Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Guillaume Ledoux : Alors en ce moment, c’est : "Pourquoi "Les Chevals " ?"(Rires)
Cédric Milard : "Où est donc l’accordéon ?".
Justement vous a-t-on précisé qu’on ne disait pas "Les Chevals" ?
Guillaume : On l’a su depuis (Rires) ! Maintenant on le sait ! Mais avant, on ne le savait pas et puis comme les albums étaient fabriqués, c’était trop tard !
Cédric : Mais en vieux français, on dit les chevals !
Guillaume : Oui, je l’ai appris depuis ! J’ai un voisin qui est ancien prof de français, qui est venu à ma porte un soir avec des livres en vieux français. Il m’a dit : "Regarde, vous aviez raison !". Au Moyen-Age, on disait les chevals !
En fait, les mots en "-al" qui se mettent en "-aux" au pluriel, date du XVIIIe siècle d’après lui ! Donc, je suis ravi (Rires) !
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Donc rien à voir avec un retour avec une musique bourrin ?
Guillaume : Non, non, non ! Au départ, c’est vraiment nos enfants qui disent ça de temps en temps en se gourant : "Les chevals" et ça nous fait rire ! Et puis, au départ, on avait une idée de faire une pochette à la Monthy Python parce qu’on est tous des grands fans. Et quand Johan, le guitariste, a proposé cette idée "Les Chevals", on a tous trouvé ça suffisamment idiot pour accepter (Rires) !
Cédric : Et le prendre au sérieux (Rires) !
Guillaume : Au début, on a fait une drôle de tête quand même (Sourire) !
Justement cet album annonce une musique plus orientée pop rock électro, pourquoi cette volonté de désarçonner vos fans ?
Guillaume : Il n’y a pas eu de volonté en fait, c’est simplement qu’entre le dernier album studio et celui-là, il s’est écoulé 5-6 ans - entre les deux, on a fait un live et une autre tournée pour le live - et en 5 ans, on a écouté d’autres choses… Je ne sais pas si c’est l’évolution naturelle du groupe et que de toutes façons dès le premier album qui est un album semi-acoustique, on était déjà en décalage avec la scène qui était déjà très électrique. C’est vrai que les gens qui venaient voir de la chanson sur scène, étaient un peu désarçonnés et on a toujours été un groupe très électrique. Et c’est vrai que dans cet album-là, on voulait aller au bout de nos envies : rock et pop !
Autre point que vous avez évoqué, c’est l’absence d’une des marques de fabrique du groupe à savoir l’accordéon qui est absent de cet album : est-ce une volonté marquée au risque de décevoir vos fans ?
Guillaume : Non, non, ce n’était pas du tout une volonté !
Cédric : Déjà l’accordéon au départ n’était pas une volonté en soi.
Guillaume : Oui, ça n’a jamais été une marque de fabrique !
Mais vous êtes conscients que cet élément a attiré des fans vers Blankass ?
Guillaume : Bien sûr ! On s’est même retrouvé avec le premier album classé dans le bac folklore !
Cédric : On a encore fait le festival de l’accordéon, l’année dernière !
Guillaume : Et en effet les vrais amateurs de folk étaient déçus parce que c’est un groupe rock qu’ils voyaient sur scène ! Mais non, l’accordéon est un instrument comme les autres dans Blankass et il se trouve que là, il n’y en avait pas besoin mais peut-être que pour le prochain, il y en aura besoin : il n’y a pas de règle mais par contre, il est toujours sur scène bien évidemment vu qu’on joue "La couleur des blés" et tout ça.
Justement la scène, c’est votre actualité brûlante et vos retrouvailles avec le public parisien après demain : comment vous sentez-vous à quelques jours de ce rendez-vous ?
Guillaume : Et bien, ça fait plaisir ! Mais c’est surtout retrouver la Cigale parce que c‘est une salle qu’on aime beaucoup, on l’a fait en 2005 ! J’ai fait le Bataclan, l’Elysée Montmartre, la Cigale, le Zenith aussi… à peu près toutes les salles parisiennes mais je crois que la Cigale est vraiment un de mes lieux préférés. Je m’y suis tout de suite senti bien, je ne sais pas pourquoi ? J’aimais bien l’Elysée Montmartre aussi mais bon, il a brûlé... La Cigale, c’est vraiment super, on est ravi !
Et puis, on essaie de ne pas le prendre comme LA date parisienne, c’est un concert comme un autre, je crois qu’on a beaucoup plus eu le trac en jouant à Issoudun chez nous que de jouer à Paris.
Le fait de présenter votre album à vos racines peut être ?
Guillaume : Ouais, avant la sortie de l’album, on présentait les nouveaux morceaux chez nous. C’était au Palais des Sports à Issoudun et là, on avait la trouille parce que c’était nos copains et on n’avait pas envie de les décevoir !
Cédric : Et puis, demain on a pris un concert à Bourges, la veille de la Cigale pour se mettre dans l’ambiance…
Guillaume : Ouais, c’est bien d’arriver un peu fatigué à la Cigale.
Cédric : Non mais c’est vrai ! Ca te met dans un truc, une impression comme si ce n’était pas le premier d’une période, t’as l’impression d’être en tournée…
Et entre Issoudun et les autres dates de concerts, quel a été l’accueil fait aux titres issus de ce nouvel album ?
Guillaume : Un super accueil, vraiment un super accueil. On appréhendait un peu cela justement, comment les gens allaient prendre les morceaux qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’ont pas encore écouté sur leur platine… Ce n’est pas évident ! Moi le premier, j’avoue que je me rappelle de certains concerts où j’ai vu des gens jouer des nouveaux morceaux et je n’ai pas réagi. Et c’est 6 mois après, à la sortie de l’album, que j’ai trouvé le morceau génial !
Et malgré tout, avec cette expérience, tu ne t’es pas dit que faire une scène avec des morceaux inédits était risqué ?
Guillaume : Oui mais en même temps, le sachant, on a une certaine indulgence donc on se disait que ces morceaux-là peut-être que les gens ne réagiraient pas trop dessus. Mais en fait, comme ils ont une énergie brute, les gens ont réagi quand même et c’est super ! Et c’est vrai que la petite touche électro dedans, elle est très dansante et du coup les concerts sont très dansants !
Justement, est-ce que cet album n’est pas plus taillé pour la scène qu’autre chose ?
Cédric : Il est taillé pour la danse en tous cas, ça, c’est sûr ! A l’instar du titre de l’album, à la limite les paroles, sur certaines chansons, font partie de la musique, font partie de l’arrangement. C’est un album qui est fait pour tout laisser à la porte de la salle de concert, pour sauter, pour danser… Il n’y a plus vraiment de message à faire passer - il y en a toujours un peu et c’est normal - mais c’est vraiment un album qui est taillé pour la scène, tu as raison !
Tu évoquais les messages... Blankass était connu pour délivrer certains messages et en cette année d’élection présidentielle, les textes semblent moins engagés, pourquoi ?
Guillaume : Pour moi, il y a deux choses. La première est qu’au bout d’un moment, quand tu grandis le point levé et la gueule ouverte -comme on l’a fait nous- tu te rends compte que bien souvent, les gens sont assez grands pour comprendre les choses tous seuls et qu’à un moment, être donneurs de leçons, ce n’est pas bien !
La deuxième, c’est que dans cet album, on parle d’humanisme. Que ce soit dans des morceaux comme "Toi, tu marches" qui raconte l’histoire réelle d’un monsieur, un SDF qui est parti faire le tour du monde avec sa charrette et à son retour, après 75.000 kilomètres à pied a été, a été accueilli par 20.000 personnes dans la rue de Montréal dont il est parti, que ce soit un morceau comme "L’empreinte", que ce soit dans des morceaux comme "L’exil", on parle d’humain, on parle d’humanisme. Et pour moi, l’humanisme, il est de gauche ! Donc cet album est quand même politique (Rires) !
Et troisième chose, je pense qu’à partir du moment où tu prends une guitare dans les mains, c’est déjà un acte politique, vraiment !
Le précédent album datait d’il y a 6 ans. Pourquoi cette longue parenthèse ? Est-ce qu’il était nécessaire de faire une pause et explorer des chemins dans vos projets solos pour revenir pour en forme que jamais avec Blankass ?
Guillaume : Je crois que tu as répondu à la question ! Après "Elliot", dernière album studio en 2005-2006, on a fait une tournée de 2 ans. Après on a enregistré un live, on est reparti pour un an de tournée. Et puis en 2009, Johan et moi, on a éprouvé le besoin d’aller explorer des envies personnelles : c’est à dire lui, un projet solo assez pop qui s’appelle Georges et moi, sous mon nom, Guillaume Ledoux, faire un projet très chanson, très intimiste : on est parti avec Cédric tous les deux, faire une tournée piano-voix d’une cinquantaine de dates.
Je crois que ça a été vraiment, vraiment bénéfique voire salvateur pour le groupe parce qu’on avait toujours enchaîné. Et puis, ça nous a appris aussi, ça nous a appris ! Moi, il a fallu que je me mette plus à la composition à la guitare et puis, Johan, de son côté s’est mis à écrire… et ça a donné des morceaux comme "L’empreinte".
C’est marrant quand on a annoncé nos idées de projets solo, mêmes des copains m’ont dit : "Alors Blankass, c’est fini ?". Au contraire, on savait qu’il fallait ça non pas pour sauver le groupe mais pour réinjecter du sang neuf ! Et c’est vrai que si nous n'étions pas aller voir d’autres sources d’inspiration, ça ne nous aurait pas permis de faire un album comme "Les Chevals" !
Tu parlais de projets solo de Johan et toi, si on vient à jeter un œil sur la pochette de l’album qui vous met en scène tous les deux, n’est-ce pas aller dans le sens que pour beaucoup Blankass se résume aux frères Ledoux ?
Guillaume : Un petit peu mais ce n’est pas forcément ça ! Il faut savoir que cette idée de pochette, on l’a proposé aux autres qui l’ont validé !
Oui mais deux d’entre eux ont quitté le groupe depuis.
Guillaume : Ah non, ils étaient partis avant en fait !
Cédric : Ils avaient prévu de ne pas faire la tournée.
Guillaume : Non, on est toujours proche de Bruno et Philippe, c’est pour d’autres raisons ! Non, c’est un album qu’on a pratiquement fait tous les deux en studio avec Johan et puis, on n’avait peut-être pas envie de refaire une photo tous alignés où on ne sait plus quoi faire : si on doit sourire ou pas ? Au départ, l’idée était de faire une pochette sans personne dessus avec un décor arc-en-ciel à la Monthy Python. Et puis, en regardant des photos avec Johan, on s'est trouvé sur une photo de lui avec sa guitare et on a eu cette idée de rapprocher les deux ! On a soumis cette idée aux autres et tout le monde a trouvé cette pochette assez rock’n’roll, assez visuelle et graphique !
Cédric : C’était dans l’intérêt de la pochette plus que de l’ego et du message. Après, il fallait deux personnages pour faire cette pochette-là, on n’allait pas prendre le batteur et le pianiste… On a pris les frères parce que déjà, c’est eux qui ont fait tout l’album et puis, Blankass, tu peux changer le batteur, les musiciens ont changé dans le groupe mais t’enlèves un des Ledoux, c’est plus Blankass !
Guillaume : Mais tu sais, une équipe, pour moi, c’est comme les coureurs cyclistes. Ils ont des rôles différents mais tous servent l’équipe. Et moi, je n’ai aucun souci avec ça ! C’est marrant parce qu’il y a quelques jours, on a vu le montage final du nouveau clip qui va sortir dans quelques jours. Et Pierre, le guitariste, m’a appelé en me disant : "On me voit plus que toi : ce n’est pas normal !". Mais on s’en fout (Rires) ! On sert l’équipe ! Les images avec Pierre, elles sont mortelles en plus, il a une belle petite gueule donc ça va attirer les nanas : c’est super !
Cédric : Et les mecs aussi !
Guillaume : Et les mecs aussi (Rires) ! Je n’ai aucun soucis avec ça, on sait pour qui on roule : c’est l’équipe Blankass !
A l’issu de l’enregistrement deux membres du groupe ont jeté l’éponge, n’est-ce pas frustrant de devoir défendre cet album sur scène avec des nouveaux membres qui partent de zéro ?
Guillaume : Je dirais plutôt que c’est une chance ! C’est une chance parce qu’on ne s’est jamais encroûté dans quelque chose ! C’est vrai que c’était dur de tout reprendre et refaire tous les titres avec Pierre et Sabine, respectivement nouveau guitariste et bassiste. Mais finalement, quelle chance parce que ce n’est jamais dans le confort !
Cédric : On est dans la redécouverte !
Guillaume : Tu redécouvres tes titres !
Cédric : On rejoue "La couleur des blés". Personnellement, ça fait depuis 2005 que je suis dans le groupe, eux, ça fait 20 ans qu’ils le jouent… et au bout de 20 ans, redécouvrir un titre, c’est génial !
Guillaume : Non, c’est vraiment une chance !
Ce qui ressort de vos réponses et de cet album, c’est vraiment la fraîcheur, la redécouverte… entre vos projets solo, l’arrivée de nouveaux membres…
Guillaume : Ouais et il y a une troisième raison, c’est que nous ne l’attendions pas cet album. Quand il est arrivé, quand les premiers morceaux sont arrivés, quand Johan m’a fait écouter deux ou trois idées de musique : on était en train d’enregistrer nos deux albums solo. Donc, on ne s’attendait pas à un album de Blankass ! Et à l’époque, je pense qu’honnêtement, plus personne n’attendait un album de Blankass non plus. Avec cet album, on n’a rien à prouver, on a juste à prendre du plaisir et à en donner si jamais les gens veulent en prendre ! Il n’y a aucune pression puisque ce n’était pas un truc qui était prévu ! Ce n’est que du bonheur, je retrouve l’innocence du premier album avec "Les Chevals", même sur scène, je retrouve des sensations d’innocence du premier album où je me fous de tout : on prend du plaisir !
Tu évoquais la pression, en avez-vous eu par le passé et si oui, comment l’avez-vous vécu ?
Guillaume : Non, honnêtement, je n’ai jamais connu la légende des majors qui nous imposaient des trucs. Des pressions sur des timings, des échéances, des dates de sorties d’album : oui ! Mais la pression artistique, non !
C’est plus facile de faire comme on vient de faire, c’est à dire produire enfin nous-mêmes notre album dans notre studio et de retrouver une certaine forme d’artisanat : c’est un réel plaisir ! Et puis, les choses vont plus vites c’est à dire que quand tu as besoin d’un photographe, tu demandes à une major company qui fait une réunion… et un mois après, ils te disent qu’ils ont trouvé un photographe ! Alors que nous quand on a eu fait tous nos titres, on appelle un pote photographe et le lendemain, on a un photographe ! Les choses sont plus simples quand même !
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Pas de pression, prendre du plaisir mais qu’attendez-vous concrètement pour cet album hormis cela ?
Guillaume : De pouvoir continuer à faire ça le plus longtemps possible parce que c’est notre vie : la musique, la scène, la route ! Ce n’est pas une envie de gloire ou de richesse, c’est une envie de continuer à faire notre art comme n’importe quel peintre ou sculpteur qui est dans son atelier et qui a envie de continuer à avoir un atelier pour pouvoir faire son art !
Comment expliquez-vous la popularité auprès des fans de Blankass et que le groupe soit boudé des médias et des labels ?
Guillaume : Parce que je pense que Blankass a toujours été un groupe qui plaisait plus au public qu’aux journalistes. Et je m’en réjouis ! Des groupes qui plaisent à l’intelligencia, il y en a… Honnêtement, je préfère être de l’autre côté de la barrière !
Et ne penses-tu pas que les propos politiques comme ceux que tu nous as tenu tout à l’heure ne desservent pas le groupe médiatiquement parlant ?
Guillaume : (Silence) Peut-être, peut-être ? Mais en même temps, tant pis (Sourire) ! Tu vois, récemment, j’ai relayé de la pub de Didier Porte sur le Facebook des Blankass. Didier Porte fait le théâtre Déjazet bientôt, il est 100% auto-production, il sait très bien qu’aucun journaliste ne parlera de lui parce que tout le monde l’a dans le nez et donc, ce sont d’autres artistes qui lui font sa pub ! Et Didier Porte, il est du côté des gens et moi, je préfère être du même côté que Didier Porte !
Mais on sait très bien aussi qu’on paie certaines choses, c’est sûr !
Mais aussi avec le Net, il a une évolution des médias, une sorte de contre-pouvoir médiatique libre et intègre qui n’a aucun intérêt autre que celui artistique de promouvoir Blankass…
Guillaume : Voilà, exactement et je pense que ça change tout ! Et il y a une évolution incroyable et c’est bien que tu sois là pour en parler : avant pour une promo d’album, il y avait 80% de radios et de presses écrites et 20% de Web, aujourd’hui, c’est carrément moitié/ moitié voire plus ! Et c’est bien ! C’est à dire qu’il y a de nouveaux médias et une nouvelle forme, une nouvelle façon de consommer les médias et d’aller chercher les infos. Donc, c’est très bien vraiment !
Comment jugez-vous les premiers Blankass ? Avec l’expérience, changeriez-vous certaines choses ?
Guillaume : Oh bah oui !
Quoi par exemple ?
Guillaume : Tout (Rires) ! Non mais c’est vrai, forcément quand tu réécoutes un album tu te dis : "Pourquoi je n’ai pas fait ça ? Pourquoi je n’ai fait pas ci ?". C’est normal mais le morceau, il est de l’année où tu l’as fait !
Cédric : Je suis plus de cet avis-là : on a fait ça à cette époque et si on n’avait pas fait "La couleur des blés" tel qu’il a été fait à l’époque, il n’y aurait peut-être pas "Les Chevals" tels qu’ils sont aujourd’hui !
Guillaume : Je ne sais pas pour toi, Cédric mais moi je sais que je ne réécoute jamais les albums ! Quand l’album est fini, je l’écoute tous les jours pendant une semaine et après, je ne l’écoute plus jamais !
Mais malgré tout, tu le joues sur scène.
Guillaume : C’est peut-être pour ça aussi (Sourire) ?
Cédric : De mon côté, c’est peut-être parce que je ne suis pas dessus mais tous les albums avant "Elliot", je les écoute régulièrement mais pas "Elliot", pas le live…
Faut-il en conclure que depuis que tu es dans Blankass…
Cédric : … les albums sont moins bons ? Ouais, c’est ça (rires) !
Guillaume : C’est un boulet, en fait (Rires) !
Cédric : Ils m’ont pris pour abaisser le niveau parce qu’ils commençaient à devenir trop fort !
16 ans après le premier album de Blankass, 22 si on tient compte de Zéro de Conduite, hormis le line-up qu'est ce qui a le plus changé pour vous?
Guillaume : Je ne sais pas ce qui a changé ?
Cédric : La maturité, la vie passe et t’influence forcément. Chaque album est riche de l’album précédent. Tout à l’heure, Guillaume disait que "Les Chevals" était une logique, je suis d’accord avec ça ! C’est le premier album qu’on fait avec les conditions qu’on veut, le temps qu’on veut parce qu’on a notre studio donc il y a une façon un peu différente de travailler… Mais même artistiquement, il y a une continuité et il y a une maturité, on est tous pères de famille -à part les deux petits nouveaux qui sont encore enfants de famille (Rires)- ce qui a changé c’est que la vie, les années ont passé et on vit peut-être les mêmes choses mais de façon différente maintenant, une maturité artistique, je ne sais pas si tu es d’accord avec moi ?
Cédric : Ah ouais, tout à fait, vraiment !
Si vous deviez choisir un titre de la discographie de Blankass pour faire découvrir le groupe à quelqu’un qui ne le connaîtrait pas, quel titre choisiriez-vous et pourquoi ?
Guillaume : Oh la la (Silence) ?
Cédric : La prochaine (Sourire) !
Guillaume : Peut-être "La croisée", je dirais ?
Cédric : "La croisée" ? Ouais, "La croisée" résume assez bien l’état d’esprit qu’on a : on verra, ne pas chercher à faire des plans, vivre quoi…
Guillaume : La croisée des hasards (Rires) !
Quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Guillaume: Moi, c’est chaque soir de concert quand je remonte dans la loge, je remercie le ciel de faire ce métier-là (Sourire) ! Chaque soir qu’on monte sur scène, je me dis quelle chance, on a !
Cédric : Même si avant d’entrer on se demande pourquoi (Rires) ?
Vous vous dîtes encore ça maintenant ?
Cédric : Oh oui, évidemment !
Guillaume : Toujours, toujours… Ce n’est pas normal de se montrer sur scène, ce n’est pas naturel ! C’est vrai que ton cerveau te dit : "Monte sur scène" et tes jambes te disent : "Rentre chez toi, qu’est-ce que tu fous là !" (Rires).
Vous avez évoquez votre meilleur souvenir, au contraire, quel pourrait être le pire ?
Guillaume : Dans ma carrière que ce soit avec Zéro de Conduite ou Blankass, on ne va pas parler des décès mais le pire souvenir, je crois que c’est le procès avec Universal : se retrouver dans des trucs comme ça, au tribunal… même si tu gagnes puisqu’on a gagné le procès, Universal a été condamné pour entrave à la liberté du travail. Mais même si tu gagnes le procès, c’est une victoire amère puisque tu perds 3 ans. Tu commences un jour gamin, tu prends une guitare pour faire de la musique et un jour, tu te retrouves dans un tribunal en procès contre une maison de disques et tu te dis : "Mais c’est quoi ça ? Où suis-je ?". C’est le plus mauvais souvenir de ma carrière, c’est terrible !
Que vouliez-vous faire gamin ?
Guillaume : Je voulais être chef d’orchestre (Rires) !
Cédric : Moi, j’étais branché animaux quand j’étais gamin !
Guillaume : Ah, je voulais être vétérinaire aussi (Sourire) !
Et les vétérinaires que vous vouliez être seraient fiers de ce que vous êtes devenus ?
Guillaume : J’espère, j’espère… en tous cas, on aime bien les animaux… pardon, on aime bien les animals (Rires) ! Mais ça, c’est Mano Solo, c’est lui qui a commencé en fait avec son album "Les animals" !
Cédric : Et d’ailleurs, on a des amis qui ont fait un album punk dans le Berry qui vient de sortir et qui s’appelle "Les bocals" avec la même pochette.
Guillaume : Le groupe s’appelle Série Z, je te conseille d’aller voir leur site (Rires) ! C’est du punk et du très bon punk !
Cédric : Et le punk, ce n’est pas très loin de la chanson.
Guillaume : Non, parce que tous les anciens leaders de groupes punk font de la chanson. Pourquoi ? Parce que ça vient de la rue !
Cédric : Comme le rap, la salsa…
Et justement ce groupe Série Z et son album "Les bocals", pensez-vous à…
Cédric : Leur faire un procès ? Oui bien sûr (Rires) !
… les prendre en premier partie d’un concert de Blankass ?
Guillaume : On leur a proposé à Issoudun : ils ont pris peur, ils n’ont pas voulu ! Ils ont flippé, ce n’est pas punk (Rires) ! Mais je pense que ça se fera oui, ça se fera : c’est sûr !
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On a commencé par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je te pose ?
Guillaume : Celle-ci, celle que tu viens de poser, c’est une très bonne question (Rires) !
Malgré tout, on ne va pas finir là-dessus, quel mot de la fin souhaiteriez-vous dire aux lecteurs de MusicWaves ?
Guillaume : J’aimerais leur dire de continuer d’acheter de la musique, vraiment ! Parce que c’est hyper important même pour la politique et la poétique d’un pays. Je sais qu’on n’est pas marchands de tapis mais si un jour, plus personne n’achète de disques, il n’y aura plus de musicien, il n’y aura plus de musique. Les boîtes de disques, aujourd’hui, commencent à ne plus signer d’artistes et plus faire que des structures, des compil’, des coups… et ça, quand la culture commence à baisser, c’est tout un pays, toute une pensée qui commence à baisser aussi !
L’avenir de la musique ne serait-elle pas dans les concerts ?
Guillaume : Bien sûr mais tu sais, c’est dur de remplir les salles quand tu n’as pas d’album dans les bacs ! Nous, on a de la chance d’avoir un album dans les bacs, on a de la chance de faire la Cigale mais il y a tellement de gens qui n’ont rien, qui n’ont pas de vitrine…
Et l’auto-production ?
Guillaume : Ouais bien sûr mais même en auto-production, il te faut quand même des alliés, une attachée de presse, un distributeur… et ça, c’est dur ! Si les gens n’achètent plus de musique, il n’y aura plus ça et on se retrouvera avec "The Voice" ou "Incroyable Talent" pour écouter de la musique et moi, je n’ai vraiment pas envie de voir ça !
Merci…
Guillaume : Merci à toi, chouette interview, non c’est vrai !
Un grand merci à Olivier d’At(h)ome qui a permis cette rencontre fort sympathique qui s’est prolongée autour d’un blanc cassis (les fans comprendront) sur le thème enflammé de la montée de la Berrichonne en Ligue1 avant la prestation au Mouv’…
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