Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
MatH : Présentez-vous, pourquoi BlackRain, etc… Parce que bon, pour ça tu lis la bio quoi !
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La question Incroyable Talent (il n'y en aura qu'une!) : Dave est-il venu vous voir en concert, comme il l'avait annoncé ?
MatH : Alors Dave, il n’a pas pu venir ce coup-ci, mais bon on reste en contact avec lui… On va essayer de faire quelque chose…
Max : Il va au moins venir nous voir sur scène.
MatH : On va essayer de faire quelque chose parce que c’est un mec super sympa. Et puis, c’est vrai que pendant l’émission c’est le seul qui est venu nous voir : pour discuter avec nous, pour connaitre nos objectifs… il s’est vraiment intéressé.
Max : En fait il était super intrigué par le groupe…
MatH: Surtout par la voix de Swan. Il disait : "Mais comment fais-tu pour atteindre ces notes-là ?". Il est venu plusieurs fois, il a même pris le piano en disant : "Non mais attends refais-moi cette note là…". Il voulait voir par rapport à ce qu’il arrivait à faire quand il était jeune (Rires)… Gilbert Ozon - à ce qu’on m’a dit - aurait aussi managé des groupes il y a très longtemps… Il s’y connaissait aussi. Mais Dave était clairement le plus intéressé par la musique, il y a eu des trucs coupés au montage (le premier passage était en différé contrairement à la demi-finale et à la finale), et notamment des remarques qui nous ont assez mis sur le cul. Il a quand même une grosse culture musicale…
Max : En tout cas les gars de Freemeantle sont venus nous voir au Bataclan.
MatH : Il y a aussi des mecs de la prod qui sont venus. Et comme on leur avait fait écouter quelques titres avant, on les a vu chanter pendant qu’on jouait et ça fait vraiment plaisir.
Vous avez fait votre première tournée au Japon, 20 dates tout de même ! Comment ça s’est passé ? Comment vous avez fait, vous aviez une démo ? Un EP ?
MatH : On avait sorti un album sur un obscur label…
Max : Oui obscure c’est le mot oui… (Rires)
MatH : Un label qui en avait tiré que quelques exemplaires et qui n’avait donc rien envoyé au promoteur là-bas. On est donc parti au Japon sur un gros coup de bluff. On s’est inventé un faux manager qui était un pote encore plus jeune que nous à l’époque. Lors de notre arrivée, on avait perdu nos instruments à l’aéroport… Quand le mec nous a vu arriver là-bas, il s’est dit : "Mais c’est qui ces gars là ?"…
En fait, on a appris la scène au Japon. On nous a dit après le premier concert : "Les mecs, ça va pas du tout là ! Il faut regarder le public, il ne faut pas rester bloqué sur la guitare, etc…". Il a repris la set-list, etc… Si bien que quand on est revenu du Japon, au premier concert, tout le monde s’est demandé ce qui nous était arrivé (Rires) ! C’était formateur.
Max : Et puis, ça a fait boule de neige. En fait, on a très bien utilisé et super bien vendu le fait d’avoir tourné au Japon. Ça nous a servi et ça nous sert encore : je suis sûr que ça nous servira dans 20 ans encore.
MatH : Sans compter qu’au Japon, il y a un public de dingue !
Max : C’est génial ! C’est plein de petits clubs avec des gars super compétents. Je n’ai jamais vu ça dans aucun autre pays. L’ampli tombe en panne, ils te le réparent direct !
MatH : Bon heureusement, on n’a pas eu autant de galères qu’Anvil, on a eu pas mal de chance de ce côté-là. Ah si, en Suède où l’on s’est retrouvé à dormir dehors en plein hiver parce qu’ils n’avaient pas prévu l’hôtel et qu’ils en avaient rien à foutre. Mais à part ça, ça a plutôt été la fête sur la tournée. Maintenant, les tournées sont plus calmes, il y a plus de monde avec nous, pour le matos… C’est plus professionnel.
Max : En fait, on peut conseiller ça à tout plein de jeunes groupes, se jeter dans la gueule du loup ! Quand on est allé au Japon, c’était ça ! On n’a pas trop l’habitude des concerts mais tant pis on y va ! Et quand on est revenu de tournée, on était super confiant. On se disait que si on pouvait faire ça, on pouvait tout faire. On a compris deux ou trois trucs et on pouvait se lancer.
Concernant BlaickRain, comment vous expliquez ce sentiment de haine ou d’adoration ? En fait c’est un groupe qui ne laisse pas indifférent. Est-ce que c’est quelque chose que vous cultivez dans le but qu’on parle de vous ?
MatH : Tu préfères toujours qu’on parle de toi en bien. L’esprit BlackRain, c’est la fête avant tout. Au départ, quand tu vois des réactions négatives, surtout sur Internet, ça te touche vraiment.
Max : Au collège, je me rappelle qu’il y avait deux bandes. Bien qu’on dise que le Rock est fédérateur, il y avait ceux qui écoutaient du Metallica et ceux qui écoutaient du Guns… A chaque fois, dans chaque milieu, tu peux diviser en sous-genres… Tu auras donc toujours quelqu’un pour qui ce que tu fais ne plait pas.
MatH : C’est pour ça d’ailleurs qu’on essaye de sortir des milieux précis et fermés. Mais bon le problème, c’est l’esprit cancanier. Un truc sort et tout le monde veut en parler : avant, c’était dans les bistrots, aujourd’hui, c’est Internet. Parfois ils disent des saloperies… Et j’ai fait l’expérience, j’ai chopé leur numéro de téléphone et là, tu tombes sur un mec qui te dit : "Non mais attends, je disais ça juste pour en parler, etc...". Pour eux, c’est pas grave mais ce qu’ils oublient c’est que c’est écrit et que ça reste !
Max : Sans compter que parfois les articles sur Internet sont tellement mal écrits qu’ils perdent toute crédibilité.
MatH : Mais pour conclure sur le sujet quand on se balade dans la rue, ceux qui nous abordent sont généralement positifs ! C’est là qu’on se dit que la musique est le plus important.
"It Begins" sort début juin. Qu'attendez-vous de ce nouvel album ?
MatH : On a hâte que l’album sorte pour que les gens qui nous suivent puissent l’entendre. On est super fier des chansons qui sont dessus ! On n’a jamais atteint ce niveau parce que c’est la première fois qu’on a eu vraiment le temps de composer… On n’a plus nos boulots à côté : on n’a fait que ça. On a eu notre producteur, pas n’importe quel producteur en plus, qui nous a apporté un regard extérieur. En clair, on attend que ça fonctionne (Sourire) !
Max : Avec cet album-là, on a envie de sortir du milieu rock ou glam de Paris. On a vu qu’il y a des gens qui ne soupçonnent même pas l’existence de groupes comme le notre. Les jeunes de 14 ans, par exemple, ne connaissent même pas des groupes comme Guns n Roses etc… Ils n’écoutent que ce qu’on leur propose et ne vont pas chercher plus loin. Et notre objectif, c’est les toucher.
MatH : Grâce à la télé il y a eu beaucoup de gamins qui ont découvert le groupe et qui viennent maintenant vers nous, et ça c’est cool ! J’espère que comme nous, ils vont tomber dans la marmite (Rires) !
Est-ce que le titre de l'album est un symbole de renouveau, à savoir "Voilà où on est arrivé, maintenant ça peut commencer!" ?
Max : C’est exactement ça ! Quand on a trouvé le titre de l’album, on était tous au resto avec Jack Douglas, on parlait de ce qui allait se passer. On ne savait pas trop encore pour la télé et tout ça. Mais on savait que quelque chose commençait. L’album avait été créé de manière professionnelle et tout ce qui allait en découler également… donc, ça pouvait commencer.
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Vous avez évoqué Jack Douglas, comment l’avez-vous convaincu ?
MatH : Notre manager (NDR : Dany Terbeche) a été le manager de Jack Douglas dans les années 80. Il s’est occupé de gérer ses contrats. Ils se sont perdus de vue pendant plusieurs années. Et via Facebook, ils se sont retrouvés. Jack Douglas a dit à Dany : "Ecoute, je suis au Festival de Cannes. J’aimerai beaucoup te revoir !".
Dany lui a dit qu’il s’occupait d’un groupe - en l’occurrence le nôtre - et qu’il aimerait beaucoup lui faire écouter quelques titres. Swan l’a rencontré au Festival de Cannes, il lui a donné les démos et il les a adoré.
C’est clair que si il n’avait pas aimé, il n’aurait pas accepté… Surtout venant d’un groupe français sachant que pour lui, il ne s’est jamais rien passé en France. C’est un peu radical mais c’est la vision d’un Américain. Puis, il est retourné à Los Angeles et il nous a vite rappelé pour nous dire qu’il avait trouvé de nouvelles idées qu’il n’avait jamais entendu. Il a donc décidé de produire l’album et il est venu en France pour le faire. On avait prévu 2 semaines de répétitions parce qu’il pensait qu’on ne savait pas jouer les morceaux. Et puis au bout de 2 jours, il a dit : "Ok, on va en studio !". Tout a été assez rapide. Et quand il dit à Swan : "Toi, t’es un génie !". C’est sûr que ça paraît dingue ! D'ailleurs il continue de suivre le groupe. Il prend vraiment le projet à cœur et il va se charger de nous promouvoir aux USA. Et ce n’est vraiment pas une question d’argent, parce que quand on sait ce qu’il est payé par Aerosmith…
Vous parliez de la promo que va faire Jack Douglas pour vous aux USA. Dans vos rêves les plus fous, que prévoyez-vous ?
Max : Que nous soyons distribués comme ici !
MatH : De toutes façons, ce n’est pas intéressant si c’est être distribué pour être distribué. Il faut que ça soit bossé, qu’on tourne, etc…C’est marrant parce que quand on parle de singles ou de chansons à mettre en avant, la vision des Américains est radicalement différente de la vision française. Jack pense à une chanson en particulier pour les passages radios USA et c’est sûrement celle qui sera le plus détestée en France.
Jack Douglas a supervisé les répétitions qui ont duré 3 jours seulement, il a apporté son expérience au moment où les chansons étaient finalisées. Qu'avez-vous appris d’un producteur avec une telle expérience ?
MatH : Ce qu’on a appris, c’est surtout qu’il ne faut pas se prendre la tête.
Max : Avec les moyens de maintenant, on croit qu’à partir d’un truc moyen, on peut faire un truc bien. En fait non, il faut que le truc brut sonne sinon ça ne sera jamais bon.
MatH : Tout ce qu’il y a dans l’album a été fait en une prise ou deux.
Max : Ça suppose quand même d’être un peu bon. Ce qu’on a fait là, on n’aurait pas pu le faire 2 ans auparavant.
La production est époustouflante. Les mélodies sont originales, les riffs accrochent vraiment l'oreille et s'imprègnent tout seul. C'est réellement un album très réussi. Comment s'est passé la composition ?
Max : Dès que ce n’est pas super dès le départ, Swan le fout à la poubelle.
MatH : Si tu regardes l’ordinateur de Swan, tu te rends compte qu’il compose tous les jours et qu’il fout plein de trucs à la poubelle ! Parfois on lui dit : "Mais non, il ne faut pas jeter ça, c’est bien !". Mais s'il n’est pas content tout de suite, il jette. Après, on retravaille tous ensemble les morceaux et Dany nous conseille. Il n’y a pas de remplissage, on a vraiment été sélectif.
Max : Ce n’est pas l’album de la maturité mais de l’éclosion (Rires).
MatH : Si Swan était là, tu aurais vu que c’est un fou de travail : il travaille toute la journée ! Quand il arrive en studio pour enregistrer, il sait parfaitement ce qu’il veut. C’est ça qui a probablement impressionné Jack et qui lui a permis de mieux le "driver". Ca a plus été un travail de collaboration. Mais effectivement ce qui nous a plus fait évoluer, c’est le travail effectué avec Dany. En 2 ans et demi, il nous a tout réappris.
Les mélodies peuvent rappeler l'époque des grands du genre (Mötley Crue, W.A.S.P…) mais totalement actualisées version 2013. Vous êtes-vous dit: "30 ans plus tard, remis au gout du jour, ça peut toujours marcher" ?
Max : Ouais ! Quand on a découvert cette musique, on l’a découverte aussi avec des groupes contemporains comme BuckCherry ou Crash Diet qui marchaient bien. On s’est dit que si ils reprenaient le flambeau du glam et que ça marchait, pourquoi pas nous ?
MatH : Attention, nous on ne se sent pas du tout comme un groupe qui vit dans le passé !
Max : En même temps, c’est un processus commun à beaucoup d’artistes de s’inspirer de trucs du passé… Ce qui me chagrine, c’est de constater qu’on nous fait parfois ce reproche alors qu’un Matt Pokora qui sort des reprises de Goldman, personne ne lui dit rien…
Malgré tout dans vos influences, on peut citer Mötley Crue, W.A.S.P. Cinderella ou Kiss, Ratt, Twisted Sister... Comment ces groupes vous ont-ils marqué et pourquoi depuis tout jeune, aimez-vous ce genre de musique ?
MatH : C’est le pizzaïolo (Rires) ! Avant, on écoutait plutôt du metal bourrin et il est arrivé avec ses disques. Et d’un coup, tu te rends compte que tu préfères ce qu'il te fait écouter.
Votre manager, Dany Terbeche, semble être comme un deuxième père ou un mentor pour vous ?
MatH : C’est le cinquième membre. Il apporte des idées de riffs. Il travaille également sur tout ce qui est graphisme, identité visuelle… On vit dans le même immeuble, on mange ensemble, c’est une vraie famille. Le Rock c’est vivant, ça continue.
Avez-vous des projets de collaboration dans les prochains mois ?
MatH : On va surtout se concentrer sur la sortie de l’album. Mais oui, on réfléchit à certaines choses, par exemple incorporer des choristes, etc… Mais c’est déjà difficile à quatre/cinq alors rajouter du monde…
Max : On va continuer à faire des concerts vivants, où il se passe quelque chose, on adore ça... Pendant trop de temps, les gens se sont dits : "Dans ce genre de musique, les règles sur scène c’est comme ci ou comme ça...". Et bien non, nous on sort de ça en ajoutant des cornemuses, etc…
Quel est votre meilleur souvenir en tant que musiciens ?
MatH : Impossible de répondre. C’est simple, chaque année qu’on a passé ensemble est pleine de bons souvenirs.
Max : Si on rapproche ça de l’ego du musicien - les musicien en ont tous un peu quand même (Rires) - c’est le jour du Bataclan, où on arrive avec Swan, et on voit écrit "BlackRain" sur la façade…
MatH : Si on parle de ton ego, tu devrais plutôt évoquer quand Jack a demandé à Slash de faire le solo sur un titre. Mais après avoir écouté le solo, Slash a répondu à Jack : "J’ai rien de plus à faire que lui !".
Max : Effectivement, là…
Et au contraire, quel pourrait être le pire souvenir ?
MatH : Il y en a vraiment un que je ressors tout le temps : dormir dehors en Suède par -10° (Rires)… C’était horrible…
Nous avons commencé avec la question que l'on vous a trop souvent posée. Au contraire, quelle est celle que vous aimeriez qu'on vous pose enfin ?
Max : C’est une très bonne question, nous n’avions pas préparé de réponse à celle-ci…
MatH : Effectivement (Rires)…
Max : Ecoute, on te le dira la prochaine fois (Rires) !
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves qui vous suit pratiquement depuis les débuts notamment au travers de Nicolas Gaire notre photographe ?
MatH : Ecoute ça fait toujours plus plaisir d’avoir des gens qui t’encensent plutôt que te détruire…
Il se trouve que Nicolas Gaire est devenu un pote et est le photographe qu’on veut absolument avoir sur nos concerts… A la limite, on aimerait ne mettre que Nicolas parce que la fosse réservée aux photographes nous éloigne du public. Sans compter qu’aujourd’hui, certains se disent photographes, alors que des gens dans le public avec leurs Iphones font de meilleures photos qu’eux. Mais il y a des gens talentueux et Nicolas en fait partie. Ca fait plaisir quand tu vois un mec qui fait son boulot avec passion.
Pour ce qui est des lecteurs de Music Waves. On vous donne rendez-vous le 10 juin avec la sortie de l’album, on espère que vous en prendrez plein les oreilles et que vous viendrez nous voir sur scène. On va vous préparer des shows à la hauteur pour vous accueillir !
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