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TITRE:
LES TAMBOURS DU BRONX (09 MAI 2023)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
ROCK
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Rencontre qui cogne avec Les Tambours du Bronx qui confirment leur "évilution" avec ce deuxième album metal...
STRUCK
- 09.06.2023 -
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Bien que riche d'une carrière de près de 40 ans, il y a clairement eu un avant et un après l'expérience commune avec Sepultura dans la vie des Tambours du Bronx. Dès lors conforté dans ce mélange metal et percussions, le groupe -complété par quelques pointures de la scène metal comme Stéphane Buriez (Loudblast), Franky Costanza (Blazing War Machine), Reuno (Lofofora), Renato Di Folco (Flayed)...- confirme son "évilution" après le très réussi "W.O.M.P"...
Franky, Stéphane, je vous ai déjà cette question traditionnelle mais pas à Dominique. Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?
Dominique Gaudeaux : Ça fait longtemps qu’on ne me l’a pas sortie et c’est tant mieux mais ce serait "Pourquoi il n’y a pas de fille dans le groupe ?".
Et on ne la posera pas…
Dominique : (Rires)
Même si nous sommes un groupe de percus, nous avons toujours été des rockers !
Cinq ans après "Womp" qui plongeait avec allégresse dans les bras du metal mais avec toujours les Monostress et Monocorps, les fameux bidons sur lesquels vous tapez, qui apportent un son un peu indus, ce nouvel album nous laisse à penser que la mue est définitive et qu'il ne s'agissait pas d'un simple exercice. C'est bien cela, aujourd'hui Les Tambours du Bronx est bien devenu un groupe de metal ?
Dominique : Oui et non (Rires) ! Je m’explique, ce qu’il faut savoir c’est qu’on s’est toujours sentis plus proche d’un groupe d’indus comme Ministry que d’un groupe de percus comme Stomp parce que même si nous sommes un groupe de percus, nous avons toujours été des rockers ! On a toujours fait des percus comme des sagouins de rockers et pas du tout comme des techniciens de la percussion.
De plus, nous avons aussi bien joué dans des festivals de metal ou de punk que dans des théâtres d’ailleurs sans guitare et on se sentait parfaitement à l’aise…
Tu vois, il y a eu ce passage avec Sepultura qui nous a marqué parce qu’on s’est rendu compte que c’est vraiment qui nous prend aux tripes à savoir ce qu’on fait mais avec des guitares et du chant en plus : c’est encore dix fois mieux !
Quand ça s’est arrêté avec Sepultura, il y a eu ce manque et on a créé ce projet "Womp" qui n’était censé être qu’une parenthèse, un projet parallèle voire éphémère…
On voit d’ailleurs sur la pochette de ce nouvel album "Evilution", le début de "Womp" écrit sur le rhinocéros représenté… témoignant du fait que ces deux albums s’inscrivent dans un chapitre particulier de la vie des Tambours du Bronx ?
Dominique : On peut dire que ce sont les Tambours du Bronx. On peut dire qu’on n’a plus peur de faire ce qu’on a envie de faire quand on a envie. Mais on continue en parallèle à jouer les Tambours du Bronx en version classique, sans guitare parce que nous sommes un groupe avec une grande histoire, un certain nombre de fans dont certains n’apprécient pas tous le metal… Et on apprécie également maintenant de faire presque une pause dans la carrière metal pour jouer uniquement des percussions à l’ancienne. Donc en fait, on a conservé les deux facettes du groupe.
Tu es amené à disparaître si tu n’évolues pas !
A ce titre, n’avez-vous pas craint que ces changements radicaux entraînent une mauvaise réception de vos fans historiques, qui ne sont pas des fans de metal à la base comme tu l’as dit et justifiant également le fait que vous ayez deux spectacles qui tournent au même moment, comme tu l’as évoqué… En clair, Les Tambours du Bronx ne sont-ils pas une machine schizophrène dont les regards portent vers deux directions différentes mais convergentes ?
Stéphane Buriez : Je vais faire un petit aparté, on a fait une belle tournée à la suite du premier album. On m’avait prévenu en me disant que le public des Tambours du Bronx serait soit familial, soit des rockers, soit mélangé… et c’est le cas ! J’ai en tête ce festival du côté de Perpignan, c’était blindé et sur l’affiche, on était au milieu de groupe de reggae, de jazz… et on s’est dit qu’on allait se faire laminer. On est montés sur scène et on a retourné les milliers de personnes du public familial en présence. Je ne pense donc pas que le metal soit un problème pour ces personnes sachant que les gens recherchent avant tout le côté visuel, l’intensité des Tambours du Bronx.
Donc, oui forcément, il y a un côté schizophrène en raison notamment de ces deux spectacles mais Les Tambours du Bronx reste Les Tambours du Bronx et ce n’est pas parce qu’on ajoute des guitares que c’est un groupe différent…
Dominique : On est 19 dans le groupe avec des tas d’influences différentes : ce côté schizophrène est absolument inévitable (Sourire) ! Et il y a aussi le fait que maintenant, on assume ce qu’on a envie de faire. Comme je te le disais, il y aura toujours des gens que ça va choquer mais tu ne peux pas ne pas évoluer : tu es amené à disparaître si tu n’évolues pas ! Forcément, tu vas déplaire à certaines personnes mais tant pis, on est obligés d’avancer !
Tu as évoqué le nombre de membres présents dans le collectif. Comment avez-vous réussi à trouver cette symbiose qui vous caractérise depuis une trentaine d'années ?
Dominique : Parce que ce n’est pas un collectif justement, c’est un groupe ! Il faut bien comprendre que s’il y a beaucoup de personnes qui sont passées dans le groupe, c’est parce qu’il est très vieux. Mais c’est un groupe, c’est-à-dire que quand on engage un musicien, on embauche quelqu’un avec qui on s’entend bien et avec qui on sait que ça va bien se passer parce que c’est la priorité et si c’est un bon musicien, c’est un plus (Rires) !
C’est une aventure humaine avant tout : on vit ensemble, on est tout le temps ensemble…
Stéphane Buriez et Franky Costanza ici présents mais également Arco Trauma, Renato Di Folco, Reuno qui étaient pour la plupart présents sur "Womp" sont désormais des membres à part entière dans Les Tambours du Bronx. Comment s'est effectuée leur initiation bronxienne dans un collectif qui avait déjà plus d'une vingtaine d'années d'existence ?
Franky Costanza : L’intégration remonte pour ma part à ma découverte de la fusion percussion des Tambours avec le metal, notamment dans une vidéo de Rock in Rio de Sepultura avec Les Tambours du Bronx : je me suis pris une grosse claque et je me suis dit que j’adorerais faire ça ! J’ai gardé cette idée dans un coin de ma tête comme un fantasme. A cette époque, je jouais toujours dans Dagoba mais ça sentait de moins en moins bon et donc, naturellement, je suivais Les Tambours du Bronx. Un jour, je commande un DVD sur leur boutique en ligne et je reçois le DVD avec une petite carte humoristique qui disait : "Si tu t’emmerdes avec Dagoba, on t’embauche !". Tout a démarré ainsi… Et peu de temps après, ils jouaient à Marseille, ils m’ont invité, on a commencé à discuter, je leur ai dit que j’avais adoré leur collaboration avec Sepultura et ils m’ont répondu que ça tombait bien parce qu’ils voulaient vraiment continuer dans cette veine mais comme logistiquement, c’était très compliqué de faire ça dans des salles européennes avec Sepultura, ils avaient dans l’idée de faire une formule française. On a donc mis ça très vite en place d’abord de façon instrumentale puis on a fait appel à nos chanteurs français préférés made in France (Sourire)…
Et toi Stéphane, c’est parce que ça sentait également mauvais au sein de Loudblast ?
Dominique : (Rires) C’est très bon !
Stéphane : C’était différent. Je me rappelle très bien, j’étais en voiture, je partais en Allemagne pour voir Metallica et j’ai reçu un coup de téléphone de Reuno qui me dit qu’il allait rejoindre Les Tambours du Bronx pour un nouveau spectacle mais qu’il n’allait pas pouvoir assurer toutes les dates. Vu que Reuno et moi, on se connaît depuis très longtemps, il m’a demandé si ça me botterait de le remplacer quand il ne pouvait pas. J’ai un emploi du temps de ministre mais je ne pouvais pas refuser Les Tambours du Bronx qui était un nouveau challenge fait pour moi (Sourire)…
On ne s’attendait pas que tous ces gens acceptent !
Et toi, comment réagis-tu quand tu entends que de tels pointures de la scène metal disent ne pas pouvoir refuser Les Tambours du Bronx ?
Dominique : En fait, on n’a pas eu le temps de réaliser, tout est allé tellement vite mais on ne s’attendait pas que tous ces gens acceptent ! Quand on a voulu faire ce projet nous-mêmes, on avait Franky ce qui était déjà génial, Arnaud (NdStruck : Arnaud Coeffic alias Arco Trauma) nous a rejoint aux claviers, on se charge des guitares nous-mêmes… on avait tout sauf au niveau du chant… On avait envie d’avoir un chant qui ait de la gueule et on savait qu’on ne le ferait pas bien nous-mêmes. On a donc lancé une bouteille à la mer sans penser que ça prendrait comme ça (Sourire) !
Stéphane : Ça a été vite parce qu’entre le moment où Reuno m’a appelé…
Dominique : … limite le lendemain, on était sur scène !
Stéphane : Je n’ai pas tout le cheminement, mais oui en gros, oui !
Dominique : J’avais un peu les genoux qui tremblaient au premier concert à côté de ces gars (Rires) et puis après, c’était naturel !
Il y a eu un avant et un après Sepultura !
Et finalement, quand a eu lieu la bascule parce que pour ceux qui vous suivent, par le passé, vous mettiez vos bidons au service d'autres comme Alan Stivell, Les Voix Bulgares, les Wampas… mais aujourd'hui, ce rapport de force s'est inversé et ce sont des gens extérieurs qui viennent vous apporter leur savoir-faire. Vous avez cité plusieurs fois la performance avec Sepultura, pensez-vous que c’est ce qui a fait office de déclic ?
Dominique : Je ne sais pas si on peut dire ça… On a beaucoup été demandés en tant que guests à une époque mais c’étaient surtout des collaborations. Beaucoup de gens voient tout de suite le côté industriel qui se dégage des Tambours du Bronx et pas forcément le côté familial. Par exemple, on a fait quelques morceaux avec Jaz Coleman de Killing Joke qui sont restés inédits parce qu’on voulait faire quelques spectacles en commun -il a tout de suite vu ce côté-là- et c’était vraiment une collaboration, ce n’était pas du tout un featuring ni dans un sens, ni dans l’autre… On créait quelque chose ensemble et c’était pareil pour Alan Stivell à l’époque, pareil pour Sepultura avec qui c’était une création : on avait créé un spectacle ensemble ! Sans prétention aucune, je pense que les deux groupes ont apporté l’un à l’autre : je trouve qu’il y a eu un avant et un après Sepultura !
Bref, je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de changements. Peut-être que le côté metal nous a apporté une certaine crédibilité, visibilité dans le milieu metal…
Stéphane : Et encore une fois, un album reste un album. Le premier album était le début d’une aventure, on a beaucoup tourné avec cet album et on a montré ce que pouvait également être Les Tambours du Bronx en assumant le côté metal. Et à la différence du premier album qui était brut de décoffrage et fait dans l’urgence, sur ce nouvel album, chacun a apporté sa patte et bien sûr, les tambours restent, c’est la marque de fabrique du groupe…
Dominique : Et tout le monde s’y retrouve puisque tu auras toujours cet arc de cercle avec la même énergie qui s’en dégage ! Ce qui va changer finalement est très visuel : tu vas avoir des pingouins -comme on a pu nous le dire- avec des guitares (Rires) qui peuvent être jouées au clavier en effet auprès d’une certaine catégorie de population, c’est vrai qu’une guitare peut être jouée par un DJ : ça passe très bien !
Ce nouvel album s’intitule "Evilution", peut-on considérer cet album comme un album-concept ? La première piste ‘Le Début de la Fin’ nous laisse penser que nous entrons dans une histoire avec une catastrophe qui arrive, un signal qui retentit...
Stéphane : Je pense que ça raconte une histoire, notre histoire !
Dominique : Il y a effectivement une certaine unité dans tous les textes de l’album…
Stéphane : En fait, quand on a commencé à écrire les textes, personnellement, je me suis imprégné de l’univers des Tambours du Bronx et notamment le fait d’avoir fait cette tournée assez importante et avoir partagé autant de moments sur scène et en dehors de la scène. Les Tambours du Bronx n’ont rien à voir avec ce que je connais dans mes groupes à part peut-être Le Bal des Enragés mais ce n’était pas encore ça… En fait, quand tu es sur scène avec Les Tambours du Bronx, il se passe un truc physique que je n’ai jamais retrouvé ailleurs ! Donc quand j’ai commencé à écrire les textes, j’ai voulu parler de ce truc-là, ce côté tribal, hyper organique qui te chope quand tu joues. Et globalement, quand on a regardé tous nos textes, on s’est dit que tout s’imbriquait même si on parlait de choses différentes : on parlait de notre histoire !
Dominique : Et puis, il y a différente lecture possible de chaque texte. Dans ‘Le Début de la Fin’, tu évoques notre civilisation actuelle mais tu peux également faire une analogie au groupe. Mais c’est le cas de chaque morceau : ‘True Hate’ parle clairement des haters, de cette envie de vengeance parfois suite à des mauvais coups…
C’est l’album qui retranscrit le mieux l’énergie qu’on peut avoir sur scène
Je rebondis sur ces haters, doit-on voir dans cet album un constat d’évolution peu flatteuse de notre société… Le groupe américain de new-wave Devo considérait que l'évolution arrivée à son point final se retournait comme un gant pour entamer sa dévolution. Avec le titre de votre album "Evilution", vous n’êtes pas forcément très éloignés d'eux puisque chez eux, on devient idiot-là, on pourrait penser que dans votre album, on devait maléfiques ou démoniaques ?
Dominique : Ce que j’ai aimé dans ce titre, c’était le côté évolution du groupe -puisqu’on peut parler d’évolution du groupe- et le jeu de mot assez sympa qui évoque le glissement assumé vers le metal : je trouvais que c’était parfait pour illustrer cet album ! Mais effectivement, on ne parle pas que du groupe…
Stéphane : C’est évident ! Forcément quand tu regardes autour de toi, tu ne vas pas évoquer un sentier avec les fleurs et petits oiseaux (Sourire)… Mais il y a un côté cathartique, tu chantes ça mais ce n’est pas ce que tu vas ressentir sur scène, sur scène, tu n’envoies qu’une énergie positive : Les Tambours du Bronx, ce n’est que du positif ! Dans l’album, il y a cette énergie mais forcément, les thématiques des morceaux se rapportent à ce qu’on a vécu bien malgré nous pendant deux ans et ce qu’on vit tous les jours…
Dominique : Je rebondis sur ce que tu dis, je trouve que c’est l’album qui retranscrit le mieux l’énergie qu’on peut avoir sur scène parce que ça a toujours été difficile pour Les Tambours du Bronx de retranscrire sur disque l’énergie qu’on a sur scène…
Stéphane : Comme le premier album, cet album a été mixé par HK au Vamacara Studio et faire un mix des Tambours du Bronx est un vrai sacerdoce… Et pour qu’on comprenne tout, il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde et je trouve que sur ce coup, quand on lance la lecture de l’album, on s’imagine… il y a des images qui viennent…
Dominique : … Je retrouve vraiment l’énergie du live dans cet album…
Dans ‘Ghosts’, vous avez choisi une mélodie cinématographique presque western qui sert de fond sonore et qui est submergé par un magma en fusion de son metal. On sent qu'il y a une volonté d'explorer d'autres territoires sonores tout en gardant l'assise metal et indus ?
Dominique : Clairement ! Très clairement ! Comme je te disais, on ne s’interdit rien ! Il y a eu ce déclic avec Sepultura dans le sens où désormais on s’autorise tout ce qu’on a envie de faire… Finalement, quoi que tu fasses, tu vas attirer un nouveau public et inversement, certains vont te dire que c’est nul et que c’était mieux avant… Quoi que tu fasses, donc autant se faire plaisir, explorer et oui, on avait envie de tester des sons acoustiques ou fantomatiques sur Les Tambours du Bronx pour voir ce que ça donne… De même avec ‘Razorback’, on avait très envie de mettre du hip-hop parce que nous sommes un certain nombre à écouter ça et on adore Dope D.O.D…
On a beaucoup plus travaillé les mélodies sur cet album que sur le précédent…
‘Razorback’ qui est le premier single de cet album enregistre la participation du groupe de rap hardcore néerlandais Dope D.O.D. Si le morceau sonne comme une évidence, sur le papier ce mélange risqué était osé ?
Dominique : J’ai l’impression que tout est osé en fait, donc à un moment, il faut simplement arrêter de se poser des questions et faire les choses…
Stéphane : Les Tambours du Bronx est un groupe qui a plus de trente ans d’existence et il est légitime dans ses choix. C’est quoi prendre des risques ? C’est juste faire ce qu’on a envie de faire ? Au bout de plus de trente ans de carrière, je pense que c’est tout à fait normal de ne plus se poser cette question…
Franky : Il y a une prise de risque qui est de plus en plus assumée. Et quand tu tapes "Tambours du Bronx collaboration", sur Youtube, tu tombes sur les frères Morvan, sur les Wampas… Je pense que c’est bien de ne rien s’interdire du moment qu’on est fiers du résultat bien sûr ! Ça rejoint le titre de l’album d’une certaine évolution du groupe… Je rebondis sur ‘Ghosts’, le fait que Renato s’ajoute au trio de chanteurs apporte une évolution beaucoup plus mélodique sur pas mal de morceaux de l’album notamment sur ‘Ghosts’…
Dominique : Je pense qu’on a beaucoup plus travaillé les mélodies sur cet album que sur le précédent…
Franky : Ça apporte une facette supplémentaire à la palette de couleurs des Tambours du Bronx et effectivement, Dope D.O.D va dans ce sens également.
Stéphane : Et pour autant, tout reste cohérent c’est-à-dire que ce n’est pas un gros patchwork… Non ! Tout s’est imbriqué naturellement dans la conception de cet album : tous les morceaux ont trouvé leur place au fil du temps ! Je trouve que cet album a une couleur et la pochette illustre parfaitement ce qu’il y a à l’intérieur ! Tout est raccord !
Franky : Maintenant, moi qui suis dans Les Tambours du Bronx depuis plusieurs années, en interne, je le vois comme un monstre à plusieurs têtes… Il y a beaucoup de personnes et tous les choix ont été sincères dans le sens où chacun a son background musical, ses influences qu’elles soient hip-hop, indus, rock, metal pur et dur… et je sais très bien que le flow rappé de Dope D.O.D va plaire à une branche du groupe, certains vont préférer les trucs plus thrashy, certains vont aimer le côté punk de ‘Chaos’… et chaque fois, ça prend aux tripes !
On peut considérer Andreas Kisser comme le papa ou le parrain du groupe
On a beaucoup parlé de Sepultura. Vous récidivez sur ‘Chaos’ sur laquelle figure Andreas Kisser, le maître es-guitare du groupe brésilien. Est-ce qu'il a accepté de vous rejoindre sans hésiter, est-ce qu'il vous a proposé des idées, par exemple ce solo sinueux et nerveux en fin de parcours ?
Dominique : C’est un morceau que j’ai depuis longtemps en stock et que j’ai proposé aux Tambours du Bronx pour cet album parce que je pensais que c’était le moment idéal. A l’époque où on jouait avec Sepultura, je lui ai demandé si ça l’intéressait de faire ce solo. Sur cet album, je joue de la guitare mais je ne suis pas du tout soliste et j’avais envie d’un vrai solo de metal et je me disais qu’il était parfait ! Sachant que je le croise en loge, c’était assez facile de lui demander (Sourire) et en plus, je respecte énormément le guitariste. Je lui ai demandé très humblement, il m’a répondu de lui envoyer le morceau et il verrait… et quelques semaines plus tard, il me tape sur l’épaule en me remettant une clé USB dans lequel il avait enregistré son solo… Ça s’est fait aussi simplement que ça, je n’ai rien eu à lui expliquer…
Franky : Je reprends les mots de Dominique qui a dit qu’on peut considérer Andreas Kisser comme le papa ou le parrain du groupe. Ça rejoint la question de toute à l’heure quant aux collaborations des Tambours du Bronx : je crois que c’est l’un des premiers qui a dit vouloir Les Tambours du Bronx sur les gros concerts de Sepultura. Je me souviens d’acheter mes CDs de Sepultura quand j’avais douze ans et maintenant, on joue sur le même disque : en quelques sortes, c’est une boucle qui se boucle et je suis très, très fier de ça et de son solo de guitare sur un de mes titres préférés ‘Chaos’…
Dominique : Je trouve que c’est un hommage, une sorte de remerciement sur l’album…
Franky : Ça tombe vraiment bien qu’il soit sur ce CD-là, à ce moment-là : c’est parfait !
La plupart des titres ont été écrits en anglais, sauf erreur trois chansons sont en français ? Comment expliquez-vous ce déséquilibre ? Never plutôt que Nevers ?
Les Tambours du Bronx : (Rires) !
Stéphane : Elle est bonne celle-là !
Dominique : Elle est vraiment pas mal !
Stéphane : Pour ma part, je suis plus à l’aise avec la langue de Shakespeare que la langue de Molière pour écrire les textes parce que j’ai toujours écrit en anglais même si sur "Womp", j’ai écrit un texte en français ‘Le Mal’… Mais Reuno reste un des plus grands paroliers français. On est là pour servir le groupe donc je ne vais me mettre à écrire en français alors que j’ai à côté de moi, un mec qui écrit cent fois mieux que moi (Sourire)… C’est la même chose pour Renato, l’anglais n’est pas notre langue de naissance mais c’est celle avec on a évolué avec nos groupes respectifs… c’est peut-être pour ça qu’il y a un léger déséquilibre mais le français a quand même la part belle dans cet album…
Dominique : On s’est posé la question parce que Les Tambours du Bronx est un groupe international mais sans chant. Les percussions sont internationales, on ne s’était donc jamais posé cette question du texte en anglais ou en français peu importe puisqu’on ne parlait pas (Sourire)…
Comme tout s’est passé très vite, sur le premier album, Reuno a écrit pas mal de textes en français naturellement : on ne s’était pas du tout posés cette question ! Sur cet album, on s’est posé la question et en fait, comme ce qu’on recherche, c’est que tout le monde soit à l’aise et qu’on fasse quelque chose dont on soit fiers : Stéph et Renato sont plus à l’aise avec l’anglais, ils ont écrit en anglais… chacun a fait comme il a voulu finalement ! Reuno avait quelques textes qui lui venaient naturellement en français -il est connu pour ça- : très bien, on assume : on est français, après tout ! Et il a quand même écrit quelques textes en anglais parce qu’ils lui sont venus tels quels comme ‘True Hate’ par exemple…
A ce propos, le texte de ‘True Hate’ semble s'adresser à quelqu'un de précis ou à l'universel voisin que l'on aime détester…
Stéphane : Tous ces abrutis qui peuplent la Toile (Rires) !
… D'ailleurs la surenchère dans l'horreur apporte une dimension comique. Était-ce voulu ?
Dominique : Il faudrait pouvoir lui demander mais je crois qu’il parle clairement du hater de base, le fameux sniper derrière le clavier, le troll… (Sourire)
A l'inverse sur la chanson suivante ‘Mortel ami’, vous laissez filtrer un peu plus d’ambiguïté, avec un peu plus de finesse. Une façon de rectifier le tir pour ne pas tomber dans le piège de la parodie que l'on peut retrouver dans le précédent morceau ?
Stéphane : Comme le disait Dominique, quand on parle de quelque chose, on rebondit sur autre chose… Et comme nous -les trois chanteurs- sommes restés une semaine ensemble pour enregistrer cet album -ce qui était un beau challenge aussi parce que douze morceaux pour trois chanteurs, c’est exponentiel c’est-à-dire qu’il n’y a pas trois fois des idées mais pleins d’idées qui arrivent- et donc autant dans nos interprétations que dans le choix du placement des voix et dans les thématiques, à nous trois, on était capables d’apporter une couleur différente, et c’était le but du jeu tout en restant cohérent ! C’est la différence avec le précédent album, cet album a été conçu comme un album de groupe à part entière !
A l'inverse du précédent opus, on ne retrouve plus ces courts interludes cinématographiques de "Womp" -comme ‘Desert Night Road’ ou ‘Dunes Of Ashes’- et à la place nous retrouvons un excellent instrumental ‘Double Devils’, que vous auriez pu développer encore plus longuement. On aime également quand vous prenez votre temps sur l'intro de ‘Denials’. Y-a-t-il une ouverture vers un metal progressif de type Dream Theater pour Les Tambours du Bronx ?
Stéphane : (Rires) !
Dominique : Je ne sais pas si on va partir là-dedans (Sourire) !
Franky : Je n’espère pas (Sourire) !
Dominique : Mais sincèrement, on aime prendre notre temps et j’avoue que c’est la question qui s’était posée sur cet album ; on nous a dit qu’il ne fallait pas que cet album soit trop long, il faut que tout soit formaté etc… Au bout d’un moment, personnellement, ça m’a fait chier : en fait, tous les morceaux n’ont pas besoin de faire 3 minutes 30… peut-être pouvons-nous nous permettre de faire une intro longue, développer des choses et faire finalement ce qu’on a envie !
Stéphane : On s’est également posé la question de savoir si tous les morceaux devaient comporter du chant. Nous, chanteurs en premier, on s’est dit que ‘Denials’ n’était pas un morceau à chant mais un morceau typique Tambours du Bronx et il ne faut absolument pas y mettre du chant !
Dominique : D’ailleurs, on s’est rendu compte que de nous-mêmes, nous avions formatés les morceaux qui duraient 3 minutes pile poil… Fort de ce constat, on a remis tout ce qu’on avait enlevé (Rires) ! Un retour un peu plus naturel finalement : la musique !
Les Tambours du Bronx sur scène, c’est unique !
Et vous avez des attentes particulières pour cet album ?
Dominique : J’espère qu’il va cartonner (Rires) !
Stéphane : Que tout le monde l’achète, l’écoute et vienne nous voir en concert en chantant tous les morceaux pour qu’on puisse partager un moment unique parce que Les Tambours du Bronx sur scène, c’est unique !
Dominique : J’espère qu’il va être apprécié en tant qu’album et pas juste en tant qu’appel à venir nous voir en concert… Evidemment, il faut venir nous voir en concert mais je pense que c’est l’album dont je suis le plus fier en tant qu’album !
Mais penses-tu que cet album va recevoir l’accueil et le temps qu’il mérite au regard de l’attention accordée à la musique désormais avec les nouveaux modes de consommation notamment sur les plateformes comme Spotify ou Deezer ?
Dominique : J’espère !
Franky : On espère et puis, on a compris les règles du jeu, on va se battre avec les armes d’aujourd’hui : on a pas mal de vidéos de prévus des lyrics vidéos, des trucs animés… On va en donner beaucoup aux jeunes générations qui sont sur les réseaux. On est tous de la génération qui aime avoir l’objet, lire les paroles, écouter un album de la première à la dernière seconde… : chaque nouvel album est pour moi une aventure que je vis en l’écoutant dans le noir… Mais je sais que pour en avoir discuté avec les jeunes générations, pour eux, les CDs prennent trop de place…
Stéphane : Ils ne consomment plus du tout la musique de la même façon !
Dominique : On verra si on donne une chance à cet album, en tous cas il n’a pas été écrit comme un album jetable dans lequel tu as deux tubes et le reste du remplissage… On a souhaité avoir des tonalités, des tempos, des atmosphères, des tas de choses différentes dedans, avoir quelque chose de riche, avoir douze morceaux sur lesquels tu ne t’ennuies pas et que tu puisses écouter, réécouter encore et encore…
Franky : On n’est pas fous. Le fait de sortir ‘Razorback’ en guise d’uppercut avant que tout sorte est un premier appel qui fait déjà une belle visibilité. Le clip de ‘Ghosts’ va sortir dans pas longtemps. ‘Double Devils’ sera illustré par des images studio… Il y aura donc plusieurs petits missiles sur la Toile pour toujours être présents !
Stéphane : Comme tu disais, on travaille avec les outils actuels pour être en phrase avec le public…
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Dominique : Je ne l’ai pas vu arriver celle-là (Sourire) !
Vous semblez sécher. Je vous propose d’y réfléchir et pour la promotion du prochain album des Tambours du Bronx, nous commencerons l’interview par cette question et sa réponse…
Dominique : Ça marche !
Les Tambours du Bronx : Merci beaucoup !
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/tamboursdubronx
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