Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Chris Squire : (Rires) Oh, je n’en sais rien on m’a souvent posé les mêmes questions (Rires) !
Ce soir, vous allez jouer les trois albums "The Yes Album", "Close to the Edge" et "Going for the One" qui résument bien votre discographie finalement : entre le rock des débuts au progressif symphonique et "Going for the One" qui marque le début d'une période faite de rebondissements. Est-ce pour cela que ces trois albums ont été choisis ?
Le fait est que nous avons décidé de jouer ces trois albums dans un ordre différent. Nous pensions que nous ferions un meilleur concert en jouant "Close to the Edge" en premier puis "Going for the One" et enfin "The Yes Album". Bien sûr, "The Yes Album" est l’album qui a permis au groupe d’être connu à travers le monde, il est donc très important pour nous ! "Close to the Edge" celui dans lequel nous avons fait une très longue pièce musicale ce qui le rend également important. Et enfin, "Going for the One" est le premier album que nous avons enregistré en dehors de Grande-Bretagne.Nous sommes allés en Suisse où l’environnement nous a permis d’avoir quelque chose de différent. La musique de ces trois opus est très complémentaire et montre les différents aspects de la musique de Yes.

En tant que musicien présent sur tous les albums de Yes, te sens-tu une responsabilité particulière envers ce groupe ?
Il est clair que certains membres originels ne sont plus avec nous et certains autres viennent les remplacer pour jouer à leur place. Steve (NdStruck : Howe) et moi-même avons enregistré ces trois albums, Alan (NdStruck : White) n’en a enregistré qu’un seul "Going for the One"… Geoff (NdStruck : Downes) et Jon (NdStruck : Davison) qui n’en ont enregistré aucun font un travail fantastique sur scène. Dans ces conditions, que tu sois membre originel ou nouveau, tout le monde a une part de responsabilité.
Dans sa longue carrière Yes a produit de la musique très différente, du simple au très complexe…
… C’est vrai !
… N’as-tu pas l’impression que tout a été dit lorsque vous entamez la composition pour Yes ?
Non ! Par exemple, nous venons juste de terminer l’enregistrement du prochain album qui est le premier avec Jon Davison. C’est une bonne chose d’avoir fait cela puisque ça permet de montrer que Jon est également un très bon parolier.
Et est-ce que tous ces changements de line-up au cours de la vie de Yes expliquent la longue discographie renouvelée du groupe ?
Oui, bien sûr ! Quand du sang neuf arrive, il vient avec de nouvelles idées et ça peut influencer un peu l’orientation musicale du groupe.
Sans transition, as-tu écouté les remixes de Steven Wilson des premiers albums de Yes ?
Oui !
Et quel est ton avis ?
Je n’ai pas écouté le "The Yes Album" en revanche, j’ai écouté sa version de "Close to the Edge". C’était intéressant parce que cette version est différente de l’originale : le résultat est une sorte version spatiale de Yes (Rires) ! Mais j’ai été surpris d’apprécier cette version.
Es-tu conscient d’avoir donné ses lettres de noblesse à un instrument sous-estimé, souvent considéré à tort comme d'accompagnement?
(Rires) Je ne sais pas si la basse est sous-estimée ! Je ne suis pas certain que Paul McCartney pense que la basse soit sous-estimée (Rires) !
Avec le son de ta basse reconnaissable entre mille, as-tu conscience d’avoir influencé des milliers de bassistes connus et inconnus ?
Bien sûr, c’est toujours appréciable d’être considéré comme une référence. Le seul conseil que je peux donner est d’écouter toute sorte de musique et plus tard, développer son propre style. Avant tout, il faut apprendre, développer ses connaissances et ensuite, faire ce qu’on veut faire !
Et en tant que seul membre de Yes présent sur tous les albums, quel bassiste serait, à tes yeux, capables de jouer pour Yes ?
(Rires) Je suis certain que plein de personnes seraient capables de faire le boulot assez facilement (Sourire) ! Par exemple, Jon Davison est un très bon bassiste, Billy Sherwood également même si il n’a joué que de la guitare dans le groupe… Je ne pense pas que ce soit impossible (Sourire) !
"Nous avons tellement développé les claviers que finalement nous avons notre propre orchestre."
On sait que tu es fan de Stravinski. Pourquoi n’avoir fait que deux albums avec un orchestre ?
Tout simplement parce que nous aimons le changement ! Mais je pense que nous en avons fait plus de deux, non ? (Il réfléchit) Non finalement tu as raison, effectivement, il n'y a un orchestre que sur "Time and a Word".
Il s’avère qu’au fur et à mesure du temps, nous avons exploré d’autres voies et nous avons eu une approche plus rock. Mais nous avons tellement développé les claviers que finalement nous avons notre propre orchestre. Et le deuxième album avec un orchestre est "Magnification" qui a découlé sur l’album live "Symphonique Live".
Tu as raison mais un jour, nous en referons un autre, c’est sûr !
Tu as évoqué l’approche rock/ pop du groupe, ça nous ramène directement aux années 1980 et cette époque où certains de vos fans ont critiqué cette orientation trop commerciale. Avec le recul, regrettes-tu certains choix et notamment celui-ci ?
Non, pas du tout ! Au contraire, ce fut une très belle période pour nous. Et j’espère qu’un jour, nous ferons une tournée où nous jouerons les titres de cette période…
L’idée d’une trilogie où vous joueriez "Drama", "90125" et "Big Generator" vous a traversé l’esprit ?
Même si nous n’y pensons pas actuellement parce que nous sortons un nouvel album l’idée est intéressante (Sourire) !
A propos de "Drama", sur l’édition vinyle, il y a une photo où les cinq membres du groupe ont les bras levés sauf toi. Y-a-t-il une signification ou est-ce juste une coïncidence ?
Non, c’est juste une coïncidence (Rires) !
Tu es connu pour être un grand bassiste mais tu fais également les chœurs de Yes qui ont participé à l’identité vocale du groupe : te considères-tu comme un chanteur méconnu ?
(Rires) J’ai fait les chœurs de tous les albums de Yes, j’ai même été chanteur principal sur certains titres de "The Yes Album". J’aime beaucoup la situation dans laquelle je suis, je ne cherche pas à être le chanteur. Je suis très content de la façon dont les choses se passent (Sourire) !
Nous parlions chant, impossible de parler de Yes sans évoquer Jon Anderson, peux-tu nous dire où vous en êtes de vos relations avec lui ?
Nous sommes toujours en contact et nous verrons ce qu’il se passera…
"L’année prochaine, nous pourrions envisager faire quelque chose avec Jon Anderson !"
… qu’entends-tu par nous verrons ce qu’il se passera ?
Et bien, l’année prochaine, nous pourrions envisager faire quelque chose ensemble ! Je ne sais pas encore mais oui, c’est possible !
Il n’y a donc pas de tension entre vous ?
Oh, non ! Mais il faut savoir que la santé de Jon ne lui permet pas de faire une tournée complète.
Oui mais justement c’était semble-t-il une des raisons des tensions entre vous à savoir que Jon Anderson aurait mal pris le fait que vous l’ayez remplacé...
Oui, je suppose qu’il devait être triste à ce moment mais c’est du passé (Sourire) !
Avant de se quitter peux-tu nous donner l’explication de ton surnom Fish ?
Ce n’est vraiment pas une histoire intéressante. Au tout début du groupe, lorsque nous tournions, je partageais mes chambres d’hôtel avec Bill Bruford et j’avais l’habitude de passer énormément de temps sous la douche. Et un jour, je ne me rappelle plus du lieu, l’eau de la douche s’est répandue dans toute la chambre, le sol de la chambre était trempé : le surnom vient de là, c’est aussi simple que ça (Sourire) !
Questions traditionnelles du site, quel est ton meilleur souvenir d’artistes ?
Il y a beaucoup de grands moments dans la vie de Yes : il est impossible de n’en citer qu’un seul !
Au contraire, quel pourrait être le pire ?
Nous sommes assez chanceux d’une certaine façon puisque je ne peux pas dire que nous ayons eu de pire souvenir.
On a commencé cette interview par la question qu’on t'a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu adorerais répondre ?
(Rires) Je ne sais pas !
Avant de se quitter, un dernier mot aux lecteurs de Music Waves et peut-être en français ?
Je peux le faire (Rires)… mais il faudrait que vous me disiez quoi dire (Rires) ! J’espère que vous serez nombreux à venir au concert de ce soir. Nous avons de très bons musiciens avec nous, nous prenons désormais beaucoup de plaisir à jouer ensemble : j’espère que vous apprécierez le concert !
Merci beaucoup
Merci mais même ça je ne pourrais pas le dire en français (Rires) !
Merci à Nuno et Adrian pour leurs contributions...