La première journée du
Tyrant Fest a été une réussite. Le public est au rendez-vous, les formations ont été top et le site du 9-9 de Oignies n’a rien perdu de son charme ni de sa fonctionnalité. Nous sommes de retour en ce dimanche 13 novembre pour une deuxième journée riche, notamment dans le
Métaphone où nous concentrons notre attention. Comme samedi un changement est à noter,
Au Dessus ne peut se produire et est remplacé par
Serpent’s Oath.
Après l’ouverture traditionnelle à 15h00, les hostilités démarrent avec la venue de
Bliss Of Flesh. La formation calaisienne joue en territoire connu, elle a fait effet au festival en 2017 et récemment a mis le feu lors du
warm-up du festival à Béthune. La foule est au rendez-vous pour retrouver une musique occulte et envoûtante. "Tyrant" sorti en 2020 ayant confirmé la grande classe du groupe, l’album sera logiquement mis à l’honneur. Le décor donne la sensation d’assister à une cérémonie noire, l’intro lugubre puis symphonique met dans les conditions en instaurant une ambiance idéale. Puis le récital débute avec un black death hargneux porté par le chant d’un Necurat tout droit sorti des enfers. Au milieu, un break sombre fait son effet avec une voix abyssale glaciale et le final se termine sur une mélodie black remarquable.
La suite est toute aussi prenante, la violence dégagée impressionne tout comme le côté incantatoire porté par le chant clair. Necurat fait preuve d'un énorme charisme et remue la foule avec efficacité. L’enchaînement entre ‘Hexis’ et ‘Mors’ est remarquable. Le côté cérémoniel est accentué par la présence d’un violoniste qui propose des sons à glacer le sang et la présence de deux nymphes en tenue de cérémonie fascine. Entre les deux titres un rituel sanglant fait tout aussi impression. Les titres cartonnent avec un death black d’une rare violence, le groupe tabasse son auditoire avec une force impitoyable. Le calme porté par le violon et le chant incantatoire amenant un charme occulte. Le final avec les flammes et le sang est du meilleur effet et finit le concert en beauté.
Bliss Of Flesh a proposé un concert brutal et attirant en forme de parfaite ode à la gloire des forces occultes.
Après cette leçon, le festival accueille une légende de la scène extrême francophone,
Belenos. Porté par Loïc Cellier, le groupe s’est bâti une aura partout dans le monde avec un pagan black teinté celtique mettant à l’honneur l’âme de la Bretagne. La formation se fait rare et la foule est au rendez-vous pour retrouver Loïc et ses compères. Après l’intro mélodique de ‘Nozweler’, l'ambiance tourne au black costaud porté par un chant venant droit des abysses. Il règne une atmosphère épique et mélancolique qui se mixe parfaitement à la violence dégagée. Succès assuré !
‘Hollved Hirisus’ et ‘L’Enfer Froid’ déroulent leurs passages mélodiques et épiques pagan. La méchanceté qui ressort fait mal avec des riffs rapides, une batterie en fusion et un chant caverneux qui colle le frisson. ‘Le Dechirement’ puis ’Morfondu’ sont deux tartes de black d’une puissance énorme. Le chant infernal a un côté sans pitié qui écrase la salle. Le petit plus vient d’un break pagan teinté d'ambiance celtique sur ‘Morfondu’ qui fait plonger la salle dans les légendes bretonnes. Le public est ravi et Loïc apprécie l’accueil et rappelle qu’il est un local, étant originaire d’Arras. Puis ‘Loin au Nord’ charme avec un côté black majestueux et épique. ‘Armorika’ écrase la foule avec le même ton puissant et un chant clair allant dans le lointain. ‘L’Antre Noir’ est un final parfait avec une force épique.
Belenos a donné une leçon de pagan black. Il s’est fait puissant et violent avec une savante touche de mélodie et une âme portée par les textes en breton et français.
Le ton va rester glacial et plus occulte avec
Serpent’s Oath. Les Belges ont eu moins de 24h pour préparer ce concert en remplacement d’
Au Dessus mais cela ne va pas les effrayer. Ils ont mis les petits plats dans les grands avec un décor splendide avec encens, crânes et drapeaux dans un esprit black sataniste.
L’intro solennelle plonge un public curieux dans l’ambiance. Puis avec ‘Speaking In Tongues’, la raclée démarre par un cri de damné éructé par un Tes en transe, totalement plongé dans son art. On retrouve toute la panoplie black avec un côté cérémoniel renforcé par les lumières rouges sang. Après cet excellent début, ‘Leviathan Speaks’ est encore plus intense. Tes est possédé et hurle comme un damné, le ton est cru et bestial dans un esprit black
old school. Après une intro occulte qui confirme l’ambiance noire, ‘Blasphemy’ fait un carton. Porté par un
back pervers le titre est bouillant et méchant avec un ton maléfique malsain. Le succès se confirme, le public est attentif et nombreux sont ceux qui découvrent la formation avec plaisir. ‘Malediction’ démonte tout sur son passage avec une charge épique intense. Après une autre intro sombre, ‘The Beast Reborn’ et ‘Thy Mighty Serpent’ cartonnent dans un black occulte. 'Summoning The Ancients’ et ‘Blood Moon’ achèvent la cérémonie avec la même méchanceté taillée dans un black pur et dur. venu et a vaincu. Ce concert a certainement permis à
Serpent’s Oath de gagner de nombreux nouveaux adeptes.
Entre deux charges bestiales, le festival va changer d’ambiance avec la venue de
Messa. Entre doom et ambient, la formation italienne s’est fait un nom portée par la voix pleine de charme de Sara. L’intro douce et teintée de sonorités orientales est parfaite pour plonger le public dans un autre monde avec une ambiance éthérée. ‘If You Want To Be Taken’ colle le frisson, porté par la pureté de la voix de Sara a cappela. Il y a du Anneke Van Giersbergen dans le ton fragile, fort et atmosphérique de Sara. Le mélange entre puissance et mélodie ambient est top tout comme la splendide partie instrumentale très 70’s. L’accueil est chaleureux et on sent Sara ravie d’une telle ovation au milieu d’une affiche brutale. ‘Babalon’ confirme la classe du groupe pour un doom doté d’un riff de mammouth mixé à une musique aérienne portée par le chant angélique de Sara. L’alternance des ambiances est parfaite avec un solo de folie plein de feeling. L’accueil est toujours aussi bon et avec ‘Suspended’, le voyage est total. Il y a un côté planant porté la basse avec un esprit trip-hop qui évoque
The Gathering. Un nouveau solo très heavy 70’s et plein de charme achève en beauté un superbe titre.
Sara se fait moins timide et remercie la foule en français et introduit ‘Leah’ en forme de cri de libération pour les femmes. Le titre est un autre voyage entre doom et atmosphérique,
Messa transporte son auditoire avec grâce et élégance avec un chant d’une pureté incroyable. La claque est totale, cet univers chaud et planant réchauffe l’âme de chacun. Et là encore la partie instrumentale est fabuleuse, en forme de parfait hommage au heavy des débuts avec un feeling énorme. Après des mercis chaleureux et dans une ambiance très agréable, le concert va s’achever avec ‘Pilgrim’. Porté par une intro à la fois planante, psychédélique et orientale, le titre est monstrueux. Alberto est fabuleux et distille des riffs de grande classe. Sara brille toujours autant et épate par la pureté et la force de son chant. La longue partie instrumentale du titre achève tout le monde avec un feeling gigantesque en forme de plongeon dans le meilleur du doom.
Messa n’avait pas la partie facile mais il a réussi son coup avec classe. Le groupe a fasciné et conquis nombre des personnes présentes. Ce concert restera comme l’un des meilleurs du week-end.
Après ce voyage hors du temps, le festival accueille une légende du black avec les Belges de
Enthroned. Le groupe n’a rien perdu de son aura maléfique et la foule est au rendez-vous. Pour ce concert, Nornagest et ses camarades vont se concentrer sur la période récente du groupe, zappant l’époque de Lord Sabathan. Après une intro épique flamboyante, parfaite pour poser une ambiance glaciale, le groupe va assommer son monde avec le féroce ‘Hosanna Satana’. Court et intense le titre est une charge black mordante porté par le hurlement d’un Nornagest possédé. Sous son maquillage, il en impose niveau charisme. La leçon continue avec ‘Of Shrines And Sovereigns’. Cru, violent et intense, c'est un monstre de black d’une noirceur totale amenée par les chants religieux en arrière-plan. Après un speech ténébreux, ‘Silent Redemption’ trompe son monde avec un début calme puis tartine avec un rythme énorme. Le côté froid prend aux tripes par un break énorme et le
blast infernal assomme la foule.
Norngaest balance un bonjour en français et tente de remuer un public qu’il trouve trop calme. Suit un enchaînement intense. ‘Sepulchred Within Opaque Slumber’, ‘Nonvs Sacramentvm – Obsidivm’ et ‘Through The Cortex’ sont des claques black d’une férocité qui prend à la gorge. Le chant fou de Nornagest fait peur tant on sent le chanteur habité. ‘Smoking Mirror’ est d’une force énorme puis tabasse sans pitié. Nornagest salue son guitariste puis les hostilités reprennent avec ‘Deathmoor’ et ‘Aghoria’, intenses et rapides. Après un dernier merci le concert s’achève avec ‘Of Feathers And Flames’, une terrifiante leçon de black pur et dur. Le groupe se retire mais ne revient pas alors que deux rappels étaient au programme. Malgré cette petite déception, personne n’a envie de se plaindre.
Enthroned a été immense et confirmé qu’il restait un des grands en matière de black metal cru et d’une rare violence.
Il reste un grand nom pour achever la journée. Depuis 30 ans,
Belphegor règne sur la planète black death porté par un Helmuth prédicateur de la cause sataniste et blasphématoire. Le public est encore bien fourni malgré l’heure tardive. Il peut apprécier un décor splendide avec croix et drapeaux et en fond la pochette du dernier album.
L’intro est empruntée au film "Barry Lindon" puis le groupe débarque sous les vivats. ‘Creature Of Fire’ est une courte claque, la batterie est en fusion et Helmuth est à genoux et semble prier. ‘Baphomet’ enchaîne sans laisser de répit et fait mal, porté par le chant caverneux d’Helmuth. ‘The Devil’s Son’ propose un death black doté d'une hargne énorme. ‘Sanctus Diaboli Confidimus’ et ‘Belphegor – Hell’s Ambassador’ enchaînent à merveille. Le premier est sombre, glauque et vicieux, le second est une charge de death black dotée d’un rythme intense. Juste derrière le chanteur cherche à remuer la foule et obtient un petit succès.
Avec ‘Conjuring The Dead / Pactum In Aerternum’,
Belphegor sort le grand jeu. Helmut se présente avec un crâne en feu et fait monter l’ambiance de plusieurs crans. L’effet est saisissant. Le titre s’enchaîne avec ‘Lucifer Incestus’. Occulte et violent, il fait le même effet sur la foule et le final avec la vasque en feu sous des lumières rouges splendides est parfait en forme de cérémonie noire. ‘Virtus Asinaria – Prayer’ est une autre bonne claque avec des chœurs ténébreux. ‘The Devils’, tiré du nouvel album, est mordant et méchant et montre que le groupe garde une belle forme malgré les années qui défilent. Le final formé par ‘Totentaz’ et ‘Dance Macabre’ est d’une férocité hors normes avec une intensité qui plaque au mur. Les lumières se rallument et les gens sonnés quittent la salle doucement. Certains réclament un rappel, et si souvent l’appel est vain, cette fois il est entendu et le groupe revient pour un ultime titre, ‘Stigma Diabolicum’. Le cadeau fait plaisir à la foule restante et fait un carton. Bourrin et taillé dans un ton black avec des mélodies intenses, le titre est un hymne au malin idéal pour achever le week-end.
Belphegor a été une tête d’affiche parfaite, il a fait honneur à son statut et collé la raclée avec une violence jouissive.
Ceci achève un riche week-end. Le
Tyrant a proposé de succulents concerts , un cadre qui apporte une énorme valeur ajoutée et une parfaite organisation. Il reste à remercier l’équipe du festival pour son accueil ainsi que l’équipe et la direction du complexe minier pour la mise à disposition de son écrin au service de la cause métallique. Et rendez-vous est donné à l’organisation pour d’autres affiches de cette qualité.