Votre nom de groupe est tiré d’un fait divers qui s’est déroulé à Bilbao en 2013 (ndlr : un tueur en série qui s’occupait d’un dojo a tué plusieurs femmes) ! Pourquoi avoir choisi ce fait pour en faire votre patronyme alors que vous êtes des gens plutôt enjoués ?
Ce qui est drôle dans cette histoire, c’est que le nom a été choisi avant de savoir qu’un fait divers y était associé. Quand on l’a su, on a trouvé ça tellement cocasse qu’on a pris ça pour un signe. Après coup, c’était tellement original qu’on l’a gardé.
Votre EP a été enregistré en 2019, pourquoi ne le sortir que maintenant (certains groupes ont maintenu leurs sorties d’album malgré la pandémie) et est-ce que la pandémie est venue remettre certaines compositions en cause ?
La pandémie a bousculé le calendrier des concerts qu’on avait étudié en fonction de la sortie de l’EP (Septembre 2020) et défendre notre EP en concert est une volonté que nous avions. S’ajoute à cela une collaboration nouvelle avec Kaa Production, un éditeur toulousain, avec lequel nous avons décidé d’un nouveau calendrier. On s’est servi de ce temps pour organiser cette sortie et bien intégrer les nouveaux collaborateurs. Néanmoins, la composition de l’EP n’a pas été influencée par la pandémie.
En fait on avait un début de réponse puisque "Arc-En-Ciel", qui sort le 11 juin, comprend un titre qui s’appelle ‘Jeu, Set et Match’ en plein Roland-Garros. Cette sortie programmée, c’était pour en faire l’hymne des joueurs français pour le tournoi ? Ça ne leur a pas porté chance, pour le coup !
Au final c’était une coïncidence heureuse... sauf pour les joueurs français à Roland-Garros.
Pour revenir à plus de sérieux, vous avez participé à des tremplins en ce début d’année : live à Ambarès où vous avez eu le prix du jury mais aussi celui de Rock’n Folk Radio. Qu’est-ce que cette reconnaissance représente pour vous ?
Ça fait longtemps qu’on enregistre des disques sous différents noms. Le fait que notre travail soit reconnu par des professionnels et qu’on remporte des tremplins nous fait extrêmement plaisir.
Vous sortez donc ce premier EP, est-ce que pour vous c’est le format idéal aujourd’hui pour un jeune groupe plutôt que choisir un album ?
Pour une première sortie sous un nouveau nom, on a besoin que les choses se mettent en place, trouver de nouveaux partenaires, on travaille déjà sur un nouvel EP, le format est intéressant pour nous à l’heure actuelle.
On préfère avoir quelques coups d’essais et des ratés dans un EP, dans tous les cas ça ne nous intéresse pas de sortir des mauvais disques.
Le risque avec cette logique c'est que, contrairement à un album, tu n’as presque pas le droit à l’erreur sur 4 ou 5 titres, alors que dans un album, tu as quelques jokers avec des titres peut-être plus « faibles » ?
Au contraire, si tu mets des titres faibles dans un album c’est qu’il est mauvais, on préfère avoir quelques coups d’essais et des ratés dans un EP, dans tous les cas ça ne nous intéresse pas de sortir des mauvais disques.
La cover a une imagerie très années 70 (la police, la simplicité), une époque qui correspond tout à fait à l’ambiance libre et débridée de votre musique très spontanée. C’est une référence pour vous, cette période et cette liberté de ton qui semble aujourd’hui moins présente dans l’industrie musicale ?
Bien que ce soit une inspiration, ce n’est pas une finalité pour nous d’avoir forcément cette esthétique vintage dans notre musique.
Il émane de vous une sorte d’énergie permanente qui provient de groupes tels que les Doors, les Artic Monkeys, est-ce que c’est cela qui vous définit le plus : l’énergie ?
En live comme en studio, l’énergie est une des composantes principales de notre musique, en effet. De plus les Doors sont une grande inspiration pour les frères Granger et les Arctic Monkeys pour Rémi Tourneur (les deux premiers albums en tout cas).
C’est un immense plaisir quand les auditeurs prêtent attention aux paroles après la première écoute, c’est aussi une des raisons pour lesquelles on continue à écrire en français
Mais Bilbao Kung-Fu n’est pas constitué uniquement de rockeurs mais aussi de philosophes puisque vous avez composé un titre qui s’appelle ‘Animal Social’, terme évoqué par Aristote. Mais surtout, il résonne particulièrement actuel en évoquant les réseaux sociaux où chacun donne son avis et se fait donneur de leçons sur tout sous couvert d’anonymat. Quel est votre rapport avec les réseaux sociaux et la manière dont ils semblent aujourd’hui être la source incontournable pour les artistes pour exister et en même temps source de maux ?
Déjà, merci pour cette bonne analyse, c’est un immense plaisir quand les auditeurs prêtent attention aux paroles après la première écoute, c’est aussi une des raisons pour lesquelles on continue à écrire en français. Concernant le terme employé par Aristote, c’est une définition qui nous plaît de l’humain, surtout dans un contexte où on n’avait plus le droit de se voir. Effectivement, en tant que groupe on est obligé d’avoir des réseaux sociaux, malgré les déviances qu’ils peuvent contenir. Il est certain qu’à l’avenir il y a des progrès à faire sur leur utilisation.
L’une des caractéristiques de votre groupe est aussi l’humour, vous êtes la preuve que l’on peut évoquer des choses plutôt sérieuses tout en ne se prenant pas au sérieux ?
On ne masque pas notre personnalité dans notre musique, on la laisse paraître dans nos tenues sur scènes, nos paroles, nos titres de chansons, on joue de la musique comme on respire.
‘L’Arc en Ciel’ justement peut être vu comme un hymne qui prendra toute sa dimension en live avec un début sur les chapeaux de roues et une partie quasi psychédélique qui s’enchaine sur un très beau solo de guitare tout en progression. C’était important pour vous qu’il ouvre cet EP de manière très marquante ?
De manière générale, on a pensé cet EP à partir de cette chanson, on voulait que ce morceau ait une place centrale, d’où le nom de l’EP "L’Arc-En-Ciel", on peut le qualifier d’hymne, c’est la première fois que les gens chantent nos paroles devant nous en concert.
Votre EP est rempli de riffs efficaces et de parties plus atmosphériques, est-ce que ce sont les riffs qui servent de base et de déclencheurs aux morceaux ou bien tout autre chose ?
Sur cet EP, il y a 3 compositeurs différents avec chacun leur méthode de travail, mais de manière générale, l’idée d’un morceau part d’une mélodie de chant, d’un riff de guitare, etc.
Les chœurs sont aussi importants, Natty et Mattéo se partagent le chant (‘Supernova’). Est-ce que ce partage demande un travail important et un entrainement particulier ?
Effectivement, Natty et Mattéo endossent et se partagent le rôle de chanteur lead (Ex : 'Emmenez-la'), le choix du chanteur se fait pour servir la musique, en fonction de la tessiture, du grain de voix, de l’énergie du morceau, de la difficulté de la chanson, du compositeur…
L’EP se termine sur ‘Emmenez-la’ incroyablement énergique et tout aussi psychédélique avec une chanson... cachée (on spoile) du moins une sorte de jam, cette fin d’album était pour vous une façon de lâcher une frustration ?
Un mois avant l’enregistrement, on a assisté à un concert au Krakatoa de Bordeaux avec It It Anita, Psychotic Monks, Lysistrata. Il est vrai qu’on a travaillé une esthétique plus pop sur cet EP et cette chanson cachée nous a permis malgré tout de montrer à notre public une phase plus sauvage sur ce disque.
Le concept de musique underground nous parle beaucoup, c’est un vivier d’innovation.
Le rock en France a connu une sorte d'apogée jusque dans les années 90 voire début 2000. Depuis, il revient avec parcimonie dans les médias. Est-ce que vous avez le sentiment que finalement, il n'est pas plus mal qu'il reste dans l'underground pour conserver une forme d'authenticité ?
Le concept de musique underground nous parle beaucoup, c’est un vivier d’innovation, la partie émergée du rock n’est pas spécialement la plus intéressante, et c’est parfois dans des musiques de niche qu’on trouve les plus grandes surprises. Cependant, il est dommage que cette musique ne soit pas plus populaire de nos jours.
La scène bordelaise semble être très vivante avec vous, Altesia mais aussi Celestial Burst, comment la considérez-vous et encore plus aujourd'hui ?
La scène bordelaise c’est surtout des amis, on fréquente beaucoup de musiciens, on y retrouve une grande variété d’artistes, tous plus talentueux les uns que les autres et pas seulement dans le rock (Dätcha Mandala, COLISION, Luca Ryo).
Malgré le contexte actuel, avez-vous pu prévoir certaines dates de concerts ?
Oui le booking reprend progressivement, on va pouvoir se produire cet été, dans les dates clés il y aura :
- Le 10 Juillet à Paris sur la terrasse du Trabendo pour la finale du tremplin Rock & Folk
- Le 13 Juillet pour les FrancOff à La Rochelle
- Le 31 Juillet pour un Astroshow à Bordeaux
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