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TITRE:

CELESTIN (23 MAI 2022)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POP



Au moment d'ouvrir son "Deuxième acte", Célestin se dévoile plus que jamais...
STRUCK - 13.07.2022 -
5 photo(s) - (0) commentaire(s)

Derrière le nom de scène Célestin -qui ne coule pas de source- se trouve Sébastien Rambaud. Celui qui est connu pour être la moitié des Fills Monkey revient avec son deuxième album au sein de son projet solo intimiste et nous en parle en détails dans cette interview découverte...





Quelle est la question qu’on t'a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?

Sébastien Rambaud : C’est une bonne question et ce n’est pas ce genre de questions : celle-ci, on ne me l’a pas souvent posée et même peut-être pas assez parce-que honnêtement, je pense qu’il n’y a pas grand-chose qui me gave, donc non, il n’y a aucune question qu’on m’a trop souvent posée pour le moment.


On va revenir à ton nom de scène, Célestin. Dans un titre, on apprend que c'est ta mère qui t'a appelé Célestin mais apparemment ce serait faux puisque tu ne serais autre que Sébastien Rambaud, l'un des deux batteurs de Fills Monkey. Pourquoi avoir décidé de redonner un peu de popularité à un prénom peu usité de nos jours et comment la personnalité Célestin influe-t-elle sur Sébastien Rambaud ?

Je me suis posé la question si je devais utiliser mon nom ou si je devais trouver un nom de projet parce que Célestin est pour moi un nom de projet. Tu l’as dit dans ta question, j’ai un autre projet Fills Monkey qui est quand même très différent : dans ce projet, je ne joue que de la batterie et dans Célestin, je fais de la guitare…


Il y a quand même des liens comme notamment sur ‘Le Temps’ sur lequel tu reformes le temps d’un titre le duo Fills Monkey justement…

Disons que j’invite les autres 50% des Fills Monkey. Pour le coup, dans Fills Monkey, il n’y a pas de paroles et il n’y a pas d’aspect mélodique parce que c’est un groupe qui est beaucoup plus basé sur les percussions et sur l’humour ce qui n’est pas vraiment le cas de Célestin… On ne peut pas vraiment parler de reformation des Fills Monkey.
Pour finir de répondre à ta question initiale, j’ai donc cherché un nom de projet pour que les gens ne soient pas perdus entre mon passé de métalleux - j’ai beaucoup écouté de metal, j’étais un grand fan de Tool, j’ai joué pendant 10 ans dans un groupe qui s’appelait JMPZ et qui mixait des influences jungle, techno et metal… et j’ai également joué dans un groupe Innuendo qui était une sorte de pop bien metal avec notamment le guitariste d’Alpha Blondy, Julien Lacharme avec lequel je joue depuis 20 ans et qui figure sur le titre ‘Hommage au clitoris’- les Fills Monkey et Célestin qui sont des projets très, très différents… Finalement, ça aide autant les gens que moi-même de mettre des étiquettes !


Je commence un peu à me trouver, je commence à savoir où je vais et où je ne vais pas…




Quelles ont été les écueils connus sur le premier album "Poussières de luxe" que tu as cherché à éviter sur le second ?

Le premier album a été enregistré avant le confinement mais c’est vrai que les deux ans que nous venons de passer m’ont permis de prendre beaucoup plus de temps pour développer ce projet.
Le premier album était le premier que j’enregistrais en tant que guitariste, chanteur, compositeur ce qui était vraiment nouveau pour moi et donc bien évidemment, on se cherche, on commet des erreurs… Je suis allé dans pleins de directions sans vraiment trop savoir et c’est quelque chose que j’ai un peu moins fait sur ce deuxième album : je commence un peu à me trouver, je commence à savoir où je vais et où je ne vais pas…
Et pour avoir composé la moitié du troisième album -qui est allé beaucoup plus vite que prévu-, je pense que je vais pouvoir me recentrer encore plus. Je vois que je vais encore dans pleins de directions sur ce deuxième album comme ce titre dont on parlait avec Yann (NdStruck : Yann Coste, le deuxième membre de Fills Monkey) où le côté batterie, percussions est beaucoup plus mis en avant…
Je pense que je vais encore pouvoir recentrer le propos sur le troisième album et peut-être les suivants (Sourire)… On verra : je n’ai pas prévu de m’arrêter en si bon chemin !


Tu as évoqué le confinement. Justement, pleins d'artistes ont voulu avoir leur mot à dire sur leur expérience du confinement et du coronavirus, ces témoignages en musique ne risquent-ils pas d'être indigestes et quelque peu déplacés en regard de la situation sanitaire vécue par chacun d’entre nous ?

Oui, on peut se poser cette question et très honnêtement, je me la suis évidemment posée mais la réponse a été relativement simple à trouver : Célestin est mon moyen d’expression. J’exprime tout ce que j’ai dans la tête et je le fais sans aucune prétention : je suis un humain, un citoyen parmi d’autres et j’exprime ma voix par l’intermédiaire de la musique et de mes mots. C’est donc toujours de la poésie -ou tout du moins ma poésie- avec du deuxième degré. Et effectivement dans ce cadre, je m’exprime assez franchement.
Et comme je le disais, je me découvre au fur et à mesure. Tu fais certainement référence au titre ‘#Destitution’ qui est assez évocateur rien par son titre : c’est une chanson très politique, très assumée où je cite des noms… C’est une chanson que j’assume toujours autant deux ans après -après, il faudra juste changer quelques prénoms et repartir sur la même chose- c’est un point de vue qui peut paraître un peu tranché mais que j’assume totalement : dans un modèle qu’on appelle "démocratie", un président comme celui-ci n’a clairement pas sa place. C’est mon point de vue mais ce que je trouve intéressant, c’est d’ouvrir la discussion et se confronter avec d’autres gens…


Et au lendemain de la réélection de ce même président pour cinq ans….

C’est bien, ma chanson sera d’actualité pendant encore cinq ans (Rires) !


… au contraire, ne regrettes-tu pas que ton message n’ait pas trouvé d’écho puisqu’on repart pour un nouveau mandat ?

Pour le coup, je m’exprime au travers non seulement de mes mots mais du clip… Quand on s’embarque dans ce genre de truc, tu sais que tu n’auras pas que des échos positifs : ce qui intéressant, c’est d’ouvrir le débat comme cette discussion que je trouve intéressante… Mais bien évidemment, en écrivant cette chanson, je n’avais pas la prétention de changer le cours de l’histoire et faire en sorte que les gens pensent à mes mots au moment de voter… On n’est pas du tout sur ce genre de questionnement….


… en revanche, d’autres le sont…

Peut-être parce qu’ils sont beaucoup plus médiatisés et qu’au bout d’un moment, ils se rendent compte de l’impact qu’ils peuvent avoir. De mon côté, c’est évident que quand j’écris une chanson, je ne me dis pas un seul moment que je vais avoir un impact qui va changer le cours des choses… et pour être franc, je ne suis pas sûr de vouloir arriver à un moment où ma parole aura un poids et donc avoir une plus grosse responsabilité.


Dans le prolongement de ton raisonnement, sur le premier titre 'Qu'est-ce qu'on fait là ?' de ce nouvel album, ta voix émerge de derrières les ténèbres figurées par des boucles de synthés, le débit de paroles se fait assez rapide, en raison de l'angoisse et de l'absence d'une réponse définitive. Si la solution ne peut-être trouvée, tu tentes toutefois d'apporter des pistes et un peu de réconfort. Est-ce que tu crois au rôle thérapeutique de la musique ?

Je crois au rôle thérapeutique de la musique dans certains cas mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas du tout l’idée de Célestin !


Même pas pour toi, un aspect cathartique dirons-nous ?

Alors si, forcément ! Dans l’expression des mots déjà, il y a quelque chose de cathartique comme tu dis parce-que ça permet de sortir les choses…
Effectivement, dans la composition et dans mon cas, j’ai une sensibilité à la mélodie que je ne pouvais moins exprimer avec la batterie même si j’ai un jeu plus mélodique que rythmique. C’est quelque chose que je ne mentalise pas forcément mais bien sûr, quand je vais écrire une mélodie, quand je vais chercher des lignes d’accords… je vais essayer de toucher quelque chose et si les émotions ne viennent pas, c’est que ce n’est pas la bonne mélodie, la bonne grille d’accords…
Si ça me touche, je pars du principe que ça va toucher d’autres personnes… Mais j’ai aussi compris qu’une fois que la chanson est mise à la disposition du public, elle ne t’appartient plus et finalement, les émotions que tu as essayé de mettre dedans et que tu as eues et celles que les gens vont avoir, parfois, ça n’a rien à voir et je pense que ce n’est pas grave…
En revanche, pour ce qui est des paroles, je ne sais pas s’il y a vraiment une libre interprétation sachant qu’il y a des textes très clairs avec un côté engagé…


Et concernant ce côté engagé, comment évites-tu de tomber dans des propos trop sentencieux ou au contraire, dans de la philosophie de comptoir du style Grand Corps Malade ?

Ecoute, je suis assez fan de Grand Corps Malade : j’adore sa poésie, j’adore sa plume... Je me reconnais dans ses idées mais je peux comprendre le côté "facile" mais je trouve beau d’écrire comme lui…
Pour le coup, j’ai un peu cette pudeur : j’essaie de ne pas tomber dans un truc qui pourrait paraître un peu "facile" ou un peu "convenu"… mais j’ai l’impression que plus ça va, plus je me dis que même si ce que je vais exprimer me paraît simple et même si pleins de gens l’ont fait avant et mieux que moi, pourquoi n’aurais-je pas le droit de le faire un petit peu à ma manière, finalement ?
C’est vrai que j’ai toujours en tête d’utiliser le cadre que j’ai défini c’est-à-dire de la poésie, des rimes, des jeux de mots, un deuxième sens… mais finalement, il y a des choses qui sont servies par la simplicité. Pour ne pas tomber dans cet écueil, je vais utiliser des tiroirs mais je me rends qu’en disant les choses simplement, clairement, c’est ainsi que ça passe le mieux ! Quand on parle d’amour par exemple, effectivement tu te dis que c’est facile, tout le monde l’a fait… mais finalement, j’ai l’impression que plus j’avance et je me rends compte que qu’est-ce qu’il y a de plus simple que de dire : "Je t’aime !" quand on aime quelqu’un...


Même si vos univers musicaux sont un peu éloignés, tu te rapprocherais un peu du Belge Stromae, qui réussit sur des rythmes dansants à parler de sujets sérieux. Célestin est-il le cousin français du Belge ?

Stromae est une de mes références, une des personnes que j’écoute… C’est sûr qu’il y a un côté Stromae dans Célestin ! Mais de façon plus générale, je pense que Célestin se nourrit de tout mon background musical qui est vaste : j’ai écouté du metal, je suis un immense fan de Brassens, j’ai beaucoup écouté Renaud, je suis admiratif des Beatles et de toute la pop anglaise Police, Queen…
Sans vraiment le réfléchir, il y a un côté assez instinctif dans ce que je fais : pour être honnête, je n’écoute pas vraiment le style de musique que je fais. Après ce premier album qui partait un peu dans tous les sens, j’ai voulu m’inscrire dans quelque chose d’assez actuel et je me suis remis à écouter la musique un peu actuelle : il y a des choses que je trouve super et d’autres que je n’aime pas et honnêtement, je ne sais pas si j’aimerais Célestin si je devais tomber par hasard dessus à la radio : peut-être trouverais-je ça nul ?


Tout le monde connaît ou a plus ou moins ce syndrome de l’imposteur…




C’est amusant, j’ai en mémoire le titre ‘Souris à la vie’ dans lequel tu exprimes déjà cette idée en chantant, je cite : "peut-être tu vas te dire que je suis un vieux con, ma chanson est naze, peut-être que tu n’auras pas complétement tort": as-tu un souci de légitimité ?

Bien sûr ! Qui n’a pas ce souci ? Tout le monde connaît ou a plus ou moins ce syndrôme de l’imposteur… Après, la question est de savoir si on l’assume ? Je ne suis pas sûr !


D’autant que dans ton cas, pendant des années, tu étais caché une batterie et en plus en duo et avec Célestin, tu reviens sur le devant de la scène seul…


J’ai ce souci qui n’en est pas vraiment un -la preuve, je suis là et je sors un deuxième album- mais je l’ai et je l’assume… Quand j’ai commencé la batterie, j’étais batteur au fond de la scène mais j’avais déjà ce syndrome. Mais petit à petit, on travaille dessus et on apprend à dompter ce truc-là…
Avec les Fills Monkey, je suis quand même arrivé sur le devant de la scène mais nous étions deux… On a encore ce syndrome : on s’en arrange et on commence à avoir une légitimité mais je pense que ce sentiment ne disparaît jamais vraiment. Et dans mon cas, il revient plus fort encore dans le cadre de Célestin : "Est-ce que je peux chanter ?", "Est-ce que je peux écrire mes textes ?", "Est-ce que je vais faire mes compos ?", "Est-ce que je peux être tout seul sur scène ?"…


Et tu commences à avoir des réponses à ces questions ?

On a tous des doutes mais ma réponse est simple : il faut faire les choses et ensuite, on verra…
Evidemment, je continue à avoir des doutes et quand je me demande si j’aimerais mes morceaux, je n’en suis pas sûr : peut-être en aimerais-je certains et d’autres choses que je trouverais sûrement gênantes… Je n’ai pas la prétention de plaire à tout le monde et franchement, quand j’écoute, je ne peux pas dire que tout me plait. En revanche, ce qui est certain, c’est que depuis le début, je fais le maximum si bien que mon deuxième album me plait plus que le premier et le troisième me plaira plus encore : je vais avancer !
Je suis né avec certains talents et il y a certains domaines où je suis nul à chier mais je crois au travail : j’avance donc petit à petit…


'Que votre année soit bonne' avec ces rythmiques de pendule quelque peu fatales semble vouloir revisiter en une chanson toute l'histoire de l'Humanité. Le morceau est assez riche en accord avec sa thématique, avec des percussions tribales, un petit passage de guitare folk. Comment ce morceau a-t-il été conçu ? Est-ce le collage de plusieurs parties différentes ?

Pas du tout, mais ça aurait pu être le cas parce que d’autres morceaux ont été construits comme ça ! Dans ce cas, j’ai écrit le texte qui est basé sur quelque chose que je connais depuis mon enfance : le calendrier de Carl Sagan qui était l’analogie de prendre l’univers et de le ramener dans une année civile en gardant toutes les proportions.
C’est un morceau que j’ai écrit à la guitare sur quatre accords -c’est un des morceaux les plus simples harmoniquement que j’ai composés- et c’est vraiment en studio qu’on a fait en sorte de garder ce cadre très simple et de l’habiller -il y a différents arrangements suivant les couplets ou les refrains- mais en gros, c’est toujours la même base…


Il n’y a pas un seul moment où je me dis que Célestin pourrait sonner comme Fills Monkey : ce sont deux projets tellement différents !




Le travail sur les percussions est très bien mené comme sur ‘Miss Lune’, il y a bien évidemment ‘Le Temps’ dont on a parlé… As-tu une attention particulière pour que Célestin ne se rapproche parfois pas trop des Fills Monkey ?


J’ai travaillé sur plein de choses et je travaille encore en revanche, il n’y a pas un seul moment où je me dis que Célestin pourrait sonner comme Fills Monkey : ce sont deux projets tellement différents !


Mais sur les percussions à proprement parler ?

Non ! J’étais batteur avant de jouer dans Fills Monkey, donc quelque part, utiliser la batterie et les percussions est quelque chose qui me paraît naturel. Je me pose vraiment beaucoup de questions mais je ne suis jamais posé celle-ci. On ne pourra jamais dire en écoutant Célestin que ça sonne un peu comme Fills Monkey : ce sont deux univers tellement différents…
Au contraire, c’est le problème inverse, je dirais, les gens qui me connaissent avec Fills Monkey ou qui suivent Fills Monkey, peuvent venir voir Célestin en se disant qu’ils vont retrouver un peu l’univers des Fills Monkey et vont être déçus…


Certains te le reprochent ?

On ne me le reproche pas, mais c’est possible que certains soient venus me voir en voulant rire -mais si on rit un peu dans Célestin, franchement ce n’est pas un projet humoristique- ou en cherchant le côté percussif que tu ne retrouves pas dans Célestin… Non, on est vraiment dans deux univers vraiment différents !


On parlait de ‘Miss Lune’, dans le clip, on retrouve un esprit proche de Jules Verne, est-ce une influence revendiquée ?

Pas du tout ! C’est marrant parce que c’est la première fois qu’on me parle de Jules Verne, non, j’étais vraiment sur le Petit Prince… Mais la comparaison avec Jules Verne est super parce que c’est assez décalé, très poétique… Ce n’est revendiqué mais à partir de maintenant, je vais le dire : je te remercie (Rires) !


Tu disais que Célestin n’était pas un projet humoristique et la plus belle preuve est l’émouvant 'L'Œuf Au Plat', où tu prépares pour la dernière fois un œuf au plat à ton grand-père peu avant son dernier soupir. Quelle est la part de vérité dans cette chanson et comment à partir d'une situation tragique, tu as réussi à donner une belle lecon d'humanité et de poésie malgré un esprit un peu absurde qui aurait pu couler ta barque ?

La part d’imagination est proche de zéro parce que c’est une histoire vraie, tout est absolument vécu… J’ai raconté une histoire qui n’est pas tragique même si elle est triste mais elle est extrêmement belle en même temps : je trouve que j’ai une chance incroyable d’avoir pu vivre ça avec mon grand-père et ma sœur. Je pense qu’il a une chance incroyable d’avoir pu vivre ça avec ses petits-enfants : c’est une des plus belles morts qu’on puisse imaginer.


C’est une histoire très intime mais te poses-tu des limites à ne pas dépasser ?


C’est extrêmement intime mais même si je ne te connais pas, je pense qu’on est un peu pareils : je me pose beaucoup de questions et notamment sur la limite. Mais quand je pense à Ben Mazué qui parle de la mort avec des mots très crus, je me demande pourquoi je devrais me poser des limites alors que lui ne s’en pose pas. J’ai plutôt tendance à me lancer et ensuite, on verra…
Honnêtement, avant d’écrire cette chanson, avant de l’enregistrer, avant de la chanter en live, je me demandais si ce n’était pas trop… C’est très dur de la faire mais finalement, en live, c’est une des chansons qui reçoit l’accueil le plus fort. Justement, il y a ce partage avec les gens, il y a cette émotion que j’ai au moment où je t’en parle… Cette chanson, ce n’est pas rien !


Parce que c’est une chanson qui vient du cœur…

Qui vient de mon cœur et celui du public qui me renvoie ça. Je crois qu’on vit un moment ensemble très fort au moment de cette chanson parce qu’on résonne ensemble ! Pour moi, on touche quelque part le cœur du truc, si j’arrive à toucher les gens et s’ils sont touchés, ils me renvoient ça : il n’y a plus de raison de penser à des limites parce que j’ai atteint -peut-être sans le savoir- ce que je voulais atteindre depuis le début avec mes trois accords de guitare et mes mots… C’est de l’émotion et tant que le public valide et étonnamment, cette chanson l’est…


Cette sensibilité - que j’ai et qui est forte - me sert dans Célestin !




Mais ne crains-tu pas avec de tels titres de te mettre en danger en montrant à tous ainsi ta sensibilité ?

Oui, parce que je porte la même peur, mais plus j’avance et plus je pense que c’est une peur qui est totalement légitime ; en même temps, la démarche que je fais a pour but d’enlever au fur et à mesure toutes ces barrières, tous ces masques… parce que cette sensibilité -que j’ai et qui est forte- me sert dans Célestin !


Cette mise à nu ne te pose pas de problème dans le cadre de Célestin ?

Ce n’est pas un souci : tu ne peux pas non plus arriver devant les gens, te foutre à poil et attendre qu’ils apprécient ou rentrent dans ton univers. Il y a quelque chose de très fragile, très intime mais le but est d’arriver à un moment donné avec cette humilité que les gens doivent ressentir en présentant des choses qui me touchent qui peut-être peuvent les toucher également parce que finalement, on est exactement pareils : nous sommes tous humains avec les mêmes doutes, les mêmes sensibilités !
Ce sont donc des questions que je me pose mais plus j’avance et plus j’y vais et accepte d’enlever ces doutes et de me mettre à nu, d’enlever ces filtres et plus l’expérience est forte avec les gens parce que finalement, c’est ce que nous recherchons tous…


J’ai gardé tout un univers enfantin parce que je pense qu’il y a un côté de moi qui a refusé de grandir et de devenir adulte



On trouve deux curiosités dans cet album. La première, c'est un conte plein de poésie et de petites touches d'humour sur une arrière-arrière-arrière etc. ancêtre Nadine-Nadège, on a l'impression que tu es allé pêcher des perles dans l'imagination enfantine et que ton âme adulte a réussi à le transformer en une histoire captivante pour tous. Était-ce un processus de création difficile ?

Le processus est difficile pour toutes les chansons. C’est difficile de créer tout court, c’est dur d’écrire en français d’autant que c’est un projet récent… Rien n’est facile ! Mais ce n’est pas tellement réfléchi, j’ai gardé tout un univers enfantin parce que je pense qu’il y a un côté de moi qui a refusé de grandir et de devenir adulte : je vais puiser là-dedans !
Je n’ai pas de formule pour écrire une chanson mais dans le cas présent, j’avais envie de raconter une histoire et je suis allé chercher dans tout ce que ça m’inspirait… Je te disais que j’étais très fan de Brassens et il avait cette capacité d’inventer une histoire et souvent dans un univers très enfantin aussi et il a une maîtrise des mots qui est incroyable ! J’ai essayé de mettre tous ces jeux de mots, toutes ces images un peu loufoques… au service d’une idée un peu plus profondes qu’il faut respecter ses ancêtres et c’est ce que je dis à la fin de la chanson…


L’autre curiosité, c’est 'Hommage Au Clitoris' qui possède un format original. Tu t'empares du micro d'un DJ et tu proposes une devinette pour faire trouver le mot clitoris. Comment est venue cette idée et comment t'es-tu documenté sur le sujet ?


(Rires) C’est une bonne question ! Tous les sujets que je vais aborder sont des sujets qui me tiennent à cœur et comme tu commences à le comprendre, je ne me mets pas trop de barrières. Cette chanson a été l’une des plus dures à écrire parce que c’est un sujet qui est très particulier : c’est un sujet évidemment qui parle de féminisme et ce n’est pas du tout une adaptation du ‘Zizi’ de Pierre Perret version femme, pas du tout ! Et en tant qu’homme, il fallait que je fasse doublement attention : je me suis donc fait aider par pas mal de femmes dont ma sœur et ma mère et des copines en faisant des allers-retours pour savoir si tel ou tel mot allait être mal perçu…
Au moment de la sortie du titre et du clip, au milieu de retours très positifs et de remerciements, j’ai eu droit à un retour très cinglant : j’ai discuté avec la personne et j’ai compris qu’il y avait un double-sens et une interprétation qui n’était pas bonne de mes intentions. J’ai compris et j’ai carrément réécrit un couplet et pour le coup, la version qui est sur l’album ne permet pas d’interprétation : il n’y a plus de doute !
Ce n’était donc pas une chanson facile à écrire mais en même temps, encore une fois, c’est un moyen pour moi d’ouvrir la discussion sur un sujet. Mais je me suis donc effectivement documenté, j’ai lu des livres sur le féminisme… Ca a été dur à écrire mais c’est dans un cadre avec du deuxième degré, avec de l’humour… et c’est sans prétention ! Mais je trouve que c’est intéressant d’ouvrir le sujet ! J’hallucine de me dire qu’en 2022, c’est un sujet qui est encore extrêmement tabou, dont les gens ont extrêmement de mal à parler… Et même si on connaît une évolution qui est positive dans ce sens, on est quand même très loin d’arriver à une égalité selon moi…


Le dernier titre 'M'aimes-tu ?' est aventureux, les paroles limitées à des syllabes répétées par ta voix et une voix féminine, un petit solo de guitare et des orchestrations atmosphériques nous font entrevoir les portes du cinéma. Est-ce un défi que tu aimerais relever ? Ce morceau est-il un avant-goût du troisième album de Célestin ?


Je ne sais pas… Je ne suis pas sûr que ce soit la direction sur ce que je vois apparaître du troisième album.
Il y a un côté cinématographique, c’est vrai, je suis d’accord quand tu le dis mais ce n’est pas quelque chose qui a été prévu. C’est un morceau qui est très différent au niveau du texte, c’est le texte de très loin le plus court que j’ai écrit. Il y a beaucoup de textes, c’est très dense en général dans Célestin mais dans le cas présent, ce sont quelques syllabes… Effectivement, il y a eu beaucoup de plus de place pour la musique et l’arrangement… C’est vrai que c’est un morceau très étonnant mais là encore, je me pose des questions mais je ne me pose pas de limite : je trouve ça beau, j’aime beaucoup l’atmosphère, c’est peut-être un des morceaux que je préfère et c’est peut-être parce qu’il y a moins de paroles et plus de place pour une musique que je trouve très étonnante. Et je suis le premier étonné de me dire que Célestin a le droit de faire ça ! Je suis hyper fier d’avoir été en studio avec ce quatuor à cordes qui s’appelle Arta Balarta qui est incroyable et d’être à cette place de réalisateur et regarder / écouter, c’était magique !


On a évoqué le troisième album. Est-ce que comme les deux premiers, il comportera également treize titres ?


C’est un hasard complet mais je trouve ça intéressant, j’aime l’idée des concepts et je pense qu’il y a des chances qu’il y ait treize morceaux sur le troisième album et continuer ainsi : c’est une bonne idée (Sourire) !


Mais pour revenir à ce deuxième album, quelles sont tes attentes ?

Je ne sais pas trop parce que ce sont des chansons que j’ai écrites pour la plupart il y a plusieurs années, même si certaines sont un peu plus récentes. Donc aujourd’hui, je suis déjà concentré sur l’avenir…
Mais qu’attends-je de cet album ? Tout et rien… c’est-à-dire que je suis très ouvert sur ce que tout ce qui peut arriver…
Mais il faut savoir que c’est un album entièrement auto-produit, je suis quand même réaliste, je n’ai plus 20 ans -j’ai encore des rêves- mais je n’ai plus cette idée qu’en mettant un album sur Internet, ça peut exploser ! Donc ce que j’attends, c’est de continuer à voir avancer cette aventure, continuer à faire des concerts… l’idéal serait de vendre assez d’albums pour pouvoir le rembourser ou payer celui d’après mais je ne suis pas très optimiste : j’ai une vision assez claire de l’industrie du disque en ce moment…
Donc je ne sais pas... L’idéal serait des surprises mais je suis déjà heureux que ça m’ouvre la possibilité de faire des concerts et puis ce genre de rencontres parce que sans cet album, on ne se serait pas rencontrés : je trouve ça chouette !





On a commencé par la question qu’on t’a trop souvent posée au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?

Hum… Ecoute j’ai l’impression que je vais faire comme la première question, je vais sécher…  Je trouve qu’il y avait plein de questions originales dans cette interview, tu es allé chercher des choses… L’impression que j’ai, c’est que tu as essayé de me "bousculer" -même si le mot est fort- mais effectivement, ce ne sont pas des questions que tout le monde pose et je trouve ça très intéressant parce qu’il y a un dialogue… donc, pour le coup, si j’ai des rêves en matière de musique et d’album, au niveau interview, je suis comblé (Rire) !


Malgré tout, je te propose d’y réfléchir et on débutera notre prochaine interview par cette question et sa réponse…

C’est donc un rendez-vous qui est pris pour la prochaine ? Et la prochaine fois, il faudra que j’y réfléchisse pour avoir quelque chose de mieux à te répondre… Ok, ça me va : marché conclu ! Merci…


Merci à Adrianstork pour sa contribution...


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/celestinofficiel
 
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