20h00, la salle de spectacle se remplit peu à peu d’un public bigarré (de 7 à 77 ans pour faire référence à un célèbre journal de bandes dessinées). Le public est-il celui de l’artiste ou celui habitué à la programmation de la salle ? Difficile à dire mais, en tous cas, la salle est quasiment pleine ce samedi soir.
Après quelques mots d’introduction et de bienvenue de l’équipe « Villages en scène », place au concert. C’est une formation de 5 musiciens (violons, violoncelle, contrebasse et batterie) qui entoure Klô Pelgag au chant et piano (et parfois à la guitare). La demoiselle (comme ses consœurs), tout de blanc vêtue, évoque une poupée ou une enfant déguisée (car sous le blanc de la robe émergent des mitaines et des collants noirs), les garçons quant à eux, ont revêtu un caleçon intégral blanc qu’ils quitteront bientôt pour dévoiler un autre déguisement (une combinaison « squelette » pour le contrebassiste notamment). La fantaisie fait partie de l’univers de Klô Pelgag, que ce soit dans sa musique ou la mise en scène de ses concerts. D’ailleurs dès le départ, en ce qui concerne son nom, l’artiste s’amuse à égarer le public sur des pistes imaginaires (origines ukrainiennes, marocaines ?)

Musicalement, c’est un savant mélange de chansons à textes, de pop et de constructions progressives qui constituent le répertoire de Klô Pelgag, le tout parsemé d’interventions plus ou moins improvisées à la fois drôles et cocasses (un verre d’eau renversé sur scène devient une rivière, une mini-histoire permettant d’enchainer avec le morceau suivant). Parfois, ce sont ses musiciens qui font le show (un numéro d’astrologie pour le batteur ou un numéro de cirque pour le contrebassiste) mais la plupart du temps, c’est Klô elle-même qui déploie son humour, à l’image de ses textes, tantôt noir, tantôt léger. Par exemple, citant l’anniversaire de la mort de Kurt Cobain, elle raconte l’anecdote selon laquelle ce dernier aurait malencontreusement sauté sur la tête de son batteur, celui-ci se fracassant la tête finalement sur un mur de briques et concluant ainsi pour elle-même « il fallait le tenter… C’est tentant ».

Avec un seul album à son actif, on aurait pu croire que le concert ne serait constitué que d’extraits de ce dernier, mais finalement, Klô Pelgag mêle aux morceaux de son album (« Tunnel », « La Fièvre Des Fleurs ») d’autres moins connus (plus anciens ? Comme « Les Maladies », « Tremblements »), faisant ainsi la démonstration d’un univers d’une grande cohérence thématique, tout en alternant les passages « orchestraux » et des moments plus intimistes où elle est seule au piano ou à la guitare. On retiendra aussi, à cette occasion, l’amusante posture « flamand rose » sur un pied popularisée par Ian Anderson de Jethro Tull (un hommage plus ou moins volontaire ?). On notera enfin une reprise de Thomas Fersen (« le roi » d’après Klô), « Pégase » qui trouve une juste place dans le répertoire Pelgagien.

Par sa mise en scène fantasque, ses compositions aigres-douces, la maîtrise de sa voix (aussi impressionnante sur album que sur scène) et son humour décalé, Klô Pelgag développe un univers musical riche, à la fois sombre et vivant, capable d’embrasser des émotions complexes dans des harmonies entêtantes et revigorantes célébrant une sorte de jubilation d’être au monde. D’ailleurs le public la suit et en redemande mais Klô les prévient toutefois, dans un dernier trait d’humour, que s’il pouvait éviter de grimper sur scène et de la plaquer au sol, ce serait respectueux de son espace intime. Chapeau l’artiste, pour cette belle soirée à Chalonnes-sur-Loire ! Elle nous a bien fait croire au « Nicaragua »…
(Merci à Isoblique, ma compagne et ma muse pour ce compte rendu à quatre mains)
Set-List :
Les Maladies
Les Corbeaux
Le Dermatologue
Tronc
Tunnel
Nicaragua
Le Silence Epouvantail
Pégase
Comme des Rames
Tremblements
La Fièvre des Fleurs
Rayon X
Présentation Finale
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Klô Pelgag : chant, piano, guitare
Marianne Bertrand : violoncelle
Charles Duquette : batterie
Fany Fresard : violon
Philippe Leduc : contrebasse
Lana Tomline : violon alto
Plus d'informations sur http://klopelgag.com/