La première journée du
Raismes Fest a été une réussite. La météo était parfaite, la foule était au rendez-vous et les concerts de qualité. L’idée de savourer une nouvelle journée dans le Parc de la Princesse est très agréable. La configuration de ce dimanche 11 septembre est identique à la veille avec huit formations et un début des hostilités en fin de matinée.
La première formation a fouler les planches vient de Laval.
Octane est enfin là après plusieurs contretemps, la pandémie mais aussi une annulation en 2019. Depuis la formation est redevenue un
power trio comme à ses débuts avec au chant le guitariste Alex. Il faut souligner la présence de nombreux fans venus de Laval soutenir leurs chouchous et qui vont mettre l’ambiance. "Back In The Game", le troisième album est dans les starting-blocks. Preuve de la confiance que les musiciens lui accordent le disque va être joué dans sa quasi intégralité. D’entrée avec ‘Evil’ le groupe réveille le festival par un son hard rock porté par la voix éraillée d’un Alex, digne héritier de Lemmy. Tout cela donne la pêche, les fans du groupe mettent l’ambiance et la suite avec ‘You Make Me High’ et ‘Midnight Riders’ est plaisante. On nage dans un hard pêchu avec un côté
Guns’N’Roses. Les refrains sont efficaces avec un chant éraillé top. La suite avec ‘Back In The Game’, ‘Do You Remember My Name’ et ‘Every Night’, entre hard classique et hard mélodique teinté US permet au groupe de faire un carton. Les refrains sont toujours aussi bons, la section rythmique se fait plaisir et Alex balance des riffs bien sentis. Le final avec un ‘My Last Goodbye’ simple et direct ravit la foule.
Octane a proposé un concert d’une belle chaleur. Sous cette forme de trio la formation a montré une santé épatante en parfait soldat au service du hard rock.
Avec
Zak Perry & The Beautiful Things le ton passe au blues et vogue entre France et États-Unis. Zak Perry vit dans le nord de la France depuis quelques années et a ravi les amateurs de blues rock sur nombre de scènes locales. Pour ce concert il est accompagné de son ami Vern Vennard, venu d’outre-atlantique. Leur son renvoie aux
Allman Brothers en passant
Gov’t Mule ou
Neil Young, soit le cœur d’un son purement américain. Cela va donner un concert d’une rare et belle chaleur. La voix de Zak donne le frisson, l’homme dégage un charisme certain et montre un énorme feeling blues. Musicalement l’orgie est totale avec nombre de riffs brûlants entre rock et blues, ce qui fait taper du pied et ravit un public qui n’en perd pas une miette. Les soli sont intenses et renvoient dans la moiteur des vieux bars américains. Avec ‘Waiting Up The Vultures’, ‘Dancing Alone’ ou encore ‘Stone’ les musiciens donnent une belle leçon de complicité et de classe. Au détour de quelques passages le ton se fait aussi bluegrass, le florilège du son US est total en forme de voyage prenant.
Zak Perry & The Beautiful Things ont été remarquables de classe. Ils ont réussi à capter toute l’essence d’un son blues rock à l’ancienne. Avec ce concert ils ont ravi la foule et ont acquis un paquet de nouveau adeptes à un son indémodable.
Le ton se fait rock sudiste avec
Sons Of Liberty. La formation n’est pas américaine, mais vient de Bristol en Grande-Bretagne et a su capter l’essence du son US. En 2021 à Bully elle avait mis le feu et sa venue en terre
raismoise est attendue. Dès l’intro et avec ‘Big Ass’ et ‘It’s My Bad’ on retrouve un son sudiste chaleureux. La voix éraillée de Rob dégage un feeling intense évoquant la classe d’un
Black Stone Cherry. L’accueil de la foule est enthousiaste, Rob joue avec le public dans un excellent état d’esprit. La suite avec ‘Rich Man, Poor Man, Beggar Man, Thief’ fait taper du pied. Le refrain est top et tout cela est très agréable. Rob s’adresse à la foule en français dans un super état d’esprit. ‘Up Shit Creek’ et ‘Damaged Reputation’ font un carton en forme de grand moment de rock sudiste. ‘Texas Hill Country’ est plein de charme avec un refrain énorme et une chaleur communicative. Le final va riche et prenant. Avec ‘Dont’ Hide Behind Your Weakness’, ‘Dixie Whisky’ et ‘Beef Jerky Boogie’ la formation se montre à la hauteur du son sudiste US. Le côté chaleureux ressort dans chaque riff et dans la voix éraillée de Rob. Avec ‘Fire & Gasoline’ et ‘Ruby Starr’ le groupe finit sa prestation avec classe dans des parties instrumentales de haute volée.
Sons Of Liberty a confirmé un talent fou pour un rock sudiste classieux respectueux du genre. Il a fait plaisir à la foule et a gagné de nombreux nouveaux adeptes.
Avec
Knuckle Head on reste sous influence US. Pourtant notre duo vient d’Alsace, loin des terres américaines, mais depuis 2014 il met à l’honneur un son américain. Il propose une dark country teintée de stoner, de blues et d’une pointe de pop rock 80’s avec des thèmes gothiques et mystiques. L’entame avec une intro cinématographique et ‘Holsters & Rituals’ est prenante. Les influences du groupe se mixent à merveille. Le mélange est attirant et étrange avec un charme certain avec une voix grave digne de
Nick Cave ou de
Jim Morisson. ‘The Right Way’ confirme le côté envoûtant, la sensation de voir un
Danzig sonner country est totale avec un côté gothique. La suite est aussi intéressante avec ‘Living Deep/Into Night’, belle et longue pièce à la fois accrocheuse et poisseuse. L’impression de pénétrer les abîmes de l’âme est forte comme un voyage dans la Louisiane profonde. Avec ‘Burn’ ou ‘The Sword’ les musiciens semblent habités notamment quand ils se font face, l’un à la guitare, l’autre à la batterie. Le final avec ‘Personal Jesus’ de
Depeche Mode à la sauce dark est excellent et fait un carton.
Knuckle Head a charmé la foule avec son mélange de genres. Il a proposé un concert intense en forme de procession d’une noirceur attirante.
Après ce sombre moment le hard rock revient avec la venue de
Grand Slam. Pour les plus anciens le nom n’est pas inconnu. Il s’agit de la formation fondée par Phil Lynott fin 1984 avec Laurence Archer et Mark Stanway après la fin de l’aventure
Thin Lizzy. Des titres ont été écrits mais l’album n’est jamais sorti, puis en 2016 Archer a relancé la formation. Un album est sorti en 2019 avec Mike Dyer au chant. Après avoir fait un carton à Bully en 2021 le groupe est attendu des amateurs de hard rock et des nostalgiques du formidable Phil Lynott. D’entrée avec ‘19’ on retrouve un hard mélodique classieux. Au chant Dyer fait penser à Lynott sans sonner comme un simple clone en dégageant une chaleur communicative. ’Gone Are The Days’ confirme la bonne impression. L’esprit irlandais plane sur Raismes, le riff est mélodique et accrocheur et le solo de Archer remarquable de feeling.
Le succès est au rendez-vous et l’ambiance plaisante avec une ferveur dans la foule. La partie est gagnée et
Grand Slam enchaîne les moments de bravoure. Avec ‘Hit The Ground’, ‘Harlem’ et ‘Crime Ratt’ il propose un hard mélodique de premier ordre. Dyer continue son numéro de charme et bluffe. Les refrains sont splendides et tout cela fait plaisir à savourer. Après un speech sympa, dans un parfait état d’esprit le groupe propose avec ‘Military Man’ une reprise de
Gary Moore, à la fois émotionnelle et rock. Avec ‘Crazy’ on retrouve un excellent titre de hard mélodique au ton speed et porté par un superbe refrain. L’instrumental ‘Grand Slam’ est un bel exercice de bravoure confirmant le toucher d'Archer. Le final approche et le groupe s’attaque à un titre de
Thin Lizzy. Peu connu et coécrit par Archer ‘Dedication’ est un bon moment de hard mélodique. Enfin ‘Sisters Of Mercy’ se fait séduisante avec un début mélodique à fleur de peau avant de partir en tarte hard mélodique portée par un Dyer toujours séduisant. Le retour de
Grand Slam pouvait laisser dubitatif mais les craintes ont été levées. Le groupe a proposé un superbe concert en forme d’hommage intense à un son et un grand musicien.
Avec
Lucifer le ton vire à l'occulte. Formée en 2014 par Johanna Sadonnis, la formation s’est fait un nom avec un ton hard 70’s. Elle a vu passer dans ses rangs Gaz Jennings et voit officier à la batterie Nicke Anderson des
Hellacopters. Entre
Black Sabbath, le
Blue Öyser Cult et avec une pincée de
Fleetwood Mac, le groupe met à l’honneur un son heavy et ténébreux. L’intro sombre et mélancolique donne le ton et avec ‘Ghosts’ le ton est donné : un metal old school porté par la voix caverneuse de Johanna. Le plongeon dans le passé est impressionnant et un charme occulte se dégage. Le solo renvoie au BÖC des débuts. Avec ‘Midnight Phantom’ le groupe confirme, la profondeur du chant de Johanna dégage une classe folle. Après un mot sympa en français le groupe enchaîne les moments de bravoure. Porté par un intro très Black Sabbath ‘Wild Hearses’ est une merveille de hard 70’s, bel hommage à la légende avec un chant lyrique splendide. ‘Crucifix’, ‘Leather Demon’ puis ‘Archangel Of Death’ sont dans cet esprit occulte portés par des riffs lourds et une profondeur mystique. La chanteuse continue en français et charme puis avec ‘Coffin Fever’, ‘Mausoleum’ et ‘Bring Me His Head’ le ton se fait toujours 70’s avec un côté doom. Les chansons sont en outre dotés de refrains accrocheurs et le public adhère dans une excellente ambiance. Le final avec ‘California Son’ et ‘Reaper On Your Heels’ est bluffant ;
Lucifer a embarqué un public ravi dans un voyage dans le temps. Porté par une chanteuse incroyable il a montré qu’il était un digne héritier des monstres du genre.
Après ce plongeon le festival retrouve avec
The Quireboys sa tête d’affiche de l’édition 2015. La formation anglaise œuvre depuis plus de 30 ans au service du hard mélodique et son retour est attendu. Mais elle connaît des turbulences depuis mars 2022 et le départ du chanteur Spike. Guy Griffin cumule chant et guitare tandis que Spike a lancé sa vision du groupe. En attendant que cela se démêle Guy et ses camarades continuent leur route et chacun espère que le guitariste sera à la hauteur. Le concert démarre idéalement avec ‘I Love This Dirty Town’. Porté par la voix éraillée de Guy le titre possède un côté bien rock et un clavier bien mis en valeur. Tube accrocheur et mélodique, ‘Misled’ fait taper du pied, porté par le ton teinté de bourbon de Guy. Plus blues, ‘Gracie B’est efficace grâce à son excellent refrain simple et direct. La bonne impression se confirme avec ‘Turn Away’ et ‘There She Goes Again’, très bons moments de hard rock mélodique entraînant. Clavier et guitares se font entendre avec un côté
old school délicieux. Guy assure son rôle de
frontman et le succès est total.
Après cette remuante première partie
Quireboys calme le jeu. Roses & Rings est une ballade crapuleuse qui fait son effet avec sa mélodie accrocheuse. Guy remue ensuite le public de belle manière. Avec ‘Louder’ le groupe balance un bon titre de rock mélodique puis une autre ballade avec ‘Last Nite Saturday Call’, tout aussi accrocheuse et porté par un bon riff acoustique. Dans un style rock mélodique ‘Mona Lisa Smiled’ est accrocheuse avec une mélodie sucrée superbe et le chant éraillé de Guy. Plus pêchu dans un style hard rock direct ‘Original Black Eyed Son’ est porté par un refrain efficace et une mélodie superbe. Avec ‘Hello’ et ‘Stubborn Kinda Heart’ on retrouve deux autres belles sucreries. Guy assure parfaitement et les mélodies accrocheuses ravissent le public.
Sur ‘This Is Rock’n’Roll’, le public lève les mains, l’ambiance est sympa et le titre bien rock dépote et fait du bien. La dernière ligne droite s’entame,
Quireboys propose une autre ballade avec ‘I Don’t Love You Anymore’, délivrant une accélération sympathique pleine de feeling. Avec ‘7 O’Clock’ le ton devient plus remuant. Direct et rock’n’roll le titre fait taper du pied et remue une foule heureuse de la prestation de Guy et sa bande. Le classique ‘Sex Party’ achève le concert avec un côté fun, un ton bien hard rock et une immense prestation vocale de Guy.
The Quireboys a proposé un concert convaincant. Spike n’est pas totalement oublié mais Guy a assuré et rassuré sur l’avenir de la formation. Le futur album du groupe sera guetté et sera le juge de paix quand à la viabilité du
line-up.
Il reste la cerise sur le gâteau pour finir. Celle-ci vient de Tunisie et est de retour six ans après avoir fait impression. En matière de metal progressif,
Myrath envoûte et enchante et malgré l’heure tardive la foule est là. Le groupe a sorti le grand jeu à l’image de son concert du
Sweden Rock sorti en DVD. D’entrée le ton est donné, l’intro ‘Asl’ embarque vers l’Orient, la pyrotechnie est de sortie tandis qu’une danseuse du ventre vient fasciner le public. ‘Born To Survive’ entraîne le public dans un univers onirique où metal prog et sonorités orientales se mélangent avec élégance. Le petit tour de magie fait son effet et au chant Zaher impressionne avec un ton digne puissant digne d’un Andy Kuntz de
Vanden Plas. ‘You’ve Lost Yourself’ garde le même esprit, pas loin de
Symphony X avec des parties instrumentales de haute volée. L’ambiance est excellente, la sympathie de Zaher au détour d’un speech permet au groupe de gagner les faveurs de certains pas forcément adeptes du style.
Avec ‘Dance’
Myrath voit sa danseuse revenir. Très oriental, le titre est une pépite portée par un refrain délicieux et un superbe solo. Précédé d’un beau solo de clavier à la fois progressif et oriental ‘Darkness Arise’ voit un jongleur de feu débarquer sur scène. Visuellement l’effet est énorme et le titre est une claque . ‘Merciless Time’ et ‘Wicked Dice’ sont de jolis moments pleins de virtuosité avec un côté oriental plein de charme. Pour ‘Tales Of The Stands’ la danseuse fait son retour et continue de fasciner, reliant orient et occident avec classe. Avant ‘Lilli’ Zaher évoque la précédente venue du groupe et se souvient avec le sourire de son état d’ébriété avancé. Passé ce moment fun le titre fait un carton avec sa mélodie accrocheuse et un chant très soft. Zaher présente ensuite ‘The Unburnt’ qui évoque le personnage de la Reine Khaleesi de Games Of Throne. Sur ‘No Holding Back’ Zaher chauffe la foule et la fait sauter sur place dans un bel état d’esprit. Le mélange entre orient et occident est savoureux de même qu’un solo de guitare virtuose digne de
Symphony X.
La partie finale est lancée,
Myrath est en grande forme et on sent le public ravi . ‘Beyond Stars’ voit le retour de la danseuse du ventre qui charme toujours. Derrière ‘Duat’ se cache un pan de la mythologie égyptienne. Un magicien arrive et fait un joli tour avec une table posée sur scène. Entre calme et technique la chanson est prenante. ‘Monster In My Closet’ est un bon moment de progressif teinté oriental avec un tour de pyrotechnie autour d’une barre enflammée. ‘Endure The Silence’ est dans le même esprit avec un chant à la fois puissant et sensible, et de formidables passages à la guitare et au clavier. Comme dans un théâtre il reste un final pour clore la soirée. Le premier acte est ‘Believer’ (danseuse) et est l’occasion pour le grouse de jouer avec le public au travers d’une partie instrumentale étirée. Annoncée comme dernière chanson par un Zaher enthousiaste ‘Shehili’ va achever le concert de la meilleure manière. La pyrotechnie est au rendez-vous de même qu’un tour de magie spectaculaire avec le magicien qui s’élève tout en haut de la scène pour un résultat bluffant qui ravit une foule avec plein d’étoiles dans les yeux.
Myrath a proposé une prestation fabuleuse, une des meilleures sans doute que l’on ait vu à Raismes depuis les débuts du festival. Il a enchanté le public par sa qualité technique, sa force mélodique, par l’amour de ses origines et par sa capacité à proposer bien plus qu’un simple concert. Il a clôturé en beauté un riche week-end et laissera de jolis souvenirs dans la tête des festivaliers.
Cette 22ème édition a été une réussite, le
Raismes Fest continue sa route de belle manière malgré une concurrence rude dans son créneau. On lui souhaite de nombreuses futures éditions et donnons rendez-vous pour la 23ème. Il nous reste à remercier le festival pour son accueil ainsi que Philippe et ses équipes pour leur travail au service de la cause rock.