Demande à la Poussière peut être vu comme un super groupe de black metal à l'image des super groupes souvent formés dans le rock progressif. Music Waves a souhaité en savoir plus sur le très bel album "Quiétude Hostile" en rencontrant les membres du groupe pour une interview riche et large.
Nous aimons commencer nos interviews par la question qu’on vous a trop posée et à laquelle vous êtes fatigués de répondre, quelle est cette question ?
Ensemble : Pourquoi Demande à la Poussière ? Mais rien ne nous fatigue !
Après un premier album éponyme et une tournée européenne et à Dubai, comment avez-vous vécu les retours très positifs sur ce projet de super groupe puisque vous veniez tous de groupes différents ?
Krys : On a été très contents de ces retours. On a eu de la chance car des dates se sont enchainées et on a été pas mal sollicités. C'est ce qu'on attendait car on est un groupe de scène avant tout. On joue tous dans des groupes différents et donc c'est primordial. Dubai a été la cerise sur le gâteau pour se confronter à l'international, un nouveau public. C'est à refaire dès qu'on peut.
Ça vous a mis une certaine pression pour ce nouvel album ?
Neil : Pas du tout, c'est devenu une suite logique assez facilement.
Krys : Il n'y a pas eu de stress et on n'a pas réfléchi à tout ça. On s'est concentrés sur la musique et c'est ce qui a été porteur. On n'a pas vraiment cherché à faire la même chose que sur le premier. On a cherché avant tout à créer un univers pour le défendre sur scène par la suite. Le seul objectif était d'essayer de faire mieux que le premier.
Edgard : C'est le passage sur scène qui a permis de mettre en vie cet album et donc le deuxième a découlé automatiquement de cette énergie scénique.
Entre temps, Jeff Grimal et Jiu ont quitté le groupe, comment avez-vous réappris à travailler ensemble (de mémoire vous partagiez le chant entre Jeff et Christophe) et ces départs ont-ils entrainé des doutes sur la suite du projet Demande à la Poussière ?
Krys : Jiu n'a pas quitté le groupe car il n'en fait pas partie, c'est un très bon copain et on n'avait pas de bassiste à l'époque et si tu veux il nous a filé un coup de main. Il n'était pas prévu qu'il fasse de la scène avec nous. Très vite c'était un line up studio car à la base on ne savait pas si on allait monter sur scène avec Demande à la Poussière. Par la suite, ça s'est fait grâce à Black Speech qui nous a offert une opportunité à l'époque au mois de mars et derrière ça nous a boosté pour la suite. Après le départ de Jeff ne nous a pas fait douter. On a dû adapter les choses, mais ça nous a donné encore plus envie de continuer l'aventure. Ce qu'on a fait avec le premier album, ça a été un très beau moment avec lui c'est que sur scène les guitares qu'il faisait, les petites mélodies ont les a gardées comme clin d’œil car il ne pouvait pas faire les dates et il était focus sur ses autres projets artistiques. C'était une suite logique aussi on ne pouvait pas demander un investissement plus grand pour Demande à la Poussière car ça demande un temps fou.
Vous avez signé avec le label italien My Kingdom Music, qu’est-ce que cette signature vous apporte de plus ?
Krys : Ce qu'elle peut nous apporter de plus c'est qu'on a quelqu'un qui croit encore plus au projet et qui est moteur à l'international. Ce qui nous permet de refaire un lien avec la scène car on a envie de ce développement même dans des pays francophones. On viserait bien le Canada et on a besoin d'un tel label engagé pour répondre à cette demande. Le label nous a proposé différents supports ... C'est une très belle opportunité.
Votre projet possède une âme cathartique, « Quiétude Hostile » a été composé, sauf erreur 2019, avant la situation actuelle que l’on connait, pensiez-vous que cet album rencontrerait un écho exutoire plus fort en perspective de ce qu’on vit actuellement ?
Edgard : Non, on a fini de composer pendant la situation pour ce qui est des arrangements et certaines choses... Mais l'ossature a été démarrée en 2019 pour être précis.
Krys : Et cet album est forcément influencé par ce qu'on a vécu là. On se disait en commençant à écrire qu'on allait prendre le temps et donc ensuite on s'est pris ça sur la tête avec son lot de frustrations : plus de live, des problèmes personnels, professionnels... donc si la question est de savoir si la situation actuelle a eu une influence sur cet album, la réponse est oui. Même si je te répondais l'inverse, inconsciemment on a tous mis de ça dans ce qu'on a fait. Comme disait Chris on a terminé les arrangements pendant cette période et je pense que ça a accentué la couleur noire de cet album.
On est intimement liés à des sentiments mélancoliques mais aussi à des sentiments de rage et vraiment d'énervements contenus.
En réaction à cette période, beaucoup de personnes qui se sentent
dépressives écoutent souvent des musiques sombres pour se sentir bien,
partagez-vous ce constat et vous sentez-vous comme des musiciens
thérapeutes ?
(Rires) Excuse-moi, mais non ! On n'a pas vu venir la question... Mais c'est intéressant car la catharsis, c'est ça si je ne m'abuse. C'est le fait de défouler et d'avoir un exutoire pour exprimer quelque chose que tu refoulerais en toi.
Edgard : Effectivement ça va avec le cadre de Demande à la Poussière puisqu'on renvoie des images sombres. On est intimement liés à des sentiments mélancoliques mais aussi à des sentiments de rage et vraiment d'énervements contenus. C'est ce qui fait l'album, cette ambivalence.
En termes de sonorité la recherche a été dans ce sens, le côté analogique de la production.
Votre musique est avant tout fusionnelle entre sludge, black post metal, doom, qu’est-ce qu’apporte chacune de ses composantes à votre projet et que cherchez vous à provoquer chez l’auditeur ?
Krys : Ce qu'on cherche à provoquer ? Le premier auditeur que l'on cherche à provoquer c'est nous. On commence par là, d'avoir un écho, des images et des sentiments. Ce qu'on véhicule dans ce groupe pour faire simple, on veut du ressenti et tout est pensé ainsi et pour le live, pour le partage. Que ce soit le tempo ou la recherche mélodique, on fait appel à beaucoup de mémento mori dans l'esprit des gens. C'est la chance qu'on a avec ce projet c'est qu'on a des parties qui reflètent toutes les personnes du groupe en termes de styles.
Edgard : En terme de sonorité la recherche a été dans ce sens, le côté analogique de la production. On s'est donné un cahier des charges un peu strict de pas sonner synthétique et d'avoir du grain dans le jeu, de l'organique. Il n'y a pas de batterie triggée... C'est vraiment du ressenti. Ce sont des amplis, il n'y a aucune simulation.
Votre disque est très impressionnant en terme d’ambiance et d’assemblage dans chaque titre, notamment dans 'Morphème' (ndlr Forme minimum douée de sens - mot simple ou élément de mot) et cette manière de découper le morceau en plusieurs segments que l’on pourrait presque isoler, ce qui atténue votre côté atmosphérique de votre musique, c’était quelque chose que totalement calculé de casser ces ambiances et affirmer votre personnalité ?
Oui, il y a un petit peu de ça. On a travaillé chez moi dans le studio avec comme ligne directrice d'avoir une suite logique avec le premier album, avec plus de temps puisque le premier a été fait très vite, en une semaine. C'est presque la même chose mais avec plus de temps, avec une recherche, une réflexion. Ce n'est pas forcément la recherche d'une personnalité mais un aboutissement en terme de direction.
Kryss : Pour nous oui c'est la suite logique, on a peut être mis plus d'atmosphérique mais ça c'est dû à différentes choses comme l'a dit Edgard, on a fait un énorme travail de recherche de son et c'est souvent ce qui a guidé la composition. On a vraiment travaillé là-dessus, un travail très esthétique.
Edgard : C'est plus le temps qui change, la réflexion...
C'est un luxe que vous n'avez pas eu pour le premier album qui a été enregistré très vite ?
Krys : Il a été fait dans l'urgence car au départ c'était plus un délire. On s'était dit on s'enferme en studio pendant une semaine et on voit ce qu'il en ressort. Il n'y avait pas la volonté de sortir d'album. En rentrant dans le studio on ne savait pas ce vers quoi on allait : de l'acoustique, du metal... Par conséquent on s'est laissé guider par nos envies et c'est pour ça qu'on a invité Jiu pour faire de la basse, d'autres copains... Il n'y avait pas de ligne directrice. Vincent qui s'est mis à la batterie etc... tout ceci était très spontané. Donc c'est pour ça que ce nouvel album est la suite logique tout en ayant pris plus de temps.
Autre titre très fort c’est ‘Perdu’ qui
est totalement hypnotisant par sa répétition rythmique et tout ce qui se
trame autour avec l’apport de la contrebasse jusqu’à cette explosion
libératoire et sa profonde tristesse, mélancolie voire détresse qui s’en
dégage pour en faire peut-être le morceau le plus émotionnel du disque
avec ce témoignage (ndlr : un extrait d’une interview de Françoise Sagan), quel était
votre but avec ce titre ?
Krys : Tu parlais de Jiu, c'est lui à la contrebasse. Derrière c'est Françoise Sagan qu'on entend parler et l'idée c'est cette détresse qui il y a dans cette interview dans laquelle elle décrit les personnages de son livre et qui a fait écho chez nous car il y avait un côté très prononcé entre la lourdeur des riffs et ce thème répétitif de perdu, ce mot est très fort. Il fait écho souvent à différents points dans la littérature et c'était important pour nous de le souligner.
Ce qu'il y a de bien c'est que le black metal et autres musiques extrêmes ont
trouvé cette ouverture de la littérature pour faire venir des gens vers
ce style de musique
Votre œuvre est également très littéraire (votre écrivain de tutelle est
John Fante mais vous aviez également précédemment cité Albert Caraco
« Le Bréviaire du Chaos »), et c’est une remarque que l’on peut faire au
sujet du metal extrême c’est que celui-ci est extrêmement recherché de
par sa source textuelle et conceptuelle loin de l’image première qu’il a
dans l’esprit de la majorité des personnes, comment expliquez-vous ce
décalage ?
Krys : Je pense qu'il y a deux écoles là-dessus. Je parlerai simplement d'esthétisme. Des fois il est difficile de ne pas mettre de littérature pour suivre une musique extrême. Pour moi la littérature renforce toutes les images que vont véhiculer la musique. Ce style de musique a quelque chose d'envoûtant. Et par conséquent derrière il lui faut des marqueurs forts comme la littérature pour amener un imaginaire qui peut parfois être conflictuel. Il y a certains groupes de black qui vont prendre des textes très imagés et qui seront des marqueurs vraiment esthétiques pour ajouter de la valeur au message. J'ai pris énormément de temps à écrire chaque parole pour cet album et à faire attention au champ lexical, à toutes ces aspérités différentes pour vraiment teinter notre musique d'une logique littéraire complémentaire. Pour moi c'est extrêmement important. Il n'y a pas de dichotomie entre la musique extrême et la littérature, bien au contraire. Que ce soit un livre de 600 pages dans lequel il faut rentrer ça reste un pavé et parfois la musique extrême quand on connait pas ça reste un pavé et c'est compliqué. Il faut avoir des grilles de lecture. Et ce qu'il y a de bien c'est que le black metal et autres musiques extrêmes ont trouvé cette ouverture de la littérature pour faire venir des gens vers ce style de musique, et je trouve que c'est une bonne chose.
Oui et pour peu que l'on soit curieux, on y trouve des richesses incroyables qu'on ne retrouve pas dans d'autres styles musicaux plus classiques ou accessibles...
Krys : Il y a tout une esthétique, je me répète, mais nous on l'a intégré dans l'artwork, dans les textes, dans la musique jusque dans les clips ce qui permet d'avoir une atmosphère globale autour de l’œuvre. Ce mot n'est pas galvauder car c'est complet et ça interagit avec toutes les formes d'art. Et c'est là où je trouve que la puissance du black metal est en train de supplanter le côté basique du groupe de garage qui hurle dans son coin... On est en train de s'ouvrir et je trouve ça bien mais il faudra faire attention à ne pas basculer dans ce que j'appelle l'arti black metal que je ne comprends pas trop. Quand ça bascule dans l'art pour l'art, je ne sais pas si on se perd pas trop.
Il faut trouver un équilibre car c'est un concept à la base ....
Krys : C'est ça, mais encore une fois si l'artiste a envie d'aller dans cette voie-là, qu'il le fasse parce c'est ce qu'il ressent. Ce qui moi me déplait c'est que certains vont vers cette voie là pour être simplement attaché à une forme d'esthétisme black.
En ce forçant et donc sans se faire plaisir avant tout.
Krys : Tu as tout compris en effet.
On a envie de faire voyager les gens dans quelque chose d'assez poignant et que les images parlent d'elles-mêmes.
Vous parliez d'esthétisme et dans cet album vous utilisez également plusieurs samples (‘Bois de Justice’, ‘Le léger goût de souffre’) il y a aussi un côté cinématographique...
Krys : Totalement, et c'est bien que tu le soulignes, on a essayé d'apporter différents tableaux. Tu parlais de composition, c'est un peu ça. On a envie de faire voyager les gens dans quelque chose d'assez poignant et que les images parlent d'elles-mêmes. Dans 'Bois de Justice' le texte a été basé sur une avocate qui a décrit la dernière mise à mort en France. Après j'ai brodé autour pour apporter des sentiments personnels pour rapprocher cette histoire et lui remettre de l'humanité. A un moment donné on parle de détenu, de numéro et ainsi on en perd la substance humaine. On est sur quelqu'un qui part à l’échafaud. Il faut que les gens aient cette sensation. On a l'habitude, quand on part en live, d'avoir plus de vidéos parce que ça s'y prête beaucoup plus que le premier album.
Edgard : C'est une approche moderne de la musique car beaucoup maintenant relient la musique à l'image, notamment avec les clips. C'est de notre temps, c'est l'époque. C'est pas pour autant un passage obligé, ça vient un peu malgré nous, j'ai toujours intégré dans mes prod que ce soit électro ou metal, de façon naturelle.
La pochette est très belle et me rappelle un peu le "Damnation" d’Opeth qui aurait rencontré David Hamilton pour ce flou (d’ailleurs une des photos promo représente vos visages floutés par un mouvement de tête), qu’est-ce que ce flou représente pour vous, une façon de ne pas être saisissable ?
Krys : Là c'est assez particulier car on a travaillé avec une artiste, Aurélie Redron, qui travaille sur des vieilles pellicules qu'elle ne retouche pas ce qui donne ce grain particulier d'où le flou ressort. On a vraiment pris l'image telle quelle.
Neil : C'est très raccord avec la production, le grain. On a voulu garder ça sur la pochette. C'est venu presque par chance mais c'était très voulu avec ce côté graphique. Cette artiste travaille de la même façon que nous, sans retouche, c'est un one shot, une photo avec ses défauts, ses qualités mais c'est de l'analogique.
Krys : L'image que tu vois sur la cover il y a un côté insaisissable mais aussi un côté qui fait écho avec 'Quiétude Hostile' car tu ne sais pas ce qu'il peut se passer après. Qu'est ce que ça raconte... ça devait rester une interrogation. On ne sait si c'est quelqu'un qui a peur, qui va nous bondir dessus, de traumatiser ou autre... On a quelque chose de conceptuel autour de ça. Comme tu l'as dit, ça rappelle l'univers du black. Il y ce grain année 90 et on est fier de ça.
On ne mène pas les gens à Walt Disney. C'est un voyage au bout de l'enfer ou au bout de la nuit
‘Quiétude Hostile’ est un titre très fort qui joue sur un contraste, comment une quiétude peut-elle être hostile, c’est le calme avant la tempête ?
Krys : La quiétude, tu peux la voir comme une lassitude permanente de la vie où tu est complètement amorphe et tu n'avances plus. Mais ça peut être aussi une force dans le cadre de la méditation et la prospection vers l'avenir. Après le côté hostile, c'est exactement ce qu'on annonce, c'est à dire que tous les sentiments qu'on véhicule à travers l'album, on s'est déchargé, c'est de la rage, c'est du ressenti, c'est vraiment quelque chose de ténébreux et de terreux. On ne mène pas les gens à Walt Disney. C'est un voyage au bout de l'enfer ou au bout de la nuit pour une référence littéraire complémentaire. On est sur quelque chose de très fort et poétique. La dichotomie des deux termes était intéressante car sur tu prends Q et H tu prends énormément de force là-dedans car c'est l'abréviation des Quartiers de Haute Sécurité. Et on est enfermé là dedans. Avant l'hostilité il y a toujours une quiétude avant.
‘L’oubli du Contrasté’ est peut-être le titre le plus extrême et épique voire progressif si on peut le dire sur cet album, le plus rageur. Comment expliquez-vous cette perception ? Et cette touche progressive est quelque chose que vous souhaiteriez explorer un peu plus à l’avenir ?
Neil : On se pose pas autant de questions ! Cet album a été fait avec l'apport de beaucoup de choses de chacun, dans lesquelles on a fini par avoir une couleur globale et on a creusé cette couleur. Mais je ne pense pas qu'on se posera ce genre de question non plus par la suite, du moins à les verbaliser en ces termes-là. On va amener des choses, on va essayer de creuser cette couleur de son qu'on a trouvée, cette identité sonore et on verra selon nos sentiments quand le moment sera venu ce que ça donnera.
Moi 'L'oubli du Contrasté' ça me faisait penser, t'as pas tort car c'est un peu un morceau à tiroirs, à un petit côté Neurosis dans les riffs. C'est peut être celui-là où ça ressort un peu, je dirai pas mainstream quand même, mais un peu différent du reste.
Mais vous-même vous êtes contrastés car on sent quelque chose de très pensé, très réfléchi et en même temps de spontané dans la manière dont vous abordez la musique et les compositions ?
Krys : Ce qu'on recherche avant tout, c'est le ressenti. Après tout ce qui est décorum et impact visuel, c'est normal que ce soit plus "artistique" et pensé. Mais avant tout c'est la musique qui va guider tout ça. Mais plutôt que dire prog, je pense que 'l'Oubli du Contrasté' ça peut souligner un petit clin d'œil à ce qu'on a écouté comme Ulver ou autres, des choses d'avant-garde. Il y a eu du parti-pris comme mettre la batterie en arrière, des recherches et des choix artistiques forts et c'est bien que tu le soulignes, mais je vois pas trop le côté prog à la King Crimson.
En terme de progression et de changement d'atmosphère et de non linéarité il y a un petit côté prog, après c'est qu'une impression comme un livre chacun le perçoit différemment...
Krys : Tu as raison, l'idée est de véhiculer des images et chacun tente d'y lire ce qu'il en entend ou ce qu'il en comprend. On n'a pas du tout envie d'avoir cette vision unique, ça va dans tel sens. Il faut que les gens soient curieux et se posent des questions.
Autre point culminant du disque - et ça rejoint la question précédente sur l’aspect progressif et très personnel de voter approche musicale -, c’est ‘Expiravit’ avec ce sax dément qui est quelque chose d’absolument incroyable, comment est venue cette idée d’utiliser cet instrument et en particulier sur ce morceau ?
Krys : C'est venu du fait qu'on a rencontré Dima des White Ward lors d'un concert commun à Paris. On l'avait contacté et il est venu sur scène. On s'était dit qu'il fallait qu'on fasse quelque chose en studio dès qu'un morceau s'y prêterait. Du coup, sur ce titre on a repris contact. C'est vraiment une histoire de fraternité. Pour nous il ouvre des portes ce morceau, car on s'est aperçu que le saxophone apportait quelque chose à notre musique, une temporalité qu'on avait pas encore. Il apporte une autre dimension mélancolique... C'est une force pour nous.
Il y un jeu aussi sur les silences notamment à la fin de ce morceau...
Krys : On a énormément joué sur les temps morts.
Edgard : Oui, c'était important pour nous de placer des moments de tension et de repos surtout avec Chris dans les chants juste avec de simples mots parfois. L'album commence avec les mots, qu'ils cessent les mots et que l'album finisse avec ce silence.
Qu’est-ce que vous attendez de cet album ?
Ensemble : Qu'il soit bien accueilli, on a mis du cœur et du plaisir. Que les gens le comprennent. Et on n'attend plus que les concerts pour le faire vivre. On travaille là-dessus sans que ça dure trop longtemps. On attend surtout que les gens nous poussent à aller plus loin et à contribuer à la scène black metal.
Nous avons commencé l’interview par la question qu'on vous a trop posée, quelle est celle à laquelle vous auriez aimé répondre et que je ne vous ai pas posée ?
Edgard : C'est une bonne question parce que du coup on nous l'a pas posée !
Je vous propose d'y réfléchir pour la prochaine fois et de commencer par celle-là pour le prochain album.
Merci pour la qualité de l'analyse de l'album et les questions qui ont porté sur la globalité artistique. C'était pertinent.
Merci à vous et belle continuation.