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TITRE:

GUNGFLY (23 JUILLET 2020)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



L'hyperactif Rikard Sjöblom ne s'arrête jamais ! Un an après notre interview au festival Crescendo, le musicien Suédois nous a donné rendez-vous pour parler de la sortie de son nouvel album, "Alone Together".
DARIALYS - 11.09.2020 -
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Bonjour Rikard ! Je suis ravi de te retrouver ! On s’était vus pour une interview l’an dernier au festival Crescendo en France, quelques heures avant que vous ne montiez sur scène !

Rikard Sjöblom : C’est exact ! Je m’en rappelle, c’était très sympa !

Le cadre est idéal pour jouer là-bas. Qu’as-tu pensé du concert, si tu t’en rappelles ?

Rikard : Oui, c’était fun ! Il faisait assez chaud je crois ! Mais c’était un bon concert, et toi ça t’a plu ?

Oui c’était super, c’était la première fois que je te voyais. Tu m’avais dit pendant l’interview que vous alliez jouer un morceau de Beardfish (ancien groupe de Rikard Sjöblom qui s’est arrêté en 2016, ndlr). Vous aviez joué ‘Ludvig & Sverker’. J’étais ravi car j’adore cette chanson, c’était une très belle surprise. Et vous aviez interprété une très belle reprise de ‘Ne Me Quitte Pas’ de Jacques Brel !

Rikard : C’est cool, je suis content que ça t’ait plu !

Alors pour rentrer dans le vif du sujet, avant toute chose, comment ça se passe pour vous en ces temps compliqués ?

Rikard : Moi personnellement ça va ! Pour certains, c’est plus compliqué en revanche. Je suis resté actif en faisant beaucoup d’enregistrements. Pas de concert au programme, mais j’ai fait quelques concerts en stream. J’ai beaucoup enregistré à la place.

Est-ce que ça veut dire que tu travailles déjà sur le successeur de « Alone Together » ?

Rikard : (Rires) Non ! Mais je me suis impliqué dans différents projets ces temps-ci. On essaye de revenir à une musique un peu plus heavy avec quelques amis. Ce n’est pas vraiment un groupe à proprement parler pour l’instant, mais ça pourrait le devenir ! On ne sait jamais.

Tu as toujours eu plusieurs projets sur le feu et tous sont très intéressants. Je serais curieux d’entendre ça !

Rikard : On verra ! C’est du stoner rock !




On va parler de ce nouvel album "Alone Together" ! En 2017, tu as sorti l’album "On Her Journey To The Sun" avec de nombreux musiciens. Sur "Friendship", tu es revenu avec un line-up un peu plus restreint, et sur ce nouvel album, vous n’êtes que 3 musiciens avec les frères Petter et Rasmus Diamant. Pourquoi avoir fait le choix de travailler avec un line-up plus concis ce coup-ci ?

Rikard : Eh bien… J’ai remarqué assez tôt en écrivant cet album que les morceaux étaient assez personnels. C’est souvent le cas, mes paroles sont souvent personnelles, mais là, en commençant à écrire cet album, je me suis demandé si j’allais faire appel au même nombre de musiciens que par le passé. J’ai commencé à enregistrer les guitares et les claviers, ça sonnait très bien. Je n’avais pas vraiment besoin d’avoir plus de monde dans l’équipe ce coup-ci. Gungfly est vraiment un projet solo et ça a toujours été le cas. Le line-up change constamment. Petter et Rasmus ont toujours été à mes côtés, ce sont des amis très proches. Parfois même, j’aime enregistrer la basse et la batterie moi-même (à leur place, donc, ndlr).

Et d’ailleurs, comment c’est de travailler avec deux frères ? J’imagine qu’ils ont beaucoup d’automatismes quand ils jouent ensemble car ils se connaissent forcément très bien, mais j’imagine que des fois, c’est peut-être un peu tendu, non ? (Rires)

Rikard : (Rires) Parfois ça peut être un peu tendu, mais c’est toujours moins le cas que lorsqu’ils étaient plus jeunes ! Aujourd’hui ils sont très proches, ils peuvent se parler en toute honnêteté sans que l’autre ne le prenne mal. C’est très bien.

Ils sont devenus plus sages avec le temps !

Rikard : C’est ça ! Tu sais, quand tu commences à avoir des enfants et ce genre de choses, tu évolues !

 

Je pense que les réseaux sociaux peuvent donner une fausse image de la vie des gens

 

En tout cas ce nouvel album a un titre assez énigmatique, je dirais. Je ne sais pas si tu as suivi ça, mais Haken vient de sortir un nouvel album qui s’appelle "Virus", et ils l’ont annoncé en plein milieu du confinement. C’était une parfaite coïncidence, mais je me suis demandé si nommer ton album "Alone Together" n’était pas là aussi un clin d’œil au confinement ? Car pendant cette période, on était seuls sans pouvoir sortir de chez nous, sans pouvoir voir nos amis, notre famille, mais en même temps, on était tous ensemble dans le même bateau. Est-ce ça l’idée du titre, à moins que cela n’ait rien à voir avec ça ?

Rikard : Non, le titre a été trouvé bien avant tout ça en réalité. J’ai commencé à y réfléchir en automne dernier. En décembre, j’ai travaillé très sérieusement sur l’album. Le morceau ‘Alone Together’ était déjà écrit. Je crois que j’avais commencé à l’écrire en janvier 2019 ! Donc c’était un morceau assez vieux. Ce titre fait référence aux réseaux sociaux. Grâce à ça, on peut être très proche des gens tout le temps. Tu peux attraper ton téléphone et commencer à parler à ton ami qui est en France, en Belgique ou je ne sais où. Mais tu es seul en même temps. C’est quelque chose d’assez paradoxal. Beaucoup de gens postent des photos en ligne de leur journée comme s’ils faisaient des choses incroyables, comme les photos de ces familles parfaites qui font des pique-niques dans les bois. Quand tu vois ces photos, tu te dis : « moi aussi, j’ai envie de faire ça ! Je ne fais jamais rien ! ». Mais si ça se trouve, c’était la première fois que cette famille faisait ça ! Je pense que les réseaux sociaux peuvent donner une fausse image de la vie des gens, et cela peut te faire te sentir seul. Et tu peux même te sentir seul quand bien même tu serais proche de beaucoup de gens !

Et tu peux devenir jaloux ou envieux de ces gens, alors que le contenu qu’ils partagent n’est pas forcément représentatif de la réalité, comme tu le dis. Donc cela peut biaiser les rapports, car tu peux te sentir seul, différent, ou même étrange.

Rikard : Oui, c’est l’idée de ce disque. C’est l’idée derrière le titre de l’album. En revanche, le morceau ‘Alone Together’ n’a rien à voir avec l’idée de l’album ! (Rires). Il parle d’un enfant qui a des troubles mentaux et qui vit dans un centre psychiatrique. Donc ce titre a plusieurs interprétations ! (Rires).

Et cela permet à l’auditeur d’avoir différentes interprétations et d’être libre dans sa manière de comprendre les textes.

Rikard : J’aime ça, personnellement. Quand j’écoute de la musique, j’aime faire mes propres interprétations. Et parfois je suis déçu quand l’artiste révèle de quoi le morceau en question traite !

« Mon interprétation était meilleure ! » (Rires)

Rikard : Oui c’est ça ! (Rires).

 

J’aime écrire des chansons dans de nombreux styles

 

Cet album est proche de "Friendship" en termes de structure. Il y a 6 chansons, dont 3 qui sont de 9 minutes ou plus. Ce qui m’a frappé là encore sur cet album, c’est que chaque chanson a son propre univers. On retrouve la chanson accrocheuse et gaie (‘Happy Somewhere In Between’), la chanson plus calme (‘Clean As A Whistle’), la chanson puissante (‘Alone Together’). Est-ce que c’est quelque chose de conscient quand tu écris un album, de vouloir produire un contenu qui soit équilibré avec un panel de sons large ?

Rikard : Eh bien… J’aimerais te dire oui ! (Rires). En réalité, j’aime écrire des chansons dans de nombreux styles, et faire en sorte que tout ça soit cohérent pour en faire un package sympa.

On parlait du morceau ‘Alone Together’. Le début et la fin du morceau me rappelle le titre ‘Comfort Zone’ de Beardfish dans l’ambiance. Pour moi c’est sûrement les des mélodies phares de l’album, c’est très mélancolique et vraiment beau.

Rikard : Cool, merci ! Cette mélodie n’est pas la première chose que j’ai écrite pour ce morceau, en fait. A la base, cette chanson devait être beaucoup plus longue. Dans sa version initiale, on n’était pas loin des 20 minutes ! Et puis j’ai enlevé une dizaine de minutes d’idées car je trouvais que cela nuisait à la limpidité du morceau. Cette mélodie dont tu parles, elle n’arrivait qu’après une dizaine de minutes dans la chanson. Et puis je me suis dit que cela pourrait être mieux de commencer le morceau avec cette partie, à la place.

Et puis le growl est de retour sur ce morceau, ça faisait longtemps !

Rikard : Oui, un petit peu ! (Rires).

Est-ce que tu comptes y avoir recours plus souvent à l’avenir ? Peut-être dans ce nouveau projet stoner que tu as ? Car je trouve que je te trouve doué là-dedans, et cela donne vraiment un plus aux morceaux.

Rikard : Merci ! (Rires). On ne sait jamais ! J’essaye toujours de faire ce qui sert la chanson du mieux possible. Parfois, j’utilise le growl sur scène alors qu’il n’y en a pas dans l’album ! Ce coup-ci, cela me semblait assez naturel sur ce morceau !

Il y a des vibes jazz sur le morceau ‘Clean As A Whistle’. Cela colle très bien à ton style. Est-ce un style de musique que tu écoutes ? Et y a-t-il des artistes que tu apprécies dans ce genre-là ?

Rikard : Oh oui ! J’écoute beaucoup de jazz, surtout des vieux groupes d’ailleurs. Au début des années 2000, j’écoute du très bon jazz suédois comme Esbjörn Svensson Trio. Je ne sais pas si tu les connais. Ecoute-les, ils sont très bons. Malheureusement l’un des trois musiciens est décédé en 2008 ou quelque chose comme ça, donc ils n’ont rien fait depuis. C’est un trio : piano, basse, batterie, c’est très bon. Et j’écoute beaucoup de jazz des années 60 et 70. Il y a pas mal de groupes de jazz avec des vibes presque progressives dedans. J’aime aussi les figures phares comme John Coltrane et tout ça.

Il y a quelque chose que je trouve intéressant dans ta musique. Aujourd’hui, beaucoup de groupes de prog cherchent à agrandir leur public en faisant des chansons plus courtes avec des refrains très catchy. Mais toi, au contraire, tu as toujours aimé expérimenter et tu n’as jamais écrit d’aussi longs titres : ‘Friendship’, ‘If You Fall Pt.2’, ‘Traveller’, ‘On The Shoulders Of Giants’ par exemple. Tu as l’air totalement libre dans ton approche, comme si tu voulais vraiment rester authentique et fidèle à toi-même ?

Rikard : Merci ! (Rires). Eh bien… Parfois je me tire un peu une balle dans le pied quand même. Encore une fois, je pense qu’une chanson se doit d’être longue parfois quand c’est nécessaire. J’aime écouter ce genre de chansons moi-même.

Quand tu dis que tu tires parfois une balle dans le pied, est-ce que tu veux dire que tu as regretté certains choix avec le recul, que tu as parfois pris de mauvaises décisions ?

Rikard : Si je voulais être « connu », si j’étais en quête de succès peut-être. J’ai toujours voulu jouer une musique que j’aimais moi-même.




Récemment, tu as eu l’habitude de mettre des pistes bonus sur tes derniers albums. Comment procèdes-tu pour savoir si un morceau est un bonus ou pas ? Parce que par exemple, sur "Friendship", il y a un morceau qui s’appelle ‘Slow Dancer’, qui est très direct et accrocheur. Cela aurait pu être un très bon single pour l’album, mais tu l’as placé en bonus ! Est-ce qu’il y a une logique que tu cherches à respecter pour savoir si un morceau est un bonus ou non ?

Rikard : (Il réfléchit). Je ne suis pas sûr de ma réponse. Ce n’est pas ma décision d’avoir des pistes bonus, pour être totalement honnête avec toi. Si ça ne tenait qu’à moi, je ne le ferais pas. C’est une demande du label (InsideOut, ndlr). Ils veulent des titres bonus. Du coup, j’essaye toujours d’écrire des titres qui auraient eu leur place sur la version standard de l’album, qui méritent d’être là. L’idée ce ne serait pas de faire une version acoustique un peu bidon par exemple. Ce coup-ci, les deux titres bonus auraient vraiment eu leur place sur la version standard de l’album. C’est comme une extension de l’album si tu veux. Mais si j’avais placé ces morceaux dans la version standard, ils auraient simplement été placés ailleurs. J’ai su assez tôt que je ne voulais pas faire un album trop long, en revanche, car j’ai tendance à écrire des albums assez longs. J’ai souvent écrit des albums de 75 minutes pour Gungfly ou même Beardfish. Quand j’écoute de la musique, j’aime qu’un album fasse 50 minutes au maximum, car je pense que c’est la durée pour laquelle tu maintiens le même niveau d’attention. La majorité des gens ne tiennent pas jusque-là en plus ! (Rires).

Oui, surtout aujourd’hui ! Et d’ailleurs, on voit de plus en plus de groupes qui sortent des EP au lieu de sortir des LP. Cela ne m’étonnerait pas que d’ici quelques années, les LP aient carrément disparus. Aujourd’hui, il vaut mieux qu’un groupe sorte un EP de 20 minutes tous les ans, comme ça, il est toujours en promo, il a toujours un nouveau contenu à mettre en avant et on ne peut pas l’oublier. Tout va si vite aujourd’hui, il y a énormément de contenu musical. En 4 secondes, une personne s’est fait un avis sur une musique qu’elle écoute ! Donc un album de 50 minutes, je pense que c’est suffisant aujourd’hui en effet.

Rikard : Oui, je suis d’accord. J’écoute beaucoup de musique moi-même, sur vinyles notamment. Quand il y a un album de 45 minutes que tu écoutes et que tu aimes, tu as envie de le réécouter.

J’ai une question qui n’est pas facile ! Avec le recul, tu as un répertoire impressionnant. Est-ce qu’il y a une chanson de Beardfish ou de Gungfly que tu préfères, ou quelques morceaux coups de cœur ?

Rikard : Pour Beardfish, ce serait sûrement un morceau de l’album "Destined Solitaire" car c’est mon album préféré de Beardfish. Je pense qu’à ce moment-là, on était vraiment tight. On répétait beaucoup et on jouait beaucoup. C’était une très bonne époque pour le groupe. En termes de morceau, je dirais peut-être ‘Until You Comply’. J’adore aussi ‘When The Rain Comes In’. Or, je crois qu’on ne l’a jamais jouée sur scène, ou peut-être une fois seulement. C’est l’une de mes préférées du groupe. ‘Abigail’s Questions’ aussi ! On était vraiment bons à cette époque.

Malgré le coronavirus, les choses semblent commencer à bouger. Les artistes commencent à donner de nouvelles dates de tournées. Est-ce que tu as des dates déjà prévues pour fin 2020 ou 2021 ?

Rikard : Je ne crois qu’on jouera en 2020 malheureusement. Il n’y a aucune date prévue pour l’instant, à part en Angleterre mais ce ne sera pas avant l’automne 2021 ! Mais j’ai des projets d’enregistrements avec Big Big Train. Je crois qu’on a aussi des concerts prévus avec Big Big Train pour l’été 2021 également.

D’ailleurs, ces dernières années, tu as joué un certain nombre de concerts tout seul sur scène. Est-ce un format que tu aimes bien ? Qu’est-ce que tu préfères entre la formule en solo et en groupe ?

Rikard : J’aime les deux ! Les deux sont très différentes. J’ai suivi The Flower Kings en tournée en solo par exemple. Roine (Stolt, chanteur et guitariste du groupe, ndlr) m’a proposé de faire leur première partie. J’ai trouvé que c’était une bonne idée ! C’est fun aussi ! Je préfère peut-être quand même jouer avec le groupe, mais des fois c’est sympa de se retrouver seul avec une guitare acoustique et un piano, pour jouer des versions plus soft de mes morceaux.

Et c’est sympa pour les fans qui connaissent bien tes morceaux, du coup ! En tout cas, j’imagine que ça a été un privilège pour toi d’ouvrir pour The Flower Kings, qui sont Suédois en plus, tout comme toi ! Je ne sais pas si tu as écouté leur dernier album, "Waiting For Miracles", je l’ai trouvé vraiment excellent.

Rikard : Moi aussi ! Il est très bien, oui !

En tout cas, je te souhaite le meilleur pour les prochains mois qui arrivent. J’espère que tu passeras de bons moments avec les musiciens de tous les projets dans lesquels tu es impliqué, et j’espère pouvoir vous revoir sur scène prochainement !

Rikard : Merci beaucoup, c’était sympa de te revoir !

Et peut-être à l’année prochaine pour une prochaine interview !

Rikard : A bientôt !



Plus d'informations sur http://www.gungfly.net/
 
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