Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Luca Turilli : (Rires) Et bien, tout ce qui est relatif à la séparation, bien sûr ! Après tout le reste concerne l’album, rien de particulier, dirons-nous !
Ton actu est le nouvel album de Luca Turilli’s Rhapsody, "Ascending to Infinity". Tu dois vraiment être content de pouvoir sortir ce nouvel album après tous les problèmes rencontrés ces derniers mois notamment avec la creation de ton propre Rhapsody?
Bien entendu, c’est quelque chose d’extraordinaire pour moi parce que derrière tout ça, il y a eu un énorme travail. Je n’ai pas eu beaucoup de temps parce que nous avons annoncé la séparation de mon précédent groupe Rhapsody of Fire en Août, mais en Juillet, je ne savais toujours pas ce que j’allais faire ! Je ne savais pas si je continuerais à faire du heavy metal et me concentrer sur des bandes originales qui seraient bien entendu influencées par le hard rock parce que c’est une partie de moi et je ne l’abandonnerais jamais totalement. C’était une des possibilités et l’autre qui m’était proposée était de créer un groupe dans le style d’Avantasia avec des chanteurs connus et justement le chanteur qui chante sur cet album devait intégrer ce projet mais nous en parlerons plus tard…
Et quand la séparation fut officielle, 3 semaines après j’ai décidé que je continuerais avec Rhapsody et on s’est mis d’accord avec Alex Staropoli que nous diviserions le groupe ainsi 50/50… C’est une séparation à l’amiable et c’est pourquoi tout cela est possible !
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Après toutes ces années à composer avec Alex Staropoli et travailler avec Fabio Leone au chant, n’est-ce pas trop dur de tout recommencer avec de nouveaux membres ?
Eh bien, généralement, pour les précédents albums de Rhapsody of Fire, je commençais à composer avec Alex et nous avions toujours 3 ou 4 chansons déjà prêtes des précédentes sessions, des précédents albums… Cette fois-ci, c’était vraiment super de savoir que je commencerais de zéro ! Pour le processus de création, c’est juste génial !
C’est pour ça qu’on peut dire que cet album sonne plus frais que jamais ?
Ah, oui, oui, bien sûr ! Je pense que c’est ça ! Absolument ! Il n’y a seulement qu'une vieille chanson que j’ai prise parce qu’elle était déjà prête à sortir…
… et ce titre s’intitule ?
"Fantasia Gothica" mais je ne l’ai pas pris dans l’album (Rires) parce que c’était trop dur au final de finir la production à temps parce que nous avions un timing incroyable à respecter pour que nous puissions sortir cet album avant l’été ! Au final, c’est quelque chose de terrible mais je n’ai pas eu le temps de mixer cette chanson "Fantasia Gothica" (Rires) !
Tu parles de temps, cela signifie-t-il que tu as eu une sorte de pression du label pour sortir un nouvel album cette année ?
Non, ce n’est pas cette sorte de pression, c’est une pression que je me suis imposée à moi-même !
Mais pourquoi avoir décidé de s’imposer un tel timing ?
Parce qu’aujourd’hui avec tous les problèmes que nous avons connus avec le groupe mais également les problèmes économiques et marketing, tu dois faire très attention à ton temps !
Ce n’est pas seulement une façon de rassurer les fans : sortir un album rapidement afin de montrer que tu étais toujours dans là ?
C’est bien sûr la principale raison mais il y a aussi un aspect économique ! Et d’une certaine façon, en Septembre, il était devenu clair - quand j’avais pris la décision de continuer avec Rhapsody et m'etre mis d’accord avec mes ex-collègues - que nous pouvions sortir le nouvel album avant l’été si le label recevait le master à la fin de Mars ou début Avril… Mais pour cela, il fallait que je respecte des délais ! Dans le cas contraire, nous aurions sorti l’album après l’été et ça aurait été vraiment mauvais pour moi parce que je n’aurais pas pu faire de tournée, et comme tu l’as dis ne pas pouvoir répondre immédiatement, de pousser immédiatement le nouveau groupe ce qui est vraiment important !
Concernant cet album, est-ce un concept album comme semble l’indiquer la bataille musicale entre le Bien et le Mal dans "Of Michael The Archangel And Lucifer Fall", "Ascending to Infinity", "Dante's Inferno", "Tormento E Passionne" ou "Clash Of The Titans" ?
Non ! Mais les 4 chansons que tu as cité l’intro "Quantum X", le titre éponyme "Ascending to Infinity", "Dark Fate Of Atlantis", "Of Michael The Archangel and Lucifer Fall" forment un mini-concept, un mini-conte…
Donc, je n’ai pas complètement faux !
(Rires) Non, non, non !
Et ce mini-concept traite de quoi ?
Cela traite des théoriques quantiques, des portes de étoiles… Une sorte de science mélangée à de la science-fiction ce qui m’attire de façon générale et pas seulement pour ce mini-concept : les mystères de la Bible avec l'Archange Michael… Toutes ces choses mélangées qui sont très particulières peuvent prendre différents aspects. Et c’est ce que j’aime en général et pas seulement pour ces 4 chansons. Pour le reste de l’album, tous les sujets sont à propos des mystères de la planète, les secrets de l’équilibre entre le passé, le futur et le présent, la science, la science-fiction… Par exemple dans l’histoire, tu as Excalibur qui est un titre de l’album mais ce n’est pas l’Excalibur que tu connais dans le conte d’Arthur mais plutôt la signification spirituelle de l’arme qui a traversé les âges : l’esprit du Graal, les symboles qui sont très importants…
Mais comment composes-tu de façon générale parce que tu sembles vraiment passionné par les sujets dont tu traites dans cet album. D’abord les textes puis la musique ?
Ca dépend, ça change d’une chanson à l’autre ! Le fait que je sois capable de jouer de la guitare, des claviers, du piano… n’est pas seulement pour être un homme orchestre (Sourire) qui joue de tout mais pour pouvoir composer ce que j’aime ! C’est génial parce que je commence à composer au piano par exemple, généralement les parties de piano arrivent avant les paroles. Ou quelques fois, je vois comment jouer du piano. "Tormento E Passionne" est né ainsi, dans un moment fou, je pianotais sur les notes comme un fou (Rires) !
Es-tu parfois possédé ?
Ouais, bien sûr ! Une fois, je me souviens même d’avoir effrayé mes collègues en étant dans une sorte de transe ! Et quand je ressens cette envie de jouer, je ressemble à un fou ! J’essaie de composer comme Chopin ou un compositeur étrange, Scriabin du siècle dernier qui étaient des compositeurs un peu dingues… donc je compose ainsi en pianotant et en chantant un thème. "Tormento E Passionne" est arrivé ainsi. Et quand je compose à la guitare et que je sens que les mélodies planent, je me mets aux claviers, pour créer ce que j’appelle l’aspect apocalyptique et je mets en connexion des sons des chorales, des choses étranges qui ont un impact fort. Puis c’est très facile pour moi de créer des parties avec ces supers sons… Et c’est ainsi que je compose des intros, des outros, des parties au milieu…
Cela dépend vraiment ! Et c’est ce qui est super quand tu es compositeur, d’être créatif : tu as plein de façons et de possibilités…
Question concernant ton nouveau chanteur Alessandro Conti dont la voix colle parfaitement à la musique de cet album. Il est moins dans le registre aigue mais sa voix sonne plus opéra…
C’était grâce à Fabio (NdStruck : Leone) mon précédent chanteur. Bien sûr, il ne savait pas qu’il me présentait quelqu’un avec qui je travaillerais et je ferais le nouveau Rhapsody (Rires) ! C’est quelque chose qui est arrivé ensuite. Au début, au moment du split, quand je ne savais ce que j’allais faire, j’avais en tête ce projet dans un style Avantasia. Je me souviens aussi lors de notre tournée au printemps 2009 que je cherchais entre chaque concert un chanteur qui puisse coller à cette idée de projet à la Avantasia. J’essayais de trouver sur Internet des voix intéressantes et lorsque Fabio a su que je cherchais une telle voix il m’a dit de m’intéresser à Alessandro Conti : c’était une voix qu’il aimait et il pensait que j’aimerais aussi cette voix dans un registre Helloween, les premiers Helloween qui m’ont vraiment fait aimer le heavy metal avec "Keeper I", "Keeper II"… la voix de Kiske est fantastique !
Je n’avais jamais rencontré quelqu’un avec ce type de voix si cool qui correspondait à mes compositions. Je n’aime pas composer un album pour un seul chanteur ou du moins pour un style de voix. A la fin, je lui ai demandé de chanter pour moi d’autres chansons et c’est là que j’ai découvert son vrai potentiel : je lui ai demandé de chanter des chansons dans un registre plus pop, puis plus orientées Opéra comme tu l’as dit… C’est fantastique et je lui ai demandais comment il pouvait chanter tous ces styles de chansons et c’est là que j’ai appris qu’il avait pris des leçons dans une chorale lyrique où l’on enseigne Rossini et Pavarotti. C’est un premier tenor et c’est juste génial ! Et à ce moment, quand j’ai décidé de ne pas continuer dans l’optique d’un projet à la Avantasia mais de créer mon propre Rhapsody, je lui ai donné l’information 3 semaines avant la séparation qu’il serait le nouveau chanteur de Rhapsody (Rires) ! Pour lui aussi, c’était génial parce qu’au début, je ne l’avais contacté que pour un projet, il était prêt à travailler avec moi parce qu’il est fan de ma musique et au final, c’est le chanteur de mon nouveau groupe (Rires) !
Sinon toujours à propos du chant, on a évoqué la chanson "Tormento E Passionne", est-ce Alessandro qui fait toutes les voix ?
Oui, oui !
Impressionnant !
C’est la voix dont j’avais besoin : cette grande variété d’un style à un autre… Je voulais me créer ces possibilités, avoir une totale liberté aussi bien lyrique pour écrire une saga, et un chanteur à la Helloween pour pouvoir écrire ce que je voulais musicalement… Aujourd’hui, je n’ai plus de limite avec ce groupe parce que je peux écrire ce que je veux ! Cette chanson justement "Tormento E Passionne", à la fin, il y a un duo entre le soprano Bridget Fogle (NdStruck : Dreamquest) et Alessandro qui est tenor. A la fin, il y a une ligne dans la dernière structure dans laquelle il crie comme un diable et cette partie -au début- devait être chantée par le soprano Bridget. Sur les lignes de la démo, Alessandro chante l’Enfer mais le soprano n’était pas capable de chanter de cette façon et ce que l’on a pris pour l’album, c’est la version d’Alessandro (Sourire) ! Au final, tu entends une ligne super haute que tu ne penses pas chantée par un homme mais c’est Alessandro qui l’a fait ! C’est incroyable, il n’a pas de limite (Sourire) !
Ce titre peut rappeler du Therion qui mélange opera à la Pavarotti ce qui est assez éloigné des standards de Rhapsody…
(Il coupe) Ok, oui ! Si je dois dire quelque chose à ce titre, oui je ne connais que "Theli" de Therion ! Pour moi, c’est plus du Chopin parce que j’ai composé cette chanson au piano ! C’est plus du Chopin je dirais sachant que Chopin est vraisemblablement mon compositeur préféré ! J’ai composé ces parties avec un optique Chopin !
Chaque chanson a sa propre histoire. Pour "Tormento E Passionne", quand j’ai découvert le talent d’Alessandro qui est un tenor, j’ai immédiatement voulu créer une chanson comme ça parce que normalement, un chanteur "générique" ne peut pas le faire et tu dois faire intervenir un invité spécial pour la chanter. Et j’ai hâte de la jouer sur scène, ça doit être génial !
Sur plusieurs titres dans cet album et en particulier sur "Excalibur", on a l’impression d’être dans un film à super production…
Merci, merci…
… As-tu fait cet album dans cette optique ?
Ouais, absolument, sur la promo de ce nouveau Rhapsody on parle de "metal cinématique". Pour moi, ça a toujours été cinématographique ! Quand nous avons fondé Rhapsody en 1993, nous avons commencé en voulant sonner cinématique mais à cette époque, le son de l’orchestre n’était pas aussi super qu’aujourd’hui, 15 ans après… Maintenant, c’est vraiment différent, tu as un son super, tu peux créer des orchestrations de malade : je peux écrire différentes notes pour différents orchestres… et vraiment, avec ce nouveau groupe, je voulais être totalement cinématique parce que pendant la saga de Rhapsody, à une époque, nous étions plus symphoniques que heavy metal puis l’inverse… Mais au final, la passion première était le cinéma ! C’est la raison pour laquelle, j’ai voulu inclure le mot cinématique dans ce groupe parce que ça parle de cinéma. C'est du Hollywood Metal comme disent les maisons de disques… Désormais j’ai enfin cette liberté !
Liberté, sans limite… sont des mots qui reviennent souvent dans ce début d’interview. Peut-on dire que tu as quitté le précédent Rhapsody afin de composer de façon plus libre et sans contrainte ?
Non ! Parce que de toute façon, la saga était finie ! Donc, le nouvel album, si il y en avait eu un, aurait sonné différemment des autres. Tu sais, quand tu as fait 10 albums sur le même thème, c’est une grande mission, une mission artistique que nous avons achevée. Nous sommes fiers de ça mais il est certain que si nous avions fait quelque chose encore ensemble, cela aurait été différent ! Mais je ne sais pas dans quelle direction nous serions allés.
Le fait est que j’ai composé toutes les orchestrations, les claviers de la première à la dernière note de cet album : ça c’est la liberté ! C’est quelque chose dont j’ai vraiment besoin ! Quand tu es compositeur, quand tu fais tout avec les autres que ce soit avec Rhapsody of Fire ou le premier Rhapsody, le premier album… les arrangements d’orchestrations basiques ont toujours été faites par Alex et moi-même. Puis il complétait les derniers arrangements pendant que moi, je travaillais sur la pochette, le livret… Quand tu travailles en équipe, ce n’est pas comme quand tu travailles seul !
Dans ces conditions, composer seul semble te porter à cœur…
… oui, c’est vraiment très important pour moi !
… pourquoi ne pas avoir appelé ce groupe Luca Turilli tout simplement ?
Non ! Parce que c’est le nom, le sigle du nom… sur lequel nous nous sommes mis d’accord avec Alex au moment de la séparation… Quant on a eu de gros problèmes, on n’a pas compris que moi, ma famille… nous nous sommes beaucoup investis pour sauver le nom de Rhapsody afin que le groupe continue de vivre !
C’est pourquoi nous avons partagé le nom de cette façon, parce que d’un point de vue business, si tu renonces au nom, tu perds beaucoup de points ! Donc, nous avons décidé de ne pas partir de zéro et d'aller chacun de notre côté avec les mêmes chances ! Nous avons investi tant d’argent pour sauver le nom, le logo parce que pour la maison de disques et d’un point de vue business, c’est vraiment très important !
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Donc, ce n’est que du point de vue business parce qu’à l’écoute de tous les détails de la composition de cet album, c’est ton bébé !
Oui, oui mais tu sais, cet album est différent ! Je n’aurais pas pu le faire sous le nom de Luca Turilli pour une simple raison : Luca Turilli a déjà fait des albums solos et ces albums solos n’étaient pas composés de façon totalement libre d’une certaine façon ! Oui, ils étaient composés librement mais je les composais à cause de Rhapsody ! Ces albums étaient différents de Rhapsody de certaines façons en effet, je composais cette musique épique fantasy dans Rhapsody et je faisais quelque chose de différent avec Luca Turilli.
Peut donc dire que Luca Turilli’s Rhapsody est le parfait équilibre de toutes tes influences musicales ?
Ouais ! Nous voulions avertir les fans que ce n’était pas seulement un album solo, c’est pourquoi nous disons que c’est le onzième album de Rhapsody ! J’ai composé cet album dans une optique Rhapsody !
Est-ce que cela signifie-t-il que tu ne sortiras plus d’album solo ?
Cette fois-ci, je veux pousser ce groupe à 100% et il y a beaucoup aspects derrière ce groupe qui nécessite que j’y travaille 24H/24… Et puis, je n’ai plus besoin de faire d’album solo parce qu’Alessandro a toutes les capacités vocales… Ma seule activité sera ce groupe dans lequel je pourrais inclure quelques chansons de mes activités personnelles, les vieilles chansons, les nouvelles chansons de cet album, plein de chansons de ce nouvel album…
De la même façon, il y a la chanson "Luna" qui est très orientée opéra. As-tu déjà pensé à écrire des partitions classiques ou un opéra ?
Oh, c'est une de mes idées tu sais (Sourire) ! Si tu as un gros budget, tu peux faire quelque chose d’excitant de bonne qualité, qui vaille la peine… Pour être honnête, mon rêve a toujours été de composer des musiques de film !
Il y a la pièce maîtresse de cet album "Of Michael The Archangel And Lucifer Fall"…
… Ah, c’est une des mes préférées ! Je l’adore…
… ce titre sonne très bande originale de film et me rappelle le projet de Nightwish de faire un film basé sur son album, ça te dirait d’en faire autant ?
Ah, tu imagines le budget qu’il me faudrait (Rires) ! Je ne sais pas combien coûte celui de Nightwish mais il m’en faudrait encore plus (Rires) !
C’est un rêve pour toi ?
Bien sûr !
J’imagine que tu composes ta musique en ayant des images en tête…
… Toujours, toujours ! Ma passion pour le cinéma a créé le groupe. Avec le cinéma, tu as toujours des images, des couleurs, des visions…
… mais n’est-ce pas frustrant de ne retranscrire ces images que sur le format audio et non visuel ?
(Rires) Non ! Nous dirons que je pense personnellement que les compositions sont pour moi : je dois les aimer, je ne fais jamais une chanson en pensant ce que les autres pourraient aimer ! Au départ, je compose pour moi et mes émotions. Et ces émotions découlent d'images très personnelles ! Nous avons déjà fait la première vidéo de "Dark Fate Of Atlantis" et nous allons faire plus de choses encore parce que je veux vraiment créer un impact visuel pour le groupe. Je veux transférer certaines de mes émotions à toutes les personnes parce que comme tu l’as dit, c’est très important ! Mais ce n’est que le début parce que j’ai toujours été déçu par les vidéos qui étaient faites avec des budgets trop bas. Nous n’en avions pas le contrôle, il n’y avait jamais d’histoire…. Mais maintenant, je veux vraiment commencer à faire quelque chose qui ressemble à ce que nous sonnons ! C’est pourquoi nous allons démarrer une collaboration avec le directeur suédois Owe Lingvall qui a créé des vidéos fantastiques, de supers pandémoniums pour Kamelott. C’était vraiment fantastique et je l’ai appelé quand j’ai vu cette vidéo ! Mais ce n’est qu’un premier pas, sur la tournée, il y aura des surprises grâce à cette collaboration !
Comment juges-tu ta carrière depuis la fin des années 1990 ? Tu as énormément contribué à la scène true metal et à ce jour, il n’y a plus de groupe de cette période. Te sens-tu comme un survivant de cette époque ?
Non ! Nous avons plein de regrets parce que nous aurions aimé avoir plus de contrôle sur nos ventes et ne pas tout laisser dans les mains d’autres personnes. L’apport sur le premier album est fantastique, un super travail a été fait par Limb Music, le premier propriétaire du label : il était génial ! Mais avec le temps, nous avons tout repris en main, il a fallu étudier comment marche le business, ne plus prendre les mauvaises décisions que la plupart des groupes prennent (Rires) ! A ce jour, Rhapsody pourrait être un des plus gros groupes si nous avions pris le même chemin que d’autres groupes. Je n’aime pas trop parler de ça parce que c’est vraiment terrible, les mauvais choix…
Mais de façon générale, nous vivons actuellement de très bons moments : le marché est ce qu’il est, l’argent qui circule dans le milieu n’est plus le même, les budgets ne sont plus les mêmes… Mais quoi qu’il en soit, comme tu l’as dis, le plus important est cette liberté : je contrôle tout, j’ai un super groupe avec Dominique (NdStruck : Leurquin), Patrice (NdStruck : Guers), Alex (NdStruck : Holzwarth) et Alessandro (NdStruck : Conti). Nous sommes une famille et ce sont les conditions parfaites pour faire face à une longue tournée. Ca sera d'ailleurs notre plus longue tournée depuis 15/20 ans ! Il va falloir attendre mais je suis impatient (Sourire) !
Concernant cette tournée, des dates françaises sont déjà prévues ?
La semaine prochaine, je vais connaître les premières dates. Il y aura trois dates en France, à Paris bien évidemment… La tournée européenne est programmée en Novembre/Décembre.
A ce propos, tu as toujours eu un lien fort avec la France. Comment l’expliques-tu surtout pour un pays pas spécialement connu pour apprécier le metal ?
Oui mais le fait est qu’en France vous aimez vraiment les choses lyriques, les chorales… J’ai regardé la télé et dans beaucoup de vos programmes, tu as de grandes musiques avec des artistes pop comme Johnny Hallyday qui quelques fois ajoute de grandes orchestrations, des chorales… Donc, je pense que notre musique est vraiment très appétissante pour vous ! Et après, toutes ces années, c’est toujours pareil ! C’est amusant de constater que notre musique a un marché très précis : Italie, Espagne, Allemagne, France, Suisse, Finlande, Pologne tout récemment… Quelques fois, tu as une explosion de nouveaux pays dans lesquels nous n’avions pas une grande exposition comme la Pologne par exemple ! Et puis, il y a toute la partie Amérique. En Afrique, nous n’avons quasiment rien (Rires) ! Actuellement, nous commençons en Asie par exemple et le retour est très bon. Mais c’est vraiment dans l’Amérique du Sud qu’ils font fous… Il y a aussi le Canada plus que les Etats-Unis mais en Amérique du Sud, c’est vraiment incroyable !
Quel est ton meilleur souvenir d’artiste ?
Travailler avec Christopher Lee ! C’est un des buts artistiques que nous avons atteint grâce à cette activité : rencontrer une personne comme lui qui juste avant venait de jouer Saroumane dans "Le Seigneur des Anneaux" et qui fait le narrateur dans notre album. C’est juste extraordinaire ! Après avoir travaillé avec Christopher Lee, c’était difficile de trouver une autre grande voix parce que j’ai toujours accordé de l’importance à l’impact de la narration, qui donne toujours de la magie à la musique, qui apporte quelque chose de spécial.
Au contraire, quel pourrait-être le pire souvenir ?
Tous les mauvais chemins que nous avons pris dans le business, les mauvais choix, les mauvaises décisions… et comme je te l’ai dis, trop de fois, nous avons donné la responsabilité de ces décisions à d’autres personnes.
Et cette impression d’avoir perdu des années…
Nous avons perdu 6 à 7 ans !
Que voulais-tu faire gamin ?
Je voulais faire des choses folles : je voulais cuisiner (Rires) ! Oh mon Dieu, ce n’est pas arrivé ! Quand j’étais petit garçon, je ne savais pas ce que je voulais faire. Comme j’avais un bon physique à l’époque, j’ai fait mon service militaire, j'ai sauté des avions… Quand j’ai terminé, j’étais prêt à commencer mon activité mais on m’a décelé un cancer en Décembre 1993. J’avais 21 ans, avant même d’avoir pu envoyer mes premières démos, ma vie était en danger, j’étais même considéré comme mort par le docteur ! C’est vraiment un miracle ! Et quand je me suis rétabli, j’ai envoyé les démos, j’ai commencé à jouer de la guitare sérieusement : tout a complètement changé ! Avant j’étais prêt à faire une carrière militaire et puis je suis passé à la musique (Rires) : c’est totalement différent ! Quelques fois, je me dis que j’ai eu un cancer dans le but de faire ces grands changements dans ma vie !
Et es-tu fier de ce que tu es devenu ?
Je suis fier… Je suis une personne humble, je n’aime pas les compliments ou ce genre de choses mais j’adore recevoir des mails de fans qui me remercient pour ma musique, qu'elle les a aidé dans leur vie… Et ça, c’est juste génial parce que pour avoir eu le cancer j’essaie de faire passer des messages positifs à travers Rhapsody : apprécier la vie, apprécier chaque respiration de ta vie parce que c’est un miracle ! La vie n’est pas quelque chose de normal : beaucoup de personnes naissent et pensent que tout est normal mais ce n’est pas le cas…
Et penses-tu que les épreuves que tu as traversé t’ont aidé à être ce que tu es aujourd’hui et le transmettre dans ta musique ?
Bien sûr parce que je considère ma musique comme une mission spirituelle pour aider ces gens… Je sais que ma musique a cet aspect épique et détonnant mais dans le même temps, certaines personnes dans le monde peuvent recevoir le message de mes émotions. Etre un artiste signifie être responsable : tu as le choix entre délivrer un message négatif ou positif ! Certains groupes choisissent la négativité mais d’autres comme moi, optent pour la positivité !
On a commencé cette interview avec la question qu’on t’avait trop souvent posée, au contraire quelle est celle que tu souhaiterais qu’on te pose ?
(Silence) A propos des émotions qui entrent dans le processus de production. C’est quelque chose de touchant que certaines personnes ne comprennent pas ! Je ne pourrais pas t’énumérer le nombre de fois où j’ai pleuré en composant. Tu sens que quelque chose est bon pour ton groupe et tu commences à assembler les notes ensemble, tu les fais monter ainsi que le son et c’est là que tu commences à pleurer non seulement parce que tu es le compositeur mais parce que cette musique vient à toi ! Je ne sais pas comment l’exprimer mais c’est comme retirer de l’énergie : ce sont juste des mains qui se rassemblent et grâce à ta sensibilité, une sorte de médium pour pouvoir retirer ces choses de l’extérieur… Et c’est pourquoi quand je commence à composer, ça me prend des mois et des mois, 15 heures par jour… jusqu'à en perdre la vue mais ça m’aide à obtenir toutes ces émotions au risque d’avoir une crise cardiaque parce que quelques fois, c’est de la pure adrénaline !
Je pense vraiment que c’est quelque chose qu’il faut associer à un état d’esprit, dans des conditions au-dessus de la normale, ça touche probablement des connexions dans ton cerveau pour créer une sorte d’endorphine… c’est ce qu’on appelle la transcendance ! Cet album en particulier est venu de ça et je pense que certaines personnes seront capables de capter les sentiments que l’album contient !
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Et on revient à ce que tu disais à savoir adorer quand on te remercie pour ta musique et où tu te rends compte que tu as rempli ta mission.
Oui ! Je me fous des compliments, je me fous des bonnes notes de l’album, c’est ça le succès de l’album !
Enfin, souhaiterais dire un dernier mot aux lecteurs de Music Waves et peut-être en français ?
Bien sûr (Sourire) ! (En français dans le texte) "Salut tous mes amis, je suis Luca Turilli de Rhapsody. Pour moi, c’est un honneur de vous communiquer et de vous présenter le nouvel album et surtout pour moi, c’est très important de vous inviter à la prochaine tournée de Rhapsody pour vivre ensemble un spectacle spécial fait d’émotions de toutes sortes et de vivre ensemble une expérience de cinématique metal" (Rires) !
Super !
Mon cerveau est en ébullition d’avoir parlé en français de la sorte (Rires) !
Merci
Merci mon ami (Rires) !
Un grand merci à Olivier de Replica qui a permis cette rencontre et Noise pour sa contribution...
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