Yann Armellino -le guitariste- revient accompagné de Vincent Martinez -le chanteur/ guitariste et non l'acteur- pour nous parler d'Armellino -le groupe- qui nous offre son premier millésime "Heritage Blend" aux arômes heavy blues envoûtants...
Yann, c’est notre cinquième interview et pour un quatrième projet. A cet égard, tu multiplies les groupes et les collaborations, que ce soit avec Chris Caron en 2009 avec "Gimme the Sound" ou plus récemment deux albums avec Butcho. Pourquoi créer ce nouveau projet sous ton propre nom Armellino ?
Yann Armellino : C'est marrant parce que c'est Vincent qui a eu l'idée.
Vincent Martinez : Je suis un grand fan de Yann. J'avais déjà fantasmé d’un projet commun en 2006-2007 et aujourd’hui, j’ai fantasmé dans mon esprit tordu d’un groupe Armellino.
Yann : Et Armellino se justifie aussi parce qu’il y a mon frangin…
Certes mais c’était déjà le cas avec Butcho…
Yann : Oui, mais pas au départ (Rires) !
Mais au regard de la pochette qui est un clin au premier album de Fleetwood Mac, pourquoi ne pas avoir appeler ce groupe Armellino Mart voire Armellino Mehard (NdStruck : en référence au bassiste, Jacques Mehard) comme l’avait suggéré et offert Peter Green à Mick Fleetwood et John Mc Vie à sa partie rythmique ?
Vincent : (Rires) C’est vraiment une excellente idée. Je ne sais pas. En fait, je savais qu’un jour on allait concrétiser quelque chose avec Yann mais je ne savais pas si j’allais faire la deuxième guitare…
Yann : Mais pour en revenir au nom du groupe, on a cherché des noms de groupe. Je n'avais pas forcément dans l'idée d'appeler ça Armellino. Et puis un soir, Vincent a proposé ce nom et on s'est dit pourquoi pas, sachant qu’au niveau de la promo, c'est peut-être plus facile, plus facilement identifiable, plutôt que de recommencer à zéro.
Je ne considère pas ce groupe comme un projet solo : c'est vraiment un travail d'équipe !
D’ailleurs, pourquoi avoir créé un "groupe" sous ton patronyme et ne pas avoir prolongé la discographie de Yann Armellino ?
Yann : Je ne considère pas ce groupe comme un projet solo : c'est vraiment un travail d'équipe !
À ce titre, pourquoi ne pas avoir décliné ce groupe sous le nom Armellino & Martinez comme tu avais pu le faire avec Chris Caron ou Butcho ?
Vincent : Je ne voulais pas être mis en avant…
Yann : Et je trouvais que c'était un peu redondant Yann Armelino et Butcho, Yann Armelino et Vincent… Et aujourd’hui, plus qu’un duo, j'espère que cette équipe -entre Jacques, mon frangin, Vincent et moi-même- fera un bout de chemin ensemble et qu'on va éviter les changements
Et aujourd’hui, tu te lances avec Vincent Martinez, on s'est demandé si Yann ne nous faisait pas un projet avec l’acteur ?
Vincent : (Rires) C’est effectivement mon homonyme -c’est le frère d'Olivier Martinez- et j'ai déjà eu des appels de personnes qui cherchaient à contacter Vincent Martinez l’acteur, qui joue aussi de la guitare…
Vous vous connaissez depuis longtemps, quel a été le déclencheur pour monter ce projet ?
Yann : Le fait qu'il ait quitté Carousel Vertigo…
J'ai eu l'impression de faire le tour
Mais vous n’auriez pas pu faire ce groupe en parallèle ?
Vincent : J'étais beaucoup occupé…
Yann : Et de mon côté, des histoires s’arrêtent parfois sans forcément le dire : Butcho était dans Last Temptation et moi, j'ai eu l'impression de faire le tour. J'écoute vachement de trucs un peu plus blues, un peu plus
mainstream et je n’avais plus forcément envie de rester dans ce carcan.
A cet égard, votre communiqué de presse indique que votre terrain de jeu se situe entre Bad Company et Whitesnake (période anglaise) sur lequel plane l’ombre de Humble Pie. Mais ne faut-il pas également et surtout voir votre ambition est de faire une version française de The Winery Dogs ?
Yann : (Rires) Je n’ai jamais pensé à ça mais c'est super flatteur ce que tu dis !
Vincent : Oui, on aime beaucoup !
Sachant que comme The Winery Dogs, vous êtes une sorte de super groupe aussi en France…
Yann : Merci.
Vincent : C'est sympa, on aime beaucoup.
Yann : C'est vrai que quelque part, on pourrait se sentir plus proches de ce genre de projet ou même de ce que fait Kotzen en solo à savoir limite pop, blues, soul : c’est un peu inclassable. Notre album et notre direction est un peu dans ce qu'on appelle le
classic rock, une espèce de fourre-tout de bon goût. Mais finalement, cet album est moins marqué que le metal ou le hard rock - même ce qu'on appelle le hard rock traditionnel, un peu 1990…
Tu parlais de classic rock. Heavy blues, classic rock, hard rock, la frontière est parfois ténue, mais il semblerait pourtant que tu aies voulu cet album plus blues que tes albums avec Butcho ?
Yann : Non. On ne s'est pas dit qu’on allait prendre telle direction et si on compose un titre qui n'est pas dans cette direction, on ne va pas le prendre.
Mais on en revient à la question de l'élément déclencheur de faire cet album ?
Yann : L'envie de faire de la musique tous les deux. Se réunir… Je savais qu’il allait se passer quelque chose mais on ne savait pas quoi. On aurait très bien pu se planter. On s'est vu une fois, deux fois et puis, en une séance, on a un titre déjà qui a commencé à sortir. Et la direction nous a beaucoup plu.
Mais auriez-vous pu emprunter cette direction séparément ? En d’autres termes, aurait-il été possible pour toi, Yann de faire ce même album avec Butcho ?
Yann : Je ne crois pas.
Pour quelle raison ?
Yann : Butcho a un côté vachement plus marqué dans les années 1980-90 et même dans sa façon de chanter…
Mais si tu suis ses podcasts, il fait des reprises de tout style du R’n’b au metal...
Yann : C'est vrai ! Mais je te parle du vrai Butcho, de Butcho qui essaie de chanter comme untel. C’est vrai que c'est difficile de savoir quel est le vrai Butcho parce qu'il balance une reprise par jour si bien que parfois, on se demande quelle est sa voix ? Mais je pense que sa voix : c'est ce qu'on a fait ensemble, c'est sur Last Temptation, ce qu'il a fait avec Hellectrokuters dans lequel il est plus tendance du côté australien à la Airbourne que ce qu'on a fait aujourd'hui.
Vincent : J'en profite pour dire que je suis un grand fan de Butcho et je pense qu’on aime la même chose : Deep Purple (Sourire)…
Il ne faut jamais dire jamais !
Dans ces conditions, est-ce que le premier album d’Armellino signifie la fin de la collaboration Armellino / Butcho alors que tu as avoué avoir fait le tour ?
Yann : Non, ça ne s'est pas dit clairement parce qu'on a retravaillé sur deux ou trois idées. Il ne faut jamais dire jamais ! Peut-être qu'on se retrouvera mais pour l'instant, je ne l'envisage pas. Mais pourquoi pas ?
Pour en revenir à ton parcours, Yann, ne crains-tu pas que la multiplication de ces projets / groupes nuisent à la visibilité de ta carrière ?
Yann : J'ai eu un petit doute. Mais franchement, les retours qu'on a depuis la sortie -depuis fin septembre donc- me rassurent quand même parce que la plupart des gens qui ont suivi ce que j'ai fait avant n'ont pas l'air déstabilisés. Bien au contraire, ils sont surpris dans le bon sens et se disent qu’enfin, je me lance dans un groupe avec de l'orgue, du piano, de l'harmonica… un truc plus coloré…
Et je pense que c’est pareil pour Vincent. Ceux qui adhéraient à Carousel Vertigo ne sont pas du tout déstabilisés par ce qu'on a fait. Il ne faut pas se mentir, le fil conducteur du groupe, c'est Vincent, c'est sa voix. Et donc celui qui a aimé Carousel Vertigo, je ne comprendrais pas qu’il n’aime pas ce qu’on fait ensemble.
Tu cites les instruments comme l’orgue et effectivement ça apporte clairement quelque chose, j’ai notamment en tête l’entêtant introductif ‘Almost Scored Me’…
Yann : Tu vois ça avec Butcho…
Il n'y avait pas de barrière !
… Ça n’aurait pas été possible ?
Yann : Je ne dis pas que ça n’aurait pas été possible mais mettre du piano, de l’orgue… c'est quelque chose que je n'envisageais même pas. Et c’est quelque chose que j'ai trouvé vachement bien que ce soit au niveau des compositions que dans la réalisation qu'a fait Didier Théry : il n'y avait pas de barrière !
Cet album sort chez May I Records alors que les deux précédents avec Butcho étaient chez Nota Bene pour "Better Way" et "17" l'est par Xplose-Music dont tu avais loué l’approche directe. Pourquoi un nouveau changement alors que l’approche de Xplose-Music était assez novatrice et intéressante ?
Yann : Tout à fait ! L'idée, le bébé de Jean-Marc (NdStruck : Jean-Marc Hauser), Xplose était super mais je pense beaucoup trop en avance. Ce n'est pas encore le moment, malheureusement.
Et dans le cas présent, on a eu une opportunité avec notre éditeur qui a trouvé ce label distribué par Pias qui est une bonne maison qui nous permet d'être présents partout. Et c'est ce qui a clairement manqué à l'album avec Xplose : l’album était en
streaming sur le site Xplose et en vente physique aussi mais on a vu que ça avait vraiment ses limites parce que notre public est un public qui aime aller chez les vrais disquaires et les portes de ces derniers ne nous étaient pas ouvertes avec Xplose. C'est très compliqué d'ouvrir des comptes en tant qu'indépendant, certes tu peux peut-être aller placer ton disque à la Fnac à côté de chez toi mais c’est très limité…
On avait l’option de tout faire en autoproduction, c’est-à-dire mettre notre album en
stream via des sociétés comme Tunecore -qui te permettent en tant qu'indépendant d'être disponible partout chez Deezer, Spotify et compagnie- et vendre juste l'album physique en concert et sur le site. Mais je ne me voyais pas me lancer là-dedans, je suis un peu à l'ancienne, c’est-à-dire qu'il y a encore des disquaires qui font encore leur boulot, il y a encore des vrais distributeurs, "Better Way" était chez Vagram qui était un bon et ce nouvel album est chez Pias qui est tout aussi bon et qui est quand même indépendant -on n'est pas chez Sony ou Universal.
On a donc eu cette opportunité chez Pias qui a Frontiers , ils avaient DixieFrog il y a quelque temps… les représentants connaissent aussi les rayons, savent à qui s'adresser.
Et vous voyez la différence à ce jour par rapport à un "Better Way" par exemple ?
Yann : "Better Way" non, parce que Wagram a fait un super taf mais c'est tout aussi bien avec Pias. J'ai vu que notre album était à côté des Blackberry Smoke… les disquaires ont joué le jeu !
Jacques Méhard dont a parlé précédemment joue de la basse sur cet album, alors qu’il est avant tout guitariste, notamment chez Jesus Volt. De qui vient l’idée qu’il s’occupe de la basse ?
Vincent : On s'entend super bien et on aime la même musique. On ne peut pas mieux s’entendre.
Yann : Il se trouve que Jacques jouait déjà un peu de basse dans différents projets. Et on s’est demandé si on cherchait quelqu'un qu'on ne connaît pas encore trop ou alors est-ce qu'on veut privilégier le côté familial ? Je connais Jacques depuis presque vingt ans presque. Humainement, c'était vachement important d’être avec des gens sur lesquels tu sais que tu peux te reposer et que ça va rouler.
Comment avez-vous composé l’album ? Yann, as-tu tout composé toi-même, ou les autres membres du groupe sont intervenus dans les compos ?
Yann : Ça a été vraiment un partage entre nous deux. Ça peut partir d'un riff, d'une idée de mélodie…
Vincent : C'est assez fluide !
Je suppose que c’était important pour toi, Yann, après toutes ces années où tu étais en solo, de pouvoir partager ?
Vincent : Ce qui est très cool, c'est qu'Yann a une super vision de la forme d'un morceau, là où je peux me perdre facilement (Sourire).
Yann : Peut-être que j'arrive à structurer un peu plus vite que toi…
On est vraiment parti d'une page blanche et c’était important
Et Vincent apporte de la fraîcheur à ces structures ?
Yann : En fait, on est vraiment parti d'une page blanche et c’était important. Moi qui donne beaucoup de cours, dans ces cours, je crée des bouts de titres pour faire travailler... et ça m'est arrivé d'en prendre. Par exemple, le dernier instrumental que j'avais fait sur l'album "17" était une espèce de patchwork de tout ce que j'avais fait bosser.
Mais pour cet album, on a vraiment créé quelque chose, sans ouvrir mon mobile et récupérer des idées que je pourrais trouver bonnes. J’ai trouvé ça vachement bien !
Vincent : Sachant que tu as du stock (Rires) !
Yann : Oui j'en ai, mais je voulais vraiment partir d'un truc nouveau
Et c’est ce qui explique peut-être aussi le caractère frais qui ressort de cet album sans que la patte Yann Armellino prenne le pas ?
Yann : Peut-être, ouais.
Vincent : C’est vrai que c'est un premier jet spontané.
Yann : Sachant qu'on a composé plus qu'il y a sur l'album. On a fait au moins seize ou dix-sept titres, je crois et on n’en a gardé que onze…
… Dont deux reprises dont nous reparlerons… Et comment vous vous êtes partagé les interventions de guitare sur cet album ?
Yann : On ne s'est même pas posé la question en fait. C’était genre : "Tu te sens, tu le prends ?" et réciproquement.
Il y a deux reprises sur cet album : ‘Fire’ d’Etta James chanté par Jessie Lee sans ses Alchemists et ‘Dancing In The Moonlight’ de Thin Lizzy en version acoustique qui est particulièrement réussie tant au niveau du chant que des guitares. Pourquoi as-tu choisi ces morceaux ?
Vincent : Merci ! C'est Yann qui a joué ça à la guitare sèche.
Yann : C'est vrai qu’on adore Thin Lizzy mais s'attaquer à un monument comme celui-là, ce n'est pas facile. Et puis, il y a plein de titres de Thin Lizzy qui ont été repris : ‘Whiskey in the Jar’, ‘Cowboy Song’… des titres beaucoup plus rock.
L'idée était de faire une reprise est de se l'approprier et de la détourner un peu, et dans le cas présent, d'en faire vraiment un truc complètement épuré. Et la clé a été la façon dont Vincent se l'est approprié dans la façon de chanter. C'est ça qui a été déterminant pour savoir si on la gardait ou pas.
Vincent : Je n'avais pas le choix pour me sortir de ce péril (Rires) !
Yann : Et du coup, ce qui est vachement bien, c'est qu'il en a fait du Vincent : il n’a pas essayé d’imiter Phil Lynott…
Vincent : J'aurais aimé mais non (Rires) ! J'ai fait ce que j'ai pu, mais en tout cas, c'est chouette et merci pour ta remarque, c'est cool, ça me fait plaisir. C'est une version qui est un peu comme un cocon dans un pub le soir (Sourire).
On ne va pas jouer de l'acoustique scolaire !
Vu que ce morceau sort encore du lot, on en revient à une des questions qu’on t’avait posé à l’époque concernant l’acoustique, à savoir si l’avenir d’Armellino n’était pas dans ce registre ?
Yann : J'adore autant jouer de l'acoustique que de l'électrique et je pense que Vincent, c’est pareil, tu en joues beaucoup. Et c'est vrai que quand on joue de l'acoustique, tout le
background électrique qu'on a, on peut le mettre dans l'acoustique : on ne va pas jouer de l'acoustique scolaire ! Par exemple, je fais des harmoniques à l'acoustique…
Mais faire un projet en acoustique ? Oui, pourquoi pas… Ce n'est pas fermé du tout d’autant que ce serait plus facile au niveau production.
Vincent : On en fera, on en fera. On adore ça, évidemment…
Yann : Pour le concert, il y aura un passage acoustique, j’y tiens beaucoup. Il y aura une petite respiration au milieu de concert. Je trouve ça bien, ça permet aux gens d'aller boire un coup et nous jouer devant une salle vide (Rires)…
Vincent : C'est très sympa mais mon son préféré reste le fracas d'une cymbale Paiste bien frappé.
Yann : Mais tu vois, tous les albums
unplugged de la grande époque, il y en a eu des super réussis. Le premier étant celui de Kiss pour moi : c'est un monument la façon dont ils ont réarrangé leurs titres, c’est une tuerie ! Celui d'Aerosmith. Celui de Poison était vachement bien même s'il n'a pas été très diffusé mais je trouve que les mecs s’en sont plutôt bien sortis. Celui de Pearl Jam était mortel. Nirvana, j'ai moins écouté mais il paraît aussi qu'il était très fort.
Tu ne l’as pas écouté mais les autres l’ont trop écouté…
Vincent : (Rires) !
Yann : Je n'étais pas
Nirvana addict. Mais je crois que tous les groupes de l’époque ont fait le MTV Unplugged et il y en a eu de très réussis. De toutes façons, je pars du principe qu’une bonne chanson si elle ne sonne pas guitare / chant, en acoustique, si tu as besoin de la grosse armada derrière, c'est que bon, il y a encore des choses à faire.
On revient sur la pochette qui est un clin d’œil au premier album de Fleetwood Mac avec Peter Green, mais avoue-le, Yann, c’est aussi et surtout un superbe placement de produit puisqu’il n’y a que des guitares Ibanez en vitrine du magasin.
Yann : (Rires) Je n'y suis pour rien !
Si c’est le cas, tu es très mauvais et tu t'es fait avoir : Ibanez aurait dû payer au moins la pochette…
Yann : En fait c'est une initiative de Laurent Bodson qui a réalisé la pochette et qui a eu l'idée de ce magasin de musique. Et pour habiller le magasin, il n’a mis que des Ibanez sachant que j'étais
endorsé Ibanez. Mais j'ai découvert le truc et faut avouer qu’il est allé loin quand même. Je trouve que c'est super.
La question sous-tenante était de savoir si Ibanez ne s’était fendu d’un billet pour cet espace publicitaire dans ce visuel dans lequel il manque toutefois le chien…
Yann : Il a failli y être… A un moment donné, il était là.
Et pourquoi l’avoir retiré ? Parce que le clin d'œil était trop poussé ?
Yann : Oui… Mais cette pochette, elle a mis du temps à sortir. Au départ, j’avais dans l’idée d’un pub un peu avec "Heritage Blend" parce que "Heritage Blend" a une histoire par rapport à tout ce qu'on propose musicalement mais aussi parce que je suis un énorme amateur de whisky (Sourire)…
Et Laurent qui vit en Écosse avait commencé à
shooter des pubs mais c’était difficile sachant qu'en plus, il y avait Thunder qui avait fait un peu le même type de pochette avec la devanture d’un pub anglais débridé… Comme l’extérieur était compliqué, on s’est dit qu’on allait faire l'intérieur d'un pub mais c’était également un peu compliqué… il y avait beaucoup trop d’informations…
Et finalement, Laurent est complètement parti sur autre chose avec ce magasin de musique qui est super inspiré du magasin de musique des Blues Brothers que tient Ray Charles. Au départ, c'était juste ce magasin et puis au fur et à mesure, la pochette a été faite un peu comme la composition d'un titre. Ce n’était pas évident parce que beaucoup d'allers-retours et Laurent qui s'arrache les cheveux mais à l'arrivée c'est super….
Et à quel moment est arrivé justement ce clin d'œil ?
Yann : Au fur et à mesure en fait… On voulait quand même mettre "Armellino" donc l'idée, c'était le tag mais au départ, il n'y avait pas ce petit écusson médiator. Et finalement c'est bienvenu.
Vincent : Ça tombe bien parce que je suis vraiment un grand fan de Peter Green. Je trouve que Peter Green fait le lien entre le blues, le hard rock, il a tout couvert…
Donc plutôt fan du Fleetwood Mac époque Peter Green que celle de "Rumours" ?
Yann : Je pense que Vincent, oui !
Vincent : Alors pas du tout ! Je suis fan de Fleetwood Mac de toutes les époques même si j'ai commencé dans l'ordre avec Peter Green à qui j’avais été exposé à Peter Green avec John Mayall et ensuite, j'ai continué avec Fleetwood Mag bien sûr. Mais j'adore à égalité toutes les périodes de Fleetwood Mac même si elles n’ont rien à voir…
Ça m’évoque le groupe Rumours qui est fantastique qui couvre toutes les périodes de Fleetwood Mac et qui était en concert récemment à Paris. N’avez-vous jamais envisagé de faire un groupe de reprises comme eux ou encore Covertramp qu’on a couvert pour Music Waves ?
Vincent : Ce sont des potes ! J'ai essayé quelques fois de monter des
tributes de Deep Purple… mais c'est le destin !
Yann : Personnellement, moi pas du tout… J’aurais du mal à me projeter dans un groupe qui ne reprend que le répertoire d'un seul artiste. Et puis certains poussent le bouchon loin en se grimant comme eux, qui vont se déguiser…
Et puis ce qu'attendent les gens de ces groupes-là, c'est qu'ils reprennent vraiment à l'identique. Ils veulent voir l'artiste qui n'est pas là mais qui peut être là. De mon côté, je pourrais éventuellement envisager à la limite faire un truc complètement décalé : tu reprends des standards et tu les fais en acoustique, comme à l’époque, Pat Boone avait repris tout le répertoire metal en jazz. C'est drôle, de bon goût et il y avait une vraie valeur ajoutée…
J'ai pour habitude de toujours primer l'intention
La question qu’on se pose est de savoir si c’est le fait de travailler avec d’autres personnes que tu arrives à te renouveler ?
Yann : Ça aide forcément.
Vincent : Yann est très prolifique et très inspiré. Il prend sa gratte, il joue un truc direct… Je tiens à le dire c'est que quand c’est au tour de Yann faire sa prise, il joue une fois de bout en bout et c’est bon (Rires)…
Yann : Franchement, je n'ai pas beaucoup de mérite parce que j'ai fait beaucoup de DVD pédagogiques, j'ai beaucoup collaboré à Guitarpart, j'ai mon application, la
Masterclass sur Apple. Mais il m’arrive aussi d’avoir des loupés, et j’aime bien ces petites imperfections. On ne fait pas de musique pour faire du copier-coller : ça ne marcherait pas. Donc même si parfois, ta grille elle est identique sur trois refrains, le deuxième ne sonnera pas comme le premier et inversement
Vincent : C'est vrai, l'énergie change tout…
Yann : J'ai pour habitude de toujours primer l'intention : on ne fait pas du jazz où il faut que tout soit impeccable, ou du rap où il faut que tout soit
autotuné.
La chose la plus difficile à enseigner et à acquérir, c'est l'interprétation !
Ça peut paraître paradoxal quand on connaît ton CV que tu as énuméré avec notamment ces Masterclasses où on s’attendrait à une recherche du perfectionnisme…
Yann : Non, justement ! Comme on dit souvent, la meilleure façon d'apprendre, c'est d'enseigner. Et quand tu enseignes, tu apprends à tes élèves que la chose la plus difficile à enseigner et à acquérir, c'est l'interprétation ! On peut me faire une avalanche parfaite de notes mais je n’ai pas envie de ça, je veux qu’il me l’interprète comme il l'entend. Le mec, il va peut-être se planter, il va peut-être accrocher une note mais il va faire passer quelque chose.
C'est ce qu'on reproche à beaucoup de musiciens, des jeunes prodiges sur Internet…
Yann : C'est vrai mais je n'en regarde pas beaucoup.
Vincent : Je ne me rends pas compte parce que je n'ai pas appris comme ça, j'ai appris en jouant sur le terrain... On fasait ce qu'on pouvait, on apprenait (Sourire)...
Yann : C'est vrai qu'on est autodidactes : je n’ai jamais pris de cours, tout ce que j'ai appris c'est l'oreille…. Mon jeu est bourré de défauts... Une anecdote mais ma façon de tenir le médiator est très particulière -mon index est en
live- on est peu nombreux à le tenir de cette façon mais quand je l'ai pris la première fois, je l’ai pris ainsi et ça ne m’a pas quitté… J'aurais pris des cours, le prof m'aurait dit de le prendre de la bonne façon. C’est bizarre, parfois...
Mais tu n’aurais pas joué de la façon actuelle ?
Yann : Peut-être, la même façon d'attaquer…
On a évoqué ta collaboration avec Chris Caron en début d’interview et tu disais lors de notre dernière rencontre que vous envisagiez un deuxième album et même que "vous aviez commencé à travailler sur une suite à "Gimme The Sound""…
Yann : … C’est vrai !
… oui mais six ans après, il n’en est rien…
Yann : (Rires) Chris a déménagé, il est toujours aux États-Unis mais bon... On s'est envoyé des trucs… Mais on y travaille quand même (Sourire). On a des choses sous le coude mais j'aimerais bien. C'est pareil mais Chris, c'est un peu la famille. Un de mes premiers groupes, je l’ai fait avec lui.
Mais bon, en attendant il y a la nouvelle famille Armelino réuni sur cet album "Heritage Blend". D’ailleurs, quelle suite souhaitez-vous donner au projet ? Je crois savoir qu’un concert parisien se profile ?
Yann : Oui, on joue le 13 décembre à la péniche Antipode au côté de Rebel Angels. Ce sera plus un
warm-up -on va jouer une heure je crois- mais c'est bien, ça fait un petit tour de chauffe sympathique avant d'attaquer vraiment on espère le gros en 2025. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir défendre un album : ce n’est pas facile de trouver des dates. Mais j’ai toujours pensé que l’union fait la force et organiser des co-plateaux, ça peut aider à déplacer les gens, ça peut réduire les frais…
A ce titre, vous verriez bien jouer en ouverture de quel groupe ?
Yann : Je dirais n'importe lequel en fait du moment que ça peut rentrer dans notre style… mais c’est vrai qu’il y a des groupes que je préfère que d'autres…
Et ceux que tu préfères ?
Yann : On parlait de Blackberry Smoke tout à l'heure : j'aurais adoré ouvrir pour eux, par exemple. En plus, ça aurait été super cohérent au niveau de l'affiche. Ou faire des trucs avec Kenny Wayne Shepherd.
Vincent : J'aimerais bien recroiser Adrian Vandenberg, ce serait cool (Sourire) ou encore Yngwie Malmsteen…
En revanche, le co-plateau serait moins cohérent…
Yann : Mais si ça se présente, pourquoi pas ? Que ce soit dans le rock, dans le heavy, dans le blues, mais pas dans le metal. On ne va pas nous mettre en ouverture de Gojira : j'aimerais bien parce que j'aime bien ce qu'ils font, mais je ne suis pas sûr que ça marche niveau public…
Après, il y a plein de groupes anglais qui sortent, je pense à The Karma Effect ou Austin Gold, ce ne sont pas de gros gros groupes mais ça commence à monter un peu : il y a vraiment une belle scène qui revient…
Je ne doute pas que les opportunités vont se présenter mais avant ça, rendez-vous le 13 décembre à la péniche Antipode… Merci beaucoup.
Yann : Merci à toi
Vincent : Mille mercis ! Franchement, merci, tu déchires : c’était un plaisir !
Et merci à Newf pour sa contribution...