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TITRE:

MYRATH (05 MARS 2024)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

METAL PROGRESSIF



Depuis plus de 20 ans, Myrath trace la destinée de son Blazing Desert Metal avec persévérance. Et son sixième album, "Karma" ne déroge pas à cette règle...
STRUCK - 08.03.2024 -
11 photo(s) - (0) commentaire(s)

Pour les impatients, ce nouvel album ne l'est plus à fait puisqu'il a l'objet d'une fuite malveillante dès septembre dernier sur les plateformes de téléchargement illégales. Malgré tout, les tenants du Blazing Desert Metal n'ont pas remis en cause leur stratégie en maintenant la date de sortie en ce mois de mars 2024. Lors de cette interview, il sera bien entendu question de la gestion de cette fuite mais également de l'évolution musicale du groupe d'un metal progressif oriental à un metal mélodique flamboyant...





On va commencer par la question polémique. L’album était déjà disponible sur certaines plateformes depuis des mois. Pouvez-vous nous parler de cette fuite non prévue ?

Kevin Codfert : J’ai appris la fuite deux heures avant de prendre l’avion pour aller au ProgPower USA : j’en ai fait une crise de nerfs et je n’en ai pas dormi de la nuit… Trois jours après, je reçois un mail d’une fan sur Instagram qui me dit que l’album est génial. Je l’ai remercié et lui ai demandé où elle avait récupéré l’album. Elle m’a répondu qu’elle l’avait reçu par un journaliste…


Aujourd’hui, créer un album est difficile : c’est donc un manque respect !


… Dans ce cas, c’est un journaliste privilégié qui est dans les petits papiers car nous ne recevons le son des albums que très peu de temps avant leurs sorties…

Kevin : Je n’appelle pas ça un journaliste. C’est une fuite d’une personne malveillante ou un journaliste qui a voulu se la jouer… J’ai donné l’empreinte du morceau que j’ai téléchargé sur eMule mais aujourd’hui, je n’ai toujours pas de réponse sur la provenance…
C’est vraiment une question d’état d’esprit : quelqu’un qui se croit grand seigneur à mettre un album en téléchargement pour tous n’a aucune conscience de l’investissement en temps, en argent que c’est pour un groupe. Aujourd’hui, créer un album est difficile : c’est donc un manque respect !


Vu les conditions, n’avez-vous pas envisagé de devancer la sortie pour éviter que l’album ne soit trop connu par la majorité de vos fans au moment de sa sortie ?

Morgan Berthet : Oui, mais pas tous. Il y en a plein qui ont eu cette démarche d’attendre par respect et c’est pour ça qu’on a un peu calmé le jeu et on n’a pas cédé à la panique. On a préféré faire honneur à ces gens plutôt que les autres sachant que je pense qu’ils sont une majorité à avoir attendu. On a la chance dans le metal d’avoir des consommateurs d’albums physiques : on sait donc que les gens vont quand même acheter.


Cette fuite n’a nullement impacté le potentiel de notoriété du groupe




Donc plus que jamais, la sortie de l’album qui a lieu ce vendredi est destinée aux fans…

Kevin : Exactement ! Mais c’est vrai que ça nous a traversé l’esprit d’accélérer la sortie et j’ai soumis l’idée aux différentes maisons de disques qui m’ont dit que c’était une erreur de le voir comme ça. Sachant que comme le dit Morgan, un vrai fan va de toutes façons attendre la sortie et acheter le physique. Et qu’il faut quand même une vraie promotion et prendre du temps pour la faire pour des gens qui vont découvrir le groupe. C’est-à-dire que cette fuite n’a nullement impacté le potentiel de notoriété du groupe pour les personnes qui ne connaissent pas encore le groupe. J’ai aimé ce raisonnement intellectuel de nos interlocuteurs dans les maisons de disques et nous avons donc suivi leur recommandation parce que c’était plus intelligent.


Si tu veux respecter stricto sensu ce que te disent les fans de la première heure, tu fais de l’auto-plagiat jusqu’à la fin de ta carrière


L’évolution entamée sur "Shelili" semble confirmée sur ce nouvel album : Zaher Zogarti nous avouait lors de notre dernière à interview que vous n’aviez pas "opéré un virage radical mais apporté un changement suffisant pour ne pas déboussoler nos fans, par respect pour eux". Me confirmez-vous ?

Kevin : Oui et non !

Morgan: Oui et non, parce que par virage, j’entends qu’on prend une autre direction pour toujours. Je pense que plus qu’un virage, on a juste élargi tout ce qu’on aimait faire : il y a peut-être certains titres qui vont ressembler à ce qui pouvait avoir sur "Shelili" mais il y a également des trucs qu’on n’a jamais fait… Pour moi, un virage est quelque chose de quasi-permanent, chose qui n’est exacte : c’est plus une ouverture !

Kevin : Et si virage il y a, nous sommes spectateurs de ce virage temporaire. Et pourquoi sommes-nous spectateurs ? Parce que quand tu composes, tu n’intellectualises pas, tu fais juste ce que tu envie de faire. Et si tu veux respecter stricto sensu ce que te disent les fans de la première heure, tu fais de l’auto-plagiat jusqu’à la fin de ta carrière. Ce qui n’a aucun sens parce que tu enlèves l’optionalité d’avoir une démarche artistique…


Concernant ces fans de la première heure, que répondez-vous à ceux qui soulignent que la promotion de ce nouvel album qui marque une évolution moins progressive ne soit pas réalisée par les membres originels mais les deux derniers arrivés ?

Kevin : ce n’est qu’un détail pour la raison simple que je pense Morgan et moi-même sommes tout aussi légitimes que les autres membres du groupe puisque je compose et je produis le groupe depuis le début.  La seule différence aujourd’hui c’est que j’ai une place publique. Avant je jouais les parties de piano de l’album dans mon coin, aujourd’hui, je les joue sur scène : c’est la seule chose qui change, ce n’est qu’un changement d’image… Au niveau du fond, il n’y absolument rien qui change puisque la démarche musicale est une démarche collective donc finalement, ça ne change pas grand-chose !


Notre objectif n’est pas donc mercantile, ni lié à l’ego [...] Notre objectif est de pouvoir se nourrir en voyant le bonheur dans les yeux des gens quand ils dansent…




Enfin, l’objectif avoué de Zaher lors de notre interview pour "Shelili" était que bien que le côté progressif de votre musique était moins présent, votre "ambition (...) c’est de s’adresser à un public plus large". L’objectif a-t-il été atteint ?

Kevin : Est-ce que l’objectif a été atteint ? Bien entendu, et plus qu’atteint, mais ce n’était pas un objectif de popularité. Tu as pu interviewer beaucoup de groupes et tu sais qu’il y a beaucoup de groupes qui font de la musique pour eux-mêmes et qui se foutent si on aime ou pas leurs trucs et tu as des gens comme nous qui par notre mentalité, notre façon de vivre, se nourrissent des réactions du public. Donc quand tu es en face du public et que tu vois des gens qui s’éclatent et qui chantent et qu’ensuite, tu fais un autre truc et que tu constates que les gens s’éclatent moins et que ton but est de te nourrir de l’énergie du public : forcément, inconsciemment ou non, tu vas vouloir contenter ce public pour te nourrir parce que la musique est un moyen de communication pour nous.
Notre objectif n’est pas donc mercantile, ni lié à l’ego -on a la chance qu’il n’y ait pas trop d’ego dans le groupe- ce qui fait qu’on a la chance d’être encore ensemble et que les choses marchent plus ou moins bien (Sourire)… Notre objectif est de pouvoir nous nourrir en voyant le bonheur dans les yeux des gens quand ils dansent… et ça te donne envie d’élargir l’audience et de rallier les gens à ta cause et de leur faire apprécier des parties orientales qu’ils n’auraient peut-être pas appréciées, en faisant que ça plaise au plus grand nombre. Cette démarche, on l’avait initiée avec "Desert Call", je me rappellerai toujours d’un morceau dans lequel il y avait énormément de quart de ton dans les violons et un fan américain nous avait dit que ça sonnait faux ! Il n’y a pas plus bloquant qu’un fan qui te dit ça parce qu’il est représentatif de milliers de personnes certainement qui ont une oreille qui fait que pour eux, ça sonne faux. Dans ces conditions, soit tu persistes en continuant à faire des quarts de ton parce que c’est la manière la plus pure de faire la chose mais tu fais de la musique dans ton garage, soit tu décides de prendre les choses en main pour que les gens adhérent plus facilement et c’est la démarche qu’on a décidé de retenir !


Tous les groupes sur la planète ont dû changer leur processus de composition en raison du Covid en travaillant de manière très digitale […] Myrath, c’est exactement l’inverse !


Sur l’album précédent, vous aviez ajouté beaucoup d’éléments orientaux comme les chants ou les instruments traditionnels. Pourquoi les avoir enlevés cette fois-ci ?

Kevin : Ce n’est pas du tout lié au virage, c’est lié à une méthodologie de composition qui a changé principalement à cause du Covid. Tous les groupes sur la planète ont dû changer leur processus de composition en raison du Covid en travaillant de manière très digitale, en s’échangeant des fichiers par Internet… Myrath, c’est exactement l’inverse ! On a toujours travaillé en digital et à cause du Covid, on était en tournée en Europe -dernier concert près de Leipzig dans un village allemand- je rentre chez moi mais le gouvernement tunisien n’affrète pas d’avion pour leurs ressortissants parce qu’ils n'en ont strictement à faire. Les membres du groupe me demandent ce qu’on fait. Je leur propose de venir à la maison pour trouver une solution mais aucune solution ne s’avère possible : les mecs sont donc restés 6 mois à la maison ! Mais que font 6 gars avec mon chien et ma femme dans ma petite maison ? Soit on s’entretue, soit on capitalise sur cet évènement extraordinaire et on compose ensemble. Et là, tout a changé : on est passé d’un processus où on s’échangeait des trucs à je me réveille tous les matins avec en face de moi un chanteur auquel je demande de tester telle ou telle chose et inversement… Ça a eu deux effets : le premier effet, de démultiplier les idées et le champ des possibles -avec pour conséquence de jeter beaucoup plus de matériel- et le deuxième effet, de rendre la démarche plus minimaliste parce que quand tu es seul derrière ton ordinateur à essayer de faire sonner quelque chose pour une préproduction, inconsciemment, tu mets des tonnes de couches -comme je ne suis pas guitariste, je grattouille et en attendant que le guitariste mette ses parties, il y a un vide que j’essaie de combler avec des violons, de la cornemuse…
Et là, tu te retrouves avec de vrais musiciens : c’est très acoustique, c’est très organique. Tu as ton piano, ta guitare, ton chanteur etc., mais rien qu’avec trois musiciens, l’idée -je dis bien l’idée- se suffit à elle-même et tu constates que l’émotion est déjà là et rien ne sert d’ajouter des couches pour ajouter des couches…


Et fort de cette expérience qui a fortement impacté la manière de travailler du groupe…


Kevin : C’est vrai que le processus de composition a impacté le résultat…


… Comment allez-vous composer le prochain album ?

Morgan : Ce sera peut-être un mélange des deux et peut-être pas 6 mois chez Kevin (Sourire)…

Kevin : Ce qui n’est pas techniquement plus possible (Rires) !

Morgan : C’est très compliqué mais il y aura peut-être une petite base où chacun va continuer à chercher des trucs dans son coin…


Peut-être qu’on va se retrouver avec un album plus progressif que le premier ?


… Mais vous garderez malgré tout un moment de partage commun comme vous l’avez expérimenté pour cet album…


Kevin : Oui !

Morgan : C’est bien possible !

Kevin : Et puis, il y a tellement de choses à explorer : on voudrait explorer la musique Gnaoua marocaine, la musique indienne aussi… Il y a tellement de choses à explorer encore ! C’est pour ça qu’on parlait de virage mais je ne sais même pas : peut-être qu’on va se retrouver avec un album plus progressif que le premier ? Je n’en sais rien !


On souhaitait vous demander quel message se cachait derrière le nom de cet album "Karma" mais en écoutant cette expérience inédite de composition du groupe liée au Covid, est-ce que j’interprète en me disant que j’ai un élément de réponse…

Kevin : A moitié ! Effectivement, avec toutes les difficultés que tous les groupes ont rencontré à cause du Covid -malheureusement, certains groupes ont dû arrêter leur carrière à cause de cela- quand tu te réveilles le matin, le mot "Karma" peut te venir en tête. Mais pas seulement, le mot vient aussi de tous les thèmes qu’on a voulu développer dans cet album. On a voulu parler de thèmes auxquels les membres du groupe ont été confrontés au moins une fois dans leur vie : je pense notamment aux discriminations, au racisme -et on parlera peut-être de la tournée en Amérique Latine pour que tu puisses comprendre, les choses qu’on a dû vivre- le changement climatique, les échecs de vie, la dépression et Zaher en parle ouvertement, il a sombré là-dedans… Et à un moment donné, tu as envie d’écrire sur ces thèmes, ce qui te permet de te soigner un peu et par extension, de soigner les gens qui vont t’écouter… Et quand tu mets tous ces thèmes ensemble - même si "Karma" n’est pas un album concept -, tu te dis que le mot "Karma" est quand même très représentatif des thèmes qu’on a voulu évoquer.


Cet album contient de nombreux tubes comme ‘Into the Light’ , ‘Heroes’, ‘To the Stars’ ou ‘Let It Go’, rien à voir avec la Reine des Neiges…

Kevin : Non (Rires)…


…. Est-ce la dimension mélodique qui domine au moment de la création d’un morceau ?


Kevin : A 100% ! Exclusivement mais ça a toujours été le cas, pour tous les morceaux de Myrath !


La mélodie et l’harmonie sont les choses les plus importantes pour nous !




…. Sauf pour Morgan que la mélodie ennuie ?

Kevin : Non, il ne fait pas partie de ces batteurs : il a plutôt une approche mélodique…

Morgan : Je revendique la mélodie mais l’harmonie peut tout changer : je suis plus sensible à l’harmonie…

Kevin : Que ce soit de manière digitale ou ensemble, on a toujours considéré qu’une chanson était du chant et une harmonie, du chant et du piano, ou du chant et une guitare : c’est tout ! Du moment que la chose se suffit à elle-même, tout le reste c’est de l’habillage. Et quand je dis tout le reste : le metal reste de l’habillage… Donc oui, la mélodie et l’harmonie sont les choses les plus importantes pour nous !


Plusieurs titres font la part belle aux claviers comme ‘Into the Light’ qui ne contient pas de solo de guitare mais un solo de piano et un long bridge aux claviers et piano, la guitare étant cantonnée à un rôle rythmique d'accompagnement. Est-ce une volonté de vous diversifier de côté-là ?

Kevin : La guitare a un rôle rythmique et harmonique sur ce morceau. Harmonie qui fait tout puisque si on écoute le pré-refrain, il y a des changements harmoniques dans tous les sens et si tu enlèves la guitare, tu ne sens plus du tout tous ces changements. La guitare est capitale dans ce titre : elle est en support mais c’est un support qui est vital !
Concernant le piano, c’était une volonté de ma part, c’est un défi parce que sur un album de Myrath, on n’avait jamais fait une partie impossible à jouer… J’ai composé le bridge au clavier et à la souris sur Cubase pour voir ce que ça donnait. J’ai tiré la partition et je me suis dit que c’était impossible à jouer ce truc… mais j’ai essayé et j’ai passé deux mois comme un crétin devant mon piano à essayer désespérément de jouer ce truc qui est -pour ma part- très, très compliqué à jouer… Mais c’est une fierté de pouvoir le jouer sur scène…


Mais tu préfères composer sur Cubase en cliquant sur des rectangles qui correspondent à des notes qui vont être ensuite alignées plutôt que de le jouer au piano au ralenti et ensuite accélérer ?

Kevin : J’allais dire que ce n’est ni l’un, ni l’autre c’est-à-dire que 99% des parties -pas forcément piano mais également de violon…- je les joue en direct. Il reste une partie qui est très spécifique à ‘Into the Light’ parce que ça faisait très longtemps que je n’avais pas composé du piano à la souris : j’avais l’idée d’un truc tellement rapide que même joué lentement, je n’arrivais pas à l’intellectualiser si bien que je l’ai fait à la souris…


Et comment ça a été de le jouer sur scène ?

Kevin : Extrêmement stressant (Rires) ! Terrifiant !


Mais ça s’est bien passé ?


Kevin : Oui !


Et tu n’as pas essayé de te défiler ?

Morgan : Non, non, non, ce n’est pas son style ! Il l’a composé en sachant que ça allait être la guerre sur scène et qu’il lui faudrait deux mois pour arriver à le jouer…


La basse est elle aussi mise en avant sur "Wheel Of Time". Est-ce une volonté de donner à chaque musicien un terrain d'expression particulier sur l'album ?

Kevin : C’est une volonté de faire un titre hommage à Peter Gabriel et à ses sons un peu 1970 avec ces patterns de basse qui loopent… parce que si tu analyses le morceau, tu as quelque chose de lancinant et tout se crée autour de cette chose répétitive.
Mais ce n’était pas une volonté de mettre le bassiste en avant, c’est que c’est une idée qui vient du bassiste, tout simplement. Anis (NdStruck : Anis Jouini, basse) m’a proposé cette idée de groove de basse que j’ai trouvé très cool et on a construit autour de ce truc qui est très progressif, très années 1970…


Un autre titre atypique est "Carry On", une complainte épique dont le titre semble inviter à ne pas renoncer. C'est le message d'espoir que vous vouliez délivrer ?

Morgan : Dans tous les albums de Myrath -au moins les trois derniers-, c’est le message de base et c’est le retour qu’on a très souvent des fans. On n’avait jamais joué en Amérique Latine mais c’est impressionnant le nombre de personnes qui peuvent te dire que des morceaux comme ‘Believer’ (NdStruck : extrait de l’album "Legacy") les ont aidés dans la vie voire que ça les a empêchés de faire de grosses conneries : ce truc nous colle à la peau !


C’est la seconde fois que vous mentionnez cette tournée en Amérique Latine qui semble avoir eu un impact tout particulier sur la vie du groupe…

Morgan : C’est la première fois qu’en tant que Français on prend vraiment conscience de ce que c’est d’être Tunisien en tournée et des problèmes qu’ils rencontrent à chaque passage de douane… C’est partout et c’est constamment un problème et de voir que tout peut changer dès lors qu’ils sont accompagnés de deux Français…


On comprend mieux la raison de votre présence dans le line-up

Kevin : (Rires) On est les passeports des Tunisiens !

Morgan : On a vu ce que la différence de couleur, d’un passeport peut faire ! Tout change à partir du moment où on dit qu’on est avec eux…


Et toujours à propos de cette tournée en Amérique Latine, comment expliquez-vous une telle réception ?

Morgan : Alors le côté oriental peut-être pas, en revanche comme je vis la moitié de l’année au Chili, j’ai découvert que la culture rock et metal est gigantesque, tellement gigantesque que quand tu arrives en France, tu réalises que ça n’existe pas chez nous… Dans les rues de Santiago, tous les dix mètres, tu as un mec avec un t-shirt d’Iron Maiden, Black Sabbath… C’est du rock à la radio, dans les magasins, dans les bars… partout et constamment ! Ils ont d’énormes festivals dont on n’entend pas parler -on n’en a de très bons en Europe et on n’a pas à s’en plaindre- mais ils ont les leurs aussi… Mais c’est surtout que c’est un public tout l’extrême inverse de celui parisien par exemple qui t’attend les bras croisés : dix minutes avant de monter sur scène, ils vont te faire sentir qu’on est les rois du monde, ils sont chauds et te mettent le feu avant même que tu montes sur scène… Et pendant une heure et demie, c’est la folie ! Par exemple, c’est la première fois qu’on change la set-list d’un concert parce que tu as des gens qui te demandent un morceau : on remanie donc la set-list… On n’a pas l’habitude, c’est extrêmement violent mais d’un point de vue positif !


On a remarqué pas mal de chœurs sur les refrains comme sur ‘Temple Walls’ notamment. Est-ce que tout le groupe y participe ou avez-vous fait appel à des chanteurs extérieurs ?

Morgan: Si tout le groupe participait aux chœurs, je pense qu’on rigolerait bien (Rires) !

Kevin : Non, les chœurs, c’est Zaher ! Donc plusieurs overdubs : quand tu veux un rendu de vingt personnes, tu dois chanter vingt fois bêtement la même chose…


Il n'y a pas de réelle ballade sur "Karma", même si le début de ‘Child of Prophecy’ commence comme une chanson douce. Vous ne vous sentez pas à l'aise dans l'exercice ?

Morgan : Je pense plus qu’il n’y a pas eu d’idée de ballade proposée. Mais non, je ne vois pas pourquoi on ne se sentirait pas à l’aise…

Kevin : Non, d’ailleurs, quand Zaher compose, ce ne sont que des ballades (Rires) ! C’est-à-dire que si on n’arrangeait pas ses morceaux, ce serait dix ballades dépressives !


On est plusieurs personnes dans Myrath à être en dents de scie en termes de dépression…




Ça fait deux fois que vous mentionnez la dépression de Zaher. Comment va-t-il aujourd’hui ?

Kevin : Il en a parlé publiquement. Est-ce qu’il est soigné ? Je n’en sais rien : c’est à lui de répondre…

Morgan : Mais on est plusieurs personnes dans Myrath à être en dents de scie en termes de dépression…


C’est le propre de l’artiste, finalement ?


Morgan : Oui, si, mais tu as certaines personnes qui descendent plus ou moins bas (Sourire)…


Votre Blazing Desert Metal porte une signature bien définie aujourd'hui avec les claviers aux sonorités orientales, les mélodies ultra efficaces, la voix chaude et expressive de Zaher, et cette puissance sonore caractéristique. Est-ce que c'est la forme ultime de votre musique ou pensez-vous encore le faire évoluer à l'avenir ?


Kevin : On n’a pas besoin de garder les grandes lignes parce que les grandes lignes sont tacites. C’est d’une part la configuration du groupe et des influences diverses qui font que la grande ligne est de facto respectée sans même avoir intellectualisé quoi que ce soit. D’autre part, on a une volonté d’innovation qui a toujours été présente, et donc le prochain album sera notre essence augmentée d’une volonté de découvrir d’autres cultures : je pense notamment à la culture indienne, j’aimerais beaucoup faire un morceau inspiré de cette culture… Essayer d’innover et de trouver de nouveaux patterns rythmiques, de nouvelles choses qui peuvent faire la différence... Mais l’essence Myrath sera toujours là tant que les membres du groupe seront là !


Pour "Shelili", vous aviez fait appel à trois producteurs dont toi, Kevin avec Jens Bogren et Eike Freese. Est-ce toujours le cas pour ce nouvel album ?

Kevin : J’ai fait la production, le sound design et Jacob (NdStruck : Jacob Hansen) s’est occupé de la production au sens enregistrement et du mastering


Tu ne pouvais pas te charger de l’ensemble ?

Kevin : Je n’ai pas le temps ! Je n’ai pas le temps et pas l’expertise de Jacob…


Et vous avez besoin d’un regard extérieur ?

Kevin : C’est important !

Morgan : Et c’est intéressant !


Et finalement, qu’attendez-vous de ce nouvel album ?

Kevin : Des tournées…

Morgan : Des tournées et que le groupe continue à grossir comme il a l’air de le faire d’album en album…


… Vous avez évoqué une tournée en Amérique Latine, quelle pourrait être l’étape suivante ?

Morgan : Il se passe des trucs actuellement mais on ne peut pas s’avancer sur les prochaines tournées... On a fini une tournée en Amérique Latine en ayant la possibilité d’en rebooker une deux fois plus grande directement ! C’est quelque chose qui n’était jamais arrivé avant !





Et ensuite ? Avez-vous des touches pour l’Amérique du Nord ?


Kevin : On en a beaucoup mais pour l’instant, on est obligés de refuser toutes les demandes pour des raisons de visa essentiellement, sachant que créer des visas pour cinq musiciens, c’est 10.000 euros !

Morgan : C’était déjà très cher avant mais là, ils viennent de rajouter un bout de loi qui fait que c’est encore plus cher !

Kevin : Quand tu joues aux Etats-Unis, tu voles le job d’un Américain : tu dois donc payer son cachet à la place ! Payer 10.000 balles et tu n’as encore rien fait, tu n’as même pas payer tes billets d’avion : tu es bien ! C’est quelque chose qui se réfléchit : on va réfléchir à une tournée aux Etats-Unis mais ça doit se faire au cordeau et je n’ai pas encore trouvé l’opportunité pour être sûr de ne pas mettre les finances du groupe en danger. Parce qu’il y a beaucoup de groupes qui ont coulé à cause de dettes trop importantes et d’argent avancé sur le territoire américain…


Et la France dans tout ça ?

Kevin : Normalement en septembre ! J’ai reçu un mail ce matin que je n’ai pas encore ouvert mais il y a une tournée qui se dessine…


Vous avez fait le Hellfest l’an dernier avec un accueil euphorique de vos fans...

Morgan : ... C’était super !


... Vous ne regrettez pas de le faire cette année pour présenter ce nouvel album au lieu de l’an dernier ?

Kevin : Il ne faut pas avoir de regret dans la vie : c’est juste le jeu des calendriers… C’est vrai que ça aurait été plus stratégique de le faire cette année mais on a eu l’opportunité de présenter des morceaux en avant-première et de risquer de jouer des choses qui n’étaient pas encore sorties et de pouvoir voir la réaction du public parce que souvent le public metal a tendance à aimer ce qu’ils ont déjà écouté sur album…


… pas que metal…j’ai notamment en tête un concert de Porcupine Tree qui jouait à l’Olympia son album en avant-première : c’est compliqué voire frustant…

Kevin : C’est vrai que c’est un peu partout ! Mais si ça fait naître une frustration, c’est pas mal aussi… parce que les gens reviennent (Sourire) !





Tout est prévu... Merci !

Myrath : Merci à toi !


Et merci à ProgRacer pour sa contribution...


Plus d'informations sur https://www.myrath.com/
 
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