre ?

Petosaure : Bien sûr ! Beaucoup plus d’ironie, beaucoup plus mystérieux… Il est très large, il est tentaculaire !


Et quel est l’objectif de sortie ?

Petosaure : Quand on décidera ! On veut faire ça bien, on ne veut pas faire ça sous la pression : on n’a pas envie de se bouffer la gueule pour sortir cet album. Donc il sortira quand on le décidera, peut-être au compte-gouttes, peut-être coupé en deux ou en dix (Rires)… On décidera mais on le sortira de la meilleure manière possible et toujours avec un contenu de qualité et une exigence sur tout ce qu’on produira !






Merci

Petosaure : Merci à toi !


Et merci à Calgepo pour sa contribution...


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/petosaure/
 
(1) COMMENTAIRE(S)  
 
 
TORPEDO
29/03/2020
  1
Un groupe franchement intéressant...
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