Nouvel arrivant sur la scène metal hexagonale, Nervd balance à la face du public son premier méfait "The Weights of Things" un concentré de riffs qui risque de déboîter un certain nombre de cervicales. A cet égard, nous avons rencontré les deux membres originels de cette sorte de all-star band made in France à savoir l'ex-Kaizen Julien Morell et Jean-Christophe Hoogendoorn alias JC de Red Mourning... Sans aucune retenue, il sera notamment question de la vie de groupe et l'exaspération qu'a traversé Julien expliquant ainsi son retrait de la scène metal mais également leur vision du metal actuel, leur nostalgie de l'époque dorée du metal...
Nous avons déjà posé la question traditionnelle du site à JC au titre des interviews avec Red Mourning, elle est donc pour toi seulement cette question, Julien : quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?
Julien Morell : Faire la présentation du groupe c’est-à-dire reprendre tout ce qu’il y a dans la biographie…
On a un peu préparé au préalable et on ne vous la posera pas…
JC : (Rires) Merci ! Merci !
Julien, tu es à la base du groupe il y a déjà plus de 10 ans, on dirait que ton départ de Kaizen qui avait lancé ta carrière de manière prometteuse n’a pas été simple à digérer ?
Julien : La décision n’a pas été forcément simple pour moi parce que c’était un groupe auquel je tenais beaucoup. La décision a été dure surtout quand ça concerne des potes d’enfance -on s’est connus à 15 ans- mais après, c’est un mal pour un bien : quand tu prends une telle décision, c’est qu’on en a marre et on a besoin que ça s’arrête.
Mais c’est vrai que les années suivantes, je me suis consacré à autre chose et ça m’a fait du bien de prendre de la distance avec tout ça.
Justement c’était plus le sens de la question en termes de rebond et savoir s’il n’a pas été compliqué de faire le "deuil" de cette précédente histoire au regard du long laps de temps avant de te revoir dans un groupe ?
Julien : Il y a effectivement neuf ans mais entre temps, je suis quand même resté dans ce milieu mais j’étais de l’autre côté. Mais pour ce qui est de remonter un groupe, j’ai quitté Kaizen en 2009 mais avec JC, on bosse quand même depuis un petit moment en échangeant des maquettes... Mais effectivement, on a lancé le truc concrètement, il y a deux ans…
J'avais un ras-le-bol de la vie de groupe…
Mais pourquoi cette gestation a été si longue finalement ?
Julien : Je pense que j’avais un ras-le-bol de la vie de groupe…
Tu avais donc besoin de cette longue coupure pour mieux revenir…
Julien : Mais il n’avait jamais été question de revenir ! Quand j’ai arrêté, je ne me suis jamais posé la question de revenir : j’avais besoin de souffler et on verrait après…
Inversement alors, quel a été le déclic pour remonter ce qui allait devenir Nervd ?
Julien : Le déclic a été justement tous ces petits morceaux qu’on avait écrit avec JC et qui sont devenus grands (Rires). A notre humble avis, on s’est rendu compte qu’on avait de la matière et de bons morceaux. Et le fait que ça fonctionne bien entre nous, qu’on s’entende bien et qu’on travaille bien ensemble : tous ces éléments ont fait qu’on s’est dit qu’on allait faire quelque chose !
M’étant "reposé" de mon côté, j’avais retrouvé l’énergie pour lancer quelque chose et c’est parti…
Comme tu l’as dit, vous échangiez des maquettes avec JC mais à l’époque, dans votre idée, toute cette musique était de se faire plaisir uniquement sans aucune démarche "commerciale" ?
Julien : Je dirais que c’est toujours plus ou moins le cas : on sait tous très bien qu’un groupe comme le nôtre ne fait pas cette démarche pour des raisons commerciales. On ne sera jamais professionnels !
Le terme "commercial" était mal choisi, je dirais plutôt avec une optique de diffusion…
Julien : La base a toujours été de se faire plaisir et il faut passer par là si on veut arriver à faire des concerts qui est clairement notre envie première…
Les groupes font moins des albums et plus des morceaux…
Comme tu l’a suggéré cet album propose un patchwork de plusieurs années de composition malgré tout, n’avez-vous pas eu peur que cela nuise à la cohésion de l’album ?
Julien : En ce qui me concerne, je dirais non. Malgré le fait que ça soit un ensemble varié, il est quand même cohérent malgré tout : la prod a lissé pas mal de choses et a rendu l’ensemble relativement cohérent.
Après, la question que je me pose est de savoir si nous faisons un deuxième album, on retrouvera la même disparité entre les morceaux…
JC : Je dirais que c’est assez commun, surtout pour un premier album. Il n’est donc pas étonnant que tu retrouves des morceaux avec des ambiances, des styles un peu différents et je ne pense pas que ce soit un problème.
Dans notre style de musique, j’aurais tendance à dire que plus ça va, plus c’est comme ça, à savoir que les groupes font moins des albums et plus des morceaux…
Et quelque part, ça répond à la demande de consommation de musique actuelle en mode playlist…
JC : C’est ça !
Dans ces conditions, vous voyez continuer à faire des albums par la suite ou vous cantonnez à sortir des titres ou des EPs ?
Julien : Il y aura toujours des gens pour qui il y aura du sens à sortir des albums : certaines personnes continuent d’acheter et restent très attachés au support vinyle ou CD… Mais est-ce une majorité de gens ? Je ne pense pas. Malgré tout, il faut faire plaisir à tout le monde et rester cohérent. Demain, si nous avons cinq bons morceaux : faut-il faire comme plein de groupes font, à savoir composer cinq autres tires à la va-vite pour faire le compte sachant que de toute façon, personne ne les écoutera… Comme tu l’as dit, par rapport à la logique de consommation d’aujourd’hui, autant sortir directement deux EPs d’affilée à deux ans d’intervalle qu’un album…
Dans ce groupe, à vos côtés, on retrouve Mike qui a joué avec The Arrs, François qui a joué avec Pitbulls in the Nursery et Cyril qui a joué lui avec Break this Cycle. C’est un line-up assez royal dans le genre all-star band à la française, est-ce que cette étiquette vous convient ?
JC : L’étiquette me va très bien (Rires) !
Julien : Je ne vois pas ce groupe ainsi ou du moins, ce n’est pas dans ce sens que je l’ai fait. Au moment où il a fallu compléter le
line-up, j’ai directement mes potes sachant que jusqu’il y a encore un mois, Mike habitait au bout de ma rue, François habite à 5-10 minutes en voiture…
Ce sont des gens qu’on côtoie depuis des années. Vu les groupes dans lesquels ils jouent ou ont joué, on s’est pas mal croisés sur la route et on a forgé beaucoup de souvenirs, d’expérience ensemble… et ça me paraissait naturel de se rejoindre sur un projet.
Quand j’étais au sein de Kaizen, on a beaucoup joué avec Pitbulls in the Nursery, on a beaucoup rigolé avec ces mecs-là -ce sont des potes- j’ai donc toujours voulu jouer et faire des projets avec eux : il se trouve que le moment était propice à ça…
Donc non, pas du tout de côté
all-star ou alors un
all-star discount (Rires) !
Cela fait aussi pas mal d’influences différentes entre vous cinq. Cela explique-t-il -ou non, si vous avez été les deux seuls à la composition- la variété de votre son et ce côté un peu inclassable comme nous l’évoquerons ensuite ? Cela n’a pas été trop dur de vous accorder avec vos goûts et vos sensibilités différents ?
Julien : Pour ce qui est de la composition, j’ai composé la majorité avant de monter le
line-up complet. Malgré tout, il y a trois ou quatre morceaux qui ont été composé après dont ‘The Hammer Fell’ qui part d’une idée de Mike directement sur laquelle on a brodé ensemble.
JC : On a un patron -Julien- qui est notre ligne directrice et on l’écoute. Chacun propose, on discute… mais s’il y a un fil rouge, c’est Julien !
Je fais la musique que j’aimerais bien entendre et que mine de rien, on
ne retrouve plus dans le paysage actuel. Les groupes à "riffs" comme
Pantera et l’énergie qui s’en dégage, c’est ce que j’aime dans le metal !
Ce fil rouge, le socle, l’idée majeure en écoutant c’est ce son des années 1990 qui ressort, on retrouve toute une époque. Etait-ce le fil conducteur ou finalement, est-ce naturel puisqu’une époque ancrée en toi ?
Julien : Au départ, nous ne nous sommes pas dit qu’il fallait faire une musique toute droit venue des années 1990 parce que plus personne ne le fait ou je ne sais quoi…Je fais la musique que j’aimerais bien entendre et que mine de rien, on ne retrouve plus dans le paysage actuel. Les groupes à "riffs" comme Pantera et l’énergie qui s’en dégage, c’est ce que j’aime dans le metal !
A cette époque, ça racontait beaucoup plus de choses en termes d’énergie et d’écriture que ce que je peux écouter aujourd’hui. Il est rare que je tombe sur une bonne surprise mais 80% du temps, ce n’est pas que je m’ennuie mais le morceau que j’ai écouté est aussi vite oublié qu’il a été écouté. Et c’est dommage d’engager toute cette débauche d’énergie pour finalement ne rien retenir. Mais il arrive que certains groupes arrivent encore à avoir une identité et marquer les gens avec un riff et c’est ce que j’aime…
Et pour répondre clairement à ta question, à la base, l’idée n’était pas du tout de faire un genre de
concept-band axé sur les années 1990 mais il se trouve que c’est ce que nous aimons, nous sommes des enfants du metal des années 1990. Pour mon cas personnel, je n’ai jamais évolué (Rires). Non, je dirais plutôt que je n’ai pas suivi les modes : quand il y a eu la vague néo-metal, je n’ai pas plongé dedans, je suis toujours resté sur mes goûts… Même si je peux piocher ici ou là des trucs dans les nouveaux courants, je reste toujours "fidèle" à ce qui me touche et m’a toujours touché. Il est donc normal que ça ressurgisse dans la musique qu’on fait puisque ce sont nos racines.
D’autres ne le diront pas mais clairement, je suis super nostalgique de cette époque.
Eprouves-tu de la nostalgie vis-à-vis de cette époque ? Une époque moins formatée, moins connectée surtout et plus humaine ?
Julien : J’ai la chemise de Marty Friedman en 1992, je n’ai même pas besoin de répondre : plus personne ne s’habille comme ça (Rires) ! D’autres ne le diront pas mais clairement, je suis super nostalgique de cette époque. Ça ne veut pas dire qu’aujourd’hui, il n’y a pas du bon à prendre. Mais c’est vrai que pour moi, c’est un peu l’époque dorée !
JC : C’est l’âge d’or du metal ! Historiquement, comme le rap, c’est l’époque où ça a décollé !
On a le sentiment qu’il y a une espèce de volonté de rester dans cette ambiance qu’on aura quittée trop tôt ?
Julien : Je ne veux pas faire mon vieux con réac’ mais je pense que toute cette génération internet qui est arrivée avec les réseaux sociaux, mine de rien, ça a donné accès à plein de choses. Je me souviens quand on commençait nos premiers groupes, si tu avais une cassette avec une pochette aussi merdique soit-elle -dessinée par ton pote- avec un vrai logo, tu effaçais toute concurrence. Aujourd’hui, tu peux avoir le plus bel
artwork signé par un artiste aux Etats-Unis qui t’a coûté 20.000 balles, tout le monde s’en fout parce que tu es noyé dans la masse.
Je pense que c’est ça qui a tué le truc ! Avant, quand tu étais musicien dans ta chambre, tu restais dans ta chambre parce que tu n’avais pas les moyens, les codes pour te mettre en valeur. Aujourd’hui, tout le monde les a si bien qu’il y a de la quantité mais finalement, il y a beaucoup moins de choses intéressantes puisque les choses auxquelles nous avions accès en tant qu’auditeurs par le passé étaient préalablement sélectionnées par les maisons de disques. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas, c’est à toi de faire ton propre tri !
On parlait d’humain car c’est que l’on ressent à l’écoute de "The Weigths of Things" dans lequel il n’est pas question de thèmes sociaux, de guerre ou de pandémie et j’en passe, mais du réel, de choses personnelles… est-ce le cas ?
JC : Oui (Rires) ! Carrément, j’écris les textes. En gros, je compose le chant et ensuite, on revoit le truc avec Julien, on adapte… Mais les thématiques sont des vécus personnels que je rends plus ou moins abstraits, je n’aime pas trop raconter ma vie hyper concrètement…
Je n’ai pas un stock de paroles Red Mourning et un stock Nerdv.
… comme dans Red Mourning…
JC : C’est exactement le même délire ! D’ailleurs, je n’ai pas un stock de paroles Red Mourning et un stock Nerdv.
C’est ce qui te vient sur le moment…
JC : C’est ça : j’écoute le morceau, ça m’inspire telle ou telle chose, ça colle plus ou moins… Mais ce qu’on retrouve sur l’album, ce sont des ressentis, des moments de ma vie, des rêves, des réactions au contact d’une autre musique, d’un film… tout ce genre d’émotions…
Et ces émotions, de quelles couleurs sont-elles sachant que de notre côté, on ressent un mal-être certain exprimé avec colère, rage et tristesse, comme les groupes de Seattle finalement ?
JC : C’est vrai que cette musique est un exutoire. C’est une façon de faire ressortir certaines choses, d’évacuer… mais c’est assez classique. On parlait musique des années 1990 et il y a toute cette vague grunge qui est une influence pour moi, qui a bercé mon adolescence et ça ressort… J’essaie également souvent et plus précisément sur cet album de ressortir des côtés un peu positifs, des côtés genre "tu as survécu à quelque chose", "tu te construis dans l’adversité et tu essaies de surmonter"… il y a également cet aspect selon les morceaux…
Mais sinon tu as vu juste sur la globalité.
Musicalement, l’album est très varié et il est délicat de vous classer en fait : il y a du hardcore par le chant qui évoque pas mal Hatebreed, cette influence c’est toi principalement JC ?
JC : C’est partagé. Je pense notamment à Mike qui est un gros fan de hardcore. Et je pense que même Julien kiffe ce mélange metal et hardcore…
Julien : Au niveau du chant, c’est bien d’avoir un certain mix. Et comme notre musique fait des vagues au niveau de l’énergie, du tempo… c’est bien d’avoir un chanteur qui peut évoluer dans plusieurs registres et ainsi coller aux ambiances des morceaux.
Le but est de mixer sans se mettre de barrière !

Mais à côté on retrouve un son groovy digne de Pantera avec une pincée de sludge, toute cette scène, je pense à Down bien sûr ou Crowbar, ça fait partie de votre ADN ?
Julien : Pour le coup, j’ai toujours aimé Crowbar mais de là à dire que c’est dans l’ADN du groupe, non… Je pense que c’est surtout le chant de JC qui amène cette ambiance un peu torturée comme dans Crowbar. Pour le reste, bien évidemment, Pantera est le dénominateur commun avec tous les membres du groupe. Mais en ce qui me concerne, mes influences vont du thrash ou death, Nevermore, Carcass ou Cannibal Corpse : il y a des riffs dans l’album que tu pourrais apparenter à Cannibal Corpse avec ce côté catchy et pêchu… Ça fait partie de mon ADN au même titre qu’Alice in Chains dont je suis un grand fan… Mais le but est de mixer sans se mettre de barrière !
Comme tu le disais, il y a des gens qui vont aimer ‘The Hammer Fell’, d’autres ‘Melting Innocence’, certains vont aller à fond sur ‘Baphomet’ et d’autres ne vont pas aimer du tout… c’est ça qui est marrant : les gens qui vont venir aux concerts auront plein d’ambiances différentes. Je préfère voir un concert varié avec des trucs un peu planants et d’un seul coup, avoir un titre qui rentre dedans…
JC : … plutôt que dix fois le même titre ! Ta musique exprime ton identité musicale et finalement, ça sort comme ça doit sortir. Evidemment, tu vas sélectionner, orienter un peu en choisissant les meilleurs titres mais il faut vraiment faire la musique comme elle vient. Je ne suis pas très fan de grosse réflexion quand tu composes, ça ne me paraît pas très honnête comme démarche. Chaque groupe a son mode de fonctionnement aussi : je ne sais pas… Et ça dépend des styles : certains se prêtent plus à faire des trucs un peu plus orientés…
Julien : En tant que musicien, faire dix fois le même titre en live ou en répétition c’est un peu chiant. Au contraire, c’est bien de se dire qu’il y a des morceaux plus axés mélodies qui vont planer et d’un seul coup, on va envoyer un gros riff… : à écouter, c’est plus sympa et à jouer également !
Et il y a un troisième axe pour vous définir, la scène de Seattle, le grunge donc. C’est vraiment manifeste sur pas mal de titres, JC, ta voix a la même profondeur que celle d’un Layne Staley, cette scène et ce groupe sont des modèles pour toi ?
JC : Oui, oui, je suis un gros fan d’Alice in Chains comme Julien. Je ne pense pas avoir une aussi bonne voix que Layne Staley mais lui est mort et pas moi, donc l’un dans l’autre, je ne m’en sors pas plus mal (Rires)… Mais effectivement, Alice in Chains est une grosse influence au même titre que Nirvana. Ce sont des groupes qui ont su mélanger quelque chose de rentre-dedans avec des voix très travaillées même s’il y a aussi des côtés un peu plus bruts de décoffrage -je pense notamment à Nirvana- et dans Alice in Chains, tu as les harmonies vocales : ça m’a énormément marqué !
Ce sont des groupes que nous n’avions pas l’habitude de citer lors de nos rencontres pour les promotions des albums de Red Mourning. Est-ce que cette parenthèse qu’on espère la plus longue possible avec Nervd permet de t’élargir ton champ d’expression ?
JC : Ce n’est pas tant que je cherche à faire un truc de musicalement différent parce que j’essaie d’être moi-même. Mais typiquement, je l’ai remarqué à chaque fois mais notamment dans ce projet parce qu’il est très abouti, quand tu travailles avec d’autres musiciens, ça t’oblige à te sortir de tes habitudes, les sensibilités musicales ne sont pas les mêmes… c’est super enrichissant !
Julien : Tu cites beaucoup la scène de Seattle et cette grunge, c’est vrai que ça se remarque vraiment au niveau du chant et peut-être un peu moins au niveau de la musique…
… mais c’est le cas, j’en veux pour preuve notamment les premières notes de ‘The Hammer Fell’, encore lui…
Julien : C’est marrant mais en tous cas, ce n’est pas intentionnel sachant qu’au niveau de la guitare et des riffs, je suis peut-être plus dans l’esprit californien… Mais ce qui est marrant, c’est le contraste entre les deux : le froid et le chaud !
Et quand vous faites parler la poudre ça fait mal, ‘Melting Innocence’ et ‘Original Sin’ sonnent comme une rencontre entre Pantera et Hatebreed. On sent comme un cri de rage, de révolte dans ces titres. Débuter et finir avec ces deux chansons c’était dans l’intention de marquer l’esprit des auditeurs ?
Julien : En tant qu’auditeur qui a écouté beaucoup d’albums, on se rend compte que les plus gros pieds qu’on a pris sont souvent sur albums qui sont bien construits, bien agencés… C’est une évidence, le premier titre doit marquer l’auditeur. Je pense que ‘Melting Innocence’ en concert ou sur l’album, le train file tout seul, tu rentres dedans et tu pars…
Cette locomotive est suivie de rames tout aussi efficaces avec ‘One Fucked Up Deal’, ‘Baphomet’ ou ‘Stone Cold’. Ces titres mélangent parfaitement toutes vos influences, cela marque une forte personnalité tant le mélange est réussi. Etait-ce important que dès le premier album, on pense Nervd en vous écoutant et pas d’abord penser à une de vos influences ?
Julien : Non, je ne pense pas que c’était le but…
… alors posons la question différemment. Avez-vous conscience de dégager une forte personnalité dès ce premier album qui peut vous faire sortir du lot et éventuellement faire de l’ombre à Red Mourning ?
JC : (Rires) ! Je me casse (Rires)…
Julien : Non, nous ne faisons pas de plan sur le long terme. On prend les choses comme elles arrivent…
… les concerts pour commencer mais vous n’avez rien de prévu pour la suite ?
Julien : Pour les concerts, tout est un peu en
stand-by. Et si ta question concerne la composition, on a déjà quelques morceaux prêts pour la suite. Et effectivement, ce qu’on a évoqué tout à l’heure -le fait de faire plus un EP qu’un album- je pense qu’il y a de grandes chances que c’est ce qui va arriver. Pas que nous soyons pressés et qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud en sortant un EP tous les deux ans mais actuellement, nous avons des morceaux qui pour le coup collent peut-être plus à notre époque -c’est-à-dire que nous venons de les composer- donc autant les sortir quand c’est frais.
Dans ces conditions, avec ce futur EP qui se profile, le rythme de croisière que semble prendre Nervd, comment envisagez-vous la suite et notamment JC. En effet, si on suit la logique, un nouvel album de Red Mourning se profile -le rythme est de 3 ans entre album et le précédent date de 2018- et tout ce qui va suivre. La question qui se pose est de savoir comment allez-vous gérer les agendas de chacun quand tout sera rentré dans l’ordre ? Ne risque-t-il pas d’y avoir conflit d’agendas notamment pour les concerts si on est optimiste considérant que la vie normale va repartir ?
JC : Non, non, non, il n’y a pas de conflit. On ne joue pas tant que ça, ce n’est pas comme si nous faisions des tournées de trois mois… Je ne suis pas du tout inquiet à ce sujet. Même chose pour les enregistrements, les répétitions, il n’y a pas de conflit : j’arrive à gérer les deux sans souci.
Et donc tu me confirmes qu’on se revoit en 2021 pour un nouvel album de Red Mourning ?
JC : Bien sûr, bien sûr ! On retourne en studio en septembre.
Vous ne respecterez donc pas le délai traditionnel de trois ans entre chaque album…
JC : Cette période a été très compliquée…
Là où pour d’autres, ça a été plus…
Julien : … prolifique !
JC : C’est vrai !
D’où la question concernant les conflits, pendant cette période, tu as quand même travaillé sur le projet Nervd…
JC : C’est vrai, mais tout s’est fait naturellement : je n’ai pas du tout le sentiment de me perdre entre les deux groupes. Une fois de plus, nous sommes à des rythmes de travail, de sorties, de concerts… qui malheureusement ne poseront pas ce type de problème : j’aimerais bien faire des tournées de six mois mais ce n’est pas une réalité.
Et à propos de concerts, des dates prévues avec Nervd ?
JC : On en avait plein…
Julien : On en avait mais tout a été décalé puis annulé. Nous étions partis sur un bon rythme, nous avions fait pas mal de résidences pour bosser et finalement, nous n’avons fait que deux concerts et au dernier, trois jours plus tard, c’était le confinement !
Et comme nous gérons seuls la partie concert pour l’instant, c’est compliqué ! Et nous n’avons aucune certitude : c’est un premier album…
Mais peut-être qu’avec la promo qui va suivre va apporter un nouvel éclairage et de nouvelles touches ?
JC : Bien sûr !
Julien : On l’espère. On verra et c’est tout le challenge pour l’instant parce qu’on n’a aucune idée du nombre d’appels potentiels qu’on peut recevoir pour du live.
Si c’est proportionnel à la qualité de l’album, on peut prédire plein d’appels…
Julien : J’espère. En tous cas, c’est gentil : merci !
JC, comme la question introductive, celle-ci n’est pas pour toi non plus puisque tu y as eu déjà droit. Donc Julien, on a commencé par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je vous pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?
Julien : Hum… J’aimerais bien que tu me demandes si tu peux poser une question à JC (Rires)… et je te répondrais oui !
Et nous l’avons fait. Merci.
Julien : Merci à vous c’était cool !
JC : Merci, oui c’était vraiment cool !
Et merci à Noise pour sa contribution...