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TITRE:

PORCUPINE TREE (10 MAI 2022)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Les fans en rêvaient, Porcupine Tree l'a fait ! Le retour des cadors du rock progressif Anglais est acté avec la sortie de "Closure/Continuation", leur premier album en douze ans, que Steven Wilson et Richard Barbieri sont venus présenter.
DARIALYS - 10.06.2022 -
8 photo(s) - (9) commentaire(s)

Comme nous le disions dans notre chronique, Porcupine Tree sort avec "Closure/Continuation" l’album que tout le monde espérait mais auquel personne ne s’attendait. Et pourtant, après douze ans de pause, le groupe est bien de retour, avec un album plus collectif que jamais. Et d'ailleurs, le frontman Steven Wilson n'a pas fait le chemin tout seul pour venir nous présenter cet album, car il était accompagné de Richard Barbieri, claviériste du groupe. Les raisons de ce retour, l'absence du bassiste iconique Colin Edwin, le futur du projet, nous vous racontons tout dans cet article !





"Closure/Continuation" est votre onzième album studio. Il sort douze ans après votre dernier album, "The Incident"...

Richard Barbieri (claviers, ndlr) : Et trente ans après le premier !

Steven Wilson (chanteur/guitariste, ndlr) : Et ce sont aussi les dix ans de notre album avec Storm Corrosion (projet de Steven Wilson avec Mikael Akerfeldt, du groupe Opeth, ndlr). J’ai sorti beaucoup d’albums en mai, je ne sais pas pourquoi !


"Closure/Continuation" sort donc après douze ans de pause. Qu’est-ce qui vous a conduit à revenir, et pourquoi maintenant ?

Richard Barbieri : Steven a commencé à travailler sur de nouveaux morceaux avec Gavin (Harrison, le batteur, ndlr). Steven jouait de la basse. C’était assez évident, pour Gavin en tout cas, que c’était pour Porcupine Tree, même au début du processus. Il n’y avait pas de pression, pas de volonté réelle de faire quelque chose de concret. C’était juste pour le plaisir de jouer de la musique. Avec le temps, il est devenu évident que cela pouvait faire de nouveaux morceaux pour Porcupine Tree, mais c’était quand même différent. Et puis on a été confinés. La tournée de Steven a été annulée et ça a accéléré les choses.

 

Si on n’avait pas trouvé de valeur ajoutée à cet album, on ne l’aurait pas sorti.

 

Justement, la crise du covid a causé beaucoup de douleur et des difficultés structurelles, mais cela a également permis aux groupes de trouver du temps à accorder à de nouveaux projets. Sans le covid, les confinements et les annulations de tournées, est-ce que ce nouvel album de Porcupine Tree aurait vu le jour ?

Steven : Il serait sorti à un moment donné, mais pas forcément maintenant. Après, l’avis des fans ne m’importe pas du tout. Je ne dis pas ça de manière arrogante. Si on n’avait pas trouvé de valeur ajoutée à cet album, on ne l’aurait pas sorti. On n’a pas sorti cet album pour faire plaisir aux fans. D’ailleurs, on n’a voulu dire à personne qu’on travaillait dessus, car on n’était pas sûrs de le sortir. Pour ça, il fallait que ça nous plaise ! Finalement, on l’a écouté et on l’a trouvé très bien, suffisamment bon pour en faire un album. Mais l’attente des fans n’a pas été un facteur pour sortir cet album. Je suis conscient que les fans sont très excités de nous voir revenir, on l’est aussi. Mais ce n’est pas pour ça qu’on a sorti cet album.


Pourtant, Steven, quand on te demandait si Porcupine Tree ferait un jour son grand retour, tu es resté évasif pendant longtemps. Et puis il y a quelques années, tu as coupé court à toute rumeur en disant qu’il n’y aurait pas de reformation de Porcupine Tree, que ce groupe était fini. Est-ce que tu as dit ça pour accentuer la surprise des fans ? Ou est-ce qu’après plus de dix ans de pause, tu pensais vraiment que le groupe ne se reformerait pas ?

Steven : Pendant un moment, rien n’était acté. Il était possible que cet album ne sorte pas. Et deuxièmement, si tu réfléchis bien à la question, je pense que tu peux trouver la réponse toi-même. Quand on m’interviewait, il fallait promouvoir mes albums solos. Donc quand on me demande : "quand est-ce que Porcupine Tree va faire son grand retour ?", je passe à autre chose, je réponds : "il n’y a pas de retour", car je ne suis pas là pour parler de ça. C’était un mensonge, un pieux mensonge !


Donc si je te demande quand est-ce que va sortir ton prochain album solo tu vas mentir et me dire qu’il ne sortira pas ? (Rires)

Steven : (Rires) En fait, si on parle de mon prochain album solo maintenant, ça ne va pas vraiment dévier la conversation, on va revenir à Porcupine Tree après. Mais à l’époque, je pensais qu’il y avait un danger à parler de Porcupine Tree dans une interview que j’accordais pour promouvoir un de mes albums solos. Après, je savais qu’on travaillait sur un album, qu’il y avait de bonnes chansons. Mais c’est vraiment au confinement que je me suis dit : "on a vraiment une bonne base, finissons le travail".

 

J’ai fini d’écrire mon prochain album solo

 

Pendant la promo de "The Future Bites", tu nous disais que tu avais peur de ne pas réussir à te renouveler. Est-ce que c’est la raison pour laquelle vous sortez un nouvel album avec Porcupine Tree ? Parce que tu avais du mal à trouver de nouvelles idées pour ton prochain album solo ?

Steven : Non, c’est plutôt l’inverse. J’ai fini d’écrire mon prochain album solo.


Et c'est de nouveau un mensonge...

Steven : Je ne mens pas ! (Rires). Et il est assez différent. Quand on sort un nouvel album, il y a toujours un besoin d’apporter quelque chose d’autre à ton catalogue, et je sais que Richard est d’accord avec ça. Il faut une raison de sortir un nouvel album, un but. Si tu sors la même chose que ce que tu as déjà fait, quel est le but ? Mais peut-être as-tu évolué ? Tu n’as pas besoin de faire quelque chose de mieux, mais quelque chose de différent. Je ne pense pas que l’on aurait sorti ce nouvel album de Porcupine Tree si l’on n’avait pas senti qu’il y avait quelque chose de nouveau là-dedans. Il y a une évolution dans le son, il y a un côté frais, il y a quelque chose d’unique dans cet album qu’aucun de nos autres albums n’a. Si ça avait été un "In Absentia part 5" ou un "The Incident part 2", je ne crois pas qu’on l’aurait sorti.

 

Porcupine Tree n’a jamais autant été un travail de groupe

 

Tu as sorti des albums solos pendant plus de dix ans. Qu’est-ce que cette expérience t’a appris, maintenant que vous êtes de retour avec Porcupine Tree ?

Richard : Ce sont deux choses différentes. Cet album avec Porcupine Tree est le fruit d’un travail collectif.

Steven : Maintenant, on écrit ensemble. Si j’écris une chanson seul, elle finira sûrement sur un album solo. Si j’écris une chanson avec Richard ou avec Gavin, elle sera pour Porcupine Tree. Ça, c’est un vrai changement. Car par le passé, si j’avais écrit tout un tas de chansons tout seul, elles auraient fini dans un nouvel album de Porcupine Tree. Mais maintenant, pourquoi ferais-je ça ? C’est un gros changement pour nous. Porcupine Tree n’a jamais autant été un travail de groupe. Si on sortait un nouvel album de Porcupine Tree, je voulais que ce soit davantage un travail de groupe. En ayant ma carrière solo à côté, je suis plus détendu, il y a moins ce besoin de contrôler le travail du collectif.


Oui, tu te définissais autrefois comme un control freak (maniaque du contrôle, ndlr).

Steven : J’en suis toujours un, mais maintenant, j’ai mon projet solo ! Mais même si je suis un control freak, j’ai toujours aimé la collaboration. Mais comme Porcupine Tree a démarré historiquement comme un projet solo, je n’ai jamais réussi à lâcher complètement cette philosophie. Ce n’est plus le cas.


Mais ça ne vous a pas empêchés, tous les deux d’ailleurs, d’aller explorer des carrières solos en dehors de Porcupine Tree.

Steven : Bien sûr !

Richard : Oui, pour de nombreuses raisons. L’une des raisons pour lesquelles Porcupine Tree s’est arrêté est que Steven voulait expérimenter certains styles de musiques, d’autres genres.


Et chanter avec des femmes !

Richard : J’ai fait pas mal de chanson avec des femmes au chant moi aussi, d’ailleurs. Je pense qu’il y a un périmètre dans lequel on travaille les trois pour faire du Porcupine Tree. Mais il y a de nombreuses autres choses que nous aimons, hors de ce périmètre. C’est naturel. Mais la raison principale pour laquelle on a arrêté et que l’on ne progressait plus. Avec "The Incident", on avait beaucoup travaillé, beaucoup tourné… On aurait dû arrêter après "Fear Of A Blank Planet", mais on ne l’a pas fait. Avec "The Incident", on était censés progresser, mais on est restés au même niveau.


Et avec ce nouvel album, est-ce que vous pensez que vous avez évolué ?

Steven : Oui. Je pense qu’il y a beaucoup de critères qui expliquent que l’on ressente ça. Il y a le fait que l’on ait écrit cet album de manière collaborative, le fait que je joue de la basse sur cet album, le fait que l’on ait fait cet album dans le secret le plus total, donc il n’y avait pas de pression, il n’y avait pas de deadline.

 

La plus grosse pression que l’on avait, c'était nous qui nous l'imposions à nous-mêmes.

C’est la deuxième fois que vous parlez de pression dans cette interview. Il y en avait sur les précédents albums ?

Steven : La plus grosse pression que l’on avait, c'était nous qui nous l'imposions à nous-mêmes. Dès qu’un album sortait, je me disais : "il faut que je fasse quelque chose de différent". La pression vient de l’intérieur.

Richard : Et puis quand tu signes un contrat, il faut que tu fasses des albums. Tu as reçu une somme d’argent, il faut en faire quelque chose. Cela fait partie du business.

 

Mon côté pervers me pousse à proposer l’inverse de ce que les gens attendent de moi

 

Les fans l’attendaient avec impatience cet album, comme on le disait. Pour autant, certains voient cette reformation comme une réponse opportuniste à cette attente. Qu’en pensez-vous ?

Steven : Ils ne pourraient pas avoir plus tort que ça ! Je suis conscient de cette attente, mais je ne suis pas quelqu’un qui cherche à savoir ce que les gens attendent pour le leur donner. Mon côté pervers me pousse au contraire à proposer l’inverse de ce que les gens attendent de moi. Je n’y peux rien ! Et si une part de moi ne voulait pas sortir cet album plus tôt, c’est parce que je savais que certains verraient ça comme un acte de capitulation aux attentes du public. Mais cet album est frais, il est bon, il ne sonne pas comme un album que l’on aurait écrit pour donner aux fans ce qu’ils voulaient entendre. C’est l’album que nous voulions sortir.

Richard : Et puis il s’est passé 13 ans depuis la sortie du dernier album ! (Rires). Ce n’est pas comme si on s’était empressés de sortir quelque chose dans la foulée.


Tu disais que tu avais joué le rôle de bassiste en studio pour enregistrer ce nouvel album, mais vous venez justement d’annoncer récemment que vous tourneriez avec Randy McStine et Nate Navarro. Est-ce que l'on peut savoir pourquoi Colin Edwin ne fait pas partie de cette reformation ? (L’ancien bassiste de Porcupine Tree, ndlr).

Steven : Tu poses beaucoup de questions en rapport avec les fans, et je comprends que cela t’intéresse. Les fans ont tendance à avoir une vision très romantique de la vie d’un groupe, mais la réalité est souvent différente. Colin est un très bon musicien, mais de mon point de vue, le noyau créatif du groupe, c’était nous trois, depuis "In Absentia". Gavin s’intéresse aux rythmes, à la polyrythmie, Richard s’intéresse aux ambiances et au sound design, et moi à la composition. C’était ça, le noyau du groupe.


Cela veut dire à l’avenir que tu vas rester le bassiste de Porcupine Tree en studio ?

Steven : Je n’en ai aucune idée ! C’est la beauté de la situation. Et cela se retrouve dans le nom de l’album, "Closure/Continuation". On ne sait pas ce qu’il adviendra. Cela sera-t-il notre dernier album ? On ne sait pas. Je suspecte que oui, mais… J’aime jouer de la basse. Gavin ne m’a pas dit : "Pourquoi tu ne ferais pas la basse toi-même, comme ça on n’aurait pas besoin de Colin ?". Ce n’était pas ça, c’était plus : "Oh, une basse ! Let’s jam !". On a développé ‘Harridan’ et ‘Chimera’s Wreck’ comme ça notamment. Donc je me suis dit : "Ok, j’imagine que c’est moi le bassiste sur cet album !". Ce n’était pas quelque chose de programmé de longue date.

Richard : On est proactifs. Gavin, Steven et moi, on est proactifs. On gardait contact. Colin n’était pas proactif dans le même sens.

Steven : La dernière fois que j’ai discuté avec lui, c’était en 2010.

Richard : Si Colin avait écrit des choses pour le groupe, qu’il nous les avait soumises et qu’il nous avait appelés pour nous dire : "Ecoutez ça", les choses auraient sûrement été différentes.

 

Je pense que l’on peut simplement nous définir comme "Porcupine Tree", car on a créé cet univers, et personne d’autre ne sonne comme nous

 

Le morceau ‘Herd Culling’ démarre avec un riff qui pourrait rappeler celui de ‘The Sound Of Muzak’, et c’est sûrement le morceau le plus typé metal progressif de l’album. Pour autant, vous n’avez jamais vraiment voulu accepter cette étiquette que les gens vous collaient. Avec le temps, est-ce que votre avis sur la question a changé ?

Steven : On vient du rock progressif et de l’art rock, ou encore du rock conceptuel. Bien sûr, je le comprends. Mais il y a tellement de choses dans Porcupine Tree qui n’ont rien à voir avec ce genre-là. Il y a plein de groupes que l’on peut ranger dans des cases, mais nous, on fait du Porcupine Tree. Je pense que l’on peut simplement nous définir comme "Porcupine Tree", car on a créé cet univers, et personne d’autre ne sonne comme nous. Tu as raison, il y a des riffs metal sur cet album, mais il y a cinq mille autres choses sur cet album ! Il y a du rock progressif, du metal progressif, du rock classique, du jazz, du funk, mais on ne va pas dire que l’on est un groupe de jazz ou de funk car on a quelques passages inspirés de ces styles-là dans notre musique ! Traditionnellement, le rock progressif mélange de nombreux autres styles, et le fait que l’on mélange les genres fait que l’on peut effectivement nous cataloguer comme tels. Mais à ce stade, je pense que l’on n’est rien d’autre que Porcupine Tree.


Vous aimez faire des albums concepts avec Porcupine Tree. En est-ce un ce coup-ci, et si oui, de quoi parle-t-il ?

Steven : Si cet album a aussi pris beaucoup de temps pour sortir, c’est parce que les sujets que j’avais envie d’aborder dans mes paroles ont beaucoup évolué pendant toutes ces années. C’est une différence notable avec nos albums précédents où j’étais obsédé à l’idée de trouver des idées de paroles, où je cherchais des idées dans des livres, des films, etc. Donc pour répondre à ta question, ce n’est pas un album concept ce coup-ci.


Est-ce plus simple de composer un album dans cet état d’esprit ?

Steven : Non, ça a été plus compliqué. Quand j’ai un thème très fort avec une direction, je trouve ça plus simple d’écrire. ‘Herd Culling’ est le dernier morceau écrit sur cet album, et je n’avais aucune idée de ce dont j’allais bien pouvoir parler. On était en plein milieu du covid, je me suis dit : "Je ne vais quand même pas parler du covid !". Tout le monde le fait, essayons de faire autre chose. L’inspiration peut prendre du temps pour arriver. J’aime bien dire que c’est comme se rendre devant un mur tous les jours, et tu mets des coups de tête dans les briques. A la fin de la journée, tu regardes le mur, et il n’y a rien, pas le moindre éclat. Tu rentres chez toi, et le lendemain, tu recommences, et à la fin de la journée, il y a une toute petite fissure ! Pour moi, écrire, c’est comme ça. Je trouve ça très dur, mais c’est la plus belle des récompenses quand finalement tu parviens à un résultat. C’est incroyable.


Steven, sur cet album, ton chant est parfait. On est loin des filtres appliqués à ta voix sur les premiers albums de Porcupine Tree qui servaient à dissimuler ta voix. Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta voix au fil des années ?

Steven : C’est intéressant. Je dirais que c’est plus simple pour les gens de juger cette évolution, car pour moi c’est assez difficile. Je suis content que tu dises ça, et je suis plus en confiance qu’avant.

Richard : Tu t’es amélioré avec le temps, sur scène notamment !

Steven : Je pense qu’à force de faire des albums et des tournées en solo, cela a aidé. Aussi, j’ai écouté des chanteurs différents d’avant, ces dix dernières années.


Tu as travaillé avec des chanteuses aussi, comme on le disait. Sur une de nos interviews précédentes, on te demandait justement quel était l’impact de ce genre de collaborations sur ton approche de la voix, et tu ne savais pas vraiment comment répondre à cette question.

Steven : Il faut tirer partie de ce que la nature nous a offert. J’aurais adoré avoir la voix de Marvin Gaye, de James Blake ou de Jeff Buckley, mais ce n’est pas le cas ! C’est la réalité. Je fais de mon mieux. Mais c’est sûr que chanter avec Ninet par exemple (Ninet Tayeb, qui a chanté sur plusieurs morceaux de Steven Wilson, ndlr), c’est tellement inspirant. C’est une chanteuse phénoménale, une vraie chanteuse !


Aussi, tu avais un point de vue assez critique sur les réseaux sociaux par le passé. Mais dernièrement, tu sembles t’y être ouvert et tu as révélé un peu plus ton intimité. Est-ce que cela a changé quelque chose à ton approche de la musique ou peut-être à l’écriture des paroles ?

Steven : Je ne sais pas, mais si tu es un musicien professionnel aujourd’hui, tu ne peux pas ignorer les réseaux sociaux. C’est par là que tu communiques avec ton public. Disons que je fais le minimum syndical par rapport aux standards de beaucoup. Je n’ai pas été sur Facebook depuis dix ans, je ne suis pas sur Twitter, je poste une photo par mois sur Instagram. Pour la plupart des gens, c’est le minimum. Mais j’ai écrit un livre dernièrement où j’ai pas mal parlé de ma vie privée pour la toute première fois. Pendant des années, les gens ne savaient rien de moi !

Richard : Nous inclus !




Sans rire ?

Richard : C’est vrai !

Steven : Je ne suis même pas sûr de me connaître moi-même.

Richard : C’était bizarre, car des fois on était en studio, et Steven, tu allais voir l’ingé son que l’on ne connaissait pas et tu lui disais des choses que l’on ne savait même pas !

Steven : Vraiment ? (Rires).


Et comment vous avez vécu cette relation ? Est-ce que cela veut dire que Porcupine Tree occupait vraiment toute votre attention, au-delà même peut-être des rapports amicaux ?

Richard : Probablement ! En dehors du groupe, on ne se voit pas énormément. On passe tellement de temps sur les routes ensemble ! Quand la tournée se termine, on retrouve nos vies, nos amis… Avec mon premier groupe, on était tout le temps ensemble. On n’avait pas d’amis en dehors du groupe ! Ici c’est différent. Je crois que Steven ne nous a jamais rien confié de sa vie privée ! Il parle peut-être plus avec Gavin de ces choses-là ?

Steven : C’est curieux car en écrivant ce livre, il y a des choses que j’ai racontées sur moi mais que je n’avais pourtant jamais réalisées ! Au début, je me suis dit que ça allait être sûrement très ennuyant. Et puis j’ai commencé à écrire. J’ai parlé de mon enfance et j’ai repensé au frère de ma mère qui s’était affamé au point d’en mourir. Bien sûr, c’est de là que "Hand. Cannot. Erase" vient ! Cette femme qui est retrouvée morte dans son appartement et son corps est retrouvé au bout de deux ans ! C’est là que je réalise et que je me dis : "Bien sûr ! Cela fait partie de mon histoire !". Ce n’est pas que je ne savais pas, mais je n’avais jamais fait le rapprochement.


Cette histoire t’a influencée de manière inconsciente.

Steven : Oui ! Ma marraine s’est pendue, mon cousin a changé de sexe… J’ai eu des évènements particuliers dans ma vie privée. J’ai commencé à écrire tout ça. Je me suis marié il y a trois ans et ma femme est l’exact opposée de ma partenaire précédente. C’était une Japonaise. Ce sont des gens très réservés. Ma femme est Israélienne, elle est totalement différente…


On parlait de ta voix. Tu as déjà parlé de ton manque de confiance en toi en ce qui concernait ta voix. Peut-être que ton mariage t’a aidé à retrouver un peu de confiance à ce niveau-là ?

Steve : Probablement. J’en suis sûr ! C’est un facteur. Mais j’ai aussi beaucoup développé ma voix avec ma carrière solo ces dix dernières années. J’étais déjà le frontman de Porcupine Tree auparavant, mais quand j’ai lancé ma carrière solo, j’étais vraiment "le frontman" ! J’ai même posé ma guitare sur certains morceaux pour me dédier entièrement au chant !

Richard : S’il y a quelque chose que je n’aime pas chez certains fans, ce sont ceux qui disent : "Porcupine Tree, c’était Steven Wilson". Mais pour moi, même si c’étaient les chansons de Steven et même s’il avait le contrôle, cela sonnait Porcupine Tree ! Il y a une raison à cela, c’est qu’il y a d’autres personnes dans le groupe ! Mais ça, ce n’est jamais accepté par les fans ou les journalistes !


Tu disais que ta façon d’aborder l’écriture était différente selon si tu travaillais pour toi-même ou Porcupine Tree. Pour autant, certaines chansons présentes sur ce nouvel album "Closure/Continuation" auraient pu se retrouver sur l’un de tes albums solos.

Steven : Laisse-moi deviner, tu parles de ‘Walk The Plank’ ?


Ah, pas vraiment ! Plutôt ‘Of The New Day’ ou ‘Dignity’.

Steven : ‘Of The New Day’ est le seul morceau que j’ai écrit tout seul. ‘Dignity’ en revanche…

Richard : …a vraiment la marque de Porcupine Tree.

Steven : C’est Richard qui l’a essentiellement écrite.

Richard : Elle a un côté nostalgique. Elle a un côté "vieux Porcupine Tree".

Steven : La structure, le voyage musical, l’intro, l’ambiance… Tout ça c’est du Porcupine Tree. Après, les lignes sont floues, forcément.


Automatiquement, car Steven, tu es le frontman. Mais vous avez totalement raison ! Pour finir, votre album s’appelle "Closure/Continuation". On peut se demander si cet album sera votre chant du cygne ou non. Qu’est-ce qui va déterminer cela ? L’accueil de l’album par le public ? La tournée, peut-être ?

Richard : Non, on ne sait pas à vrai dire. Je pense que pour que cela continue, il faut que nous n’ayons pas de pression et qu’il n’y ait pas d’attente.

Steven : Pour moi, il faut que je ressente le besoin d’avoir quelque chose de nouveau à dire. Il faut que l’on puisse mesurer une évolution. Sur cet album, il y a un morceau où il n’y a pas de guitare. Il y a juste Richard et moi aux claviers et Gavin. C’est quelque chose que l’on pourrait expérimenter davantage à l’avenir ! Un album sans guitare ! Les fans détesteraient, mais on s’en fout ! D’un point de vue purement créatif, cela pourrait être un moyen pour nous de se renouveler.





Merci beaucoup !

Steven : Tout le plaisir était pour moi...

Et merci à Calgepo et à Newf pour leur contribution aux questions !



Plus d'informations sur https://porcupinetree.com/
 
(9) COMMENTAIRE(S)  
 
 
SPIRIT OF SUMMER
27/03/2023
 
115
0
Perso je n’hésite pas à dépenser 70 balles pour voir un de mes groupes préférés, d’autant plus pour ce qui risque d’être leur dernière tournée.
THIBAUTK
27/03/2023
  1
Ensuite je pense qu'il faut arrêter de se plaindre: si on va voir un artiste populaire, ça sera nécessairement dans une grande salle et donc ça va coûter bon bon, sinon il faut soutenir les artistes plus confidentiels et fréquenter de moins grande envergure... Parfois il y a peu d'intérêt à aller voir des artistes populaires, qui n'ont plus rien à dire (comme Steven)... Ceci étant mon point de vue évidemment.
THIBAUTK
27/03/2023
  0
Effectivement certaines places sont assez chères, mais il ne faut pas oublier que monter un spectacle est une entreprise qui coûte de l'argent. Par ailleurs le tarif de location des places est exorbitant (notamment à Paris). Alors oui, il faut trouver un juste milieux, mais 67 balles ne me semble pas très cher pour un concert d'un artiste comme Steven, surtout si c'est dans dans une grande salle.
TONYB
27/03/2023
  1
67 € ? C'est peu ou prou le tarif pour les groupes de cette importance aujourd'hui quand tu vas dans une salle type Zenith ou Arena. A comparer aux 150 pour Pet' Gab', ou encore 220 € récemment pour Sting ici à Poitiers.
TOWNSEND LE DEVIN
27/03/2023
 
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Pour voir Porcupine Tree en concert vers chez moi il faudrait débourser entre 67 et 90 euros.... Mais de qui se moque t on?
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