Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Craig Mabbitt : Mmhh, c'est pas que je pense qu'on nous l'ait trop posée, c'est juste que c'est LA question qu'on pose à chaque fois : comment on s'est formé.
"Ungrateful" est votre 4ème album et sort en juin. Est-ce que la pression monte ?
C'est pas vraiment de la pression, mais de l'excitation ! Et ça oui, elle monte de plus en plus...
Tout prête à penser que le premier single de l'album sera 'Ungrateful'...
Hé bien en fait, le premier single vraiment officiel sera plutôt 'You're Insane' qui est plus une chanson rock. On sort toujours les chansons les plus Heavy en premier pour nos fans. 'Ungrateful' est plutôt une "street track" dont on a fait le clip. C'est la première fois que l'on faisait le clip d'une "street track" et comme elle marche très bien elle va aussi devenir un single alors que ce n'était pas vraiment prévu. 'Ungrateful' introduit l'album, elle t'éclate en pleine tronche et c'est très bien parce qu'elle montre directement la couleur.
D'un autre côté, il y a dans l'album une chanson mid-tempo : "Picture Perfect" qui pourrait bien faire un carton dans les charts... Pourquoi ne pas l'avoir choisie comme single sachant qu'elle a en invité Patrick Stump de Fall Out Boy ?
En fait, on a écrit la chanson ensemble, mais il ne chante pas dessus, vraiment. C'est la balade de l'album, elle finira par grimper, c'est sûr. Je le sais d'expérience, j'ai des potes dans le label Eleven Seven Music qui produisent Buckcherry. Ils ont sorti Crazy Bitch qui a fait un carton et sur le même album il y avait LA balade "Sorry" (il chante l'air, ndlr)... Donc je me doute bien que Picture Perfect va émerger à un moment de la même façon. Cette chanson représente beaucoup pour notre guitariste car elle parle de son meilleur ami qui est décédé. C'était très soudain, ça l'a vraiment affecté. Je suis non seulement content qu'il ait sa chanson sur lui mais en plus qu'elle soit géniale et très intense. J'ai toujours les frissons quand je l'écoute. Elle sonne comme une chanson d'amour, il te suffit de fermer les yeux pour voir la personne que tu aimes.
Tu penses que ce genre de titres peut aider Escape The Fate à monter davantage dans les charts ?
Tout à fait, et j'espère aussi qu'elle touchera de nouvelles personnes et les fera s'intéresser à notre musique. On essaye de faire ça sur chaque album, j'adore glisser une balade au milieu. Il faut toujours qu'il y ait un titre qui fasse sauter les petites culottes (rires) !
Et la contribution avec Stump pourrait aider aussi à toucher un public plus large ?
Je ne sais pas mais c'est possible !
Tu as aussi composé un titre avec Mick Mars qui ne figure pas sur cet album. Pourquoi ne pas l'avoir inclus alors qu'elle aurait pu contribuer à toucher un public encore plus large ?
On a composé la musique ensemble, oui et elle sonne super bien, mais on n'a rien posé au niveau des voix. Et elle est peut-être un peu trop Rock (on l'a composé avant que the last words ne sorte).
Ces collaborations vous font une jolie pub aussi
C'est certain mais en fait ça se fait simplement, ce sont des mecs de notre entourage qui s'intéressent à ce qu'on fait, et qui nous aident à mûrir en temps qu'artistes et à bâtir des expériences. On est super jeunes, on a commencé tôt quand j'avais 16 ans. Je vais en avoir 26 dans une semaine, c'est génial de bosser avec des artistes fantastiques comme eux. Quand on voit les groupes qui sont dans notre label, on se sent tout petit ! (rires) Donc oui, ces collaborations vont faire de nous des grands (rires).
Des titres tels que 'Chemical Love' ou 'One For The Money' rappellent Linkin Park autant sur la musique que la voix. C'est une comparaison que tu comprends et que tu acceptes ?
Je l'accepte, bien sûr ! J'aime ce qu'ils font... Sur des titres avec des gros refrains chantés, beaucoup de gens me font la remarque que je chante comme lui, surtout sur notre chanson éponyme. Il faut peut-être regarder aussi du côté de notre producteur, Don Gilmore qui a produit leurs albums Hybrid Theory et Meteora. C'est extraordinaire, tu vois, Linkin Park, c'était mon premier concert ! Et là, de bosser avec leur manager de l'époque, leur producteur, c'est juste extraordinaire... Pour former ma voix, je chantais sur leurs chansons quand j'étais plus jeune, sur du Queen, Journey, Aerosmith... Ce sont de vraies références, et je me disais souvent qu'il fallait que j'arrive à chanter comme eux...
Vous avez signé chez Eleven Seven Music (EMI), sorti cet album avec de belles contributions, travaillé avec John Feldman (Papa Roach, Black Veil Brides), Monte Money et Brandon Saller (Atreyu), le mixage a été confié à Josh Wilbur (Lamb of God, Gojira, Avenged Sevenfold)... Les références sont nombreuses ! Tu nous disais sentir monter l'excitation à l'approche de la sortie du nouvel album, mais n'y a-t-il pas eu une certaine pression ?
On en a eu beaucoup plus avec des labels encore plus important. Pour l'album Escape The Fate, on était passé de Epitaph à Interscope. On était sur le même label qu'Eminem et Lady Gaga et on s'est dit qu'il allait vraiment falloir faire les choses bien. Après la sortie de l'album, Max est entré en cure de désintox et Interscope a abandonné sa branche Rock. Papa Roach est parti chez Eleven Seven alors on a fait pareil !
Quelle est la recette pour que Escape the Fate sorte du lot de la scène hardcore américaine ?
Je pense que c'est notre diversité qui peut nous distinguer des autres groupes. On va jouer au Rock am Ring & Rock im Park et des chansons comme 'Picture Perfect' peuvent vraiment nous connecter avec le public. On peut faire de tout en gardant les éléments d'Escape The Fate.
Qu'avez-vous exprimé dans cet album que vous n'avez pas fait dans les précédents ?
Je pense qu'à chaque sortie, on raconte ce qu'il s'est passé dans nos vies depuis celui d'avant. On ne fait d'album concept même si je trouve que c'est génial artistiquement. Peut-être qu'un jour on le fera mais en attendant, j'aime l'idée de pouvoir diversifier les thèmes pour coller à n'importe quelle humeur. Dans notre album, tu trouveras toujours une chanson qui convienne à ton état d'esprit.
Quel sentiment domine cet opus par rapport aux autres ?
On a perdu un membre, on en a gagné un autre. Il s'est passé l'histoire avec Interscope et on nous a presque tout pris. C'est pour ça que Monte est arrivé avec cette idée de titre : "Ungrateful" (ingrat, en français, ndlr). On a réalisé qu'on accordait trop d'importance sur ce qu'on n'avait pas, au lieu de regarder ce qu'on avait. C'est la métaphore du disque : apprécie et profite de ce que tu as au lieu de de regretter ce que tu n'as pas.
Et qu'attends-tu avec cet album ?
Je veux retrouver la "Hype" qu'il y avait autour de nous alors qu'on était encore plus jeune. Je veux jouer ma musique dans des salles combles, transpirer et trinquer avec le public, acquérir de l'expérience et amasser des souvenirs...
Sais-tu que certains fans parlent plus de tes tatouages que de ta musique...
Je réalise que certains jeunes se focalisent plus sur des détails comme nos looks, etc. Si tu le regardes d'une autre façon, tu verras que ce sont des jeunes qui viennent aux concerts, kiffent ta musique et le but c'est qu'ils continuent de t'écouter tout en grandissant. Après, oui, quand tu montes sur scène, tu apprécies quand les mecs cherchent à te ressembler et que les filles aient envie de coucher avec toi. Le but c'est simplement de marquer les esprits et de donner envie de faire partie d'une communauté.
Si tu devais choisir un titre de votre discographie pour faire découvrir Escape The Fate, ce serait lequel ?
Je choisirais probablement "Until We Die" de cet album. C'est une de mes favorites car elle elle s'efforce d'entretenir la flamme du Rock 'n Roll et de la musique en général. Il y a beaucoup de mélodie, de cris, on s'est beaucoup investi sur cette chanson, il y a tout de nous dedans.
Quel est ton meilleur souvenir en tant que musicien ?
J'en ai beaucoup mais c'est surtout quitter une scène dans une salle comble où tu as tout donné. C'est arrivé une fois à Paris, à Amsterdam, Chicago... C'était des concerts mémorables. Etre programmé sur des gros festivals c'est aussi un sacré souvenir. Tu te demandes un peu ce que tu fous là... C'était le cas au Mainstage Download où j'ai halluciné. Le public partait dans tous les sens et quand je me retournais, je pouvais voir ma gueule sur des écrans géants (rires) !
Et au contraire, quel pourrait être le pire ?
Je ne sais pas si ce sont des souvenirs mauvais ou juste bizarres. Quand je suis arrivé dans le groupe, on jouait des vieux morceaux, et je me gourais complètement dans les paroles (rires)... Parfois j'inversais les couplets. Bon, ce qui était amusant c'est que malgré tout, le public me suivait et m'encourageait. C'est ça que j'adore dans la musique !
D'autant que ça marque beaucoup les fans qui sont contents d'avoir été là et d'avoir vu ce moment unique...
C'est exactement ça ! "J'y étais ! !"
Ca ne te gène pas d'être devenu le front man d'un groupe que tu as rejoins quelques années après sa formation ?
C'est assez étrange, en effet. Souvent tu te dis que t'aurais aimé être là dès le début... Mais Escape The Fate n'avait pas encore un vrai nom et n'était pas connu quand je les ai rejoins. Notre carrière a vraiment débuté quand je suis arrivé donc j'ai quand même le sentiment d'avoir été là assez tôt.
Changer de chanteur n'est pas rien...
Oui et c'est ce que j'ai dit tout de suite au groupe quand j'ai passé les auditions : "Hé les mecs, si je joue avec vous et que ça ne marche pas, ne m'accusez pas et ne dites pas que c'est le nouveau chanteur qui a tout fait foirer !". Finalement ils m'ont gardé.
Et vous n'avez jamais pensé à changer le nom du groupe ?
Non, pas du tout, parce que Monte et le batteur sont très proches et qu'ils sont les principaux compositeurs du groupe. Si le chant a peut être évolué, ce n'est pas le cas de la musique. Tu sais, quand Sammy Hagar a remplacé David Lee Roth chez Van Halen, je ne pense pas que le groupe ait pensé à changer de nom. Ca fait partie de l'histoire du groupe et de l'héritage que les membres laissent.
Nous avons commencé avec la question que l'on t'a trop souvent posée. Au contraire, quelle est celle que tu aimerais qu'on te pose ?
Il faudrait qu'on monte dans une machine à remonter le temps, que tu viennes me voir avant que je monte sur la scène du Download Festival, et que tu me demandes : "Alors, est-ce que t'aurais jamais imaginé te retrouver là ?" et ma réponse aurait été "Putain non ! Viens, on va faire la fête et boire un verre !" (rires)
Un dernier mot peut être aux lecteurs de Music Waves ?
"Oui-oui ! Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ?" C'est tout ce que je connais. (rires). Sinon, si vous en êtes là de l'interview, c'est que vous êtes soit un fan, soit quelqu'un de curieux. Quoi qu'il en soit, je vous invite à de nous soutenir et de nous écouter. J'espère sincèrement que ce nouvel album va vous plaire.
Merci Craig !
Merci !