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TITRE:

DISTANCE H (27 MARS 2023)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Music Waves est allé à la rencontre de Manu H, maître d’œuvre du projet Distance H entre cold-wave et dark.
ADRIANSTORK - 30.05.2023 -
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Manu H, originaire de Normandie, caresse depuis longtemps la création d'une entité qui lui permettrait de rendre hommage aux héros de sa jeunesse : Ian Curtis, Robert Smith ou encore Elizabeth Fraser. La cinquantaine sonnante n'a pas été une crise pour ce musicien qui a enfin concrétisé son projet signé sous le nom de Distance H. Un entretien passionnant avec un grand passionné.


Quel a été le déclic pour donner vie à ce projet?

C’est en réalité une conjonction de déclencheurs, sachant que je n’ai jamais rien produit auparavant : la hantise de la fuite du temps, des sentiments à exprimer sous l’urgence, un rêve à réaliser, une passion pour mes influences et tout simplement l’envie de proposer un univers qui me ressemble. Et ce projet a été rendu possible grâce à des rencontres, des collaborations et des contributions clés.  


Comment as-tu décidé du casting de cet EP? Peux-tu nous parler des rencontres avec Ophelia, Marita Volodina et Liset Alea?

J’ai passé beaucoup de temps à découvrir et écouter les chanteuses actuelles de la scène dark ou inspirées par mes influences. Je les ai contactées directement, en leur envoyant des démos et je pense que cela résonnait pour elles, avec une forme d’évidence. Mais je n’ai pas recherché uniquement des voix. J’avais à cœur qu’elles adhèrent au projet, sur sa thématique de la distance, et qu’elles se confient de manière intime dans leurs textes et la sensibilité de leurs mélodies. En j’ai également souhaité qu’elles s’impliquent dans les clips qui ont pu être réalisés sur la plupart des titres.  





Les chanteuses seraient venues avec leur texte, est-ce que tu les as révisés ou donné des conseils, ou tu as tout accepté les yeux fermés?

Je leur ai vraiment donné carte blanche. C’était le principe même de la collaboration, qu’elles viennent se confier sur ce projet, en faisant corps avec mes propositions. Je leur ai simplement demandé de s’inscrire dans la thématique, en se livrant sur leurs propres expériences de la distance, qui peut s’exprimer de multiples façons propres à leur vécu.  


Est-ce que tu leur a également donné des directions sur leur façon d'interpréter les textes?


Absolument pas. Les textes sont intimes, livrés de manière très personnelle. L’interprétation leur appartenait, inspirée par ces textes, sans que j’aie à interférer par rapport à leurs intentions, et ce qu’elles ont souhaité transmettre dans leurs mélodies également. Il n’y avait pas de distorsion possible.  


Trois des chansons étaient sorties auparavant en single, dans quel contexte ont été enregistrés les deux autres?


J’étais attaché à sortir la plupart des titres en single, pour laisser à chacun sa place, à chaque chanteuse son espace et ne pas les noyer dans une sortie unique. Ce qu’elles ont souhaité exprimer était fort et partagé avec moi ; je ne me voyais pas mettre des titres plus en retrait. Le titre 'Leaden Sky' n’a pas fait l’objet d’un single, mais c’est le titre que j’ai souhaité plus particulièrement associer à la sortie de l’EP, car il a une histoire particulière. C’était le premier titre finalisé et celui qui intrinsèquement porte avec le plus de force la raison d’être de cet EP.  


[L'introspection] suppose un certain recul, une meilleure compréhension de soi-même, une forme d’acceptation pour parvenir à l’exprimer avec plus de justesse.



Le titre "Intimacy" nous fait plonger à l'intérieur de nous-mêmes mais dans ses recoins les plus sombres. Est-ce que cet album obéit à un équilibre entre introspection et ténèbres?

Il y a effectivement beaucoup d’introspection, que des événements et des expériences vécus dans des moments sombres favorisent a posteriori. Elle suppose un certain recul, une meilleure compréhension de soi-même, une forme d’acceptation pour parvenir à l’exprimer avec plus de justesse. Elle n’est pas toujours aisée ; la musique peut être un vecteur. 





'Bitch 16' démarre sur un déluge de notes. Une façon de nous engloutir sous les flots en nous promettant un voyage qui n'est pas de tout repos ? Le titre démarre intentionnellement sur un mouvement frontal, direct, écorché, et laisse peu de place à l’apaisement, malgré un passage plus suspendu, une parenthèse plus éthérée ; il termine sur un déluge de notes encore plus prononcé, sonnant un moment de révolte et de désespoir. Pourquoi ce titre étrange qui nous évoque plus Miles Davis ou Cocteau Twins qu'une chienne?



'Bitch 16' s’oppose d’une certaine manière au 'Sweet 16' et à sa forme de transition heureuse et insouciante. Quand la douceur cède à la brutalité, quand le détachement cède à l’obsession, quand l’envie cède au dégoût.   


L'album semble très inspiré par la cold wave, :Joy Division, The Cure, Dead Can Dance ou encore Cocteau Twins semblent être des influences revendiquées, comment ces groupes t'ont-ils inspiré et comment les as-tu découverts? 

J’étais adolescent dans les années 80. Je passais mon temps du midi au lycée chez le disquaire du coin qui me faisait découvrir dans sa cabine d’écoute les nouveautés venant de Grande-Bretagne. C’était un moment privilégié, car j’étais particulièrement concentré sur l’écoute de ce que je découvrais, sans être tenté par un zapping devenu tellement facile aujourd’hui. La musique étant moins accessible et l’offre moins pléthorique à cette période, je me suis focalisé sur certains groupes comme ceux cités effectivement, en ajoutant The Chameleons, Asylum Party, Siouxie and the Banshees. J’ai été imprégné de leurs sons en les écoutant en boucle, en déchiffrant de nombreux titres à la guitare, sans me disperser dans une exploration permanente. 


Quels morceaux en particulier de ces groupes (ou d'autres non cités) te donnent toujours la chair de poule ou te font vibrer?

'Day Of The Lords' de Joy Division qui est ma madeleine de Proust, 'Second Skins' de The Chameleons pour sa combinaison de guitares, 'Cold' de The Cure pour la voix pénétrante de Robert Smith, tout l’album "Garlands" de Cocteau Twins pour ses parties de basse complètement folles!  





L'ambiance est plus hypnotique sur 'Twilight'. En somme, tu réussis à ne jamais être plombant malgré les tonnes de noirceur dont tu enveloppes nos oreilles. Etait-ce un défi de taille à surmonter? 


Merci pour le compliment ! Il y a sans doute une forme de facilité et donc d’écueil à tirer tous les éléments constitutifs de l’instrumental chacun dans sa contribution mineure et sombre. Je cherche à m’en extraire pour qu’au moins un instrument s’en détache. C’est parfois une lutte à contre-courant, sans perdre de vue l’harmonie d’ensemble et finalement une forme de résistance et d’espoir perceptible dans un mouvement effectivement invitant à la noirceur. Les synthés contribuent à ce côté plus hypnotique en apportant une couleur finalement plus lumineuse et envoûtante.   


'Waters Of Woe' est plus vénéneux, cependant le chant y est assez héroïque pour lutter contre le mur de son toxique que tu as réussi à créer avec les guitares et les claviers. Une façon de ne pas sombrer totalement dans la noirceur?


'Waters Of Woe' est une véritable lutte intérieure ; la toxicité de l’intro reprise au milieu du titre donne peu d’espoir. Si l’instrumental semble vouloir s’en détacher dès le début du titre, son élan s’épuise et son rythme ne parvient pas à s’élever et semble rappeler irrémédiablement vers la toxicité. Mais la voix héroïque de Marita luttant en permanence contre un instrumental qui nous ramène vers les profondeurs finit par prendre le dessus et son final plus détaché aide à se libérer des tensions perceptibles sur le reste du titre.   


'Reason To Rush' est plus électro avec ces claviers qui paradoxalement m'évoque le premier album de Nine Inch Nails. As-tu voulu montrer que tu étais capable de varier les plaisirs en changeant de recette? 

'Reason To Rush' est né par accident! Alors en séjour avec des amis, je n’avais que mon ordinateur pour composer, sans ma guitare qui reste mon instrument premier. J’ai fait avec ce que j’avais, en restant minimaliste dans les sons que j’explorais car je ne m’étais jamais aventuré dans des essais plus électro. Le titre a finalement été fait un peu comme ça, en première intention sans recherche très avancée dans les textures et les arrangements. Mais on ne se refait pas, je n’ai pas résisté à la tentation d’ajouter une partie guitare, car l’association me paraissait intéressante à expérimenter, avec une guitare plus en retrait. Et la voix de Liset a apporté la couleur et les mélodies qui ont mis un lien très naturel dans cet ensemble   





'Leaden Sky' est un hommage plus affirmé à la cold wave avec sa basse lugubre quasi hookienne ou gallupienne mais sans aucun plagiat. Hommage assumé?

Rendons a Zoé, le bassiste de Je T’Aime et l’ingénieur son de cet EP ce qui lui appartient : ce son effectivement très gallupien c’est sa technique, sa patte. Je trouve qu’elle a toute sa place dans un titre finalement plus shoegaze par ses guitares et éthéré par sa voix. Mais cette association m’a plu, en combinant plusieurs influences.  


Quelle sera la suite? Vas-tu défendre cet album sur scène? 

J’ai clairement très envie de défendre le projet sur scène. J’en rêve même, comme j’ai rêvé de sortir ce premier EP. Cela semble difficile dans la configuration actuelle du projet avec des chanteuses issues des quatre coins du monde. Donc si ce n’est pas avec cet EP directement, ou peut-être avec certains de ses titres bien choisis, ce sera davantage avec de nouveaux titres, en ayant fait évoluer le concept du projet pour faciliter son passage en live.  


Le projet pourra prendre des formats différents mais je resterai attaché à ce qu’il reste le plus authentique et sincère possible, en restant fidèle à la vision que je m’en fais et l’univers que j’ai envie de partager.  


Te laisserais-tu tenter par un album complet avec les mêmes protagonistes?

Pas dans l’immédiat. Je souhaite dans un premier temps faire des choix différents pour produire le prochain album et créer les conditions pour le défendre sur scène, donc avec un line-up fixe pour s’y préparer de la meilleure façon. Distance H est ainsi amené à évoluer après ce premier EP. Le projet pourra prendre des formats différents mais je resterai attaché à ce qu’il reste le plus authentique et sincère possible, en restant fidèle à la vision que je m’en fais et l’univers que j’ai envie de partager.  


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves?


Qu’ils restent curieux, attentifs, qu’ils s’attardent sur les nouvelles propositions. Qu’ils n’hésitent pas à partager quand cela plaît, car c’est vraiment difficile d’être aperçu dans cette immensité de nouveautés. Pour les plus passionnés d’entre eux qui n’ont jamais osé franchir le pas de la production et de la diffusion, j’ai envie de leur dire qu’il n’est jamais trop tard pour tenter l’expérience et découvrir cet univers en faisant de belles rencontres qui sont toujours disposées à aider. C’est une aventure exaltante, faite de belles connexions et de surprises. 



Plus d'informations sur https://www.facebook.com/distanceh/
 
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