Pour fêter le grand retour aux affaires d’un grand de l’AOR britannique, FM sort un double album. Son leader Steve Overland nous a donné rendez-vous au Hard Rock Café pour une interview vérité où il se livre comme jamais pour Music Waves…
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Steve Overland : Hum. Savoir ce que ça nous fait d’être à nouveau ensemble après toutes ces années. Maintenant que nous sommes plus vieux, personne ne se demande si ce n’est pas différent de ce que nous avons pu connaître à nos débuts. Et évidemment, c’est différent parce que l’industrie a changé à commencer par Internet qui n’existait pas quand nous avons commencé. Aujourd’hui, tu peux toucher le monde entier dès l’instant où tu sors un album alors qu’à l’époque il fallait tourner encore et encore pour pouvoir y arriver. Cette évolution est super dans ce sens même si l’aspect téléchargement est quelque chose que je n’apprécie pas vraiment.
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C’est un équilibre difficile à trouver entre le fait d’être plus connu et vendre moins d’albums…
Exactement !
Tourner est la dernière solution…
C’est même la clé du problème. Je pense que pour un groupe rock plus particulièrement, tourner est la chose à faire pour exister. C’est ce que nous essayons de faire. Quand nous nous sommes remis ensemble pour un concert, nous ne savions pas à quoi nous attendre à commencer par le nombre de spectateurs mais le but était de prendre du bon temps… Finalement, il y a eu 2.000 spectateurs, le concert était complet… Certaines personnes sont venus du Japon pour voir la reformation de FM, même chose de la part du fan club grec de FM…
Pour être franc, j’ai été surpris qu'on se souvienne de nous plus de 10 ans plus tard. Je ne pensais pas que les gens nous étaient encore fidèles, je pensais qu’ils seraient passés à autre chose… Mais non, ils étaient là pour nous !
Et comment expliques-tu cela : vos fans n’ont pas trouvé une alternative satisfaisante à FM ?
C’est exactement cela même si je ne l’aurais imaginé. Dans la première partie de notre carrière, nous avons eu vraiment des moments géniaux mais je n’aurais jamais imaginé qu’on reviendrait de la sorte. Nous avons fait la tournée l’an dernier avec Journey et je peux te dire que lorsque j'étais aux côtés de Neal Shon, je me suis dis que c'est extraordinaire d’avoir cette deuxième chance.
Ce retour de la seconde chance comme tu l’indiques, beaucoup de groupes le vit en ce moment. Comment l’expliques-tu : une sorte de nostalgie ou le fait que les groupes actuels soient moins talentueux ?
Je pense qu’il y a évidemment une sorte de nostalgie parce que peu de groupes font ce type de musique aujourd’hui. Mais tu mets le doigt sur un point intéressant. Les groupes qui faisaient et font ce type de musique sont avant tout focalisés sur le fait d’écrire de bonnes chansons. Je pense que ce sont les chansons qui déterminent la longévité d’un groupe. Peu importe le genre musical, si une compo est super 20 ans auparavant, elle le sera toujours.
Peu importe l’année où tu la sors…
Exactement, tu peux la réenregistrer pour la faire sonner plus dans l’ère du temps, ce sera toujours une super chanson. Je pense que les nouveaux genres de musique rock - que j’aime aussi - sont moins concentrés sur la chanson en elle-même mais plus sur le look, l’attitude…
Avec FM, nous avons énormément tourné au festival Download à Castle Donington avec des groupes comme AC/DC, Metallica… et nous avons su adapter notre set-list plus heavy par exemple en fonction de l’environnement… ce que tous les groupes ne peuvent pas faire. Cela nous a aidés dans notre retour. Mais notre but n’est pas seulement de revenir. Nous sommes plus vieux certes mais nous faisons en sorte que notre passion transparaisse. Les fantastiques chroniques de "Rockville" en Grande-Bretagne valident cela.
A l'inverse, es-tu conscient que "Metropolis" a déçu certains fans qui attendaient pourtant un nouvel album de FM depuis 14 ans. Avec "Rockville", auriez-vous retrouvé l’alchimie au sein du groupe ?
Non, ce n’est pas une question d’alchimie. Mais tu mets à nouveau le doigt sur un point très intéressant. Le fait que nous avons attendu plus de 10 ans avant de sortir "Metropolis" et au moment de nous réunir pour le faire, nous sommes demandés ce qu’il fallait faire. En effet, à nos débuts, le style de FM était popisant par moment, AOR à d’autres… Au fur et à mesure des années, le groupe a progressé pour devenir plus bluesy et plus heavy… La musique de FM contient énormément d’éléments qui ont évolué durant les années et quand tu reviens après plus de 10 ans d’absence, c’est compliqué de refaire un album qui contient tous ces éléments.
Et c’est là où tu marques un point, en effet sur "Metropolis", je pense que nous ne pouvions pas faire quelque chose de nouveau, nous voulions montrer ce que nous étions avec tous les éléments musicaux qui nous caractérisent. Nous nous limitions en faisant des choix déterminés.
Dans le cas de ce nouvel album, nous avons juste écrit ce qui était naturel pour nous au moment où nous l’écrivions. Sur 25 chansons, nous avons choisi les meilleures et en tournée, on a eu l’impression qu’on était à nouveau sur les bons rails, que tout le monde était à son poste…
Le fait de tourner ensemble vous a-t-il aidé à trouver ce déclic ?
Cela nous a permis de valider cette direction. Quand nous avons fait "Metropolis", Jim avait seulement fait 3 concerts avec nous. Depuis, nous avons tourné avec Journey, nous avons fait plein de gros festivals… Nous jouons ensemble depuis 4 ans et quand nous avons commencé à écrire "Rockville", tout le monde était vraiment enthousiaste en voulant ajouter sa pierre à l’édifice.
Cela explique-t-il donc qu’il vous a fallu 4 ans pour sortir ce nouvel album qui reflète parfaitement l’alchimie qui règne au sein du groupe depuis que Jim est avec vous ?
Exactement ! Mais laisse moi te dire un secret : nous avons terminé "Rockville" il y plus d’un an et demi. Au retour de l’enregistrement, j’ai écrit 3 chansons "Show me the Way", "My Love Bleeds" et "Malediction". Je savais que l’album était terminé mais ces démos étaient si géniales que nous étions d’accord pour les enregistrer. Mais dans la foulée, les autres membres ont proposé leurs idées de démos si bien que de fil en aiguille, nous avons enregistré un album de nouvelles chansons qui étaient exactement le reflet de ce que nous étions. Je veux dire par là que nous aurions pu seulement sortir le premier album avec 12 chansons mais nous avons changé nos plans.
Nous avons été signés chez CBS pendant 10 ans et pendant tout ce temps on nous a dit quoi faire : enregistrer avec untel parce qu’il a travaillé avec Bon Jovi, pour satisfaire le marché… Aujourd’hui, nous faisons ce que nous voulons, nous contrôlons notre propre destinée. Dans ces conditions, nous avons préféré attendre 9 mois supplémentaires avant de sortir ces deux albums afin que les chansons se développent. Nous ne voulons plus de pression de qui que ce soit !
Tu dis ne pas avoir de pression mais d’un autre côté, les fans….
… ont dû patienter (Rires) !
En effet, ils ont dû attendre 14 ans avant la sortie d’un nouvel album "Metropolis", 3 années supplémentaires, ceux qui ne vous suivent pas attentivement auraient pu penser…
… que nous avions à nouveau arrêté (Sourire) !
Ce n’est pas quelque chose à laquelle vous pensez ?
Pour être honnête, l’attente n’a que peu de conséquence si l’objet de cette attente en vaut la peine. Quand un album met 3 ans à sortir mais reçoit les retours qu’il a à ce jour disant que c’est le meilleur album que nous avons pu écrire, l’attente est vite oubliée. C’est la chose la plus importante pour nous aujourd’hui : nous ne sommes plus tout jeunes et cela ne durera pas éternellement. Désormais nous devons en être fiers de tout ce que nous produisons et c’est aussi pourquoi nous prenons notre temps. Mais nous ne mettrons pas autant de temps pour le prochain... Heureusement sinon nous serions sur des chaises roulantes au moment de le sortir (Rires) ! Plus sérieusement, nous sommes déjà en train d’écrire le futur album…
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Le groupe semble donc avoir définitivement retrouvé la recette…
Le groupe est vraiment génial. Nous travaillons vraiment super bien ensemble et cela se traduit dans les chroniques et les live-reports : "Dans ces conditions, FM est intouchable !". Quand tu lis ça, ça te donne envie de te remettre au travail et tourner. C’est plus dur parce que nous sommes plus âgés : tourner est fatigant !
N’est-ce pas plus compliqué dans le sens où contrairement à tes débuts, tu as une famille…
Bien sûr ! Nous avons réalisé que pour la première fois, nous étions tous mariés avec des enfants. Mais il faut savoir que nous ne tournons plus sur des périodes de 2/3 mois. Nous faisons à présent quelques dates, des festivals… sans exagérer. Nous sommes tous en bonne santé, nous pouvons donc continuer de faire tout cela et en profiter. Mais tu as raison, quitter sa maison est de plus en plus difficile quand tu as des enfants surtout dans le cas de Jim (NdStruck : Kirkpatrick) qui en a un de 2 ans et qui nous montre ses photos pendant toute la tournée (Rires) !
Vous aviez coutume d’inclure des influences blues dans vos précédents albums : est-ce une volonté affirmée ou une sorte de fil de rouge au fond de vous ?
Chaque membre du groupe met de ses influences dans la musique de FM. Mes racines viennent de groupes comme Free, Bad Company... Les artistes de la Motown comme Stevie Wonder ont eu une énorme influence sur moi. Jim joue dans un autre groupe et c’est un des meilleurs guitaristes slide que je n’ai jamais entendu. Jim est un guitariste de blues avant tout. Tout cela fait au final qu’on ne peut pas restreindre FM à un seul genre de musique. C'est pareil pour mon chant d’ailleurs, je ne suis pas seulement un chanteur de rock, je peux aussi chanter du blues…
On parlait d’influences blues dans vos albums, en revanche, dans "Metropolis", il n’y a aucune, pourquoi ?
Et bien, il y a deux façons de voir les choses. Tout le monde nous dit que nos meilleurs albums sont les deux premiers. Comme je te l’ai dis, nous ne savions pas réellement ce qu'on attendait de nous au moment d’écrire "Metropolis". Ça nous a pris du temps de faire abstraction de cela, d'avancer et développer le son qui nous plait. Aujourd’hui, nous avons trouvé ce que nous voulons faire. C’est pourquoi la composition est naturelle ! Nous avons peut-être trop réfléchi au moment de composer "Metropolis".
On a évoqué cet aspect bluesy dans des compos AOR. N’est-ce pas compliqué de le faire sachant que pour les uns, ce n’est pas assez et les autres, c’en est déjà trop ?
Le fait est que nous ne pensons plus à ça. Si des influences blues doivent s’intégrer dans une chanson, cela se fera… Jim est un guitariste de blues donc quand il joue un solo, il a forcément des intonations bluesy. Ce n’est pas un shredder, il est plus dans une veine à la Jimi Hendrix, Joe Bonamassa… Nous écrivons des chansons, chacun s’exprime librement quand nous sommes en studio. Quand Jim fait un solo, il sonne bluesy : ce n’est pas quelque chose de conscient… C’est comme moi quand je chante, je ne me dis pas que nous sommes un groupe d’AOR et qu’il faut que nous sonnions comme tel. Non, je chante la chanson comme je pense qu’elle devrait être chanté. Tu ne peux pas plaire à tout le monde tout le temps.
Tu as cité Joe Bonamassa. Comment expliques-tu que de nombreux groupes viennent au blues avec le temps comme Europe groupe hard fm à la base ?
C’est juste que le blues est une musique traditionnelle, c’est l’une des premières formes de musique qui est apparue…
Et donc avec les années, tu reviens aux racines ?
Exactement, tu reviens à l’endroit d’où tu viens. Je prends mon exemple, peut-être parce que je ne trouve pas ce que je voudrais dans les groupes actuels, je réécoute Paul Rodgers et des trucs comme ça…On revient aux sources mais pour autant, je ne pourrais pas te dire à quoi va ressembler le prochain album…
Mais si on comprend ce que tu nous dis, au regard des influences de Jim, le retour aux sources… le prochain FM devrait être plus bluesy ?
Il pourrait effectivement l’être mais je ne peux pas te le garantir à 100% (Rires) ! A ce jour, 20 chansons ont déjà été écrites et nous essayons de faire en sorte que l’album dans sa globalité plaise à notre public. Mais nous devons être honnête vis à vis de nous-mêmes, la chose la plus importante pour nous est de sortir un album dont nous serons fiers.
Qu’attendez-vous concrètement avec la sortie de ce nouvel album ?
Et bien, il est encore trop tôt pour le dire mais au regard des chroniques déjà parues qui sont incroyablement positives (Rires), on peut espérer de bonnes choses.
A nos débuts, quand nous tournions, nous nous disions que nous allions être le Bon Jovi anglais (Rires)… Maintenant, nous prenons les choses comme elles viennent. Je ne te dirais pas que nous allons continuer à faire cela jusqu’en 2050 car nous ne nous fixons pas d’objectifs. Demain est un autre jour ! Non, nous sommes juste heureux d'être revenu sur le devant de la scène.
Tu sembles serein et confiant...
Le business change continuellement… Durant toute notre carrière, nous n’avons jamais été diffusés sur une radio nationale en Grande-Bretagne. Et deux singles du dernier album ont été diffusés sur Radio 2, dès lors, FM est devenu un groupe commercial. C’est ainsi, les choses sont arrivées ainsi…
Ce que je veux dire par là c’est que je ne peux pas dire que j’espère ceci ou cela parce que ce business est vraiment imprévisible ! Ce que je fais est quelque chose de vraiment excitant et je me laisse aller où les flots me mèneront. J’ai été critiqué pour cela, pour mon manque d’ambition… mais que puis-je y faire ? Je suis ainsi, j’adore faire ce que je fais, ça m'a mené à travers le monde, à jouer avec d’énormes groupes… Et j’espère le faire encore longtemps (Sourire) !
A propos de temps, comment juges-tu vos premiers albums avec le recul ?
Le premier album est fantastique bien évidemment. Mais chaque album a mené le groupe à un autre niveau. Nous avons vendu des albums, fait des tournées, tout allait bien mais à un moment donné nous ne savions plus où aller, les gens ne voulaient plus nous écouter ou venir nous voir, donc nous avons décidé d’arrêter. Je pense que nous avons progressé sur chaque album tout en conservant les éléments présents dans le premier. La façon d’écrire reste la même comme notamment ces énormes refrains bien spécifiques : nous avons maintenu cela durant toute notre carrière…
Si tu devais choisir un titre de la discographie de FM pour faire découvrir le groupe à quelqu’un qui ne le connaîtrait pas, quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
Les chansons que les fans choisiraient seraient certainement "Frozen Heart", "That Girl"… Mais je prendrais plutôt une chanson de "Rockville" qui reflète ce que nous faisons maintenant car j’estime qu’il est préférable d’écouter ce qu’est le groupe aujourd’hui plutôt que ce qu’il avait l’habitude d’être…
Quel est ton meilleur souvenir d’artiste ?
Je me rappelle ce moment où nous avons tourné avec Bon Jovi. D’un seul coup, nous faisions la première partie de cet énorme groupe, nous étions avec eux… Ca a vraiment été des moments fantastiques…
A l’inverse, n’est-ce pas trop dur de jouer dans des petites salles après ça ?
Non, j’adore jouer dans des petites salles intimes. Tu peux voir des visages, chose quasiment impossible dans des grandes salles.
Tu as évoqué ton meilleur souvenir, au contraire, quel pourrait être le pire ?
Nous avons eu un accident de bus lors d’une tournée européenne. Il s’est renversé. Heureusement, personne n’a été grièvement blessé… C’est mon plus mauvais souvenir. Il faisait nuit et il pleuvait, c'était après un concert. J'allais dormir sur une couchette et le bus qui s'est retourné... On a arrêté les bus tours pendant un bon moment à cause de ça. C'est terrible parce que tu te rends compte que tout le groupe dépend d'une seule personne, en qui tu as confiance. Les plannings sont très serrés, les voyages sont très longs et le chauffeur s'était assoupi... Mais nous avons survécu (Sourire).
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On a commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais qu’on te pose ?
"Qu’aimerais-tu boire ?" (Rires). Non sérieusement, vous m’avez posé de bonnes questions, vous avez fait une interview vraiment différente des autres. Vous m’avez demandé ce que vous vouliez savoir, ce qui montre que ce n’était pas une interview pré-établie. C’est tellement appréciable car la plupart des "journalistes" - et ce sont les plus mauvaises interviews - te demandent de résumer en 5 minutes, les 35 ans de vie du groupe (Rires) ! Ces gens-là ne te connaissent pas, ne savent pas ce qu’ils font et n’ont pas préparé leurs interviews. Et malheureusement cela arrive plus souvent qu’on ne le croit surtout dans les nouveaux médias… Merci à vous...
Et merci à Lynott pour sa contribution...
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