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TITRE:

NOTHING MORE (06 MAI 2014)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

METAL ALTERNATIF



A l'occasion de la sortie de son premier album éponyme, Music Waves a rencontré le leader de Nothing More -considéré comme la révélation metal de l'année- pour une interview tous horizons même ceux pas forcément glorieux comme le passage sur MTV...
STRUCK - 07.07.2014 -
3 photo(s) - (1) commentaire(s)

Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?

Jonny Hawkins : (Rires) Oh ! La plus fréquente est de savoir les origines du nom du groupe ou les groupes que j’aime…


Votre actu est ce premier album. Qu’est-ce que ça te fait de le sortir sur un label Eleven Music dont le catalogue contient des groupes comme Papa Roach, Mötley Crue, Five Finger Death Punch, Hellyeah… ?


C’est effectivement notre premier album signé sur un label. Nous sommes bien évidemment très excités et pas seulement en raison du deal avec la maison de disques mais aussi parce que Eleven Music a prouvé qu’ils soutiennent à fond leurs groupes. Ils sont passionnés par ce qu’ils font : c’est la chose la plus importante selon moi !



Ce premier album est encensé partout que ce soit par votre label donc mais également le boss d’Universal et la majorité des médias. Vous n’avez pas peur de prendre la grosse tête ?

(Rires) Je comprends mais nous jouons ensemble depuis le 7th grade (NdStruck : la 5e pour le système français), nous avons écumé les bars, les clubs… J’estime que nous avons payé notre dette ces dernières années. Ce n'est pas comme si nous arrivions subitement sous les projecteurs comme beaucoup de jeunes de groupes aujourd’hui. Je n’ai pas donc pas peur de changer.


Dans ces conditions, comment expliques-tu que la signature chez Eleven Music n’arrive qu’en 2013 ?

Je ne sais pas. Nous avons mis du temps à trouver notre voie dans notre découverte de nous-mêmes.. Elle est très différente de la voie des autres groupes.
Ce que nous proposons sort des sentiers battus, ce qui explique que bien que nous ayons rencontré plein de labels par le passé, ils n’adhéraient pas parce que nous n’avions pas assez développé le concept. Cela nous a pris du temps pour rendre mature notre idée, notre vision mais 2013 a été l’année charnière !


"Nous essayons de regarder tout ce que nous faisons sous un angle différent"




Selon toi, quels sont les éléments de la recette Nothing More qui lui permettent de sortir du lot ?


Et bien, je pense que la force qui nous pousse aussi bien dans notre musique que dans nos concerts, en passant par les visuels associés, est d’avoir une mentalité progressive. Quand les gens entendent "progressif", ils pensent au genre musical et des groupes comme Tool, Pink Floyd… et ce que j’aime dans ce terme, cette étiquette -alors que je n’aime pas les étiquettes- est qu’il ne te confine pas dans un stéréotype.

Le terme progressif englobe des groupes qui peuvent être très différents les uns des autres mais ils sont quand même progressifs. Progressif est plus une mentalité !
Et concernant les éléments que tu citais tout à l’heure, je dirais que nous essayons de regarder tout ce que nous faisons sous un angle différent : cette bouteille que j’ai en main est certes une bouteille d’eau mais elle peut servir à taper, à caler une porte…  


Il est écrit que votre musique est un mélange des expérimentations schizophréniques de System of a Down et le progressif de Mars Volta… mais 'Ocean Floor' et 'Ballast' qui ouvrent cet album sont plus dans une veine Korn. Es-tu d’accord avec cette comparaison ?


C’est amusant que tu me dises ça, j’étais au concert de Korn au Zénith de Paris. Effectivement, Korn est définitivement une influence. Mais quand tu composes de la musique, tu n’entends pas toutes ces influences, c’est seulement quand la chanson est terminée et que les gens te disent ce qu’ils entendent. Et là tu vois ce qu’ils veulent dire, à savoir la tonalité basse des riffs heavy mélangés à mes parties vocales mélodiques qui tendent également vers le growl sur ce titre comme Jonathan Davies.


Dans la foulée, 'Christ Copyright' et les autres titres, à commencer par 'First Punch', montrent un autre aspect de votre musique composée de riffs alternatifs et d’un chant mélodique qui rappelle Fall Out Boys.

C’est intéressant ! Les Fall Out Boys font partie des groupes que j’ai suivi à une époque, j’ai notamment acheté un album d’eux en 2007 (NdStruck : "Infinity On High"). Même si je ne suis pas fan du groupe, ce qui m’a frappé avec eux c’était les mélodies qui changeaient rapidement.


D’une seule phrase, si je devais résumer la musique de Nothing More par "un mélange du néo metal de Korn et des mélodies du rock alternatif de Fall Out Boys"… l’interview est tout de suite terminée ?

(Rires) Je vois ce que tu veux dire et honnêtement, même si je ne suis pas vraiment obsédé par les comparaisons qui sont tellement variables selon ton interlocuteur et des aspects qu’il privilégie, je trouve que ton analyse comparative est plutôt juste.


"J’estime que nous avons des choses à dire et des avis à donner"




Tu as dit que "tu voulais être une église pour les gens qui ne croient pas aux choses auxquelles les églises croient". Te considères-tu comme un messager de Dieu dans la scène metal alternative ?

(Sourire) Et bien, je pense que dire que nous serions des messagers de Dieu donnerait une image d’un groupe différent ou du moins plus important que les autres.
Nothing More est juste un groupe qui joue de la musique et à ce titre, nous ne sommes pas différents des autres. Malgré tout, il y a quelque chose que je voudrais relever dans ce que tu viens de dire concernant l’idée d’un message.

Par exemple, il est légitime de demander l’avis d’un programmateur informatique sur un software sachant que son job consiste à réfléchir à cela. De la même façon, nous passons beaucoup de temps à réfléchir à des questions philosophiques profondes et lutter contre la vie et sa réalité, dans ces conditions, j’estime que nous avons des choses à dire et nous avons des avis à donner.


D’une certaine façon, n’est pas trop difficile de mélanger riffs heavy et idées spirituelles dans une scène metal sombre ?

Je pense que non ! La plupart du temps, le public a toujours été réceptif. Par exemple, le titre 'Christ Copyright' : je sais qu’aux Etats-Unis, tu peux écrire des textes qui sont polarisés et clamer des citations audacieuses en plaçant le public d’un côté ou d’un autre, ce n’est pas notre cas. Nous écrivons nos textes de telle façon que tu n’es pas sûr du côté où nous nous plaçons. Certains fans viennent parfois nous demander ce que nous avons voulu dire, nous voulons laisser une zone ambiguë qui permet au public de réfléchir. Nous ne voulons pas que le public pense que nous sommes contre eux, nous voulons juste les inciter à développer leurs propres idées.

Pour répondre plus précisément à ta question, je vais revenir à notre logo et le nom Nothing More qui représentent tous les deux ce que je pense. Sur le logo, tu as deux triangles qui sont un symbole mathématique si tu les sépares : c’est un système logique et ensemble, c’est un chevauchement de deux systèmes logiques différents : deux mondes, deux paradigmes… Et Nothing More : dans l’histoire humaine, il y a deux philosophies basiques du monde : la philosophie occidentale et celle orientale : La philosophie orientale est basée sur le vide, le rien c’est-à-dire Nothing et la philosophie occidentale, c’est-à-dire More. Le nom comme le logo signifient que nous regroupons en notre sein le côté obscur mais également un aspect lumineux. Nous ne faisons pas partie de ceux  qui considèrent qu’il faut glorifier l’obscur ou la lumière : nous acceptons ces deux aspects et ne mettons pas non plus l’accent sur l’un ou l’autre…


Vous avez assuré la première partie du groupe néo metal Chevelle et aller faire du metalcore de Killswitch Engage après celui plus gothique de Lacuna Coil. Comment était l’accueil de ces différents publics et quel est celui le plus dur à convaincre ?

Hum, c’est une bonne question ! Pour être honnête, faire la première partie de Killswitch Engage sera une réussite pour nous. Pour avoir rencontré plusieurs de nos fans à travers le monde, je sais que nombreux sont fans de Killswitch Engage. La raison est simple : comme nous, Killswitch Engage a un aspect mélodique et très metal à la fois…



Malgré tout, Killswitch Engage est plus agressif que vous…


Ils sont effectivement plus heavy mais sur scène, nous sommes aussi très agressifs ; beaucoup plus que sur nos albums. Pour ces raisons, je pense que ça va très bien marcher avec le public de Killswitch Engage.

Ca a bien marché également avec le public de Chevelle mais comme c’est un gros groupe de heavy qui passe en radio, pas mal de gens venaient parce que c’était le concert où il fallait être et pour faire comme les autres… certaines personnes n’étaient là que pour chanter les titres qu’ils connaissaient en buvant une bière, ils n’étaient pas là pour la musique !


Tu es chanteur et batteur. Peut-on dire que c’est la raison pour laquelle tu parles de progressif à savoir que tu te considères comme le nouveau Phil Collins ?

(Rires) Tu as raison, Phil Collins s’est fait connaître dans l’univers progressif mais dans un autre registre, Dave Grohl des Foo Fighters est le musicien dont je me sens plus proche. Malgré tout, j’aimerais savoir si ces deux artistes chantaient un peu avant d’être chanteur ? En ce qui me concerne, je ne chantais pas trop au début, j’ai essayé de faire quelques chœurs. Quand j’étais gamin, à l’école privée, j’ai essayé d’intégrer une chorale et des 10 ou 15 enfants de ma classe, seuls 2 ont été recalés et j’en faisais partie. J’ai traîné cette expérience pendant des années en pensant que j’étais incapable de chanter. Mais un jour d’une énième audition d’un chanteur, alors qu’aucun ne collait à notre musique, je me suis lancé et ça a marché.

C’est une question qu’on me pose souvent et que je me pose souvent également : peut-on développer une voix ou naît-on chanteur ? La majorité des chanteurs, encouragés par leurs parents, chantent depuis qu’ils sont jeunes. Je me disais donc que peut-être que tu nais avec une belle voix : c’est une sorte de don. Mais j’ai essayé en me donnant 2 ou 3 ans pour voir si je pouvais développer une voix et le résultat est là : tu peux ! C’est comme un instrument, il faut juste s’exercer.


Malgré tout, tu as d’autres exemples, notamment Mike Portnoy qui s’essaie au chant depuis des années et qui finalement ne restera qu’un fantastique batteur…

(Rires) Tu dois avoir raison ! Je pense que certaines personnes ne s’ajusteront jamais, ils estiment que c’est comme parler, c’est une chose innée. Ou alors ils n’arrivent pas à trouver la bonne tonalité… Je ne sais pas : je n’ai pas de réponse claire à ce sujet (Sourire) !


Vous avez participé à l’émission The Next Great American Band sur MTV…


…Ah mince, je ne savais pas que tu étais au courant de ça !


Que retiens-tu de cette expérience ?

C’était une expérience terrifiante (Rires) ! Nous étions un groupe vraiment jeune et avec le recul, je suis vraiment content de ne pas être allé loin dans cette émission.


Regrettes-tu cette expérience ?

Cela a donné une perception bizarre à tout le monde de ce que nous étions. Mais à l’époque, nous ne considérons que l’opportunité qui s’offrait à nous et que nous ne pouvions pas refuser. A l’époque, nous acceptions tout mais honnêtement, cette émission nous a placé sous une étrange lumière : comme tous les groupes utilisaient les mêmes instruments, au moment où nous devions jouer -après 30 groupes- la pédale de la batterie s’est cassée. On a donc dû jouer tout le long sans pédale sans aucune autre chance : les règles étaient claires, nous avions tant de temps pour jouer, point ! Certes, ce sont les règles mais bon, ce n’était pas cool et j’étais vraiment furieux !


Justement le titre 'Mr MTV' avec une courte reprise de 'Money for Nothing' de Dire Strait est-ce un clin d’œil à cette expérience ?

Ouais ! Pour nous, c’était l’occasion de prendre une machine à remonter le temps et montrer ce qu’était MTV à l’époque et la transition dans notre monde moderne. C’était aussi l’occasion de reprendre les paroles "I want my MTV" qui était une demande de vidéos clips à l’époque qui existe toujours je pense qui s’est transformé dans notre monde matérialiste en je veux des conneries, de la drogue, du sexe… des choses qui finalement n’ont rien à voir avec la musique !


MTV n’est plus MTV. A ce titre es-tu déçu de l’évolution de l’industrie du disque ?


Les 10 dernières années ont été compliquées pour le rock aux Etats-Unis. Je pense que c’est probablement le cas ici… Ca a été compliqué parce que la scène rock a stagné. Chaque groupe cherche à coller au goût du moment et finalement, tous les groupes jouent la même musique. Nous espérons qu’il y aura une renaissance de la scène rock et metal !



Cela ne dépend pas que des groupes, le public qui consomme une musique facile mais aussi les labels qui signent les groupes sur lesquels ils sont sûrs de gagner de l’argent…

Tu as totalement raison ! Et c’est également ce que fait MTV en proposant des émissions de télé réalité : c’est devenu du fast-food ! C’est également une très bonne question : qui sont les responsables ? l'industrie musicale qui nous propose cela ou les gens qui l’achètent finalement ? Je dirais les deux.


On a commencé cette interview par la question qu’on t’avait trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu adorerais répondre ?

(Rires) Tu m’as posé de bonnes questions mais les questions que j’aimerais que les gens me posent plus souvent est de demander les histoires derrière les chansons.


Malgré tout, tu as dit vouloir que le public se fasse sa propre opinion…


C’est vrai, c’est toute la difficulté : trouver le bon équilibre ! Effectivement, nous voulons que les gens se fassent leur propre interprétation mais nous voulons également qu’ils voient un peu derrière le rideau et ainsi le cœur, l’esprit caché derrière tout ça !


Et quel serait le message global que vous souhaitez délivrer ?

Oh mec, c’est dur (Sourire) ! Le message serait de se surpasser les uns les autres.


Avant de se quitter, un dernier mot au lecteur de Music Waves et peut-être en français ?

Ouh ! Je ne sais pas, je suis assez mauvais dans l’apprentissage des langues. (En français dans le texte) "Bonjour, mes nouveaux amis".


Merci

Merci mes nouveaux amis (Rires) !


Plus d'informations sur http://www.nothingmore.net
 
(1) COMMENTAIRE(S)  
 
 
NUNO777
09/07/2014
  0
Groupe alternatif très intéressant. Tout comme cette interview. A suivre!
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