De retour avec son line-up le plus flamboyant avec notamment Steve Petit au chant, No Return et Alain Clément, guitariste fondateur du groupe remettent les pendules à l'heure à commencer une mise au clair concernant le départ fracassant du précédent frontman Mick Caesare... Rencontre sans concession avec le gardien du temple du son et de l'intégrité d'un des pionniers du death metal hexagonal...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?
Alain Clément : Les changements de
line-up (Sourire)…
Pour le coup, malheureusement, tu vas y avoir droit…
(Rires) !
En effet, No Return revient avec son onzième album depuis sa création officiel en 1989 et un énième changement de line-up justement avec le retour de Steeve Petit au chant. Le titre de ce nouvel album est "Requiem". Pourquoi un requiem, pour faire table rase de vos albums passés ?
Pas du tout ! "Requiem", c’est vraiment par rapport à la société et au monde dans lequel on vit. Le but est de mettre l’accent sur le fait que petit à petit, l’Homme par ses actes conduit finalement notre société dans une voie qui n’est pas aussi heureuse qu’on veut nous le faire croire.
N'est-ce pas un thème désormais cliché, un lieu commun dans la scène metal ?
C’est vrai que c’est malheureusement un thème récurrent mais c’étaient déjà des thèmes qu’on abordait déjà il y a trente ans.
Mais n’est-ce pas vain ?
C’est le constat qu’on peut faire même s’il y a parfois des évolutions positives. Mais c’est vrai que ces thèmes collent vraiment au metal. Le fait que la musique est à la fois agressive et que les textes montrent une certaine agressivité de notre société fait que ça colle bien. Mais malheureusement, ces thèmes sont récurrents depuis un sacré paquet d’années…
Mick avait effectué un travail de qualité sur les deux albums qu’il a enregistré avec No Return, au bout de sept ans on pouvait penser que le poste de chanteur était enfin stabilité, qu’est-ce-qui a motivé son départ ?
Bon et bien, je m’en vais (Sourire)…
Je fais de la musique par passion et non pour le business !

Je vais t’aider, il a récemment mis en cause la gestion de No Return pour motiver son départ, que penses-tu de cela ? Cela te laisse-t-il un sentiment amer en se disant qu’il a voulu faire du buzz pour mettre en avant son autre groupe, Destinity ? Ou bien te dis-tu que son départ est un mal pour un bien pour le groupe ?
Je pense que c’est une vision des choses. Je fais de la musique par passion et non pour le business ! Tout ce qui est marketing, ce n’est pas ma volonté première…
Tu sous-entends que lui faisait du marketing ?
L’esprit de No Return est de faire de la musique et de la partager avant tout. Maintenant, je suis conscient que dans la musique, malheureusement, c’est 90% de marketing…
Plus que jamais…
Plus que jamais, et j’en suis le premier attristé ! Sa vision de mettre en avant cet
business ne colle pas avec l’esprit de No Return parce que l’esprit de No Return est avant tout de partager avec les gens sur scène et la partie marketing/ business est celle que je n’aime pas…
Tu es malgré tout devant nous aujourd’hui, n’est-ce pas paradoxal ?
Ce n’est pas paradoxal parce qu’on est obligé de parler du groupe… Il faut effectivement qu’il y ait cette information qui circule. La promo est importante dans tous les milieux mais le problème est quand tu mets le côté marketing en avant… et finalement, où est la passion de la musique là-dedans ?
Mais concrètement, qu’entends-tu par marketing ?
Le fait de plus mettre en avant l’esprit business c’est-à-dire le nombre de vues sur Facebook, le nombre d’écoutes sur Spotify…
On ne peut pas résumer un groupe à un nombre de vues…
Mais finalement, n’est-ce pas l’évolution actuelle de l’industrie musicale qui fonctionne ainsi désormais ?
C’est vrai, mais je pense qu’on ne peut pas résumer un groupe à un nombre de vues… Il y a des groupes qui se gargarisent de ça et qui achètent plein de vues… C’est le côté un peu faussé qui me débecte dans le
business. Mais je sais que c’est comme ça dans tous les milieux mais ce n’est pas la manière dont j’ai envie de vivre ma musique…
A cet égard, vis-tu de la musique ?
Quand je dis "vivre de ma musique" : ce n’est pas financièrement, on est bien d’accord ! C’est le problème !
Je ne suis pas prêt à faire de concessions par rapport à ma musique [...] Je fais la musique qui me sort des tripes !
C’est le cœur du problème justement : le but avoué de ce pan du business est d’essayer de vivre de sa musique même si c’est assez utopique dans la scène metal…
Voilà déjà, c’est une première question qu’on peut se poser. Mais quand ça passe au détriment de la passion de la musique, je dis
niet ! Je ne suis pas prêt à faire de concessions par rapport à ma musique comme certains autres vont faire des choses formatées pour coller aux goûts du moment : où est la sincérité musicale ? Je n’en ai rien à foutre : je fais la musique qui me plaît ! Que ça plaise à 5 personnes, 1.000, 10.000, 50.000… je m’en fous ! Je fais la musique qui me sort des tripes ! Après que ça plaise ou pas… Je ne fais pas de la musique pour gagner ma vie !
C’était la question qui pouvait se poser à savoir au regard de l’évolution du business, tu aurais pu être dégoûté au point de vouloir abandonner ?
Non ! De toutes façons et on le sait bien, une passion et notamment une passion musicale est égoïste avant tout ! On se fait plaisir avant tout, après, si on arrive à faire plaisir à des gens, c’est super ! Et c’est ce que j’essaie de faire ça sur scène, de partager ma musique. C’est ce qui m’intéresse et pas regarder le nombre de vues ou le nombre d’écoutes que j’ai : ça, je m’en branle complétement !
On l’a évoqué, Steeve Petit est donc de retour bien des années après son départ du groupe, personne ou presque ne s’attendait à ce retour ? Qu’est-ce qui a motivé ce retour ? On avait l’impression à l’époque que l’aventure avec Steeve s’était finie de manière difficile…
Oui !
[Steeve] m’a dit avoir l’impression de ne pas avoir fini son histoire avec No Return
… Avez-vous aplani vos différends ?
Oui, tout à fait parce que quand on cherchait un chanteur justement, c’est lui qui m’a contacté le premier. Il m’a dit avoir l’impression de ne pas avoir fini son histoire avec No Return. Alors effectivement, on s’est quittés de manière un peu difficile mais c’était il y a vingt ans, on a gagné en maturité et en expérience depuis.
On s’est donc revus, on a tout remis à plat et l’idée à continuer à germer jusqu’à faire un album mais en faisant les choses comme il faut pour avoir un album qui nous plaise musicalement et un album qui soit le reflet de ce qu’est No Return en 2022 et pas une nostalgie du No Return de 2000…
A propos de nostalgie, la pochette de "Requiem" évoque clairement celle de "Machinery", était-ce volontaire comme pour créer un lien entre les époques de Steeve au chant ?
Cette pochette a une double signification : il y a un clin d’œil pour les fans de l’époque et il y a surtout aussi le fait que cette femme cyborg représente notre société technologique qui évolue mais pas forcément dans le bon sens.
Mais c’est vrai que c’était l’occasion de faire un petit clin d’œil à ceux qui connaissent No Return depuis plus de vingt ans : Steeve revient avec cette femme cyborg ! C’était important parce que le contact avec les gens est important : que ces gens qui connaissent le groupe depuis le début voient la référence qui leur font plaisir…
Le but est d’arriver à mettre ses egos de côté et faire avancer le groupe, ce qui n’est jamais facile !
Pour finir avec les histoires de line-up, Steeve Petit est un leader né, une forte personnalité même, ne crains-tu pas qu’avec le temps ta relation avec lui se (re)tende ?
Ecoute, on en beaucoup parlé : l’idée est que le projet musical de No Return soit qualitatif avant tout ! On a aussi la maturité et l’expérience pour j’espère éviter ça. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver au niveau humain… Je pense que le but est d’arriver à mettre ses egos de côté et faire avancer le groupe, ce qui n’est jamais facile !
Mais la question qu’on se pose est de savoir s’il est possible d’avoir deux leaders dans le même bateau ?
On en a bien parlé avec Steeve… Tout le monde dans le groupe a le droit à la parole, nous sommes un groupe démocratique malgré tout, il est important qu’il y ait quelqu’un qui résume un peu tout ça. Si tu veux, en tant que
leader historique -je suis dans le groupe depuis le début- je pense pouvoir être le présumé
leader de No Return, Steeve a un rôle de
frontman par rapport à la scène ce qui est différent et sans que ce soit réducteur…
Il faut arriver à bien distinguer les choses et à être en osmose sur l’esprit du groupe et sur ce que l’on veut faire…
Et pour terminer, tu vas répondre pour lui, qu’en est-il de ses autres projets et notamment Zuul Fx ?
Zuul Fx continue toujours mais il ne propose que des
singles… Je ne sais pas ce qu’il en est du
live mais je sais qu’il continue toujours Zuul Fx. Ça ne me gène pas que les gens aient d’autres projets du moment qu’ils restent à fond dans chaque projet : c’est ce qui m’importe le plus et ça apporte également une variété musicale et artistique, c’est toujours bien !
Il était hors de question pour moi de faire un "Machinery 2", on voulait montrer toute la palette artistique de No Return !
"Requiem" est décrit comme un retour à un côté plus brutal, pourquoi était-il nécessaire de retrouver les sources de la violence ?
C’est l’ADN de No Return : depuis le début, on est baignés dans le thrash metal Bay Area. Ce côté thrash a toujours été important, cette énergie, cette agressivité dans tous les albums de No Return. Mais dans ce nouvel album, on voulait proposer le No Return de 2022 qui consiste en un mix de ce qui a été fait -même à la première époque de Steeve- et toute l’évolution -parce qu’il y a quand même vingt ans qui se sont écoulés- parce qu’il était hors de question pour moi de faire un "Machinery 2", on voulait montrer toute la palette artistique de No Return ! Et c’est ce qu’on a essayé de faire dans "Requiem" qui sonne thrash, death, il peut même sonner par moments prog, heavy… c’est une reconnaissance de ce que propose aujourd’hui No Return !
Je suis le "gardien" de l’esprit No Return
Et pour en revenir aux changements de line-up, ne permettent-ils pas à un groupe de continuer de se renouveler artistiquement et finalement éviter de mourir dans l’indifférence ?
Peut-être, peut-être… C’est vrai que les personnes qui ont joué dans No Return sont différentes et sont donc venues avec leurs inspirations mais je suis le "gardien" de l’esprit No Return parce qu’il fallait garder cet esprit musical… Mais oui, je suis assez ouvert aux idées de chacun et l’intégration de certains membres a permis d’ouvrir une nouvelle palette…
Le ton de l’album garde un aspect death mélodique à la scandinave mais avec une dose de thrash old-school. Est-ce que le retour de Steeve Petit a permis d’accentuer ce côté pour retrouver une orientation violente ?
Cet aspect thrash metal est présent depuis le premier album. Mais c’est vrai que comme nous voulions un mix de l’époque "Machinery" et du nouvel album, nous voulions donc peut-être réaccentuer ce côté thrash. Le fait que Steeve ait chanté sur des chansons bien thrash à l’époque a reboosté cet aspect. Mais dans tous les albums de No Return, tu auras ces riffs thrash qui sont l’ADN de No Return et nous y tenons !
On l’a dit, vous affirmez être revenus à plus de violence, mais il y a beaucoup de guitares mélodiques. Est-ce que ces mélodies ne gomment pas une certaine violence ?
Non justement, ça met en relief la violence parce que si tu as une violence de A à Z, elle est linéaire. Alors que si tu as des plages de respiration avec des mélodies, quand l’agressivité reprend, elle a un impact beaucoup plus important. C’est notre parcours musical qui fait qu’on veut une certaine variété au sein des morceaux !
Certaines harmonies sont presque black metal, on pense notamment au titre ‘Affliction’. Est-ce que les climats dérangeants et les harmonies étranges renforcent le sentiment d’inconfort et de violence ?
Je pense que oui. C’est pour ça que la guitare est un instrument fabuleux : suivant les harmonies que tu lui confères, elle va créer des ambiances qui peuvent être très douces ou au contraire, très malsaines ou violentes…
Donc oui, on aime bien jouer sur les contrastes avec des guitares mélodiques qui sont très "chantantes" ou d’autres, au contraire, qui peuvent être beaucoup plus sombres. On aime aussi varier les climats en même temps que les différentes ambiances au sein d’un même morceau, c’est indéniable !
L'introduction de ‘Lies’ fait penser à une version plus industrielle. Est-ce que cela valide le fait que vous voulez proposer quelque chose de nouveau à chaque fois ?
C’est vrai mais ce côté
indus', on l’avait déjà avec Steeve à l’époque de "Self Mutilation" ou "Machinery" : on avait introduit des
samples pour apporter encore plus de variété… Ça rajoute des ambiances qui collent bien à la musique de No Return sans qu’on soit
indus' de A à Z bien sûr, c’est ponctuel mais ce côté ponctuel ajoute un climat supplémentaire qui est important.
Avec tous les effets et les ambiances, est-ce que ce disque est un concept album ?
Ce n’est pas vraiment un concept album bien que les textes parlent des différents problèmes de notre société mais ce n’est pas un concept album à proprement parler. Mais on peut voir cette volonté commune de parler des thèmes récurrents dont on parlait tout à l’heure mais ce n’est pas un concept album sur un seul thème…
A défaut d’un concept album, peut-on voir au travers de morceaux que ce soient ‘No Apologies’, ‘No One Care About You’, ‘Lies’, ‘The Podium of Truths’ et finalement, ‘Survival Instinct’ qui sonnent comme un règlement de comptes ou tout du moins, une réponse aux allégations dont tu as fait part récemment ?
(Sourire) Non pas du tout ! C’est une interprétation que chacun peut faire mais il n’y a pas de messages subliminaux. Steeve a écrit ses textes de manière indépendante et nous les a proposés a posteriori…
Le but est de faire un constat de ce qui se passe dans notre société mais ce n’est pas du tout pour régler des comptes. De la même façon, il n’y a pas de message : nous ne sommes pas un groupe à message et encore moins politique, ça ne nous intéresse pas du tout ! On livre des instants clés qui nous semblent importants et chacun se fait sa propre interprétation…
Steeve est en charge des textes. N’est-ce pas pour toi une remise en cause perpétuelle de ta façon de travailler au gré des changements de line-up ?
En règle générale, c’est toujours le même mode de fonctionnement puisqu’une fois la musique est pratiquement finalisée, le chanteur écrit ses textes…
Mais c’est vrai que suivant le thème, une ambiance peut être demandée et donc dans le cas présent, à la demande de Steeve, on peut ajouter une ambiance ou autre… Mais globalement, le fonctionnement reste le même…
On l’a compris, tu fais de la musique avant tout par conviction et pour te faire plaisir mais malgré tout, as-tu des attentes pour ce nouvel album ?
J’attends forcément qu’il plaise à un maximum de gens. Qu’il nous plaise est une chose mais c’est aussi important qu’il plaise à un maximum de gens parce que le but est d’aller jouer le plus possible, partout…
J’attends de cet album qu’il nous permette de partager plein de choses. Plus cet album sera apprécié, plus on aura des possibilités pour aller le défendre.
Cet album fait l’objet d’une journée promotionnelle, ce qui n’était pas le cas par le passé. Peut-on y voir une ambition plus forte que sur les précédents albums ?
C’est surtout une question de partenaires…
Vous avez donc plus de moyens aujourd’hui pour promouvoir cet album ?
La vraie promotion d’un groupe se fait avant tout sur scène et le bouche à oreille fait le reste… Mais c’est vrai qu’on a fait cet album avec les tripes et on tient vraiment à défendre cet album le mieux possible : c’était une évidence !
On savait qu’on était attendus au tournant avec le retour de Steeve
Et finalement, ça tombe bien puisqu’elle coïncide avec le retour de Steeve, une autre figure emblématique du groupe… et donc marque son grand retour mais également celui de No Return…
Tout à fait ! Il fallait marquer le coup. On savait qu’on était attendus au tournant avec le retour de Steeve. Mais c’est normal, les gens qui ont bien aimé "Self Mutilation" et "Machinery" s’attendent à un produit qui soit à la fois dans l’air du temps et qui
booste.
Aviez-vous une pression particulière au moment de composer ce "Requiem" sachant que comme tu le dis, vous étiez attendus au tournant ?
On le savait, mais quand je compose je ne me pose pas de question. Au niveau de la composition, il n’y a pas eu de pression mais on a effectivement bien pris notre temps pour peaufiner l’album pour qu’il corresponde à notre vision artistique. On s’est dit que si on faisait les choses avec cœur, il n’y avait pas de raison que cet album ne plaise pas moins qu’un autre album de No Return… On espère avoir été fidèles à nos racines et à montrer ce que nous sommes actuellement…
Au regard du discours sincère et emplis de convictions que tu me tiens depuis le début de cette interview, le contraire aurait été surprenant…
Complétement ! La pression n’existe pas à ces niveaux-là, la pression va être de trouver des dates pour bien promouvoir l’album : c’est mon inquiétude actuellement… Il y a eu beaucoup de reports de tournées et tous les groupes veulent jouer après cette période : c’est normal !
Justement avez-vous des dates calées ?
On a fait un concert à Falaise la semaine dernière qui était d’ailleurs la première date avec Steeve. Pour l’instant, en 2023, on a deux dates et d’autres plans vont se mettre en place : on va essayer de trouver un maximum de dates mais on voit bien que c’est compliqué…
On a commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée et malheureusement, on a dû creuser ce sujet mais ça va être le cas tout au long de cette promo…
(Sourire) Il y a des chances !
… au contraire quelle est la question que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?
Ce n’est pas une question évidente… (Silence) Mais j’aimerais qu’on me pose des questions sur ce que fait véhiculer la musique de No Return que ce soit sur moi ou les gens, l’effet que ça procure en termes d’émotions…
Et pour toi, No Return est un exutoire ?
C’est un exutoire mais c’est surtout un plaisir de pouvoir jouer sa musique et la partager avec les gens notamment en
live c’est pour ça que je disais que la meilleure promotion, c’est le
live : c’est l’interaction que tu as avec les personnes. C’est pour ça que j’aime aussi beaucoup jouer dans les petits clubs où tu as une proximité beaucoup plus grande avec le public que si tu joues dans une salle plus grande…
C’est plus impersonnel…
Exactement ! Je pars du principe qu’il faut jouer dans toutes les salles qu’il y ait 50, 500, 1.000, 10.000 personnes…
Tu parles d’impact de ta musique, avec le recul, trouves-tu que certains albums ne correspondent plus à ta vision de la musique ?
Chaque album correspond à un instant du groupe, je ne regrette donc rien de ce que j’ai écrit musicalement. Ce serait trop facile et réducteur de dire que ça ne colle plus avec l’air du temps mais forcément parce que c’était un instant présent à l’époque, et pour moi la musique se vit à l’instant présent. Bien sûr, j’ai évolué au niveau de la guitare sur ces trente-trois années : je ne joue pas de la même façon qu’au début.
Je ne me demande pas si un album sonne daté parce que c’était fait à un instant présent, en revanche, ce qui m’intéresse, c’est la sincérité qu’on met à chaque instant ! Je ne regrette donc rien de ce que j’ai écrit et je me dis que c’est ainsi que No Return devait sonner à cette époque-là ! Et je continuer d’avancer et c’est ce que le groupe s’évertue à faire depuis trente-trois ans…
Tu parles de trente-trois ans. Est-ce que le gamin qui a créé No Return pensait être ici trente-trois plus tard pour promouvoir le onzième album du groupe ?
Pas du tout, pas du tout et c’est ce qui me sidère à chaque fois !
On a pas mal abordé de sujets qui fâchent mais finalement, voir que son bébé existe toujours trente-trois ans plus tard, c’est que du positif !
C’est du positif ! A l’époque, quand j’avais vingt balais, me dire que le groupe allait durer aussi longtemps : putain, tu ne peux pas le prévoir !
C’est une certaine fierté de se dire que le groupe n’a jamais splitté
Ça doit être une sacrée fierté…
Bien sûr que c’est une certaine fierté de se dire que le groupe n’a jamais
splitté, de garder cette volonté, de garder le cap et de continuer quoi qu’il arrive tant que j’ai la flamme et cette passion mais on en a parlé : c’est cette passion qui m’a permis de tenir autant d’années…
Mais pendant toutes ces années, tu as dû faire certaines concessions ?
De toutes façons, quand tu fais de la musique, tu dois forcément faire des concessions sur ta vie privée…
Avec le recul, as-tu des regrets à ce niveau ?
Ce n’est pas un regret parce que ce sont deux choses fondamentalement différentes…
Mais ta passion aurait pu empiéter sur ta vie privée…
Bien sûr, et c’est le cas pour certains musiciens qui arrêtent ou font différemment. Dans mon cas, ce sont deux choses différentes mais c’est vrai que c’est compliqué de les rendre compatibles, surtout quand tu fais de la musique comme No Return veut le faire. On s’attèle à faire un album, à tourner… c’est un certain cycle qui est chronophage et il faut arriver à concilier tout ça, même si c’est difficile parce que tu es parfois absent pour tes proches…
Mais malheureusement, quand tu as une passion, tu ne peux pas te dédoubler, ça déteint forcément sur ta vie privée quand tu as un engagement comme le mien par rapport à la musique…
Mais tu n’as pas de regret à ce jour ?
Non, pas de regret parce que j’ai réussi à concilier, même si - on ne va pas se voiler la face - c’était parfois très, très difficile. J’ai réussi à garder le cap, No Return n’a jamais
splitté et on a continué à faire ce qu’on voulait en termes de musique…
L’essentiel est que le passionné sincère que tu es n’aies pas de regret… Merci…
C’est cool. Merci beaucoup !
Merci à Noise et ThibautK pour leur contribution...