Salut Ryo, c’est un plaisir de pouvoir enfin te rencontrer dans le cadre de la tournée « X ». Justement, il semblerait que cet album soit la fin du chapitre du livre ouvert avec « Feel Euphoria » en 2003.
« Feel Euphoria » était un très bon album avec plein de chansons longues. Je pense qu’au tout début nous faisions des chansons courtes pour avoir des passages à la radio ou des trucs dans le genre mais ça n’est jamais arrivé, donc on a oublié ! Et nous nous sommes mis à faire ce que nous voulions faire, c’est pourquoi toutes ces chansons sont longues sauf les miennes qui sont courtes.
Mais c’est vrai. Nous nous sommes améliorés pour ce qui est de l’écriture, de l’instrumentation et notamment sur l’orchestration qui est bien meilleure maintenant.
Es-tu d’accord pour dire que « X » est plus simple que ces prédécesseurs et qu’il semblerait que vous ne cherchiez pas à sonner délirante par moment ou être absolument original… Une sorte de nouveau départ sans comparaison avec ce que vous aviez pu faire avant dans Spock’s Beard ?
C’est très différent… C’est très différent de la façon dont Neal écrit les chansons, il a son propre style et nous sommes quatre personnes maintenant… Donc, tout est différent !
Mais il semblerait que vous ayez enfin trouvé votre nouveau style avec cet album ?
Je le pense aussi mais il faut savoir que tout cela prend du temps.
Et as-tu une idée de ce que sera la prochaine étape de cette évolution ?
Tu sais la chose la plus importante nous concernant est que nous sommes ensemble, nous sommes encore ensemble… Depuis seize ans, dix albums, nous sommes encore ensemble. Nous prenons du bon temps à enregistrer, tourner… Je ne pense pas que nous voulons arrêter.
Je veux dire par là que chaque cd, chaque tournée est de mieux en mieux…
Mais je ne connais personne qui accepte ça, je ne connais pas un public qui aime la façon dont nous avons changé. Mais nous avons le courage de le faire parce que ça n’a pas d’importance.
Votre premier album « The Light » a été auto-financé, « X » a été financé par les pré-commandes des fans. Quels sont les premiers résultats ?
C’était incroyable ! Je veux dire qu’avec les pré-commandes, avec les fonds avancés, nous avons pu avoir l’argent pour faire le cd. Mais ceux qui ont pré-commandés ont dû attendre deux ans pour recevoir leur cd (Rires) !
Mais c’est bien, tout le monde est content, il y a plein d’articles limités comme des bouteilles, des briquets… plein de ce genre de trucs dans le package dont les fans raffolent !
D’un autre côté, sais-tu que plein de fans regrettent que le cd ne soit pas disponible en commerce et seulement sur votre site Internet ou celui de votre maison de disque ?
Mais, à ce jour, ils peuvent l’acheter…
Non par exemple en France, tu ne trouves pas le cd dans les magasins…
Pourtant, ils devraient y être, l’album est dans le commerce depuis Août !
Manifestement non puisque c’est une question qui est souvent revenue de la part des fans…
(Visiblement surpris) Oh pourtant, ils devraient le trouver parce que notre label allemand qui a sorti l’album nous confirme qu’il est classé dans les charts allemands ce qui montre que l’album est bien dans les magasins !
A propos de label justement, après Marillion, avec Spock’s Beard c’est un nouveau groupe progressif qui fait parler de lui en finançant son album par ses fans. Est-ce que ça veut dire que le prog n’intéresse plus les maisons de disques ?
Oh ce n’est pas seulement le cas pour la musique progressive ! C’est la même chose pour n’importe quel type de musique : tu dois t’auto-financer !
De façon plus générale, quelle est ton opinion sur l’industrie du disque et ce qui se passe avec le téléchargement illégal ?
Tu ne peux rien y faire (Rires) !
Et es-tu au courant de la loi française Hadopi contre le téléchargement illégal ?
Concernant cette loi, tu ne peux pas arrêter les gens de faire ça.
Nous, nous jouons de la musique, de la musique live, c’est tout ! C’est tout ce qui doit rester !
Tu peux télécharger tout ce que tu veux, ça ne remplacera jamais ce que tu peux ressentir lors des spectacles lives. Ca, ça ne se télécharge pas ! Même si tu peux enregistrer des shows sur des vidéos et les mettre sur YouTube, ça ne sera pas pareil, c’est totalement différent !
La chronique de « X » sur Music Waves indique que « The Emperor’s Clothes » sonne très Beatles…
… (Il coupe) Plein de parties sonnent Beatles !
… mais également Tears for Fears. Est-ce que l’apparition de Nick dans ce groupe a influence sa façon de composer dans Spock’s Beard ?
Ouais… C’est juste que nous écrivons les chansons de cette façon. Quelques fois, elles sonnent comme les Beatles, d’autres comme les Pink Floyd ou d’autres trucs, tu vois ?
[IMAGE1]
A ce propos, comment composez-vous en général ?
En ce qui me concerne, de différentes façons. Quelques fois, assis sur un piano ou quelques fois, à faire des sons sur un clavier… Et je fais avec les mélodies qui me viennent à l’esprit et ça commence ainsi.
Sur le dernier album, Dave Meros et Alan Morse sont les principaux compositeurs mais comment s’enregistrent des soli que tu fais comme celui de « Kamikaze » ?
Ils me demandent de jouer et après, ils décident ce qu’ils vont utiliser…
Toujours à propos de ce fabuleux titre « Kamikaze », pourquoi ne pas l’avoir fait plus long ?
Elle était plus longue à la base mais je l’ai raccourci…
Pourquoi ?
Parce que ce n’était pas nécessaire qu’elle soit plus longue. Elle marque les esprits ! Elle fait six minutes à elle-seule donc tu n’as pas besoin d’en rajouter.
A ce titre, comment définirais-tu ton rôle dans le groupe comme l’élément fou ?
Etre moi-même !
Mais comment te définirais-tu ?
Les gens me définissent, je n’ai pas besoin de me définir, tu vois ?
Sur scène, je deviens fou comme je sais le faire… C’est du divertissement, je suis un divertisseur et c’est ce que je fais : essayer de faire rire les gens et c’est super (Rires) !
Justement tu es reconnu comme une vraie bête de scène mais c’est assez dangereux comme quand tu te mets debout sur ton clavier. A ce sujet, quelle est ta pire frayeur ?
C’est assez dangereux quand je suis debout sur mon clavier. Un jour ou l’autre mon clavier s’écroulera totalement ou je casserais des touches… Mon équipe est toujours inquiète quand je fais ça même si deux d’entre eux sont derrière moi… Mais je ne peux pas me contrôler, je suis si excité sur scène… Appelle-moi fou (Rires) !
Sinon comment expliques-tu que vous ayez attendu quatre ans entre la sortie de « X » et son prédécesseur éponyme vu que vous êtes connus comme un groupe prodigue avec dix albums sortis en quinze ans ?
Oh, il y a eu plein de changements et en particulier me concernant. J’ai déménagé de Los Angeles pour le Japon pendant quelques années… C’est pour ça que nous n’avons rien fait pendant ce temps…
Excepté « X », quel est l’album dont tu es le plus fier ?
Oh pour moi, c’est « Beware of the Darkness » et « Snow »… Mais « Beware » est vraiment progressif, j’aime ces compositions…
Et selon toi, quel album a rendu Spock’s Beard populaire ?
Au niveau du public, c’est « Day for Night »… Les filles l’aiment même si je ne sais pas pourquoi…
… et la tournée avec Dream Theater qui s’en est suivie…
Ouais, tout à fait ! C’était vraiment super parce que Mike (NdStruck : Portnoy, ex-batteur de Dream Theater) faisait plein d’interviews et à chaque fois, il mentionnait Spock’s Beard. Il nous a vraiment soutenu et nous avons fait quelques ouvertures pour eux…
Et à ce propos, quel est ton avis sur le départ de Mike Portnoy de Dream Theater ?
(Visiblement surpris) Oh je ne savais pas (Silence) ! Je ne sais pas ? Il était le leader du groupe, non ? Et maintenant, il a quitté le groupe un peu comme Neal l’a fait… (Il se reprend dès qu’il a fait le parallèle) Je m’en fous, je ne suis pas lui, ce n’est pas mon problème !
Ce n’est pas trop dur de planifier une date en France vu que nous n’êtes pas venu pour la promotion du dernier album ?
Oh, nous sommes toujours venus en France…
… Mais pas pour le dernier album !
Tu sais quelques fois, c’est compliqué ! Par exemple, pour cette tournée, nous n’irons pas en Angleterre, nous avions trois dates prévues mais le bus ne marchait pas…
Il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte, ce n’est pas facile d’organiser une tournée.
Sans transition, Spock’s Beard était connu pour être un groupe à concept-album mais ce n’est plus le cas… Pourquoi ? Est-ce parce que vous en avez marre, pour marquer une transition ou simplement un manque d’inspiration ?
Effectivement, nous n’avons pas fait de concept-album depuis longtemps… Nous sommes encore en train de développer nos compos. Chacun d’entre nous devient meilleur chaque jour.
Peut-être qu’un jour, nous referons un concept mais nous avons le temps…
Mais qui sait ? Peut-être que le prochain album sera un concept-album (Sourire entendu) ?
Quel est ton meilleur souvenir de musicien ?
Avec les Spock’s Beard ?
Non, pas forcément…
(Il reprend en réfléchissant) Quel est mon meilleur souvenir de musicien ? (Silence) Peut-être cette tournée, avec tous les membres du groupe (Sourire) !
Et au contraire, quel est ton pire souvenir de musicien ?
Mon plus mauvais souvenir de musicien a été la tournée que j’ai faite avec Barry White !
Pourquoi ?
C’était la pire, je n’étais vraiment pas content !
Tu ne veux pas en parler ?
Je ne veux pas en dire plus mais je n’ai vraiment pas aimé (Sourire)…
Toi qui as joué avec tant de musiciens célèbres, quelle est la collaboration qui t’a le plus marqué ?
Le meilleur moment en live a été avec Aretha Franklin quand elle a ouvert pour le Hall of Rock’n Roll à Cleveland.
Pour ce qui est de l’enregistrement, je dirais mon premier album solo avec David Foster, Steve Lukather et Jeff Porcaro. J’avais 22 ans et c’est cette session d’enregistrement qui m’a décidé de déménager aux Etats-Unis, changer ma vie pour de bon.
Et avec quel artiste aimerais-tu travailler ?
Il y en a tellement. Terry Bozzio, Sting… Toute personne qui a un talent musical.
A ce propos, tu es un des plus grands claviers du monde progressif. Quel clavier t’impressionne le plus à ce jour ?
Les claviers comme Keith Emerson, Rick Wakeman, Chick Corea…
Et au niveau groupe, quel groupe t’impressionne le plus ?
Un groupe comme Yes.
Si tu devais choisir un titre pour faire découvrir la discographie de Spock’s Beard à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le groupe, quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
(Sans hésiter) « The Light » ! « The Light » parce que c’est notre chanson signature. « The Light », c’est Spock’s Beard !
Que voulais-tu faire quand tu étais gamin ?
Oh, quand j’étais gamin, je jouais déjà du piano et c’est ce que je voulais faire parce que c’est ce que j’ai toujours fait !
Tu dois donc être fier de ce que tu es devenu ?
Et bien, c’est la seule chose que je sais faire et j’y ai pris du plaisir à le faire toute ma vie…
Un petit mot concernant ta carrière solo. Prévois-tu de donner une suite à « Coming Through » ?
Ouais ! Je vais le faire très prochainement (Sourire en coin) ! Je suis actuellement en train d’écrire les compos et il va être très bon ! Mais j’ai tellement de projets dans mes cartons.
Mais pourquoi avoir attendu tant de temps avant de faire un nouvel album solo ?
Parce que tu as besoin de temps pour faire quelque chose de bien mais aussi trouver une maison de disques pour faire la promo et le lancement du disque.
[IMAGE2]
Malgré tout, as-tu déjà des noms d’invités ?
Pas encore, je continue à travailler dessus… Mais je ferais savoir à tout le monde quand je le sortirais mais il sera très chaud (Rires) !
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
« Pourquoi avoir appelé le groupe Spock’s Beard ? » et généralement, je réponds que je ne sais pas pourquoi (Rires) ?
Et je suppose que tu dois beaucoup avoir de questions relatives à Neal Morse. Tu n’en as pas marre ?
Quelques fois, c’est le cas mais ce n’est pas un problème !
Donc, si c’est le cas, peux-tu juste me donner ton avis sur la carrière solo de Neal Morse ?
Je n’ai pas d’avis, il fait ses trucs et nous faisons les nôtres !
On a parlé des questions qu’on t’avait trop posée au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ?
(Rires) Je ne sais pas ? Toi, pose-moi des questions, je ne sais pas (Rires) ! Toutes les questions que tu me poseras, j’y répondrais…
Et bien, voici la dernière. Que voudrais-tu dire aux lecteurs de Music Waves ? Un dernier mot pourquoi pas en français ?
(En français dans le texte) « Bonjour ! ». Non, je ne sais pas (Rires) !
Mais je voudrais dire que nous aimerions venir plus souvent en France mais vous, lecteurs de Music Waves, devez acheter le cd ! C’est pourquoi je parlerais à notre maison de disques de cette question de la distribution en France…
Merci…
Pas de problème, je te remercie aussi…
Avant de refermer la page de cette interview, un grand merci à Roger de Base Production ainsi que Pete_T, Mr Blue et Sébastien pour leur contribution...
Plus d'informations sur http://www.spocksbeard.com/