Six ans et demi plus tard, nous avons fait le point sur le formidable voyage réalisé par Gaëlle au travers de premières parties, de rencontres prestigieuses et des anecdotes incroyables pour arriver à ce quatrième album "Your Journey" qui marque une vraie étape dans la carrière de l'artiste, que ce soit au niveau de l'écriture mais également le fait de passer d'artiste auto-produite à signée sur Verycords...
Plein de choses se sont passées depuis notre rencontre…
Gaêlle Buswel : Oui je me souviens parfaitement nous nous étions rencontrés sur le Parvis de la Défense…
S’il y a bien une leçon que j’ai apprise de mes parents, c’est bien de ne jamais oublier d’où je viens.
Depuis le temps -six ans et demi exactement- je pensais que tu nous avais oublié surtout que Madame côtoie des Billy Gibbons, Ringo Starr…
Non, je suis toujours la même et je n’oublie pas les gens quand même (Rires) !
Et s’il y a bien une leçon que j’ai apprise de mes parents, c’est bien de ne jamais oublier d’où je viens.
Et puis tu as beau faire Ringo Starr un jour, le lendemain tu joues dans une ville où personne ne te connaît et où il faut faire ses preuves… Il y a de beaux moments qui arrivent mais pour le moment, ils sont tellement éphémères qu’il faut arriver à trouver la balance de toutes ces choses et continuer à garder le cap.
Six ans et demi après, quatrième album, pour lequel tu signes chez Verycords…
(Enthousiaste) Oui !
… Auras-tu autant de liberté à l'avenir que tu en avais jusqu'ici en autoproduction ?
Artistiquement parlant ? Oui, nous aurons toujours la même liberté. On a signé un contrat de licence avec Verycords. Nous avions déjà réalisé toute la production et ils étaient satisfaits de l’aspect artistique : ils nous laissent à 10.000% cette gestion : c’est ce qui est cool !
J’arrivais à un point où ça commençait à devenir trop lourd de développer ce projet tout seule.
Et comment expliques-tu une telle signature pour le quatrième album et pas avant ?
Avant, nous avons réussi à être autonomes sur l’aspect auto-production. Sur à ce quatrième album, je suis arrivée à un point où ça commençait à devenir trop lourd de développer ce projet tout seule. Je pense que jusqu’à aujourd’hui, j’ai réussi à le développer jusqu’à un certain niveau mais à un moment donné, on ne peut pas tout faire soi-même. Sur cet album, je voulais m’entourer d’une équipe qui pouvait nous aider à porter ce projet. Et puis, ça faisait pas mal de temps que nous discutions avec Verycords -depuis deux ou trois ans- on a appris à se connaître et il a fallu que les choses se mettent en place pour en arriver là aujourd’hui.
Tu as toujours ambitieuse mais tu t’es rendu compte que si tu voulais faire passer un cap, il fallait s’entourer de bonnes personnes…
Exactement ! A un moment donné, c'est complexe, le projet grossit de plus en plus et il y a l’aspect musical à gérer également, ma place de musicienne et de chanteuse aussi et comme tout projet en développement, ça demande énormément de temps : c’est du travail 24 heures sur 24 ! Effectivement, c’est une belle étape que nous passons avec Verycords !
On reste vraiment producteurs de nos albums !
Cet album bénéficie de nombreux arrangements (claviers, lignes de cordes, chœurs…). Est-ce que ton passage chez Verycord est à l’origine de ce développement de moyens ?
Pas du tout puisque de ce côté, on a vraiment réalisé toute la production de cet album nous-mêmes. Nous sommes passés par un site participatif où tous nos fans ont précommandé des albums. Cela nous a aidé à financer cet album, pouvoir aller en studio à ICP et à Abbey Road. On reste vraiment producteurs de nos albums !
Cela répond à nouveau à la première question à savoir que vous étiez totalement libres…
Exactement, l’album était produit, réalisé, mixé et masterisé… et nous avons nous-mêmes choisi la pochette de l’album et les personnes avec lesquelles nous avons travaillé.
C’est seulement une fois que l’album était abouti que nous avons signé avec Verycords même s’ils suivaient un petit peu tout ce que nous faisions de toute façon.
Mais tous les partis-pris de cet album du début à la fin, le choix du double album, d’aller à Abbey Road… ce sont nos choix à 10.000% qui ont été soutenus par la suite par Verycords. Et ça, c'est fabuleux !
Et pourquoi Abbey Road ?
Mais Abbey Road, c’est la vie (Rires) !
C’est un rêve que tu avais depuis des années et que tu as pu réaliser pour cet album ?
Il y a plein de choses qui font que nous nous sommes retrouvés à Abbey Road. En 2018, nous avons eu l’immense chance et honneur de faire la première partie de Ringo Starr à l’Olympia et le jour-même, nous avons eu l’autorisation de pouvoir chanter notre version de ‘Help’ des Beatles en première partie de Ringo Starr.
Il faut savoir que nous avons su juste une semaine avant que nous allions faire la première partie de Ringo Starr. Et le jour J, nous étions dans les loges et cinq minutes avant de monter sur scène, le manager de Ringo Starr nous dit que Ringo est d’accord pour que nous jouions ‘Help’ sachant qu’il ne la jouerait pas lui-même ce soir-là.
C’était un challenge parce que la version de cette chanson nous accompagne sur scène depuis dix ans. Il n’y avait pas plus belle opportunité, de plus beaux aboutissements que de pouvoir jouer cette chanson à cet endroit.
Pas de plus belle opportunité mais une plus grosse pression que de la jouer dans ces conditions…
J’avais l’impression de la chanter pour la première fois (Sourire) !
Il faut vivre l’instant et si nous ne l’avions pas fait, nous l’aurions regretté
… devant son créateur et ses fans qui t’attendent au tournant…
C’était hallucinant ! Je me souviens que Matthieu Drouot m’avait dit que c’était sacrément couillu d’avoir joué ‘Help’ à ce moment-là, à cet endroit-là !
Je me dis qu’il faut vivre l’instant et si nous ne l’avions pas fait, nous l’aurions regretté parce que cette chanson ne pouvait pas avoir une meilleure place qu'à cet endroit. Ce n’est pas peut-être pas la meilleure des versions qu’on a jouées ce jour-là parce qu’il y avait la frousse, une adrénaline de dingue. Et je me rappelle qu’au moment de jouer les premières notes en regardant les premiers rangs, je me suis rendue compte qu'il n'y avait que des visages que je connaissais dans la salle : Joan Baez, Philippe Manœuvre… et je me souviens d’avoir fixé mon regard sur Gérard Darmon qui était là et qui regardait pouce en l’air (Sourire) ! Ça s’est très bien passé, on a eu de super retours…
Et quand on a lancé notre campagne de site participatif pour la production du quatrième album, on a atteint notre objectif en 48 heures : c’était assez hallucinant ! On a complétement dépassé les objectifs et on a dit aux gens que si nous dépassions un nouveau seuil, nous allions enregistrer des bonus à Abbey Road. C’était le lien de cette chanson qui nous suit depuis dix ans. Et après l’avoir joué avec Ringo Starr, l’enchaînement logique était d’enregistrer à Abbey Road. Et alors que nous ne devions enregistrer que deux titres, nous avons finalement enregistré neuf titres en acoustique.
On se voit comme des musiciens indépendants et on se retrouve dans la cour des grands
Tu as cité Ringo Starr. De toutes les prestigieuses premières parties que tu as pu assurer de Jonny Lang à Ringo Starr donc en passant par ZZ Top, Beth Hart, UB40, Bertignac…, laquelle t’a marquée le plus et pourquoi ?
Il y a plein de choses qui m’ont marquée mais sans hésitation, l’artiste qui m’a le plus marqué, c’est Jonny Lang parce que c’est mon artiste de référence, c’est l’artiste qui m’a donné envie de faire de la musique. J’aime tout chez cet artiste : sa façon d’écrire, sa voix, son jeu de guitare… et c’est une personne tellement bienveillante que de pouvoir me retrouver à faire toute sa tournée française, c’était le Graal, le rêve absolu en tant que musicienne : je ne pouvais pas rêver mieux !
J’étais super heureuse de rencontrer son public, public dont je fais partie parce que je me suis retrouvée cinquante fois à leur place pour voir les concerts de Jonny Lang. Et pour le coup, j’étais sur scène avec les fans de Jonny Lang qui nous ont fait un accueil incroyable avec notamment des standing ovations le soir à la Cigale…
A partir de ce jour-là, je ne sais pas si c’est le fait d’avoir réalisé ce rêve ultime mais que des choses incroyables nous sont arrivées…
La rencontre avec Ringo Starr a également été incroyable parce que quand on a fait sa première partie, on n'avait que sept minutes de balance parce qu’ils avaient pris du retard. Et au moment où nous faisions nos sept minutes de balance, quelqu’un vient me taper sur l’épaule en me disant : "Hey, je m’appelle Ringo, je suis super content que tu sois là pour faire notre première partie !" (Rires) !
Nous avons eu une chance hallucinante de faire toutes ces premières parties de Ringo Starr à ZZ Top. On rencontre des artistes qui nous ont influencés, qu’on écoutait jeunes. Dans une vie "normale", tu ne rencontres pas ces personnes. C’était quelque chose d’inimaginable, de l’ordre de l’impossible !
Ma plus grande fierté est quand j’ai joué avec ZZ Top d’avoir mes parents présents parce que ce sont eux qui m’ont inculqué cette culture musicale, c’était comme une façon de les remercier.
Toutes ces choses sont arrivées grâce à l’aide de Gérard Drouot Productions qui nous a énormément soutenus et qui continue à nous soutenir encore aujourd’hui. Ce sont des choses qui resteront gravées à jamais !
C’est fou parce qu’on se voit comme des musiciens indépendants et on se retrouve dans la cour des grands. Et on se dit que si on est là, c’est qu’on a peut-être notre place à leurs côtés.
Ce qui est fou c’est qu’on se retrouve à faire les premières parties de tous les artistes qui nous ont influencés et qui font que nous sommes ces artistes aujourd’hui. C’est démentiel de rencontrer ces gens qui ont contribué à la musique que nous essayons de faire aujourd’hui et qui ont créé l’histoire du rock tout simplement ! Je t’en parle, j’ai des frissons !
Et le partager avec tes parents comme l’anecdote de ZZ Top, ça n’a pas de prix !
Oui, il y a eu ce truc dingue qui est arrivé lorsque nous faisions la première partie de Ringo Starr : ma mère était assise à côté Joan Baez ! Elle ne s’en était pas rendue compte alors que c’est une énorme fan de Joan Baez !
Lorsque nous sommes sortis de scène, je lui ai envoyé un SMS pour lui dire qu’elle était à côté de Joan Baez, elle m’a répondu qu’elle venait de s’en rendre compte mais elle n’osait rien dire (Rires) !
En même temps, c’est intimidant d’être à côté de telles légendes…
Mais ce sont des gens très simples. Quand elle est passée dans les loges, Joan Baez a dit bonjour à tout le monde. Ce sont des gens extrêmement simples, bienveillants… Ils n’ont pas la grosse tête : ce sont des gens bien !
Déjà qu’ils font de la bonne musique, si en plus, ce sont des gens bien : ça en fait des gens merveilleux ! Et Billy Gibbons, c’est pareil : c’est un mec en or !
C’est ce qui est fabuleux quand tu rencontres ces gens-là, tu te rends compte qu’ils ont toujours gardé cette passion de la musique : ça fait 50 ans qu’ils jouent les mêmes titres mais ces artistes ont toujours cette âme de la première fois où ils ont joué leurs morceaux sur scène… C’est ce qui est d’autant plus appréciable quand tu les rencontres…
Quand on fait de la musique, je pense que nous sommes tous un peu maso
Après ZZ Top, tu vas assurer prochainement la première partie de la tournée de Deep Purple… Tu évoquais la frousse au moment de jouer ‘Help’ en ouverture de Ringo Starr, ce sentiment est-il toujours présent au moment de te confronter au public de ces légendes ?
Mais oui, on l’aura toujours ! Quand on fait de la musique, je pense que nous sommes tous un peu maso de se projeter sur une scène : quand c’est notre public, on n’a pas envie de le décevoir et quand c’est un public qu’on ne connaît, on se demande s’il va nous aimer.
Concernant les concerts qui m’ont marquée, je sais que le confinement m’a permis de pouvoir réaliser tout ce qui nous était arrivé. Plein de choses sont arrivées très, très vite mais nous étions encore en autoproduction et il fallait encore gérer plein de choses même avant de monter sur scène, il fallait gérer de l’administratif… : nous n’étions pas à 10.000% dans cette place d’artiste avant de monter sur scène, tu es à ta place d’artiste quand tu as mis les pieds sur scène mais ces moments-là sont courts parce que c’est le temps d’un concert.
On a des choses à dire avec des textes plus actuels et sortir ces
chansons en période de pandémie leur donne un sens différent et plus
fort
A l’inverse, tu n’as pas peur que la pandémie qui nous touche tous coupe ton élan ?
J’avoue que nous avons un tout petit peu peur de ça mais en même temps, on se dit que la situation est ainsi -on ne peut pas la changer- et il faut qu’on s’adapte.
On a longuement réfléchi avec toute l’équipe de Verycords parce que c’est un risque de sortir un album au mois de mars. On s’est demandé si les concerts allaient repartir ou non… Mais à un moment donné, cet album est enregistré, on a des choses à dire avec des textes plus actuels et sortir ces chansons en période de pandémie leur donne un sens différent et plus fort. Et surtout les gens ont besoin de ça en ce moment !
Si on attend que tout reparte à la rentrée, quelle place aurons-nous en tant qu’indépendant quand tout repartira ? Ça me fait très peur mais il y a des choses à faire avec le soutien de nos fans, le soutien de médias pour soutenir des projets comme le nôtre. Plus que jamais, on a vraiment besoin de toutes ces personnes qui nous suivent depuis dix ans et grâce à qui on existe comme vous -Music Waves- qui nous soutenez depuis longtemps (Sourire)… Je pense que le parti-pris de sortir l’album maintenant est de continuer à exister et perdurer parce que quand ça va repartir, tous les artistes connus vont sortir leur album et comment ça va se passer pour nous par la suite ? Il faut donc que nous fassions notre chemin maintenant et puis, nous voulions surtout partager notre musique et les gens en avaient besoin. Et il ne faut pas attendre qu’on nous donne l’autorisation que la culture reparte ou que les salles puissent ouvrir pour apporter des choses et avoir des choses à dire : il faut les dire maintenant (Sourire) !
Tu as évoqué en début d’interview de petites salles où il fallait faire ses preuves, les lendemains de premières parties prestigieuses. Dans cet état d’esprit, comment s’est passée la tournée en Arizona et plus globalement, comment se développe ta carrière en Amérique du Nord où tu essayes d’être assez présente ?
C’est un peu particulier ! On a eu la chance de pouvoir jouer aux Etats-Unis, au Canada et un petit peu aussi au Japon mais c’est très difficile de développer sa musique de l’autre côté de l’Atlantique. C’est vrai qu’on a eu énormément de chance qu’un producteur de spectacles ait organisé toute cette tournée. C’était vraiment génial qu’il puisse mettre ça en place. Ça nous a beaucoup aidé à développer des choses : on s’est rendus compte qu’il y avait beaucoup de gens qui nous attendaient là-bas.
C’était super mais en même temps, c’était un peu nouveau parce qu’à chaque fois qu’on joue, qu'on tourne dans un pays, on repart à zéro.
Notamment au Japon…
C’était hallucinant parce que quand on s’est retrouvés là-bas, on s’est rendus compte qu’on avait des fans qui nous suivaient depuis déjà six ans ! Ils ne nous avaient jamais vu en live, ils avaient juste trouvé des albums sur internet… Je me rappelle d’un fan dont le rêve était de nous rencontrer et le jour où nous avons fait notre petit concert dans une petite salle, il ne pouvait pas venir parce qu’il travaillait. Mais il tenait vraiment à nous rencontrer et avait un petit cadeau pour nous, on l’a contacté en disant qu’on pouvait se rencontrer autour d’un café. Il était super ému ! On s’est retrouvés et il avait un cadeau pour toute l’équipe : c’était super mignon d’avoir vécu ce moment parce que si on s’est retrouvés à jouer là-bas, c’est parce que des gens nous ont découverts, il y a eu de la demande pour acheter nos albums…
Vraiment ça ramène plein d’émotions et je suis contente de les partager avec vous parce que vous connaissez bien le projet (Sourire) !
Mais le Japon, c’est compliqué et comme nous étions en autoproduction, ce sont des gros moyens notamment financiers qu’on n’a pas forcément pour faire les voyages…
Je ne me considère pas du tout comme une guitariste soliste
Sans transition, alors que tu jouis d’une belle réputation en tant que guitariste, tu laisses la priorité à Michaal Benjelloun. N’as-tu jamais pensé à prendre un peu plus de place au niveau de cet instrument à l’instar de Laura Cox ?
Je ne me considère pas du tout comme une guitariste soliste, je m’accompagne à la guitare, je compose mes chansons à la guitare. Sur ce nouvel album, je fais quelques riffs de guitares. Mais je n’ai pas forcément envie de prendre cette place de guitariste à 100%. Et puis, j’ai surtout un guitariste sensationnel : je pense que j’ai le meilleur guitariste de France à mes côtés (Sourire) ! Ça fait dix ans que je joue avec Michaal… Michaal c’est mon frangin ! Et Laura, j'adore : elle est hyper talentueuse en plus d'être une nana en or!
Je suis plus chanteuse que guitariste à la base. Je prends beaucoup de plaisir à faire ce que je fais à la guitare.
Mais c’est vrai que sur les autres tournées, je ne jouais pas beaucoup de guitare électrique : je m’y suis mise beaucoup plus tard. Mon instrument est vraiment la guitare acoustique mais j’ai pris un peu plus de temps pour développer le côté électrique en accompagnement et quelques riffs de guitare.
A propos de Laura, pendant le confinement, tu avais enregistré avec elle et d’autres chanteuses, une superbe reprise de 'Shooting Stars' en mode "Girl Power"…
Oh merci (Sourire) !
On me pose souvent des questions sur la place de la femme dans la
musique et je trouve dommage qu’en 2021 on doit encore poser ce
genre de questions.
... C'était juste pour le fun ou y avait-il une petite revendication féministe derrière cette reprise ?
Je pense qu’il y avait les deux ! Le côté positif qu’il y a eu du confinement, c’est que j’ai pu prendre le temps de faire des morceaux avec les personnes avec qui on n’avait jamais vraiment eu le temps de le faire, tout le monde est en tournée… Pour le coup, c’était un peu mon coup de folie de vouloir réunir toutes mes copines, toutes les nanas que j’adore dans la musique et les mettre en avant. On me pose souvent des questions sur la place de la femme dans la musique et je trouve ça dommage qu’en 2021, on doit encore poser ce genre de questions. Ça peut me titiller mais si on aborde ce sujet, c’est que c’est important de le faire. Donc oui, j’avais vraiment envie de mettre les femmes en avant et de montrer que les femmes ont leur côté couillu en passant un message assez fort à travers cette chanson de Rival Sons. J’étais très heureuse que tout le monde puisse répondre présent pour cette chanson parce que ce sont des nanas en or.
On a un peu plus lâché les chevaux sur cet album
Ton nouveau projet, c’est donc "Your Journey". Quels sont les textes que tu abordes dans cet album, as-tu un sujet de prédilection, un fil rouge ?
Je pense qu’on a abordé pas mal de thèmes mais c’est vrai qu’on a un peu plus lâché les chevaux sur cet album : j’étais peut-être dans la retenue en écrivant avec des métaphores. Et c’est vrai qu’il y a des thématiques sur lesquelles on est rentrés plus dedans, je pense notamment à un titre dont le texte est très important et c’est peut-être le texte le plus triste de l’album ‘Razor’s Edge’ alors que la chanson est très soul, très positive. C’est une chanson qui aborde un peu tout ce qui se passe aujourd’hui et les soucis qu’on peut avoir au niveau de l’écologie, ce que l’humain prend à la nature… On a essayé de mettre tout ça dans une chanson en montrant que tout se casse la gueule devant nous : que faisons-nous ? Restons-nous spectateurs de tout ça ou allons-nous réagir ? Nous avons essayé d’oser dire les choses de façon un peu plus franches et directes.
Il y a également un autre titre ‘Last Day’ que nous allons sortir en deuxième single…
Ça fait partie de ma personnalité : je suis quelqu’un d’extrêmement positive
Le fil du rasoir, le dernier jour… c’est la joie !
(Rires) Non mais il ressort toujours quelque chose de positif à la fin de toutes les chansons. Ça fait partie de ma personnalité : je suis quelqu’un d’extrêmement positive, je considère qu’il y a toujours une petite lumière qui fait qu’on va s’en sortir, qu’on va trouver une solution même aux situations les plus sombres !
Tu es optimiste sur la situation actuelle -non pas l’épisode de la Covid- et la dégradation écologique ?
J’essaie de l’être parce que si nous ne le sommes pas, on n’arrivera pas à changer les choses. J’ai peut-être tort mais j’ai l’espoir que notre rôle de musicien est d’apporter des choses à notre façon, à notre petit niveau… en passant des messages à travers nos chansons et peut-être avoir un impact sur la conscience des gens. C’est notre espoir et notre force en tant que musiciens de se dire qu’aujourd’hui en période de Covid, les gens n’ont pas accès à la culture comme d’habitude et nous prenons le parti de sortir nos chansons aujourd’hui dans l’espoir de passer des messages de façon un peu plus appuyée parce que les gens sont peut-être plus réceptifs en ce moment.
Sur cet album, j’ai tout lâché, tout exploré… des choses que j’avais en
moi et que je n’osais pas faire avant. Et nous nous sommes dit que
c’était notre quatrième album, il fallait passer une étape !
Tu évoquais ‘The Razor’s Age’, sur ce titre comme celui éponyme, tu pousses ta voix plus haut que d’habitude. As-tu travaillé dans ce sens et est-ce lié aux thèmes que tu viens d’évoquer ?
J’aime beaucoup explorer plein de choses au niveau de la voix. Je suis toujours curieuse de savoir comment développer ma voix. Nous ne sommes pas sur scène en ce moment, je ne travaille donc pas la voix de la même façon. Je continue de prendre des cours de chant depuis des années : je prends des cours de chant lyrique, des cours de chant d’opéra, des cours de chant plus basés sur le chant indien, sur les énergies, je travaille ma voix saturée…
Il y a plein de choses sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé pendant des années mais je n’osais pas. Et sur cet album, j’ai tout lâché, tout exploré… des choses que j’avais en moi et que je n’osais pas faire avant. Et nous nous sommes dit que c’était notre quatrième album, il fallait passer une étape ! Et de mon côté, il y a peut-être une étape de maturité dans ma façon d’ouvrir ma coquille même si on a toujours tout donné dans chaque album : sur cet album, on a tout laissé sortir sans se fixer de limite.
C’est une liberté de pouvoir chanter, de pouvoir s’exprimer. Nous n’avions pas envie de nous limiter que ce soit dans les solos de guitare, il y a même des partis-pris au niveau de la batterie qui sont différents des autres albums, des lignes de basse… Il n’y a aucune limite !
Et j'ai une super équipe qui m'a entourée, la même depuis 10 ans (Rires) avec qui nous avons écrits et composés ces morceaux, avec Michael, Angéla Randall, Steve... et le tout géré de la main de mâitre de Didier Théry à la réalisation.
Sur ‘A Perfect Foil’, on ressent une ambiance assez Led Zeppelin avec une guitare un peu saturée. Est-ce une inspiration venant des studios ? Et sur ‘Louder’, tu durcis le ton par rapport à d’habitude avec un gros rock qui balance. Est-ce en prévision de ta première partie de Deep Purple ?
Pas du tout parce que nous ne savions pas du tout que nous allions faire la première partie de Deep Purple ! On ne compose pas du tout en prévision de tel ou tel évènement à venir, les chansons viennent de nos tripes. Et dans le cas présent, on avait ça à donner, à dire…
Tu évoquais un fil rouge tout à l’heure mais concernant ‘A Perfect Foil’, depuis le premier album "Yesterday’s Shadow", entre chaque album, à chaque fois, il y a une chanson qui raconte une histoire et qui est la suite du morceau du précédent album. Dans "Yesterday’s Shadow", c’est le titre ‘’Yesterday’s Shadow’, la suite c’est ‘Selfish Game’ dans "Back to Blue" et la suite de cette chanson c’est ‘New Day’s Waiting’ dans l’album "New Day’s Waiting" et la suite, c’est ‘A Perfect Foil’.
A chaque fois, c’est mon fil d’une histoire que j’ai raconté par rapport à une première chanson d’un évènement qui m’est arrivé. Au fil des années, je vois comment j’évolue avec ça, ce que cette expérience de la perte de quelqu’un qui avait le même âge que moi, qui était mon cousin, mon frère. Ça m’a énormément appris sur les expériences de vie dans les émotions à gérer. Ça a été mon fil conducteur de pouvoir continuer de le faire exister dans chaque album d’une certaine façon et de m’accompagner.
On essaie de prendre toutes nos influences -des années 1960-70 ou plus
actuelles- de les mélanger et d’en faire quelque chose qui sonne Gaëlle
Buswel !
‘What Might Have Been’ est une ballade blues très old school. Quelles sont tes principales influences en la matière : plutôt Gary Moore, Beth Hart ou des légendes telles que B.B King ou autre ?
Alors écoute, c’est marrant parce que tous ceux que tu as cité, je les adore. Beth Hart est la plus belle voix féminine de tous les temps, on a eu la chance de pouvoir la rencontrer : c’est un monument cette femme !
Mais pour en revenir à ta question, ce n’est pas une influence en particulier parce qu’il y a plein d’artistes qui m’inspirent et qui sont d’univers différents : des choses très rock, j’adore les vieux gospels qui sont enregistrés à l’arrache, j’adore des morceaux très récents de rock…
En fait, on essaie de prendre toutes nos influences -des années 1960-70 ou plus actuelles- de les mélanger et d’en faire quelque chose qui sonne Gaëlle Buswel !
Et il y a les influences de Michaal à la guitare, qui est très influencé Joe Perry, Led Zep…
Dans son jeu de batterie, Steve (NdStruck : Steve Belmonte) est plus influencé par les Beatles mais aussi le gros son ZZ Top…
On essaie de mélanger toutes nos influences pour n’en faire qu’une !
D’une manière générale, on ressent une ambiance un peu plus sombre et mélancolique que d’habitude sur cet album (‘A Rose Without A Thorne’, ‘Perfect Lullaby’). Est-ce seulement dû à la situation actuelle ou bien d’autres évènements t’ont poussée vers cet état d’esprit ?
Je pense que ce n’est pas lié à la situation du Covid parce que l’album a été enregistré fin 2019, avant que tout ça n’arrive…
Je pense qu’on a tous vécu des choses et on a voulu se livrer un peu plus sur certaines choses.
Tu disais que cet album était un peu plus sombre mais à la fin de la lecture de tous les textes, il en ressort quelque chose de très, très positif.
Après ce sont peut-être les expériences qui ont été vécues, qui ont été très difficiles après 2017 personnellement parlant et cet album a permis de livrer certaines choses et mon équipe a été très présente pour passer ce cap.
Mais ce qu’on vit, on le met au goût du jour avec les rencontres des gens…
Cette année de confinement m’a permis de réaliser toute la chance qu’on a eue
Tu disais que cet album avait été enregistré fin 2019. Comment vit-on avec un nouveau bébé sur les bras et devoir attendre plus d’un an avant de le partager avec tes fans ?
Ce qui est bizarre, quand tu sors un album, tout va très vite. Ton album est enregistré, il faut préparer sa sortie, on joue sur scène, on part en tournée…
Je vois un aspect très positif à tout ça : cette année de confinement m’a permis de réaliser toute la chance qu’on a eue de pouvoir enregistrer cet album dans les conditions dans lesquelles on l’a enregistré, d’apprécier de réécouter l’album… d’avoir pris un recul assez important sur cet album qui fait qu’aujourd’hui, on est plus que prêts de le défendre en live !
Et puis, je me dis que si ça arrive comme ça c’est que les choses devaient se passer comme ça de toute façon. Il devait sortir en 2020 mais finalement il sort en mars 2021 sachant qu’en février dernier, nous avons fêté les 10 ans du projet ! Je me dis que rien n’arrive par hasard !
Je me dis que rien n’arrive par hasard !
Tu parles de défendre cet album sur scène. Des dates se profilent malgré tout ?
Depuis qu’on a annoncé la sortie de l’album, de nouvelles dates tombent mais toutes nos dates de mars, avril, mai sont reportées en 2022. On ne sait pas du tout comment ça va se passer et à quelle sauce on va être mangés…
Tu parlais de temps pour t’approprier cet album ce qui n’est possible de faire en temps normal, est-ce que cela signifie que ta vision de la scène de cet album a changé ?
On a déjà commencé à travailler parce qu’on a eu la chance -aux mois de janvier/ février- d’être sollicités par des théâtres municipaux qui nous offraient leur lieu pour pouvoir répéter : on a donc fait une résidence avant même savoir qu’on allait sortir l’album et que des concerts allaient reprendre… On s’est mis dans cette dynamique et l’équipe en avait besoin moralement parlant de se retrouver sur une scène même sans public pour travailler. Du coup, on a pris le temps et on a apporté un truc en plus pour le live à un morceau comme ‘All You Gotta Do’.
On a eu le temps de le faire et ce temps, on se l’accorde parce qu’on a tout misé sur notre aspect artistique sur cet album.
Tu parles d’aspect artistique et donc musique avant tout mais également visuel assez éloigné de ce que tu proposais jusqu’à présent…
Je me suis coupée les cheveux (Rires) !
J’avais besoin d’extérioriser pas mal de choses !
C’était une volonté de changer d’image ?
J’avais besoin d’extérioriser pas mal de choses ! C’est tout con mais je n’avais jamais osé me couper les cheveux, d’avoir les cheveux courts et les éclaircir… Je me suis dit que les gens avaient l’habitude de me voir de telle façon. Et puis, j’ai un ami, Sylvain Gouedard, qui m’a aidé à passer le cap en me disant de foncer et me poussant à être de la façon que je voulais exister : il m’a poussé à ce que j’affirme ma personnalité et à être moi à 10.000% et c'est passé par cette étape.
Tu parles d’affirmer ta personnalité, cela signifie que ce n’était pas le cas auparavant ?
Je m’affirmais entièrement mais il y avait un côté assez "sage", ce confort…
On ne fait pas uniquement les choses pour les gens mais on les fait également pour soi !
… faire ce qu’on attendait de toi ?
Oui, c’est ça ! J’ai voulu me dire qu’on ne fait pas uniquement les choses pour les gens mais on les fait également pour soi ! Mais sur l’aspect esthétique, nous voulions ressortir le côté féminin, un peu plus rock’n’roll mais tout en restant moi !
Merci
Merci, je suis contente de vous voir (Sourire) !
Merci à Loloceltic et Newf pour leur contribution....