Nous nous étions rencontrés en 2011 pour la sortie de Rev-Raptor, comment ça va depuis ?
Tellement de choses se sont passées ! (rires) Premièrement, nous avons perdu
Stefan qui n'est plus dans le groupe à cause de ses problèmes de santé. Il avait déjà eu des problèmes pendant l'enregistrement de Rev-Raptor où il ne pouvait carrément plus bouger, puis pendant la tournée de Rev-Raptor qui fut très longue. Je connais
Stefan depuis très longtemps, et il ne nous avait jamais parlé de ses soucis. Il prenait des anti-douleurs puissants pour gérer, donc il n'était pas toujours de bonne humeur, si tu vois ce que je veux dire ? Ca le rendait parfois très agressif. A la fin de la tournée, on s'est assis ensemble, et je lui ai dit que ça n'était plus possible de tourner avec lui et de l'avoir comme musicien live. Il était tout à fait d'accord, et il m'a dit que c'était mieux que de finir en fauteuil roulant à cause de ça. Du coup, il n'a pas voulu s'investir en tant que compositeur et producteur de ce nouvel album. Il voulait faire le point sur lui-même, savoir ce qu'il pouvait faire. Nous avons donc dû le remplacer, on a fait une petite annonce publique et on s'est retrouvé avec 300 ou 400 démos. Nous avons finalement pris
Andrey Smirnov. Je n'étais pas très sûr au début sachant qu'il est russe et que les voyages allaient compliquer les choses avec les visas, etc. mais il est venu en Allemagne nous rencontrer et passer l'audition, il est resté 4 ou 5 semaines ici avec
Fitty - qui compose aussi beaucoup pour le groupe - et à la fin on avait un album ! C'est simple ! Pour la production, nous avons d'abord cherché dans notre entourage notamment du coté de mon vieil ami Michael Wagener qui bossait avec Lordi mais il n'était pas disponible avant janvier ou février. C'est lui qui m'a dit "tu sais, produire, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !". J'ai donc proposé à
Fitty de produire l'album ensemble. Je suis très content de ce qu'on en a fait, il y a plein de choses intéressantes dessus.
Tu m'avais dit que c'était un vrai travail d'équipe de composer et enregistrer avec U.D.O. Est-ce que le départ de Stefan a changé quelque chose ?
Je pense que le boulot est mieux réparti aujourd'hui. Avant,
Stefan s'occupait entièrement de la production, on échangeait les fichiers par mail, on en discutait par Skype. Là, j'ai voulu qu'on le fasse tous ensemble, qu'on soit en face les uns des autres. Quand j'ai dit à
Igor qu'il fallait être en studio pendant 4 à 5 semaines, il m'a répondu que ce n'était pas possible ! Il n'avait pas assez de temps à consacrer, il n'avait pas d'idée pour cet album, ça n'allait nulle part. Heureusement que nous avions rapidement trouvé
Andrey qui a pu composer toutes les guitares, soli et rythmiques. J'ai discuté avec
Igor de ce manque d'investissement et d'inspiration après 15 ans dans le groupe ! On a eu une proposition pour jouer dans un festival en Equateur. C'était l'occasion de jouer tous ensemble avec
Andrey.
Igor m'a répondu dans l'heure que ce n'était pas possible, qu'il voulait "avoir les infos 2 à 3 mois à l'avance, blablabla (rires), je ne peux plus continuer dans
U.D.O., j'ai d'autres projets..." J'ai insisté mais il avait pris sa décision, qu'est-ce que je pouvais faire ? Quand on a recruté
Andrey on avait dû refuser
Kasperi Heikkinen, du coup on l'a rappelé et même s'il avait déjà signé ailleurs, il nous a quand même rejoint... Ca a été vraiment très bizarre, j'ai été très déçu par
Igor, mais on lui souhaite tout le meilleur.
Quand on compare ce nouvel album aux trois précédents : "Rev-Raptor", "Dominator" and "Mastercutor", celui-ci parait plus diversifié dans le son. Est-ce dû aux nouveaux arrivés ?
Oui, c'est certain. Quand on s'est posé en repet' on s'est vraiment mis en tête de faire des choses qui nous plaisaient et les idées ont commencé à venir. C'était même très amusant de voir les idées fuser aussi rapidement ! Au niveau du son, je ne suis pas
Stefan, je fais les choses très différemment. Ce n'est pas un reproche, mais je préfère largement faire ça à l'ancienne, et je trouve que c'est beaucoup plus vivant comme ça, contrairement à Rev-Raptor par exemple que je trouve plus froid, plus distant.
Comment est-il possible, avec la moitié du groupe qui vient d'être remplacée, de composer du U.D.O ?
Avec
Fitty, c'est naturel, on se connait depuis les années 80, on a toujours bossé ensemble. Ce qui était intéressant à voir, c'est surtout
Andrey en studio. Il était un peu nerveux et timide. Puis il a commencé à faire des suggestions, à changer un riff par-ci, un tempo par-là. J'étais très intéressé par ce qu'il proposait, alors je lui ai laissé essayer ce qu'il proposait. Nous ne sommes pas du tout de la même génération, il n'a que 29 ans, mais il a cette façon moderne de voir le Metal qui m'a fait beaucoup de bien. On fait toujours du Metal classique mais avec un guitariste comme lui, ça apporte beaucoup de modernisme. Par contre, c'est dommage qu'on n'ait pas pu impliquer davantage
Kasperi, mais ce sera pour le prochain ! (rires)
C'est également l'album le plus varié depuis des années. Est-ce que tu as voulu synthétiser les bonnes formules du groupe ?
C'est vrai ! Mais je ne rentre pas en studio en me disant : "Bon, qu'est-ce qui a le mieux marché dans
U.D.O. pour qu'on continue dans cette voie". Ce serait une erreur. Il faut mettre en place nos nouvelles idées, on ne revient pas forcément à ce qu'on était avant, ça dépend de notre humeur... Peut-être que le prochain album sera plus hard, ou plus mélodique, on ne sait pas !
On note une plus forte présence des claviers, que sur les albums précédents, à l'image de 'Faceless World' et de la balade 'Heavy Rain' arrangée au piano, cordes et flute ! Qui s'occupe de la partie piano, et comment est venue l'idée de l'arrangement si particulier de 'Heavy Rain' ?
C'est
Fitty qui a composé la partie piano, mais c'est un pianiste allemand qui l'a enregistrée sur l'album. L'idée de cette chanson est une anecdote amusante (rires). En fait, elle vient de notre traducteur qui nous aide à transposer nos chansons en anglais. Tu vois, on parle anglais, on chante en anglais, mais pour la transposition, on se fait aider. C'est lui qui est venu vers moi avec cette idée de chanson en me disant qu'elle pouvait bien coller, je venais de divorcer et elle collait avec ma vie : "C'est fini, casse-toi, va en Enfer" - mais en plus sympa, tu vois ! (rires). Il me l'a chantée, j'étais vraiment pas pour, mais il a insisté pour que j'essaye. Je me suis installé en studio et tout le monde a été conquis. Je suis content de l'avoir faite et d'avoir été assez ouvert pour l'essayer.
Les chansons 'Death Ride' et 'A Cry of The Nations' sont très heavy, et on se doute qu'elles seront jouées live, mais la partie claviers est très présente. Comment comptez-vous les interpréter ?
Sans ! C'est vrai que les claviers sont une part importante de ces chansons, mais ils ne les dominent pas. On peut quand même les jouer sans, et ça les rend même encore plus Heavy ! Déjà quand on compose ce genre de titres, on se pose cette question et on s'arrange pour que ça passe bien sur scène.
Vous avez donc 2 versions en tête pour ce genre de titres titres pour pouvoir les arranger différemment sur scène ?
C'est tout à fait ça. J'ai même découvert ces pédales midi qui enregistrent et bouclent sur ce que tu joues, à la fin tu te retrouves avec tout un orchestre (rires) !
La chanson de clôture de l'album, 'Book Of Faith' est très étrange avec cette introduction aux percussions exotiques, une touche Blues et les voix dramatiques. Puis elle change complètement sur un style menaçant très Heavy pour revirer dans le symphonique. De quoi traite-t-elle et pourquoi tant d'ambiances ?
'Book Of Faith' illustre un livre sacré, religieux. Il pourrait être la Bible, le Coran, n'importe. Ca fait un parallèle avec ces oeuvres, tu peux y croire ou non. On était en studio quand
Fitty m'a fait écouter une ligne de basse bizarre. J'ai commencé à chanter par dessus cette ligne et cette chanson a pris vie pendant la session d'enregistrement. Ca a collé rapidement, on a ajouté beaucoup d'idées, et à la fin ça finit avec un orchestre. C'est bien la première chanson Heavy d'U.D.O qui n'a pas de solo !
C'est donc un procédé d'écriture que tu pourrais réitérer ?
Je n'en sais rien, on ne sait jamais ce qui nous attend...
'Basta Ya' est une chanson en espagnol, quel est le message derrière ? A qui sont destinés ces mots ?
'Basta Ya' signifie "Assez", et les paroles concernent la crise qui règne particulièrement en Espagne. J'y habite, on ne parle que de ça. La crise est en Grèce, en Italie, en Allemagne, en France, partout ! J'avais donc écrit cette chanson en Anglais, elle s'appelait 'Dust And Rust'. Ca faisait des années qu'on voulait faire une chanson en espagnol, mais on avait plutôt en tête une balade, tu vois. Puis avec l'actualité, on s'est dit pourquoi pas celle-ci finalement. J'ai appelé mon ami chanteur Víctor García de
WarCry avec qui nous avons déjà tourné, et je lui ai proposé de la traduire en espagnol. Il m'a prévenu que la traduction allait être assez violente, mais c'est ce qu'il fallait ! Aujourd'hui, la chanson passe à la radio en Espagne, je l'ai aussi entendue en Amérique du Sud ! J'en ferai peut-être une en russe un jour (rires).
Ou garder l'idée de la balade pour la chanter en Français !
(rires) Oui, pourquoi pas !
Ce projet semble donc ajouter un certain nombre de nouveautés par rapport à d'habitude. Est-ce que ce "Steelhammer" est une réponse aux gens qui disent que U.D.O fait toujours la même chose ?
Non, on essaye toujours de faire quelque chose de nouveau à chaque album. Ca revient, au bout d'un moment, à tourner autour des même choses. Je sais que celui-ci est différent, mais je peux aussi affirmer que le prochain le sera aussi ! J'ai deux nouveaux membres de 29 et 32 ans avec moi, ils ont plein d'idées. Avec
Fitty, on est la vieille génération, ils sont la nouvelle. Et c'est même très étrange parce que maintenant,
Francesco commence à proposer des choses !
Est-ce que ce n'est pas frustrant d'essayer de composer et de se renouveler, sachant que beaucoup de tes fans veulent te voir jouer les vieux tubes - même de l'époque Accept ?
C'est toujours un vrai cauchemar ! (rires) Cette fois on s'est entouré de guitaristes qui peuvent jouer des chansons qu'on n'a jamais jouées avant en live. Il n'y a rien contre
Igor, ou
Stefan, mais par exemple
Stefan n'était pas un soliste, c'est plutôt
Igor. Aujourd'hui, nos guitaristes savent jouer les deux. Sur la prochaine tournée, il y aura au moins 6 ou 7 chansons du dernier album mais il y aura aussi les classiques et quelques compositions d'Accept.
Tu avais commencé l'écriture d'un livre il y a quelques années... Tu en es où ?
Oui, il est bien avancé, mais l'an dernier je n'ai pas vraiment bossé dessus, j'avais vraiment trop de choses à gérer. On est ensuite parti en tournée, on va repartir et après je pourrai y revenir. Je pense qu'il va me falloir encore 2 ans pour le terminer. Je sais qu'il faudra le traduire en anglais, puis en espagnol, en russe...
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves et peut-être même en français ?
Ca fait un moment qu'on n'est pas revenus en France et on va essayer d'avoir plusieurs dates. Il faut absolument que vous veniez voir le nouveau lineup d'U.D.O !
Merci !
Merci à vous !
Merci à Noise et MarcM pour leur contribution...