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TITRE:
ULTRA VOMIT (09 SEPTEMBRE 2024)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
AUTRES
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Music Waves a de nouveau rencontré Ultra Vomit pour une puissante interview sur le pouvoir...
STRUCK
- 20.09.2024 -
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... sachant que de pouvoir, sans surprise, il en est question dans cette rencontre où nous reviendrons sur la prestation remarquée du quatuor nantais à l'Elysée et tout le buzz médiatique négatif qui en a découlé... Mais pas que ! Nous évoquerons bien sûr ce nouvel album "Le Pouvoir de la Puissance" et toute l'exigence que le groupe s'applique pour que son metal parodique persiste à être aussi puissant et continue de ravir ses clients toujours aussi nombreux...
On attaque tout de suite avec le titre ‘Ültrus Crew’ extrait de votre dernier album. Est-ce une critique des réflexions de vos fans et des journalistes ?
Flockos : C'est une référence, on va dire...
Fetus : C'était un tacle appuyé par derrière surtout (Rires) !
Flockos : C’est vrai qu’il y a des commentaires qui reviennent souvent comme : "Vous avez mis neuf ans entre "Objectif : Thunes" et "Panzer Surprise !". Combien de temps vous allez mettre pour faire le prochain ?". C’est une ritournelle qu’on entendait souvent : pourquoi pas la foutre dans une chanson ? C'était l'occasion rêvée mais c'est un tacle gentil.
Justement, on y arrive : après près de huit ans depuis "Panzer Surprise !" (2017), qui succédait à "Objectif : Thunes" (2008), vous sortez enfin "Le Pouvoir de la Puissance". Lors de notre dernière rencontre, Fetus, tu évoquais un manque de vanne pour sortir "Panzer Surprise !". Est-ce toujours le cas ?
Flockos : Il faut du carburant, il faut alimenter avec des concepts. Il faut un minimum de temps. Il y a quand même une raison principale, c'est qu'on a vraiment du mal à faire un album pendant qu'on fait une tournée. C'est assez compliqué pour nous d’être créatif pendant une tournée
Il nous faut un espace mental totalement dédié à la composition d’un album
Alors que pour certains artistes c'est plutôt l’inverse…
Flockos : Ouais mais ça, je n’en ai rien à foutre : ce n'est pas mon problème (Rires) ! S'ils y arrivent tant mieux, mais ce sont des albums de merde (Rires). Non, mais je ne sais pas. En tout cas, il nous faut un espace mental totalement dédié à la composition d’un album. Et c'est difficilement compatible avec les concerts : on est toujours en train de peaufiner le spectacle. Bref, on n'a pas réussi à trouver cet équilibre. Donc il faut qu’on arrête les concerts pour se mettre sérieusement à faire un album et ça participe à un délai assez long.
Ensuite, on a mis seize mois à écrire cet album. Il y avait des pistes, quelques bribes, quelques embryons de chansons qu'on avait trouvées en tournée. Pour nous, franchement, dans l'univers d’Ultra Vomit, je trouve qu'on a fait vite.
Fetus : En plus, il y a eu une petite différence entre les deux.
Flockos : Une grosse envie aussi.
Fetus : Une grosse envie, mais surtout, les idées sont venues plus rapidement que pour "Panzer Surprise !". Pour ce dernier, je me souviens que le studio était booké et d’avoir eu des moments de stress parce que les morceaux présents étaient largement insuffisants.
Comment expliquez-vous ce regain de créativité ?
Flockos : Parce qu'on est bien actuellement. Je pense qu'on a un sentiment de plénitude. Toute la tournée "Panzer Surprise !" a été excellente, on a une équipe mortelle pour les concerts, le disque a eu un beau succès, on est bien à quatre : on se sent bien et on a envie de continuer tout simplement.
Franchement, sortie de "Objective : Thunes", on était un trio, on est devenu quatuor avec une valse des bassistes un peu subies. Il a fallu du temps pour débloquer cette situation, qu'on trouve Matthieu et qu'on se sente bien… et après qu'on se décide à refaire une tournée en 2015 et remettre le pied à l'étrier et trouver une bonne alchimie… Tout ça nous a pris un temps fou !
Les interviews avec Ultra Vomit sont assez déstabilisantes parce que vous êtes…
Flockos : … chiants (Rires) ?
A chaque fois qu'on sort un album, pour moi, c’est le dernier !
… réfléchis, dirons-nous, alors qu’à l’écoute de vos albums, on s’attend à avoir des interlocuteurs plus puérils. A ce titre, pouvons-nous dire que le groupe s’est aussi et surtout professionnalisé ?
Flockos : Tu veux dire une vision à long terme et comment va évoluer le groupe un peu et comment le faire grossir ? Non, ça ne marchera jamais.
Fetus : J'ai toujours eu la même réponse : à chaque fois qu'on sort un album, pour moi, c’est le dernier et c’est le cas depuis "M. Patate"…
Mais pour quelle(s) raison(s) serai(en)t-il(s) le(s) dernier(s) ?
Fetus : Parce que t'en as tellement chié à sortir tous les trucs…
Non mais la question est de savoir que ce serait le dernier par manque de succès ?
Fetus : Non, du tout, c’est par manque d’idées…
Flockos : Par manque de concepts. En fait, l'album fantôme qui n'a pas existé entre "Objectif : Thunes" et "Panzer Surprise !" aurait été mauvais tout simplement : il n'y aurait pas eu de bonne vanne, il n'y aurait pas eu de concepts, on n'avait pas le temps, on ne savait pas si on était un quatuor ou un trio.
Fetus : Et pour moi, "Panzer Surprise !" n'est pas loin d'être mauvais, mais au moment où on boucle le studio comme je disais tout à l'heure, ‘Kammthaar’, ‘Evier Métal’, ‘Takoyaki’, pour ne citer qu’eux arrivent alors que le studio est déjà booké : ils arrivent au dernier moment… Et sans eux, ce n’est pas le même album !
Flockos : Dans l'urgence il se passe des trucs super !
C'est vrai que pour "Panzer Surprise !", on n'est pas passé loin !
C’est peut-être trop tôt pour en parler mais vous avez dit que cet album avait été composé plus rapidement…
Fetus : … donc il est moins bien (Sourire) !
Flockos : En fait, on a mis seize mois : ce n'est pas rien ! Mais il y a quatre ou cinq morceaux qui ne sont pas sur l'album et qui auraient très bien pu y figurer : on a fait des choix… Mais sans deadline, on n’arrivera à rien ! A un moment, on avait deux ans sans date : c'était pas mal, c'était le bon équilibre et ce n'était pas forcément souhaitable de dépasser ce temps-là. Mais sans deadline, je pense qu'à un moment on ne se met pas la botte au cul !
Fetus : Mais je trouve qu'on ne dit pas assez que c'est quand même du putain de hasard tout ça. La seule différence, c'est qu'on a eu plus de chance sur ce nouvel album parce que c'est arrivé plus vite mais ça ne veut pas dire qu’il sera mieux ou moins bien. C'est vrai que pour "Panzer Surprise !", on n'est pas passé loin ! On a réussi à faire un album qui a marché : tant mieux ! Mais il y a des moments où je me disais que ce n’était pas assez bien par rapport à "Objectif : Thunes". Et pour cet album, il n'y a aucun moment où je me suis dit que c'était moins bien…
Effectivement, "Panzer Surprise !" paradoxalement n’avait plus l’effet surprise de son prédécesseur…
Flockos : Mais il était dans la continuité…
Fetus : Et plus tu vas faire des albums, plus ça va être difficile par principe.
J'ai l'impression qu'on est de plus en plus exigeants avec ce qu'on fait !
A ce titre, quel est le défi que vous rencontrez au moment de la composition ?
Flockos : J'ai l'impression qu'on est de plus en plus exigeants avec ce qu'on fait ! Je pense que ça se concrétise par un peu plus de textes, des morceaux un peu plus longs avec moins de phrases en boucle répétées mille fois -même si on l'a toujours...
Et je reviens sur mon constat précédent : on parle quand même d’un groupe qui sort un album avec un titre intitulé ‘Mollo sur le caca’…
Matthieu : Oui mais le texte est quand même travaillé...
Flockos : On est assez fiers du texte quand même et mine de rien, on n'a jamais fait autant de paroles tout simplement. Et ça, c'est une espèce de changement dans la continuité dont je suis ravi.
Fetus : C'est vrai que par moment, tu fais des bilans et pour "Panzer Surprise !", on se disait que c’était cool mais par exemple, sur ‘E-tron (digital Caca)’ ou ‘Jésus’, tu répétais ces mots en boucle
Flockos : A un moment, on a flippé, on avait l'impression de faire un album instrumental.
Fetus : On ne racontait rien, en fait, et ce n’est pas le but.
Flockos : Du coup, cet album est plus verbeux et je trouve ça super. Pour moi, c'est la différence fondamentale sur ce nouvel album, même si ce n'est pas non plus un choc des cultures…
Entre ces deux albums, vous avez multiplié les concerts et tournées, notamment avec Le Gros 4. Vous collaborez avec Mouss de Mass Hysteria sur le morceau 'Mouss 2 Mass'. Quelle a été l'expérience la plus marquante sur scène ces dernières années, et comment ces tournées ont-elles influencé votre approche de la composition et de la performance pour ce nouvel album ?
Fetus : L’expérience marquante est le Hellfest 2017 et le Hellfest 2019. Les deux étaient choquantes mais celui de 2017 encore plus parce qu'on était en début de tournée, on n'était pas encore très à l'aise avec le show et là, il est 13 heures du mat’ et on se retrouve devant une scène blindée, à perte de vue. Et comme on aime le dire : on s'est chié dessus (Rires) !
Flockos : Il y avait des matières fécales qui passaient à travers les mailles du slibard : c'était l'enfer !
Fetus : C'était horrible et en même temps, c'était incroyable ! Et quand on a fini notre prestation, on était sur une autre planète.
Matthieu : En 2019, on avait plus d'assise et c'est le meilleur concert de ma vie.
Flockos : C'était super parce qu’on avait essayé d'avoir plein d'idées comme la chorale gospel…
Matthieu : … On a eu droit à une vidéo au fond…
Flockos : … un peu de pyrotechnie également… On a essayé de faire vraiment le best of de ce qu'on faisait. Et ce concert a été enregistré et il a été très bien remonté, bien remixé comme on aime : c’est super d’avoir une trace qui revienne régulièrement comme porte d'entrée dans Ultra Vomit.
On parlait du temps pour composer et trouver les idées. Quand vous composez un morceau, avez-vous également en tête la scénographie lors de la retranscription sur scène ?
Flockos : La scénographie pas exactement…
Fetus : … mais oui, on y pense.
On ne pourra pas faire rire tout le monde
Mais est-ce que cela contribue à étirer le processus de composition ?
Flockos : Il y a des morceaux pour lesquels on sait que ça va être compliqué sur scène, on va avoir du mal à faire le truc de Stupeflip sur scène…
Fetus : Voire impossible parfois…
Flockos : Effectivement et on se dit que c'est quand même un bon délire sur album : ce n'est pas grave !
Matthieu : On se posait la question par exemple pour le morceau ‘La Puissance du Pouvoir’ parce qu'il y a des bandes, il y a une orchestration derrière et du coup, ça influe sur la technique.
Flockos : Exactement ! On essaie de mettre en place du clic et des séquences pour pouvoir garder les orchestrations parce qu'elles sont les primordiales pour le morceau. Et du coup, c'est aussi peut-être une nouvelle facette qu'on explore en concert, on espère faire ça avec goût…
Et quant au délire "drôle / pas drôle", on se retourne déjà suffisamment le crâne et on ne pourra pas faire rire tout le monde. Parfois, c’est puéril et complètement affligeant mais ça nous fait délirer. Et si ça a fait son chemin jusqu'à l'album, on se dit qu’on a remis en cause le concept et l'humour de ce morceau suffisamment longtemps pour qu’il figure et le valider sur l’album.
Fetus : Ça me fait penser quand on a composé "Objectif : Thunes". Flockos venait d’arriver et on avait fait plus d'arrangements de guitare et on avait exactement la même problématique à savoir qu’on ne pourrait pas les jouer en trio. On s’est résolu à le faire tel quel parce que c’était l'album dans lequel on met tout, parce que c'est mieux comme ça pour nos oreilles et on se démerdera par la suite pour la scène. Et se démerder, ça veut dire prendre deux guitares. Pour cet album, c'est pareil, on va effectivement jouer plus au clic… On va se démerder. En clair, on y pense mais il ne faut pas que ça devienne un frein non plus.
On parlait de vos concerts remarqués, il y a clairement celui à l’Élysée qui a contribué à faire découvrir le metal à un public plus institutionnel et on est en droit de se demander si Gojira ne vous doit pas sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO. Avez-vous perçu un changement d'attitude des médias et des institutions envers ce genre souvent perçu comme marginal ?
Flockos : Pas plus que ça. Autour du buzz à l’Élysée, il y a eu des sollicitations auxquelles on n'a pas trop répondu. Mais pour Gojira, j’ai été séché par leur truc que j’ai trouvé incroyable. En plus, on était surpris -on a compris la veille qu'ils y jouaient- mais tout collait la scénographie, les flammes, la Marie-Antoinette…
Mais pour en revenir à ta question, je pense que je ne sais pas si c'est quelque chose de progressif. Ce sont de petits éléments, franchement, c'est trop vague pour savoir ce qui est quantifiable.
Quand tu es visible, tu te fais chier dessus : c'est mathématique !
Et pour en revenir à votre prestation à l’Elysée, est-ce que ça vous a apporté plus de visibilité ou au contraire est-ce que ça a été source de critiques de vos fans ?
Flockos : Pour être franc, on n’avait vraiment pas besoin de ça pour être visible ! On n’a l'a pas du tout fait pour ça. Ça n'a pas été du tout calculé pour ça, on l'a fait pour le what the fuck !. On l'a fait pour l'espèce de troll général avec McFly et Carlito et nous étions les cancres, les mauvais élèves qui se retrouvent à faire du death metal dans un jardin de l'Elysée. La notoriété du groupe nous allait très bien telle qu'elle était avant ce passage. Mais on l’a fait pour le côté unique.
Fetus : En revanche, de fait, tu fais un truc comme ça, forcément, tu es visible. Et quand tu es visible, tu te fais chier dessus : c'est mathématique !
Surtout à l’ère actuelle des réseaux sociaux…
Flockos : Une fois que l'incendie est allumé, il n'y a rien que tu puisses faire -tu peux lancer tous les Canadairs que tu veux- ça ne marchera pas... On a donc un peu lâché l'affaire.
Finalement, regrettez-vous ce passage et tout le buzz négatif qui en a découlé ?
Flockos : C'est un peu compliqué de regretter puisque ça reste toujours un truc unique, un truc lunaire qui s’est passé. Regretter, mathématiquement en chaîne causale, vu toutes les répercussions chiantes… et tu as envie d’être dans un monde parallèle où on ne l’aurait pas fait et on serait tranquilles. Mais en vrai, ce truc ne méritait pas tout ça. Après, il y a plein de choses intéressantes à en dire mais quoi qu'il arrive, on ne pouvait rien dire puisque on s'est juste fait chier dessus sur les réseaux. Donc bon, à part ça, quand on croisait quelqu'un en vrai, il n’était certes pas d'accord mais de toutes façons, il était peinard alors que sur Internet…
Fetus : Après les regrets… Je me suis aussi fait la réflexion inverse à savoir n’allais-je pas regretter si on ne l’avait pas fait ? C'est sans fin, en fait.
Je peux comprendre que ça agace de voir qu’un groupe qui joue pipi/ caca
marche plus qu’un groupe qui a du talent et qui va faire du prog’
Mais à ce jour, avez-vous encore des répercussions suite à cette prestation ?
Fetus : Les seules que nous avons sont sur les réseaux.
Flockos : Tous les réseaux qui ne nous appartiennent pas...
Fetus : La leçon de ça, c’est qu’on prend de la distance par rapport à ce qu’on dit sur nous sur les réseaux alors que nous étions plus attentifs avant…
Flockos : On est au-dessus de tout ça. On reste sensibles -on reste des êtres humains- mais ça atteint quand même ! Mais ça a surtout débusqué ceux qui nous chiaient dessus
Fetus : Je crois que c’est ça l’idée… mais on divisait avant ça. Dans le metal, tu as quand même des gens qui étaient déjà en mode : "On ne rigole pas avec le metal". J'ai déjà rencontré des mecs qui me disaient au premier degré que ce qu’on faisait était insultant. Il y a quand même pas mal de gens qui pensent plus ou moins ça et qui sont en mode, on ne déconne pas et que ça agace… Je peux comprendre que ça agace de voir qu’un groupe qui joue pipi/ caca marche plus qu’un groupe qui a du talent et qui va faire du prog’ mais dans sa cave parce que manifestement, ça n’intéresse personne…
Avez-vous envisagé ou avez-vous été inspirés par ces évènements pour en faire une chanson ?
Fetus : C'est un peu ce qu'on fait. Globalement le message de tout ce qu'on fait c'est ça ! C'est juste qu’on ne le dit pas clairement parce que ça serait un peu chiant et nul de le dire...
Flockos : Oui et on ne va pas spécifiquement remettre la lumière sur ce truc puisque face à un incendie de merdes sur les réseaux sociaux, il n’y a rien à faire, il faut juste laisser passer... Tu ne peux pas répondre à ça sans être repris et réinterprété. On va vu passer un tas de débilités comme quoi on avait gagné 14.000 balles pour faire ça, que nous étions spécialement invités par Macron… Des fausses rumeurs : c'était n'importe quoi ! Donc, quoi qu'on en dise, on va être redéformé, tout ça...
Fetus : Aujourd’hui, le seul truc où je me suis dit que ça aurait pu être énorme -mais ça nous faisait chier de remettre une pièce- c'était ce visuel avec le titre "Panique à l'Élysée" (Rires). Franchement, j'étais chaud et si vous aviez été d’accord mais bon, après c'est vrai qu’on n’avait pas envie d’autant cristalliser ce truc.
Flockos : Mais on a vu qu'on n’avait pas l'ouverture, qu’on n’avait pas la tribune pour s'expliquer : c'était compliqué.
Fetus : Oui et puis à l'époque, on n’a pas surfé sur le truc.
Vous évoquiez la pochette. Pour nous, elle s'inspire des affiches de films d'horreur et de science-fiction des années 1960-1970…
Flockos : Merci !
… mais semble également faire écho à des thèmes contemporains, comme une société de plus en plus oppressive...
Fetus : Ouh la ! (Rires)…
… Derrière cette parodie, se cache-t-il un message plus sérieux ou une critique sociale ? Ultra Vomit est-il plus profond qu’il n’y paraît ?
Flockos : Trop pas ! Non, non, il faut le voir en nutri-score UV c'est-à-dire ultra calorique. On sait que cet album est un voyage un peu éprouvant, c’est un album qui va vraiment dans tous les sens et je pense que la pochette reflète bien ça.
Fetus : La pochette a ce côté un peu Frankenstein... Pour moi l'idée, c'est que tu as des mecs qui se font attaquer par leurs créations et se demandent ce qu’ils ont fait : c'est la prophétie du docteur Fetus, tu vois !
Flockos : Mais le monde de plus en plus oppressant, on n’en a rien à branler.
Fetus : Oui mais il y a le titre "Le Pouvoir de la Puissance" qui te peut te mettre sur cette piste…
Flockos : Écoute, s'il y en a qui pensent qu'on est devenus plus intelligents, tant mieux pour eux (Rires) parce que rassurez-vous, on est toujours aussi puérils.
Dans cet album, vous faîtes référence à Orelsan, Indochine, Renaud… Comment viennent ces références et finalement, c’est le délire avec les références qui viennent en premier ou la chanson ?
Flockos : Tout ça, c'est des putains de hasards, de fulgurances. Certes on bloque tous sur le mot "anus" et Fetus le disait façon Gilles de La Tourette mais je souviens qu’on était en studio et ce morceau ‘A.N.U.S.’, on l’a écrit pendant l’enregistrement…
… C’est donc le meilleur si je vous suis…
Fetus : C’est un joyau : c’est la meilleure !
Flockos : On était en train de partir du parking du studio et elle est sortie toute seule dans la voiture, comme ça… On l’a enregistré sur le dictaphone du téléphone et ensuite, on lui a donné sa chance, on l'a travaillée et puis voilà… Mais les paroles ont été déroulées toutes seules sans qu’on n’ait rien touché depuis la version dans le camion.
Fetus : En fait, c'est plus Didier Bourdon et les Inconnus à la base quand ils reprennent Indochine. ‘Vice et Versa’, c'est une passion ! Et maintenant quand je réécoute le truc, je constate qu’il y a plein de petites références -pas forcément cachées- aux Inconnus.
L'équilibre est de savoir si les vannes vont pouvoir durer dans le temps
Vous jonglez habilement entre des styles variés – heavy metal, industriel, hard rock, grindcore, pop, voire rap… Comment parvenez-vous à intégrer ces influences diverses tout en gardant une identité sonore cohérente ? Est-ce un exercice d’équilibriste qui demande une discipline technique particulière ?
Flockos : En fait, l'équilibre est de savoir si les vannes vont pouvoir durer dans le temps, dans notre temps à nous à savoir qu’avec un peu de recul, si elles nous font toujours marrer. Il y a des morceaux qui ont été abandonnés en cours de route, j'ai fait un morceau qui s'appelait ‘J'ai envie de chier’, va savoir pourquoi ce morceau ne passe pas et alors que ‘GPT’ passe ? C'est ça l'équilibrisme ! C’est aussi puéril, débile mais pourquoi il y en a un qui passe et l’autre non ? C'est indescriptible, c'est notre sensibilité, c'est notre affinage : des délires ne vont pas passer parce qu’on sait que ça va être soit un peu trop graveleux, soit trop porté sur le zizi…
Et justement, est-ce que vous vous imposez des limites ?
Fetus : Oui, carrément. En revanche, même si c’est chaud, on le fait quand même, on va au bout du truc… On a plein de démos où on est allé jusqu’au bout -je pense à certaines démos même de l'époque de "Panzer Surprise !"- et je trouve ça trop cool que ça existe, que ça existe pour nous : en fait c'est cool, on le fait...
Flockos : Mais on ne va pas prendre de risques inutiles au nom d'humour avec un morceau qui va un peu trop loin. Et tu n’as pas envie que ça prenne le dessus sur tout le reste, que ça puisse occulter les trucs avec plus de finesse…
Et franchement, toute la musique qu'on fait, tous les riffs, on aime faire ça… On aime le punk rock, on aime le metal, on aime le black… On fait quelque chose qui viscéralement ou physiologiquement va nous emporter
Et concernant les références/ imitations que vous faites, avez-vous des retours de groupes parodiés et notamment internationaux ?
Fetus : Internationaux ? Et bien, écoute ouais, déjà…
Matthieu : … Calogero (Rires) !
Fetus : … Maintenant, Gogira est un groupe international qu’on connaît depuis longtemps et ils nous demandaient quand la chanson allait sortir parce qu'ils l'avaient entendu longtemps avant donc c'était hyper chaud…
Je sais que le chanteur de Rammstein a entendu ‘Kammthaar’ et on a un enregistrement de Till (NdStruck : Till Lindemann) en train de faire "Kammthaar" et je pense que c'est la preuve que ça l'a plutôt fait marrer même s'il n’a peut-être pas tout capté.
Matthieu : Il n’y avait pas un truc avec Lemmy (NdStruck : Lemmy Kilmister) ?
Fetus : Non, non !
Flockos : Lemmy, c'était chaud parce que sur l'album, la piste était ‘Quand J'étais Petit (feat. Lemmy)’ et ça, c'était un petit peu abusé de notre part.
Fetus : Mais non, c’est juste qu'à l'époque, on était tellement peu connus que de mettre "feat. Lemmy", c'était évident que c’était une connerie. Aujourd'hui, je te dirais que si on mettait un "feat" de cette envergure-là, on pourrait le croire parce que depuis on a des connexions… Donc on ne le ferait plus aujourd’hui… D’autant qu’au Hellfest 2008 quand on avait été programmés pour ouvrir le festival sur la Mainstage -on était tout fiers de notre album- et on avait croisé le chauffeur du tour bus de Motörhead et on lui a filé l’album mais le chauffeur nous a dit qu’il allait lui faire écouter sans lui montrer parce que sinon il va péter un câble. Et on a réalisé le malaise mais à l’époque, pour nous c'était évident que c'était du millième degré parce que c'est impossible d’avoir un tel featuring sorti de "M. Patate" et c’est tellement dans une niche - mais on est toujours dans une niche, d’une certaine façon.
On restera des anomalies !
Vous êtes dans une niche certes mais vous avez inspiré pas mal de groupes, comme Les Trois Fromages ou Princesses Leya, qui suivent la voie du rock et du metal parodique. Comment percevez-vous votre influence sur cette nouvelle scène musicale ? Vous voyez-vous comme des précurseurs ou plutôt comme des accompagnateurs d'une évolution naturelle du genre ?
Flockos : Je ne sais pas. Je pense qu'on va rester dans l'exception à chaque fois. Pas nous spécifiquement, mais tous les trucs humoristiques, je ne pense pas que ça va être une nouvelle norme ou ça va prendre une part de marché : on restera des anomalies !
Fetus : Est-ce que ce n'est pas une question aussi de culture ? Pour connaître le Québec, par exemple un groupe comme les Trois Accords cartonne mais ce sont que des textes méga absurdes.
Flockos : C'est magnifique : parfois, c'est hyper poétique et parfois, c'est complètement con, c'est complètement fou avec des instrumentations hyper élaborées. Je suis archi-fan des Trois Accords.
Fetus : Et quand j’étais là-bas, je me souviens d’affiches de concerts de groupes très décalés et très second degré qui pourraient faire penser un peu à ce qu'on fait ou ce que fait Princesses Leya… J'ai l'impression que c'est plus dans la culture de déconner là-bas alors qu’en France -en tout cas en musique parce qu’on a beaucoup d'humoristes évidemment- j'ai quand même la sensation que c'est plus en marge et pas forcément hyper bien vu… Peut-être que je me trompe mais pour beaucoup ce qu’on fait est comparé à du Patrick Sébastien. C'est mal vu alors que Patrick Sébastien, ce sont des tubes de malade ! Pour moi, c'est incroyable Patrick Sébastien, mais je comprends que ce soit perçu comme pas sérieux.
Flockos : On a toujours ce genre de retour.
Fetus : Je veux dire peu importe si c’est mieux ou moins bien : on s’en branle ! C’est juste que c’est moins bien considéré en France et donc, ça donne moins envie aux gens de le faire. Si tu montes un groupe et que tu veux que ça marche, tu ne vas pas aller forcément directement dans la connerie.
Flockos : Et j'ai l'impression que si quelqu'un veut faire un groupe à la Ultra Vomit, il va être beaucoup trop assimilé à Ultra Vomit.
Fetus : J’y pensais justement à l’instant. Je ne veux pas donner l’image d’un mec qui se la pète mais quand on s’est arrêtés entre "Objectif : Thunes" et "Panzer Surprise !" -neuf ans quand même- vu que l’album avait vraiment bien marché et qu’on avait fait exister le style metal parodique en France, je m’attendais que d’autres suivent le mouvement et finalement, non… J’en étais presque à un point où comme personne ne le fait, on le refait (Rires) !
Vos clips sont reconnus pour leur originalité et leur côté décalé. Avez-vous prévu de nouveaux concepts visuels audacieux pour accompagner les titres de "Le Pouvoir de la Puissance" ? Verrons-nous encore plus de références cinématographiques comme dans ‘The Gruge’, ‘Dead Robot Zombie Cop’ ou même des clins d'œil à Jean-Pierre Bacri avec ‘Mollo sur le caca’ ?
Flockos : Le clip de ‘Doigts de metal’ va arriver : il sort le 19 septembre. Et après, on a plein d'envies mais il va falloir trouver du temps et du budget. Justement, je ne sais pas ce que fantasment les gens sur notre situation, mais donc nous, on ne lésine pas sur la production, on veut proposer le meilleur son possible avec le mec qui fait le meilleur taf, pareil pour le clip… mais tout a un coût et on ne peut pas enchaîner et faire des clips de qualité comme ça.
Tu parlais de budget, j’ai une solution toute trouvée pour le clip de ‘Tikawahukwa’ sponsorisé par la marque…
Fetus : Starbuck !
Est-ce que l’avenir d’Ultra Vomit ne serait pas le sponsoring ?
Flockos : Oui, en tout cas pour l’instant, on a toujours essayé d'éviter les crowfundings… mais oui, pourquoi pas…
Fetus : Régalez-nous (Rires) !
Flockos : On a pas mal d’envie de clips mais si on le temps et les moyens de le faire, on le fera.
Et pour finir, qu'attendez-vous de cet album ? Quels sont les objectifs pour ce projet ? Et qu'espérez-vous apporter de nouveaux à vos clients ?
Fetus : (Rires) !
Flockos : Alors avec ce nouvel album, on espère apporter à nos clients un nouvel album (Rires) !
Fetus : Et indirectement de nouvelles chansons…
Matthieu : Et un nouveau spectacle aussi…
Flockos : C’est implicite mais il y aura des nouvelles chansons dans ce nouvel album. Et du coup, avec un nouveau spectacle où on va jouer quelques nouveaux morceaux dans le nouveau spectacle. Donc j’espère que notre clientèle sera ravie et réceptive par rapport à notre nouvelle production tout simplement.
On n’en doute pas un instant… Merci beaucoup.
Fetus : Ecoute, avec plaisir !
Matthieu et Flockos : Merci !
Et merci à Calgepo pour sa contribution...
Plus d'informations sur http://www.ultravomit.fr.st/
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