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TITRE:

MIKE TRAMP (27 MARS 2013)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Chaque chanson, de White Lion à ce jour, a été écrite à la manière de "Cobblestone Street"
STRUCK - 27.05.2013 -
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Tout d'abord, comment vas-tu ?

Mike Tramp : Très bien, c'est une sorte de nouveau départ pour moi. J'ai l'impression pour la seconde fois dans ma vie que tout ce que je fais m'appartient vraiment et que c'est moi à 100%. Je n'ai pas besoin de mettre un masque ou des vêtements Rock'n'Roll pour devenir quelqu'un. A la maison comme sur scène, je reste le même et c'est fort appréciable.

Fut une époque, j'étais cette grosse star américaine jouant dans un groupe de Rock et je faisais de très gros shows (ndlr : Mike tramp fut chanteur de White Lion dans les années 80 et 90) mais pour autant, je ne finissais jamais dans les bars et les clubs. Je préférais largement me mettre en relation avec de vrais amis, partir dans la nature, en montagne, faire du snowboard et ce genre de trucs.

Maintenant, je n'ai plus cette impression d'être deux personnes différentes, je suis moi, tout simplement. Je suis originaire du Danemark et je n'ai jamais perdu de vu mon respect pour les gens, le monde, la simplicité... même si je ne renierai jamais mes 21 années passées aux USA.


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Le musicien que tu es sur scène est donc aujourd'hui très proche de la personne que tu es dans la vie ?

Oui c'est ça ! Pour moi, la réalité a un vrai sens aujourd'hui. Par exemple, là tu me poses des questions et j'ai envie d'y répondre avec sincérité alors que dans les années 80 tout était de l'Entertainment, du spectacle. Tout allait à une vitesse folle. Nous avions 5 minutes pour divertir les gens et nous devions filer pour autre chose. C'était la grande époque à la David Lee Roth : le show permanent ! Aujourd'hui, j'ai le temps de me poser et de réfléchir avec toi. Parler de choses sérieuses, de choses graves, cela fait aussi partie de ma vie d'artiste.


Avec White Lion tu travaillais déjà sur des sujets assez cérébraux. Cette continuité sur les sujets sérieux est donc logique

Exactement ! Parce que ce que tu as appris en étant gamin, tu le gardes finalement toute ta vie. Ton enfance t'influence tout le temps. Mon père m'emmenait dans la nature pour chasser chaque dimanche matin et cela a eu une influence sur moi. J'ai grandi avec la fin des années 60, j'ai connu la séparation des Beatles, Woodstock, la guerre du Vietnam. J'étais trop jeune pour comprendre mais ce que j'ai compris c'est que la vie continuait.

Aux USA, personne ne lit le journal et à moins d'allumer sa télé, on peut vivre sans rien savoir sur ce qu'il se passe dans le monde. Au Danemark, je voyais mon grand frère et ses potes qui partaient manifester contre le pouvoir nucléaire qui se mettait en place en Suède. Et des titres comme 'Little Frighter', 'When The Children Cry', 'Cry For Freedom', 'Broken Home' sont les reflets de ce vécu. Quand j'enregistrais ces titres en studio avec White Lion, les autres se posaient des questions du genre : "Tu nous fais quoi là ? Sauver les baleines n'a rien de Rock n'Roll !" Et pourtant c'était ce que j'avais envie de transmettre aux gens.


Tu sembles avoir vécu pas mal de choses différentes dans ta vie. Mais te considères-tu comme une légende musicale ?

Non, bien sûr ! Mais je sais que je suis perçu ainsi par certaines personnes. C'est incroyable de se dire qu'avec toutes ces années, après de longues absences, je retrouve des fans qui sont aujourd'hui mariés, qui ont des enfants et qui restent touchés par mes messages, des messages qui correspondent bien à leur quotidien. Mike Tramp a aussi des enfants, des difficultés dans la vie… Les fans qui m'écoutent se retrouvent dans mes chansons. Et tout cela est complètement honnête.

Je ne peux pas revenir 40 ans après et te parler des mêmes choses. Les mecs de 65 balais qui font des chansons sur des jeunes nanas, je trouve que ça craint. Moi, je parle d'une vie brisée, de mon envie de voir grandir mes enfants, des rues de mon enfance. Je veux mettre ces moments là en chansons, toutes ces années, toute cette vie, par le biais de métaphores s'il le faut. Je n'ai pas envie de fuir et j'ai des choses importantes à dire sur ma vie, ma culture, mes influences.


J'ai lu que tu qualifiais ce nouvel album d'album rêvé, celui qui se rapproche le plus de ta conception de la musique. Comment un chanteur à la carrière aussi longue et aux 20 albums peut dire ça ?

C'est toujours très difficile, surtout quand tu es en rapport avec les magazines de Rock et le monde du Hard Rock. Tu dois rentrer dans des cases et faire des choses bien précises pour être apprécié. Un musicien de Hard Rock ne peut pas parler de football par exemple ! Mais les gens ne savent pas toujours ce que tu es vraiment ! Mais le fait est bien là : chaque chanson, de White Lion (et avant même) à ce jour, a été écrite à la manière de "Cobblestone Street". C'est ce que je suis ! Il n'y a pas de "Mike Tramp fait un album acoustique" ou de "Mike Tramp Unplugged" et toutes ces conneries. Arrivé en studio ça se passait souvent à l'américaine avec de grosses guitares et un gros son de batterie. Ce coup-ci j'ai eu le cran de dire : "Non, je vais le faire à ma façon !"


En fait tu as composé comme a ton habitude mais tu n'y a rien ajouté, tu les as laissées en l'état c'est ça ? Juste toi et ta guitare

Oui, c'est ça ! Je n'ai jamais eu de prof de musique mais on m'a fait écouter "Knockin' On Heaven's Door' de Dylan en me disant qu'avec 5 accords, on pouvait tout faire passer ? Et j'ai fait toutes mes chansons avec ces cinq accords. De la même façon que chaque matin de ta vie tu te lèves et tu prends ton café, de la même façon qu'un écrivain va toujours utiliser le même stylo et le même papier pour commencer à écrire, moi je débute toujours le travail de mes chansons ainsi. C'est le seul moyen d'exprimer clairement qui je suis.

Je ne me suis jamais éloigné de cela. Après le groupe arrive et nous formons un tout et le titre sonne un peu différent forcément, comme quand je jouais dans White Lion, mais cela n'enlève rien au fait que j'ai mon propre son, mon propre style. Si je devais un jour collaborer avec Tony Iommi de Black Sabbath, je peux te parier ce que tu veux que je ne chercherais pas à copier Ozzy ou Ronnie James Dio.


Le reflet de ton discours est celui d'un artiste très intègre alors pourquoi avoir participé à un ersatz de White Lion ?

Ce sont des choses qui arrivent dans le monde de la musique et du show business et souvent la pression y est très forte. C'est presque une mauvaise excuse mais il a fallu que je le fasse pour me rendre contre que j'avais eu tort. Pourtant je joue des titres de "Return Of The Pride" actuellement car ils ont été écrits de façon acoustique. 'Sangre De Cristo' et 'Battle At Little Big Horn' sont des titres épiques et très en lien avec mon nouvel album. Je dois d'ailleurs m'excuser pour cela mais ce n'est que lorsque je les ai entendus que je me suis rendu compte qu'ils n'avaient rien à voir avec White Lion.


Est-ce pour tout cela que ce nouvel album est si bon ?

Sans le moindre doute. Cet album est là pour de nombreuses raisons. Les titres en eux même n'en sont pas la raison car ils seront du même tonneau dans le prochain album solo. On pourra sentir une progression bien entendu dans le message et le travail de groupe mais ce qui fait que cet album est bon c'est qu'il n'était pas prévu. Je voulais juste retourner en studio avec des amis et enregistrer ces titres qui me tenaient à cœur. Nous voulions faire quelque chose d'honnête, de simple, sans la moindre pression ou intention marketing : guitare et vocaux. Après nous ajoutions un peu de piano puis nous filions tout écouter mais ça n'allait plus, la magie n'était plus la même. Tu sais le premier jour, j'ai mis en boite quatre titre avec juste ma voix et ma guitare. C'était très égoïste au final car j'ai tout enregistré uniquement pour le plaisir.


Cette liberté doit être à l'origine de toute l'émotion qui se dégage de l'album.

Oui, pour moi il n'y a rien de plus fort dans la vie d'un artiste comme d'un politicien que la vérité. Combien d'entre nous attendent un véritable "Je suis désolé" de la part d'un président par exemple ? Le moindre mot dans cet album parle de moi, de mon regard sur mon passé, des difficultés de mon mariage, du fait d'avoir mes enfants loin de moi. J'avais besoin de faire ce voyage introspectif. Ce rêve que j'avais en 66 lors de l'enregistrement de mon premier album, c'était de pouvoir proposer un jour un album comme "Cobbletone Street". Un peu comme si j'avais à vivre une vie pour pouvoir l'écrire.


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Tu dis ne pas avoir eu de pression pour cet album mais comment te sens tu aujourd'hui en pleine promo et à la veille d'un concert avec Beth Hart à l'Olympia ?

Serein. Je viens ici, je prends ma voiture, je me rends sur le lieu de concert, je fais mon soundcheck, je sors, donne des interviews… Je fais tout par moi-même, sans jouer le moindre rôle, et de ce fait, je ne suis pas nerveux.


Ca te fait quoi d'ouvrir pour une dame dont le titre du dernier album est "Bang Bang Boom Boom" ? (ndlr : 'Boom Boom' étant un titre de Mabel de 1978, groupe dans lequel chanta Mike et qui reçu un prix au Danemark)

(Rires)… C'est incroyable de se dire que j'ai pu chanter une chanson qui s'appelait 'Boom Boom'. Mais Beth le fait bien mieux que moi (il fredonne le refrain). C'est l'un des mystérieux hasards de la vie ! Mais tu sais, je joue certain soir devant une assemblée dans laquelle très peu de gens me connaissent. Pourtant dès le premier titre ils se mettent tous à taper dans les mains. Quelque chose se passe car ils ne font pas ça parce qu'ils ont vu des vidéos sur le net ou lu un papier sur moi, mais tout simplement parce qu'ils ont été interpellés. Et ça c'est la plus belle récompense qu'un artiste peut recevoir en échange de son travail.


Comment juges-tu ta carrière avec le recul, avec un peu de nostalgie ? Tu dis avoir joué devant quelques personnes dans un bar australien. Après avoir rempli des stades avec White Lion, n'est-ce pas frustrant ?

Tu sais, j'ai certains de mes camarades des années 80 - je préfère dire camarades que amis - qui ont vécu des passages très difficiles car ils ne renvoyaient plus l'image des jeunes superstars qu'ils étaient à 28 ans. Ils en ont maintenant 50 et cela leur est difficile de s'accepter comme ils sont désormais. Ils essayent de conserver la même image ou le même son mais ce n'est pareil. Moi je m'accepte comme je suis et cela me va très bien. Les souvenirs du Madison Square Garden ou d'autres hauts lieux du Rock ne sont pas vraiment de bons souvenirs. Par contre mon premier show avec White Lion ou celui en ouverture de Beth Hart, quand tout le monde frappe dans ses mains à mon arrivée, ça c'est un bon souvenir.


Quand tu as débuté avec White Lion, pensais-tu un jour atteindre un tel degré de popularité ?

Quand j'ai monté White Lion, j'avais fui le Danemark, je rêvais de Rock et des Etats-Unis. Peu importe l'accueil que nous faisaient les gens à New York, je vivais mon rêve. Je vivais à 100%, nous ne pensions à rien car tout allais trop vite, MTV se mettait en place et nous étions une partie de la révolution qui était en marche.


Etais-tu préparé à cela ?

Pas du tout. Je croyais l'être mais quand je regarde en arrière, je n'étais pas prêt du tout.


Et imaginons que tu aies l'occasion de tout recommencer. Fonder White Lion par exemple, changerais-tu quelque chose dans ta démarche ?

Ca c'est une question connue mais à laquelle je ne peux répondre. Le passé est le passé et on peut rien y changer. Mais une chose est sûre, c'est que tout ce que j'ai vécu m'a permis d'obtenir la maturité que j'ai aujourd'hui. Mon seul souhait est de rester dans le circuit, encore un peu, pour profiter de ça. Dans les années 80, nous essayions tous d'être drôle, cool, de dire des trucs juste parce que Steven Tyler ou Gene Simmon avait sorti ce genre de chose la semaine d'avant. Aujourd'hui tout ce que je souhaite, c'est être écouté et surtout compris.


Quel est ton meilleur souvenir en tant que musicien ?

Je pense que c'est la magie qui se dégage quand tu composes un titre. Tu rentres chez toi et là, c'est comme une rivière qui coule, le morceau jaillit, se déroule devant toi de façon très naturelle. Je ne me dis jamais que je vais m'asseoir et écrire tel type de chanson. Je ne suis pas une usine à titres. Souvent je joue et au bout de quelques minutes je me dis parfois que c'est la bonne, j'ai une chanson ! Sur mon dernier album, j'aime à penser que les titres sont un peu hors du temps et des modes. 'Cobbletone Street' par exemple parle de cet espace temporel vers lequel nous marchons et qui nous montre les signes du temps qui passe. Elvis est-il vivant ou mort ? Fait-il partie de notre vie ? etc…


Et au contraire quel est ton pire souvenir ?

Le pire !? … 'Boom Boom' (Rires) ! Pas forcement le titre mais toute cette courte histoire autour de lui. Le groupe est en studio, termine d'enregistrer un album de Rock assez noir et soudain le Danemark décide de participer à l'Eurovision. Chaque groupe national propose alors des titres et, poussés par notre maison de disque, nous finissons par faire la même chose. C'est triste pour un groupe de faire quelque chose en quoi il ne croit pas, quelque chose qui ne le représente pas. AC/DC ne va jamais proposer de l'acoustique ! Jouer le titre à l'eurovision ne fut pas un drame, au contraire, mais perdre une partie de nous même c'est ce qui fut le plus triste. Il nous a rendu célèbre et tout le reste fut oublié, nos tendances à la Queen ou Rainbow furent balayées. Nous étions devenu "Pop Corn et Bubble Gum" et non "Marshalls et guitares". En fait, je ne peux même pas de dire au juste ce que nous étions.


Quelle est la question qu'on t'a trop souvent posée et au contraire, celle serait celle que tu aimerais que je te pose ?

Un journaliste m'a dit que je donnais l'impression de toujours sauter sur une occasion pour faire un album et qu'une fois de plus j'allais le faire avec cet "Unplugged". Ce n'est pas un album "Unplugged" mais juste un album de Mike Tramp ! Mon empreinte sur "Cobbletone Street" est la même que dans mes autres projets. C'est comme pour un acteur, une fois qu'il est connu pour un rôle, il va passer le reste de sa carrière à essayer de se libérer de ça !


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Un dernier mot pour les lecteurs et peut être en français ?

C'est un tout nouveau départ et j'ai hâte de vous rencontrer. Je vais dédier une bonne partie de mon temps à ce pays. Merci beaucoup à toi pour cette interview et toutes ces bonnes questions !


Merci à Nestor pour sa contribution et Mr. Blue pour cette retranscription...


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/miketrampofficial/?locale=fr_fr
 
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