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TITRE:
THE OMEGA STREAM (15 NOVEMBRE 2021)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
METAL PROGRESSIF
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Pour la sortie de "Dystopia", The Omega Stream fait le point sur ce premier disque qui unit et repousse les limites des genres. Voici une interview pleine de passion, de fureur, de sueur et de de barbus.
THIBAUTK
- 06.12.2021 -
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Votre actualité est la sortie de votre EP “Dystopia”, pourquoi avoir privilégié le format EP, alors que sur album il est possible d’avoir plus de variété et plus de temps pour convaincre ?
Adrien (guitares) : The Omega Stream est un projet assez récent. On a commencé à faire quelques concerts juste avant le premier confinement et à la base j’étais tout seul avant de collaborer avec d’autres musiciens. L’idée est vraiment de proposer un metal moderne avec des compos riches et originales. Du coup, dans un premier temps on s’est dit qu’un EP était un bon moyen de voir comment le public réagirait à l’identité du groupe. Notre philosophie est vraiment basée sur l’ouverture d’esprit et on voulait voir si déjà avec quelques morceaux le public nous suivait dans cette démarche stylistique.
Quelle est cette dystopie ("Dystopia") ? Quelles ont été vos sources d’inspiration pour l’EP ?
Adrien : Pour ma part, je propose un titre de morceau après l’avoir composé selon ce qu’il m’évoque et quand j’ai eu terminé "Dystopia", ça me faisait vraiment penser à un monde chaotique dans lequel l’humanité était dépassée par elle-même et n’arrivait plus à faire marche arrière, entraînant sa perte. D'ailleurs Hugo préfère en général créer un texte à partir d’une idée suggérée, du coup ça fonctionne bien.
Hugo (chant) : De mon côté, j'ai écrit Dystopia sur le thème de l'effondrement écologique que l'on vit depuis quelques années. C'est ce que m'évoquait ce titre, et je trouve que le côté brutal et pessimiste du morceau s'y prête bien.
Le mélange d’électro, metalcore et djent est assez inédit. Est-ce que vous avez l’impression d’être des explorateurs ?
Totalement, j’aime cette idée d’exploration que tu soulignes. Il y a une réelle démarche "avant-gardiste" même si on utilise, dans cet EP, des moyens assez identifiables et modernes comme l’électro et le son djent mais aussi des parties de cordes, piano, percussions et chœur écrites que tu peux entendre sur quasiment tous les morceaux si on tends bien l’oreille. Le groupe ne veut vraiment se fixer aucune limite créatrice, la musique est tellement vaste que tout peut être une source d’inspiration ou d’innovation.
Est-ce que l’électro / metal des années 2021 est comparable au metal des années 80, à la fois rébellion, nouveauté et chamboulement musical ?
C’est une remarque intéressante, j’ai envie de dire : pourquoi pas ? Après tout, le metal des années 80 était tout à fait innovant et proposait quelque chose de franc par rapport à ce qui se faisait avant, que ce soit musicalement ou socialement, donc on peut considérer que cette mouvance actuelle qu’il y a chez plusieurs artistes alliant électro et metal aujourd'hui s’inscrit dans une logique similaire comme l’ont été le trash le death le black et plein d’autres styles aussi d’ailleurs.
Votre bassiste joue dans Altesia. Est- ce que c’est cela qui donne cette couleur prog, comme sur ‘F.E.A.R’ ?
Adrien : C’est vrai qu’Hugo Bernart joue dans beaucoup de projets (rires). Concernant la composition, je fais pratiquement tout tout seul dans mon home studio de A à Z sauf le chant. Tout part d’une idée d’un riff de guitare ou d’une mélodie que je vais faire groover en lui ajoutant une batterie que je programme et une basse également programmée, puis je cherche ce qui peut embellir encore plus tel ou tel passage, que ce soit avec de l’électro ou des instruments classiques, ou bien je laisse tel quel. Après je propose aux autres membres du groupe de façon progressive selon l’avancée du morceau et chacun fait ses retours et améliore ses parties si besoin. Ça fonctionne vraiment bien.

Les paroles de ‘A Body With No Soul’ sont “Il ne reste plus rien de moi Sauf un corps sans âme Une coquille vide laissée ouverte Écrasé et épineux, laissé seul”. C’est un constat désabusé, une expérience personnelle ?
Hugo : C'est vrai que les paroles de ce morceau sont moins explicites que la plupart des autres textes, mais c’est aussi pour moi ce qui fait son originalité. Je voulais l'écrire de manière très scénarisée, premièrement parce que c'est ce que je voyais en écoutant la démo, et deuxièmement parce que ce texte parle d'un état de dépression intense, un moment où l'on ne trouve plus rien à quoi se raccrocher, où l'on touche le fond. Cependant je pense qu'il est suffisamment ouvert pour être interprété librement, je pense donc qu'on peut dire que les deux explications sont justes, c'est un constat désabusé tiré d'une expérience personnelle.
'Trapped In A Dream' : pourquoi être enfermés dans un rêve ? C’est paradoxal, car les rêves sont des lieux où on aime se réfugier ? Est-ce que cela peut faire référence à certains textes de science-fiction (Philip K. Dick) où le héros se perd dans des rêves artificiels ?
Hugo : Même si le parallèle est tentant, et plutôt flatteur, ce texte, comme tous les autres d'ailleurs, est basé sur des moments de ma vie, des expériences, et ces chansons sont plutôt cathartiques pour moi, et j'espère secrètement que quelqu'un s'y retrouve à un moment, dans une phrase ou un paragraphe... A ce moment-là je sortais d'une rupture difficile, et ce texte a été un message d'espoir à moi-même. C'est important d'écrire des chansons heureuses des fois, la majorité des paroles aujourd'hui sont dramatiques, alors de temps en temps une chanson positive peut faire la différence sur la portée du message.
L’introduction de 'A Body With No Soul' propose des percussions "ethniques". Est-ce que cette variété de styles est votre credo ?
C’est marrant que tu dises ça parce que il n’y a pas de pistes de percussions ethniques sur ce morceau c’est peut être l’effet "pluck" du son de clavier qui donne cette impression c’est cool d’arriver à surprendre les oreilles comme ça (rires). Cependant, comme je te disais rien n’est impossible avec The Omega Stream du moment que ça rend service à la musique dans le but de faire quelque chose d’agréable à écouter tout en restant authentique. Qui sait, peut-être que demain on ajoutera du violon traditionnel chinois sur un morceau.

La mélodie est le point central de l’EP : nappes de synthés, riff mélodiques, lead de guitare, chant clair. Est-ce qu’elle est l’élément indispensable qui provoque l’émotion et fait décoller les chansons ?
Adrien : La mélodie est un des éléments essentiels, oui. J’ai toujours été attiré par la mélodie et les couleurs dans tout ce que j’ai pu composer jusqu'à présent. Elle permet de créer des contrastes avec l’agressivité qu’il y a dans l’essence même du metal et ça, c’est vraiment stylé. L’harmonie est aussi une notion hyper importante, sur tous les morceaux de l’EP il y a des progressions harmoniques au sein de la mélodie ou de la progression dans les riffs.
Hugo : Pour ma part il faut dire aussi que sur un répertoire aussi nuancé, il aurait été hors contexte de ne jamais chanter. D'ailleurs, si Adrien ne cache pas ses influences du groupe Periphery, je m'inspire moi-même beaucoup de Spencer Sotello, autant dans l'influence musicale que dans sa façon de travailler. Par exemple en cachant des structures de chœurs complexes loin dans le mix, ou encore en mélangeant du chant saturé et de la voix de tête pour aller chercher de la mélodie dans le cri.
Les guitares solitaires sont superbes (‘Anthem’ ou ‘Trapped In A Dream’). Est-ce qu’elles sont des respirations indispensables qui atténuent la violence ?
Adrien : Merci beaucoup pour le compliment ! Ces deux solos contribuent à cette création de contrastes dont je parlais plus haut, oui. Ils doivent apporter quelque chose en plus que le reste du morceau ne peut pas apporter. Si on décide de mettre tel ou tel instrument en avant c’est pour une raison précise, il doit être expressif. Là, en l’occurrence, plutôt de cette dualité entre violence et sensibilité.
Est-ce qu’il est facile de faire des solos de guitare intéressants, sans tomber dans la caricature du shredder ?
(Adrien, guitares) Il n’est jamais facile de composer un solo intéressant même pour un shredder, je pense. C’est toute une recherche entre virtuosité et expressivité. Personnellement à la guitare j’aime les solos et riffs très speed mais j’aime aussi quand ça respire donc sans tomber dans la caricature du shredder mais plus du musicien chercheur/compositeur, je dirais qu’il faut essayer de s’intéresser à autre chose que la virtuosité pure sans spécialement la mettre de côté.
Est-ce que les instants acoustiques de ‘F.E.A.R’ sont un pied de nez aux conventions, quelque chose pour surprendre l’auditeur et affirmer votre liberté ?
Tout à fait. On n'a pas spécialement la volonté de choquer mais de faire ce qu’on veut et de l’assumer pleinement. Ce projet est une vraie démarche artistique, si le public apprécie et nous suit dans cette démarche originale, tant mieux c’est super.
‘Dystopia’ est ambivalent, son introduction est envoûtante alors que son riff est torturé. Est-ce qu’il est facile de jouer avec les contrastes forts sans tomber dans l'excès ?
Ce n’est pas facile, ça tient souvent de l’expérience et si ça nous plaît on garde ou pas. En vrai l’intro est plus annonciatrice de quelque chose de sombre comme une sorte de calme avant la tempête.
Votre musique semble sombre, même s'il y a une note d'espoir, quelle est cette note d'espoir ? Comment faire une musique sombre sans étouffer ou déprimer l'auditeur ?
La société est complexe, les gens sont complexes également, et je pense que la musique est représentative de la société dans laquelle vivent ceux qui la créent. Beaucoup de personnes ressentent cette notion de flou ou d’incertitude qui pourrait être apparentée à ce côté musical sombre, mais ce qui nous fait avancer c’est le fait qu’il n’y a pas d’ombre sans lumière. C’est un peu ça en fait la musique de The Omega Stream, ni totalement noir ni blanc mais une association de couleurs et d’émotions traduites en musique (rires).
Comment avez-vous travaillé l’enregistrement pour avoir un son net, précis et ne pas nous écraser sous des murs de guitares ?
Concernant la production, on a tous enregistré de notre côté pendant la longue période de confinements alternés. La batterie les claviers et sons d’orchestres ont tous été programmés pour des raisons budgétaires et techniques. Les grattes ont été enregistrées dans mon home studio, d’ailleurs ça a été galère j’ai du les réenregistrer plusieurs fois - au début je n’était pas très satisfait des sons choisis. Au final j’ai décidé d’enregistrer à l’ancienne avec mon pedalboard et ma tête d’ampli direct dans la carte son puis d’utiliser des simulations de baffles. La basse a été enregistrée par Hugo Bernart avec son Axe fx 2 chez lui et le chant par Hugo Barré dans son appartement avec un micro Rode. Donc plutôt une façon d’enregistrer relativement modeste. Pour le mix, je m’en suis occupé car on était serré niveau budget et c’était également une opportunité pour moi d’apprendre et expérimenter des choses. Après, le mastering a été fait par Nicolas Delestrade, bassiste de Novelists et ingénieur/producteur chez DNA Music Studio.

Qu’attendez-vous de cet EP ?
Nous espérons que cet EP nous rendra intéressants auprès du public et donnera envie à des programmateurs/bookers de travailler avec nous, peut-être même des labels. L’idée vraiment maintenant se serait de faire tourner le projet et si on pouvait collaborer avec des pros en plus ce serait vraiment génial.
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves...
Si t’es arrivé jusqu'ici, alors je te dis un immense merci ! J’espère que cette interview t’aura permis de mieux découvrir le groupe et sa musique et qu’on se verra sur scène bientôt.
Big up à l’équipe de Music Waves également, ça a été un réel plaisir de répondre à ces questions, bisous de la part de tous les membres de The Omega Stream.
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/omegastreamofficial/
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