KONTRUST (22 NOVEMBRE 2023)

Votre actualité est la sortie de "Madworld". Lors de notre dernière interview vous nous aviez expliqué pouvoir sortir votre album en 2018. Qu’est-ce qui explique le fait que nous ayons dû attendre 5 ans de plus ? Vous nous avez manqué !

L’élaboration de l’album a été plus longue que prévu et il était très attendu. Nous sommes très reconnaissants pour la patience de nos fans et des médias. Beaucoup de choses se sont passé entre la pandémie et la changement de line-up mais maintenant nous sommes enfin de retour avec le nouvel album studio.





Ce délai est très long et ne correspond plus au standard de rythme qu'exige aujourd’hui l’industrie musicale notamment avec Spotify qui demande à ce que vous produisiez beaucoup pour être visibles. Ce n’est pas votre cas donc, es- ce aussi le fait que vous êtes un groupe qui ne fait pas comme les autres, un groupe extraordinaire ?

Peut-être oui, nous avons sorti auparavant 3 extraits de l’album. Dans un sens, oui, nous le sommes certainement. À cause de la façon dont nous abordons les choses et de la façon dont je crée de la musique et à cause de notre line-up peu habituel, avec deux chanteurs percussionnistes. Je pense que nous sommes extraordinaires à bien des égards, mais ce n'était pas l'intention de faire une pause plus grande que d'habitude, nous avons été impactés comme tout le monde par ce qui se passait autour de nous.


Après une si longue absence, comment avez-vous appréhendé votre retour aux studios ?

Impatients (rires) ! C'est-à-dire qu’on s’est bien senti avec ça. Nous avons beaucoup changé car en ce qui concerne l'écriture de chansons, beaucoup d'idées avaient déjà été créées à l'époque du coronavirus.


Vous n’avez pas été bloqués par la situation et quant même trouvé l’inspiration ?

Oui tout à fait, cela a été une période plutôt propice à la créativité. Et même si comme vous l'avez dit, il n'y avait pas de production en studio, nous avons fait beaucoup de concerts. Le retour au studio s'est bien passé, le reste des gars a eu besoin d'un peu de temps pour sortir de cette période de fin de pandémie, mais à la fin du parcours, nous sommes montés à bord du bateau et nous avons réussi à arriver à bon port.


Il y a certainement un avant et un après Covid avec des difficultés pour cette industrie musicale mais aussi un public demandeur de live


Vous avez fait plusieurs concerts certainement depuis la sortie de la pandémie, vous sentez un avant et d'un après Covid en live ?

Surtout au début, quand il était enfin possible de jouer à nouveau des concerts, après tout le confinement du public. Personnellement je devenais fou de ne pas pouvoir donner des concerts. J'apprécie vraiment d'être de retour des festivals, mais on mesure aujourd’hui le niveau d'effondrement et le probablement la difficulté de l'ensemble de l'industrie qui souffre toujours de coron. Les conséquences sont énormes en particulier pour l'organisation et les promoteurs. Pour te répondre il y a certainement un avant et un après Covid avec des difficultés pour cette industrie musicale mais aussi un public demandeur de live.


Julia a remplacé Agatha au chant, comment s’est passé ton intégration et quel a été ton apport dans la création de ce nouvel album ?

C’était fou, surtout sur les enregistrements en studio. Les gars sont absolument très professionnels et je suis très heureuse d'être entourée par de telles personnes et de vraiment travailler dans une direction sérieuse. Ce n’est pas que pour le plaisir, ils ont aussi tous une grande personnalité qui m'a vraiment aidée dès le début et l’intégration s’est faite absolument naturellement. Cela a été confortable, peu importe ce que nous faisons, que nous ayons des fans ou que nous jouions en live, peu importe, c'est juste cool.


J’ai ressenti une très grande responsabilité.


Remplacer Agatha ne doit pas être une chose facile, tu ressens un peu de pression dans ce rôle ?

Quand on remplace quelqu’un dans un groupe, on ne devrait pas trop avoir peur parce que c'est vous voulez. Je ne te cache pas que j’avais un peu peur. Elle a été l’étendard du groupe depuis le début et pendant des années. C'est donc est toujours délicat à remplacer dans un groupe où les membres jouent depuis longtemps ensemble. J’ai ressenti une très grande responsabilité. Il faut se lancer, certains accepteront ma présence d’autres auront besoin de plus de temps, d'autres n'accepteront pas du tout. Je le verrai au fur et à mesure des concerts mais là je n’ai pas peur et les membres ont été super sympa.


Manuel tu es d’accord avec ça ?

Nous sommes bien sûr, très heureux, très chanceux d'avoir Julia avec nous et en studio. C'était énorme et très productif de travailler avec elle qui a une voix très puissante qui nous a également donné l'opportunité d'écrire des chansons différentes. Il faut entrer dans une nouvelle dimension et l'art de la musique exige qu'il y ait un travail parfait non seulement en studio, mais aussi en live et ce qui est encore plus important, c'est que cela a également fonctionné au niveau personnel. A titre personnel je m’amuse beaucoup avec le groupe.





Tu l’as évoqué, l’arrivée de Julia a permis d’explorer d’autres possibilités pour Kontrust, elle vous a aidé à franchir un palier là où vous pensiez peut-être stagner avec Agatha ?

Je ne voudrais pas trop faire de comparaison, on ne sait pas comment cela pourrait être pris d'autant plus que c'est une nouvelle production. L'album est complètement nouveau avec une nouvelle chanteuse qui a fait un travail génial non seulement quand il s'agit des voix folles et de pousser dans les aiguës ou avoir des passages plus nasillards ou d'autres choses qui se démarquent et qu’elle ne peut pas contrôler, presque à l’instinct. Ce sont ces parties-là qui sont mes préférées de tout l'album. Nous sommes très reconnaissants de l'avoir avec nous.


Depuis le début, vous avez adopté cette façon de mélanger différents styles : metal, discothèque, indus, folk... Il est toujours facile cet exercice de trouver le bon mélange, le bon dosage par rapport au fait de ne faire qu’un seul style ?

Oui, parce que cela se développe naturellement. C'est juste notre nature, nous sommes influencés avec n'importe quel type de musique. Chacun a ses propres préférences et multiplie ainsi les influences. Ce qui est habituel est que nous ne fixons pas de limites. On essaye de les repousser encore plus loin album après album. Ce mélange de différents styles s'est développé naturellement.


L’album contient onze pistes pour 35 minutes de musique, là où les précédents albums étaient plus longs, pourquoi cette orientation qui semble viser à l’efficacité ?

Ce n'est pas non plus intentionnel. La façon dont il s'est développé au cours du processus d'écriture sonore était plutôt inconsciente. Il y a eu quelques chansons que nous n'avons pas sélectionnées pour figurer sur l'album parce qu'elles ne correspondent pas au message que nous souhaitions partager. La seule chose que nous voulions c’était quelque chose d’assez homogène, c'est aussi pour cela qu’il apparait compact.


Il n’y a aucune chanson qui est issu d’anciennes démos, vous nous aviez indiqué en avoir beaucoup en stock ?

Non, l’album contient que des nouvelles chansons écrites pendant les confinements. Il y a peut-être une chanson mais cela est mineur. On a travaillé sur du nouveau matériel, ne serait-ce que pour profiter du travail des nouveaux membres du groupe.


Nous ne sommes que le fruit et le reflet de ce qui nous entourent


L’album semble avoir un thème assez pessimiste et malgré tout, les chansons sont plutôt entraînantes, voire parfois joyeuses, comment expliquez-vous cette différence entre fond et forme ?  

Oui, c’est une remarque qu’on nous fait souvent. Nos chansons contiennent souvent un message sérieux et la musique, le son est souvent drôle et joyeux ce qui permet de fournir une énergie positive et un mouvement positif. Nous aimons faire ce type de contraste qui nous définit mais qui définit aussi la société dans laquelle nous vivons tous qui n’est que contrastes, surtout en ce moment où on peut vivre en même temps des moments positifs et négatifs. Nous ne sommes que le fruit et le reflet de ce qui nous entoure. Et peut-être que les messages passent mieux ainsi auprès de nos fans.





Tu penses que c’est encore le rôle des artistes de véhiculer des messages sérieux, engagés ? On en voit de moins en moins….

Je le pense oui. Il y a des problèmes et des sujets dans le monde qu’on aimerait ne plus voir, l’écologie, les guerres qui doivent tous nous concerner. C’est ce que nous mettons dans l’album et j’en suis personnellement très heureux parce que parce que je peux ainsi exprimer mon opinion,  C'est en quelque sorte la responsabilité d'un artiste d'être ce genre de critique et de pointer du doigt, de souligner des choses qui pourraient être améliorées ou modifiées et de le faire prendre conscience aux gens..


Le son de ce nouvel album apparait plus massif, plus lourd que les précédents. Pourquoi avoir adopté une telle couleur, pour coller au concept ?

Tout d'abord, «"Madworld" est le premier album entièrement produit par nous-mêmes y compris le mastering à la fin. Nous avons tout fait. Effectivement les sons sont massifs au final. Cela s'est également développé pendant le processus d'écriture des chansons. J'ai toujours commencé avec des lignes mélodiques plutôt indus, lourdes car j'écoutais beaucoup de musique électronique et aussi des trucs pop ou hip hop, mais surtout l'électronique, et l'influence que j'ai de ce style est maintenant perceptible sur l’album. Cela a conduit automatiquement à aller vers un son différent des précédents albums. Nous avons bien sûr toujours utilisé un élément de style de contraste mais ici tout est resté très simple. Et au final c’est une très bonne décision car c'est l'occasion d'aller dans une orientation plus lourde et surtout avec l'électronique.


Votre musique semble être très réfléchie alors qu’elle paraît naturelle, laissez-vous toutefois une place pour l’instinct ou la spontanéité ?

Si tu parles des paroles écrites par Stephan, je n'ai aucune idée de la façon dont il les écrit, c’est quelque chose que je ne sais pas faire. Je suis responsable de l'écriture instrumentale. Donc les paroles, c'est un mystère. Au niveau musical, j’ai une approche plutôt pensée live. Ensuite, si la chanson fonctionne en live, alors c’est gagné. On adore les voir vivre en festival, mais aussi parfois, les chansons sont nées dans de petites salles. Cette manière de concevoir la musique est une chose importante pour moi. Toujours les imaginer jouées en live.


D’ailleurs vous avez joué souvent en France et notamment au Hellfest, comment avez-vous trouvé l’accueil en France ?

C'est toujours explosif. Nous avons toujours eu beaucoup de plaisir en France. Peu importe si c'était Hellfest ou petit festival, c'était une explosion, un très bel accueil et nous cherchons à y rejouer souvent.


Bonne expérience avec le Hellfest, du coup !

Définitivement ! En fait c'était le deuxième concert qu'on jouait avec Julia, avec le nouveau line-up. Il faisait tellement chaud et heureusement les organisateurs nous ont balancé de l'eau froide sur la grande scène, c’était fou ! Le groupe a assuré et c’est un vrai bon souvenir.


Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?

Si possible avoir d'excellents retours et une belle visibilité des médias en Autriche. L’album a été bien accueilli et nous ne nous attendions pas à la première place pour être honnête, mais c'était vraiment une excellente nouvelle.


Les gens ne vous ont pas oubliés….

Évidemment, on est assez présents dans les médias sociaux un peu avant la sortie, Bien sûr, nous sommes toujours là même si nous n’avions pas sorti d’album depuis longtemps. Mais nous jouions souvent en concerts ce qui explique que le public ne nous a pas oublié. On est très contents d’être de retour avec un nouvel album.


On n’aura pas donc à devoir attendre 9 ans pour le prochain album ?.

(Rires) Non non, on va tout faire pour en n'espérant pas une nouvelle pandémie…


Merci à vous

Merci à toi c’était cool !