A cette occasion, nous avons rencontré Luke Morley et Danny Bowes particulièrement détendus qui nous livrent -avec leur humour tout british- leur vision sans concession d'un monde post-pandémique peuplé d'individus plus égocentrés que jamais... Nous reviendrons également et surtout sur les jours merveilleux que le groupe semble vivre depuis son retour aux affaires avec la sortie de "Wonder Days" qui marque la volonté farouche du groupe de sans cesse se renouveller pour continuer à avancer...
Notre dernière rencontre de décembre 2014…
Danny Bowes : Non ?
Eh si, mais vous n’avez pas changé…
Danny : Toi non plus, tu parais même plus jeune (Sourire) !
Et nous avions terminé l’interview par la question que vous souhaiteriez que je vous pose et vous n’aviez aucune idée. Plus de sept ans après, je voulais savoir si vous aviez réfléchi au sujet et fait vos devoirs…
Danny : Je vais devoir m’excuser, je n’ai toujours aucune idée (Rires) !
Sur "All the Right Noises", les chansons avaient été composées et enregistrées avant la crise Covid et pourtant, de nombreuses paroles pouvaient correspondre à cette situation, comme une prémonition. Qu’en est-il de "Dopamine" composé en pleine crise ?
Luke Morley : La majorité des textes de "All the Right Noises" avait été inspirée par ce qui se passait à l’époque en Grande-Bretagne et en particulier, le Brexit, la désillusion concernant notre formidable gouvernement, tous les problèmes sociaux mais aussi Donald Trump… tous ces changements bizarres étaient retranscrits dans cet album…
… des problématiques qui parlaient à tous et notamment en France avec le mouvement des gilets jaunes…
Luke : Un sujet qui concernait le monde entier à différents niveaux.
"Dopamine" a été bien évidemment écrit pendant la pandémie et de nombreuses chansons traitent de l’isolation, de la séparation avec des personnes ou des choses que nous teniez pour acquises : la vie sociale, les voyages… toutes ces choses qui caractérisent le monde moderne.
"All The Right Noises", qui est considéré par de nombreux spécialistes comme votre meilleur album à ce jour, est entré dans le Top 3 des classements d’albums en Grande-Bretagne. Avez-vous eu une pression particulière au moment de vous lancer dans l’écriture de son successeur ?
Luke : Non (Rires) ! Non, pas plus que d’habitude ! Ecrire des chansons est la chose que je fais le plus souvent quand nous ne tournons pas. Et le côté positif de la pandémie est que j’ai eu plus de temps…
Et cela a-t-il changé votre façon travailler ?
Danny : Il n'a besoin de personne quand le moment d’écrire est venu : il a un
home-studio et le résultat est qu’il fait toutes ses démos chez lui et nous les envoie par la suite. Et nous étions dans une position que ce qu’il nous faisait écouter était une représentation complète des chansons telles qu’elles sont aujourd’hui…
En clair, votre façon de composer n’a pas changé pendant cette période particulière ?
Luke : Non pas du tout, si ce n’est que nous avons eu plus de temps pour le faire (Sourire) ! Je suppose que ça peut paraître assez inhabituel dans un groupe de rock que la majorité des responsabilités de l’écriture repose sur les épaules d’une seule personne mais c’est ainsi que nous fonctionnons.
Notre étroitesse d’esprit fait que nous devons avoir la validation de
nos téléphones si bien qu’on passe à côté d’une meilleure perception de
ce qui se passe dans le monde
La pochette de "Dopamine" représente des personnes en train de se prendre en selfie. Outre l’isolation, la séparation dues à la pandémie, est-ce également un moyen de stigmatiser une société de plus en plus individualiste ?
Danny : Je pense que c’est une image ludique légèrement ironique pour faire réfléchir les gens.
Luke : D’un côté de la pochette, tu y vois effectivement deux filles dans la salle de bains et de l’autre côté, quatre ou cinq toilettes plus loin, on peut voir une licorne. L’idée est que ces filles sont tellement occupées, autocentrées qu’elles passent totalement à côté de ce qui peut se passer à côté d’elle.
Peut-être que notre étroitesse d’esprit fait que nous devons avoir la validation de nos téléphones si bien qu’on passe à côté d’une meilleure perception de ce qui se passe dans le monde. La pire des choses avec ces téléphones est qu’ils renforcent les choses que nous pensons déjà !
Danny : Si bien que tu ne lis que les informations fournies par des personnes qui sont d’accord avec toi… ce qui est dangereux dans un sens parce que ça voudrait dire que les gens qui ne sont pas d’accord avec toi sont mauvais empêchent ainsi tout dialogue. C’est un business bizarre ! J’ai mes médias sociaux, c’est un très bon outil, c’est un système d’informations incroyable mais il faut faire très attention. Je ne me rue pas sur mon téléphone quand je me lève, ce n’est pas la première chose que je fais. J’ai un âge qui fait que cette chose m’importe peu finalement, mais il y a pleins de jeunes qui ne jurent que par leur téléphone et sont guidés par ce qu’ils y voient, les
likes... et c’est assez effrayant !
Luke : C’est la pire chose de la pandémie : les gens se sont désociabilisés et donnent ainsi encore plus de pouvoir à ce téléphone…
La dopamine est considérée comme l’hormone du bonheur. Intituler votre album ainsi traduit-il un besoin de fournir du bonheur ou plutôt une dépendance de notre société à cette même hormone ?
Luke : Oui (Rires)… pour la seconde partie de ce que tu viens de dire !
Danny : C’est une question vraiment très intéressante même si la réponse est très courte (Rires)… J’ai lu un article sur American Psychologist à propos de la dopamine qui est un neurotransmetteur... Je sais que ça peut paraître ennuyant mais l’article est fascinant parce qu’il explique que la dopamine est libérée en anticipation du plaisir et toutes choses auxquelles nous pourrions être addictifs comme la drogue, l’alcool, la nourriture, l’exercice, l’excitation, le danger… n’importe quoi finalement. Et le problème est que la façon dont le monde évolue ce qui nous laisse moins de temps au rassemblement, à la marche, à expérimenter le monde… mais un cerveau a toujours besoin de dopamine donc nous l’obtenons par des moyens détournés.
Et nous sommes bien souvent tellement dans l’anticipation du plaisir que nous sommes déçus par le plaisir réel…
Danny : C’est la raison pour laquelle la dopamine est également considérée comme une drogue. Quand tu obtiens ce que tu as, tu es extrêmement excité et tu en redemandes, c’est le début de l’addiction…
Luke : On lit partout que nos vies doivent être continuellement formidables, spéciales, merveilleuses, brillantes mais la plupart du temps, elles sont très banales…
Danny : … et il n’y a rien de mal à ça !
Luke : C’est même bien, tout ce que tu fais ne doit pas forcément être fantastique…
Danny : Mais de toutes façons, les gens mentent en te faisant croire que leurs vies sont géniales alors que ce n’est pas le cas (Rires) !
Parlons de cet album, double-album précisément qui débute par ‘The Western Sky’, introduction puissante et presque coléreuse. Qu’est-ce qui est à la base de cette colère et comment se fait-il que vous ne vous apaisiez pas avec l’âge ?
Luke : En fait, c’est..
Danny : (Il coupe) Colère ? Attends, attends, on va parler de tes problèmes (Rires) !
Luke : … En fait, c’est un riff de guitare agressif, très rock’n’roll mais la chanson en elle-même évoque ce que nous avons vécu il y a quelques années de ça. Nous étions impliqués dans une aide aux enfants et nous allions chaque été aux Etats-Unis et au Canada -sauf les deux dernières années bien entendu- nous roulions en moto et nous récoltions de l’argent pour les enfants. Et nous passions par des endroits assez obscurs en Idaho, Montana, Utah, des endroits où tu ne vas pas en temps normal mais qui sont incroyablement beaux et nous passions par des petites villes assez étranges avec un bar…
Danny : … et le barman avec une dent…
Luke : Un bar avec une dent (Rires) mais c’est la façon de réellement découvrir les Etats-Unis. Cette chanson traite de ce voyage en extrapolant également un peu sur les pionniers des westerns du XIXe siècle…
Des chansons ‘One Day We’ll Be Free Again’ ou ‘The Dead City’ possèdent un riff très AC/DC mais pour en revenir spécifiquement à ‘One Day We’ll Be Free Again’, de quoi souhaitez-vous être libérés ?
Luke : Cette chanson est vraiment à propos de la pandémie du Covid et le fait de se libérer de toutes les restrictions, des confinements… Et en ajoutant les chœurs féminins, la chanson prend une tournure gospel et fait passer la chanson à un autre niveau ce qui n’était pas l’intention, encore une fois, cette chanson était au sujet du Covid…
Danny : C’est comme un combat pour la liberté, un message positif à l’attention des gens qui luttent… C’est une sorte de message universel qui peut résonner en chacun de nous avec un peu de chance…
Pleins de groupes -rock en particulier- semblent sortir le même album tous les deux ans
Le groove de ‘Black’ rappelle votre habitude de varier vos compositions en n’hésitant pas à vous éloigner des territoires classiques du hard rock. Pensez-vous que cette prise de risque récurrente participe au renouvellement régulier de votre musique et à votre maintien sur les sommets du genre ?
Luke : Oui encore une fois (Rires) ! Pleins de groupes -rock en particulier- semblent sortir le même album tous les deux ans. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire ça, il faut que nous avancions en expérimentant. En tant que musicien, cela te permet de t’améliorer et d’avoir le sentiment d’aller de l’avant… C’est essentiel pour nous de faire ça !
A contrario, n’est-ce pas parfois frustrant d’être réduit au hard rock britannique alors que des titres tels que ‘Unraveling’ viennent régulièrement rappeler la part nord-américaine de votre culture musicale ?
Danny : Nous sommes influencés par tous types de musique. Mais le problème est que quand tu appelles ton groupe Thunder, les gens pensent que nous brûlons probablement des églises les week-ends ou mordons les têtes de petits animaux…
Luke : … en invoquant le Diable (Rires) !
Comme un groupe de black metal…
Danny : Exactement ! J’ai commencé avec le nom du groupe en voulant dire qu’on ne peut pas se détacher de l’étiquette qu’on veut nous coller. Quand certaines personnes gens entendent notre nom, ils te répondent : "Ah, je sais à quoi m’attendre !".
Luke : C’est quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler, en particulier quand certains médias -avec tout le respect que je leur dois- écrivent des chroniques très paresseuses de nos albums.
Lisez-les en français, je vous garantis que vous serez réconciliés avec les médias musicaux…
Danny : C’est exact ! Les chroniques françaises sont très bien écrites.
Luke : Nous souffrons particulièrement de ces journalistes paresseux en Grande-Bretagne…
Peut-on dire que comme dit l’adage que vous n’êtes pas prophètes en votre pays et que vous recevez un meilleur accueil à l’étranger ?
Luke : C’est très intéressant parce que notre relation avec les fans en Grande-Bretagne est très bonne -preuve en est nous allons faire une tournée de cinq stades en mai en Grande-Bretagne justement- et c’est le principal parce que la relation entre un groupe et ses fans est très importante.
Mais c’est très intéressant et tes questions depuis le début de cette interview en sont la preuve, tu es très au courant de ce que nous faisons, tu as écouté l’album et tu as parfaitement préparé cet entretien. En revanche, nous avons énormément d’interviews en Angleterre où le mec te dit que c’était super quand nous avons joué à Donington en 1990 : merde, quoi !
Danny : C’est assez compliqué d’être enthousiaste quand tu dois faire de telles interviews…
Tout ce que nous pouvons faire est de faire une musique diversifiée, qui repoussent les limites en termes de créativité
Mais tu ne sembles pas particulièrement enthousiaste depuis le début de cette interview…
Luke : (Rires) !
Danny : Non, c’est juste que je me traîne une douleur aux dos et c’est assez désagréable !
Luke : Effectivement, c’est un problème mais heureusement, en Grande-Bretagne, ça n’a pas plus d’importance que ça parce qu’en 30 ans, nous avons créé une très, très bonne
fanbase… Et dans le cas présent, la bonne chose des réseaux sociaux est que nous pouvons communiquer directement avec eux et c’est super ! L’industrie du disque a énormément changé depuis nos débuts : c’est un monde totalement différent !
Luke : Nous ne pouvons pas influencer la façon dont les gens nous perçoivent quand ils entendent le nom du groupe, tout ce que nous pouvons faire est de faire une musique diversifiée, qui repousse les limites en termes de créativité. La seule once de contrôle que nous pouvons avoir est que nous pouvons influencer les sentiments des gens quand ils écoutent notre musique. Nous devons prendre cet aspect au sérieux en espérant que les gens écouteront et comprendront notre musique tôt ou tard.
Ce qui est très intéressant, c’est que probablement depuis 2015 et la sortie de "Wonder Days", nous sommes devenus largement plus connus en dehors de Grande-Bretagne plus que les 25 précédentes années… Mais ce n’est pas un accident : depuis cet album "Wonder Days", nous repoussons les limites de ce que nous faisons en termes de créativité et ça a étendu notre attrait musical. Et nous l’avons fait vraiment délibérément parce que nous ressentions le besoin de faire des albums qui nous plaisent avant tout !
A ce titre, pensez-vous que la pause de plus de cinq ans que vous avez faite entre "Bang !" et "Wonder Days", vous a également valu d’être plus inspirés que jamais ?
Luke : Je le pense vraiment !
Danny : Ça nous a donné confiance !
Luke : Avec le recul, prendre du temps te donne une meilleure perspective des choses.
Pendant cette pause, j’ai créé The Union qui a été une expérience géniale en travaillant avec des musiciens plus jeunes que moi. Et cette expérience a bien évidemment eu un effet sur Thunder quand nous nous sommes remis ensemble pour faire "Wonder Days" : j’ai pris inconsciemment ou non des choses que j’avais pu faire à côté. Et c’est la même chose pour les autres membres de Thunder qui ont également apporté des choses différentes et nouvelles…
Nous avons également tiré les leçons de ce que nous avons fait entre les années 2003 et 2009, nous avons sorti énormément d’albums durant cette période mais peut-être que les intentions à l’époque n’étaient pas celles qu’elles auraient dû être. Si je devais être totalement honnête et même si nous avons sorti de bonnes chansons à l’époque, je dirais que la façon dont les albums étaient mixés n’était pas la bonne… Et quand nous nous sommes remis ensemble, nous étions vraiment déterminés et être sûrs de ce qui allait se passer : nous avons eu la chance de trouver un super studio, de super ingénieurs et nous étions super connectés avec Mike Fraser qui s’est occupé du mixage et ça nous a beaucoup aidés. Mike s’était déjà occupé de notre premier album, il comprend vraiment le groupe et sait comment un groupe doit sonner ce qui n’est pas à la portée de tous les ingénieurs : il y a plein de fantastiques ingénieurs mais tous n’ont pas cette faculté !
C’est généralement la question où on tape à côté, peut-on dire que ‘Last Orders’ possède des inspirations du côté de Elton John avec notamment sa progression et sa rythmique ?
Danny : Elton John ?
Luke : Non, c’est intéressant parce qu’il y a une chanson sur cet album qui s’intitule ‘Is Anybody Out There ?’ qui a certainement ce côté Elton John avec ce piano et ce chant. Mais ‘Last Orders’ est une chanson particulière. Quelques fois quand tu écris, les choses sortent d’une façon étrange sans que tu comprennes pourquoi… mais pour moi, c’est un des meilleurs titres de l’album parce que c’est une chanson inhabituelle. Et la première chose que j’ai dite à Danny, c’est que cette chanson avait un côté Queens of the Stone Age. Cette chanson évolue de façon étrange : le rythme et le groove ne sont pas ceux que nous jouons habituellement, c’est vraiment une chanson bizarre ! C’est une chanson qui traite des valeurs personnelles, d’auto-évaluation… et c’est une vieille chanson mais Elton John ? Je prends la comparaison avec Elton John, on l’adore (Sourire)…
Nous sommes nés à une époque où le séquençage représentait tout :
pourrais-tu imaginer "The Dark Side of the Moon" dans un autre ordre ?
Avec ‘Big Pink Supermoon’, vous vous engagez carrément sur des territoires jazz, renforçant ainsi ce que nous disions, à savoir que vous ne cessez d’évoluer, d’explorer. Sur le deuxième CD, vous vous éloignez plus souvent du hard-rock avec des titres tels ‘Just A Grifter’ ou ‘I Don’t Believe The World’. Est-ce voulu pour que chaque disque ait sa propre personnalité ?
Luke : C’est assez bizarre également parce que ce n’était pas intentionnel. Comme plein d’autres choses sur cet album, l’enchaînement, le séquençage des titres devait se faire ainsi de façon totalement spontanée et c’est finalement une bonne chose.
La façon dont les gens écoutent de la musique aujourd’hui -et en particulier les jeunes- se résume à écouter un titre. Nous sommes nés à une époque où le séquençage représentait tout : pourrais-tu imaginer "The Dark Side of the Moon" dans un autre ordre ? Le séquençage est très important. Parfois, c’est difficile de savoir pourquoi on ressent que quelque chose est au bon endroit : parfois, tu ne peux pas l’analyser, tu le ressens simplement… et c’est clairement le cas avec cet album. Et je pense que le fait qu’il y ait deux CDs ou vinyles fait qu’il y a une sorte de séparation quelque part au milieu et cette séparation renforce ce que tu disais, à savoir que c’est un deuxième album qui est intentionnellement différent mais ce n’est pas le cas… Non vraiment pas, ça s’est juste passé ainsi !
Danny : La chose bizarre est que depuis que nous faisons des interviews à propos de cet album, tout le monde pointe cela…
Luke : Ce qui est super, prouvant que les gens sont attentifs à ce que nous faisons ! Mais ce n’était pas intentionnel...
Danny : Et maintenant qu’on nous a fait la remarque, on se dit que ça a du sens…
Ne peut-on pas dire qu’en certains cas, les interviews sont une sorte de psychanalyse à savoir qu’on dévoile à travers nos questions ce que vous avez voulu faire inconsciemment ?
Danny : Mais c’est vrai, vous comprenez parfois mieux notre musique que nous (Rires) !
Luke : Mais tu as raison que cet exercice des interviews nous force à nous analyser nous-mêmes et c’est la raison pour laquelle certains musiciens évitent ce genre d’exercice parce que ça peut être dangereux (Rires) !
Et dans l’idée de séquençage, avez-vous déjà envisagé à défaut de faire un album composé d’un seul morceau, des titres qui se suivraient ?
Luke : Oui, des titres qui se succéderaient naturellement. Ce n’est pas quelque chose que nous avons envisagé mais il ne faut jamais dire jamais et peut-être que ça arrivera dans le futur. Comme on l’a dit par ailleurs, nous essayons de toujours avancer, de faire des choses que nous n’avons jamais faites par le passé. Nous n’avons jamais été concernés par ce qui est à la mode ou ce qui est cool, nous faisons juste ce que nous faisons. Mais qui sait ? Peut-être que nous nous lancerons dans une telle idée, ça peut être une chose intéressante à faire…
Danny : Mais si jamais ça se fait, vous n’aurez aucun crédit !
Luke : (Rires) !
La chanson que tu as citée tout à l’heure ‘Is Anybody Out There ?’ est particulièrement mélancolique. A quoi est due l’ambiance de ce titre ?
Luke : C’est une chanson intéressante parce qu’elle a été composée à la guitare. Elle a été composée quand il faisait gris, il pleuvait… Attention, je ne suis pas une personne dépressive pour autant… Et quand cette chanson a été composée à la guitare donc, je ne savais pas trop pourquoi mais quelque chose n’allait pas alors que la mélodie était bonne, les textes également… Je me demandais quel était le problème… et puis, j’ai essayé avec le piano et d’un seul coup, tout allait bien !
Je ne pourrais pas te dire pourquoi je trouvais que ça allait mais parfois, tu sais instinctivement que les choses vont bien.
Mais c’est vrai que cette chanson est assez mélancolique…
… A l’inverse, en choisissant ‘Dancing In The Sunshine’ comme premier single, souhaitiez-vous envoyer un signal positif après la crise sanitaire ?
Luke : Encore une fois, ce n’était pas une chose consciente d’être positif sur ce titre : nous pensions juste que c’était une super chanson rock’n’roll, c’était amusant…
Danny : Non, vraiment, vous creusez beaucoup plus profond que nous !
Luke : (Rires) ! Nous ne sommes pas des personnes profondes ! Mais c’est juste que cette chanson sonnait bien, nous ne savons pas pourquoi. Quand on a fait cette chanson, nous n’avons rien planifié, nous ne savions pas ce qui allait se passer en Ukraine, nous ne savions pas les dérives liées au Covid, que les prix et notamment celui du gaz et de l’essence allaient exploser, nous ne savions rien de tout ça, l’album va sortir et les réactions qui commencent à arriver sont que c’est un album fantastique parce qu’il y a des chansons vraiment positives dans ces temps compliqués…
Danny : La musique a toujours eu un effet sur les gens et ce devrait toujours être le cas. Si bien que quand tu sors une chanson qui est pleine d’espoir avec un simple message un tant soit peu positif quand les gens se sentent malheureux, cela leur permettra de se sentir mieux ne serait-ce que pour quatre minutes, quatre minutes d’évasion… C’est un accident heureux si ça se passe !
Comme on l’a dit, votre précédent album "All the Right Noises" entré dans le Top 3 du classement des albums anglais est considéré comme l’un de vos meilleurs. Vous sortez un an plus tard un double album qui va voir tourner en Grande Bretagne dans cinq stades dont le Wembley Arena. En clair, rien ne semble pouvoir arrêter Thunder depuis votre retour en 2015 avec "Wonder Days"… Peut-on en conclure que les jours merveilleux (NdStruck : traduction de "Wonder Days") sont ceux que vous vivez depuis votre retour ?
Luke : Oui, pour la dernière fois (Rires) !
Danny : C’est la Une qu’on va devoir prendre à notre compte…
Luke : Nous devrions vraiment être reconnaissants pour tout ça. Nous commençons à être vieux -nous avons 60 ans passés-…
Danny : … presque morts !
Luke : Mais nous sommes toujours vivants et nous continuons à faire de la musique…
Danny : Ce qui est un miracle en soi (Sourire) !
Luke : … et nous continuons à prendre du plaisir, ce qui est la chose cruciale !
En parlant de santé, comment va Ben Matthews ?
Danny : Il se remet. Il a subi une grosse intervention l’an dernier, il vit avec les conséquences de cette opération mais il suit les recommandations des médecins. Je dirais qu’il se remet même si on ne ressort jamais pareil d’une opération. Avec un peu de chance, il continue de contribuer à la vie du groupe mais d’une façon différente : il ne peut désormais plus chanter par exemple.
Et sera-t-il de la tournée avec vous ?
Danny : Nous sommes très honnêtes entre nous, nous permettant de trouver des solutions à chaque problème. Nous avons toujours eu des réunions dès que quelque chose de nouveau se présentait à nous, nous avons eu une sorte de réunion de groupe dans laquelle nous avons discuté s’il pouvait physiquement tenir une telle tournée : s’il le pouvait, il la ferait, sinon nous trouverions quelqu’un d’autre…
Luke : Je précise que ça ne lui pose aucun souci.
Danny : Par exemple, nous allons faire cinq festivals en juin : il va faire le premier et le dernier qui sera le Hellfest, pas les autres parce que ça nécessite de faire de longs voyages fatigants et nous avons convenu qu’il ne supporterait pas bien.
Donc si j’ai bien compris, on revoit le groupe dans sa totalité au Hellfest… Merci !
Thunder : Merci beaucoup !
Merci à Loloceltic pour sa contribution...