Lors de notre dernière rencontre, tu avais dit qu'un point de non retour avait été atteint après "The Sum of No Evil" et qu'une pause était nécessaire car il y avait moins de magie et une saturation de la quantité musicale. Pouvons-nous dire maintenant avec un rythme de deux albums en deux ans que The Flower Kings est de retour au pays des aventures ? (note : "Back in the world of adventure" était le nom du premier album)
Roine Stolt (tout sourire) : Oui, peut-être. En fait, je ne sais pas, tu ne peux jamais vraiment savoir Personnellement, je pense que jouer de la musique est une aventure, si ça ne l'est pas, ça devient une routine, et bien sûr, ça ne me motive absolument pas. Je crois que nous essayons à chaque nouvel album de nous orienter vers l'aventure, vers un ailleurs, dont nous ne connaissons rien encore. Cela fait partie de la beauté du geste, d'être un peu perdu.
De prendre des risques ?
(rires) oui chaque jour... De nouveaux risques conduisent à de nouvelles créativités, ce qui permet de prolonger sans cesse l'intérêt pour les nouveaux projets.
Cela pourrait s'appliquer pour toi avec les nombreux risques pris lors de tes aventures avec Agents of Mercy, Transatlantic.
Oui, tous les groupes prennent des risques. Certains en prennent moins en raison du potentiel commercial de leur album. Mais je pense plutôt que dans tout processus créatif, il y a toujours des risques à prendre, car il n'existe aucune garantie formelle que le public aime ou adore l'album. Je pense que tous ceux qui sont impliqués dans The Flower Kings, Transatlantic ou Agents of Mercy peuvent aimer le rendu du nouveau travail, mais il est impossible de savoir d'avance quelle sera la réception d'un nouvel album pour le public.
Le groupe est souvent critiqué pour créer des chansons complexes et expérimentales, développant des atmosphères et des mélodies distinctes sur une longue durée. Avec ce nouvel album, poursuis-tu un travail de concision depuis "The Sum of No Evil" ? Peut-on parler d'un nouveau départ ?
Non, je ne le vois pas comme ça du tout. Certes, il y en a qui souscrivent à cette opinion parce qu'auparavant, nous avons réalisé des doubles albums, nous avons rempli chaque cd de 75 minutes de musique. Mais non, il n'y a pas vraiment de changement radical entre ce que nous avons fait et "Desolation Rose".
D'autant plus qu'il y a un cd bonus.
Oui, nous sommes allés en studio, avec l'idée d'enregistrer certaines chansons, mais à la fin nous avons enregistré beaucoup plus de morceaux. Nous avons alors choisi les chansons qui figureraient sur l'album et nous en avons écarté certaines autres. Ce qui ne veut pas dire que ces dernières soient mauvaises, mais le groupe d'un commun accord a trouvé que celles choisies pour l'album étaient plus essentielles que les autres. Il n'y avait pas de plan préconçu auquel nous devions nous conformer... Nous avons travaillé avec la matière que nous avions, et c'est après le mixage final que nous l'avons écouté, avec des oreilles de fans. J'ai trouvé que certaines chansons créent une harmonie générale grâce au contenu des paroles, et justifient leur place au sein de l'album, mais ce n'était pas forcément prévu d'avance. J'avais parfois l'impression d'improviser, sans avoir de plan d'ensemble, en essayant juste de donner le maximum de mes capacités, sans me soucier de ce qui allait en sortir.
Comme une sorte d'alchimie entre les différents membres?
Oui, j'ai d'ailleurs beaucoup apprécié travailler de cette façon.
Dans le making-off de "Desolation Rose", Jonas Reingold dit que
pour cet album, tu es arrivé avec tous les thèmes, toutes les compositions, tout le concept, est-ce que c'est la façon habituelle de concevoir un album?
La
différence c'est que sur l'album précédent "Banks of Eden", les autres
membres avaient écrit des chansons et il y avait des démos qui étaient
assez bien élaborées, proches des versions finales. Mais pour le
dernier album, nous nous sommes réunis en studios et nous avons essayé
de rassembler les pièces ensemble. Sur ce dernier album, il y a des
chansons qui sonnent comme une vrai travail de groupe.
Un travail d'équipe en somme. Est-ce la même façon de travailler chez Transatlantic?
Oui, nous nous réunissions en studio et commençons à travailler ensemble. Quelqu'un lance une idée et nous poursuivons.
Au regard des paroles, on peut parler d'un album concept révélant une face plutôt sombre ?
D'une certaine façon, il y a des fans qui vont penser que c'est un album avec un concept plus sombre au regard de nos productions précédentes, mais pourtant si on y regarde mieux, nous avons sur chaque album une ou deux chansons qui sont plus pessimistes. Donc, je ne sais pas si l'album est plus sombre, peut-être que c'est seulement une coïncidence par rapport aux évènements de cette époque.
Dans 'The Dark Fascist Skyes', on retrouve un écho de 'Tower One' : ''The state has become the offender/To a point where there's no turning back'', un auditeur qui lirait ou entendrait cette phrase pourrait parler de pessimisme, mais...
(coupant) Ce pessimisme rejoint certains aspects du monde d'aujourd'hui. Il y a tellement de lois, de régulations, l'état nous retire nos droits petit à petit et cherche à contrôler tous les aspects de nos vies. Regardez le système bancaire moderne : les gens utilisent moins d'argent liquide, mais une carte en plastique qui contient toutes leurs données. Et je pense que c'est dangereux, car supposons qu'on soit un dissident politique ou qu'on soit contre le système en Suède en Angleterre ou ailleurs. Cela veut dire quelqu'un peut nous contrôler et clôturer notre compte en banque, et nous tuer... (pince sans rire), je veux bien sûr dire nous tuer socialement, nous interdire l'accès à notre propre argent et cela semble très facile à faire.
Avant, on avait des billets, des pièces d'or; je ne vois donc pas le développement bancaire comme une donnée positive. De nos jours, il faut faire de nombreuses démarches pour se justifier aux yeux du gouvernement pour être approuvé par ce dernier. Notre liberté nous est donc retirée par petites pièces. Je parlais aujourd'hui avec Tomas [ndlr:Tomas Bodin, le claviériste] des personnes âgées qui ont un animal domestique, cela leur coûte beaucoup pour les entretenir, c'est encore une autre façon détournée de garder les gens sous leur contrôle. Quand on est vieux, isolé, parfois veuve ou veuf, dans une maison de retraite, le monde réel nous est en quelque sorte fermé. Et alors, c'est d'autant plus étrange lorsque le gouvernement annonce : ''Non, tu ne peux pas avoir d'animal domestique'' parce que certaines personnes ont des allergies etc... Ils veulent contrôler tous les niveaux de vie, tout en faisant des bénéfices.
Ma mère était dans une maison de retraite, on décidait qu'elle ne pouvait avoir ni de chat ni de chien. La famille ne pouvait pas décider pour elle, mais le gouvernement avait cette possibilité. Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays, mais en Suède, si on veut installer quelque chose dans sa cour, ou construire une piscine, on doit envoyer un nombre incroyable de documents pour y être finalement autorisé par le gouvernement. Je pense que c'est ridicule, trop de libertés ont été confisquées...
Trop de réglementations en effet. Mais pour toi, est-ce que l'album représente une société de type Big Brother ou est-ce une piqûre de rappel avant de glisser vers cet état?
Je pense que nous glissons petit à petit, et peut-être que nous glisserons jusqu'à un moment où les gens s'en apercevront enfin. Et je pense que parfois c'est très important que les gens tapent du pied et disent : ''Non, stop''! Car s'ils peuvent nous contrôler, ils oublient qu'ils dépendent de nous. On a pu le voir par exemple en Egypte... Il y a un moment où les gens vont dans la rue et disent non. On ne peut plus accepter ce rapt de liberté, il faut faire face. C'est une illusion que nous n'avons pas le pouvoir d'influencer les évènements, au contraire, je pense que nous pouvons tout changer. Dès que les gens ont eu connaissance grâce à internet, Facebook Twitter, des manipulations génétiques de
Monsanto, de ses effets néfastes sur l'environnement, ils ont dit ''Non, nous n'acceptons pas ça.'' Je pense que sans protestation, les producteurs au sein des grandes corporations s'en moquent et veulent faire du profit. Mais si une foule énorme vient leur dire : ''Non, nous n'achèterons pas vos produits si vous suivez cette voie.'' alors ce sera à eux de s'adapter, car la question de profit est plus cruciale pour eux. Je pense que les gens ont plus de pouvoir qu'ils ne le pensent.
Dans la première chanson, il y a cette phrase : ''Like fools we just stare at the sun/Don't we all shine on ?''...
Oui, c'est vrai, il y a beaucoup trop de distractions. Nous sommes distraits par le téléphone portable, les shows télévisés. Il y a toujours quelque chose qui nous détourne des questions importantes, et certaines personnes n'en sont même pas conscientes. Ne pas se poser de questions représente un grand danger. Comme je le dis nous avons le pouvoir de tout changer, et si les gens restent silencieux, nous continueront de glisser. Je ne voudrais pas que mes enfants connaissent une telle situation.
Cela me rappelle une chanson de Genesis, 'Get'em out by friday', on peut toujours pousser les gens plus loin s'ils ne protestent pas...
Genesis critique cette situation de manière intelligente et ludique, mais c'est la réalité. Auparavant, les gens vivaient dans des arrière-cours, aujourd'hui ils vivent dans des petits appartements dans de grandes tours.
C'est d'autant plus prophétique que l'histoire se finit en 2012!
Absolument, rien n'a changé. Malheureusement, il semble que nous sommes trompés par de grosses corporations, des politiciens qui nous mentent et qui semblent plus intéressés par leur carrière que par de bonnes actions. Même les novices en politique ont de bonnes intentions, mais ils sont vite corrompus car ils cherchent à plaire à tout le monde...
Ils gravissent les échelons...
Oui, ces idées m'ont traversé l'esprit au moment d'écrire les paroles de "The Sum of No Evil". Oui, c'est différent de ce que nous avons fait il y a dix ans. Je pense que nous ne pouvons jamais refaire les mêmes chansons, sinon ce serait ennuyeux. Nous devons proposer de nouveaux défis, parfois ce sont les paroles, la musique etc...
Derrière l'utilisation de la métaphore de l'Apocalypse, on peut trouver de l'optimisme. Certes la grâce ne viendra pas d'un ange dans sa tour, ni des politiciens, au regard de l'utilisation du discours de Nixon, mais elle pourrait provenir d'une prise de conscience générale, capable de dire ''Non''...
(coupant) Elle a déjà eu lieu. D'une certaine façon, les ordinateurs et Internet ne sont pas forcément une grâce, car ce sont aussi des divertissements. Il y a beaucoup trop de sites de jeux. Mais le bon côté d'Internet réside dans le fait que l'on peut être connecté avec ses amis à travers le monde, en Afghanistan, au Japon, en Australie. On peut avoir accès à l'information en moins de dix minutes. Et personne n'est là pour stopper ce flux, c'est trop tard maintenant, l'avalanche est déclenchée. Les gens s'informent mutuellement à travers le monde, il y a une prise de conscience, en particulier chez les jeunes. Donc, oui, pour moi, cela me semble plus positif que disons, il y a cinq ans. On peut observer un léger développement dans la bonne direction même si bien sûr en parallèle nous avons des nouvelles de pays dévastés comme la Syrie, la Russie, l'Ukraine. Mais d'un point de vue général, j'espère que la situation va s'améliorer. Cela me semble cohérent de faire de la musique qui reflète notre époque. Auparavant, le rock progressif chantait les rois, les reines, les dragons. Je ne pense pas que j'aurai pu me retrouver dans cette orientation.
Pourtant la pochette d'Adam et Eve reflète un monde proche de la fantasy, ou peut-être est-ce plutôt la vision fantasy de notre monde moderne...
C'est bien cela. Nous avons écrit la chanson 'Adam and Eve', puis lorsque nous avons cherché un titre pour le nouvel album, nous avons choisi le titre de cette chanson, car il était intéressant. J'avais demandé à un artiste originaire d'Argentine, rencontré à Barcelone [ndlr : Ciruelo Cabral] de peindre quelque chose pour nous. Je lui ai donné quelques idées à partir du thème de l'album qui évoque des petites histoires à propos des hommes et des femmes, de tous les problèmes que nous avons, parce que nous sommes supposés être semblables. Mais il existe des profondes différences dans les relations homme/femme, dans le regard de l'autre...Pour moi, je trouvais qu'il s'agissait d'un bon titre pour cet album. C'est la raison pour laquelle nous avons utilisé cette pochette. En fait, c'est vrai, qu'il a travaillé dans la fantasy, il m'a offert un livre dans le genre. Je crois même qu'il a réalisé une ou deux pochettes d'album pour Steve Vai [ndlr : The 7th Song]...
Mais étiez-vous satisfait du résultat ? Cela ne trahissait pas le concept de l'album ?
Non, pas du tout. Nous étions très satisfaits. C'est une très belle pochette d'album.
Revenons à la politique, le philosophe grec Aristote écrivait que l'homme est un animal politique. Pouvons-nous envisager que les fleurs peuvent également être politisées ? Au-delà de la blague facile, on peut trouver une démarche similaire, réaliser son bonheur dans la cité, ou le village global...
Woah! Je ne sais pas. Je n'y avais pas pensé. On ignore le plus souvent les raisons pour lesquelles on fait ce que l'on fait, mais on le fait quand même. Je n'avais aucun plan spécifique dès le début. A mes débuts dans la musique, je ne me voyais pas devenir un musicien professionnel. J'aimais jouer du rock progressif, jouer un peu de tout, un peu de blues à la façon de Peter Green, B.B.King, et puis j'aimais Yes et King Crimson, Genesis. J'ai rencontré des personnes qui avaient la même sensibilité. J'ai fait ma première tournée à 18 ans et tout s'est enchaîné sans planification particulière. C'était plutôt une série de coïncidences, un ami d'un ami qui te conduit vers un nouvel horizon.
Cet album marque le retour d'un de vos personnages préférés. The Flower Kings a deux personnages de prédilection qui reviennent dans les titres des chansons, il s'agit du diable et de Judas. En l'occurrence, l'utilisation de ce dernier est-elle métaphorique...
(coupant joyeusement) Judas est intéressant car c'est le traître ultime. L'important ce n'est pas que la trahison de Judas a conduit Jésus Christ à la crucifixion, mais qu'il a trahi un ami, un idéal, un rêve. Prenons des exemples : tu es embauché pour un travail que tu détestes, seulement pour de l'argent, ou tu épouses une fille parce que son père est riche... Cela arrive tous les jours, on quitte ses amis parce qu'une autre entreprise ou un groupe proposent un salaire plus important. On dirait que tout le monde est vénal, le cours de l'univers peut être modifié par l'argent. Judas n'est pas utilisé comme un personnage spécifique mais pour son symbole. Nous ne sommes pas parfaits, certains croient l'être plus que d'autres, mais ils sont en fait faibles. Si on agite des liasses de billets sous leurs yeux, ils peuvent tout dire, ils peuvent tout faire, ils mentent, ils trompent.
L'argent est donc une malédiction ?
Oui et non, car nous avons le pouvoir de décider. Chacun a le pouvoir de tracer ses propres limites. Les miennes ne peuvent aller à l'encontre de la santé physique ou morale de quelqu'un, je pourrais te mentir, je pourrais mentir à quelqu'un d'autre mais sans qu'il y ait de conséquence fâcheuse. (souriant) Ca ne veut pas dire que je n'ai pas déjà menti, mais quand je le fais, c'est juste stupide. Comme quand on m'appelle au téléphone pour me vendre une assurance et que pour couper court, j'affirme ne pas avoir de temps. C'est un mensonge sans impact, je ne mentirais pas à mes enfants, à ma femme, à mes amis, à ma mère, à ma famille. Chaque nouveau jour est rempli de nouvelles décisions à prendre. Voilà comment nous utilisons Judas et les gens y sont sensibles car tout le monde connaît son histoire.
Mais le fait qu'il soit ressuscité dans cet album est plutôt négatif?
Judas ressuscité est revenu pour trahir (rires).
Sur 'Tower One', je trouve que sur certains passages, les synthétiseurs de Tomas Bodin sonnent comme ceux de Peter Bardens, du groupe Camel, est-ce que ce groupe représente une influente consciente?
(un peu surpris) Tu trouves que ça ressemble à du Camel ? Il faudrait demander à Tomas. J'ai vu deux fois Camel en live. Je possède quelques-uns de leurs albums des années 70, mais je n'ai pas suivi attentivement la suite de leur carrière.
Est-ce que le jeu de guitare d'Andy Latimer est une référence?
Pas particulièrement, même si Andy est un excellent guitariste. C'est un bon groupe même si je ne le mettrais pas dans mon top 5. Si je devais faire un top, je mettrais Genesis, Yes, Frank Zappa ou King Crimson... Camel est un bon groupe, Gentle Giant l'est aussi...
Je trouve qu'il y a un autre groupe qui n'est jamais cité et qui pourrait faire partie de vos inspirations sur vos premiers albums, c'est le groupe italien PFM?
(surpris) Whoah! C'est très bizarre.
Je dirais que le fait qu'il soit inspiré par Genesis vous donne une inspiration commune. Cela se traduit surtout sur les interludes, les transitions rythmiques...
C'est possible. Parfois, je m'inspire de ce que j'écoute à droite et gauche. Je n'ai pas beaucoup écouté PFM, mais ce dont je me souviens c'est l'apport de l'opéra italien et de la musique classique dans leurs compositions. Donc nous leurs avons peut-être pris quelque chose, peut-être que Genesis leur a piqué quelque chose, que nous avons récupéré ensuite (sourire).
Considères-tu cet album comme le parfait premier pas du néophyte qui voudrait vous découvrir ? Quel titre lui conseillerais-tu d'écouter en premier pour découvrir le travail du groupe?
Roine (répétant la question à Hasse en suédois)
Hasse : Je pense que 'Tower One' est la meilleure des approches. De plus, c'est la première chanson de l'album.
Roine : C'est la chanson qui représente le groupe sous son meilleur jour. Par contre, si je devais convaincre quelqu'un qui n'écoute pas de rock progressif, je lui conseillerais plutôt de se pencher sur 'White Tuxedos'
Hasse : 'White Tuxedos' ou peut-être même la dernière piste, euh...
Roine : Je ne me souviens pas de la dernière piste (ndlr : 'Silent Graveyards'). En fait cela dépend du profil du néophyte.
Votre tournée européenne s'achève ce soir, quel est ton sentiment général à ? As-tu appris quelque chose de nouveau sur toi, sur les pays visités, sur ta propre musique ?
Pour les pays, je ne sais pas [ndlr : plus tard, Jonas m'a dit que c'était la première fois qu'ils jouaient au Danemark]. J'apprends toujours quelque chose de nouveau à propos de moi, j'apprends à connaître les membres du groupe à leur contact, et tous ceux qui sont impliqués autour de nous.
Lors du concert à Paris, tu as été vu par un de nos membres écouter attentivement les balances de Sound of Contact et donner des conseils à Randy McStine (ndlr : le guitariste du groupe Sound of Contact). As-tu la vocation d'un grand frère auprès d'eux?
Non, bien sûr, je suis plus vieux qu'eux, mais ils sont déjà, malgré leur jeune âge, des musiciens accomplis. Ils savent ce qu'ils font.
Question pessimiste : qu'as-tu pensé en voyant la salle du Trabendo au deux tiers vide ? Est-ce dû au fait que la France n'est pas un pays de tradition progressive ou ce constat peut s'appliquer à l'Europe toute entière ?
Malheureusement, c'est une question de promotion. Cela dépend de la façon dont notre spectacle est vendu. Je pense que cela doit être différent pour Yes, IQ, Steve Hackett. Les gens achètent des billets pour des grandes vitrines, et un groupe moins connu souffre. Transatlantic marche très bien, mais un groupe doit être prêt à souffrir. Et dans ce cas présent, c'est The Flower Kings qui souffre en raison des audiences faibles sur la tournée. Bien entendu, nous voudrions jouer devant plus de gens, mais il n'y a rien à faire. Parfois, les promoteurs ont simplement peur de dépenser un peu d'argent en publicité...
Cette année marque les quarante ans de la sortie de l'album "Relayer" de Yes ? Comment allez-vous fêter l'évènement ?
Nous jouons la dernière partie de 'The Gates of Delirium', nous allons probablement la jouer ce soir. C'est une chanson grandiose que j'aime depuis longtemps. On la jouait déjà avec The Flower Kings il y a dix ans. Elle fait partie de notre histoire musicale, donc parfois il faut rendre hommage aux groupes avec lesquels nous avons grandi et qui nous ont inspiré.
Quel est le futur de The Flower Kings et avec qui (Who's next) ? Peut-être un nouveau groupe...
Je ne sais pas, je ne peux pas vraiment le dire. Nous rentrons à la maison demain (ndlr : Suède), nous allons peut-être consulter les étoiles à la recherche d'une réponse. Je pense que je vais écrire quelque chose mais je ne sais pas encore quand. Cela va dépendre des chansons que nous allons écouter, des mots que nous allons lire. Nous allons monter progressivement les marches car faire un plan qui prévoit tout à l'avance n'est pas intéressant. Je préfère attendre que nous ayons de la matière pour un nouvel album. Cela dure généralement quelques mois pendant lesquels je ne vois aucune direction à prendre, ce qui est bien car cela me permet de souffler après les enregistrements du dernier album, de celui de Transatlantic, des tournées avec The Flower Kings, de Transatlantic aux USA 1 semaine en décembre, et puis ensuite je suis sur les routes pour deux mois avec sans cesse des aller-retour.
Pour finir, si demain Hasse arrive avec l'idée d'un concept album, est-ce que vous accepterez toutes ses propositions de A à Z ?
Roine : Si Hasse arrive avec un concept album très intelligent, je dirais (il crie) DAAAAAAMMMMMN, Hasse! (rires) Tu es venu avec le nouveau 'Bohemian Rhapsody' ou 'Close to the Edge' ou 'The Wall". Je m'inclinerais.
Hasse : Tu veux dire, à genoux ?
Roine : Absolument, je pense qu'il n'y aura pas d'objection, pas de mon côté en tout cas. Il n'y a pas de prestige, nous essayons toujours de proposer la meilleure musique possible.
Il n'y a donc pas de veto dans le processus de création ?
Non, non, non, pas du tout, ce serait stupide. Si quelqu'un apporte quelque chose de génial, cela sera tout bénéfice pour le groupe.
Merci beaucoup et bon concert de clôture.
Merci à toi.
Merci à Roine Stolt pour sa disponibilité et sa patience, merci à Jonas pour avoir rendu cette rencontre possible et merci à Hasse Fröberg pour les photos et ses petites interventions. Merci à Struck pour sa patience à mon égard, son sens du timing et sa dextérité, merci à Arnaud, Peter Hackett, Nuno777 et Thibautk pour leurs questions et merci à Ocerian pour sa relecture.