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TITRE:

GABRIEL KELLER (15 AVRIL 2022)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



A l'occasion de la sortie de son premier album solo, "Clair Obscur", Gabriel Keller nous parle de la genèse de son projet et de son avenir.
TONYB - 04.05.2022 -
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Gabriel Keller, nous te rencontrons aujourd’hui à la faveur de ton album solo "Clair-Obscur". Pourrais-tu nous expliquer l’élément déclencheur qui t’a incité à passer le cap d’une carrière solo ?

L’élément déclencheur a eu lieu pendant une résidence avec mon ancien groupe “Hegoa” en 2019. Je me suis rendu compte qu’il était impossible d’y jouer tout ce que j’avais en tête de par la contrainte d’avoir des musiciens fixes. Non pas que ceux-ci étaient mauvais, loin de là, mais qu’ils n’avaient pas la polyvalence que je recherchais, ni l’ouverture musicale pour aller dans des directions que je cherchais à explorer. 
Je leur avais proposé des riffs plutôt orientés metal, et j’ai très vite compris que pour certains, c’était une voie vers laquelle ils ne voulaient pas aller. Et même si on y allait, ils n’avaient pas la culture du genre, donc ça n’allait pas sonner comme j'aurais voulu que ça sonne. 

C’est vraiment pendant cette résidence que je me suis mis en tête de faire un album sans concession de musiciens, avoir les meilleurs pour chaque titre en fonction de l’orchestration voulue, quitte à en avoir beaucoup sur mon album. Ce qui est le cas au final ! 
Je pense que j’aurais du mal à évoluer de nouveau dans un groupe comme l'était Hegoa. Ou alors, dans un groupe dans lequel je suis instrumentiste et au service d’une leadeuse. Pas créateur. J’aurais trop de frustrations. 
Il y a aussi le fait que, pour moi, dans un groupe, du moins tels que je les ai connus, ça ne crée pas assez compte tenu des contraintes liées au fait de devoir préparer des concerts, répéter, … et de n’avoir assez de temps pour la création. Si je pouvais, je ne jouerais jamais 2 fois le même morceau dans ma vie ! Ou jamais 2 fois de la même manière ! Dès que j’ai un instrument en main, je crée. 

Puis, comme j’ai toujours eu deux parts d’écriture très distinctes, une plutôt soft et une plus hard, je voulais faire un album avec ces 2 facettes. J’ai eu du mal à trouver le concept, mais il m’est venu en lisant une bande dessinée de Manara sur Le Caravage. 
C’est ainsi que j’ai eu l’idée de faire un album très contrasté entre une première partie plutôt lumineuse (avec quand même une petite touche dark) et une partie sombre et torturée. C’est en lisant cette BD que m’est venue 'La Sonate au Clair-Obscur' par exemple. Et c’est par ce morceau que j’ai construit l’album. En gros, les titres qui allaient avant, les titres qui allaient après ! 


Qui dit album solo, signifie naturellement liberté. Toutefois, cet album est marqué du sceau de collaborations en tous genres. Peux-tu nous expliquer plus en détail ta démarche et comment tu es parvenu à tes fins ?

Effectivement, une liberté vraiment agréable et vraiment grisante. Je peux me laisser aller à mes divagations sonores et musicales sans me dire : ah mais, est-ce que ça va correspondre aux musiciens de mon groupe, … 
Et donc ma démarche était la suivante : pour moi, chaque morceau (en fonction de son orchestration), est fait pour certains musiciens. Et donc, en travaillant sur mes maquettes dans lesquelles je faisais tous les instruments, je me disais : ah tiens, pour ce titre, je veux tel style de batteur, pour celui-ci, tel style, pour celui-ci … 

C’est la même chose pour la guitare. J’ai cherché ce qui se faisait de mieux pour chaque titre, quitte à ne pas jouer dedans. Ce qui a d’ailleurs failli se faire sur 'Honey', n’ayant pas un phrasé metal qui me satisfaisait. Au final, j’ai pris des cours uniquement pour jouer ce titre correctement et ça a fini par le faire. Mais c’est pour vous dire à quel point, pour moi, le morceau est plus important que tout. 
C’est comme ça qu'en allant à différents concerts, j’ai pu faire mon “marché” de musiciens avec lesquels je voulais vraiment collaborer. 
Et un peu comme Slash et son premier album, qui dans le genre collaboratif est ma référence, j’ai proposé les titres à différents musiciens, qui, pour moi, pouvaient apporter quelque chose à mes morceaux. 

Et puis c’est la même chose pour le chant. Je suis incapable de provoquer les émotions avec ma voix. Donc il m’était très important d’avoir plusieurs chanteuses, avec chacune une palette d'émotions qui leur étaient propres. De mon point de vue, chacune d’elle intervenant sur les titres qui leurs sont le plus adaptés ! 


Compte tenu de la période (Covid) au cours de laquelle tu as réalisé "Clair-Obscur", peux-tu nous expliquer comment tu as travaillé avec tes différents collaborateurs ? A distance ? En présentiel ? 

J’ai eu la chance d’avoir le temps, le week-end avant le premier confinement, d’aller enregistrer le batteur pour les pré-prod' de toute la partie claire. Donc, mine de rien, ça m’a permis d’avoir la base et le temps de peaufiner à mort les arrangements de cette partie-là. Et comme les chanteuses et guitaristes de cette partie sont des amis très proches, nous avons pu travailler à distance sans soucis parce que le dialogue était vraiment facile. Que ce soit avec Charlie, Emilie ou Simon, on se connait depuis de longue date, donc on se comprenait vraiment rapidement. Je leur envoyais le début des pré-prod' en expliquant un peu ce que je souhaiterais sur telle ou telle partie. Puis on a fait quelques allers-retours. Mais en vrai, je crois qu’on n’a pas dû excéder les 2-3 allers-retours tant on se comprenait vite. 

Pour la partie obscure, ça a été plus dur. J’ai dû ronger mon frein un bon bout de temps. J’avais déjà trouvé le batteur que j’ai rencontré pour la première fois en février 2020.  Mais comme on se connaissait moins, je n’avais pas envie de travailler à distance. Du coup, j’en ai profité pour reprendre toute cette partie de fond en comble : j’ai tout recomposé de A à Z pour que l’ensemble soit plus abouti. D’ailleurs, au final, le confinement a sauvé cette partie. Parce que quand j’écoute les maquettes d’avant le confinement, je me rends compte que ce n’était pas assez abouti et qu’en fait, aller en studio avec cette matière-là, ça aurait été se précipiter. 

On a pu s’y mettre très sérieusement en Janvier 2021 avec Lucas à la batterie, qui a été diablement efficace puisque l'enregistrement a eu lieu en Mars 2021. Ça lui laissait très très peu de temps ! Et il a relevé le défi haut la main. 
Avec les chanteuses, comme je connaissais Marine qui chante sur 'Honey', on a quand même pu amorcer le travail ensemble à distance aux alentours du deuxième confinement. Pour les titres avec Maïté, on a réussi à se voir entre les moult confinements pour que je lui présente les deux morceaux sur lesquels je voulais qu’elle chante, ce que je souhaitais par rapport à ce que j’avais entendu d’elle, … Quels étaient ses ressentis, … Puis de fil en aiguille, nous avons pu travailler à distance. Mais comme pour Lucas, vu que je la connaissais que très peu, j’avais besoin d’un temps en présentiel avant de passer à du travail à distance. 
Et d’ailleurs, il y a également eu très peu d’allers-retours avec Maïté. Très rapidement on est tombé sur des versions quasi définitives tant on s’est compris ! 


Quel est ton processus de composition ?

Eh bien, dans la majorité des cas, j’ai besoin de composer un titre vraiment de A à Z avec tous les instruments tout seul de mon côté. Donc quand j’ai une idée à la guitare, à la voix ou à la basse, je commence par broder autour avec des instruments complémentaires. Que ce soit à la batterie, des lignes de chant, … pour lui donner une forme vraiment “normalisée”. Je me laisse vraiment guider par mes émotions et mon état du moment. Ça m’est déjà arrivé de partir en transe sur certains motifs musicaux. Un peu comme le pont de 'Time'. 
Une fois cette étape finie, je travaille avec les différents musiciens un peu comme un réalisateur : je leur envoie mes propositions musicales et je laisse les interprétations de chacun se faire. Comme quand un réalisateur reçoit un scénario et qu’il donne une direction qui lui est propre. J’envoie le titre avec des indications et je leur laisse faire des propositions en fonction de ce qu’ils et elles ont ressenti de la maquette. C’est un vrai travail de confiance et succession d'interprétations de chacun. 


Des titres comme 'Time', 'Train to Resolution', 'Open Arms’ nous évoquent Steve Rothery et son projet The Wishing Tree, est-ce une influence pour toi ?

Eh bien pas du tout ! Avant que vous m’en parliez, je ne connaissais pas du tout. Du coup, je viens d’écouter, c’est vraiment super ! Ça groove et la voix de la chanteuse est vraiment top ! 
Merci pour cette découverte ! 


Peut-on également dire que ce "Clair-Obscur ", "biberonné à la fois au rock des années 1970 mais aussi à la (bonne) variété française, l’artiste nous propose en dix titres un savoureux patchwork de toutes ses influences, entre Clair et Obscur, entre pop progressive chatoyante et rock aux accents métalliques lorgnant vers Opeth, dévoilant ainsi les multiples facettes de sa personnalité musicale". Te reconnais-tu dans une telle description précisée dans notre chronique ?

Ah mais complètement ! Je n’aurais pas été capable de faire une synthèse si parfaite ! C’est clair que j’ai vraiment été très très influencé par les années 70. C’est vraiment toute ma culture musicale de base, disons. J’ai eu la chance d’avoir un père qui, très jeune, m’a fait découvrir Ange, les Doors et pas mal de groupes un peu alternatifs de cette époque. Culture que j’ai, par la suite, agrémenté avec la découverte des grands pontes de cette époque : les Beatles, Led Zeppelin, Pink Floyd, …
Et par ma mère, pour le coup, j’ai été très vite sensibilisé à la variété française. Goldman, Berger, Notre-Dame de Paris, … Ça m'a permis d’avoir une culture très éclectique. Pas toujours d'actualité, soyons honnête, mais je m’en suis parfaitement accommodé. 

Mais surtout, s'il y a un genre musical qui fait l’union entre mes deux parents et qui m’a profondément influencé, c’est la musique classique. Combien d’heures ai-je pu passer à écouter du Bach, du Mozart et surtout du Vivaldi. Son 'Stabat Mater' par exemple, je m’en suis délecté au moins 1000 fois dans ma vie. 


"La bascule entre les deux univers musicaux se fait sur une ‘Sonate au Clair Obscur’ qui débute comme un titre de Yann Tiersen, quatuor à cordes inclus, avant de basculer au bout de trois minutes vers des saillies métalliques". Cet artiste fait-il également partie de tes références ?

Pour être tout à fait honnête, je n’ai entendu sa musique que dans 2 films, et au moment de leur sortie :  "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" et "Good Bye Lenine". Autant vous dire que ça date un peu...
De fait, je n’ai que très rarement écouté du Yann Tiersen. Alors peut-être qu’il m’a influencé, mais inconsciemment du coup ! C’est surtout Erik Satie dont je me suis beaucoup inspiré. Même si finalement, ça ne s’entend pas. C’est vraiment en l’écoutant que j’ai voulu essayer quelque chose au piano et que je m’y suis mis. 


Nous avons cité trois artistes que nous avons estimé comme influence mais quelles ont été tes influences musicales pour l’écriture de cet album en particulier ?

Et bien si je devais n’en citer que 4, je dirais Pink Floyd en 1. Que ce soit pour Gilmour à la guitare, les ambiances, la pertinence des mélodies, … En 2, les Beatles, pour les mélodies, le travail des chœurs. En 3, Porcupine Tree pour le mélange Beatles/Pink Floyd avec des choses plus modernes et metal comme Opeth que je citerais en 4 justement. Mais je ne connais que le Opeth actuel. Et surtout l’album "Sorceress". Je ne suis pas encore entré dans leur période plus sombre du début des années 2000. Mais ça ne saurait tarder ! 
Et allez, petit bonus, je citerai Queen, mais le Queen des débuts. De "Queen 1" à "A Day At The Races". Pour la créativité, le foisonnement de pistes de guitare, les chœurs, la qualité des compositions, …. C’est incroyable tout le travail qu’a pu faire Brian May avec ses pistes de guitare dans ces albums. Je suis vraiment admiratif. Et si on cumule sa compétence avec celle de Freddie Mercury au chant et à la composition, on obtient des œuvres qui sont tellement incroyables … 'The March of The Black Queen', 'Bohemian Rhapsody' … Des chefs-d'œuvre absolus ! 



Peux-tu nous en dire un peu plus sur le contenu des différents textes ? Certains apparaissent plutôt sombres, tandis que d’autres sont porteurs d’espoir.

Pour les textes, sachant que ce sont les chanteuses qui en sont les principales auteures, j’ai voulu qu’ils soient en adéquation avec la partie de l’album dans laquelle ils se trouvent. Les textes de la partie claire sont tous porteurs d’espoir, de nostalgie, de bienveillance comme 'Open Arms' par exemple. Alors que dans la seconde partie, les thèmes sont plus durs et sombres. Ça parle de vengeance ('Honey'), du personnage de la mort ('Nothing Human'), …


Ne trouves-tu pas paradoxal de présenter ton projet solo comme véhiculant tes émotions propres, et d’en confier l’écriture des textes à tes interprètes féminines ? 

Oui et non. Je comprends complètement cette question et le côté incongru que ça puisse avoir. Mais en fait, je me plais à dire que chaque titre est une sommation d’émotions cumulées dont le point de départ est une de mes compositions. Et surtout, autant je suis à l’aise pour transmettre des émotions avec de la musique ou en recevoir, autant, je suis extrêmement mauvais pour ce qui est de l’écriture de textes. Et même en tant que lecteur, je suis peu perméable à des émotions littéraires. 
Du coup, j’avais besoin que les chanteuses mettent également en texte des émotions qu’elles avaient ressenties à l’écoute des morceaux. Ce qui, je trouve, est plutôt réussi ! 


Comment s’est établie la connexion entre vous ?

Honnêtement, j’ai été très chanceux. Avec les 4 chanteuses, elle s’est établie de manière parfaite dès le début. Il y a eu très peu d’allers-retours au final. On s’est compris très rapidement et ce qu’elles ont retranscrit en textes ou interprétations vocales colle parfaitement aux émotions que je voulais partager de base. 
Et je leur tire encore mon coup de chapeau, parce que pour certaines, l'exercice était périlleux : j’avais des thèmes d’écriture précis, les mélodies déjà écrites, donc avec des contraintes de rythmes et de nombre de syllabes, …

Je me mets à la place d’Emi B pour des titres comme 'Open Arms' ou 'Time' dans lesquels beaucoup de choses étaient “figées”, ça a dû être vraiment dur. Et elle s’en est sortie avec brio ! Comme pour Marine avec 'Honey'. Il y avait déjà des mélodies, le refrain devait coller à la guitare … Que des contraintes et pourtant, comme Emilie, elle s’en est tirée haut la main ! 
Pour les autres titres, il y avait déjà plus de libertés dans les thèmes et aussi dans les mélodies qui ont beaucoup évolué. 'Melancholia' par exemple, j’ai laissé le champ libre à Charlotte sur les mélodies du couplet. Je n’aimais pas mes idées, et comme en plus elle a écrit en français, ça lui a permis de pouvoir vraiment s’épancher sur un thème qui lui était cher : celui de l’amitié perdue. 
C’est pareil pour Maïté, les titres laissaient plus de liberté dans l’écriture. 


Pourquoi le titre ‘Za Sy Za’ n’est pas intégré à l’album ?

Il n’a jamais eu vocation à l’être. Il a été composé pendant le premier confinement, à distance, juste pour s’amuser entre amis musiciens. Comme beaucoup de mes compères, à des moments, je m’ennuyais un peu, et après avoir fini pour la 15ème fois le Zelda sur Switch, je voulais refaire de la musique à fond !
Je ne me souviens plus comment on est entré en contact avec Erika (la chanteuse) parce qu’elle vit à Madagascar et moi à Lyon. Mais en échangeant, nous est venu l’idée de faire un titre ensemble. Au début, elle voulait que l’on fasse une reprise. Mais n’étant pas chaud de la reprise, on s’est orienté vers une compo. J’avais un vieux riff dont je ne savais pas quoi faire et hop, on est parti de ça. 

Ce qui est drôle, c’est que pour ce titre, tout s’est fait à distance. Je n’ai jamais rencontré les musiciens ! Que ce soit Dominique le bassiste qui habite à Mulhouse, le batteur Julien qui habite à Mâcon et Erica qui vit à Madagascar. C’est vraiment un titre récréatif ! Puis bon, soyons honnête, il m'a beaucoup servi d’exercice en termes de son de guitare. Je venais de recevoir mon nouvel ampli (un Blug Amp1) et je ne le maîtrisais pas du tout. Je trouve le son des guitares horrible, fade et sans aucune puissance. Il aurait un peu fait tache dans l’album.  
Après, ça reste un titre que j’aime bien. Il m’a vraiment permis de m’amuser pendant ce confinement et de faire une vidéo rigolote avec mon cousin à la réalisation. Mais il est vraiment très en-dessous de ce que j’ai mis dans l’album. 


Tu as fait le choix de partir en live dans une formule acoustique originale et en tout cas séduisante (guitare, violoncelle, chant). Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? 

Pleins de raisons ! Déjà, j’aime ce qui est atypique en live et les groupes qui font l’effort d’avoir des versions de leurs titres qui, en live, diffèrent des versions album. En ça par exemple, j’aime énormément Queen. Regardez le live à Montréal par exemple. Même les titres un peu trop produits ou "kitsch" en studio sont dantesques en live. Exit les 32 pistes de guitare, les 10987654 pistes de chœur. Ils sont que 4, c’est sacrément rock, brut, efficace … Ça a toujours été ma ligne de conduite : des albums produits, et des lives bruts. Et Queen reste ma référence. 
Puis ensuite il y a eu la raison pratique, j’ai commencé à travailler sur une version live vers le second confinement, et c'était impossible de trouver des lieux de répétitions pour un groupe amplifié. Et puis à ce moment- là, je ne savais pas encore quelle forme donner à une version live “électrique”. Trouver un batteur capable de passer d’un registre si doux, avec un phrasé jazz puis un registre complètement metal aurait été dur à trouver. 



La troisième raison, c’est la rencontre avec Lucie (au violoncelle). Je l’ai rencontrée au festival d’Avignon 2019 et on a tout de suite sympathisé. J’ai toujours eu envie de travailler avec un instrument à cordes frotté. Déjà dans Hegoa, on avait un titre avec un violoncelliste et un titre avec un altiste. Donc c’était l’occasion. Quand j’ai abordé l’idée, elle a tout de suite dit oui. 
Et pour Charlotte, idem, on se connaissait depuis quelque temps. On avait partagé quelques dates en commun comme le dernier avant le premier confinement. Il commençait à 23h, et son groupe avait fini à 22h30 quelque chose comme ça. Dernière date avant la fin du monde comme on s’amusait à dire ! J’ai toujours adoré sa voix, douce, puissante… Elle a une telle maîtrise de tous les registres … Quand je lui ai proposé, je ne pensais pas qu’elle dirait oui. C’est un immense honneur pour moi de pouvoir travailler avec ces deux musiciennes ! 


A quoi pouvons-nous nous attendre en assistant à un concert de ce trio ? 

Des émotions, de la sincérité et de la joie. 
Le plus beau retour que l’on ait pu me faire, c’est quand, au concert de sortie de notre dernière résidence avec les filles, 3 personnes sont venues nous voir et nous dire : “vous nous avez fait pleurer”. C’est beau, c’est touchant. Et ça veut dire que ma musique et notre interprétation ont pu véhiculer des émotions vraiment puissantes. 
On a plaisir à jouer ensemble et on le montre, on a plaisir à jouer ces titres et on le montre. 
Et surtout, vous y découvrirez l’album dans un registre complètement différent joué par un groupe qui les interprète comme si c'était ses propres titres et non comme 2 musiciennes qui jouent pour ou avec un gars. 
On prend un énorme plaisir à travailler les arrangements tous les trois comme si les titres de base étaient nos compositions à nous et non juste les miennes. Quitte à modifier les structures, quelques grilles mélodiques, …


En surfant sur le web, j’ai découvert que dans la « vraie vie » tu es ingénieur du son ? Comment ton métier s’articule avec ta passion musicale ?

Ahhh, elle me permet de composer aussi bien avec les notes qu’avec des sons et une spatialisation. Très vite, même dans les maquettes les plus balbutiantes, je rajoute directement une part de création sonore, comme des panoramiques, des reverb, … Je compose déjà avec des orientations de mix. Pour moi, c’est une part intégrante de processus de composition. Je suis également très audiophile. J’aime écouter de la musique dans de bonnes conditions, me laisser guider par le placement des instruments, les ambiances…
Et c’est quelque chose que j’ai envie de partager dans ma musique. 


A cet égard, quel est ton avis sur le succès de Carpenter Brut, ingénieur du son à la base qui a sauté le pas d’une carrière solo également ?

Et bien, j’ai découvert la synthwave grâce à lui, et ça a été une claque … Son univers est tellement dingue, que ce soit en termes de composition, mais de traitement sonore et visuellement … Ce mec est un génie. Et clairement, c’est un extraordinaire ingé-son … La qualité de ses prods est monstrueuse !! Je ne prétends absolument pas être dans la même catégorie. 
Je suis un peu trop vintage dans mon approche pour y arriver. Peut-être que je changerai ! Mais pour le moment, j’ai un autre énorme objectif en tête : vivre de ma musique. 


Quels sont tes projets pour le futur ?

Déjà, avoir le statut d’intermittent ! J’ai la chance de travailler dans une compagnie de danse et de faire toute leur création musicale et sonore et c’est vraiment hyper agréable. Puis je vais tenter de rejoindre des formations qui tournent un peu pour augmenter mon panel de compétences et avoir ainsi assez de cachets pour prétendre à l’intermittence. 
Et sinon, pour le projet, j’ai déjà 3 albums en cours de préparation ! Ahahahha !

Un premier qui sera une sorte de live acoustique avec le trio. On aura des titres de l'album, mais également des inédits. Puis j’ai le second album solo pour lequel j’ai déjà commencé le maquettage de l’ensemble. Il dépasse déjà 1h de musique, alors il va falloir que je fasse du tri. J'ai également fini le concept de l’album d’après. Je n'ai pas encore posé de notes de musique, mais chaque chose en son temps ! 
Je ne peux pas m’empêcher de créer dès que j’ai un instrument en main. Alors j'accumule énormément de maquettes. 
Puis l’objectif avec Clair Obscur : tourner avec le trio et une formation plus électrique que je suis en train de monter pour pouvoir faire quelques festivals à l'été 2023 ! L’idée étant de défendre cet album pour lui donner une portée plus grande que juste en version album ! 


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves…

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire, et j’espère que cet album vous aura plu ! Mine de rien, j’y aurai passé 3 ans de ma vie, j’y aurai mis beaucoup de moi. Il vous appartient désormais !


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/gabrielkellermusique
 
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