Spirit Bomb débarque avec un premier album intitulé "Tight", aussi ambitieux musicalement que visuellement. Est-ce qu’il était primordial pour vous d’avoir ces deux éléments réunis qui seraient indissociables ? En d’autres mots, sans le visuel, auriez-vous pu sortir cet album ?
Spirit Bomb est né d’une rencontre entre un crayon et une guitare, le visuel est en ce sens indispensable. Nos chansons sont à la fois personnelles et pensées pour être intégrées à cet univers que nous racontons. Évidemment, les morceaux existent en tant que tels, mais s’il n’y avait pas ce visuel, l’album n’aurait tout simplement pas le même sens.
Quel message souhaitez-vous véhiculer dans cet album ? Sur votre site internet, vous défendez le "pessimisme joyeux" et demandez "comment qu'on fait pour sauver le monde ?". En gros, avez-vous trouvé la réponse ?
Nous oscillons entre pessimisme joyeux et optimisme grave. La réponse se trouve sans doute de ce coté là. C’est-à-dire là où il y a de l’action, et non de l’attentisme.
Question subsidiaire, qu'est-ce que c'est que cette histoire "d'ascenseur cassé" ?
C’est un peu comme dans notre monde à nous, où l’ascenseur social attend son mécanicien Otis. Difficile de s’élever lorsque l’ascenseur est pété, ça demande de grimper à la force des bras, et parfois il n’y a pas de paroi.
[Cf : phrase tirée de notre site onespiritonebomb.com]
Dans ces conditions, pourquoi "Tight" ?
"Tight" nous semblait être un terme adéquat pour représenter la situation qu’on vivait lorsqu’on a fait l’album. Un peu comme dans une course contre la montre pour désamorcer une bombe, ça a pas mal été tendu. Qu’il s’agisse de situations personnelles ou de contraintes plus globales comme une pandémie mondiale par exemple, enregistrer un album en 2020 fut sportif .
"Tight" a également une signification toute particulière quand il s’agit d’évoquer les défis communs qui nous attendent. Ça veut dire en gros que ça va être chaud, et qu’une bonne dose de rock'n’roll est nécessaire !
On peut deviner Incubus mais aussi Faith No More, les Beastie Boys ou encore Stevie Ray Vaughan au sein de vos morceaux. Sont-ces des références pour Spirit Bomb ?
Absolument !
Si ces inspirations semblent évidentes, quelle est l'influence tapie dans l'ombre qui vous pousse à avancer mais que personne n'entend ?
Dragon Ball
Comment décririez-vous votre répertoire à quelqu'un qui ne peut ni vous entendre ni vous voir ?
Compliqué. Il faudrait lui faire sentir différentes odeurs, genre de la bouffe, du gasoil , un air champêtre… lui faire toucher des matières rugueuses comme la pierre, du bois sculpté, du métal, et des matières douces comme de la peau, de la terre…
Lui faire goûter des saveurs franches, principalement salées et acides, parfois épicées avec un fond d’amertume. Du chaud, du froid… Faut une certaine patience pour se casser le cul à faire passer tout ça à quelqu’un qui visiblement n'en profitera pas des masses, mais nous sommes empathiques donc on prendra le temps.
Premier constat, un chant en anglais totalement assumé et sans accent, était-ce un choix délibéré de ne pas chanter en français ?
A la base on voulait faire la différence entre la BD qu'on écrit en français et les morceaux qu’on voulait dans une autre langue, c’est donc en partie pour ça qu’on ne chante pas en français. L’anglais nous a semblé naturel vu que c’est la langue originelle du rock'n’roll. Sinon ça ce serait appelé le Roche & Roule. Il y a le Chicago Blues et le Loud Rock d’un coté et de l’autre le Bleu d’Auvergne et le Roquefort.
Le fait d'être un groupe phocéen a-t-il une influence sur votre musique et/ou sur votre développement artistique ?
Il y a dans notre coin un paquet de bons groupes et de bons zikos, en ce sens ça nous a pas mal influencés. Avant de bosser ensemble les musiciens s’étaient plus ou moins croisés dans la scène locale, et donc il y a un fond culturel commun propre à Marseille et sa région. Et du Ricard bien sur. Il y a un fond de Ricard entre nous.
Vous avez démarré par la scène et créé tout un esprit graphique avec des projections. L'arrêt lié au Covid vous a-t-il obligé à repenser tout votre répertoire ?
Forcément ça a mis un coup de frein à pas mal de choses. On était en plein développement scénique lorsque l'on n'a plus pu jouer nulle part. Du coup nous avons mis en pause certaines choses visuelles concernant la projection pour nous concentrer sur ce qu’on pouvait faire, c’est-à-dire l’album, et on a aussi pas mal planché sur la bande dessinée pour le jour où on aura l’occasion de la présenter au public.
Le disque est-il fidèle à l'expérience live ?
Sur certaines choses comme l’énergie, oui, c’est d’ailleurs pour ça qu’on a enregistré la base tous les 4 avant de détailler, refaire ou compléter certaines parties. Pour d’autres, non. Par exemple sur l’album, il n’y a pas l’odeur.

L'album est-il la BO de la bande dessinée ou la bande dessinée est-elle le support visuel de l'album ?
Ce sont des œuvres complémentaires, on y parle de la même chose, de manière différente, spécifique à chaque art. On pense que des chansons qui te raconteraient une BD ou une BD qui te décrirait des chansons c’est un peu chiant, on aime l’indépendance de chaque art qui nous permet de traiter le même sujet de manière beaucoup plus complète, avec une sensibilité propre à son medium.
Si vous pouviez choisir un musicien et un dessinateur pour collaborer à un prochain album, qui appelleriez-vous ?
Jojo Mayer, Nile Rodgers ou Joe Duplantier pour le musicien, et pour le dessinateur Run, Fred, ou Banksy pour savoir qui c’est. Et Toriyama bien sur.
Vous travaillez avec un dessinateur, quel rôle a-t-il exactement dans le groupe ?
C’est un membre du groupe à part entière. Il écrit énormément de textes pour les morceaux, et il a son mot à dire quand à la composition de la musique. Il aide aussi pour caler le chant, d’un point de vue rythme surtout. Il est surtout là pour la partie créative, il fait partie du binôme à l’origine du projet.
Comment la musique et le dessin interagissent-ils ?
Ils s’influencent, se répondent, se questionnent même. Quand on a quelque chose à dire, on trouve sa place dans l’histoire de notre BD, et on balance du riff pour gueuler ce qu’on ressent. Tout le projet provient de cette émulation.
Si vous pouviez composer la musique de l'adaptation d'un comics, lequel serait-ce ?
Dragon Ball
Quels sont vos prochains objectifs ? Clips, tournées, prochains enregistrements, collaborations ?
Oui, dans cet ordre.
Merci !