Salut, peux-tu nous dire pourquoi vous ne sortez que votre premier album ? En effet, en tant que groupe avec des frères, nous pourrions penser que Tracer existe depuis plusieurs années...
Andre Wise : Ouais! Je présume que si les mecs devaient te répondre, ils te diraient qu'il doit y avoir finalement un "Brown Brothers album" dehors quelque part et c'est assez drôle car leur voix ont été cassées et je pense qu'ils chantent une chanson à propos de leur mère.
Nous avons fait 2 EP avant cet album sous le nom de Tracer ; "Into the Night" et "L.A. ?"... Et depuis la signature avec Mascot, nous avons pu sortir cet album.
Toujours concernant la question des frères. Quel groupe choisirais-tu entre les Doobies Brothers, Blues Brothers ou Jonas Brothers?
Oh (Rires) ! Une réponse stupide serait de dire Doobies Brothers mais peut-être les Jonas Brothers, je suppose. Les Blues Brothers sont assez décoiffants…
Peux-tu nous parler de cet album. Tout d’abord quelle est la signification du titre et de l’artwork de "Spaces in Between" ?
Bonne question ! Personne ne nous l’a posé jusqu’à présent. Le titre de l’album fait référence à une chanson qui évoque tous les petits détails entre deux photos : comme nous qui avons sorti cet album et qui faisons une tournée : nous essayons de faire réfléchir les gens sur tous ces petits espaces entre deux…
Concernant le visuel, nous pensons que ce visuel reflète assez bien cette idée. Et ce visuel est en fait une sculpture de sable de Carl Jara et en réalité, elle fait un pied (30 cm) : c’est juste extraordinaire ! Nous avons parlé avec lui, en fait, il a construit la structure entière puis il l’a coupé en plein milieu et nous nous sommes dit que cela a dû être le moment le plus terrifiant de sa vie quand il l’a coupé, le risque que tout s’écroule était énorme ! Donc oui, c’est une sculpture qui est en Australie et on a trouvé qu’elle était plutôt cool !
C’est comme la photo à l’intérieur du booklet, je l’adore vraiment et il y a une anecdote amusante à ce sujet, en effet, nous étions avec notre photographe qui nous avait dit avoir trouvé un endroit sympa pour faire cette photo, un endroit qui semblait proche lorsqu’il nous l’a montré… sauf que nous avons dû marcher une heure et demie pour s’y rendre et le tout sous 40°…
Ah oui, en effet, elle peut être jolie dans ces conditions…
(Rires) !
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Es-tu d’accord si je définis votre musique comme un genre de stoner heavy et graiseux melange avec du hard rock des 70’s popularise par Led Zeppelin, et enfin le grunge de Nirvana?
Ouais, ouais, c’est décoiffant ! Ce sont des groupes que nous écoutons beaucoup comme Queen of the Stone Ages, Kyuss, Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath… tous ces groupes que l’on a écouté ont bien évidemment influencé notre musique…
Mais est-ce que tu approuves ce genre de lien, de classification ou non ?
Je pense qu’en tant que nouveau groupe tu seras toujours comparé à d’autres groupes pour donner une idée de ce que nous faisons. C’est seulement avec le temps qu’éventuellement, nous espérons que les gens se diront que tel groupe sonne comme Tracer (Rires) !
Justement quelle ton opinion sur la volonté des gens, des médias de classifier les artistes dans des cases, des styles ?
Hum, classifier est un exercice totalement subjectif : certaines personnes diront que nous faisons du rock classique, d’autres du stoner rock… et les deux ont raison et franchement, ça ne nous ennuie pas dans les deux cas ! Nous, nous faisons juste la musique que nous voulons entendre.
Es-tu conscient que ce genre de stoner/grunge est très populaire en Allemagne ?
Ouais, ouais… Nous avons justement joué en Allemagne il y a quelques temps et nous avons un super accueil… Mais ne me fais pas dire ce que j’ai pas dis, le public français est également super !
L’accueil du public français a été bon ?
Ouais ! En fait, la réaction du public change en fonction du pays où tu te trouves : les allemands sont à fond dès la première note, les hollandais sont assis au fond de la salle pendant les premières chansons, regardent et si seulement ça leur plait, rentrent dans le concert, les français sont directs aussi et c’est cool, en Grande Bretagne, les gens sont assis au fond tout du long du concert, regardent et deviennent fous seulement à la fin… alors qu’en France, les spectateurs sont fous du début à la fin (Sourire) !
Et comment expliques-tu cette réaction du public français qui n’est pas forcément connu pour être un grand connaisseur en termes de musique rock ?
Je pense tout simplement parce qu’ils ont de bons goûts musicaux (Rires) !
Sinon quels sont les retours depuis la sortie de l’album ?
Avec un peu de recul, on peut déjà dire qu’on a eu de bonnes critiques, nous sommes assez contents du résultat des ventes notamment pour un premier album, je pense que nous nous en sortons bien ! Donc oui, honnêtement, nous pouvons dire que nous sommes contents voire même fiers de cet album ! Nous étions contents du résultat des précédentes productions mais là, nous avons tout explosé (Rires) !
Et quel peut être l’avenir du groupe, pouvez-vous faire mieux que cet album ?
Bien sûr ! Il nous faudra du temps pour le faire mais à ce jour, le public est toujours sous le charme des titres de cet album donc nous laissons le charme agir tant qu’il agira et quand le temps sera venu, quand les gens en auront assez de cet album, il sera temps de faire un autre album…
Sinon comment te sens-tu à quelques heures de te frotter au public français de la Fléche d’Or ?
Assez relax ! Généralement, deux heures avant le concert, nous dînons, nous nous mettons à l’aise ! Mais une heure avant que le concert ne commence, nous mettons de la musique dans nos loges pour nous chauffer afin d’être à fond dès la première note…
Ce qui est intéressant, c’est de voir que probablement à cause de notre accent, le public français a du mal à nous comprendre donc, nous avons des choses comme ça quand nous parlons à la foule et le public te regarde ébahi et il faut qu’une personne hurle : "Hey !" pour que tout le monde en fasse de même (Rires) !
Qu’attendez-vous de ce concert ?
Nous espérons que les gens vont s’éclater, vont transpirer, vont sauter partout…
Et comment un groupe australien jouant du stoner/grunge se retrouve en première partie d’un groupe suédois ne jouant pas du tout le même genre de musique ?
Je ne sais pas, c’est très intéressant, si nous faisons leur première partie c’est qu’ils s’intéressent à ce que nous faisons et ne détestent pas ce que nous faisons… Et ça marche plutôt pas mal, leur public aime les trucs assez metal et on peut dire qu’il y a certains passages assez heavy qui peuvent leur plaire dans notre musique… Donc je pense que nous ne sommes pas aussi effrayant pour le public que nous pourrions l’être : leur public est assez jeune d’une vingtaine d’années et ne sait pas comment réagir parce qu’ils n’ont probablement jamais entendu ce type de musique avant… mais ce qui est amusant, c’est de les voir s’éclater quand ils rentrent dans notre musique… Donc oui, on peut dire que ça marche plutôt bien !
En fait, cette tournée de Royal Republic, c’est une opportunité de jouer des concerts en France ?
Bien sûr, c’est une opportunité extraordinaire pour nous de rencontrer des gens et leur montrer ce que nous faisons… Nous n’avions jamais joué en France avant, l’an dernier nous sommes venus à Paris pendant une journée de repos après un concert en Grande Bretagne. Nous sommes allés à Disney Land, nous n’avions jamais été aussi près de jouer en France mais cette fois-ci, nous jouons des concerts en France, c’est une opportunité extraordinaire de jouer notre musique et la faire découvrir…
Comment expliques-tu la bonne santé de la scène australienne représentée par des groupes comme Airbourne, Koritni, Snake ?
Je ne sais pas ? En Australie, la scène musicale est assez bonne, il y a seulement une vingtaine de groupes australiens qui ne sont pas sortis du pays et c’est parce que les australiens n’aiment pas la musique qui triche. Et il faut dire que nous sommes encore des groupes généralistes, la scène australienne tend à devenir de plus en plus pop, nous suivons la tendance américaine : ce que les américains aiment, nous l’aimons aussi… C’est pourquoi nous sommes ici en Europe à faire en sorte que les gens apprécient notre musique et notre groupe… C’est pourquoi tu vois souvent un groupe comme Airbourne en Europe parce qu’en Australie, ils ne sont quasiment pas connus…
Comment expliques-tu que ces groupes comme Tracer d’ailleurs reviennent à jouer ce genre de rock "revival" ?
Je ne sais pas ? Pour moi, ce sont les meilleures années musicales quand les musiciens étaient encore des musiciens mais depuis le boom d’Internet, avec ton téléphone… on peut faire une chanson sans avoir à jouer d’instrument… Je pense que tous ces groupes se sont perdus et ont oubliés qu’on jouait de la musique avec le cœur et l’âme, la musique doit rester une passion et pas seulement pour faire de l’argent… Et pour nous, nous pensons toujours que la voie reste toujours la même, que la musique vient venir du fond de toi…
Quels sont vos liens avec ces groupes ? Les connaissez-vous ?
Non ! Nous ne connaissons que le manager d’Airbourne qui nous a déjà contacté… Mais non, nous ne connaissons pas les membres des autres groupes. Nous avons joué des concerts en Grande Bretagne, avec un groupe australien Khalipa, nous avons joué sur la même scène, nous avons dîné ensemble : ce sont les seuls compatriotes que nous connaissons !
Donc il n’y a pas d’entraide entre vous ?
Non… Je pense que quand tu es sorti de ton village, quand tu deviens grand, tu ne penses qu’à toi… Attention, je les aime bien mais chacun joue sa partie…
Quel est ton meilleur souvenir de musicien ?
Mon meilleur souvenir de musicien ? Je dirais probablement la première fois où nous avons joué en Europe parce que ça a été un effort énorme pour nous pour venir ici par nos propres moyens, trouver les fonds, planifier les concerts nous-mêmes… et cette première fois que nous avons joué, c’était extraordinaire, c’était l’aboutissement de tous ces efforts…
Et puis, il y a aussi la sortie de cette album, quand tout est terminé et que tu te poses et écoutes le produit final : ouais, c’est génial d’avoir pu faire ça !
Et au contraire, quel serait le pire ?
Le pire souvenir ? C’est le sentiment quand notre van s’est cassé lors de la dernière tournée. Il a cassé deux fois : la première fois c’était en Belgique, il a fallu revenir aux Pays-Bas et le réparer. On a dit que c’était bon qu’on pouvait rouler à nouveau sans inquiétude… Et lorsque nous nous rendions en Grande-Bretagne, il s’est à nouveau cassé ! Et c’est probablement le pire souvenir, aucun de nous trois n’a plus parler pendant plus d’une heure…
Si tu devais choisir un titre pour faire découvrir Tracer à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le groupe, quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
Oh, c’est une très bonne question ! Elles sont toutes un peu différentes les unes des autres mais pour moi, "Walk Alone" serait ce titre pourquoi ce titre tourne autour du groupe depuis un bout de temps et il a un petit côté blues, il a toujours ce côté grunge sale, le chant de Michael est assez descriptif… Mais quand je montre à mes amis ce que nous sommes, je leur fais écouter "Spaces in Between" qui est vraiment le reflet de ce qu’est le groupe…
Tu as parlé d’influences blues, est-ce que ZZ Top fait partie de celles-là ?
ZZ Top ? Seulement pour quelques soli que nous aimons vraiment beaucoup…
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Mais vous êtes conscients que pour certaines personnes, votre musique peut rappeler ZZ Top par certains aspects ?
Ah bon ? C’est cool ! Mais pour être honnête, nous n’écoutons pas beaucoup ZZ Top, nous ne connaissons que les standards comme "Sharp Dress Leg" (Rires) !
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
La question qu’on nous a trop souvent posée ? "Comment Tracer s’est formé ?" : tout le monde -notamment les journalistes allemands- nous pose cette question, tout le temps…
Et quelle est la question que tu souhaiterais que les lecteurs de Music Waves te posent ?
Ah ! La question que peuvent me poser les lecteurs de Music Waves est de savoir pourquoi ils ne sont pas encore venus à nos concerts (Rires) ?
Oh je peux répondre pour eux… si tu me le permets !
(Rires)
C’est qu’ils ne vous…
… connaissent pas encore !
Mais la question que tu souhaiterais…
Ma question préférée est " Qu’est-ce que commande toujours Tracer dans sa liste pendant sa tournée ?"…
Et alors ?
Un steak de brocolis… C’est juste stupide mais c’est toujours amusant de voir ceux qui lisent ton rider et la moitié du temps, on nous demande quel est l’intérêt ? Donc, on inscrit toujours cela dans notre liste et on attend toujours qu’on nous l’apporte… mais un jour peut-être (Rires)…
Enfin, le mot de la fin et peut-être en français ?
Oh en français ? Non, je ne peux pas rien dire en français même si mon prénom est français, ma mère est suisse… Mais nous adorerions les voir venir à nos concerts, ça serait super ! Et je pense que nous serons de retour l’été prochain, nous allons essayé de faire quelques festivals où nous espérons les voir…
Nous sommes en contact pour le Hellfest notamment : c’est un bon festival ?
… C’est le festival à faire en France pour ne pas dire en Europe, c’est une super opportunité que de le faire…
On va donc faire le nécessaire pour y être alors (Sourire) ! (En français dans le texte) "Merci"…
Un grand merci à Roger pour avoir rendu possible cette rencontre ainsi que Loloceltic pour sa précieuse contribution…
Plus d'informations sur http://www.tracer-band.com/