Fort d'une certaine popularité locale du côté de Perpignan d'où il est natif, Working Klass Heroes ambitionne de bousculer le reste de la France et plus si affinités avec "No Excuses, No Remorses", album qui ne s'interdit strictement rien, dans lequel le groupe compte bien prendre avant tout du plaisir pour mieux en procurer à son public...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?
Le Double : On ne nous a pas trop posé de questions jusqu’à présent, il n’y en a donc pas… Mais si, il y en a une qu’on me pose au boulot qui est "C’est à cette heure-ci que vous arrivez ?" (Rires) !
On voulait faire un album qui nous ressemble à 100% dans lequel on ne s’interdit rien !
Votre actualité c’est la sortie de "No Excuses, No Remorses", pourquoi un tel titre ? Est-ce que ce titre est une réponse aux critiques que l’on vous a peut-être adressées ?
Non, pas du tout ! C’est avant tout lié au fait qu’on voulait faire un album qui nous ressemble à 100%, dans lequel on ne s’interdit rien. Je ne voulais pas qu’on rentre dans le délire très présent dans le metal qui consiste à faire du hardcore pour s’adresser aux fans de hardcore, du thrash des années 1980 pour ceux qui n’écoutent que du thrash des années 1980… Je voulais vraiment qu’on ne s’interdise rien du tout ! On a des influences diverses, je voulais qu’on les mêle pour arriver à une alchimie. On ne s’est rien refusé dans cet album pour le défendre !
C’est également ça "No Excuses, No Remorses", on va au bout de notre idée et advienne que pourra…
La pochette de l’album, son graphisme est un rappel aux années 1980. Qu’est-ce qui explique ce rappel et que représente pour vous cette période ?
C’est marrant que tu trouves que cette pochette fasse années 1980 parce que ce n’était pas du tout le but. Pour te donner un peu l’idée, le but était de faire ce mélange des genres : il y a au fond ce côté très indus’, très hardcore et devant, il y a ce côté lumineux avec des néons aux couleurs chaleureuses avec le rose et le bleu qui rappellent l’électro et la dance des années 1990 avec Corona et tous ces trucs (Rires)…
Tout ce qui est musique des années 1980 m’a bercé : j’ai eu la chance d’avoir un frangin qui m’a empêcher d’écouter de la "merde". A l’époque, j’ai eu l’audace d’acheter le single de Moos ‘Au nom de la rose’, je n’ai pu écouter que le début, mon frère qui a douze de plus que moi est entré dans ma chambre, m’a viré ça et m’a gravé des CDs : progressivement, j’ai écouté du Guns, du AC/DC, du Offspring, du NOFX… puis la crise d’ado est venue et j’ai forcément eu ma période skate punk…
Cet album marque un changement de line-up avec notamment ton arrivée au chant, comment expliques-tu ces mouvements ? Le groupe a-t-il douté sur la suite ou bien voyait-il ces changements comme une opportunité pour évoluer ?
Le chanteur et le bassiste sont effectivement partis et c’est à ce moment que je suis arrivé : je pense que c’est plus une évolution… Le groupe voulait aller au bout de leur idée et d’essayer d’aller un peu plus loin : j’ai dû jouer dans les parages et le noyau dur cherchait des gens qui avaient la même volonté qu’eux…
On cherche à s’amuser avant tout pour donner ensuite envie de s’amuser aux gens qui nous écoutent…
Et toi qui n’as pas participé au premier album, tu es le plus objectif pour nous dire quelle évolution notable on peut entendre sur ce nouvel album ?
Il y a une très bonne ambiance entre nous, une très bonne alchimie -je suppose que ce devait être le cas avant- mais il y a cette chose que j’ai toujours appréciée depuis que je fais de la musique -parce que j’ai toujours fait de la musique avec des amis avant tout- c’est le fait qu’on ne se refuse rien et qu’on cherche à s’amuser avant tout pour donner ensuite envie de s’amuser aux gens qui nous écoutent…
Ce nouvel album et Working Klass Heroes en particulier proposent des morceaux qui mêlent à la fois metal, parfois metalcore et notamment électro. Est-ce à dire que cette orientation assumée est aussi là pour démontrer que l’on peut mettre ensemble ces deux styles principaux apparemment antinomiques ?
Bien sûr ! Ça fait partie de l’idée de base : ne rien s’interdire !
Et comment arrivez-vous à concilier les deux ? Vous arrive-t-il de constater que parfois ça ne colle pas ?
Quand ça arrive, on ne va pas plus loin ! Quand Fab ou Hugues ramènent une idée à la guitare ou quand Mars amène une boucle avec les machines, on essaie de voir si ça nous inspire, si ça nous amuse, si on a envie d’aller plus loin… et de fil en aiguille, chacun va apporter sa touche. Si ça fonctionne, on continue jusqu’à la maturité du morceau, sinon l’idée est avortée…
J’espère que la grande majorité des groupes font ce qu’ils ont envie de faire et qu’ils y trouvent du plaisir.
Mais selon toi, pourquoi peu de groupes se sont lancés en France dans cette fusion là où d’autres pays semblent moins frileux ? Avez-vous le sentiment d’être des précurseurs dans ce domaine ?
Absolument pas (Rires) ! Je ne sais pas du tout, c’est une question compliquée. J’espère que la grande majorité des groupes font ce qu’ils ont envie de faire et qu’ils y trouvent du plaisir. Mais il y a cette idée qu’il y a certains groupes qui font tel style de musique parce que c’est tel style qui fonctionne ou soit qui font tel style de musique parce que c’est tel style qu’ils apprécient et ne veulent pas en sortir…
Les compositions reposent essentiellement sur une structure avec des couplets puissants et des refrains efficaces notamment le titre d’ouverture ‘Left For Dead Too’. Vous qui avez participé à de nombreux projets, écrit de nombreuses compo, est-ce plus dur d’écrire ce genre de titre et si oui en quoi ?
Non, parce que je n’ai absolument jamais changé d’approche, peu importe les groupes. Je compose la ligne de chant avec des syllabes fortes ou des accentuations et je garde ces syllabes et je vais écrire un texte en rapport avec ça. Mais finalement la question est de savoir ce que la mélodie m’inspire et à quoi je pense quand j’écris tel ou tel morceau ? Par exemple quand j’écoute ‘Vanguard Bandits’, j’entends une cavalcade donc j’imagine une calèche qui roule à fond et du coup, je raconte l’histoire d’un mec dans une calèche qui s’imagine qu’il est poursuivi alors que ce n’est peut-être pas le cas… Il y a également des petits sous-textes sur la névrose moderne… J’aime bien mettre du sous-texte sans me sentir obligé de me l’imposer : je ne suis pas là pour envoyer des messages en pleine gueule ! Je ne dirais pas qu’on s’en fout des messages mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est le
live : j’ai envie que les gens s’amusent et qu’on passe un bon moment ensemble ! On essaie d’amener une bonne énergie positive -même quand les textes ne sont pas positifs du tout- on veut rester dans le positif malgré tout parce qu’on veut faire la fête pendant une heure avant tout et ne penser à rien d’autre que faire la fête…
Tu parlais des messages, on sent que cet album est l’expression d’une frustration, que vous avez peut-être cumulée au cours de cette période sombre que l’on éprouve tous, et le style quasi-hardcore que vous empruntez est là pour en témoigner. Est-ce que cet album est pour vous aussi une forme de catharsis ?
Il y a de ça effectivement ! J’ai 37 ans, j’ai deux enfants, je n’ai jamais été inquiet de ma vie et avec le Covid, c’est la première fois qu’il m’arrive de ressentir une inquiétude : c’était tout nouveau et désagréable ! Donc forcément, on écrit en conséquence. Je me pose d’autres problématiques que quand j’étais un branleur ou un jeune adulte qui faisait le con. Mais ça ne m’empêche pas de toujours garder cette ligne directrice positive. Je ne veux pas amener plus de négatif que ce qu’il y a déjà, surtout qu’en ce moment, ça ne va pas mieux… J’espère que ça ira mieux à un moment donné mais ça n’en prend pas le chemin…
Mais c’est vrai que ça fait du bien de gueuler un bon coup histoire de sortir toutes ces idées négatives et le but est de les transformer en positif !
Vous évoquez aussi des thèmes sociaux notamment dans ‘Collapse’ dont le clip pioche dans certaines images d’actualité. Cette dualité de style est-elle la meilleure forme pour faire passer vos messages ?
Je ne sais pas si j’ai poussé la réflexion aussi loin, mais c’est gentil de l’imaginer (Sourire)… Disons que pour ce morceau, j’avais envie de parler de tout ce qui est influenceurs, les réseaux sociaux et ce qu’on en fait depuis quelques années, notre façon de regarder notre écran de téléphone et passer à côté de ce qui a juste en face de nous… C’est finalement une réflexion sur moi-même, une autocritique parce que je ne suis pas mieux que les autres, bien au contraire…
Les morceaux de "No Excuses, No Remorses" vont quasiment tous à l’essentiel avec des formats allant de trois minutes à un peu plus de quatre minutes. C’était un choix délibéré ?
Oui ! En tous cas, au moment où nous avons composé les morceaux, ils étaient cohérents ainsi. On aime bien avoir ce côté brut pour être à fond avec le public, on s’éclate pendant quatre minutes, on laisse dix secondes pour respirer et on repart et ainsi de suite…
Votre musique est aussi là pour apporter énormément d’énergie voire pour danser et on pense à ce titre tubesque ‘The End Is Night’ puissant et qui offre un passage électro très enlevé mais aussi le bien nommé ‘Queen Of The Dancefloor’, c’est avant tout ce que vous cherchez à transmettre cette énergie ?
Ah oui, oui, il n’y a rien de plus agréable, rien de plus grisant et même pour l’ego rien de plus flatteur de voir des gens qui s’amusent : c’est le pied !
Il y a plein de choses que je fais et que je ne devrais pas faire : ça a été une leçon !
Et ce pied que tu prends sur scène, cette énergie… n’est-ce pas une déception de pas pouvoir la retranscrire sur album studio ?
Disons que je ne suis pas un artiste, et encore moins un artiste studio… Il y a plein de choses que je fais et que je ne devrais pas faire : ça a été une leçon ! Je pars notamment du principe que si je n’arrive pas à faire quelque chose du début à la fin, je n’arriverai pas à le faire sur scène donc ça ne sert à rien ! Mais je sais désormais qu’en studio, il faut enregistrer petites parties par petites parties pour gagner un maximum d’énergie mais moi, j’ai tout enregistré d’un bloc… et je me suis fait engueuler (Rires) ! Mais on apprend, même à mon âge, on continue à apprendre !
Cette fusion de style demande une grande exigence pour chacun des musiciens au premier rang duquel ton chant tient une grande importance, alternant chant hurlé, screemo et clair. Cela demande un entrainement particulier pour ne pas s’abimer la voix ? Comment arrives-tu à gérer cet aspect du travail ?
Je suis une feignasse ! J’ai juste beaucoup de chance ! Il y a forcément des choses comme par exemple le fait que ça fait vingt ans que je fais de la musique, que j’ai essayé un peu tout… si bien qu’inconsciemment, on s’entraîne, on a des techniques autodidactes ! J’ai fait un an de solfège pour jouer du saxophone, ça m’a gonflé parce qu’on faisait que du solfège et quasiment pas de saxophone : ça a été compliqué !
Donc disons que pour l’instant, j’ai du bol : je ne me suis jamais cassé la voix, je ne me suis jamais fait mal… Mais j’ai 37 ans et j’ai moins de facilité à chanter qu’avant mais ça va…
L’album se clôture sur un titre déjanté ‘Working Klass Ego’ où vous explorez un aspect un peu plus hip hop avec un chant en français. Pourquoi un tel choix sur ce titre ? Etait-ce indispensable pour être totalement compris et montrer que vous ne vous prenez pas au sérieux ?
Avec le recul, oui… En fait, ce morceau vient d’une blague ! C’est-à-dire qu’on s’est retrouvés le machiniste et moi dans le local à Perpignan et il a balancé un son et j’ai commencé à faire le con en chantant des conneries… On s’est dit qu’il fallait l’enregistrer pour le faire écouter aux autres histoire de se marrer et passer une bonne soirée… Et doucement, ce titre s’est imposé et finalement, ça donne un côté inattendu parce que ce n’est pas du tout le genre de morceau qu’on attend dans un album metal et ça renvoie toujours au fait qu’on ne veut rien s’interdire !
Working Klass Heroes a un lien voulu ou non avec la chanson de John Lennon ‘Working Class Hero’…
… Aucun…
... Malgré tout, ce titre disait : "Dès votre naissance ils vous font vous sentir moins que rien / Ne vous donnant aucun répit plutôt que tout sur un plateau / Au point où la douleur est telle que vous ne sentez plus rien / Être un héros ouvrier c'est quelque chose". Est-ce qu’on peut dire ça de votre vie de groupe ?
Oui, j’aime bien ! C’est cool qu’accidentellement, il y ait ce lien, ce n’est pas le but premier mais c’est cool… Il y a parfois des accidents heureux : c’est très joli, ça me plaît !
Toujours dans ce parallèle, vous retrouvez-vous dans le fait que rien ne vous est donné pour acquis et qu’il faut faire plus d’efforts, de sacrifices, surtout dans une industrie musicale difficile, pour faire son trou ?
Je ne pense pas que ça soit plus dur que dans une autre industrie mais je pense que c’est au moins aussi dur…
[Working Klass Heroes c'est] cette espèce de mélange qui consiste à danser sur du Corona et du Pantera !
Il est indéniable que votre musique trouve encore plus tout son sens sur scène. Qu’est-on en droit d’attendre de Working Klass Heroes en live ?
Du fun, du brut de décoffrage… cette espèce de mélange qui consiste à danser sur du Corona et du Pantera ! Surtout qu’en concert, on a ce passage électro ‘King of the Dancefloor’ juste avant le titre ‘The Queen of the Dancefloor’ où je demande à chacun de sortir sa
dance la plus éclatée possible et le vainqueur gagne un petit
single ou un petit saut dans la fosse ou un
wall of dance qui est peut-être le seul truc qu’on a vraiment inventé c’est-à-dire que juste avant le passage brutal de ‘The Queen of the Dancefloor’, il va danser au milieu et ensuite, le
wall of dance va venir le piéger, le choyer… (Rires) !
(Fab nous rejoint à ce moment de l’interview)
Et finalement, qu’attendez-vous clairement de ce nouvel album ?
Le Double : Du pognon !
Fab : Non, pas du pognon !
Malgré tout, vous en avez déboursé pour cette promo, c’est une démarche pour récolter quelque chose d’où ma question : qu’attendez-vous de cette promo et pour cet album ?
Le Double : On veut avant tout jouer, trouver des dates, jouer et s’éclater !
Fab : Que les gens entendent parler de Working Klass Heroes. On n’a jamais eu d’ambitions professionnelles mais oui, on a envie de jouer !
Mais pourquoi avoir fait cette démarche promotionnelle si tardive sachant que l’album est sorti depuis plus de six mois ?
Le Double : Nous avons besoin de cette force de communication, cette machine parce qu’on a vu que ça fonctionnait bien en local, chez nous en Occitanie et…. en Catalogne !
Fab : Tu as du mal à le dire (Rires) !
Vous sous-entendez qu’il y a un engouement autour de cet album dans votre région ?
Le Double : Il y a eu un très bon accueil du public du coup, nous nous sommes dit que ça serait bien d’aller plus loin ! Nous avons signé avec Keuf Metal Inc. pour la partie tourneur et Replica pour celle promotion, qui ont cette puissance que nous n’avons pas…
A ce titre avez-vous des dates notamment une parisienne à nous annoncer ?
Le Double : Pour l’instant, nous n’avons rien d’annoncé mais on se fera une joie de le faire dès que ce sera le moment…
Pour terminer, on a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Le Double : "T’es plutôt vaginale ou clitoridienne ?" (Rires) ! Je ne sais pas mais j’adorerais qu’on me pose cette question… En tous cas, merci à vous d’avoir écouté l’album !
Merci à Calgepo pour sa contribution...