Les confinements qui se sont succédés en 2020 et 2021 et l'absence de concerts pendant ces périodes ont donné faim aux groupes pour renouer avec le public. C'est ainsi que Mass Hysteria, No One Is Innoncent, Tagada Jones et Ultra Vomit ont organisé une tournée des Zeniths qui devait être prévue cette année mais qui a été reportée en 2022. Rencontre avec Kemar, Mouss et Niko.
On se voit dans le cadre de la tournée du Gros Quatre, est-ce qu'il fallait une tournée pour savoir qui a la plus grosse....
(Rires) : De quoi tu parles ! On peut vérifier de suite si tu veux...
Voix, je voulais dire voix !
Mouss : (Rires) On n'est pas dans ce genre de registre, mais la tournée va envoyer c'est sûr, dans un côté tendu, énervé...
Kemar : Après, si on veut chercher je dirai que c'est moi qui possède la voix la plus grave !
Niko : Sinon pour le reste, comme il n'est pas là on va dire Fetus !
Le Gros Quatre est une déclinaison du Big Four qui réunit les quatre plus gros groupes du thrash, est ce que c'est aussi pour dire qu'en France on n'est pas en reste et qu'on est, malgré ce qu'on peut dire, rock ?
Niko : C'est un clin d’œil avant tout. Puis c'est assez rare que des groupes se fédèrent et il n'y a pas trop d'exemple dans le monde de nos jours et on a pris celui là parce qu'il est très connu. Ensuite, le clin d’œil aussi c'est qu'on chante tous en français. C'est pour ça qu'on a pris le nom Gros Quatre car c'est la traduction toute bête puis ça a un côté rigolo. Il faut trouver un nom aussi et ce n'est pas si facile.
Mouss : Le Big Four ça parle beaucoup à notre génération aussi. C'est un clin d’œil affectif plus qu'un plagiat.
Kemar : Ce n'est pas la même chose aussi puisqu'on a décidé d'alterner les passages. C'est une affiche mais chaque concert sera différent dans l'ordre.
Comment avez vous décidé de créer cette tournée, quelle a été l'étincelle ?
Niko : L'idée vient de chez Mass et on en parle depuis longtemps, au moins six ou sept ans et c'est Yann qui m'en a parlé le premier. Le projet m'a plu dès le départ. Il ne m'a pas choisi par hasard car il sait qu'on avait fait le bal des enragés et que j'étais ouvert à ce genre d'organisation. On a tout de suite été allumés par l'idée.
Kemar : Ça s'est concrétisé aussi par le fait que tous les quatre on avait fait des dates communes, ce qui a amplifié cette idée de rencontre.
Sept ans de réflexion, c'est long, pourquoi ne pas avoir concrétisé cette idée plus tôt ?
Niko : (Rires) Bien vu pour la référence ! Tu sais, organiser un tel évènement n'est pas aussi facile !
Mouss : L'envie était là, mais la plus grosse difficulté était d'avoir un planning possible. Mais on a toujours eu cette idée dans notre tête et on a pu finalement la concrétiser cette année.
Après 2 ans presque de sevrage de concerts, cette tournée revêt un caractère tout particulier outre vous réunir tous les quatre, est-ce que ça vous demande un préparation supplémentaire par rapport à la normale ?
Kemar : On a soulevé de la fonte avec Yann (Rires)
Mouss : Au contraire, on a un regain d'énergie. Au bout de deux ans, il y a plus d'impatience je pense par rapport à des temps normaux. On a pu toutefois faire quelques concerts l'année dernière pour s'échauffer un peu et garder la forme mais effectivement 2022 ne pouvait pas mieux commencer avec ces concerts. On se frise les moustaches, on repart en colo.
Il n'y a aucune pression ?
Niko : Non, on part dans un esprit de franche camaraderie, au contraire, il y a une pression en moins.
Mouss : En ayant fait juste une annonce du Gros 4, au niveau de la billetterie, il y a eu une réponse qui ne nous a pas surpris.
Kemar : Deux ans de disette, une annonce, il y a le feu sur les préventes. 42 euros pour voir 4 groupes dans de grandes salles avec une infrastructure qui sera importante. Que demande le peuple...
Ce qui est assez surprenant car un bon nombre reste un peu réfractaire à retourner dans les concerts avec ces conditions...
Kemar : oui est non...
Mouss : Ça m'a surpris dans le bon sens du terme car pour l'instant on n'a pas énormément communiqué et juste avec quelques messages sur les réseaux sociaux et un peu d'affichage, la réponse est pour l'instant plus que positive.
Niko : On sort de deux ans de disette mais aussi d'une période qui a rebattu un peu toutes les cartes. On aurait fait cette tournée avant Covid, on n'aurait pas trop été surpris, mais là avec les incertitudes qui pèsent encore sur les gens, il faut juste synthétiser que ce qui est grand public ça ne marche pas du tout, peut-être que pour nous, les fans de rock sont un peu plus acharnés pour revenir voir des concerts. Il y avait tout de même des inconnues mais on est très contents de la réaction des gens.
C'est pour ça qu'on rigole des politicards de gauche, c'est quelque
chose qu'ils n'ont pas réussi à faire pour aboutir à un projet
solidaire.
Quel a été le plus grand défi ou la plus grande difficulté dans cette organisation ?
Niko : Il n'y avait pas de gros problème. Lorsque 4 grands groupes ont fait un pas en avant pour concrétiser le projet, elles n'ont pas été nombreuses. C'est pour ça qu'on rigole des politicards de gauche, c'est quelque chose qu'ils n'ont pas réussi à faire pour aboutir à un projet solidaire. Nous on l'a fait. Oui, il y a des problèmes logistiques mais ils ne sont pas insurmontables.
Mouss : C'est inhérent à tout projet de cette envergure.
Mais c'est une question de volonté, comme en politique, si tu ne l'as pas, rien ne se fait.
Mouss : Et aussi une question d'osmose entre les groupes, on se connait, on est tous d'accord sur le projet, il n'y a pas de question d'égo. On a deux bus pour tous les groupes, ça va être une grosse colonie de vacances.
Dans cette organisation, si la réunion de Tadada Jones, Mass Hysteria et No One Is Innocent semblait tomber sous le sens avec votre engagement et votre esprit révolté, la présence d'Ultra Vomit parait un peu moins évidente, comment a été envisagé cette venue...
Kemar : Je t'arrête tout de suite, au-delà de l'engagement qu'il peut y avoir entre nous, ce qui nous réunit c'est la musique.
Niko : L'idée c'est de faire une tournée qui ne ressemble pas à celle de 2017 entre Tagada Jones et No One, juste avant les élections où il y avait des messages évidemment là-dessous. Ici ce n'est pas le cas, c'est une tournée de groupes qui chantent en français.
Mouss : Je n'avais pas vu ça comme ça du tout. Et je me dis que Ultra Vomit du coup appuie le fait que ce n'est pas un meeting politique que l'on fait. On a certes des opinions engagées, qui diffèrent sur certaines choses, on ne s'attaque pas tous aux mêmes sujets qui nous révoltent mais on reste des révoltés. Justement Ultra Vomit va faire le côté festif absolu, la rigolade et faire l'équilibre. Le metal pris par un autre bout, l'humour ou le burlesque. On est engagé oui, mais on n'est pas des porte-étendards.
Bien sûr on n'est pas tous pareils, c'est important de ne pas l'être et
de faire un truc ensemble. C'est peut-être mieux ainsi plutôt que de
faire un truc avec des groupes totalement d'accord entre eux.
Mais vous n'êtes peut-être pas comme ça, mais dans vos textes vous êtes concernés et cela peu être perçu comme ça !
Mouss : Oui tu as raison, mais j'y vois plus de la camaraderie.
Niko : La force du projet c'est le fait de voir quatre groupes se réunir alors qu'on est dans une société hyper clivante, polarisée. Malgré nos différences, on a réussi à monter un projet et à le concrétiser. Bien sûr on n'est pas tous pareils, c'est important de ne pas l'être et de faire un truc ensemble. C'est peut-être mieux ainsi plutôt que de faire un truc avec des groupes totalement d'accord entre eux. C'est plus intéressant de le faire en étant différents.
Mouss : Quatre musiques différentes ! Avec Ultra Vomit qui fait le lien avec leur aisance en piochant dans tous les styles et en le faisant bien.
Kemar, tu nous disais dans l'interview de No One Is Innocent, c'est la musique qui vous porte parce qu'avant d'être des citoyens vous êtes avant tout des musiciens...
Mouss : Si on faisait un raga électro avec des guitares et si on n'était pas engagés, on ferait partie du Gros 4. C'est pas le fond qui compte ici, même si il y des affinités de ce point de vue, c'est la musique.
L'humour peut aussi être une forme d'engagement car sous couvert de second degré, ils grattent là où ça fait mal...
Mouss : Exactement, merci de compléter ce que je voulais dire.
Kemar : Avec leur humour, ils donnent de la lumière à ce style de musique en la rendant plus accessible.
Mais par la force des choses, à 6 mois des élections présidentielles qui vont intervenir, il peut être vu comme un festival militant....
Kemar : Non, il n'a pas un nom pour ça ! Qui évoquerait une éventuelle démarche....
Mouss : Peut-être qu'il y aura deux mots au détour d'un soir. Si on en parle entre nous ça va rejaillir un peu mais ce n'est pas le cœur du projet. En plus c'est le fruit du hasard si cela intervient à 4 mois des élections puisqu'il devait être prévu pour cette année et qu'il a été repoussé en 2022.
Kemar : Les choses vont se faire naturellement, ce sont nos textes qui parlent et on n'a pas besoin d'en rajouter plus que ça.
Niko : Et selon ce qui se passera politiquement à ce moment là, on avisera.
Kemar : Et il ne faut pas croire que tous les gens qui nous écoutent ou viennent nous voir sont totalement apolitiques, qu'ils ne pensent rien...
Cette réunion rappelle avec nostalgie les réunions de groupes dans les années 80-90 qui se réunissaient pour des causes caritatives. Est ce que vous avez évoqué cette tournée sous cet angle-là et peut-être, sans l'afficher, reverser une partie des fonds à une association comme vous l'avez fait dans le passé ?
Niko : C'est un sujet important. Il y a beaucoup d'associations qui seront invitées à tenir des stands et je pense que c'est important de pouvoir leur donner une liberté d'expression à l'occasion de la tournée. Franchement, si la tournée est ultra-sbénéficiaire, comme c'est un projet d'équipe et que ce n'est pas un projet financier, le risque est relativement important car le seuil d'équilibre dans les Zenith est très très haut, alors c'est vrai les places partent vite, je pense que clairement si ça cartonne et génère de l'argent (ce n'est pas le but), pourquoi pas, avec les acteurs qui seront présents, redonner une partie de l'argent. Si la tournée est bénéficiaire, l'argent sera partagé entre nous, les deux tourneurs et peut être qu'on mettra sur la table le fait d'en donner à des associations.
Il y a une sorte de solidarité dans la scène metal qu'on ne voit plus ou du moins rarement médiatiquement...
Kemar : Il faut dire que le Hellfest a généré tout de même l'éclosion de plein de petits festivals de metal qu'on ne voyait pas avant. Je pense que l'engagement est déjà dans faire de tels projets avec cette musique-là. Et proposer un ticket pas cher à 42 euros pour 4 groupes majeurs, ça c'est de l'engagement ! Quand Niko nous a proposé ça, je me suis dit c'est un bon retour en arrière, dans les années "alternatif" où tu avais des Béruriers Noirs, des Mano... qui proposaient des places à 10 balles en banlieue, et moi je m'y retrouve.
La mutualisation nous permet de proposer ce genre de tournée et les gens vont repartir en en ayant pris plein la vue.
Donc le rock est l'endroit musical où règne encore la fraternité quand je vous entends parler...
Kemar : Dire que le premier engagement est le fait de proposer un prix intéressant pour un gros concert.
Niko : En plus il va y avoir une belle scène, des infrastructures... Un concert +++...
Mouss : Ce sont des conditions qu'on ne peut pas offrir individuellement. Il y aussi un côté énorme pour le Gros 4.
Niko : La mutualisation nous permet de proposer ce genre de tournée et les gens vont repartir en en ayant pris plein la vue.
Les setlists seront-elles différentes à chaque date ?
Mouss: Ah c'est une bonne question, ça !
Niko : L'ordre oui, mais les chansons... Je ne sais pas.
Mouss : Nous c'est compliqué... Si si si, on va essayer mais on aime bien calibrer le truc mais on va être obligé de changer... on ne va pas révolutionner le truc tout de même. Notre batteur va nous péter les couilles pour ça (Rires).
Kemar : Je pense aussi que cela viendra aussi des échanges qu'il y aura entre nous...
Des crossover entre vous ?
Niko : On règle déjà les aspects techniques qui étaient compliqué. Les artistes se sont mis d'accord, les tourneurs aussi, mais maintenant il y a les techniciens qui doivent se mettre d'accord... Ce n'est pas la même chose. On a réussi à des compromis sur les changements de plateaux, sur le fait de pouvoir jouer tous ensemble...
Mouss : Les techniciens se connaissent déjà et ils sont dans le même état d'esprit.
Le Gros 4 est-il destiné à devenir pérenne avec des changements de programmation ?
Niko : J'aimerais bien, mais il faut être réaliste. C'est un projet ambitieux. Il n'y a pas beaucoup de groupes qui chantent en français qui remplissent de très grosses salles avec cette musique-là. Pour le moment, le but est de s'éclater et si ça marche, on pourrait remettre ça mais plus tard dans le temps. Avant tout c'est de la camaraderie et tu ne peux pas faire un truc typiquement commercial en prenant le groupe qui marche alors qu'on a aucune affinité avec. Il faut qu'il y ait une osmose et ça ne se fait pas du jour au lendemain. On sait ce que sait d'avoir ce côté fraternel.
Plus que l'idée de pérenniser le truc, on préfèrerait donner l'idée aux autres de le faire.
Non, mais peut-être aussi intégrer des groupes comme Lofofora qui sont dans cet esprit ou Princesse Leya qui sont dans la veine Ultra Vomit....
Kemar : C'est ce que je disais tout à l'heure, peut-être faire un gros festival sur Paris, deux jours et de réunir tous ces groupes français en disant que c'est aussi fort que les autres.
Niko : Plus que l'idée de pérenniser le truc, on préfèrerait donner l'idée aux autres de le faire. On a visé les Zenith mais tu peux prendre 4 autres groupes et faire une tournée de plus petites salles, c'est possible. On veut mettre en avant le côté social et dire à des groupes de se réunir pour mutualiser les moyens pour faire des concerts plus grands.
On a vu Klone le faire il y a deux ans maintenant et il semble qu'il n'y a que le rock ou le metal pour faire en sorte que ces projets se concrétisent ?
Kemar : C'est l'esprit Hellfest qui veut ça.
Mouss : C'est l'esprit rock'n'roll plutôt, se réunir autour d'une bonne bière à écouter de la bonne musique. On a tous commencé au lycée en créant des groupes, on vivait déjà comme ça dans nos petits bleds et c'est très fraternel comme musique. “As-tu écouté le dernier album de machin... ?” Avant c'était dur pour se procurer de la musique, maintenant elle est partout et tout le temps avec ton portable. Avant tu avais des catalogues indé, il fallait que tu commandes en Angleterre, c'étaient des imports, un parcours qui a créé cet esprit. Je ne sais pas si ça existe dans la pop ou le hip hop. Quand tu fais de la musique professionnelle après, ça se répercute forcément, bière et musique forte, ça reste. Et les gens qui viennent nous voir ont cet état d'esprit.
Kemar : Je pense que ça la rend fraternelle parce qu'elle souffre d'une absence de reconnaissance médiatique qui provoque la fidélité des gens.
Mouss : Ça te donne l'impression aussi d'écouter quelque chose d'anti-commercial...
Une contre-culture en fait...
Mouss : Il y a une boulimie de musique aujourd'hui et le rapport a changé. Ils n'écoutent plus en profondeur, il n'y a plus de curiosité.
Niko : Aujourd'hui les gens ne s'intéressent plus aux groupes. Ils zappent... ça démystifie un peu la musique, mais derrière il y a des artistes et ça donne pas moins de crédit aux gens qui font ce genre de titres, mais la façon dont les gens consomment est à revoir. On a tout gratuit et on écoute un peu de tout et je pense que les gens vont peut-être revenir de ça et plus s'intéresser à nouveau à ce qu'il y a derrière. Regarde avec le Covid il y a eu une prise de conscience sur la manière dont on consomme, le fait de faire venir des tomates du bout du monde, ça ne va pas...
Mouss : C'est après de graves crises qu'il y a souvent des prises de conscience....
Oui mais ça retombe bien vite, on nous parlait du monde d'après Covid et on s'aperçoit qu'il est sur certains aspects bien pire qu'avant...
Mouss : C'est pas faux, ça repart comme en 14. Si tu fais le monde d'après avec les cons d'avant, ça ne change pas en effet.
D'où l'importance du live et de montrer que cette musique existe aussi...
Kemar : Oui tu as raison, mais on ne court pas après aussi, après cette reconnaissance, ça fait 30 ans qu'on baigne dedans.
Pas forcément de reconnaissance, mais une sorte de persistance et d'être les aînés qui montrent l'exemple pour ceux qui viennent derrière...
Mouss : C'est vrai qu'à l'époque quand on voyait des Mano faire des concerts incroyables, on était comme des fous. Il y a, oui, un aspect fratrie... Comment ça doit être de vivre ça ! C'est excitant ! Peut être que notre tournée va aussi donner l'envie à des musiciens de se lancer, mélanger les genres, les styles....
Déjà faire la fête entre vous et de transmettre l'énergie et la musique au-delà de l'engagement de chacun...
Mouss ; Et peut-être que ça nous donnera à nous d'autres idées. On persévère parce qu'on aime ça...
Et il n'y a aucune lassitude....
Mouss : Non, alors parfois tu es fatigué, tu coupes ton portable pendant une semaine mais tu y reviens vite avec le sourire.
Kemar : C'est plus fort que tout
Niko : La musique reste une passion, on a commencé jeunes et on n'a pas le droit de tricher surtout en live. Et si les gens continuent à venir c'est qu'ils ressentent cette sincérité.
Il n'y a pas Paris dans le cadre de la tournée ? Problème de planning ?
Niko : On avait déjà fait un Zenith avec No One, Ultra Vomit et Mass Hysteria aussi, on trouvé que refaire une date sur Paris aurait été trop proche mais comme la tournée a été reportée on se pose la question surtout avec le succès de la prévente. On en discute entre nous.
Merci beaucoup et plein de bonnes choses...
Merci à toi, c'était super bien. Tu viendras à quelle date ?
Celle de Paris donc prochainement...
(Rires) Avec plaisir.