MW / Accueil / Articles / COMPTE-RENDUS DE CONCERT - Alcatraz Festival 2021 - Courtrai- Jour 1 - 13 Aout 2021
TITRE:

Alcatraz Festival 2021 - Courtrai- Jour 1 - 13 Aout 2021


TYPE:
COMPTE-RENDUS DE CONCERT
GENRE:

HEAVY METAL



Pour son grand retour, l'Alcatraz a mis les petits plats dans les grands avec une première journée de grande qualité.
NOISE - 01.09.2021 -
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La pandémie en cours a considérablement modifié nos vies et la culture a été une victime parmi tant d’autres. Les festivals et concerts faisaient partie du quotidien et l’idée que plus rien n’ait lieu paraissait incongrue jusque début 2020. 18 mois se sont écoulés et rien n’a changé ou presque, pas mal de festivals d’été ont encore une fois jeté  l’éponge  et les concerts reprennent à un rythme très calme. Mais au milieu de cette noirceur il y a des éclaircies, notamment une en provenance de Belgique. Celle-si se nomme Alcatraz, le festival a résisté contre vents et marées et a été aidé par une situation sanitaire en amélioration dans le pays.

Et Musicwaves est au rendez-vous de cette 13ème édition, véritable miracle, organisé sur trois jours comme en 2019 et sans aucune contrainte sanitaire au sein du festival, toujours placé au cœur du campus en périphérie de Courtrai. En relation avec les autorités et la ville, le festival a juste rajouté une contrainte, il fallait pour pénétrer dans le festival disposer d’un pass sanitaire à récupérer chaque jour dans l’immense hall du parc des expositions de la ville. Cette contrainte n’a découragé personne et le festival a affiché quasi complet. Il faut souligner la parfaite organisation de l’ensemble, il n’y avait quasi pas d’attente et chacun respectait les consignes à la lettre dans une bonne humeur palpable.

Pour bien laisser le temps aux gens d’arriver, de s’installer pour les campeurs et de remplir le site, les concerts débutent à 12h15. Après l’ouverture il est agréable de retrouver l'endroit qui n’a pas changé tellement, avec sa scène principale ("la Prison") et la secondaire sous tente, la "Swamp". La scène locale, la "Morgue", a juste changé de place et dispose de son espace bien à elle. Ce lieu va mettre à l’honneur la scène belge et confirmer son énorme vitalité que pas mal de pays peuvent jalouser. De notre côté nous nous concentrons sur les deux scènes principales avec un programme très riche, assez hallucinant vu les conditions délicates pour se déplacer pour les groupes. En ce vendredi 13 Août c’est la Prison qui démarre avec un DJ qui balance nombre de classiques métalliques, instaurant une ambiance déjà très chaude. Derrière on retrouve le trio emblématique du festival avec notamment la Policière et le Troll pour ouvrir officiellement le festival.

Channel Zero a l’honneur d’ouvrir les hostilités. L’évènement est doublement émouvant -il s’agit déjà pour beaucoup du premier concert normal depuis un bail- mais pour le groupe l’essentiel est ailleurs. Ce concert est l’occasion de célébrer la mémoire de Phil Baheux, batteur du groupe disparu en Août 2013 juste avant le festival. Le premier titre va d’ailleurs lui rendre hommage. La poignante ballade' Angel' est au rendez-vous avec le portrait de Phil en arrière plan sur l’écran. Après ce début acclamé qui a collé le frisson, les hostilités sont lancées par une intro futuriste efficace. Pour ce concert le groupe belge va se baser sur son répertoire récent et faire très mal. Il n’a rien perdu de sa puissance et son thrash groovy pas loin d’un Pantera ne fait pas de quartier. D’entrée la foule explose et multiplie les pogos dans une ambiance de feu. Ces 40 minutes vont être remarquables d’un bout à l’autre, avec un travail sur les ambiances dégageant une belle force mélancolique. Au chant Franky impressionne à la fois par son côté abrasif et par sa voix claire. Fort en charisme il se fait bavard et harangue parfaitement un public heureux de la claque reçue. Avec ce concert, Channel Zero a montré qu’il restait un client sérieux en matière de thrash. Chacun repart un peu groggy et garde en tête que le groupe sera de retour en soirée pour un concert basé sur ses anciens titres.

La journée démarre idéalement et la suite s’annonce savoureuse avec l’arrivée de Black Mirrors dans la Swamp. En 2019 le groupe belge avait fait sensation dans la Morgue, et le retrouver sur une plus grande scène est une suite logique car il ne cesse de monter en puissance. Entre blues, rock et alternatif le groupe fait sensation partout où il passe et il est plaisant de le retrouver dans un cadre intimiste. Même s'il n’a rien de metal, sa présence confirme la volonté des organisateurs de ne pas se fixer de frontières et de mettre à l‘honneur la scène belge. Ce concert va être un formidable moment de groove, plein de feeling et de chaleur. Porté par Marcella au timbre éraillé plein de charme et des musiciens de talent, le groupe va faire un carton auprès d’un public envoûté. Les titres sont courts et remplis d’un esprit proche des 70’s qui fait taper du pied. L’essence du rock plane sur la Swamp et au hasard des titres une perle comme 'Funky Queen' fait sensation avec une énergie énorme mixant les influences avec talent. Avec cette prestation brûlante Black Mirrors a confirmé qu’il avait tout en main pour devenir la future sensation rock. Il a fait un carton incroyable auprès d’un public qui a blindé la Swamp de belle manière malgré l’heure matinale.

Après ce grand moment la suite a lieu dehors sur la Prison avec Thundermother sous un soleil radieux et devant une foule toujours aussi énorme. Les Suédoises avaient déjà enflammé le festival en 2016 avec un hard rock classique au croisement d'AC/DC, Airbourne et Motörhead. Depuis le groupe a vu partir l’essentiel de son line-up, laissant Filippa Nässil seule aux commandes, mais qui a su vite rebondir et refonder un groupe très rapidement avec de nouvelles comparses. Cette petite bande a déjà sorti deux albums et est prête à mettre le feu au festival. Les quatre filles ne vont pas faire semblant de remuer la foule, un pur esprit rock’n’roll va planer sur le site et d’entrée avec ‘Whatever’ et ‘Dog From Hell’ le ton est donné. Au chant Guernica fait merveille, très charismatique elle scotche son monde avec son ton rocailleux taillé au rasoir. A côté on savoure une musique fraîche et entraînante, très immédiate, qui fait taper du pied. Avec ‘Into The Mug’ et ‘Back In 76’ le groupe confirme sa grande forme, l’esprit des anciens planant au-dessus de cette prestation énergique. Dans la suite ‘Hellevator’ avec ses clins d’œil à Hendrix, Maiden ou Accept fait un carton. En fin de concert ‘Shoot To Kill’ et son côté AC/DC ainsi que ‘Thunderous’ et ‘We Fight For Rock’n’Roll’ achèvent le public  avec le même dynamisme et la même fraîcheur. Avec ce concert Thundermother a confirmé sa grande forme et a ravi un public heureux de cette décharge de pur bon vieux hard rock.

The Vintage Caravan arrive d’Islande, et comme son nom le laisse supposer le groupe aime rendre hommage au passé. Il œuvre dans un classic rock teinté de stoner dans un esprit que ne renieraient pas Led Zeppelin ou Deep Purple. D’entrée avec ‘Whispers’ extrait du nouvel album "Monuments" le ton est donné. Le voyage vers les années 70 est total et envoûte le public. Le trio propose un véritable plongeon dans le temps et on ne peut que savourer un feeling plein de chaleur, notamment dans le chant d’un Oskar semblant sorti d’une machine à voyager dans le temps. Derrière avec ‘Reflections’ puis ‘Crystallized’ le groupe confirme une classe folle. Tout cela fait taper du pied avec un groove intense et un feeling à fleur de peau digne d’un Led Zeppelin. Le public apprécie et réserve un accueil chaleureux au groupe, qui montre également une aisance technique remarquable au travers de longues plages instrumentales. Par la suite ‘Babylion’, ‘On The Run’ ou ‘Expand Your Mind’ sont toutes aussi éblouissantes de classe. L’ambiance dans la tente ne fait que monter avec une belle communion installée et la joie sincère de se retrouver loin des écrans d’ordinateur. The Vintage Caravan a balancé une prestation remarquable d’une rare intensité et d’une chaleur qui a réchauffé nombres de cœurs.

Avec King Hiss la Belgique est encore à l’honneur sur la scène principale. Le groupe avait déjà fait impression en 2017 ici même et depuis il a continué son chemin de belle manière avec "Earthquaker" sorti en 2019. En matière de stoner metal bien gras, pas loin d’un Down ou d’un Crowbar, il a confirmé ses belles dispositions. Devant une foule dense il propose 40 minutes très efficaces sans temps mort ni faiblesses. D’entrée avec ‘Homeland’ puis ‘Revolt !’ le ton est donné, la voix de Jan, chaleureuse et puissante avec un groove typique fait son effet. Musicalement on apprécie le côté bien gras et mordant avec des riffs teigneux. Après un ‘Earthquaker’ puissant à souhait Jan balance un speech sympathique à une foule qui apprécie le spectacle. Puis ‘King Hiss’ est l’occasion d’accueillir le guitariste de Fleddy Melculy pour un bon moment entre sludge et stoner. Dans la suite entre un ‘Snakeskin’ de haute volée et un ‘Mastosaurus’ à la fois incantatoire sur son début et méchamment stoner le groupe cartonne. On le sent heureux d’être devant un public, il profite à fond de la chance d’être sur la scène principale. En fin de prestation l’enchaînement entre ‘Killer Hand’, ‘Black Wolf’ et ‘La Haine’ achève un auditoire conquis. Les musiciens finissent en nage ayant tout donné, comme rarement. Avec ce concert King Hiss a fait forte impression, il a donné le meilleur d’un stoner metal classieux et puissant et semble avoir pas mal d’atouts pour aller plus haut encore.

Nous restons en Belgique pour la suite avec l’arrivée de Brutus. Avec la venue du trio post hardcore, le festival continue de jouer la carte de l’éclectisme et on ne peut que s’en féliciter. Porté par sa chanteuse batteuse, le groupe a fait sensation depuis sa formation en 2013 avec un son à part et une inventivité hors normes. Le retrouver dans le cadre de l’Alcatraz sur une scène intimiste est une belle chance et la Swamp affiche complet dans une ambiance chaude d’entrée. Cela ravit un groupe tout sourire en arrivant et qui avec ‘War’ en entrée fait un carton immédiat. La voix angélique de Stefanie fait son effet tandis que le côté mélancolique de la musique envoûte. Puis quand le rythme accélère chacun est pris par la force de ce post hardcore ravageur et puissant. La suite va s’avérer aussi jouissive, avec ‘Horde II’ et ‘Justice de Julia II’ le groupe confirme une énorme classe. Puissance et mélancolie aérienne s’entrechoquent pour un résultat qui touche l’âme. L’accueil est royal et le voyage va continuer de manière intense, Stefanie tutoie les sommets avec son chant profond et maîtrise en même temps sa batterie avec talent. Avec ‘Fire’, ‘Distance’ ou ‘Sugar Dragon’ le trio balance le meilleur d’un post hardcore solide et profond avec des montées en puissances intenses. Brutus a délivré une splendide prestation qui a ravi le public ; il a montré un potentiel énorme et a toutes les cartes en main pour cartonner à large échelle.

Avec Unleash The Archers, le festival nous entraîne ensuite au Canada. Porté par sa chanteuse Brittney Hayes, le groupe a franchi pas mal de paliers depuis ses débuts en 2009 avec un power metal puissant et mélodique. Il est très plaisant de le retrouver en Europe et les fans sont au rendez-vous pour savourer une bonne dose de heavy. D’entrée avec ‘Abyss’ le groupe fonce dans le tas avec un ton speed qui décoiffe, délivrant des riffs de haute volée. Au chant Brittney fait impression avec une puissance certaine dans l’esprit d’une Doro. La suite avec ‘Soulbound’ puis ‘Awakening’ décoiffe tout autant et ravit les amateurs de heavy mélodique classique. Avec ‘The Matriarch’ le groupe balance un sacré missile qui permet à Brittney de briller avec une facilité étonnante à monter dans les aigus. ‘Tonight We Ride’ est tout aussi efficace pas loin d’un Gamma Ray ou de Helloween. Enfin avec ‘The Wind That Shapes The Land’ et ‘Afterlife’ le groupe achève en beauté un public ravi de cette belle leçon de heavy. Unleash The Archers a fait le boulot avec efficacité et a confirmé qu’il avait pas mal d’arguments pour devenir un des piliers de la nouvelle génération heavy metal.

Dans la Swamp une tempête se prépare avec l’arrivée de Suicide Angels. Depuis plus de 15 ans les Grecs portent la parole thrash et restent au sommet de la nouvelle vague qui a déferlé depuis le début des années 2000. Quand l’intro retentit chacun dans la tente sent que l’explosion est proche et quand le groupe balance ‘Endless War’ c’est la déflagration. Le groupe envoie un thrash old school intense digne du meilleur de Slayer. Les pogos se déclenchent immédiatement dans une fosse en fusion. Derrière avec ‘Born Of Hate’ et ‘Years Of Aggression’ la punition est la même. Le groupe prend un malin plaisir à bastonner son public, porté par un Nick impérial avec son chant intense digne des grands maîtres du genre. Dans la suite avec un ‘Front Gate’ écrasant de force et digne d’un Kreator ou avec ‘Eternally To Suffer’ il ne relâche pas son emprise une seule seconde. En fin de concert avec ‘Bloody Ground’ il donne une grosse claque. Tout est parfait dans un titre qui achève le public avec sa longue intro instrumentale et sa suite moins speed mais écrasante de force et digne de Slayer. La leçon s’achève avec un ‘Apokathilosis’ qui ne fait pas de quartier avec un côté ultra speed qui déménage. Suicide Angels a donné un concert d’une rare intensité, parfait concentré de thrash et a confirmé qu’il était un des grands patrons du genre.

Le ton va se faire plus soft avec l’arrivée sur la Prison de Kissin’ Dynamite. Les Allemands se sont imposés depuis leurs débuts en 2007 comme un des fers de lance en matière de hard mélodique. Et malgré leur très jeune âge ils se présentent comme de vieux briscards à la tête d’une solide discographie. Les retrouver sur scène est la garantie de prendre un bon bol d’or d’air frais avec des titres taillés pour être repris en chœur. D’entrée avec I’ve Got The Fire’ la promesse est tenue avec une classe folle. Hannes se montre brillant avec son ton mélodique en diable et à côté ses camarades tissent le meilleur d’un hard délicieusement accrocheur. Le succès est au rendez-vous et l’ambiance est très chaleureuse devant la Prison. Avec ‘Somebody’s Gotta Do It’ et ‘Love Me, Hate Me’ le groupe enfonce le clou, faisant savourer des mélodies délicieuses et des refrains ultra-fédérateurs. Après un excellent ‘Sex Is War’ à la fois puissant et accrocheur, le groupe balance son nouveau single pour la première fois. ‘Not The End Of The Road’ a déjà des allures de tube grâce à son refrain impeccable. Hannes fait le show avec charisme et amène parfaitement un excellent ‘I Will Be King’ repris en chœur par la foule. Après un dernier speech sympathique arrive déjà la fin du concert. Elle sera de toute beauté avec les énormes ‘You’re Not Alone’ et ‘Flying Colours’, deux autres perles de hard mélodique. Avec ce superbe concert, Kissin’ Dynamite a marqué les esprits. Il confirme un talent monstre et a donné le sourire à tout le monde, son futur opus sera guetté de très près.

Avec Moonspell la Swamp accueille un premier poids lourd. Maîtres d’un heavy gothique et mélancolique, les Portugais sont attendus de pied ferme par une foule massée devant la scène. Avec "Hermitage", le groupe a montré une face plus mélodique quasi-progressive, et l’idée de retrouver les nouvelles chansons est plaisante. D’entrée le nouvel album est à l’honneur avec ‘The Greater Good’ et ‘Common Prayers’. Le charme opère instantanément, Fernando se fait conteur sur ces chansons à la fois puissantes et chargées de mélancolie. Le public est à fond et apprécie ce joli départ. Puis l’immense ‘Opium’ fait un carton et ravit les amateurs de metal gothique. Avec ‘Breath’ puis le petit nouveau ‘The Hermit Saints’ le groupe enfonce le clou et confirme son aisance pour allier puissance et finesse. ‘Soulsick’ enchaîne, et retrouver cet extrait de "Butterfly Effect" est très plaisant. Il fait son effet avec son refrain intense. Le final approche et il va être royal, Fernando remue la foule et lance un ‘Extinct’ toujours aussi énergique avec son refrain qui déménage. Le très aérien ‘Apophthegmata’ impressionne également et voit Fernando se mettre à genoux sur un début très pur et mélancolique. Le final est classique avec les tubes ‘Alma Mater’ et ‘Full Moon Madness’. Ces deux titres sont toujours aussi énormes de force. Entre les deux, Fernando propose un speech sympa pour le festival et les groupes. La communion avec le public est totale et le frisson est là quand celui ci reprend en chœur la mélodie de ‘Alma Mater’. Moonspell a proposé un excellent concert, confirmant sa force pour proposer un metal gothique puissant et délicieusement accrocheur.

Sur la Prison la soirée va débuter avec l’arrivée de Tarja Turunen. La chanteuse finlandaise mène une carrière solo remarquable. Elle a su totalement se détacher de Nightwish, elle ne joue d’ailleurs aucun titre du groupe et a su se créer son univers. Le public est massé pour l’accueillir comme il se doit. D’entrée avec ‘Dead Promises’ la chanteuse et ses camarades envoient la sauce avec efficacité. Porté par la voix toujours puissante de Tarja le titre est une claque de power metal moderne avec une sacrée puissance de frappe. Derrière avec ‘Demons In You’ puis ‘Falling Awake’ le ton se fait toujours aussi costaud. Le mélange avec la voix gracieuse de Tarja se fait parfaitement, le refrain de ‘Falling Awake’ est un grand plaisir auditif voyant la chanteuse monter haut avec facilité. Loin de son image parfois froide Tarja se montre souriante et chaleureuse et communique bien avec le public. La suite avec ‘Undertaker’ ou ‘Diva’ fait un bel effet auprès d’un public sous le charme. Sur le début de ce dernier, le violon fait son effet avec un charme mélancolique certain. Puis la puissance prend le dessus pour un excellent résultat. La fin de concert va être royale, avec le symphonique ‘Victim Of Ritual’ Tarja brille de mille feux et joue avec le public de belle manière. Après un très beau ‘I Walk Alone’ Tarja propose sa version du classique de Gary Moore, ‘Over The Hills And Far Away’ pour un résultat de grande classe qui met le feu au public. Elle termine son concert avec ‘Unti My Last Breath’, véritable classique de sa carrière solo et belle perle de metal symphonique. Avec ce concert Tarja a confirmé un grand talent en ayant su prendre un bon virage artistique. Elle s’éclate et a ravi le public en rappelant avec classe qu’elle demeure sans nul doute la meilleure chanteuse de sa catégorie.

Après ce moment plein de charme, l’ambiance va changer dans la Swamp avec la venue de Mayhem. Il ne sert pas à grand-chose de présenter la légende du black metal, juste de constater sa grande forme. Sorti en 2019 "Daemon" est un immense cru, et en live Attila, Hellhammer et leurs camarades sont au sommet de leur art avec une haine et une hargne intactes. Pendant une heure la Swamp va se transformer en antichambre des enfers avec une atmosphère glaciale qui va assommer le public. Celui-ci blinde la tente comme rarement et il est même délicat de s'y frayer un chemin. D’entrée le groupe fait très mal. Attila en tenue de cérémonie impressionne et dégage un charisme noir qui fait froid dans le dos. Avec ses acolytes il va distiller le meilleur de la carrière du groupe avec des titres taillés dans la crème d’un black métal pur et dur, les plus récents comme ‘Falsified And Hated’, ‘My Death’ et ‘To Daimonion’ se mariant parfaitement aux classiques. Ces derniers, malgré le temps qui passe, restent d’une rare force et semblent impossibles à égaler niveau puissance brute. Se prendre en pleine tronche ‘Pure Fucking Armageddon’, ‘Freezing Moon’ ou ‘Life Eternal’ et ‘Chainsaw Gutsfuck’ reste un immense moment qui replonge aux tous débuts du black métal. Avec ce concert Mayhem a confirmé son statut de grand du black metal. Il n’a fait aucun quartier et a pris plaisir prendre son public à la gorge. Ce concert intense restera à n’en pas douter dans la mémoire de chacun.

Après cette leçon, un autre grand s’annonce sur la Prison. Depuis son retour aux affaires en 2008, At The Gates a repris sa place au sommet du death mélodique avec une facilité déconcertante. Le dernier album, "The Nightmare Of Being", a enfoncé le clou et montré un groupe au sommet, se permettant même de sortir de ses habitudes. De fait le groupe est très attendu. La nuit tombe doucement et le public est très présent, sans fatigue malgré l’enchaînement des concerts. Porté par un Thomas Lindberg drapé de sa classique chemise de bûcheron, le groupe va balancer une prestation énorme d’intensité. Toute la puissance du groupe va s’exprimer et scotcher son monde. Il n’a pas joué depuis longtemps mais n’est pas rouillé et au contraire on sent la rage et la joie de retrouver une vraie scène. Cela va donner pas mal de moments de bravoure avec notamment ‘At War With Reality’, ‘Suicide Nation’ ou encore ‘To Dring From The Night Itself’. Entre passé et présent le groupe prouve avec éclat sa pertinence avec de jolis duels de guitares, un Lindberg en pleine forme avec le ton hargneux qui a fait sa légende et une batterie en fusion. En prime le nouvel album est à l’honneur et force est de constater que les nouveaux titres sont taillés pour la scène aux côtés des classiques. At The Gates a montré une forme olympique et a fait un joli carton. Le temps semble n’avoir aucune prise sur un groupe qui prouve qu’il reste le patron du death mélodique.

Le temps est venu pour accueillir la tête d’affiche de la Swamp. Après son concert matinal, Channel Zero est de retour pour un set basé sur ses quatre premiers albums sortis entre 1992 et 1996 et qui avaient fait du groupe un des patrons de la scène thrash européenne. Pour cette occasion unique la tente affiche au-delà du complet, si bien qu’il est quasi impossible de s’y frayer un chemin. L’ambiance est énorme avant même le début et elle va grimper petit à petit. Le groupe prend le temps d’arriver avec une intro puis une alternance entre calme et fureur. Quand Franky déboule c’est l’explosion totale. ‘Succeed Or Bleed’ fait son effet avec un ton thrash typique 90’s. Derrière ‘Repetition’ puis ‘Tales Of Worship’ claquent : toute la fosse est en feu et apprécie le côté à la fois groovy et bien speed de ces titres. Au micro Franky assure méchamment avec un ton puissant et haut perché efficace. Il n’y a guère de temps mort dans ce début de concert, le groupe enchaîne sans pitié. Avec ‘Chrome Dome’ il balance un missile digne de Slayer qui fait des ravages. Derrière Franky prend le temps de saluer la foule et annonce un ‘The Pioneer’ tout aussi emprunt d’un groove thrash à la Pantera. ‘No Light (At The End Of Their Tunnel)’ enflamme lui aussi une fosse avec un ton speed percutant. Après ce titre Franky remercie de nouveau chaleureusement le public, on sent le groupe heureux d’être sur scène et dans la foulée invite un couple sur scène pour une demande en mariage très sympathique. Le final s’entame ensuite avec un bon ‘Run W.T.T.’ puis avec le très long ‘Man On The Edge’. Entre thrash qui fait sauter en rythme, long break glaçial et final de folie, le titre est un très bon moment. Enfin c’est le classique ‘Black Fuel’ qui termine le show en beauté avec un ton bien percutant et toujours dans une ambiance de feu. Channel Zero a donné une belle leçon de thrash, il a rappelé à quel point ses premiers albums étaient énormes de force. Il en a tout cas ravi un public qui sort K.O. debout de la Swamp.

Il est tard mais personne ne ressent de fatigue et la foule se presse pour accueillir la tête d’affiche de cette première journée, Epica. La formation néerlandaise a sorti récemment un "Omega" qui a confirmé son leadership sur la scène metal symphonique avec en point d’orgue une Simone Simons au sommet de son art. Pour ce concert le groupe a sorti la grosse artillerie avec un décor splendide - serpents immenses de chaque côté de la scène et nombreux éléments de décoration. Pour l'occasion, "Omega" va largement être mis à l’honneur et il convient de saluer le choix de défendre son nouveau matériel. D’entrée l’intro majestueusetrès féerique et renforcée par des lumières splendides, fait son effet, plongeant le public dans l’univers du groupe. Derrière ‘Abyss Of Time’ fait un joli carton, Simone est au top avec un ton angélique qui fait sa force. A côté ses camarades tissent un univers metal symphonique remarquable de force avec une mélodie et un refrain remarquables. ‘Freedom – The Wolves Within’, lui aussi extrait du nouvel album, enchaîne à merveille. Simone semble dialoguer avec le growl de Mark Jansen et la force de l’ensemble scotche un public ravi et sous le charme. Le refrain accrocheur fait son effet ainsi que le break aux frontières du death, d’une sacrée force heavy,.

Après ce début en fanfare Epica enchaîne trois anciens titres. Le groupe est en pleine forme, ravi de retrouver la scène et le public lui réserve un accueil royal. ‘Victims Of Contingency’ permet d’admirer le superbe décor tournant magnifié par les superbes lumières. Le titre est une claque heavy juste adoucie par le chant angélique d’une Simone qui colle le frisson par sa pureté. ‘Storm The Sorrow’ enchaîne, Simone sait aller chercher un public qui lui répond bien Le titre est un parfait condensé du savoir faire Epica en matière de metal symphonique avec en prime une pyrotechnie qui décoiffe. Pour ‘Unchain Utopia’ le groupe va mettre une touche de spectacle avec des danseuses et un jongleur portant des torches enflammées. A côté ses collègues se font plaisir avec de jolis moments de fougue au claviers et aux guitares dans un pur esprit metal symphonique. Après ce bel enchaînement de titres assez courts et directs Epica prend une courte pause avant de lancer la deuxième partie du show.

La scène est plongée dans le noir, les décors réapparaissent doucement dans la pénombre pour un effet réussi. Puis l’intro de ‘Kingdom Of Heaven – Part 3’ retentit. Avec ce titre Epica ose balancer la grosse pièce de son dernier album qui s’étale sur prêt de 14 minutes... et la réussite est totale. Chaque chapitre du titre fait son effet avec une belle face symphonique, du growl en réponse au chant angélique de Simone, un break splendide très cinématographique au clavier et un final costaud qui dépote. Après ce moment de bravoure le groupe envoie deux nouveaux titres. Il y a d’abord ‘The Skeleton Sky’, Simone présente le titre avec le sourire et on retrouve la recette du groupe avec ce mélange entre puissance death et mélodies angéliques. ‘Omega’ est tout aussi efficace, ravissant un public en parfaite osmose, qui savoure le spectacle pyrotechnique de haute volée. Le final va être royal. Le groupe propose trois classiques, il y a d’abord ‘The Obsessive Devotion’,  un énorme moment de metal symphonique porté par une partie instrumentale de haute volée et un growl costaud. ‘Beyond The Matrix’ est plus plus soft et plein de charme, Simone brille en parfaite communion avec des fans ravis du spectacle. Après un joli feu d’artifice en bord de scène ‘Design Your Universe’ arrive pour clore le show. Ce long titre monte parfaitement en puissance avec un début mélancolique et une partie instrumentale de haute volée bien heavy. Ce classique du groupe reste un grand moment live, qui fait rugir de plaisir le public. Le groupe salue la foule et se retire sous les vivats après la photo traditionnelle. Epica a donné un excellent concert à la fois vivant et puissant et servi par des musiciens sympathiques, prouvant qu’il était au-dessus de la mêlée dans le genre, le temps qui passe ne semblant avoir aucune prise sur sa fraîcheur et ses qualités artistiques.

Ceci clôt une belle première journée, le public quitte tranquillement le festival avec une bonne humeur palpable et chacun se prépare à une suite qui s’annonce toute aussi savoureuse.



Plus d'informations sur http://www.epica.nl
 
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