La
pandémie en cours a considérablement modifié nos vies et la
culture a été une victime parmi tant d’autres. Les festivals et
concerts faisaient partie du quotidien et l’idée que plus rien
n’ait lieu paraissait incongrue jusque début 2020. 18 mois se sont
écoulés et rien n’a changé ou presque, pas
mal de festivals
d’été ont encore une fois jeté l’éponge et les concerts
reprennent à un rythme très calme. Mais au milieu de cette noirceur
il y a des
éclaircies, notamment une en
provenance de Belgique. Celle-si
se nomme Alcatraz,
le
festival a résisté contre vents et marées et a été aidé par une
situation sanitaire en amélioration dans le pays.
Et
Musicwaves
est au rendez-vous de cette 13ème édition, véritable miracle,
organisé sur trois jours comme en 2019 et sans aucune contrainte
sanitaire au sein du festival, toujours placé au cœur du campus en
périphérie de Courtrai. En relation avec les autorités et la ville,
le festival a juste rajouté une contrainte, il fallait pour pénétrer
dans le festival disposer d’un pass sanitaire à récupérer chaque
jour dans l’immense hall du parc des expositions de la ville. Cette
contrainte n’a découragé personne et le festival a affiché quasi
complet. Il faut souligner la parfaite organisation de l’ensemble,
il n’y avait quasi pas d’attente et chacun respectait les
consignes à la lettre dans une bonne humeur palpable.
Pour
bien laisser le temps aux gens d’arriver, de s’installer pour les
campeurs et de remplir le site, les concerts débutent à 12h15.
Après l’ouverture il est agréable de retrouver l'endroit qui n’a
pas changé tellement, avec sa scène principale ("la Prison")
et
la secondaire sous tente, la "Swamp".
La scène locale, la "Morgue",
a juste changé de place et dispose de son espace bien à elle.
Ce lieu va mettre à l’honneur la scène belge et confirmer
son énorme vitalité que pas mal de pays peuvent jalouser. De
notre côté nous nous concentrons sur les deux scènes principales
avec un programme très riche, assez hallucinant vu les conditions
délicates pour se déplacer pour les groupes. En ce vendredi 13 Août
c’est la Prison qui démarre avec un DJ qui balance nombre de
classiques métalliques, instaurant une ambiance déjà très chaude.
Derrière on retrouve le trio emblématique du festival avec
notamment la Policière et le Troll pour ouvrir officiellement le
festival.
Channel Zero a l’honneur d’ouvrir les hostilités. L’évènement est doublement émouvant -il s’agit déjà pour
beaucoup du premier concert normal depuis un bail- mais pour le groupe
l’essentiel est ailleurs. Ce concert est l’occasion de célébrer
la mémoire de Phil Baheux, batteur du groupe disparu en Août 2013
juste avant le festival. Le premier titre va d’ailleurs lui rendre
hommage. La poignante ballade' Angel' est au rendez-vous avec le
portrait de Phil en arrière plan sur l’écran. Après ce début
acclamé qui a collé le frisson, les hostilités sont lancées par une intro futuriste efficace. Pour ce concert le groupe belge va se
baser sur son répertoire récent et faire très mal. Il
n’a rien perdu de sa puissance et son thrash groovy pas loin d’un
Pantera ne fait pas de quartier. D’entrée la foule explose et
multiplie les pogos dans une ambiance de feu. Ces 40 minutes vont
être remarquables d’un bout à l’autre, avec
un travail sur les ambiances dégageant une belle force mélancolique. Au
chant Franky impressionne à la fois par son côté abrasif et par
sa voix claire. Fort en charisme il se fait bavard et harangue
parfaitement un public heureux de la claque reçue. Avec ce concert,
Channel Zero a montré qu’il restait un client sérieux en
matière de thrash. Chacun repart un peu groggy et garde en tête que
le groupe sera de retour en soirée pour un concert basé sur ses
anciens titres.
La
journée démarre idéalement et la suite s’annonce savoureuse avec
l’arrivée de Black Mirrors dans la Swamp. En 2019 le groupe
belge avait fait sensation dans la Morgue, et le retrouver sur une
plus grande scène est une suite logique car il ne cesse de monter
en puissance. Entre blues, rock et alternatif le groupe fait
sensation partout où il passe et il est plaisant de le retrouver
dans un cadre intimiste. Même s'il n’a rien de metal, sa présence confirme la volonté des organisateurs de ne pas se
fixer de frontières et de mettre à l‘honneur la scène
belge. Ce concert va être un formidable moment de groove, plein de
feeling et de chaleur. Porté par Marcella au timbre éraillé plein
de charme et des musiciens de talent, le groupe va faire un carton
auprès d’un public envoûté. Les titres sont courts et
remplis d’un esprit proche des 70’s qui fait taper du pied. L’essence du rock plane sur la Swamp et au hasard des titres une perle
comme 'Funky Queen' fait sensation avec une énergie énorme mixant les influences avec talent. Avec cette prestation
brûlante Black Mirrors a confirmé qu’il avait tout en main
pour devenir la future sensation rock. Il a fait un carton
incroyable auprès d’un public qui a blindé la Swamp de belle
manière malgré l’heure matinale.
Après
ce grand moment la suite a lieu dehors sur la Prison avec
Thundermother sous un soleil radieux et devant une
foule toujours aussi énorme. Les Suédoises avaient déjà enflammé
le festival en 2016 avec un hard rock classique au
croisement d'AC/DC, Airbourne et Motörhead. Depuis le groupe a vu
partir l’essentiel de son line-up, laissant Filippa Nässil seule
aux commandes, mais qui a su vite rebondir et refonder un groupe très
rapidement avec de nouvelles comparses. Cette petite bande a déjà
sorti deux albums et est prête à mettre le feu au festival. Les
quatre filles ne vont pas faire semblant de remuer la foule, un pur
esprit rock’n’roll va planer sur le site et d’entrée avec
‘Whatever’ et ‘Dog From Hell’ le ton est donné. Au chant
Guernica fait merveille, très charismatique elle scotche son monde
avec son ton rocailleux taillé au rasoir. A côté on savoure une
musique fraîche et entraînante, très immédiate, qui fait taper du
pied. Avec ‘Into The Mug’ et ‘Back In 76’
le groupe confirme sa grande forme, l’esprit des anciens
planant au-dessus de cette prestation énergique. Dans la suite
‘Hellevator’ avec ses clins d’œil à Hendrix, Maiden ou Accept
fait un carton. En fin de concert ‘Shoot To Kill’ et son
côté AC/DC ainsi que ‘Thunderous’ et ‘We Fight For
Rock’n’Roll’ achèvent le public avec le même
dynamisme et la même fraîcheur. Avec ce concert Thundermother a confirmé sa grande forme et a ravi un
public heureux de cette décharge de pur bon vieux hard rock.
The
Vintage Caravan arrive d’Islande, et comme son nom le laisse
supposer le groupe aime rendre hommage au passé. Il œuvre
dans un classic rock teinté de stoner dans un esprit que ne
renieraient pas Led Zeppelin ou Deep Purple. D’entrée avec
‘Whispers’ extrait du nouvel album "Monuments" le ton est donné.
Le voyage vers les années 70 est total et envoûte le public. Le
trio propose un véritable plongeon dans le temps et on ne peut que
savourer un feeling plein de chaleur, notamment dans le chant d’un
Oskar semblant sorti d’une machine à voyager dans le temps.
Derrière avec ‘Reflections’ puis ‘Crystallized’ le groupe
confirme une classe folle. Tout cela fait taper du pied avec un
groove intense et un feeling à fleur de peau digne d’un Led
Zeppelin. Le public apprécie et réserve un accueil chaleureux
au groupe, qui montre également une aisance technique remarquable au travers de longues plages instrumentales. Par la suite
‘Babylion’, ‘On The Run’ ou ‘Expand Your Mind’
sont toutes aussi éblouissantes de classe. L’ambiance dans la
tente ne fait que monter avec une belle communion installée et la
joie sincère de se retrouver loin des écrans d’ordinateur.
The Vintage Caravan a balancé une prestation remarquable
d’une rare intensité et d’une chaleur qui a réchauffé nombres
de cœurs.
Avec
King Hiss la Belgique est encore à l’honneur sur la
scène principale. Le groupe avait déjà fait impression en 2017 ici
même et depuis il a continué son chemin de belle manière avec
"Earthquaker" sorti en 2019. En matière de stoner metal bien gras,
pas loin d’un Down ou d’un Crowbar, il a confirmé ses belles
dispositions. Devant une foule dense il propose 40 minutes très
efficaces sans temps mort ni faiblesses. D’entrée avec ‘Homeland’
puis ‘Revolt !’ le ton est donné, la voix de Jan,
chaleureuse et puissante avec un groove typique fait son effet.
Musicalement on apprécie le côté bien gras et mordant avec des
riffs teigneux. Après un ‘Earthquaker’ puissant à souhait
Jan balance un speech sympathique à une foule qui apprécie le
spectacle. Puis ‘King Hiss’ est l’occasion d’accueillir
le guitariste de Fleddy Melculy pour un bon moment entre sludge et
stoner. Dans la suite entre un ‘Snakeskin’ de haute volée et un
‘Mastosaurus’ à la fois incantatoire sur son début et
méchamment stoner le groupe cartonne. On le sent heureux d’être
devant un public, il profite à fond de la chance d’être sur la scène
principale. En fin de prestation l’enchaînement entre ‘Killer
Hand’, ‘Black Wolf’ et ‘La Haine’ achève un
auditoire conquis. Les musiciens finissent en nage ayant tout donné, comme rarement. Avec ce concert King Hiss a fait forte
impression, il a donné le meilleur d’un stoner metal classieux et
puissant et semble avoir pas mal d’atouts pour aller plus haut
encore.
Nous
restons en Belgique pour la suite avec l’arrivée de Brutus.
Avec la venue du trio post hardcore, le festival continue de jouer la
carte de l’éclectisme et on ne peut que s’en féliciter. Porté
par sa chanteuse batteuse, le groupe a fait sensation depuis sa
formation en 2013 avec un son à part et une inventivité hors
normes. Le retrouver dans le cadre de l’Alcatraz sur une scène
intimiste est une belle chance et la Swamp affiche complet dans une
ambiance chaude d’entrée. Cela ravit un groupe tout sourire en
arrivant et qui avec ‘War’ en entrée fait un carton immédiat.
La voix angélique de Stefanie fait son effet tandis que le côté
mélancolique de la musique envoûte. Puis quand le rythme accélère
chacun est pris par la force de ce post hardcore ravageur et
puissant. La suite va s’avérer aussi jouissive, avec ‘Horde II’
et ‘Justice de Julia II’ le groupe confirme une énorme classe.
Puissance et mélancolie aérienne s’entrechoquent pour un résultat
qui touche l’âme. L’accueil est royal et le voyage va
continuer de manière intense, Stefanie tutoie les sommets avec son
chant profond et maîtrise en même temps sa batterie avec talent. Avec ‘Fire’, ‘Distance’ ou ‘Sugar Dragon’ le trio
balance le meilleur d’un post hardcore solide et profond avec des
montées en puissances intenses. Brutus a délivré une
splendide prestation qui a ravi le public ; il a montré un potentiel énorme et a toutes les cartes en main pour
cartonner à large échelle.
Avec
Unleash The Archers, le festival nous entraîne ensuite au
Canada. Porté par sa chanteuse Brittney Hayes, le groupe a franchi
pas mal de paliers depuis ses débuts en 2009 avec un power metal
puissant et mélodique. Il est très plaisant de le retrouver en
Europe et les fans sont au rendez-vous pour savourer une bonne dose
de heavy. D’entrée avec ‘Abyss’ le groupe fonce dans le tas
avec un ton speed qui décoiffe, délivrant des riffs de haute volée.
Au chant Brittney fait impression avec une puissance certaine dans
l’esprit d’une Doro. La suite avec ‘Soulbound’ puis
‘Awakening’ décoiffe tout autant et ravit les amateurs de heavy
mélodique classique. Avec ‘The Matriarch’ le groupe balance un sacré missile qui permet à Brittney de briller avec une facilité étonnante à monter dans les aigus. ‘Tonight
We Ride’ est tout aussi efficace pas loin d’un Gamma Ray ou de
Helloween. Enfin avec ‘The Wind That Shapes The Land’ et
‘Afterlife’ le groupe achève en beauté un public ravi de cette
belle leçon de heavy. Unleash The Archers a fait le boulot
avec efficacité et a confirmé qu’il avait pas mal d’arguments
pour devenir un des piliers de la nouvelle génération heavy metal.
Dans
la Swamp une tempête se prépare avec l’arrivée de Suicide
Angels. Depuis plus de 15 ans les Grecs portent la parole
thrash et restent au sommet de la nouvelle vague qui a déferlé
depuis le début des années 2000. Quand l’intro retentit chacun
dans la tente sent que l’explosion est proche et quand le groupe
balance ‘Endless War’ c’est la déflagration. Le groupe envoie un thrash old school intense digne du meilleur de Slayer. Les pogos
se déclenchent immédiatement dans une fosse en fusion.
Derrière avec ‘Born Of Hate’ et ‘Years Of Aggression’ la
punition est la même. Le groupe prend un malin plaisir à bastonner
son public, porté par un Nick impérial avec son chant intense digne
des grands maîtres du genre. Dans la suite avec un ‘Front Gate’
écrasant de force et digne d’un Kreator ou avec ‘Eternally To
Suffer’ il ne relâche pas son emprise une seule seconde. En fin de
concert avec ‘Bloody Ground’ il donne une grosse claque. Tout est
parfait dans un titre qui achève le public avec sa longue intro
instrumentale et sa suite moins speed mais écrasante de force et
digne de Slayer. La leçon s’achève avec un
‘Apokathilosis’ qui ne fait pas de quartier avec un côté ultra
speed qui déménage. Suicide Angels a donné un concert d’une
rare intensité, parfait concentré de thrash et a confirmé qu’il
était un des grands patrons du genre.
Le
ton va se faire plus soft avec l’arrivée sur la Prison de Kissin’
Dynamite. Les Allemands se sont imposés depuis leurs débuts en
2007 comme un des fers de lance en matière de hard mélodique. Et
malgré leur très jeune âge ils se présentent comme de vieux
briscards à la tête d’une solide discographie. Les retrouver sur
scène est la garantie de prendre un bon bol d’or d’air frais
avec des titres taillés pour être repris en chœur. D’entrée
avec I’ve Got The Fire’ la promesse est tenue avec une classe
folle. Hannes se montre brillant avec son ton mélodique en diable et
à côté ses camarades tissent le meilleur d’un hard
délicieusement accrocheur. Le succès est au rendez-vous et
l’ambiance est très chaleureuse devant la Prison. Avec
‘Somebody’s Gotta Do It’ et ‘Love Me, Hate Me’ le groupe
enfonce le clou, faisant savourer des mélodies délicieuses
et des refrains ultra-fédérateurs. Après un excellent ‘Sex Is
War’ à la fois puissant et accrocheur, le groupe balance son
nouveau single pour la première fois. ‘Not The End Of The
Road’ a déjà des allures de tube grâce à son refrain impeccable. Hannes fait le show avec charisme et amène
parfaitement un excellent ‘I Will Be King’ repris en chœur par
la foule. Après un dernier speech sympathique arrive déjà la fin
du concert. Elle sera de toute beauté avec les énormes ‘You’re
Not Alone’ et ‘Flying Colours’, deux autres perles de hard
mélodique. Avec ce superbe concert, Kissin’ Dynamite a
marqué les esprits. Il confirme un talent monstre et a donné le
sourire à tout le monde, son futur opus sera guetté de très près.
Avec
Moonspell la Swamp accueille un premier poids lourd. Maîtres d’un heavy gothique et mélancolique, les Portugais sont attendus de pied ferme par une foule massée devant la
scène. Avec "Hermitage", le groupe a montré une face plus mélodique
quasi-progressive, et l’idée de retrouver les nouvelles
chansons est plaisante. D’entrée le nouvel album est à
l’honneur avec ‘The Greater Good’ et ‘Common Prayers’. Le charme opère instantanément, Fernando se fait conteur sur ces
chansons à la fois puissantes et chargées de mélancolie. Le public
est à fond et apprécie ce joli départ. Puis l’immense ‘Opium’ fait un carton et ravit les amateurs de metal
gothique. Avec ‘Breath’ puis le petit nouveau ‘The Hermit
Saints’ le groupe enfonce le clou et confirme son aisance pour
allier puissance et finesse. ‘Soulsick’ enchaîne, et retrouver
cet extrait de "Butterfly Effect" est très plaisant. Il fait son effet
avec son refrain intense. Le final approche et il va être
royal, Fernando remue la foule et lance un ‘Extinct’ toujours
aussi énergique avec son refrain qui déménage. Le très aérien
‘Apophthegmata’ impressionne également et voit Fernando se mettre à
genoux sur un début très pur et mélancolique. Le final est
classique avec les tubes ‘Alma Mater’ et ‘Full Moon Madness’.
Ces deux titres sont toujours aussi énormes de force. Entre les
deux, Fernando propose un speech sympa pour le festival et les
groupes. La communion avec le public est totale et le frisson est là
quand celui ci reprend en chœur la mélodie de ‘Alma Mater’.
Moonspell a proposé un excellent concert, confirmant sa force pour proposer un metal gothique puissant
et délicieusement accrocheur.
Sur
la Prison la soirée va débuter avec l’arrivée de Tarja
Turunen. La chanteuse finlandaise mène une carrière solo
remarquable. Elle a su totalement se détacher de Nightwish, elle ne
joue d’ailleurs aucun titre du groupe et a su se créer son
univers. Le public est massé pour l’accueillir comme il se
doit. D’entrée avec ‘Dead Promises’ la chanteuse et ses
camarades envoient la sauce avec efficacité. Porté par la voix
toujours puissante de Tarja le titre est une claque de power
metal moderne avec une sacrée puissance de frappe. Derrière avec
‘Demons In You’ puis ‘Falling Awake’ le ton se fait toujours
aussi costaud. Le mélange avec la voix gracieuse de Tarja se fait
parfaitement, le refrain de ‘Falling Awake’ est un grand
plaisir auditif voyant la chanteuse monter haut avec facilité. Loin de son image
parfois froide Tarja se montre souriante et chaleureuse et communique
bien avec le public. La suite avec ‘Undertaker’ ou ‘Diva’
fait un bel effet auprès d’un public sous le charme. Sur le début
de ce dernier, le violon fait son effet avec un charme mélancolique
certain. Puis la puissance prend le dessus pour un excellent
résultat. La fin de concert va être royale, avec
le symphonique ‘Victim Of Ritual’ Tarja brille de mille feux et
joue avec le public de belle manière. Après un très beau ‘I Walk
Alone’ Tarja propose sa version du classique de Gary Moore, ‘Over
The Hills And Far Away’ pour un résultat de grande classe qui met
le feu au public. Elle termine son concert avec ‘Unti My Last
Breath’, véritable classique de sa carrière solo et belle perle
de metal symphonique. Avec ce concert Tarja a confirmé un
grand talent en ayant su prendre un bon virage artistique. Elle
s’éclate et a ravi le public en rappelant avec classe qu’elle
demeure sans nul doute la meilleure chanteuse de sa catégorie.
Après
ce moment plein de charme, l’ambiance va changer dans la Swamp avec
la venue de Mayhem. Il ne sert pas à grand-chose de présenter la légende du black metal, juste de constater sa grande
forme. Sorti en 2019 "Daemon" est un immense cru, et en live Attila,
Hellhammer et leurs camarades sont au sommet de leur art avec une
haine et une hargne intactes. Pendant une heure la Swamp va se
transformer en antichambre des enfers avec une atmosphère glaciale qui va assommer le public. Celui-ci blinde la tente comme
rarement et il est même délicat de s'y frayer un chemin. D’entrée le groupe fait très mal. Attila en
tenue de cérémonie impressionne et dégage un charisme noir qui
fait froid dans le dos. Avec ses acolytes il va distiller le meilleur
de la carrière du groupe avec des titres taillés dans la crème
d’un black métal pur et dur, les plus récents comme ‘Falsified
And Hated’, ‘My Death’ et ‘To Daimonion’ se mariant
parfaitement aux classiques. Ces derniers, malgré le temps qui
passe, restent d’une rare force et semblent impossibles à égaler
niveau puissance brute. Se prendre en pleine tronche ‘Pure Fucking
Armageddon’, ‘Freezing Moon’ ou ‘Life Eternal’ et
‘Chainsaw Gutsfuck’ reste un immense moment qui replonge aux tous
débuts du black métal. Avec ce concert Mayhem a confirmé
son statut de grand du black metal. Il n’a fait aucun quartier et
a pris plaisir prendre son public à la gorge. Ce concert intense
restera à n’en pas douter dans la mémoire de chacun.
Après
cette leçon, un autre grand s’annonce sur la Prison. Depuis son
retour aux affaires en 2008, At The Gates a repris sa place au
sommet du death mélodique avec une facilité déconcertante. Le
dernier album, "The Nightmare Of Being", a enfoncé le clou et montré
un groupe au sommet, se permettant même de sortir de ses habitudes.
De fait le groupe est très attendu. La nuit tombe doucement et le
public est très présent, sans fatigue malgré l’enchaînement
des concerts. Porté par un Thomas Lindberg drapé de sa classique
chemise de bûcheron, le groupe va balancer une prestation énorme
d’intensité. Toute la puissance du groupe va s’exprimer et
scotcher son monde. Il n’a pas joué depuis longtemps mais n’est pas rouillé et au contraire on sent la rage et la joie de
retrouver une vraie scène. Cela va donner pas mal de moments de
bravoure avec notamment ‘At War With Reality’, ‘Suicide Nation’
ou encore ‘To Dring From The Night Itself’. Entre passé et
présent le groupe prouve avec éclat sa pertinence avec de jolis
duels de guitares, un Lindberg en pleine forme avec le ton hargneux
qui a fait sa légende et une batterie en fusion. En prime le nouvel
album est à l’honneur et force est de constater que les nouveaux
titres sont taillés pour la scène aux côtés des classiques. At
The Gates a montré une forme olympique et a fait un joli carton.
Le temps semble n’avoir aucune prise sur un groupe qui prouve qu’il
reste le patron du death mélodique.
Le
temps est venu pour accueillir la tête d’affiche de la Swamp.
Après son concert matinal, Channel Zero
est de retour pour un set basé sur ses quatre premiers
albums sortis entre 1992 et 1996 et qui avaient fait du groupe un des
patrons de la scène thrash européenne. Pour cette occasion unique
la tente affiche au-delà du complet, si bien qu’il est quasi
impossible de s’y frayer un chemin. L’ambiance est énorme avant
même le début et elle va grimper petit à petit. Le groupe prend le
temps d’arriver avec une intro puis une alternance entre calme et
fureur. Quand Franky déboule c’est l’explosion totale.
‘Succeed Or Bleed’ fait son effet avec un ton thrash
typique 90’s. Derrière ‘Repetition’ puis ‘Tales Of Worship’
claquent : toute la fosse est en feu et apprécie le côté à la fois
groovy et bien speed de ces titres. Au micro Franky assure méchamment
avec un ton puissant et haut perché efficace. Il n’y a guère de
temps mort dans ce début de concert, le groupe enchaîne sans pitié.
Avec ‘Chrome Dome’ il balance un missile digne de Slayer qui fait
des ravages. Derrière Franky prend le temps de saluer la foule et
annonce un ‘The Pioneer’ tout aussi emprunt d’un groove thrash
à la Pantera. ‘No Light (At The End Of Their Tunnel)’ enflamme
lui aussi une fosse avec un ton speed percutant. Après ce titre
Franky remercie de nouveau chaleureusement le public, on sent le
groupe heureux d’être sur scène et dans la foulée invite un
couple sur scène pour une demande en mariage très sympathique. Le
final s’entame ensuite avec un bon ‘Run W.T.T.’ puis avec le
très long ‘Man On The Edge’. Entre thrash qui fait sauter en
rythme, long break glaçial et final de folie, le titre est un très
bon moment. Enfin c’est le classique ‘Black Fuel’
qui termine le show en beauté avec un ton bien percutant et toujours
dans une ambiance de feu. Channel Zero a donné une belle
leçon de thrash, il a rappelé à quel point ses premiers albums
étaient énormes de force. Il en a tout cas ravi un public qui sort K.O.
debout de la Swamp.
Il
est tard mais personne ne ressent de fatigue et la foule se presse
pour accueillir la tête d’affiche de cette première journée,
Epica. La formation néerlandaise a sorti récemment un "Omega"
qui a confirmé son leadership sur la scène metal symphonique avec
en point d’orgue une Simone Simons au sommet de son art. Pour ce
concert le groupe a sorti la grosse artillerie avec un décor
splendide - serpents immenses de chaque côté de la scène et nombreux éléments de décoration. Pour l'occasion, "Omega" va
largement être mis à l’honneur et il convient de saluer le choix
de défendre son nouveau matériel. D’entrée l’intro majestueusetrès féerique et renforcée par des lumières
splendides,
fait son effet, plongeant le public dans l’univers du groupe. Derrière
‘Abyss Of Time’ fait un joli carton, Simone est au top avec un
ton angélique qui fait sa force. A côté ses camarades tissent un
univers metal symphonique remarquable de force avec une mélodie et un refrain remarquables. ‘Freedom – The Wolves Within’,
lui aussi extrait du nouvel album, enchaîne à merveille. Simone
semble dialoguer avec le growl de Mark Jansen et la force de
l’ensemble scotche un public ravi et sous le charme. Le refrain accrocheur fait son effet ainsi que le break aux frontières du
death, d’une sacrée force heavy,.
Après
ce début en fanfare Epica enchaîne trois anciens titres. Le groupe est en pleine forme, ravi de
retrouver la scène et le public lui réserve un accueil royal.
‘Victims Of Contingency’ permet d’admirer le superbe
décor tournant magnifié par les superbes lumières. Le titre est
une claque heavy juste adoucie par le chant angélique d’une
Simone qui colle le frisson par sa pureté. ‘Storm The
Sorrow’ enchaîne, Simone sait aller chercher un
public qui lui répond bien Le titre est un parfait condensé du
savoir faire Epica en matière de metal symphonique avec en prime
une pyrotechnie qui décoiffe. Pour ‘Unchain Utopia’ le groupe va
mettre une touche de spectacle avec des danseuses et un jongleur portant des
torches enflammées.
A côté
ses collègues se font plaisir avec de jolis moments de fougue au
claviers et aux guitares dans un pur esprit metal symphonique. Après
ce bel enchaînement de titres assez courts et directs Epica prend
une courte pause avant de lancer la deuxième partie du show.
La
scène est plongée dans le noir, les décors réapparaissent doucement dans la pénombre pour un effet réussi. Puis l’intro de
‘Kingdom Of Heaven – Part 3’ retentit. Avec ce titre Epica
ose balancer la grosse pièce de son dernier album qui s’étale sur
prêt de 14 minutes... et la réussite est totale. Chaque chapitre du
titre fait son effet avec une belle face symphonique, du growl en
réponse au chant angélique de Simone, un break splendide très
cinématographique au clavier et un final costaud qui dépote. Après ce moment de bravoure le groupe envoie deux
nouveaux titres. Il y a d’abord ‘The Skeleton Sky’,
Simone présente le titre avec le sourire et on retrouve la recette du groupe avec ce mélange entre puissance death et mélodies angéliques. ‘Omega’ est tout aussi efficace,
ravissant un public en parfaite osmose, qui savoure le spectacle pyrotechnique de haute volée. Le final va être royal. Le groupe propose trois classiques, il y a
d’abord ‘The Obsessive Devotion’, un énorme moment de metal symphonique porté par une
partie instrumentale de haute volée et un growl costaud. ‘Beyond
The Matrix’ est plus plus soft et plein de charme, Simone brille en parfaite communion avec des fans ravis du spectacle. Après
un joli feu d’artifice en bord de scène ‘Design Your Universe’
arrive pour clore le show. Ce long titre monte parfaitement en
puissance avec un début mélancolique et une partie instrumentale de
haute volée bien heavy. Ce classique du groupe reste un grand moment
live, qui fait rugir de plaisir le public. Le groupe salue la foule et
se retire sous les vivats après la photo traditionnelle. Epica a
donné un excellent concert à la fois vivant et puissant et servi
par des musiciens sympathiques, prouvant qu’il était au-dessus de la mêlée dans le genre, le temps qui passe ne semblant
avoir aucune prise sur sa fraîcheur et ses qualités artistiques.
Ceci
clôt une belle première journée, le public quitte tranquillement
le festival avec une bonne humeur palpable et chacun se prépare à
une suite qui s’annonce toute aussi savoureuse.