Bonjour Robin, tout d’abord excuses moi pour mon anglais qui n’est pas forcément le meilleur qu’il soit ! Pour commencer peux tu expliquer à nos lecteurs comment tu arrives à écrire, jouer et produire une si belle musique ?
Salut Pete, pas besoin de t’excuser, ça serait plus difficile pour moi de répondre à tes questions en Français ! J’ai été intéressé par le rock classique dés mes 15 ans et, à cette époque, j’écoutais beaucoup de groupes des années 70 comme Deep Purple, Black Sabbath et Led Zeppelin. Très rapidement j’ai joué dans des groupes avec mon ami de longue date Steve Dunn puis nous avons commencé à écrire de la musique plus progressive. Mais la vie professionnelle faisant j’ai joué du rock pendant 15 ans, cependant j’ai appris à jouer des claviers et la guitare et tenté des expériences avec mon synthé en m’expérimentant à la musique électronique.
Un jour, à Noël, je me suis acheté une machine multipistes digitale Zoom et recommencé à enregistrer. Plus tard j’ai transformé un PC en station de travail et mis le pied à l’étrier en travaillant sur mon premier album progressif ("Freed From The Anguish"). Après "End Of Ecclesia" j’ai construit mon propre studio au fond de mon jardin (Note de la rédaction : voir les photos sur le site internet) où j’ai écrit et produit "When Age Has Done Its Duty".
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Pourquoi Cosmograf ? Pourquoi n’as-tu pas souhaité éditer tes albums sous ton propre nom ?
La raison principale est que je ne pensais pas que sortir des disques sous mon nom aurait un impact important. Il y a bien d’autres Robin Amstrong qui travaillent comme musiciens donc je ne pensais pas pouvoir avoir cette force pour me créer ma propre identité. J’ai aussi imaginé que Cosmograf ferait plus groupe à grosse entité supplantant alors l’idée que les premiers disques d’un groupe ne pouvaient être le résultat d’un effort en solo. En ce qui concerne le choix du nom Cosmograf c’est en fait lié à ma passion des vieilles montres (comme la Cosmograph de Rolex) et aussi parce que c’était mon pseudo sur différents forums avant de commencer à enregistrer.
Tu viens de nous expliquer le pourquoi mais maintenant peux tu nous parler du process de création ? Comment fonctionnes-tu ?
Je commence toujours par un riff ou un thème à la guitare ou aux claviers, si j’arrive à m’en rappeler quelques semaines plus tard je me dit que c’est suffisant pour en faire une chanson et je développe alors cette idée. Généralement, il y a aussi un concept qui trotte dans ma tête alors si j’en oublie une partie c’est que ce n’était pas assez fort.
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Une fois cette étape passée je commence par coucher un guide sur pro Tools afin de structurer la composition. Lorsque la structure est en place j’y retourne et je retravaille chaque passage du titre pour le faire évoluer et l’améliorer au mieux. Tu sais, je peux faire et refaire 30 fois un passage de guitare avant de commencer l’enregistrement final, je fais encore beaucoup d’erreurs mais la technologie permet de les supprimer très facilement.
Tu jouais de la batterie sur "End Of Ecclesia", pourquoi as-tu choisi cette fois-ci de faire appel à un intervenant extérieur ?
J’ai vraiment aimé jouer de la batterie sur le précédent album et je continue toujours à le faire avec mon Roland V plutôt que de les programmer pendant la phase d’écriture. J’avais enregistré le guide pour la batterie pour tout l’album mais je n’étais pas content de ma performance et du son de la batterie électronique. A ce moment je me suis dit que cela serait beaucoup mieux d’avoir un vrai batteur avec une vraie batterie, c’est comme cela que Bob Dalton s’est retrouvé pris dans le projet. Bob a utilisé mon guide et en a fait un enregistrement final qui semble bien sonner !!
Justement, Bob fait parti des nombreux invites présents sur “WAHDID”, comment as-tu réussi à les convaincre de travailler pour toi ? Est-ce finalement l’aboutissement d’un rêve ?
Steve Dunn est un ami de longue date, depuis l’école en fait, il m’a présenté à Simon Rogers et Huw Lloyd-Jones d’Also In Eden il y a quelques années. Lee Abraham est devenu aussi un bon ami et m’a énormément aidé pour le mixage et les techniques de studio, il m’a mis en relation avec Steve Thorne, qui connaissait aussi Bob Dalton puisqu’il avait travaillé avec lui auparavant. Pour Luke Machin, je me suis mis en relation avec lui sur Facebook et il a accepté de participer à "WAHDID" sans hésitation. Enfin Dave Ware est un autre ami d’école que je connais aussi depuis longtemps.
Les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur dans la réalisation de ce projet, je peux dire que c’est plus qu’un rêve d’avoir pu réunir toutes ces personnes pour "WAHDID" que toute autre chose. Je me rappelle écouter pour la première fois It Bites et "Once Around The World" à l’âge de 16 ans et avoir été bluffé par la complexité de cette musique, je n’aurais jamais imaginer avoir un jour LE batteur sur un de mes albums. C’était aussi un grand privilège d’avoir tous ces autres talents.
Penses tu que nous pourrions voir un jour Cosmograf sur scène ?
Ce serait vraiment sympa mais il y a trop de difficultés pour pouvoir en faire une réalité, non pas qu’il faudrait créer un groupe pour la scène mais il serait difficile de retranscrire les performances solos des invités de ce disque. Techniquement cela serait aussi très difficile et, avec les considérations financières à prendre en compte, je ne pense pas pouvoir ne pas perdre d’argent. Il y a de moins en moins de lieux où jouer en Angleterre et les affluences n’augmentent pas non plus. Il vaut mieux attendre que je sois plus connu afin d’avoir une base de fans suffisant importante pour l’imaginer chercher à se déplacer afin de venir me voir sur scène.
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Lorsque la chronique de "WAHDID" a été mise en ligne il y a eu plus de 400 lectures le premier jour, généralement cette affluence est plutôt réservée au grands groupes (Nota : au moment de la traduction de cet entretien le chiffre des 950 lectures venaient d’être franchie), cela doit être vraiment prometteur pour toi ?
Bien sûr, c’est très encourageant pour un artiste comme moi. Je suis aussi content de voir que des fans de musique progressive comme vous passent du temps à écouter, lire et écrire pour faire part de cette passion.
J’ai aimé "End Of Ecclesia" et, pour moi, "WAHDID" est plus atmosphérique mais en même temps plus électrique. Le projet m’a donné beaucoup d’émotions, j’y ai trouvé des liens avec les vieux Porcupine Tree ou des groupes comme Gazpacho, Camel ou Kaos Moon. Connais tu ces groupes ?
Effectivement, Porcupine Tree est une grosse influence pour moi et je pense que Steven Wilson est un des meilleurs compositeurs actuels de progressif, j’ai bien peur de ne pas connaître les autres groupes (Même Camel ! Pour de multiples raisons je n’ai jamais écouté). C’est bien sûr impossible d’être unique en musique mais j’aime bien ces comparaisons que les gens font entre ma musique et ces autres groupes.
Pour le coté émotionnel j’ai fait attention à utiliser un concept assez fort, c’est vraiment, et tu as raison, un album où l’émotion et l’atmosphère sont d’une intensité telles que je l’ai souhaité. "EOE" était plus eclectique et le concept était très…pauvre.
Espères tu de bonne vente pour "WAHDID" ? D’ailleurs, pour toi quelle est le niveau d’une bonne vente ? A combien d‘exemplaires as-tu distillé "EOE" ?
"EOE" s’est très peu vendu malgré le nombre favorable de bonnes chroniques, bon en même temps je n’ai pas passé énormément de temps à la production et à la promotion de cet album ce qui a dû forcément fait que un grand nombre d’amateurs de rock progressif soit passé à coté. Maintenant que "WAHDID" est paru il y a un regain d’intérêt évident et c’est tant mieux.
Je ne peux malheureusement pas vivre de ma passion et je serais vraiment heureux de rembourser les coûts de réalisation du CD. Pour vivre j’ai une petite entreprise de restauration et de vente de vieilles montres qui me permet de payer mes factures et de me laisser du temps libre pour gérer ma carrière musicale.
Internet est un outil sensationnel mais le coté libre du réseau mondial est souvent montré du doigt par les musiciens, quelle est ta position ?
Internet est réellement un outil à double tranchant pour les musiciens car il a radicalement changé les règles. Pour Cosmograf il n’y a pas d’ambiguité, je ne serais pas là sans lui, il m’a aidé pour être connu mais il est clair que pour un grand nombre d’artistes le Peer To Peer et les autres outils du genre ont contribué à faire chuter la vente de CDs et les rétributions qui allaient avec. Le problème est que cette technologie aide mais aussi blesse les nouveaux arrivants comme les anciens dans une même mesure.
Pour moi le plus gros challenge pour les nouveaux artistes n’est pas de faire de grosses ventes de CDs mais plutôt de gagner de l’audience. Réaliser un disque est devenu si accessible en termes de techniques et d’argent qu’il est plus dur dorénavant d’avoir une audience fidèle et, si possible, croissante. Seule cette frange fidèle de tes auditeurs te permet de réussir financièrement à tenir le coup.
Finalement quelle question ne t’ai-je pas posée ? Et qu’elle serait la réponse ?
Est-ce que j’avais envie de remercier certaines personnes en particulier ?
Et ?
Je voudrais juste remercier tous les musiciens qui ont participé à cet album et mentionner aussi les très beaux artworks qu’a réalisé Graeme ‘Twig’ Bell qui va rapidement être reconnu dans le monde du rock progressif. Graeme m’a été d’une grand aide pour réussir à passer ce concept de mon esprit vers quelque chose de concret. J’ai aussi été très content de travailler avec Rob Audrey qui m’a beaucoup conseillé pour produire ma musique durant tout ce projet.
Quelques mots pour nos lecteurs ?
Merci à MusicWaves, vous faites un travail formidable et vos lecteurs aussi en supportant la musique progressive indépendante.
Merci aussi à toi Robin. A bientôt en France
Merci aussi à Corto pour ses questions
Plus d'informations sur http://www.cosmograf.co.uk