... une entrevue qui nous mène partout où la route va entre notamment les raisons de son arrivée en France en tant que premier artiste signé chez Dixiefrog -LE label blues hexagonal-, le changement radical de l'industrie du disque avec l'arrivée du rap, la rencontre avec Stevie Ray Vaughan et surtout la place du blues dans sa vie qui n'est pas une passion mais une raison de vivre... Une nouvelle interview en forme de leçon de vie...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent et à laquelle tu aurais marre de répondre ?
Neal Black : Les questions qui reviennent le plus souvent sont : "Quand as-tu commencé à jouer de la guitare ?", "Quelles sont tes influences ?"… ce type de questions…
Eh bien merci, l’interview est terminée, je n’ai pas d’autres questions…
(Rires)
Plus sérieusement, nous allons évoquer ce best-of "Wherever The Road Takes Me" qui résume 30 ans de carrière et 13 albums. Comment as-tu choisi les morceaux qui y figurent ?
C’était difficile mais l’équipe de Dixiefrog m’a envoyé une liste de ses titres préférés en parallèle d’une liste que j’avais faite de mon côté. En échangeant les listes, nous avons constaté que nous avions presque les mêmes à l’exception de cinq ou six titres…
Comment expliques-tu ça ?
Je ne sais pas. C’était une belle coïncidence !
Où est-ce à dire que ta discographie contient des titres incontournables ?
Oui, je le pense. Nous avons choisi nos titres préférés mais également des titres un peu plus obscurs…
… d’autres titres moins connus qui reflètent la palette de couleurs de ta musique…
Exactement ! C’est vrai ! Et avec un peu de chance, en les incluant dans ce
best-of, ils seront de nouveau exposées au public qui les aura peut-être oubliés.
Tu fais partie des artistes les plus anciens du label Dixiefrog, et aussi des plus fidèles. Comment expliques-tu ton attachement au label français ?
Tu sais, j’ai été le premier artiste blues rock de Dixiefrog et quand je suis arrivé en France en 1993 pour signer le contrat, j’ai rencontré Philippe Langlois qui était le patron du label à cette époque, il était naturel et vrai et nous avons immédiatement eu un rapport confortable.
Mais ce n’était pas évident en 1993 qu’un artiste blues américain signe sur un label français…
Entre 1985 et 1987 jusqu’en 1995, il y a une explosion du blues aux Etats-Unis avec Stevie Ray Vaughan, The Fabulous Thunderbirds, George Thorogood, Robert Cray…
La popularité de ce style de musique aux Etats-Unis commençait à passer l’Atlantique pour arriver en France et c’était le bon moment pour moi pour signer avec Dixiefrog.
Mon représentant m’a dit que cette explosion du blues allait bientôt
prendre fin sachant que quelque chose allait arriver qui allait tout
changer dans le business de la musique : le rap !
Mais tu n’avais pas d’autres opportunités ?
Bien sûr que si ! En fait, j’allais signé sur une major aux Etats-Unis et à la dernière minute, je n’ai pas signé parce que mon représentant m’a dit que cette explosion du blues allait bientôt prendre fin sachant que quelque chose allait arriver qui allait tout changer dans le business de la musique : le rap ! Il m’a donc déconseillé de signer ce contrat en me conseillant de trouver autre chose.
C’était un vrai visionnaire ! Il m’a dit que le rap allait révolutionner le business de la musique : ce style de musique ne nécessite pas de vrais musiciens, d’un groupe… et qu’il allait être le plus gros vendeur de musique pendant des années et des années. Dans ces conditions, effectivement -et ça s’est réalisé- l’explosion du blues aux Etats-Unis avait fait son temps alors que finalement, cette explosion du blues ne faisait que commencer en France et en Europe : c’était donc le moment parfait pour signer avec Dixiefrog.
Pour revenir à ton actualité, sortir ce best-of est-il ton idée ou une idée du label ?
C’est une idée du label ! Ils l’ont également fait avec Fred Chapellier, Johnny Gallagher…
Pour en avoir parlé avec Fred Chapellier justement, il nous avouait que c’était l’occasion de faire redécouvrir sa discographie et notamment des titres moins connus comme nous l’avons évoqué dans le choix des titres figurant pour ton best-of…
C’est vrai, c’est de rencontrer quelqu’un qui ait acheté tous les albums de Neal Black… Et dans ce
best-of, se trouvent des titres extraits du premier et deuxième album sortis avec Dixiefrog en 1993 et 1994, épuisés depuis (NdStruck : respectivement les albums "Neal Black & the Healers" et "Black Power"). C’est donc vraiment difficile de trouver ces CDs aujourd’hui, nous avons donc décidé de mettre quelques titres de ces albums qui ne sont plus disponibles dans ce
best-of.
Tu as expliqué les raisons de ta signature chez Dixiefrog en 1993 en revanche, ces dernières années, nous avons interviewés plusieurs artistes de blues comme Natalia M. King, Phillip-Michael Scales et Archie Lee Hooker qui en ont fait de même. Comment expliques-tu cela vingt après ?
Parce que Dixiefrog a une bonne réputation : c’est un label proche, qui soutient ces artistes et personnel…
De 1993 à ce jour, dès que j’ai une question, je peux appeler le patron de la maison de disques et c’est quelque chose de très rare. Je ne dis pas que pour autant qu’il répondra toujours favorablement à mes questions mais je sais que j’aurai une réponse - à savoir qu’une réponse même négative me permet de savoir quelle direction choisir.
J’ai travaillé dans des plus grosses compagnies -pour d’autres projets- et ça prenait trop de temps d’avoir une réponse et en attendant, tu ne peux pas avancer parce que tu ne sais pas quelle direction prendre.
La force de Dixiefrog est donc sa dimension humaine ?
C’est exactement ça ! J’ai été signé chez Universal et Warner Bros quand j’écrivais des chansons pour d’autres artistes, quand tu te rendais dans les bureaux, c’était extravagant ! Tu étais reçu par un mec avec une chemise blanche et une veste noire qui te servait du café et des croissants… mais finalement, il faut bien savoir que ce n’est pas le patron d’Universal ou de Warner qui paient ça, ce sont bel et bien les artistes !
As-tu concrètement observé une différence sur les pourcentages reversés à l’artiste par album ?
Le pourcentage reversé aux artistes est beaucoup plus important avec Dixiefrog que sur une
major : mais je me souviens d’avoir écrit une chanson pour un artiste représenté par Warner, j’avais touché un pourcentage moindre que celui que je touche avec Dixiefrog mais parfois, tu vends plus d’exemplaires, si bien que finalement, le résultat est quasiment le même…
Je voulais également dire qu’en 1993, quand j’ai eu cet
endorsement avec Gibson en France, André (NdStruck : André Brodzki) était déjà mon représentant. Si bien que quand il a repris Dixiefrog, j’étais très heureux parce que je le connais depuis le début : c’était une belle coïncidence de travailler à nouveau ensemble…
Le public européen apprécie plus le blues que l'américain !
Tout ce que tu as expliqué sur la traversée de l’Atlantique du blues et quelques-uns de ses artistes, pourrions-nous dire que paradoxalement, le blues est devenu une musique plus européenne qu’américaine ?
Je pense que oui pour ce qui est de l’appréciation du public : le public européen apprécie plus le blues que l'américain !
Ce n’est pas pour autant une question d’appréciation de style musical : à une époque, le blues rock était vraiment très populaire aux Etats-Unis parce que les médias, les maisons de disques, MTV… présentait ces artistes au public qui achetait.
Tu dis que si le public européen et français plus spécifiquement a un attrait pour le blues, c’est grâce à des médias comme Music Waves par exemple ce qui n’est plus le cas aux Etats-Unis ?
Bien sûr ! Par exemple, je citais MTV, cette chaîne ne diffuse plus de musique aujourd’hui… Mais dans les années 1980 et 1990, le blues était un style très populaire. Regarde un artiste comme Popa Chubby qui est très populaire en Europe, en revanche, il n’est pas très connu aux Etats-Unis parce que ce style musical a un public très restreint : c’est la raison pour laquelle je suis venu en France !
Mais le public est également le cas en Europe et en France, c’est une musique de niche…
Oui, à la différence que le public européen -pas seulement le public français- te soutient beaucoup plus… Ce ne sont pas des artistes blues mais regarde par exemple Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou encore Hervé Vilard connu pour son tube dans les années 1960 ‘Capri c’est fini’ : il m’a demandé de travailler avec lui, et son manager m’avait invité à le voir en concert et son public est exactement le même que celui depuis ‘Capri c’est fini’. C’est la même chose avec Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers qui ont le presque même public depuis leurs débuts…
Je sais qu’en France et en Europe, le public reste fidèle à ses artistes alors qu’aux Etats-Unis, une année, on adore le blues rock, l’année suivante, on aime la musique country, et ensuite, le rap…
Est-ce lié à la mentalité américaine parce que finalement, on peut faire le parallèle avec le sport : lors d’un match de baseball, on n’a pas le sentiment d’avoir des supporters en tribune mais un public venu passer du bon temps à manger et boire alors qu’en Europe, ce sont parfois des hordes de supporters déchaînés voire incontrôlables qui peuplent les stades ?
C’est ça ! Et en Amérique, ils ont toujours pensé que ce qu’ils avaient serait toujours là… et aujourd’hui, ils commencent à réaliser qu’ils perdent une partie de leur culture avec le jazz, le blues… : les vrais musiciens ne peuvent plus continuer, dans plein de villes, des orchestres symphoniques dans des grandes villes disparaissent parce qu’ils n’ont aucun soutien.
Mais doit-on craindre que cela arrive en Europe puisqu’on sait tous que toutes les dérives outre-Atlantique débarquent chez nous dix ou vingt ans plus tard ?
C’est vrai que toutes ces dérives arrivent doucement. Mais je pense que cette appréciation de la culture en France et en Europe restera toujours et sera toujours plus importante qu’aux Etats-Unis.
Sauf qu’on constate tous que la consommation de musique même ici France change : nous sommes désormais plus en mode playlist et non plus dans l’écoute globale et immergée d’un album…
Ça arrive en France parce qu’un artiste peut être connu avec seulement une chanson qui a eu 5 millions de vues sur YouTube et non plus pour son album…
Stevie Ray Vaughan est probablement la personne la plus gentille que j'ai jamais rencontré dans ma vie.
Pour en revenir à toi et ta carrière, tu as croisé la route des plus grands, joué avec eux (notamment avec Stevie Ray Vaughan)…
Oui nous avons joué en première partie de Stevie Ray Vaughan pendant environ deux ans au Texas avant qu’il ne signe son gros contrat. Je dois avouer qu’en tant que musicien, j’ai croisé énormément de personnes mais Stevie Ray Vaughan est probablement la personne la plus gentille que j’ai jamais rencontré dans ma vie.
… d’autres artistes apparaissent sur cet album, comme Robben Ford qui pose un solo plein de feeling comme il en a le secret sur le titre ‘All For Business’. Avec le recul, quels sont ceux qui t’ont le plus impressionné ?
Hum, c’est difficile de répondre mais je répondrais Stevie Ray Vaughan également : j’étais un fan de sa musique bien évidemment mais j’étais encore plus fan de lui en tant que personne !
Bien sûr, c’était un grand guitariste mais à cette époque, au Texas, il y avait plein de grands guitaristes aussi bons que Stevie Ray Vaughan, mais Stevie Ray Vaughan est celui qui est devenu connu et qui a signé un gros contrat. Mais en tant que personne, j’ai vraiment été impressionné par Stevie Ray : c’était le mec qui était capable de devenir le meilleur ami du pompiste lorsque nous nous arrêtions faire le plein à la station. Un autre exemple, quand nous assurions sa première partie, il venait toujours nous voir jouer attelé au bar : il ne restait pas dans les loges à faire sa star, il venait dans le public -au bar- et nous regardait jouer… Il pouvait être assis à côté de quelqu’un à ce bar -il avait une bague à chaque doigt- et s’il voyait une jolie fille, il pouvait lui donner : je l’ai vu faire quand je jouais… Parfois, la fille se demandait qui était ce mec louche avec son drôle de chapeau et ce visage amusant (Rires) mais il a toujours agi de la sorte…
Et quand il est devenu une star en sortant son premier album, nous assurions toujours sa première partie. Nous étions dans une toute petite loge avec des caisses de bières alors que sa loge était immense avec du caviar, du homard… Je me souviens qu’il venait dans notre loge pour nous dire de venir dans la sienne et nous faire plaisir : il était comme ça !
J’avais le rôle du méchant producteur américain !
Tu vas jouer prochainement à Paris. Est-ce que tu feras comme Stevie Ray Vaughan lorsque Fred Chapellier assurera ta première partie : donneras-tu tes bagues aux filles qui t’entoureront au bar ?
(Rires) J’y penserai (Rires) ! Mais Fred Chapellier est également quelqu’un qui m’a impressionné : je co-produisais un album pour une chanteuse française Nina Van Horn, certains musiciens qui venaient pour l’enregistrement n’étaient pas bons et mon boulot était de leur dire : "Voici ton argent : merci !". J’avais le rôle du méchant producteur américain (Rires) !
Et quand Fred s’est présenté pour cette session d’enregistrement, je ne le connaissais pas et je me disais que j’allais à nouveau devoir annoncer : "Merci, vous pouvez arrêter de jouer ! Prenez votre argent !". Mais Fred a joué quatre ou cinq notes de la chanson et je me suis dit que je n’avais plus rien à faire dans le studio, je pouvais sortir fumer une cigarette parce que ce mec savait exactement ce qu’il devait faire dans cette situation ! Quand il a terminé de jouer le morceau, je lui ai dis qu’il jouait super bien et que c’était un soulagement d’avoir un tel musicien sur ce projet. Nous avons eu une connexion immédiate en tant que guitariste et nos personnalités sont très proches. Et je lui ai dit que j’avais une tournée en Norvège qui arrivait dans dix jours et comme j’avais besoin d’un autre guitariste s’il voulait venir avec nous. Mais nous n’avions pas le temps de répéter, je lui ai donc envoyé les chansons en mp3, on s’est revu à l’aéroport à Paris dix jours plus tard et on a fait la tournée et c’était super… Depuis ce temps, nous sommes des amis très proches avec Fred !
Ce best-of montre toute l’étendue de ton éclectisme en tant que musicien de blues. Tous les styles sont représentés, du chicago blues au texas blues en passant par la country (‘The King Of San Antone’), le rock and roll (‘Did You Ever’) et plein d’autres. C’est vraiment impressionnant. Y a-t-il des styles que tu aimerais encore approfondir aujourd’hui ou penses-tu avoir fait le tour de toutes les possibilités qu’offre le blues ?
J’ai déjà commencé à travailler sur le nouvel album mais mon rêve est de collaborer avec des musiciens de Tinariwen, un groupe du Mali, un groupe de musique touareg, ce sont des musiciens qui voyagent dans le désert. Quand tu écoutes leur musique, il y a une connexion énorme avec le blues américain. C’est un style de musique très ancien mais encore une fois, quand tu l’écoutes, ça sonne comme ZZ Top mais ZZ Top cent ans avant… Et j’aimerais faire quelque chose avec ces musiciens arabes du désert, cette musique touareg me fascine vraiment ! Il y a un autre guitariste touareg - Bombino- aussi appelé le Hendrix de la musique touareg…
En quelque sorte, tu aimerais faire évoluer ton blues un peu comme Grant Haua qui mêle le blues à ses racines néo-zélandaises ?
Oui, je suis un grand fan de Grant : nous avons joué ensemble quelques concerts en mars et fait une émission en Allemagne et nous allons rejouer ensemble en juillet.
Grant est un autre excellent exemple de quelqu’un qui a compris les origines du blues et qui a créé son propre style : c’est super cool !
Et c’est ce que tu aimerais faire dans le futur en fusionnant ton blues avec la musique touareg ?
Exactement !
Et ça sera sur le prochain album ?
Je l’espère mais c’est une question de logistique : il faut que je contacte les personnes de Tinariwen et qu’on voie s’ils sont disponibles et surtout s’ils veulent travailler avec moi… A ce stade, c’est juste un rêve mais j’espère que ça marchera !
"Wherever The Road Takes Me" comprend 18 titres en studio et 8 titres en live. Sur la partie studio, tu privilégies l’émotion plutôt que la technique guitaristique pure, alors que sur la partie live, tu exprimes toute ta virtuosité à la guitare. Est-ce que pour toi, le studio et le live sont deux approches très différentes ?
Sur la partie studio, on a les invités pour jouer de l’harmonica, le saxophone, les cuivres… alors qu’en live, nous ne sommes que quatre, je dois donc faire beaucoup plus de solos qu’en studio.
Et en live, un long solo de guitare n’est pas trop long alors que sur un album studio, quand tu l’écoutes la deuxième fois, tu te dis que le solo est trop long et tu perds ainsi parfois l’attention du public si bien qu’au lieu de faire trois ou quatre solos de guitare, je partage en mettant un solo d’harmonica, un autre de piano…
Dans cette optique, on pourrait te rapprocher de Mark Knopfler qui a fait le même choix que toi. D’ailleurs, ‘Jesus And Johnny Walker’ fait penser à cette influence. Te sens-tu proche de lui dans ton approche de la musique ?
Oui, et c’est drôle parce que peu de personnes notent cette influence pour cette chanson. Mais c’est surtout au niveau de la guitare rythmique qui est un peu Dire Straits.
La partie live de l’album est beaucoup plus blues rock. Il y a d’ailleurs trois titres déjà présents sur la partie studio qui montrent bien les interprétations différentes que tu peux en faire, notamment ‘Did You Ever’ dans une version plus boogie que l’original et ‘Handful Of Rain’ dans une version plus shuffle. Mais surtout tu as des musiciens fantastiques qui t’accompagnent, pourtant, il semble que The Healers est un groupe qui change souvent et qui s’apparente plus à un collectif…
C’est vrai ! The Healers en studio est un projet qui change tout le temps mais en live, The Healers sont généralement les mêmes personnes depuis très longtemps comme Mike Lattrell le pianiste qui joue avec moi depuis 12 ans et Abder Benachour à la basse avec qui je joue depuis 14 ans… -en fait, Abder était le bassiste de Fred avant et quand Fred a changé, j’ai demandé à Abder de travailler avec moi…- le batteur quant à lui change parce que les batteurs ont plein d’opportunités de changer dans ces conditions, le batteur le plus récent -Natan Goessens- travaille avec moi depuis 4 ans…
Tu as également inclus dans ce best-of le titre ‘Saints of New Orleans’ extrait de l’album que tu avais enregistré avec Larry Garner… pourquoi avoir choisi cette chanson qui m’évoque personnellement Randy Newman ?
(Rires) Tu sais quoi ? Ce titre m’a été inspiré par une chanson pop ‘Give it All’ et je voulais être sûr que Larry participe à cette chanson parce qu’il vient de Louisiane, il vit à Bâton-Rouge. Cette influence était intéressante parce que cette chanson est un peu cynique dans les textes qui ne sont pas censés être une attaque vers la Nouvelle-Orléans mais ce n’est pas très positif… : c’est la façon dont je vois la Nouvelle-Orléans.
Et finalement quelles sont tes attentes pour ce best-of ?
Comme d’habitude, faire des dates, des tournées… J’espère surtout que c’est quelque chose que le public appréciera.
Nous avons commencé par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?
"Pourquoi les musiciens font ça ?"
Pourquoi fais-tu ça ?
Aujourd’hui, à ce stade de ma vie, j’ai réalisé pourquoi je faisais ça, j’ai réalisé ça lors de ces dix dernières années.
Un concert est une évasion
Pourquoi pas avant ?
Avant, je faisais ça pour prouver que j’étais un super musicien, que je pouvais écrire de bonnes chansons, que je pouvais être un bon leader de groupe, que j’étais un bon guitariste…
Aujourd’hui, j’ai réalisé que c’était très égoïste de raisonner ainsi, lors de ces dix dernières années, j’ai réalisé que mon boulot était certes de jouer le mieux possible mais c’est surtout que tous les soirs quand les gens viennent nous voir, mon boulot est qu’ils repartent du concert heureux. En fait, un concert est une évasion pour oublier la guerre, le Covid, l’économie…
Pour oublier les problèmes de la vie, les gens vont aux concerts, au théâtre, au stade… toutes ces choses les font redevenir humains à nouveau. La raison pour laquelle je fais ça et je l’explique à mes musiciens et ils sont tous d’accord, je leur demande : "Pourquoi faisons-nous cela ? Pourquoi conduisons-nous six heures pour jouer dans un club et le lendemain, cinq heures pour jouer dans un festival ?", la raison est parce que -qu’il y ait cent ou cinq milles personnes- s’ils repartent contents, nous avons fait notre boulot.
Notre métier est de rendre les gens contents, de leur faire passer du bon temps comme quand tu vas à un restaurant et que le chef te sert un putain de super repas et tu ressors en te disant que c’était fantastique.
Et toi dans ces conditions, qu’est-ce qui te rend heureux ?
Ça !
[La musique] n’est pas ma passion, c’est mon but !
C’est un cercle vertueux en somme ?
C’est un cercle sans fin, c’est vrai : c’est un cercle difficile mais je l’adore et je ne sais rien faire d’autre… Certaines personnes me demandent si c’est ma passion mais ce n’est pas ma passion, c’est mon but ! Je fais de la musique comme je mange : je mange pour survivre comme je bois de l’eau ou je respire, pour les mêmes raisons, je dois jouer de la musique.
C’est trop tard pour changer aujourd’hui : je dois faire de la musique, c’est au-delà de la passion. C’était de la passion quand j’avais 35 ans mais aujourd’hui, la musique représente 100% de ma vie…
Que se passerait-il si jamais pour diverses raisons tu ne pouvais plus jouer ?
Je pense que je n’y survivrais pas. Je le pense vraiment parce que c’est désormais connecté à mon existence : ma vie est 100% dédiée à la musique.
Une des rares choses que j’apprécie en dehors de la musique pour m’évader est de regarder South Park en fin de journée : j’adore (Rires) ! Je considère que c’est la captation parfaite de la vraie vie dans le monde : c’est un peu dangereux, un peu stupide, parfois un peu vulgaire…
… beaucoup…
… mais c’est ce que pense la majorité des gens au fond de leur esprit à propos de la vie mais n’osent pas dire.
Je regarde cette série humoristique autant que possible et les Monster Trucks, ces camions avec d’énormes roues qui écrasent des voitures : c’est totalement stupide sans aucun intérêt sauf celui de voir des voitures entrer en collision. Ça coûte des milliers d’euros pour détruire des voitures, il n’y a strictement aucune logique. Mais le public réagit comme un supporter du PSG : il devient fou quand un véhicule est détruit (Rires) ! J’apprécie vraiment ça (Sourire) !
On sait désormais tout de Neal Black. Merci !
Merci mon frère !
Merci à Newf pour sa contribution...