Petite journée en perspective, tiraillés par l'envie de découvrir de nouveaux groupes et la raison qui nous prévient qu'il reste encore le dimanche... Alors que le ciel se fait menaçant, on tente plusieurs approches, mais c'est bien à partir d'
Anvil que l'accalmie sera la plus longue...
Anvil
Nous démarrons avec
Anvil, légende vivante du metal, pour cette nouvelle journée riche ! Les vétérans du metal, aussi touchants par leur authenticité brute, sans grandiloquence mal placée, que leur "
je-m'en-bats-le-caribou, si j'ai envie de jouer d'la gratte avec mon womanizer j'le fais et pis c'est tout !" ont livré un set de pur heavy, enchaînant classique sur classique, comme de grands gamins sur la
scène immense de la Main.
Le public sait à qui il a affaire et l'accueille avec la plus grande bienveillance. Les riffs acérés et les soli aussi précis qu'endiablés de
Lips marquent qu'on peut faire les cons, ne pas se prendre au sérieux sans se foutre de la gueule du monde, et l'attitude du groupe est aussi joyeuse que débridée. Bien qu’éprouvée par des années de carrière, leur énergie reste toujours aussi fraîche et déchaînée, prouvant que
Anvil a toujours le feu sacré.
Moment de pure communion metal, où les fans démontrent tout leur respect pour ces pionniers. Ouverture idéale pour cette 3e journée, qui s'annonce chaleureuse et "vibrante".
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Setlist :
March of the Crabs
666
School Love
Truth Is Dying
Badass Rock 'n' Roll
Mothra
Metal on Metal
Rhapsody of Fire
Curieux de l'évolution prise par les dissidents de
Rhapsody, nous nous avançons sans grande conviction vers la bande d'
Alex Staropoli, seul membre fondateur rescapé à ce jour...
Transportant leur public dans leur instrumentation épique alliant puissance et mélodie avec une virtuosité impressionnante, la richesse des arrangements orchestraux frappe tout d'abord, à grands coups de riffs sur 'Unholy Warcry', sur lequel le public s'en donne à cœur joie pour chanter ce refrain conquérant. On y reconnait toujours l'entrain du groupe qui harangue le public de grands gestes fédérateurs, mais on y voit également les quelques failles de ce type qui nous paraît à bout d'inspiration.
Qu'importe, la prestation de
Rhapsody of Fire est un spectacle mêlant théâtre et metal que les fans ont certainement adoré. La maîtrise technique du groupe, tant au niveau des instruments que du chant, était au rendez-vous.
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Setlist :
Unholy Warcry
I'll Be Your Hero
Chains of Destiny
The March of the Swordmaster
Challenge the Wind
The Legend Goes On
Dawn of Victory
Emerald Sword
Black Stone Cherry
On reste sur les Main au dessus desquelles le ciel semble se stabiliser, toujours aussi menaçant, pour applaudir les
Black Stone Cherry, pur jus du sud des États-Unis et son southern rock énergique.
Force est de constater que malgré le temps maussade, le groupe a tout déchiré avec des hymnes comme 'White Trash Millionaire' et 'Blame It on the Boom Boom'. Leur prestation est viscérale, avec des guitares brutes et une batterie basique, martelante, mais délicieuse. Le public, largement composé de fans de hard rock et de blues, loin des atmosphères plus sombres des tentes prend son pied à chaque passage de l'énorme Ben Wells, véritable pile humaine venue marquer les esprits.
La voix de
Robertson, puissante et rauque, se cale parfaitement avec la rage de ses guitares. Les membres du groupe sont particulièrement proches du public, et profitent de l'avancée de la scène dans le public, faite pour la tête d'affiche du jour, échappant donc à l'austérité des grandes scènes pour offrir un show à la fois intimiste et grandiose.
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Setlist :
Me and Mary Jane
Again
Out of Pocket
Like I Roll
Cheaper to Drink Alone
When the Pain Comes
White Trash Millionaire
Blame It on the Boom Boom
Lonely Train
The Casualties
Rapide tour à la Warzone pour le set des
Casualties, pour une bouffée d’air frais pour nous et tous les amateurs de punk hardcore à crêtes.
Dès le début, le groupe plonge dans un chaos organisé, déversant riffs rapides et chants politiques. On connaît la Warzone pour ne pas faire sa fine bouche et la fosse plonge instantanément dans l’action, se jetant dans des
circles pits sans relâche. Nous nous faisons d'ailleurs la réflexion qu'avant 17h, il devient de plus en plus rare d'en voir sur les mains...
Le chanteur
Jorge Herrera capte l’attention avec son interaction constante avec la foule. Le groupe livre des morceaux emblématiques comme 'Unknown Soldier' (pas de 'We're All Gonna Die' pour cette fois), créant une ambiance punk brutale et énergique. Les fans se sont éclatés dans des pogos furieux,
The Casualties a brillamment fusionné agression sonore et messages contestataires, apportant une énergie brute et sans compromis au Hellfest. Un set sauvage, dont on se souviendra.
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Setlist :
Demolition
War Is Business
Written in Blood
Chaos Sound
1312
Ashes of My Enemies
We Are All We Have
Media Control
Resistance
Tomorrow Belongs to Us
Punk Rock Love
Borders
Running Through the Night
Riot
My Blood, My Life, Always Forward
Unknown Soldier
Legion of the Damned
Passage rapide par les tentes pour aller voir
Skálmöld alors que les Hollandais de
Legion of the Damned terminent un set de thrash sauvage et sans retenue attirant tout particulièrement notre attention. C'est propre, et si le public s'amasse en nombre dans cette tente qui semble trop petite, ce n'est pas seulement pour échapper aux quelques gouttes qui commencent à tomber, mais bel et bien pour ce qui se trame là-dedans...
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Setlist :
Slaughtering the Pigs
Beheading of the Godhead
Progressive Destructor
Werewolf Corpse
Contamination
The Poison Chalice
Doom Priest
Son of the Jackal
Skálmöld
Car oui, c'était bien l'immersion dans l'Islande mythologique que nous étions venus expérimenter avec
Skálmöld. Fusionnant folk et metal avec une incroyable intensité, le groupe livre une partition impeccable marquée par des chants épiques et des riffs puissants.
Le public est immédiatement réceptif à l’atmosphère mystique créée par le groupe, avec ses voix guerrières et ses guitares puissantes qui déferlent en une vague sonore telle une lame glacée inondant la tente. Des morceaux comme 'Ullur' et son ternaire mid-tempo plongent les fans dans cet univers viking conquérant, où la communion avec la musique est totale, notamment sur ce solo splendide.
Mêlant violence ancestrale et mélodies traditionnelles aux gammes et altérations si particulières, l'équilibre est parfait. Les fans, envoûtés, scandent les chœurs, répondant aux musiciens dans un bel élan de ralliement. Une prestation envoûtante, qui nous a fait voyager dans le temps et dans l’espace.
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Setlist :
Miðgarðsormur
Ullur
Verðandi
Niðavellir
Að vetri
Kvaðning
Ratatoskur
Yngwie Malmsteen
Chaque édition du Hellfest a ses virtuoses absolus de la guitare, des maîtres incontestés dans le milieu, et aujourd'hui, c'est au tour d'
Yngwie Malmsteen de faire rêver quelques milliers de musiciens. Super expressif, grandiloquent dans ses interprétations, le guitariste néo-classique suédois à la discographie prolifique avec plus de 21 albums solo en 37 ans de carrière sait qu'il fait tourner des têtes, en inspirant bon nombre de musiciens - comme en décourager une bonne partie aussi...
Si l'artiste est largement connu pour des productions studio léchées et parfaitement produites, même si parfois très convenues et prévisibles, il l'est également pour s'être essayé dans des contrées plus vastes quitte à s'éparpiller et perdre quelques fans au passage. Mais aujourd'hui, le créneau horaire joue en notre faveur et pousse le guitariste de légende à aller droit au but en ayant la lourde tâche de devoir proposer un condensé de son œuvre, qui colle également avec le ton du festival. Et c'est naturellement qu'il a réussi à allier technicité, rapidité et maîtrise à travers des 'Rising Force', 'Top Down, Foot Down' et 'Soldier' dès l'entame. Ajoutez-y des pures badineries pour lui permettre d'imposer le respect, et vous avez là tous les ingrédients d'un show réussi.
En plus, il apparaît en forme olympique malgré le compteur qui continue de tourner, continuant de lever la jambe tout en enchaînant des montées de gammes avec une aisance déconcertante... Bien que plus discret derrière la star, ses musiciens l'ont parfaitement soutenu, formant une machine parfaitement huilée. En bref, prestation magistrale remplie de prouesses techniques, qui fut un pur régal pour les amateurs de guitare.
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Setlist :
Rising Force
Top Down, Foot Down
Soldier
Into Valhalla
Relentless Fury
Badinere (JS Bach)
Far Beyond the Sun
Seventh Sign
Trilogy Suite Op: 5
Overture
Fugue
I'll See the Light Tonight
Heaven Tonight
Extreme
Passage rapide également par le show d'
Extreme qui a particulièrement soigné son
backdrop, mettant en scène une rue éclairée de néons, modernisant d'une certaine façon la jaquette d'un certain "Pornograffiti". Malgré un début de set un peu poussif où l'on sent les musiciens en train de caler leur lancement, dès '#REBEL' et 'Kid Ego' les choses étaient stabilisées, offrant un set funky, énergique et ultra-mélodique avec des morceaux comme 'More Than Words' et 'Get the Funk Out', délivrant un groove bien pêchu.
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Setlist :
It ('s a Monster)
Decadence Dance
#REBEL
Kid Ego
Play With Me
Am I Ever Gonna Change
Hole Hearted
Midnight Express
More Than Words
BANSHEE
Flight of the Wounded Bumblebee
Get the Funk Out
RISE
Mr. Bungle
Arrêtons-nous un peu sur cet unique passage par la Temple, qui, comme vous l'aurez remarqué, n'est pas la scène de prédilection de votre serviteur... Mais alors que
Bruce Dickinson retourne la main sur les titres de son dernier projet Mandrake, voici
Mike Patton et son projet
Mr. Bungle qui nous réserve bien des surprises, avec notamment une formation 1ere classe ! Et c'est peu dire, car le vocaliste de génie s'est offert les faveurs de
Trey Spruance (
Faith no More époque "King for a Day... Fool for a Lifetime"),
Scott Ian (
Antrax),
Trevor Dunn (
Melvins entre autres),
Dave Lombardo (
Slayer,
Suicidal,
Misfits,
Testament... entre de nombreux autres...), sans compter les apparitions de quelques potes présents sur le festival comme
Wolfgang Van Halen venu ajouter sa guitare sur la reprise de 'Loss of Control' d'un certain
Van Halen et
Andreas Kisser venu prêter main forte sur la reprise de 'Territory' de
Sepultura !
Passés ces "détails" où l'on hallucine d'avoir sur cette scène à taille humaine de telles pointures du milieu, nous sommes subjugués par l'univers du charismatique vocaliste qu'on pourrait tantôt qualifier de fou, tantôt d'illuminé, mais unanimement d'artiste de génie. L'autodérision tutoie une maîtrise des instruments pour un pur moment de lâcher-prise, de bonheur sain alors que la pluie commence à battre fort...
Subtil cocktail déstabilisant du début à la fin dans un set totalement déjanté, où hardcore, metal, jazz, funk et expérimental donnent une certaine cohérence dans la variété, un liant dans le décousu, ce grain de folie dans un cocktail de chaos maîtrisé.
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Setlist :
Satan Never Sleeps (Timi Yuro)
Anarchy Up Your Anus
Bungle Grind
I'm Not in Love (10cc)
Eracist
Spreading the Thighs of Death
Loss of Control (Van Halen) (avec Wolfgang Van Halen)
Hypocrites / Habla español o muere
Hell Awaits (Slayer)
Hopelessly Devoted to You (John Farrar)
Raping Your Mind
My Ass Is on Fire
Territory (Sepultura) (avec Andreas Kisser)
All by Myself (Eric Carmen)
Korpiklaani
Passage obligé par les Finlandais de
Korpiklaani qui font exploser les tentes de leur folk enjoué et débridé. Comme chaque année se masse une foule impressionnante et dense pour les prestations festives et folkloriques.
Entre chants, pogos joyeux et batailles d'épées en carton d'un côté (fosse) et joyeux bordel festif autour des tambourins, accordéons et violons de l'autre (scène), la sauce a immédiatement pris alors que les géants de
Metallica assènent de leurs riffs lassés un public bien étranger à ce folklore, ceux qui ont fait le choix de rester en profitent doublement.
Évidemment, les climax du show furent autour des 'Tuli kokko' et autres 'Pixies Dance' que le public s'est largement approprié, quitte parfois à ce que la troupe sur scène se mette à accompagner ce qui se passe en fosse sous l'œil amusé de
Järvelä. Autre moment suspendu, l'interprétation de 'Vodka', devenu hymne pour nombre de fans provoquant des mouvements de foule joyeuse et d’énergie positive. Sachant marier parfaitement tradition et puissance en offrant un set à la fois musicalement riche et incroyable de bonne humeur, le groupe a livré un moment de pur bonheur collectif.
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Dismember
Dernier groupe pour nous alors que les Mets continuent de ravir leurs fans sous une pluie battante,
Dismember s'installe en toute discrétion dans une tente un peu clairsemée composée d'ultra fans comme nous venus reprendre une dose de nostalgie après leur reformation récente mettant fin à 13 ans d'absence...
L'artillerie death des Suédois ne semble pas avoir pris une ride et dès les premières riffs de guitares, on retrouve instantanément cette lourdeur glaciale propre au groupe. Leur set brutal, sans compromis, secoue la foule rageusement, avec des morceaux comme 'Skin Her Alive' et 'Override of the Overture', sans oublier la période "Massive Killing Capacity" avec 'Life - Another Shape of Sorrow' et 'On Frozen Fields'. La brutalité des riffs et la force de la batterie retrouvées font un bien fou !
A cette heure-ci, on ne parle plus de
moshpit malheureusement, peut-être le public était-il là dès les premières heures du groupe en 1988 et on aurait dépassé l'heure de leur coucher ? Blague à part, la tente fait meilleure figure en milieu de set, ce qui rassure les fans. Malgré les années d'absence et une complicité perdue, les Suédois n'ont rien oublié de leurs heures de gloire et c'est un véritable retour aux sources dont ils nous font profiter avec pas moins de 3 titres issus de leur premier album "Like an Ever Flowing Stream" et une grosse moitié mettant en lumière leurs trois premiers. On n'est pas dupes et on sait que cette reformation ne risque pas de redémarrer une idylle perdue, mais que le moment fut bon !
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Dismember en HD en
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Setlist :
Pieces
Soon to Be Dead
On Frozen Fields
Tragedy of the Faithful
Fleshless
Of Fire
Europa Burns
Skin Her Alive
Time Heals Nothing
Dreaming in Red
Skinfather
Where Ironcrosses Grow
Override of the Overture
Life - Another Shape of Sorrow
En définitive, cette première journée du Hellfest 2024 a été une véritable
claque musicale. Chaque groupe, qu’il s’agisse de légendes du metal ou
de jeunes talents, a mis le feu à la scène, et le public a été au
rendez-vous à chaque instant. Éreintés mais heureux, on se prépare déjà
pour les prochains jours de ce festival unique. C’était un pur bonheur
sonore, une expérience qu’on n’oubliera pas de sitôt.