Depuis le temps que Music Waves vous (pour)suit, c’est un plaisir d’enfin pouvoir parler aux membres de Memories of a Dead Man. Justement depuis le temps, on a vu le groupe grandir et depuis quelques temps ne plus arrêter de tourner comme ce soir avec TesseracT ou vendredi dernier pour les 10 ans du collectif Klonosphere... première question comment vous sentez-vous à quelques minutes de rentrer sur scène ?
Ben Debrun : Chaud patate ! C’est plutôt cool, on a fait des balances assez rapides mais qui se sont bien passées ! On n’avait pas de chant donc c’était homogène, propre (Rires) !
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Comment expliquez-vous cette nouvelle popularité : la signature sur Klonosphère, la production d’Etienne Sarthou, le changement de line-up et la présence d’Audrey ou que les chroniques de Music Waves jouent leur rôle de prescripteur ?
Ben : (Rires) Je pense que ce sont surtout les légendes qui tournent autour de Memories of a Dead Man notamment une dont Tony est à l’origine…
Tony Garcia : Ah bon ?
Pierre Duneau : Oui avec ta maman !
Tony : En fait, il y a eu beaucoup de travail de communication dont Ben est l’instigateur. Et puis le fait d’avoir un peu tourné à droite à gauche, partout en France, ça a aussi permis de fidéliser un public !
Ben : Enfin, on parle de trois personnes qui nous suivent (Rires) !
A ce titre, arrêtez-moi si je m’égare mais je considère que j’ai cité 3 éléments qui justifient la force de MOADM à savoir le lien avec Klone et Klonosphere (Yann Ligner qui chante sur l’EP), avec AqME (Thomas et Julien qui jouent sur le précédent EP et Etienne produit le nouvel album) et le soutien indéfectible des webzines à commencer par Music Waves : êtes-vous d’accord ?
Ben : Tout ça joue un petit peu. Après quand on veut des choses de qualité, il faut travailler avec des gens qui ont un peu plus le pied dans le milieu et c’est ce qui s’est passé avec Etienne avec qui on retravaillera par la suite. Pour tout te dire, c’est même déjà prévu !
Et puis la Klonosphère, c’est pareil : c’est la continuité ! Avec Guillaume (NdStruck : Guillaume Bernard, guitariste de Klone et principal artisan du collectif Klonosphère), on se connaît un petit peu, on échange pas mal… Et il a accroché à "V.I.T.T.R.I.OL.", il a décidé de le sortir. On a joué ensemble ce week-end, on a même fait un morceau avec Yann : c’était vraiment cool ! Au final, je pense que c’est une question de temps, de timing…
A ce titre, je considère que l’EP "Maze" se pose comme l’EP angulaire de la jeune carrière du groupe parisien et dès lors, son successeur "V.I.T.R.I.O.L. » ouvre un nouveau chapitre de la jeune saga MOADM qui poursuit lentement mais sûrement son introspection métallique, qu’en pensez-vous ? Etes-vous d’accord ?
Ben : Pour moi, c’est clair que oui !
Pierre : Forcément, pour moi et les quatre autres membres aussi vu que nous sommes arrivés pour "V.I.T.R.I.O.L.". Il ne reste plus que Ben !
Ben : C’est sûr, il s’est passé quelque chose sur ce disque-là ! Pas forcément dû au featuring mais c’était un peu plus posé, moins sombre que "Beyond the Legend". On a continué à éclaircir sur "V.I.T.R.I.O.L." et on va beaucoup plus éclaircir encore pour la suite !
"En bref, telle l’introspection déclinée dans cet album, Ben Debrun en compagnie de sa nouvelle bande prouve qu’il a su tirer les leçons du passé et ainsi nous proposer avec "V.I.T.R.I.O.L." l'acide quintessence de la musique de MOADM" mais cette maturité est assez contradictoire quand on sait que le line-up a été remanié dans sa totalité comment l’expliquez-vous ?
Ben : Je dirais que c’est dû à Tony. Le mot maturité est synonyme de Tony chez nous (Rires) !
Quels sont les retours du public ?
Ben : Plutôt très bons. Par rapport aux trois disques précédents, je pense que les gens le mettent au-dessus mais on a pris plus notre temps au niveau de la qualité et de la production : on a mis quatre semaines pour tout faire ! Alors que "Maze", on a tout enregistré en cinq jours, mix inclus ! Je pense que ça joue pas mal !
La réelle bonne surprise de cet album et ce qui faisait –à mon sens- principalement défaut dans les précédents opus (sauf le titre "The Other Way Around") est le chant de Pierre Duneau. Ben, où as-tu trouvé la perle rare ?
Pierre : (Rires) Dans un caniveau !
Ben : Je vous laisse raconter l’histoire parce que quand je le fais, personne ne veut me croire !
Tony : En fait, on jouait dans un projet avec Ben…
Ben : … un groupe dont on a tous oublié le nom…
Tony : … ça s’appelait Fallen Angel, un groupe de rock. Et lors d’un concert, on rencontre Pierre attablé à un bar…
Ben : … moi, j’aurais dis avachi !
Tony : Exact, on rencontre Pierre écroulé sur un bar (Rires) et comme on aime discuter avec les gens, Ben rencontre Pierre et au regard de son look lui demande si il ne serait pas intéressé par un petit cd de "Maze".
Pierre : Je voulais qu’il me le donne mais il ne voulait pas. Et ça me faisait chier d’acheter un cd que je ne connaissais pas même si la pochette me plaisait ! Et je leur dis : "Ca ne se fait pas de mettre une pochette de Neurosis sur votre cd !" (Rires) ! Du coup, Ben ne l’a pas bien pris donc on a bu des bières et on a passé le deal suivant : je lui payais deux pintes et il me filait son cd ! Tu sais comment ça se passe avec les pintes, ça ouvre les conversations, d’ailleurs, on ne se souvient pas de toutes (Rires) !
Tony : Et de fil en aiguille, comme nous recherchions un chanteur, on lui a proposé d’auditionner pour le poste.
Ben : Sachant qu’on en avait un petit peu marre, on avait déjà vu cinquante à soixante chanteurs sur presque un an et demi…
Le hasard fait bien les choses !
Pierre : Et l’alcool aussi (Rires) !
On parlait de cohésion qu’on retrouve sur certains titres comme "Meshi’ha" où Audrey pose ses lignes de chant qui donne à l’ensemble un côté plus clair et frais…
Ben : Oui, tout à fait !
Audrey Henry : Merci !
Ben, dans ces conditions, as-tu changé ta façon de composer en tenant compte de la richesse des talents de tes nouveaux camarades ?
Ben : Non parce que quand ils sont arrivés, tout était déjà composé !
Et comment ça s’est passé ?
Pierre : Ben m’a balancé toutes les pré-prod’ qu’il avait enregistré avec Etienne et m’a laissé libre de mettre les textes que je voulais et au niveau chant, les mélodies que je souhaitais. J’ai fait avec ce qu’il m’a donné mais ça s’est fait assez naturellement puisque ça m’a parlé de suite ! Et concernant Audrey, certaines lignes ont été mises en place par elle-même sinon on communiquait tous les deux !
Ben : Il faut dire que vous vivez ensemble !
Pierre : Oui, nous vivons ensemble depuis 20 ans (Rires) !
Audrey : 22 ans !
Pierre : Oui, demain 22 ans exactement !
Même si ça ne se fait pas trop : bon anniversaire !
Pierre : Merci ! Tiens pour le coup, on s’embrasse (Rires) !
Tony : Et tu vas te prendre une claque (Rires) !
D’une autre façon est-ce que tu as pensé à jeter l’éponge au gré des changements de line-up ?
Ben : Oui, bien sûr ! C’est un peu normal d’autant qu’avec Julien (NdStruck : Julien Taubregeas, second membre fondateur de MOADM), on s’était dit que si l’un de nous deux partait, le groupe s’arrêtait ! Mais là, ça tombait plutôt mal parce que "V.I.T.R.I.O.L." était en cours et Julien était justement là pour "V.I.T.R.I.O.L.". Mais pour diverses raisons, il était temps pour lui de passer à autre chose… C’est vrai que Memories of a Dead Man a toujours été plus mon projet mais au final, c’est toujours difficile pour une personne d’avoir une place de leader quand il y a déjà un leader. Je pense que ça lui posait problème !
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Pourrait-on résumer les problèmes de line-up à des problèmes d’ego ?
Ben : Non ! Pour l’ancien chanteur, c’était un problème de travail ! Non, à part Julien !
A l’inverse, les autres membres, comment est Ben ? N’est-il pas imbuvable expliquant les changements de line-up ?
Tony : Non, non, ça va ! On connaît le caractère de Ben donc on sait ce qu’on peut faire ou ne pas faire !
Pierre : En fait, pour qu’on reste, il a pris une fille dans le groupe… et nous sommes restés (Rires) ! Non mais quand on a vu les pré-prod’ que Ben avait pu faire, on s’est dit que ça serait dommage que Memories of a Dead Man s’arrête là-dessus alors qu’il y a un énorme potentiel ! Donc, on a tous taffé à fond pour montrer que Ben n’était pas seul et que nous allions défendre avec lui le nouvel album !
Tony : Du coup, Ben était content, il a versé sa petite larme et on est tous parti ensemble (Rires) !
"V.I.T.R.I.O.L." était déjà composé avant la mise en place du line-up actuel, je suppose que vous êtes impatients de travailler sur de nouvelles compos ?
Ben : Ca se fait en ce moment !
Pierre : On est en plein dedans !
Un des autres éléments qui font de MOADM particulier aux yeux de Music Waves est outre sa musique, son fascinant visuel. Comment appréhendes-tu un album ? comme un film ?
Ben : C’est marrant parce qu’à la base, le tout du début du projet qui s’appelait My 3n3my était composé que de musiques, il n’y avait pas de chant, c’était destiné pour des images !
Et pourquoi ne pas être allé au bout de cette démarche ?
Ben : Parce que c’est difficile et finalement, l’aventure avec un groupe me branchait plus que d’être un requin de studio…
Est-ce que c’est difficile quand on est français de s’imposer en France quand on fait du postcore, genre très prisé partout dans le monde, surtout quand on connait la difficulté du public français à soutenir ses groupes ?
Tony : On peut dire plus simplement que c’est difficile de faire de la musique en France ! Les radios te formatent à un produit et du coup, malgré toi, tu es un mouton qui va suivre. Attention, ce n’est pas péjoratif, je dis juste qu’on t’impose quelque chose et à force de l’entendre, tu finis par l’apprécier.
Mais inversement, et je parle de mon expérience, mes albums préférés sont aussi ceux que j’ai peut-être le plus détesté à la première écoute… En clair, si on ne s’impose pas une écoute approfondie et répétée, on ne peut pas apprécier la musique…
Pierre : Oui mais les gens ne s’imposent plus rien aujourd’hui : s'ils n’aiment pas dès la première écoute, ils jettent et passent à un autre album… Il y a tellement de choix !
Ben : Malgré tout, je te rejoins sur ce point : généralement, les meilleurs albums ne sont pas ceux dans lesquels tu entres tout de suite parce que c’est compliqué ou pas formaté… Mais la majorité des gens ne font pas cet effort !
Comment jugez-vous le premiers MOADM datant d’il y a 5 ans maintenant ? Avec l’expérience, changeriez-vous certaines choses ? Toi, Jean-François qui n’a pas encore parlé ?
Jean-François : Je ne les ai jamais écouté (Rires) !
Ben : Jean-François vient de parler (Rires) !
Et toi, Ben ?
Ben : J’en parle souvent avec eux et plus particulièrement Tony. Oui avec Tony, on se voit souvent, je vis avec sa maman (Rires) ! Plus sérieusement, avec le recul, je ne suis pas très content de "Beyond the Legend" : je n’ai pas eu le temps de faire ce que je voulais niveau arrangement… Il est sombre, brut mais il aurait fallu mettre d’autres choses. Donc, c’est plus ce disque-là qui me chiffonne un petit peu. Même si j’aime beaucoup les titres sur l’ensemble, la production ne me plait pas. On en parlait aussi avec Julien : on avait des regrets, on est allé beaucoup trop vite par manque de temps, d’argent…
7 ans après la création du groupe, hormis le line-up qu'est ce qui a le plus changé pour vous?
Tony : Le line-up (Rires) !
Ben : Hormis le line-up ?
Tony : La barbe ! Avant Ben était rasé (Rires) !
Ben : Moi, j’ai connu Tony avec les cheveux longs, il y a 7 ans (Rires) !
Tony : Et tu vois le bordel maintenant (Rires) ! En fait, je suivais Memories of a Dead Man en tant que fan avant d’intégrer le groupe à la fin de l’année 2010…
Ben : … et il finira en tant que cuisinier (Rires) !
Tony : En fait, depuis le premier EP de Memories of a Dead Man, on a partagé la scène ensemble avec un groupe que j’avais à l’époque. On a partagé plein de dates, plein de choses amicalement… et c’est comme ça que les liens se sont resserrés…
Ben : … mais on ne va pas en reparler (Rires) !
Que peut-on attendre et vous souhaiter pour la suite ?
Tony : Un mariage pour Audrey et Pierre (Rires) !
Audrey : Ah non, les mariages, j’ai donné !
Pierre : Un Pacs, c’est mieux chérie ?
Audrey : On va réfléchir encore un peu mais on y pense !
Ben : On espère faire une bonne tournée européenne.
Tony : On a eu des dates en Belgique mais il faudrait se greffer à un groupe avec qui on pourrait jouer, tourner…
Ben : Un groupe avec qui ça collerait vraiment mais on sait très bien qu’on ne jouera pas dans des superbes salles, non plus…
Mais c’est une ouverture vers le marché européen…
Ben : Tout à fait ! Nous attendons ça !
Si vous deviez choisir un titre de votre discographie pour faire découvrir votre musique à quelqu’un qui ne la connaîtrait pas. Quel titre choisiriez-vous et pourquoi ?
Audrey : Il y a plein de bien !
Ben : Oui mais il y en a aucun que j’aime (Rires) !
Pierre : Personnellement, j’aime bien "On The Heights Of Despair". Je trouve qu’il y a une ouverture par rapport à ce qu’on fera peut-être plus tard.
Ben : C’est vrai et c’était le but de ce titre-là ! D’ailleurs, on l’a fini tous les deux…
Pierre : … deux ou trois mois après le reste !
Ben : En fait, il devait y avoir un invité sur cet album et il devait faire la voix sur ce titre mais ça n’a pas pu se faire.
Jean-François : "Single Thought And Emptiness Wishes" parce qu’elle est glauque !
Ben : Moi, mon titre c’est "Inri" parce qu’il n’y a pas beaucoup de chant (Rires) !
Tony : Moi, c’est pareil !
Quel est votre meilleur souvenir d’artistes ?
Tony : J’ai bien aimé le concert avec le groupe canadien…
Ben : … Anonymous…
Tony : Exact, Anonymous ! J’ai bien aimé aussi le festival en Belgique avec le groupe belge Spitdown, super sympa ! Et vendredi soir, on a vraiment passé une super soirée !
Ben : Humainement, c’était mortel ! Musicalement mais aussi humainement : Yann est monté sur scène et a vraiment pris du plaisir à le faire ! On a tous kiffé !
Au contraire quel pourrait être le pire souvenir ?
Ben : La rencontre avec Pierre (Rires) !
Tony : Ben doit s’en souvenir, je dirais Pierrelaye ! On a fait un festival à Noël à Pierrelay où les gens payaient leur place en jouet pour enfants.
Ben : Et en fait, ils sont tous venus avec de l’alcool (Rires) !
Tony : Je me souviens, on est arrivé à 16h30 et ça ne tenait déjà plus debout ! Et alors que nous demandions qu’on nous cale nos balances, le mec nous dit : "Installez-vous !", il s’est mis sur la table de mix et au bout de 30 secondes, il s’est barré (Rires) ! Ce concert a été monstrueux, ça a été le pire de tous !
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Ben : En ce moment ? Si Audrey et Pierre sont ensemble ?
Pierre : On ne veut pas trop y répondre avec Audrey, on est pudique (Rires) ! Il faut arrêter de nous poser cette question !
Au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Ben : C’est vrai qu’on ne pense pas à ça !
Tony : Moi, je lis beaucoup la presse guitare et on ne nous demande jamais ce qu’on utilise comme matériels !
Pierre : Mais tu n’es pas endorsé ?
Ben : Allez, dis-le, dis-le ce que tu utilises (Rires) !
Tony : Mais j’aime bien parler technique (Sourire) !
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Allez, c’est la minute technique de Tony !
Tony : Alors guitare ESP, un accordeur Mesa-Boogie et puis pédale Boss !
Ben : Super (Rires) !
Pierre : C’était la seconde technique !
Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves ?
Audrey : Venez-nous voir aux concerts, on boira des bières !
Ben : Oui, bougez surtout ! Nos concerts marchent bien actuellement mais on se rend compte que les gens ont eu peu plus de mal à sortir de chez eux en ce moment ! Continuez à soutenir la scène !
Pierre : Et les concerts ne sont pas si chers que ça !
Ben : Oui, pour les groupes émergents, semi-professionnels, les concerts sont abordables. A contrario, j’hallucine de voir que les gens sont prêts à mettre 70 euros pour voir une chanteuse faire du play-back…
Audrey fait du play-back et vous faites payer vos concerts 70 euros ?
Pierre : Oui mais il y a un show ensuite ! On n’en parle pas mais il y a un show (Rires) !
Audrey : Il y a plein de guests avec leur maman (Rires) !
Merci beaucoup !
Ben : Merci à toi et à Music Waves !
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