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TITRE:

MUDWEISER (12 AVRIL 2022)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

STONER



Nous avons rencontré Reuno non pas pour parler du dernier Lofofora, ni des Tambours du Bronx ou encore de Madame Robert mais bel et bien pour le retour sur le devant de la scène de Mudweiser...
STRUCK - 29.06.2022 -
5 photo(s) - (0) commentaire(s)

Pour ce quatrième album "The Call", le groupe enregistre le retour aux affaires de son guitariste fondateur Said Merqi pour une immersion plus profonde encore dans l'univers crasseux de Mudweiser. L'occasion pour nous d'échanger avec Reuno et évoquer la facette assez peu connue du frontman emblématique de Lofofora qui dévoile son côté "evil" comme il le décrit lui-même au sein de Mudweiser mais aussi sa passion insoupçonnée pour le blues...





Je suppose que la question qui revient le plus est celle sur votre nom et la référence à la Budweiser, en prenant le terme Mud votre idée était de montrer que votre formation était rugueuse avec un son crasseux à l’ancienne ?

Reuno Wangermez : Ouais, ouais, franchement, c’est le groupe qui porte le mieux son nom (Rires) ! L’origine vient de Said (NdStruck : Said Merqi) le guitariste qui a trouvé ce nom de certaines bagnoles qui font du mud racing et c’est aussi le nom d’une chiasse de lendemain de cuite (Rires)… Et finalement, on s’est dit que ça collait assez bien à l’image du groupe (Rires) !


Le dernier album du groupe remonte à 2018, depuis la pandémie a frappé mais je suppose que cela ne vous a pas tellement affectés vu que vous êtes surtout un groupe studio ?

Groupe studio ? C’est vrai que pour cinq albums, on a dû faire 250 ou 300 dates, un truc comme ça… Ce n’est pas énorme !


Surtout rien de comparable…

… avec Lofo, je pense qu’on a fait dix fois plus !
Mais ça a quand même affecté tout le monde, d’ailleurs, pendant le confinement, on s’est de faux certificats de travail par notre label -alors que tu te doutes bien qu’on n’est pas salariés pour un projet comme celui-ci- pour pouvoir enregistrer l’album qu’on avait sur l’oreille. On avait reporté l’enregistrement et puis au bout d’un moment, on n’en pouvait plus et on est allé l’enregistrer il y a un peu plus d’un an maintenant.


Mais avez-vous mis à contribution cette période de confinement pour peaufiner vos compositions ?

On est loin… Mudweiser est un groupé basé à Montpellier alors que j’habite en région parisienne : ce n’était pas si facile que ça pour nous ! Du coup, on a un peu travaillé à distance : les copains ont enregistré des instrus et me les envoyaient, parfois, je les remontrais… c’est un peu comme ça qu’on fonctionne…


Il y a vraiment un fluide humain entre nous !




Justement au gré de ce confinement, vous avez dû plus interagir à distance qu’habituellement ?

Non, non… On a vraiment besoin d’être ensemble avec Mudweiser : quand on est ensemble, il se passe un truc ! C’est-à-dire qu’on peut ne pas se voir pendant six mois, on répète une fois, on va un concert le lendemain, on défonce tout ! Je ne sais pas comment dire, il y a vraiment un fluide humain entre nous ! Mais c’est difficile, le batteur est un vrai boulet -il habite dans l’Aveyron- tu lui envoies un mail, il répond trois mois après… Donc non, ce n’est pas jouable, on n’a pas fait de télétravail (Rires) !


Dans ces conditions, Mudweiser nous fait l’effet d’un groupe de vieux potes qui sortent de leur routine pour faire de la musique et se faire plaisir, c’était l’idée de base ?

Sortir de la routine ? Je ne crois pas trop parce que tous mes copains ont fait des choix de vie professionnelle pour échapper à la routine justement. Je pense que c’est un choix de vie au départ d’échapper à la routine.
Mais c’est clair que nous sommes une bande de potes. Je ne suis même pas le premier chanteur de Mudweiser -il y en a eu un pendant trois mois avant moi- il n’y a que le batteur et le guitariste qui sont d’origine mais toutes les personnes qui sont passées dans le groupe font partie d’une même bande.
D’ailleurs, quand Said -qui venait de Eyeless, un groupe de metal de Montpellier tout comme Jay (NdStruck : Jay Pinelli), le bassiste- est parti il y a un peu moins de dix ans aux Etats-Unis pendant huit ans, c’est Ole -qui était également guitariste dans Eyeless- qui l’a remplacé pendant ces huit ans. Et quand Ole nous a dit qu’il arrêtait parce qu’il est parti dans des compos de musiques de films, de pubs… on a cru que ça allait s’arrêter parce que tous les copains qui jouent de la guitare, on les connaît et il n’y en a pas d’autres, on n’allait pas passer une annonce pour trouver un guitariste, ce n’était pas jouable… Et par le plus grand des hasards, deux semaines plus tard, Said nous appelle en nous disant qu’il revenait en France et qu’il remonterait bien l’affaire avec nous : on était vraiment enchantés !


Mudweiser est vraiment le groupe avec lequel on se pose le moins de questions


Justement au fur et mesure le groupe a pris de l’ampleur, il y a eu des changements de line-up et le groupe a grossi, c’était prévu de prendre de l’ampleur ou vous vous laissez guider par l’air du temps ?

Mudweiser est vraiment le groupe avec lequel on se pose le moins de questions. Je n’ai jamais vu un groupe qui se pose aussi peu de questions et aussi peu ambitieux (Rires)…


… mais vous faites quand même une journée promotionnelle aujourd’hui…

Voilà, jusqu’à maintenant, c’est ce que je voulais dire ! On a cru que ce groupe allait partir en fumée et Said est revenu : c’est la meilleure nouvelle qui pouvait arriver ! C’est lui qui a monté ce groupe, le son de gratte qui est essentiel dans ce groupe -dont tu perds parfois la note tellement c’est dégueulasse…- c’est vraiment lui qui a apporté cette idée ! Et son retour est une aubaine et on s’est dit qu’il y avait peut-être un coup à jouer, le disque est quand même pas mal foutu : on a cassé notre tirelire et on s’est dit qu’on allait essayer de faire de la promo.


En effet, Mudweiser n’a cessé de monter en puissance au gré des albums et à la faveur de concerts marquants comme celui du Sylak en 2019, l’idée est de passer à la vitesse supérieure avec cet album ?

Oui, on va tenter le truc et on verra bien ce qu’il se passe…


Les gens peuvent aimer ce qu’on fait mais on fait ça surtout dans l’esprit de se marrer plus que de devenir des rock stars


Mais c’est bien l’objectif ?

Oui, oui, disons qu’à une époque, mes potes avaient des boulots un peu plus contraignants ce qui fait qu’ils prenaient des RTT : on se tapait deux week-ends et la semaine au milieu, ce qui fait que le mardi, tu joues dans un bar en banlieue de Montbéliard mais tu passes une super soirée, tu dors chez les gens, tu fais le rock !
Mais c’est vrai que le peu de fois où on a eu l’occasion de jouer sur des vrais plateaux avec de vrais "groupes" (Rires), on a toujours eu l’excellente surprise d’être toujours très, très bien reçus : on vendait pleins de disques et de T-shirts après… On se dit donc que les gens peuvent aimer ce qu’on fait mais on fait ça surtout dans l’esprit de se marrer plus que de devenir des rock stars, je te le dis franchement (Rires) !


Malgré tout, la question existentielle qui se pose si Mudweiser monte en puissance est de savoir comment tu allais pouvoir gérer autant de groupes, outre Lofofora, tu es également avec Madame Robert, dans les Tambours du Bronx, comme arrives-tu à organiser son emploi du temps ?

Je jongle !


Mais encore une fois, si à la faveur de "The Call", on découvre une vraie appétence du public pour Mudweiser…

Et bien, c’est cool, on fera les cons (Rires) !


... mais il faudra surtout t’organiser !

Oui, mais c’est ce que je fais déjà ! C’est vrai que ça nécessite pas mal de jonglage d’emploi du temps et surtout avoir une compagne compréhensive (Rires) !


Chaque être humain à plusieurs facettes en lui. Dans Lofo, c’est le mec un peu conscient et un peu fâché qui s’exprime. Dans Mudweiser, c’est mon démon [...] qui prend la parole…




On parlait d’emploi du temps pour les concerts mais tu écris pour chacun des groupes, comment fais-tu pour bien distinguer le travail entre chaque groupe ? Tu ne crains pas de devenir schizophrène avec tous ces projets ?

Non parce que je pense que chaque être humain à plusieurs facettes en lui. Dans Lofo, c’est le mec un peu conscient et un peu fâché qui s’exprime. Dans Mudweiser, c’est mon démon -tu vois le petit bonhomme rouge avec une queue pointue qui te ressemble sur ton épaule-qui prend la parole…


Tu dis que dans Lofofora, c’est le Reuno fâché qui s’exprime, dans Mudweiser, le diable qui sommeille en toi… mais où s’exprime la partie ange de Reuno ?

Elle reste à la maison (Rires) ! Mais ça serait plus avec les Tambours : avec eux, j’ai l’impression d’être avec une bande de pirates.
J’écris toujours sur la musique qu’on me donne, j’ai parfois des idées de textes mais j’écris toujours sur la musique, je m’imprègne de l’atmosphère qui s’en dégage. Et il y a quand même des atmosphères relativement différentes dans ces projets qui me permettent de laisser exprimer les plusieurs facettes de ma personnalité !


Tu arrives à gérer aujourd’hui mais admettons que Mudweiser explose... Pourrais-tu envisager de lâcher un des groupes sachant que dans cette optique Lofofora resterait toujours ta priorité ?

Aujourd’hui, je n’ai envie de lâcher aucun des projets ! Mais j’ai bien joué le coup, dans Les Tambours du Bronx, j’ai fait engager deux autres chanteurs avec moi (NdStruck : Stef Buriez et Renato Di Folco), ce qui fait que parfois, on est trois, d’autres, deux ou encore parfois, un seul… et on se démerde comme ça ! Dans Lofo, ça serait un peu compliqué comme dans Madame Robert…
Mais non, non, je n’ai envie de lâcher aucun des groupes et je pense qu’il y a moyen de gérer tout ça en faisant des tournées condensées… Je n’aurai pas de vacances, je m’en fous, je me reposerai quand je serai mort (Rires) !


On a évoqué tes facettes qui s’exprimaient dans tes différents projets. Lofofora est ancré dans le réel, dans les luttes au quotidien, Mudweiser est à la totale opposée avec une inspiration américaine, entre les romans noirs, les films de série B, de l’alcool et la fête. Mais sans Mudweiser, ne manquerait-il pas une corde à ton arc ?

Non, parce que j’ai de quoi m’exprimer dans mes deux autres groupes et il y a toujours des copains pour faire un morceau, se faire plaisir avec des projets à droite, à gauche, des featurings… qui me permettent de m’exprimer. Et s’il n’y avait pas Mudweiser, peut-être monterais-je un groupe d’électro gothique (Rires) !


Si le rock n’existait pas, je pense qu’il y aurait beaucoup plus de gens dans la rue avec des cocktails Molotov à la main


Si je te posais cette question c’est qu’on a le sentiment qu’il y a deux Reuno et à cet égard, Mudweiser serait une soupape de sécurité pour ne pas péter un câble dans ce monde actuel…

… Anxiogène dirons-nous ! C’est sûr que le rock en lui-même est une soupape de sécurité ! Si le rock n’existait pas, je pense qu’il y aurait beaucoup plus de gens dans la rue avec des cocktails Molotov à la main : c’est le cas avec les gens qui aiment en écouter mais c’est également le cas avec les gens qui en font !
Mais c’est vrai que le fait de faire un truc complètement débridé, relâché -avec tout mon côté evil qui peut s’exprimer à fond la caisse- c’est cool, ça fait du bien… même si je ne m’autocensure jamais dans les textes de Lofo, c’est une chose à laquelle je fais vraiment attention parce que je trouve que c’est la pire des censures…


Ce nouvel album de Mudweiser, c’est "The Call", neuf titres pour 36 minutes environ, la durée parfaite et le nombre de titres d’un vinyle des années 1970 et 1980, c’était voulu ce format vintage qui va droit au but ?

En fait, on avait neuf titres à la base mais on en a viré un pour avoir justement des vinyles qui sonnent bien : c’est important pour nous !
On a toujours sorti nos disques en vinyle -sauf le premier d’ailleurs-, et c’est important d’avoir un disque avec une bonne qualité sonore sachant qu’au-dessus de 18 minutes par face, ça commence à craindre un petit peu.
Et on a fait quelques albums avec des morceaux vachement longs -on a même fait un double album à un moment- mais quand tu dois jouer une heure dans un festival et que tu as 50 ou 70 morceaux, ça fait vraiment chier quand tu dois en mettre que 10 ! Donc, on s’est dit que c’était bien de ne pas trop en lâcher d’un coup et puis de toute façon, l’attention d’une personne aujourd’hui est super limitée : il ne faut donc pas trop leur en demander non plus (Rires) ! C’est une autre façon de consommer la musique on va dire mais ça nous plaisait bien d’avoir un album comme à l’ancienne avec quatre titres par face : ça va bien comme ça, c’est fini de faire des CDs de 72 minutes (Rires) !


Très peu de musiques [...] échappent à l’influence américaine




Musicalement, l’ensemble nous porte totalement vers les Etats-Unis, quelque part entre du stoner, du desert rock et du rock’n’roll teinté psyché, cet album et le groupe en général c’est une manière d’exprimer votre attachement à une certaine idée de l’Amérique, celle des années 1960 et 1970 ?

Non, non, on n’est vraiment pas pro-US dans le groupe. C’est juste que cet imaginaire est hyper présent dans notre pays et dans tous les pays occidentaux quel que soit le style de musique que ce soit pour les gens d’aujourd’hui qui écoutent du rap et matent les clips… A moins que tu sois branché musique yiddish ou reggae roots, il y a quand même très peu de musiques qui échappent à l’influence américaine qui est juste énorme.
Et ça fait partie de notre imaginaire, mon père est de la génération à être tombé dans les films de cowboys, je me souviens quand il m’a emmené voir les Blues Brothers au ciné quand j’étais tout gosse et c’est un truc qui a pas mal changé ma vie…

Le cinéma de série B, le cinéma d’horreur, de genre un peu crado… je trouve qu’on se mélange bien là-dedans ! Et tout ce qui est issu du blues -il y en a dans Mudweiser même si c’est passé à la moulinette metal, fuzzy- tout de suite, ça sent le bayou, tu t’imagines pas trop au Brésil ou en Islande (Rires) !


Il y a un gros côté stoner rock avec 'Invitation', ou encore ‘The Hunt’ et ‘Sad Man’, on y retrouve le côté gras plein du groove du genre, on pense à Fu Manchu, Monster Magnet mais aussi Trouble, tu te retrouves dans ces influences ?

C’est vrai que Said est pas mal fan de Fu Manchu mais nos influences sont quand même relativement variées : les copains viennent plutôt du metal à la base mais ça fait belle lurette qu’ils sont tombés dans l’escarcelle Down, Eyehategod… D’ailleurs, Jay le bassiste est également le guitariste de Verdun, groupe de doom, sludge de Montpellier. On est vraiment tous fans de cette musique et même des choses beaucoup plus lentes, plus atmosphérique comme Sunn O))). Et moi, je suis ultra-fan des Cramps et l’un n’empêche pas l’autre : il y a peut-être un peu de tout ça dans Mudweiser, effectivement !


Tu as répondu en partie à la question, ton chant rocailleux, teinté de bourbon et de whisky, les riffs bien lourds et épais, tout cela donne l’impression d’être dans un bayou ou dans un vieux rade américain enfumé et délicieusement crade, c’était votre idée avec ces titres de faire plonger l’auditeur dès les premières notes dans cet univers ?

Si tu veux, le tout début de Mudweiser est un coup de fil de Said qui me dit qu’il a quelque chose à me proposer et qui pouvait m’intéresser. Comme je sais qu’il ne consomme pas de substance illicite, je me suis dit qu’il devait s’agir de musique (Rires), et puis il m’a parlé de son projet dans lequel son chanteur qui gueulait un peu trop metal et pour lequel ils attendaient autre chose. J’ai donc accepté de passer pour une répétition et j’ai commencé à "yaourter" naturellement dessus : je suis un gros fan d’Ian Astbury de The Cult par exemple et quand par la suite, j’ai découvert Kyuss en 1995, j’adore John Garcia…
Dans ma vraie vie, dans ma maison (Rires), je n’ai pas de disque de Metallica, je n’ai aucun Pantera, ni Machine Head, ni Megadeth, je n’ai rien de tout ça en revanche, j’ai du Robert Johnson, du Charley Patton, je suis un gros fan de Ray Charles ou Lightnin’ Hopkins ou de John Lee Hooker… j’ai pleins de vinyles de ces mecs-là !


Pour moi, le morceau le plus démoniaque du monde est ‘Crawlin’ Kingsnake’ de John Lee Hooker : on n’a pas fait mieux depuis !


Des bluesmen…

Oui, c’est vraiment une musique qui me parle ! Pour moi, le morceau le plus démoniaque du monde est ‘Crawlin’ Kingsnake’ de John Lee Hooker : on n’a pas fait mieux depuis !


On revient sur ton côté schizophrénique, Mudweiser te permet d’exprimer tes vraies aspirations alors que ceux qui te connaissent chez Lofofora et ne connaîtraient pas ton implication dans ce groupe ne se douteraient pas que Reuno puisse être le chanteur de ce groupe…

Non et ce serait chiant sinon (Rires) : ça n’aurait aucun sens !


Je pense que [chanter dans Mudweiser] m’a décomplexé, je n’avais pas confiance, je ne m’estimais pas vraiment chanteur


Mais ça doit être valorisant également de dévoiler une telle palette, un tel registre vocal insoupçonné pour ceux qui ne te connaîtraient que dans Lofofora ?

C’est gentil merci ! Et puis, tu sais, comme dans Lofo, j’étais plus dans un truc scandé. Chanter dans Mudweiser m’a décoincé au sein de Lofo. Tu remarqueras que depuis Mudweiser, il y a peut-être plus de mélodies dans Lofo. Je pense que ça m’a décomplexé, je n’avais pas confiance, je ne m’estimais pas vraiment chanteur, je posais ma voix sur du rock mais me dire chanteur : je ne suis pas Freddie Mercury, c’est un vrai métier (Rires) !
Mais tu vois par exemple, on devait jouer en acoustique et on s’était mis à faire des reprises et notamment ‘I Put a Spell on You’ de Creedence et je pensais que je n’y arriverais jamais même si j’adorais le faire et on a essayé et je me suis rendu compte que j’y arrivais !
Du coup, ça m’a donné confiance en moi, ça m’a décoincé…


C’est une fierté ?

C’est cool ! Après pas mal de bouteilles, on va dire, dans le circuit, tu arrives à te découvrir d’autres possibilités : c’est super cool !
Et c’est cool de surprendre : quand tu fais écouter Mudweiser à des gens et que d’autres arrivent entre temps et se rendent compte au bout de dix minutes que c’est moi au chant !


Au-delà du stoner, on a également trouvé un esprit desert rock, notamment sur ‘High Again’ et ‘Daughters’, on pense à Kyuss pour le côté voyage habité avec cette basse en avant, ces riffs à la fois aériens et puissants, vous vous retrouvez dans cette scène et ce côté un peu psychédélique ?

Ah oui, oui, je kiffe même des choses beaucoup moins épaisses, je suis un gros fan des Limiñanas, des Black Angels -qui est le groupe que j’ai le plus écouté ces dix dernières années- ou Black Rebel Motorcycle Club… j’adore tout ça !


On est tous très intuitifs et très peu calculé dans Mudweiser !




En parlant de psychédélique, un titre comme ‘Sister Mary’ est marquant, on retrouve un esprit 1960’s, quelque part entre Hendrix, les Doors et les Beatles, ce titre c’est un hommage à un certain esprit du rock ?

Non pas particulièrement, c’est un hommage à la weed en fait (Rires) : ‘Sister Mary’, c’est la beuh !
On est tous très intuitifs et très peu calculé dans Mudweiser !


Tu disais malgré tout que Said ne consommait pas de substance illicite…

Ce n’est pas parce qu’il n’y a que la moitié du groupe qui en consomme qu’on n’a pas le droit d’en causer… et puis, c’est moi qui écris les paroles, merde (Rires) !


A propos de paroles, comment abordes-tu l’écriture en anglais justement, exercice qui doit être moins naturel que celui au sein de Loforora ?

Comme je te l’ai dit, je fonctionne de la même manière pour tous mes projets c’est-à-dire que j’écris toujours sur la musique et le premier truc que j’essaie de trouver, c’est une mélodie de voix, un placement vocal au moins rythmique même si je sais que les notes vont s’affiner par la suite, c’est déjà avoir un débit, le son de voix par rapport au son de l’instru pour qu’il trouve sa place…
Quant au fait d’écrire en français ou anglais, dans Mudweiser, je pars un peu dans du yaourt et à un moment, il y a un mot ou un thème qui sort et je vais m’y accrocher. Mais j’essaie de toujours m’inventer le film, les images qui vont avec la musique. Et puis Said a passé huit ans aux Etats-Unis, ça lui permet de me proposer un langage plus fluide, corriger un peu ma diction et la femme de notre batteur est anglaise, ça va : j’ai de bons correcteurs !


Tu parlais de thème, y-en-a-t-il une particulière dans ce disque ?

Tu vois l’album s’appelle "The Call" alors que ce n’est pas du tout le titre d’une chanson, c’est peut-être un appel à la débauche, à la luxure, à la dépravation tout bêtement… et retrouver son naturel ! Au départ, je voulais appeler cet album "The Call of Nature" mais en anglais, ça veut dire "faire caca" (Rires) ! Mais plus sérieusement, je voulais que ce soit un appel de ta nature et la nature dans son sens le plus large, j’aime bien ces images… tu vois dans ‘Daughters’, j’imaginais des espèces de prêtresses dans la forêt, la nuit… Voilà, mais effectivement, je suis en train de me rendre compte que tu as peut-être raison : je ne suis pas tout seul dans ma tête (Rires) !


Enfin avec ‘Blasted Forever’ et ‘Reckless Dreams’, vous proposez quelque chose de plus direct, plus rock à la Motörhead avec un petit côté punk, valides-tu cette idée ?

On revendique ça et ce n’est pas antinomique de pouvoir se répandre dans des trucs psyché, un peu trippés et puis d’un seul coup, d’être beaucoup plus rude et attraper notre auditoire par le col pour le secouer un peu.


Je suppose que vous avez hâte de pouvoir jouer ces titres et notamment ces derniers clairement taillés pour la scène ?

Ça devrait être épique si tout se passe bien !





Et as-tu des dates à annoncer ?

Pas trop pour l’instant mais on essaie de se monter un truc pour la rentrée. La tournée de Lofo va se terminer fin septembre et on pourra embrayer sur une tournée Mudweiser… D’ici-là, on a peut-être des opportunités qui risquent de se décider avant -parce que j’ai quelques trous dans mon planning avec Lofo- mais on va vraiment essayer de monter un truc sérieux dès la rentrée, peut-être un co-plateau avec un autre groupe…


Merci

Merci à toi, c’était cool !


Merci à Noise pour sa contribution...


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/mudweiserband
 
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