Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Nico : "Présentez-vous" ou ce genre de choses…
"Soleil Noir" est caractérisé par un nouveau line-up, un nouveau visuel, un nouveau label, voire un nouveau son… C’est un sacré saut dans l’inconnu, non ?
Nico : Le thème principal de l’album est la renaissance ! Donc ça commence avec l’annonce du départ de Paskual, il y a un et demi. Stefo qui est notre nouveau gratteux nous suit depuis 3 ans, a fait le merchandising aussi sur les dates et naturellement Paskual - qui à l’époque n’était pas encore sûr de partir - a proposé à Stefo de jouer ensemble puis de l’intégrer au groupe. Et du coup, on ne sent pas ça comme un point de rupture, c’est vraiment une transition qui s’est faite simplement même si ce n’est jamais évident de perdre un membre fondateur du groupe.
Notre ancien bassiste est également parti et on s’est posé des questions par rapport à notre investissement. On a trouvé Philippe qui jouait avec notre batteur dans un groupe obscur de djent et de deathcore ! Là aussi, c’est l’amitié qui a pris le pas sur d’autres musiciens. On n’a pas fait de test, on l’a pris !
Tout ça pour dire que l’évolution du groupe s’est faite tout naturellement : Stefo a ramené ses compos, Phil, ses arrangements… et tout cela s’est marié dans un ensemble qui nous semble être resté très fidèle à nos débuts avec des touches plus modernes dans le son, et des structures pas si différentes si ce n’est des refrains plus fédérateurs…
Tout est dans la continuité ! Le changement de logo est pour indiquer qu’il y a eu un changement de line-up, qu’on a envie de se relancer, qu’on va travailler notre image comme nous ne l’avions jamais fait avant !
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Le titre de l’album, "Soleil Noir", a-t-il une connotation religieuse ? Faut-il voir la volonté de développer un thème autour de l’ésotérisme et du nazisme ? Tu dois savoir que le terme « Soleil noir » revient souvent dans le mysticisme de l’époque nazie…
Nico : Non, non, non ! Ça n’a rien à voir ! Mon père a été un résistant déporté donc tout ce qui touche au nazisme, je connais et je ne veux pas en entendre parler dans nos musiques. Non, le "Soleil Noir" a un rapport avec l’éclipse, l’équinoxe, les changements de saison… ça reste plus un terme poétique pour signifier la renaissance !
Stefo : A la base, on voulait axer tout le concept de l’album autour de la renaissance et ce qui symbolise la fin d’une ère et le début d’une nouvelle : c’est l’éclipse solaire. Au final, l’éclipse solaire, c’est un soleil qui est noir ! Tout part de là ! Après en faisant des recherches, on est parti sur des trucs ésotériques notamment au niveau du visuel mais il n’y a pas de signification particulière. Nous n’avons pas cherché ce qui se cachait derrière chaque symbole…
… mais vous êtes conscients que le public metal a la particularité d’être curieux et de chercher une signification à chaque chose même s’il n’y a rien à chercher…
Nico : Et bien justement qu’il les cherche (Rires) ! Ça fait partie des textes d’une des chansons, si tu veux partir en sucette et réfléchir, tu peux trouver des choses complètement horribles !
Stefo : S’ils veulent chercher, ils vont être servis ! On a caché certaines choses qui indiquent que tout ce que nous avons repris n’a pas été trouvé au hasard sur Internet… Mais effectivement, il ne faut pas qu’ils cherchent du côté du nazisme ou ce genre de conneries (Sourire) !
A quoi renvoie le titre "1781" ?
Nico : Ca renvoie à une phrase d’un recueil personnel de Sade qui a été écrite en 1781 qui est justement reprise en guise d’intro et de fond dans la chanson. Ce passage ne parle pas forcément de cul au contraire, ça évoque quelque chose de beaucoup plus profond et ésotérique par rapport à tout ce qu’il peut écrire ! Et moi, j’ai tourné ça autour du sexe violent !
Est-ce que c’est difficile en tant que français de s’imposer en France quand on fait du metalcore, genre très prisé partout dans le monde?
Nico : Des groupes comme The ARRS, on en parle depuis 2005 sauf qu’ils chantent en anglais et pour certains d’entre eux, c’est beaucoup plus simple d’accéder à des tournées…
Nous avons pris l’engagement de chanter en français. Et du coup, pour ce quatrième album, je suis plus tranquille, serein. C’est l’album le plus noir au final alors qu’il est censé être le plus clairvoyant, le plus positif ! Au final, on a une très bonne notoriété mais il y aura toujours des gens - alors qu’ils sont eux-mêmes français - qui nous demanderont pourquoi on chante en français !
Pourtant tu as déjà déclaré ne pas supporter le chant en français parce que selon toi, "on faisait trop attention aux mots et pour une question esthétique". The ARRS aurait-il enfin résolu ce paradoxe ?
Nico : (Rires) J’ai enfin l’impression d’avoir trouvé un style plus esthétique pour les refrains… Tout simplement, je ne savais pas comment poser ma voix. Et ensuite, pour assumer jusqu’au bout le fait de chanter en français, on a fait les choses à fond, à 100% !
Stefo : C’est vrai qu’on en a pas mal parlé en répét’ ! A la base, Nico ne voulait pas donc on s’est dit soit on assume jusqu’au bout le fait de chanter en français, soit on ne fait pas de chant clair !
Nico : Je pense avoir pas mal…
… mué !
Nico : (Rires) Enfin ! Non je pense que la partie exutoire des premiers albums c’est du passé. J’ai dit ce que j’avais à dire. Cet album-là est beaucoup plus frais dans le sens où il n’y a pas beaucoup d’histoires, il y a beaucoup d’expériences personnelles, d’amis, il y a du fantasme, de la fiction… et du coup, chanter des choses qui me touchent à 100%, c’est plus simple…
Et quelle est votre réaction quand vous lisez que ces refrains évoquent Kyo pour certains ?
Nico : Si on vend autant d’albums qu’eux, on est content (Rires) !
Stefo : Il faut arrêter de dire que telle ou telle partie ressemble à tel ou tel groupe ! Pour être franc, personne ne réinvente rien dans le monde du metal. Depuis la vague néo-metal de la fin des années 1990, globalement, il n’y a pas eu de nouveau style qui a mis tout le monde d’accord. A ce jour, il n’y a plus que des redites : la scène deathcore qui a explosé il y a 3 / 4 est en train de mourir petit à petit, le metalcore, c’était 6 ans avant… A moment ou un autre, on prend des influences !
Nico : Ce qu’il veut dire, c’est qu’on est fan de Kyo (Rires) ! Non mais le problème en France c’est qu’un groupe français doit forcément sonner français ! Et du coup, on cherche à quoi ça peut ressembler !
Stefo : Pour l’anecdote, Fred (NdStruck : Dusquesne, membre de Watcha et Empyr) qui a enregistré l’album est également un ami de Benoit (NdStruck : Poher, chanteur d’Empyr et Kyo) et on avait pensé à faire un featuring sur ce morceau (Rires) !
Nico : Finalement, il n’a pas pu se libérer : il était avec Obispo au café ! Non mais les parties claires existaient avant et Fred a su parfaitement les mettre en place !
Donc, il n’y a pas d’influence de Fred Dusquesne ?
Nico : Non puisque les refrains existaient avant : les paroles avaient été écrites, les flows étaient déjà en place…
De façon générale, quels sont les premiers retours ?
Nico : Le premier single qu’on a lancé "Le Triomphe de la Mort" est vraiment dans la veine de The ARRS donc les gens qui connaissaient et aimaient The ARRS ont été satisfaits. C’est un morceau fort que l’on a vraiment envie de jouer en live. "Mon Epitaphe" a quant à lui eu quasiment que des bons retours ! Les quelques mauvais concernent le refrain et sa structure...
Vous êtes passés du label Season of Mist à Verycords. Pensez-vous que le label de Dick Rivers soit adapté pour promouvoir la brutalité noire de The ARRS ?
Nico : Si ce n’est pas un label metal niveau groupes pour l’instant, c’est bien un label innovant ! Medhi (NdStruck : El Jai) qui a créé le label est quelqu’un bien en place dans le milieu metal, il a notamment travaillé avec Rammstein. Et quand un mec qui connaît la chanson comme lui, vient te dire qu’il veut produire un album avec toi, tu ne réfléchis pas !
Ce nouvel album que l’on peut considérer comme un nouveau départ me fait fortement penser à AqME. Qu’en pensez-vous ?
Nico : J’avoue que ce n’est pas ultra-choquant…
Stefo : … Vincent, il cartonne…
Nico : … mais je pense que les fans de base doivent s’accommoder !
Stefo : Au final, nous n’avons pas changé les musiciens qui sont généralement les plus regardés et les plus attendus. Autant avec Paskual ou Jérôme, c’était faisable, autant on ne pourrait pas le faire avec Nico. C’est l’icône du groupe !
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14 ans après la création du groupe, hormis le line-up qu'est ce qui a le plus changé pour vous?
Stefo : Moi pour être franc…
Nico : … Ce qui n’était pas le cas avant (Rires)…
Stefo : … J’ai plus ou moins découvert le groupe avec son premier album en 2005. Je n’étais pas sur Paris à l’époque et The Arrs avait une image de parisiens arrogants qui ne m’attirait pas. Ce n’est qu’en 2007, lorsque je suis monté sur l’ile de France et que je les ai croisés, que je me suis rendu compte que l’image que j’avais de Paris et des parisiens était faussée. Au final, beaucoup de choses ont changé mais une chose est restée la même : l’authenticité. J’ai envie de dire que comme le concept de l’album, il n’y a pas de révolution, juste une évolution ! On a réussi à prendre ce qui était bon dans les premiers albums et en faire une sorte de mix pour nous ouvrir au maximum !
Un best-of quoi (Rires) !
Nico : Non mais c’est vraiment ça ! D’ailleurs on l’a traduit dans les paroles : si tu prends chaque texte, il y a un ou deux mots extrait(s) d’une autre chanson ! On a fait un petit best-of de ce qu’on savait faire (Sourire) !
Si vous deviez choisir un titre de votre discographie pour faire découvrir la musique du groupe, ce serait lequel ?
Nico : Aie ! On est très mauvais pour choisir des singles ou des trucs comme ça !
Phil : "Ma miséricorde" parce que j’adore la jouer !
Stefo : Donne un morceau du nouvel album !
Phil : Ah oui (Rires) ! Bah ça serait "Indigné" ! C’est vrai que la dernière compo de l’album a fait un peu débat à l’intérieur du groupe ! C’est la dernière qu’on a faite, un peu dans l’urgence…
Nico : … terminée en studio…
Phil : Ce ne sont pas des paroles qu’on a l’habitude d’entendre dans The ARRS.
Nico : Ils m’ont laissé carte-blanche et pour le coup, je me suis fait plaisir (Sourire) !
Stefo : Au début, ça nous a fait un petit peu peur. On s’est même posé la question de savoir si on allait la mettre ou pas dans l’album et finalement, une fois qu’on l’a terminé, mixé, masterisé… on a pris la décision de la garder !
Nico : Et en plus on est beaucoup plus tranquille pour partir sur des nouveaux thèmes sur le prochain album.
Vous pensez que "Indigné" est l’évolution musicale et thématique du prochain album ?
Nico : Oui, oui, je pense qu’on va pouvoir repartir sur des riffs old-school avec des thèmes vindicatifs ou rentre-dedans, peut-être moins métaphoriques dans le texte.
Stefo : Pour moi, ce titre n’est pas ce que fait The ARRS habituellement. Cette chanson, quoi qu’il arrive, va faire réagir les gens, en bien ou en mal, et les pousser à réécouter le groupe. On a hâte d’avoir des retours à son sujet.
Nico : De ce que l’on a constaté, notamment avec nos amis à qui on a fait écouter cet album, ce titre est comme un petit coup de frais. Il semblerait que les gens aient envie de remettre l’album au début pour s’en imprégner un peu plus.
Vous disiez être impatients de faire découvrir ces compos au public mais je suppose que vous êtes également impatients de les jouer sur scène. Des dates sont-elles déjà prévues ?
Nico : Oui, 8-10 dates sont prévues pour la fin de l’année. Puis on va faire une petite pause pour travailler le visuel et on reviendra en février. Mais il y a des petites surprises qui arrivent pour la fin de l’année !
Quel est votre meilleur souvenir de musiciens ?
Nico : Ma rencontre avec Phil (Rires) !
Phil : L’anniversaire de Nico : je me suis réveillé avec The ARRS sur le visage : c’est comme ça que j’ai compris que j’étais dans le groupe (Rires) !
Nico : Le Trabendo reste un truc de fou ! Je ne vais te mentir mais jusqu’à maintenant, il n’y a rien eu de plus incroyable. On n’avait pas joué depuis 6 mois et tout était plein ! On était dans un état second tellement on était stressé ! Vu que c’était capté en vidéo, tout le monde a fait en sorte de nous mettre à l’aise et tout s’est déroulé dans les meilleures conditions !
Stefo : En tant que musicien, j’ai envie de dire que mon meilleur souvenir reste le jour où j’ai reçu le mastering de ce nouvel album. J’étais très satisfait du résultat !
Nico : Le mix a été fait par Magnus Lindberg (NdStruck : Cult of Luna) et au final, on est resté dans l’occulte (Sourire) !
Stefo : Il avait déjà fait un très bon mix sur le précédent album mais avec lui on ne sait jamais ce que ça va rendre, quel résultat tu vas obtenir. Quand j’ai reçu les pistes, j’étais vraiment content car je me suis rendu compte qu’on avait un sacré bel objet !
Phil : J’ai envie de dire la même chose parce que j’ai joué dans des groupes mais ce n’est jamais allé aussi loin que ce qui s’annonce. Et le jour où je me suis réveillé complètement beurré avec The ARRS marqué sur le visage, je me suis dit que ça allait être marrant (Rires) !
Vous avez évoqué votre meilleur souvenir, au contraire, quel pourrait être le pire ?
Nico : Le réveil de Phil le lendemain de son intronisation et la gueule de bois qui a suivie (Rires) !
Stefo : Là récemment, j’ai envie de dire MyRock le 16 janvier 2012…
Nico : … Il était angoissé ni plus, ni moins…
Stefo : On a eu des problèmes techniques en début de set – ça arrive parfois – ce qui nous a angoissé tout le concert ! Et il était court, 35 minutes je crois…
Nico : … Il a vécu les minutes les plus longues de sa vie (Rires) !
Stefo : Non mais quand tu commences par une double pédale et qu’elle saute au bout de 5 secondes alors que toute ton introduction est basée là-dessus…
The ARRS unplugged !
Stefo : (Rires) C’est plus ou moins ça ! Finalement le concert s’est bien passé mais on l’a très mal vécu intérieurement !
Nico : Pour revenir à ta question, je ne vais pas être très fun mais je vais dire l’annonce du départ de Paskual…
Stefo : Ok, j’ai compris !
Nico : Mais il est jaloux, c’est incroyable (Rires) ! Non ça n’a rien à voir avec Stef et compagnie mais quand ton meilleur pote t’annonce qu’il se barre à 800 bornes et qu’on se verra nettement moins, ce n’est pas très marrant… A part ça et hormis l’horrible squat de Montrouge dont on a déjà parlé mille fois, rien de plus (Sourire).
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On a commencé par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je vous pose ?
Nico : J’aime bien qu’on me pose des questions sur les textes. J’aime bien quand quelqu’un du public ou des médias me pose une question sur un texte qu’il l’a choqué, qui lui a plu…
Stefo : Vu qu’on chante en français, on ne peut pas se permettre d’avoir la même construction que les anglais où ils mettent trois phrases dans une chanson et la répète un coup à l’envers, un coup à l’endroit… Il y a beaucoup de métaphores, de réthorique dans les textes de Nico…
Nico : D’ailleurs, on va bientôt sortir un bouquin avec tous les textes illustrés par des artistes (Rires) !
Stefo : Non mais c’est vrai que c’est intéressant d’expliquer le message qui se dégage.
Et justement quel est le texte qui te tient le plus à cœur ?
Nico : Ce n’est pas évident parce que tous les textes que j’ai pu écrire en majorité me tiennent à cœur car ils sont très perso. Je dirais "Prêcheur" qui est très famille ! C’est le plus positif de tous, limite celui que je préfère car je n’ai pas l’habitude de d’exprimer ce genre d’émotions !
C’est assez contradictoire. Le texte le plus marquant d’un groupe à la teneur globalement obscure est un texte positif.
Nico : Encore une fois, j’étais persuadé que notre dernier album était positif. C’est après l’avoir fini qu’on s’est aperçu qu’il devenait de plus en plus noir ! Je n’ai pas réussi à mettre la touche de "la vie est belle". Je l’avais en tête, c’est notamment le thème de la renaissance : être au pied du mur et pouvoir se relever, passer à autre chose et en fait, je suis resté au pied ou au-dessus ! Sur cet album, je suis arrivé en haut du mur, dos au beau et contemplant tout ce qui était derrière moi ! Peut-être le prochain ?
Oui, un prochain album avec un titre "La vie est belle" avec des refrains à la Kyo !
Nico : (Rires) Oh la vache ! En fait, j’ai du mal à faire des mélodies sympas avec des textes sympas. Il faut qu’il y ait un contraste !
Phil : En fait on peut pas faire plus joyeux que ce que nous avons fait (Rires) !
Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves ?
Nico : Achetez nos CDs (Rires) !
Stefo : On a vraiment hâte d’être sur scène et on invite les gens qui ne nous connaissent pas à venir nous découvrir en live. Il parait que c’est là que l’énergie du groupe est la plus intense !
Nico : Pour tous les lecteurs : persévérance… en tout : qu’ils soient musiciens ou passionnés…
Et dans l’écoute de The ARRS…
Nico : (Rires) Oui, il faut persévérer !
Merci
Nico : Ca a été un plaisir !
Un grand merci à Sabrina de Verycords ainsi que Noise pour sa contribution...
Plus d'informations sur http://www.thearrsmetal.com/home.php