"Comme
un rêve" est la formule idéale pour qualifier les deux
premières journées du festival Alcatraz. L’organisation est
parfaite, les concerts sont de qualité et cerise sur le gâteau la
météo est clémente avec un soleil radieux. Pour cette troisième journée le programme est encore
bien garni avec une jolie variété de styles et une tête d’affiche royale.


En
attendant la journée commence à 11 heures, chacun a
pris ses habitudes et a récupéré son pass sanitaire pour
arriver sur le site. Malgré l’heure matinale et la fatigue un
peu présente la foule est au rendez-vous pour accueillir le
premier groupe sur la Prison, Russkaja.
Originaire de Russie et établie en Autriche la formation est loin du
metal. Pour la définir, le mieux serait de parler de fanfare ska
punk, le combo parfait pour lancer la journée et mettre une ambiance folle. Le concert, tel un spectacle, va se lancer petit à
petit. L’intro avec les chœurs russes attire l'attention puis saxon et
trompette débarquent et amènent un joli côté folklorique avec en
parallèle une bonne force rock. La sauce monte avec l’arrivée
du violon qui amène une touche mélancolique à la fanfare ska.
Cette longue intro passée, Georgij, le maître de cérémonie
débarque, il met l’ambiance avec un ton bien punk et le délire
commence. ‘Kosmopolit’ est un splendide moment de fête et de
partage qui fait danser le public dans un esprit entraînant.
L’amour est au programme de ce concert, Georgij est un formidable
frontman, souriant et empreint d’un esprit positif d’une
rare fraîcheur. Il lance un superbe ‘Love Revolution’ entraînant dans l'esprit ska punk. Le public adore, la communion
est totale et des farandoles se déclenchent dans une fosse aux
allures de colonie de vacances. En fin de concert ‘Energia’ avec
sa facette punk achève un public ravi de cette prestation
énergique. Russkaja a fait un carton énorme.
Par sa sympathie et son énergie il a lancé la journée de la
meilleure des manières, il a permis à pas mal de fans de retrouver
une pêche énorme.

Après
ce superbe moment de partage, la Swamp se lance avec Loudblast.
Pour les nombreux Français présents sur le site il est plaisant de
retrouver une formation les représentant. Depuis 1985 Stéphane
Buriez a imposé son groupe comme un poids lourd de la scène metal
française et le temps ne semble avoir aucun effet sur lui. Avec
"Burial Ground" puis le récent "Manifesto", Loudblast a prouvé qu’il
restait terriblement pertinent. La tente est bien remplie et après
une intro lugubre le groupe déboule avec une
forte envie d’en découdre. Derrière son micro, guitare à la main,
Buriez en impose et lance avec conviction ‘The Promethean Fire’. Tiré du nouvel album il colle tout le monde sur place.
Loudblast n’a pas joué depuis un bail mais n’est pas rouillé.
Buriez impressionne de sa voix caverneuse et chacun savoure un grand
moment de death metal avec au programme un solo ultra rapide. Avec ‘Taste Me’ puis ‘Presumption’
le groupe ne relâche pas la pression. Sur ces classiques il fait
preuve d’une sacrée puissance de frappe et d’une technique
insolente de classe dans un pur esprit death metal. Pogos et slams
s’enchaînent dans une foule bien chauffée.
Avec ‘Wisdom (Farther On)’ on retrouve un autre grand moment de
‘Sublime Dementia’, écrasant de lourdeur et taillé dans le meilleur du death des années 90. Buriez prend la parole et avec un charisme certain remue la
foule. Puis le groupe reste dans ses glorieux débuts avec ‘Turn
The Scale’ et ‘The Horror Wihtin’ et fait un sacré carton dans
un esprit old school death metal. Le final va être torride, ‘Emptiness Crushes My Soul’ se montre
écrasant de puissance, porté par un Buriez au ton guttural. Le tout récent ‘Todestrieb’ n’est pas perdu au milieu des classiques, mais est un grand moment avec un côté à la fois
rapide et très puissant. 'Cross The Threshold’ achève
en beauté le public. Avec son refrain fédérateur il demeure
un classique total et la foule apprécie
la claque. Malgré l’heure matinale Loudblast
a su bouger son monde avec une prestation percutante.


La
Prison accueille After All ;
cela fait plus de trente ans
que la formation belge œuvre dans un thrash inspiré des grands des années 80. Avec "Waves Of Annilihation" sorti en 2016 elle a montré un bon niveau de forme et la
retrouver est l’assurance d’un excellent moment. Les
fans sont au rendez vous pour retrouver le duo de guitaristes Depree,
Van Damme derniers membres originels présents. A leurs côtés on
note la présence au chant de Mike Slembrouck qui officie
dans Iron Mask. Avec en
intro le générique de la série ‘Agence Tout Risques’ le groupe
lance son concert avec un côté délicieusement old
school. Puis le groupe balance un thrash teinté de
heavy hyper efficace, le rythme est intense et évoque
Death Angel ou Testament. Après ce début très efficace, After
All ne va pas jouer la carte de
la sécurité en proposant deux nouveaux titres de son futur dixième
album. Le résultat est
probant. On retrouve deux tartines de thrash dignes d’un Anthrax
portées par la voix haut perchée de Mlike et de soli et riff entre
thrash et heavy à la Maiden. Avec ‘Target Extinction’
puis ‘The Unsual Sin’ le groupe revient vers ses albums récents
et fait le même effet avec énergie. Le public apprécie la leçon avec des premiers rangs qui se remuent. Après un titre plus posé dans l’esprit des titres à
tiroirs des années 80, le groupe balance ‘Timeless Machine’ et fait des ravages dans un esprit un thrash heavy avec des riffs
percutants et un chant digne d'Annihilator. After
All a proposé un très bon
concert, il maîtrise son sujet avec talent et mériterait une
plus large reconnaissance que le certain anonymat qu’il connaît.

Dans
la Swanp les organisateurs
proposent avec Sloper un
groupe assez décalé du reste de l’affiche. Loin du metal, la
formation œuvre dans un rock teinté de pop avec deux batteurs. Il s’agit d’un super groupe avec en son sein
Cesar Zuiderwijk batteur de
la légende Golden Earring et Mario Goossens batteur de
Triggerfinger. Ils sont allés chercher un chanteur anglais, Pete
Shoulder et un guitariste italien, Fabio Canini, pour proposer un bon
vieux rock’n’roll. En concert le joyeux quatuor se fait plaisir
avec des reprises mais aussi avec des compos perso tirées de leur
album "Pulverise". Malgré le côté soft il y a du monde devant la
scène. L’effet surprise joue et chacun est curieux du
rendu de ces deux batteries posées l’une à coté de l’autre. D’entrée il est intéressant de constater que
les deux batteurs sont parfaitement coordonnés. Malgré son âge avancé Cesar
montre une sacrée énergie avec un style épuré digne des meilleurs
batteurs rock. La petite
bande va donner un concert très frais, livrant un
rock typé alternatif avec un bon côté accrocheur taillé pour
passer en radio. On sent chez les musiciens l’envie de se faire
plaisir et de faire plaisir avant toute chose, le public apprécie dans une excellente ambiance. Au
détour de certaines chansons un côté plus hard rock se fait sentir
et bouge bien la foule. Au milieu d’une programmation métallique Sloper a
su tirer son épingle du jeu en proposant une prestation
sympathique et a sans nul doute gagné de nombreux
nouveaux fans.

Sur
la Prison une nouvelle guerre s’annonce. En quelques années avec
juste deux
albums et un live, Evil
Invaders s’est
fait un nom au sein de la nouvelle génération thrash. Les Belges
dynamitent tout sur leur passage et
la foule est massée derrière les barrières pour en découdre. Après
une courte intro le groupe déboule et
la guerre démarre sans sommation. Jöe lance un cri et les
pogos partent dans tout les sens. Ce
premier titre est d’une rare intensité, thrash mais aussi speed
dans l’esprit des années 80 avec des riffs et soli de feu. Le
chant aiguisé de Jöe fait
son effet auprès d’un public bouillant. L’ambiance est énorme et
la suite va être percutante. Avec ‘Mental
Penitentiary’, ’Feed Me Violence’
ou ‘Stairway
to Insanity’ le
groupe frappe dur. Ces
titres montrent toute la classe d’un groupe qui a su se hisser au sommet du genre. On
ne peut que savourer le meilleur d’un thrash speed avec des
parties de guitares incandescentes dans un esprit 80’s. A
l’image des grands frontmen meta,l Jöe dégage au micro guitare en
main un sacré charisme et contribue largement à mettre le feu. La foule
est en fusion, chauffée à blanc
elle se déchaîne avec des pogos parmi les plus furieux
du week-end. Avec ce concert Evil
Invaders
a
confirmé un talent certain pour un thrash de haute volée. Il montre
un énorme potentiel et a ravi un public en nage à la fin de la
prestation. Son troisième album sera guetté de près tant on
sent qu’il peut faire exploser le groupe à grande échelle.

Dans
la Swamp le ton va rester thrash mais va partir
dans le passé, aux origines du genre. Artillery
fait
parti des pionniers du genre
même s’il n'a pas l’aura des légendes thrash. Depuis leurs débuts
en 1982 les Danois ont connu des fortunes diverses avec deux splits et
un retour sérieux aux affaires en 2007. Avec à leur tête
l’inamovible Michael Stützer, le groupe a trouvé une seconde
jeunesse et a proposé de solides albums. La présence au micro de
Michael Dahl y a largement contribué. Le
groupe est très attendu et
dès l’intro avec une ambiance guerrière on sent la foule prête à
mettre le feu. Avec ‘The
Challenge’ le concert se lance parfaitement, ce classique issu de
Terror Squad est d’une énorme intensité. Dahl impressionne par son ton abrasif, portant le groupe de belle manière et dans le public on commence à se remuer. Extrait du dernier album X 'Turn Up The Page' est un
excellent moment de thrash teinté de heavy avec un rythme soutenu. Avant ‘By Inheritance’ Dahl balance un bon speech
et remue la foule en allant même faire un tour au
plus près de la fosse. Le titre fait son effet, rageur et
speed c'est une claque de thrash old school. Après un souci
technique vite réglé le groupe revient pour continuer à faire mal. ‘Terror Squad’ fait
le même effet bœuf sur le public et quelques pogos se
déclenchent. Le final avec ‘Khomaniac’ et ‘Beneath The Clay’
est incandescent, ces deux classiques du groupe étant
monstrueux de puissance avec une belle force technique. Dahl se
montre toujours aussi à l’aise, confirmant qu’il est une
énorme valeur ajoutée pour le groupe. Artillery
a
proposé un excellent concert, il s’est rappelé au bon souvenir
des amateurs de thrash.


Devant
la Prison un autre pionnier s’apprête à prendre possession de la
scène. Légende de la NWOBHM Raven
c’est
plus de 40 ans au service du heavy metal, avec des hauts et des bas
mais avec une ténacité qui force le respect. Les frangins Gallagher
n’ont jamais lâché l’affaire et récemment avec "Metal City" ils ont
montré qu’ils en avaient encore sous le coude. Le trio débarque
devant une foule dense sans chichis avec juste un petit back
comme décor.
D’entrée le groupe balance ‘Take Control’, un de
ses classiques. Il est en pleine forme et envoie la sauce avec vigueur. Porté par la voix haut perchée de John, le titre
ravit les amateurs d’un heavy droit tiré des années 80. ‘Hell
Patrol’ enchaîne à merveille avec la même énergie, Raven est en
grande forme en montrant la
fraîcheur d’un débutant. Le public apprécie la leçon et
derrière avec le groupe va enchaîner deux titres du nouvel album. Force est de constater que
‘The Power’ et ‘Top Of The Moutain’ ne font pas tache face
aux classiques. Portées par d’excellents refrains ce sont d’excellents moments de heavy métal. Le public apprécie la leçon
et la suite va être savoureuse. Raven
se concentre sur ses premiers albums pour le plus grand bonheur des
fans. Le quatuor final est explosif, avec ‘Rock Until You ’ en première bonne claque.
‘Faster Than The Speed Of Light’ porte bien son nom et rappelle
aux plus jeunes que dans les années 80 la formation était l’une
des plus heavy de sa génération. Enfin ‘Chain Saw’ et ‘Wiped
Out’ achèvent le concert en beauté avec la même efficacité.
Raven
a proposé une superbe prestation montrant belle
forme et la joie d’enfin retrouver le public. Il confirme
qu’il demeure une valeur sure en matière de heavy metal
classique.

Dans
la Swamp un autre grand nom est attendu. Asphyx, c’est plus
de 35 ans au service d’un doom death metal implacable
de force. Portés par Martin Van Drunen, les Néerlandais sont au top
de leur art depuis leur retour en 2007 avec notamment le petit dernier, "Necroceros". Devant une foule dense le groupe débarque dans sur l’instrumental ‘The Quest Of
Absurdity’ ; très calme il pose une ambiance glaciale. Martin jauge
la foule du regard, la salue, semble se concentrer et lance la charge. Avec ‘The Nameless Elite’ on retrouve un extrait
du nouvel album, quine fait pas dans la dentelle et écrase
tout avec force. Martin impressionne avec son ton
guttural droit sorti des enfers et au travers d’une belle
accélération death le titre fait un effet bœuf. Autre nouveauté,
‘Molten Black Earth’ est toute aussi excellente avec le même alliage entre doom et death avec un Martin au ton
abrasif. La fosse commence à bien se remuer et va
exploser de belle manière sur un ‘Death The Brutal Way’
qui porte bien son nom. Le public se prend une tartine de brutalité et apprécie l’intensité du chant d’un Martin
possédé. Courte et intense, et portée par un refrain énorme, ‘Deathhammer’ est d’une rare
violence. ‘Foreunners Of
The Apocalyspe’ se fait écrasante de force et assomme un public
ravi. Autre nouveauté, ‘Botos Implosion’
est bouillante, concentré
de violence super rapide qui met le feu. Le final avec ‘The
Rack’ et ‘Last One On Earth’ est explosif, ces deux tirés
issus des débuts du groupe sont prenants et méchants et
achèvent en beauté un public bouillant. Asphyx a collé une
grosse baffe. Il a montré sa classe en mixant
parfaitement death et doom et confirmé qu’il restait un des
patrons du genre.


Après
un tel concentré de violence l’arrivée d’Eclipse sur la
Prison va permettre de reprendre ses esprits. Le groupe
suédois œuvre depuis plus de 20 ans dans un hard rock accrocheur pas loin d’un Pretty Maids ou de
Bonfire. Les amateurs de mélodies sucrées sont au rendez-vous et l’ambiance est déjà très bonne quand l’intro
retentit. Monté sur ses fûts le batteur motive la foule puis avec ‘Viva La Victoria’ le concert se lance de la
meilleure des manières. Le titre est une merveille de hard mélodique
portée par un refrain fédérateur, des chœurs typiques et des soli
de feu. Erik dégage une chaleur communicative avec un chant
puissant et mélodique. Le groupe enfonce le clou avec ‘Battlegrounds’
et ‘Bleed & Scream’, deux tubes dotés de mélodies irrésistibles portés par un formidable Erik, parfait frontman qui s’est mis le
public dans la poche avec facilité. Avec ‘Bite The
Bullet’ le groupe propose son nouveau single a paraître sur "Wired"
prévu pour octobre. Le refrain
fédérateur confirme le talent des
suédois pour pondre des chansons simples et efficaces. Le public
apprécie la leçon et la suite va être toute
aussi savoureuse. Après un excellent ‘The Storm’ le groupe
propose un autre nouveau titre avec ‘Saturday Night’, chanson aux allure d’hymne avec un
énorme refrain rehaussé de chœurs dignes de Def Leppard avec une
mélodie remuante. Le final approche, la fête est
belle et avec ‘The Downfall Of Eden’ puis ‘Black Rain’ on
retrouve deux titres plus posés qui font leur effet. Il y a un côté
plus accrocheur efficace avec un superbe travail vocal
d’Erik et des parties de guitares pleines de feeling. ‘Never
Look Back’ conclut avec un ton rapide et
mélodique, autre refrain qui fait chavirer la foule. Eclipse
a proposé un concert frais et sympathique, il a ravi le public et a
fait honneur au hard rock classique entre deux concerts bien plus
costauds.

Dans la Swamp l’ambiance est différente. Marduk
c’est
plus de trente ans au service du black metal. Là ou certains
s’adoucissent le groupe suédois demeure fidèle à ses valeurs, et depuis l’arrivée
de Mortuus
en 2004 il est devenu de plus en plus haineux et brutal, cela
donne des concerts d’une rare intensité où le public ne bouge
guère et encaisse des uppercuts. Le concert de ce soir ne va pas
faire exception. La formation n’est pas présentée par le duo du
festival et déboule directement sur scène. Avec
‘Werwolf’ et en à peine plus de deux minutes le ton est donné.
Marduk n’est pas venu pour faire le show, il est venu pour faire
mal. Le titre est d’une rare férocité ‘The
Hangman Of Prague’ est tout aussi brutal, en forme de charge black. Il est porté par un Mortuus au ton grave impressionnant et
qui transpire la haine et fait peur, les premiers rangs le
voyant de près peuvent
le constater. Avec ‘Those Of The Unlight’ les débuts du groupe
sont à l’honneur. Passé le choc du début le public commence à
se remuer et fait un triomphe à la formation. Celle-ci semble
impassible et va enchaîner sans un instant de répit à tabasser en
proposant un best of de sa carrière. Entre ‘Frontschwein’,
‘Slay The Nazarene’, ‘Viktoria’ ou ‘The Sun Has
Failed’ Marduk enfile les perles comme à la parade. Il règne dans
la tente une atmosphère glaciale, le groupe fait régner la
terreur dans un esprit black metal pur et dur. Le final va achever
tout le monde. Avec ‘The Funeral Seemed To Be Endless’
et ‘Christraping Black Metal’ on retrouve toute la majesté du
black metal avec une violence brute sans compromis ni
volonté de séduire le plus grand nombre. Avec ce concert Morgan,
Mortuus et leurs camarades ont assomé
leur auditoire, dan le bon sens du terme. Marduk
reste sans contestation possible un des plus grands maîtres de
l’art noir.

Après
cette baffe le retour vers la Prison va s’effectuer avec la
sensation métallique de ces dernières années, Jinjer. Les Ukrainiens ne cessent de monter en notoriété depuis la sortie de
"Macro" en 2019. Portés par leur chanteuse Tatiana et par une musique
mixant les influences ils font un carton. Résumer leur style
au simple metalcore serait réducteur, il y a aussi du groove, du
progressif et un bel équilibre entre brutalité et mélodie. Et
il y a Tatiana redoutable en growl et très séduisante en chant
clair. Ce cocktail a su séduire au-delà des jeunes
générations pour toucher tout les fans de metal. Il y a du
monde pour ne pas rater une miette. D’entrée avec ‘On The Top’ Jinjer met tout le monde
d’accord. Le groupe est parfaitement au point, on
retrouve une technique et un chant impressionnants.
Tatiana alterne clair et growl avec aisance et dégage un sacré
charisme. Elle remue une foule qui lui mange dans la main . Avec ‘Pit Of
Consciousness’ la claque est encore plus forte. La hargne de
Tatiana est totale et assure elle assure son
chant clair avec classe. Le public lance pas mal de pogos et de slams
dans une ambiance torride. Après un coucou souriant de Tatiana le
groupe enchaîne avec ‘Judgement (&Punishment)’.
Entre pop sur le chant clair et death metal le titre confirme la force du groupe pour mélanger les ambiances, comme si
Pink rencontrait Arch Enemy. Dans la suite avec ‘Ape’,
‘Retrospection’ ou ‘Perennial’ le groupe fait aussi fort, avec un gros travail mélodique et technique, et Tatiana
qui semble à la fois forte et fragile. En fin de prestation on retrouve deux nouveaux singles, ‘Mediator’ et ‘Vortex’.
L’accueil confirme que le groupe a gardé sa formule
magique intacte. Il ne fait pas de doute que "Wallflowers" sera très attendu. Jinjer a été royal et le succès a été total.
Il continue son ascension et semble destiné à aller encore plus
haut rapidement


Dans
la Swamp changement de programme, initialement prévu Vio-Lence a du
annuler en raison de problèmes sanitaires et c’est Freedom Call
qui le remplace au pied levé. En matière de speed mélodique le
groupe allemand demeure un grand nom qui sait mettre l'ambiance partout où il passe. La tente n’affiche pas complet
mais les fans sont là pour accueillir Chris Bay et ses camarades.
D’entrée avec ‘Union Of The Strong’ le ton est donné, pur son speed qui renvoie droit dans les années 90. Porté
par un refrain efficace et un Bay au top de sa forme, avec un ton
mélodique et accrocheur le titre ravit la foule. ‘Tears
Of Babylon’ montre la même énergie et la même bonne
humeur ; solidement accrocheur et porté par la voix chaleureuse
de Bay, le titre est une merveille. ‘Spirit
Of Daedalus’ est un titre plus heavy d’une belle
efficacité. Avant ‘Sail Away’, Bay remercie le public
chaleureusement exprime sa joie d’être là et a un mot sympa pour
Vio-Lence. Puis avec ‘M.E.T.A.L.’ et ‘Power & Glory’ le
groupe fait un joli carton, il délire bien avec les fans et
l’ambiance montre de plusieurs crans avec une franche bonne humeur.
‘Metal Is For Everyone’ est un hymne
porté par un refrain fédérateur. Le final avec ‘Warriors’,
‘Far Away’ et ‘Land Of Light’ est réjouissant et
donne le sourire. Freedom Call est souvent vu
un groupe pour bisounours mais cela fait du bien de l’écouter.
Avec ce très bon concert il donné la pêche et le moral à
tout le monde et on le remercie chaleureusement pour cela.

Dehors
la foule est compacte devant la Prison pour le premier gros nom de la
soirée, Doro. La Metal Queen est toujours aussi populaire en
Belgique et vient pour la quatrième fois à l’Alcatraz. Chacun
attend une bonne rasade de heavy metal portée par la voix
puissante de l’Allemande. Le concert va se baser quasi uniquement
sur sa carrière avec Warlock avec quelques tubes solo
intercalés. Le début sur ‘I Rule The Runs’ est marquant, Doro est
souriante et en forme. L’ambiance est excellente avec les fans chantant en chœur les paroles.
Le plus rare ‘Three Minutes Warning’, issu de "Triumph And Agony"
de Warlock est très plaisant à écouter avec une Doro charismatique. ‘Burning The Witches’ est une baffe en forme d’hymne heavy. C’est aussi le cas d’un ‘Fight
For Rock’ qui met le feu à un public ravi de la forme de la
chanteuse et de ses musiciens proposant le meilleur du metal
mélodique. ‘Raise Your Fist In The Air’ enchaîne
à merveille, ce titre solo est toujours aussi fédérateur
pour les fans de metal. Après un excellent ‘Hellbound’ Doro et
sa bande lancent un ‘Für Immer’ repris par
la foule, ce qui donne le
frisson avec sa force épique et un excellent refrain en allemand. Le final va être dantesque, Doro balance trois titres solo avec notamment ‘All For Metal’ et ‘Revenge’,
taillés dans un heavy de premier ordre. Puis elle achève son monde
avec deux derniers titres de Warlock. Le fabuleux ‘All We Are’
est repris en chœur par la foule dans un bel esprit de
communion. ‘Metal Racer’ achève en beauté une belle
prestation. Dodo a proposé un splendide concert, le meilleur
des quatre qu’elle a proposé à l’Alcatraz. La chanteuse était
en grande forme, le public gardera sans doute en tête longtemps tout
ces refrains et toutes ces mélodies brillantes.


Après
ce grand moment, place à Stake ! Passer après une telle
prestation n’est pas simple mais les Belges ne vont pas se manquer.
Anciennement connu comme Steak Number Eight il dispose d’une
solide base de fans et la tente est bien blindée.
Entre rock, sludge, post metal et atmosphérique, la formation est
délicate à classer mais elle ne laisse pas indifférent. Le concert
met du temps à se lancer mais une fois partie la machine ne fait de
quartier. ‘Return Of The Kolomon’ regroupe toutes les qualités
de la formation. Le titre dégage une belle force mélodique et se montre en même temps puissant. Avec ce premier missile Stake
emporte la partie auprès d’un public bouillant.
L’ambiance va monter d’un cran avec ‘Gravity Giants’.
On y a apprécie la même puissance de frappe avec un chant
mélancolique pas loin d’Alice In Chains. Il
se dégage de la musique du groupe une force incantatoire et
envoûtante et le triomphe est total dans une Swamp chauffée à
blanc. La suite va être aussi remarquable et jamais dans la
tente l’ambiance ne va baisser d’un cran. Avec ‘Devolution’,
‘Black Fall’ ou ‘Careless’ Stake montre un sacré
talent de mixeur d’ambiances. Le final sur ‘Everybody Knows’
est dantesque. Dans une ambiance de feu avec des fans à leurs
pieds les musiciens achèvent de convaincre de leur talent. Stake
a fait forte impression ce soir, peu renommé dans nos contrées il
mériterait d’être largement plus reconnu. Il a ici ravi son monde avec classe.

Dehors
c’est un autre gros nom de ces dernières années qui s’avance.
Eluveitie c’est une belle carrière au service du folk
metal. Malgré les remous, nombre de changements de personnel,
notamment en 2016 avec le départ de la chanteuse Anna Murphy, les Suisses
tiennent le cap. Chrigel garde la main sur le groupe et a
réussi à le relancer avec le récent "Ategnatos" digne
des meilleurs disques du début de la carrière. Logiquement la petite troupe attaque avec deux nouveaux titres. Sur
scène c’est une petite fourmilière qui s’organise à merveille
avec en invitée Carmen Bush au violon. Le public est sous le charme
et les deux chansons font leur effet. ‘Ategnatos’ puis ‘King’
sont deux baffes. Le rythme est intense, le growl de Chrigel
bien présent et le tout s’accorde à merveille avec les
instruments folk. L’ensemble est équilibré entre le
côté dansant et le côté puissant. Les passages purement folk
sont de qualité et le public apprécie la leçon.
Après un speech sympa le groupe retrouve ‘The Call Of The
Mountains’. Le violon est en avant avec un chant féminin bien agréable. Ce classique de l’ancienne ère
du groupe est toujours aussi pertinent et confirme la bonne cohésion
du line-up. Ensuite et sûr de lui Eluveitie balance pas moins
de quatre titres récents, extraits de ses deux derniers disques.
Force est de constater que ‘Worship’, ‘Artio’ ou ‘Ambiramus’ sont taillés pour la scène avec le même équilibre
entre mélodies fortes et passages heavy teinté de death. Le
final va retrouver quelques titres plus anciens mais sans négliger
le présent. A côté de ‘Havoc’,
‘Helvetios’ et le classique ‘Inis Mona’, toujours aussi
efficaces, le groupe propose un très bon ‘Rebirth’. Eluveitie a parfaitement réussi sa transition, le
passé semble même loin. Il a fait un joli carton et a montré
qu’il restait un des patrons en matière de folk metal.

Dans
la Swamp la tête d’affiche est déjà prête. Amenra joue à
domicile et avec une si belle place sur l’affiche il confirme
l’éclatante santé de la scène métallique flamande. Depuis 1999
la formation belge joue avec les émotions de ses auditeurs au
travers d’un doom métal teinté de post hardcore et de sludge.
Sous la houlette de Neurosis le groupe a su se créer une belle
réputation en studio et sur scène avec une inspiration religieuse
égyptienne comme son nom le laisse deviner. C’est dans une quasi
pénombre qu'il débarque sur scène et la foule explose dès
l’entame sur ‘The Pain. It Is Shapeless. We Are Your Shapeless
Pain’. Sur plus de 10 minutes le titre entraîne dans une autre
dimension. Entre puissance, mélancolie, rage et tristesse, c'est un
voyage au fond de l’âme dans un pur esprit post metal. Au chant
Colin impressionne par ses hurlements de damné, il donne le frisson
et la foule encaisse ce choc intense. L’atmosphère est
recueillie même si quelques bavardages gâchent un peu l’ambiance. Mais dans les premiers rangs chacun apprécie la
leçon et savoure un moment hors du temps, qui se poursuit avec
‘Razoreater’ et ‘Am Kreuz’. Ces titres sont tous aussi
profonds et accentuent le sentiment de partir vers le lointain. Seuls
six titres seront joués, ‘A Solitary Reign’,
‘De Evenmens’ et ‘Diaken’ complétant un tableau noir et envoûtant, sombre et lumineux. Ce concert n’est pas de
ceux qu’on regarde en buvant une bière ou en discutant pendant les
titres. Il a demandé de la concentration pour bien en profiter et
nombreux sont ceux à avoir poussé l’expérience jusqu’au bout.
Avec cette prestation Amenra a confirmé son côté à part.
Il a hypnotisé son public avec une classe rare et prouvait qu’il
était bien l’un des patrons en matière de post metal et très
proche du génie de Neurosis.

Après
cette expérience il reste un morceau pour achever
un week-end impeccable : Kreator. En
conviant la légende du thrash, l’Alcatraz joue sur du velours : les Allemands sont idéaux pour achever un festival en beauté.
Mille Petrozza et ses hommes sont d’un parfait professionnalisme et
assomment le public partout où ils passent. Certains esprits chagrins diront que
la formation, à l’image d’un Iron Maiden, ne se renouvelle guère
et propose des concerts très formatés. Mais au vu de la qualité
des prestations il est impossible de faire la fine bouche. Pour ce
concert la Prison affiche complet et attend une claque à la
hauteur des attentes. Personne ne va être déçu, le début sur
‘Violent Revolution’ est une claque monstrueuse. La douce intro
amène l’ambiance et quand le groupe débarque c’est l’explosion.
Les lumières sont magnifiques et le feu sur scène fait son effet. Le
titre est une tuerie totale, Mille est en pleine forme avec un ton
clair et puissant. A ses côtés les musiciens, dont Fred Leclercq à
la basse, font le boulot avec une classe énorme. La chanson portée
par un refrain splendide et une partie instrumentale de haute volée
remue le public. La suite va être aussi
royale, l’antique ‘Extreme Aggression’ est une claque totale,
le public est en feu et se remue fortement. Le groupe dégage un
charisme incroyable, Mille et sa troupe se montrant d’une rare
précision. Avec ‘Phobia’ la machine ne se relâche pas, Kreator
confirme qu’il est bien le patron. Porté par un refrain énorme la
chanson est d’une rare intensité en éclatant tout sur son
passage.

La
première partie de concert est passée à toute allure et Kreator
ne va pas relâcher la pression. Issu de" Gods Of Violence",
dernier album du groupe, ‘Satan Is Real’ est devenu un
véritable classique. À la fois mélodique et
puissant, le titre est porté par un refrain
fédérateur repris en chœur et avec de nouveau de la pyrotechnie
pour un énorme effet visuel. La suite avec le brutal ‘Hordes
Of Chaos’ ne fait pas dans le détail. Avec un autre refrain
imparable hurlé par un Mille possédé le titre fait des
ravages dans des premiers rangs en fusion. Plus épique et heavy
‘Hail To The Hordes’ est un splendide cri de guerre et de
ralliement pour les fans, qui savourent le joli niveau technique du
groupe avec notamment un Fred Leclerc déchaîné sur sa basse. Le
titre suivant est le nouveau single, ‘666 – World Divided’,
paru en 2020, qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les
classiques. Avant ‘Enemy Of God’ Mille prend la
parole pour un long moment. Il harangue la foule avec un charisme
certain et remercie chacun d’être là. Le
morceau porté par un refrain dantesque est une
claque monstrueuse, un véritable hymne qui fait des ravages. Les
cotillons sont de sortie et noient la scène et le public. Cette seconde partie de concert s’achève avec
l’excellent ‘People Of The Lie’, un nouveau grand moment taillé
dans le meilleur d’un thrash pur et dur.

La
dernière partie démarre avec ‘Phantom Antichrist’, précédé
de son intro ‘Mars Mantra’ le titre est idéal pour lancer la fin
du concert. Autre hymne qui fait lever le poing le titre remue un public en grande forme malgré
l’enchaînement des concerts. Avec ‘Fallen Brother’ Kreator
lance ensuite son désormais traditionnel hommage aux musiciens
disparus - et ces derniers temps l’actualité a été tristement
chargée. Mille évoque Neil Peart, Joey Jordison, Alexi Laiho ainsi
que Lars Petrov et Riley Gale. Le titre, toujours aussi fort
émotionnellement, est plus mélodique et délivre quand même d’une belle
puissance avec un refrain qui donne le frisson et un solo
de haute volée. Le final du concert est très classique mais
irrésistible. Sous les cotillons ‘Flag Of Hate’ est toujours
aussi puissant. Vénérable représentant du début du thrash des
années 80 le titre est une tarte totale. Le public reprend en chœur
le refrain et Mille réclame des circle pits très souvent, et les
premiers rangs ne se privent pas pour se déchaîner. Enchaîné
directement c’est ‘Pleasure To Kiill’ qui achève les
hostilités. Mille harangue une dernière fois le public pour qu’il
hurle “To Kill”. Puis le titre fait un carton avec un autre énorme
refrain et un visuel fort avec le décor, les lumières et des
panaches de fumée. La chanson achève en beauté un véritable feu
d’artifice thrash. Kreator reste le patron du genre et
semble parti pour le rester encore longtemps, défiant le temps avec
une classe folle.

Cette
belle prestation achève en beauté et avec un feu d’artifice un
week-end de folie. Le pari pouvait sembler risqué mais il a été
une remarquable réussite. Les organisateurs ont eu le courage de
persister et il faut chaleureusement les remercier pour cela, tout
comme la ville de Courtrai. Cela prouve que les grands festivals ont
un avenir, et on croise les doigts pour que d’autres se lancent eux
aussi dans cette nouvelle aventure. Il nous reste à remercier
Bernard De Rimacker pour nous avoir permis d’assister à cette
belle fête et remercier également toutes les équipes qui ont
permis à l’Alcatraz de revenir à la vie.